4MARIELLE PINSARD
ON VA TOUT DALLASSER PAMELA !
NOTE D’INTENTION
NOTE D’INTENTION DE LA COMPAGNIE MARIELLE PINSARD, 2015
Avec On va tout dallasser Pamela ! Marielle Pinsard vise à rendre sur scène les traits
d’esprit de l’Afrique francophone, très différents de ceux des Afriques anglaises ou
lusophones. En acceptant la part de cliché dans l’assertion suivante, nous pouvons
dire que l’Africain a la tchatche sur tous les sujets, il aime discuter, partager et se
confronter à l’autre. Ainsi, ce travail puisera dans une recherche sociologique à partir
du langage, le nouchi pour la Côte d’Ivoire, les proverbes et les panégyriques (sorte
d’incantations proférés pendant une drague) pour le Bénin.
Plus précisément, pour cette création, Marielle Pinsard porte son attention sur le lan-
gage lié à la drague car il est très codifié et offre un angle d’observation intéressant
sur les différentes couches sociales d’une société donnée en même temps que de per-
mettre l’accès à une culture à travers une approche ludique. En effet, autour de ce
sujet, est né un lexique propre à la drague. Des expressions telles que « cours prépa-
ratoire » ou « il tape le deuxième bureau », par exemple, sont propres à des couches
sociales et à des âges définis.
En partant de quelques postulats sur les questions de séduction, entendus en Afrique...
- un gars qui ne sait pas parler est un homme perdu
- une fille qui couche au bout de six mois est une fille facile
- en Afrique on fait la cour à l’ancienne
... Marielle Pinsard interroge :
- qu’inventent comme stratégies et discours les séducteurs africains pour draguer
des filles quotidiennement pendant des années ?
- que font-ils, en attendant des années et des années, que les filles leur cèdent
leurs grâces ?
Pour triviales qu’elles semblent être, ces questions nous tendent en réalité un mi-
roir à nous, occidentaux, quant à notre rapport au temps, au corps, à la séduction, à
l’autre, à nous-mêmes, c’est-à-dire à la manière dont nous vivons dans nos sociétés.
Depuis Mai 68 qui a fait éclater nos codes de référence quant à la famille, aux rap-
ports homme/femme, etc., nous nous sommes égarés dans ce que l’on pourrait ap-
peler « les solitudes occidentales ». C’est ainsi que l’échange humain quotidien a été
remplacé par des échanges et des rencontres virtuels sur Internet. Nous ne nous met-
tons plus face au regard de l’autre, mais face à nos smartphones. Nous avons perdu
l’esprit du jeu et du temps de la séduction. Tout doit être immédiat. Quitte à n’obte-
nir rien du rapport à l’autre ou à n’obtenir rien tout court. Nous ne faisons donc plus
marcher nos esprits, notre imagination, contrairement aux Africains par exemple.
En interrogeant les codes de la drague en Afrique, Marielle Pinsard interroge en réa-
lité notre société.
Inspiration © Marielle Pinsard