Le POTAGER : le CARDON Noms vernaculaires : Carde, Cardon, Chardon d’Espagne Nom scientifique : Cynara cardunculus L. Classification : famille des Astéracées (ou Composées) L’ancienne poudrière du fort, partiellement détruite lors de la Libération en août 1944, abrite aujourd’hui le potager ou jardin alimentaire. L’histoire du potager se confond avec la domestication de plantes sauvages indigènes. Au cours du Moyen Âge des plantes autochtones continuent de passer du monde sauvage au jardin. Cardons et artichauts descendent d’un ancêtre commun, un chardon sauvage du pourtour méditerranéen. Le cardon est issu d’une sélection pour ses feuilles alors que l’artichaut résulte d’une sélection pour son bouton floral. La culture des jardins a permis, dès l’antiquité, la domestication de la plante puis la sélection de sujets aux côtes plus charnues, les cardes. Description Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cynara_cardunculus#mediaviewer/File:Cardon2.jpg Ce grand chardon est natif des régions Méditerranéennes. Grandes feuilles à pétioles larges, nervurées, pourvues d’un duvet par dessous et vertes par-dessus. Les feuilles découpées en lobes sont dotées de côtes charnues, les cardes. L’inflorescence n’apparaît sur les tiges (les plus hautes) qu’à partir de la deuxième année de croissance. Les fleurs sont violettes et regroupées en capitule à involucre. Floraison : Juin-juillet. Les graines sont des akènes oblongs surmontés d’une aigrette plumeuse qui se séparent facilement. 1 – Jardin Musée Balaguier /© Réseau Canopé 2015 Où trouve-t-on cette plante ? Le cardon est une plante très ancienne qui était cultivée dans le potager du roi Louis XIV par le célèbre La Quintinie. On la retrouve actuellement en France dans les régions lyonnaises, en Provence et en Savoie, mais aussi en Afrique du Nord, en Europe Méridionale (Grèce, Italie) et en Asie Mineure (Turquie et Chypre). Utilisation La culture des jardins a permis la sélection de plants moins épineux à la tige afin de favoriser leur consommation. La préparation à des fins culinaires du cardon nécessite le blanchiment des côtes afin de le rendre plus tendre et de faire disparaître son amertume. Cette technique consiste à priver les côtes de lumière pour provoquer l’étiolement des feuilles. Lexique Bouton floral : bourgeon à feuilles qui a évolué en bouton à fleurs. Pétiole : (du latin petiolus : petit pied) désigne la partie foliaire reliant le limbe à la tige. Inflorescence : (du latin inflorescere : fleurir) est la disposition des fleurs sur la tige d’une plante à fleurs. Lobes : partie arrondie des feuilles ou des fleurs. Capitule : type d’inflorescence caractérisé par des fleurs sans pédoncules regroupées sur un réceptacle, entourées de bractées (exemple la marguerite). Involucre : ensemble des bractées (pièce florale en forme de feuilles faisant partie de l’inflorescence). Aigrette plumeuse : sorte de pinceau de poils qui surmonte les graines de certaines plantes (comme le pissenlit). Akène : fruit sec à une seule graine qui ne s’ouvre pas à maturité (exemple : la noisette). Oblong : de forme allongée. 2 – Jardin Musée Balaguier /© Réseau Canopé 2015 Le POTAGER du ROI (Versailles) Le Potager du Roi a été classé Monument Historique en 1926, et ouvert au public en 1991. Contexte historique Louis XIV, roi de droit divin, au pouvoir absolu, souhaite éblouir les nations, et contraindre la Noblesse à l’obéissance. En 1661, après l’insolente magnificence de la fête offerte par son surintendant des Finances, Fouquet, à Vaux-leVicomte, le roi affirme sa puissance ; il fait emprisonner Fouquet et s’attache les artistes qui avaient réalisé Vaux. Tous vont œuvrer à sa glorification, pour réaliser un palais à partir du petit pavillon de chasse de son père Louis XIII, et métamorphoser forêts et marécages qui l’entourent en un jardin d’une ampleur inégalée. De nombreux artistes de l’époque vont contribuer à la construction du nouveau palais sous la direction attentive de Louis XIV : - Le Vau pour l’architecture ; - Le Nôtre pour les jardins ; - Le Brun pour la sculpture ; - La Quintinie : fondateur du potager de Versailles ayant la responsabilité de fournir en fruits et légumes la table du roi. À l’époque où Louis XIV faisait construire son palais royal entouré de ses jardins, les problèmes militaires allaient connaître une ampleur extraordinaire dans la région seynoise. En effet, la tour de Balaguier (à la Seyne-sur-Mer) a été construite entre 1634 et 1636 sur ordre du Cardinal de Richelieu dans un contexte politique où l’Espagne présente des menaces d’agressions envers la France. Henri de Séguiran, chargé en 1633 d’inspecter les côtes de Provence, afin d’y établir les installations de la marine royale permanente française, préconise un renforcement de la défense de la rade de Toulon, dont il souligne le rôle stratégique. Le port n’est alors protégé des agressions maritimes que par la grosse tour édifiée en 1524 à la pointe de Pipady (Toulon). En 1651, Louis XIV ordonne une inspection des côtes provençales par Blondel qui va souligner l’insuffisance du dispositif de défense. Balaguier et la grosse tour de Pipady sont dotés de batteries basses tirant au ras des flots. À la fin du XVe siècle, alors que Toulon est devenu un port militaire important, Vauban propose en 1679, 1693 et en 1700 des travaux pour adapter la tour aux progrès de l’artillerie, mais ses projets ne sont pas réalisés. En 1703, à la veille du siège de Toulon (1707) par les troupes du duc de Savoie, Balaguier comprend une vingtaine de canons et héberge une garnison d’environ 170 hommes. Le roi Louis XIV lui-même vint à Toulon et commanda d’importants travaux à son grand ingénieur militaire Sébastien le Prestre, Marquis de Vauban, qui devait déclarer quelques années plus tard dans ses mémoires : « La rade de Toulon est la plus belle et la plus excellente de l’aveu de toutes les nations. » Cependant, dès la moitié du XVIIe siècle, le fort commence à présenter des signes de décrépitude. Il n’est plus occupé qu’épisodiquement par des détachements de soldats et de canonniers. Un projet de restructuration présenté en 1774 dote le fort d’une chapelle construite en 1776. De nos jours, le fort de Balaguier appartient toujours à la marine nationale et abrite un musée aménagé depuis 1970 et un jardin botanique aménagé depuis 2008. 3 – Jardin Musée Balaguier /© Réseau Canopé 2015 Aspect artistique Deux œuvres, LA STATUE DE LA QUINTINIE ET LE POTAGER DU ROI La construction du jardin commence en 1678 : le côté Nord donne vers la ville et l’autre côté vers la campagne. Il s’agit d’un jardin aristocratique de production et d’ornement en contrebas avec une terrasse qui donne sur le grand parterre et où se trouve la statue de La Quintinie. La Quintinie tient un greffon et une serpette qui montrent son lien avec l’arboriculture Statue de Jean Baptiste La Quintinie, bronze, réalisée par Louis Edmond Cougny http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_de_La_ Quintinie#mediaviewer/File:La_Quintinie.jpg Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jardin_potager#mediaviewer/File:Potager_du_Roi.jpg La particularité de ce potager est qu’il est dit « coupé », c’est à dire compartimenté. À l’intérieur de l’enceinte de clôture, de nombreux sites sont aménagés en microclimats et espaces de production. Chaque enclos accueille une production spécifique : l’aspergerie, la prunelaie… Le potager versaillais ordonne, à l’intérieur du mur d’enceinte, vingt-neuf jardins clos entourant un parterre central de seize grands carrés de légumes disposés autour d’un grand bassin, sur une superficie de près de neuf hectares. La transition d’un jardin à l’autre et leur spécialisation se fait grâce aux espaliers. Le jardin potager aristocratique s’intègre dans une logique d’habitat et d’organisation de l’architecture intérieure. La Quintinie s’adonnait à un véritable jeu sur des fruits précoces et tardifs grâce à ces microclimats. Le mur séparant les pièces sont tapissés par les espaliers (afin de multiplier les expositions) et les arbres fruitiers soulignent le tracé des allées. Le potager recouvre à la fois des légumes et des arbres fruitiers de façon ordonnée comme le préconisait à l’époque la logique aristocratique de spécialisation de l’espace. 4 – Jardin Musée Balaguier /© Réseau Canopé 2015 Aspect scientifique Les modes de consommation vont pousser à la création de ces jardins et de ce potager. L’aristocratie va domestiquer des plantes consommées jusque-là à l’état sauvage. Le potager de Versailles va jouer un rôle primordial dans la propagation des nouvelles méthodes culturales dans la société française à partir du XVIIe siècle et au-delà (XVIIIe et XIXe) par la dispersion des savoirs-faires des jardiniers. La Quinitine, à partir de 1667, intervient dans l’ancien potager de Louis XIII. Il est juriste de formation, avocat au Parlement et se passionne pour l’horticulture. La Quintinie était plus qu’un jardinier, il était un véritable chercheur, un « curieux » qui s’est intéressé à l’Horticulture. Il entre en contact avec la société royale de Londres à l’époque, et va correspondre avec Boyle, Malpighi et de nombreux scientifiques. Il rédige son Instruction pour les jardins fruitiers et potagers en 1690. Dans ce traité, il livre ses expériences en termes de domestication des plantes sauvages, d’acclimatation des plantes exotiques, de sélection de certaines variétés et enfin de la taille des fruitiers (espaliers). Ses expérimentations lui ont permis de mettre en évidence le rôle de la sève dans la croissance et la fructification des arbres fruitiers, ainsi que le système racinaire des arbres, et les précautions à prendre lors de leur transplantation. Lexique Espaliers : nom d’une forme d’arbre, le plus souvent fruitier, obtenue par une technique de taille permettant d’avoir un arbre à forme plate. Ouvertures culturelles (voir autres fiches) • • • • • Le jardin botanique à Nice Domaine de Baudouvin (83, La Valette) - jardin alimentaire, jardin remarquable Les vestiges du jardin botanique de la marine (Toulon et Saint-Mandrier), le Muséum de Toulon et du Var Paris : les jardins et le potager de Versailles Le jardin des plantes (ancien jardin du Roi) à Paris Bibliographie – Balade radiophonique au Potager du Roi : Podcast France culture. Invités : Florent Quellier, Antoine Jacobson et Emmanuel Laurentin. http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-histoire-des-jardins-33-2013-04-18 – Jean-Marie Pelt, Des légumes, Fayard, 1993. – Florent Quellier, Histoire du jardin potager, Armand Colin, 2012. – Ouvrages d’Alain Baraton, jardinier en chef de Versailles : La véritable histoire des Jardins de Versailles avec Jean-Pierre Coffe (Plon, 2005), Le jardinier de Versailles (autobiographie chez Grasset, 2006). PAistes pédagogiques : – Pistes pour le collège http://www.la-seyne.fr/Jardins-Balaguier/08_potager_coll%C3%A8ge.pdf – Pistes pour l’école primaire http://www.la-seyne.fr/Jardins-Balaguier/08_potager_primaire.pdf 5 – Jardin Musée Balaguier /© Réseau Canopé 2015