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Faceaudéveloppementdelabulleimmobilière,enl’absencederisqueinflationniste,lapolitique
monétairen’adoncpasétédutypeLAW.Lesautoritéss’ensonttenuesàladoctrinesuiviedepuis
lafindesannéesquatre‐vingt:lapolitiquemonétairenedoitpasréagirdanslaphasedeboom
maisseulementencasd’éclatementdelabulle.Différentsargumentsontétéavancésàl’appuide
cetteattitude:1.Lecoûtpourl’économied’unefortechutedesprixdesactifsseraitbeaucoup
plusélevéqueceluid’unehausse,mêmeexagérée,carellepourraitplongerl’économiedansune
récessionsévère,voiredansunecrisesystémique;2.Unboomdesprixdesactifsn’estpas
nécessairementsuiviparunkrach;surles24épisodesd’emballementdecesprixidentifiésdans
15paysindustrialisésdudébutdesannées1960àlafindesannées1990,seulementtroiss’étaient
terminésparl’éclatementd’unebulle7;3.Pourpouvoiragiraucoursdelaphased’emballement,
labanquecentraledevraitnonseulementêtrecapabled’identifierlabulleaveccertitudeetdans
desdélaisadéquats,maisaussiêtresûrequ’enrelevantsestauxellepourrajugulerl’activité
spéculativesansrisquemajeurpourl’économie.Faceàcettesituation,lesbanquierscentraux
sontrestéesfidèlesau«consensusdeJacksonHole»:vouloirfaireéclaterunebulleest
impossible,voiredangereux,etdoncàéviter;labulledoitéclaterd’elle‐mêmeetilfautsetenir
prêtàréparerlesdégâts‐«cleaningupafterwards»(CUA)ou«mopupafter».
4.1.4.Lestauxd’intérêtsont‐ilsrestéstropbastroplongtemps?
Toutaulongdesannées1980et1990,lespolitiquesdetauxd’intérêtdesbanquescentralesont
étéconformesauxprincipesdelarègledeTaylor.PourlesÉtats‐Unisetlazoneeuro,lesvaleurs
observéesdestauxd’intérêtàcourttermeetdestauxdeTaylor8,surlapériode2000‐T1/2007‐
T2,sontreprésentéessurleGraphique4.3.Danslesdeuxcas,unedivergenceimportanteentreles
deuxtauxapparaît.Lecomportementdesbanquescentralesadoncchangéàcemoment‐là.Au
regarddelarègledeTaylor,leniveautrèsbasauquellestauxd’intérêtdirecteursontété
descendusaprèsl’éclatementdela«bulleInternet»ontétémaintenustroplongtempsauxEtats‐
UnisetenEuropeet,d’unemanièregénérale,danstoutesleséconomiesindustriellesavancées.
AuxÉtats‐Unis,cettepolitiqueaétéjustifiéepardescraintesdedéflation.L’indicateurdurisque
déflationnisteconstruitparleFMIfaitapparaîtreunepousséedurisquedéflationnisteàce
moment‐là(voirlesGraphiques2.4(a)et(b)).Maisilestrestémodéré.Enoutre,lacrainte
déflationnisteesttrèsviteretombée.Ilnefaitguèrededoutequelespolitiquesdetauxontété
laxistestroplongtemps(àpartirdefin2002auxEtats‐Unisetdefin2004danslazoneeuro9).
Lesvaleurstrimestriellesdu«gap»detauxd’intérêtpeuventêtrerapprochéesdelavariationdes
priximmobiliers.PourlazoneeuroetpourlesÉtats‐Unis,lesrésultatssontreprésentéssurle
Graphique4.2.Danslesdeuxcas,onobserveunerelationsignificativeentrelesdeuxvariables.En
moyenne,unécartdetauxd’intérêtd’unpointdepourcentagecoïncideavecunehaussed’un
demi‐pointdepourcentagedespriximmobiliers.Sanstrops’avancer,onpeutdirequele
caractèreaccommodantdespolitiquesmonétairesapermisl’envoléedespriximmobiliersau
débutdesannées2000.C’estcequepensentaujourd’huipresquetouslesuniversitaireset
presquetouslesbanquierscentraux(85%danslesdeuxcas).
7 Bordo et Jeanne, 2002
8 Pour cela, le mieux est de l’utiliser en retenant sa formulation originale pour chacune des économies considérées :
Taux de Taylor = 1 + Taux d’inflation + ½ * [Taux d’inflation – 2] + ½* [Ecart de production] où l’inflation et l’écart
de production sont mesurés comme le fait Taylor (déflateur du PIB ; écart entre le PIB effectif et le PIB potentiel
mesuré au moyen du filtre de Hodrick-Prescott).
9 La BCE a été sévèrement critiquée quand elle a relevé ses taux fin 2005 en l’absence de tensions inflationnistes.