Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (12), n° 03, mars 1998
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rations, abcès, nécroses), sources de
foyer septique ou d’hémorragie. Les
lésions sont secondaires soit à une infil-
tration spécifique par les cellules leuco-
plasiques soit à une complication infec-
tieuse. Ces dernières peuvent être préve-
nues en interdisant la prise de température
anale ainsi que les traitements locaux de
type suppositoires ou lavements, et en
limitant les examens endoscopiques chez
les patients neutropéniques.
L’angiome immature du nourrisson est
une prolifération pseudo-tumorale de
cellules endothéliales primitives, mais
non maligne. Il touche près de 10 % des
nourrissons (deux fois plus souvent la
fille), et peut se localiser au niveau du
siège. Il est caractérisé par son évolution
triphasique : phase de croissance de 0 à
8 mois, phase de stabilisation de 8 mois à
20 mois, puis phase de régression (80 %
ont régressé à 6-7 ans). L’ulcération
spontanée de l’angiome est une compli-
cation sans gravité qui accélère le pro-
cessus de cicatrisation. L’abstention thé-
rapeutique est la règle.
Les ulcérations de la maladie
de Crohn
(diapo 7) (11)
Elles compliquent la maladie avec une
fréquence de 20 à 60 % ; elles sont plus
fréquentes dans les atteintes coliques que
dans les atteintes iléales. Elles peuvent
précéder de plusieurs années les autres
localisations de la maladie. Les ulcéra-
tions peuvent se présenter sous la forme
de fissures atypiques latérales ou com-
missurales peu douloureuses ou sous
forme d’ulcérations margino-canalaires
larges extensives à bords décollés épais-
sis, qui sont souvent le point de départ de
suppurations. L’association à des lésions
eczématiformes (érosions et fissurations
linéaires secondaires à la diarrhée), à des
marisques condylomateuses, voire à des
fistules, est très évocatrice. Le diagnostic
peut être conforté par l’histologie avec la
présence de granulomes giganto-cellu-
laires. Leur traitement est avant tout
médical et se confond avec celui de la
maladie intestinale ; le métronidazole
peut être utilisé.
Les ulcérations
dermatologiques
(10)
Certaines maladies bulleuses ont un tro-
phisme muqueux, si bien qu’elles peu-
vent concerner la région anale ; la phase
bulleuse est éphémère et l’aspect est plu-
tôt celui d’ulcérations superficielles post-
bulleuses. C’est le cas des épidermo-
lyses bulleuses héréditaires, du pem-
phigus bénin chronique de Hailey-
Hailey, au cours desquels les lésions sont
fréquentes dans la région inguino-génitale,
où elles prennent un aspect assez caracté-
ristique en raghades (érosions linéaires)
parallèles. Des érosions génitales peu-
vent être un début trompeur du pemphi-
gus vulgaire. Dans la pemphigoïde
cicatricielle, les lésions ont un siège
muqueux et/ou péri-orificiel prédomi-
nant et, après une phase bulleuse chro-
nique, évoluent vers des cicatrices rétrac-
tiles invalidantes. L’atteinte génitale
(gland, lèvre, anus) se traduit par des éro-
sions douloureuses pouvant inaugurer la
maladie.
Le lichen scléro-atrophique dans sa
forme muqueuse touche la femme aux
âges extrêmes de la vie (petite fille,
femme ménopausée) et se présente
comme une nappe blanche nacrée ano-
vulvo-périnéale dont la manifestation
habituelle est le prurit. Son évolution peut
se faire vers l’ulcération spontanée ou
secondaire au prurit et à l’atrophie vulvaire
avec risque de carcinome épidermoïde.
Les aphtes sont des ulcérations très dou-
loureuses, rondes ou ovalaires, de 1 à
9 mm de diamètre, à fond jaunâtre “beurre
frais”, à bords bien limités soulignés par
un liseré érythémateux. Habituellement,
ils siègent au niveau de la cavité buccale,
mais ils peuvent être génitaux (vulve,
gland, anus). Certains aphtes peuvent
prendre un caractère nécrotique et exten-
sif, laissant alors des cicatrices rétrac-
tiles.
L’association aphtes génitaux et aphtes
buccaux réalise l’aphtose bipolaire, qui
peut être isolée ou s’intégrer dans le
cadre d’une maladie de Behçet.
Les dermites caustiques, surtout fré-
quentes chez l’enfant, se traduisent par des
lésions exulcérées aphtoïdes à contours en
carte de géographie ; elles sont secondaires
à l’utilisation d’antiseptiques mal dilués,
en particulier les dérivés mercuriels et les
ammoniums quaternaires. Chez l’adulte,
l’utilisation répétée de suppositoires conte-
nant du dextropropoxyphène, de l’acide
salicylique ou de l’ergotamine peut entraî-
ner des ulcérations ano-rectales (12, 13).
L’injection de sels d’or peut se compliquer
d’ulcération, de même que les traitements
par radiothérapie.
Les ulcérations
du prurit anal
(10)
Symptôme fréquent, touchant 4 hommes
pour 1 femme, le prurit anal peut être
essentiel (50 % des cas environ), ou
secondaire soit à une affection dermato-
logique (localisation anale des derma-
Diapo 7. Maladie de Crohn
Ulcérations anales