CABINET
Forum Med Suisse 2013;13(36):703–708 707
Remarque générale: malgré la mise en route rapide du
traitement systémique (si possible dans les 24 heures
suivant la manifestation des premiers symptômes), l’effet
obtenu sur le raccourcissement de l’excrétion virale et la
durée de guérison est moins bon pour une récidive que
pour une primo-infection à HSV. Avec cet effet minime
seulement et l’évolution généralement sans problème de
l’herpès labial, un traitement systémique n’est pas jus-
tié pour la très grande majorité des patients souffrant
d’un herpès labial récidivant. Dans les primo-infections
par contre, en cas d’importantes souffrances et chez les
patients immunosupprimés, de même qu’en cas de com-
plication (eczéma herpétique, érythème polymorphe), le
traitement systémique doit être mis en route le plus rapi-
dement possible. Un traitement virostatique suppresseur
de l’herpès labial récidivant (aux mêmes doses que pour
l’herpès génital) peut être envisagé si les récidives sont
très fréquentes ou subjectivement très gênantes, chez
les patients ayant un érythème polymorphe herpétique
ou les immunosupprimés souffrant d’un herpès labial
récidivant [17].
Herpès génital
Les options thérapeutiques sont les mêmes pour l’her-
pès génital, mais à des doses différentes (tab. 3 ) [20,
21]. La grave évolution de la primo-infection justie un
traitement antiviral le plus rapidement possible (avant
de recevoir les résultats du laboratoire).
Selon l’importance des récidives, le traitement est épi-
sodique, suppresseur ou uniquement par topiques
aspé ciques. Un traitement topique par médicaments
anti viraux ne présente aucun avantage clinique démon-
trable. Dans l’herpès génital récidivant, les traitements
brefs ont des résultats comparables à ceux des traite-
ments standards [22]. Un traitement épisodique pen-
dant 1–5 jours, mis en route par le patient lui-même
dans les 24 heures suivant l’apparition de symptômes,
peut abréger de 1–2 jours la durée de l’épisode [23–26].
La résistance n’est pas modiée par ces traitements
brefs à hautes doses.
Si les récidives sont fréquentes (>6/an) et la sympto-
matologie est très gênante, un traitement peut être en-
visagé sur 6–12 mois, qui supprimera env. 80% des
récidives et aura un effet plus marqué sur la morbidité
associée à l’herpès génital [27]. Ce traitement prolongé
diminue également la transmission aux partenaires
sexuels non infectés et aux nouveau-nés lors de l’accou-
chement [27]. Du fait qu’une diminution de la charge
virale du VIH a aussi pu être documentée, le traitement
prolongé par analogues nucléosidiques semble égale-
ment réduire la transmission de ce virus [28, 29]. En
raison de son coût et de la réponse légèrement meilleure,
la préférence est accordée au valaciclovir pour la sup-
pression prolongée [30]. Le tableau 3 présente des
exemples de traitements locaux symptomatiques.
Les conseils de prévention d’une transmission donnés
au patient font partie de son traitement. Il n’y a encore
aucun vaccin efcace sur le marché [31]. Ce qui fait
que la prévention se limite à l’abstinence de rapports
sexuels (y c. oraux) pendant les phases symptomatiques
et jusqu’à 1–2 semaines après la guérison, à l’utilisation
de préservatifs en latex [32] et éventuellement au trai-
tement antiviral prolongé. Aucune de ces mesures ne
donne une protection complète (g. 7 ). Le traitement
suppresseur par valaciclovir diminue la transmission
de 50% [33].
Ta bleau 3
Traitement de l’herpès génital.
A) Primo-infection
1. V irostatiques
Aciclovir (Zovirax®)200 mg 5 par jour p.o. pendant 5–10 jours
ou 3 400 mg p.o.
Valaciclovir (Valtrex®)500 mg 2 par jour p.o. pendant 5–10 jours
Famciclovir (Famvir®)250 mg 2 par jour p.o. pendant 5–10 jours
2. Analgésiques, antiphlogistiques
Acide acétylsalicylique
Anti-inammatoires non stéroïdiens (par ex. diclofénac, indométacine)
3. To piques antiseptiques et antiphlogistiques
3.1 Phase aiguë Bains de siège ou compresses avec solutions iodées
(par ex. povidone iodée, dilution 1:25), tannins
(par ex. Tannosynt® liq, dilution 1:1000), application de
teintures (vert brillant 0,5% aqueux, solution de pyoktanin)
ou ZnSO4 en solution (0,05%)
3.2 Stade de cicatrisation To piques émollients (par ex. Bepanthen® onguent,
Betadine® onguent, Fucidin® onguent)
B) Infection récidivante
1. Eventuellement traitement local purement symptomatique
2. Tr aitement épisodique si <6 récidives par an
Aciclovir (Zovirax®)200 mg 3 /j p.o. pendant 5 jours ou
800 mg 3 /j p.o. pendant 2 jours
Valaciclovir (Valtrex®)500 mg 2 /j p.o. pendant 3–5 jours ou
2 g 2 /j sur 1 jour
Famciclovir (Famvir®)125 mg 2 /j p.o. pendant 5 jours ou
1 g p.o. en dose unique
3. Tr aitement suppresseur (sur au moins 6–12 mois)
si >6 récidives par an ou forts gênantes
Aciclovir (Zovirax®)400 mg 2 /j p.o.
Valaciclovir (Valtrex®)500 mg 1 /j p.o.;
évt si >10 récidives: 250 mg 2 /j p.o.
Famciclovir (Famvir®)250 mg 2 /j p.o.
Figure 7
Infection à HSV-2 du pubis malgré utilisation de préservatifs.