L
es mastopathies bénignes sont, après le cancer du sein,
le sujet le plus souvent abordé lors des colloques
consacrés au sein. Elles posent avant toute chose le
problème de leur définition. Connues depuis des siècles, asso-
ciées à la notion de mastodynie, surnommées “mastose”, elles
ont subi au cours du temps un démembrement histologique pro-
gressif. L’entité “mastopathie bénigne” recouvre une définition
clinique, des signes radiologiques et des lésions histologiques, la
correspondance entre ces trois notions n’étant pas univoque. Seule
l’histologie, c’est-à-dire le prélèvement (biopsie chirurgicale ou
prélèvement percutané) permettra d’authentifier la lésion bénigne
et affirmera sa différence avec les autres mastopathies complexes
à risque, dites “frontières”, et avec les lésions malignes. Or, tout
ce qui répond à la définition de mastopathie bénigne en clinique
ou en radiologie n’aboutit pas forcément à un prélèvement biop-
sique et n’a donc pas toujours de définition histologique, d’où la
complexité de cette question.
Ainsi, Marie-Hélène Dilhuydy nous fait parcourir, dans un pre-
mier article, l’évolution du concept de mastopathie à travers les
décennies et dans la pluridisciplinarité.
Catherine Barlier et Marie-Christine Mathieu, en anatomo-patho-
logistes, nous rappellent les définitions des lésions histologiques
élémentaires, les exigences de la réalisation des prélèvements
diagnostiques et l’établissement d’un compte-rendu de qualité.
Enfin, André Gorins, dont on connaît l’implication dans les mala-
dies du sein, dresse les aspects épidémiologiques des masto-
pathies bénignes.
À la lecture de ces trois articles, nous nous rendons compte que
la “mastose”, même si son appellation est caduque et obsolète,
reste un réel problème quotidien dans la pathologie mammaire.
Pour la femme, qu’il s’agisse d’un “incident physiologique ou
d’une maladie”, la mastose est avant tout l’expression d’une gêne
mammaire, plus ou moins handicapante, plus ou moins angois-
sante selon son intensité et son ressenti. Son vécu dépend évi-
demment de l’existence toujours possible d’un cancer, dont l’inci-
dence croissante fait augmenter la probabilité.
Pour le radiologue, la “ mastose ” est le synonyme d’un sein dense
et hétérogène, lieu de pièges, qui fait craindre de “rater” une lésion
à risque, voire un cancer.
Pour les cancérologues et les chirurgiens, cela revient à infirmer
le cancer.
Pour le médecin généraliste ou pour la gynécologue enfin,
c’est un motif de consultation fréquent. C’est également un
* Centre Alexis-Vautrin, avenue de Bourgogne-Brabois, 54511 Vandeuvre-lès-
Nancy.
sujet évoqué chez les psychologues, les homéopathes ou les
acupuncteurs.
Nous vous proposons donc dans le prochain numéro une
deuxième partie de ce dossier, sous forme d’une table ronde “la
mastose et vous” qui permettra d’interviewer un certain nombre
d’acteurs et de patientes ; ils nous donneront sur le vif leur vécu
quotidien dans ce domaine.
Nous recueillerons également vos réflexions et vos interroga-
tions, n’hésitez pas à nous écrire pour participer à cette table
ronde. Les textes sont à envoyer à la rédaction (E-mail :
Ainsi, même en 2002, vous ne serez pas étonnés de constater que
cette entité reste bien présente dans notre culture.
■
DOSSIER
22
La Lettre du Sénologue - nos 13-14 - 3e-4etrimestres 2001
Introduction
Mastopathies bénignes...
ou exit “la mastose”
●
Anne Lesur*
DOSSIER THÉMATIQUE
LES MASTOPATHIES
BÉNIGNES
(1re partie)
◆
Introduction
A. Lesur
◆
Historique
des mastopathiesbénignes :
de sir Ashley Cooper
à l’anatomopathologie moderne
M.H. Dilhuydy, G. Mac Grogan,
B. Barreau
◆
Les mastopathies bénignes
sous l’angle anatomopathologique
C. Barlier-Pagel, M.C. Mathieu
◆
Aspects épidémiologiques
des mastopathies bénignes
A. Gorins