REVUE DE PRESSE
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La Lettre du Sénologue - n° 29 - juillet/août/septembre 2005
3,1-6,3) ou une mastopathie proliférante sans atypie (RR : 1,6 ;
IC 95 % : 1,3-2). Ils y ajoutent une augmentation du risque
relatif pour les mastopathies non proliférantes, rejoignant les
conclusions du NSABP BCPT P-1 (RR : 1,41 ; IC 95 % : 1,03-
1,94) (2), à l’inverse de Dupont et Page (1) qui retrouvaient
dans ce cas un RR : 0,89 (IC 95 % : 0,62-1,3) non significatif.
Cette étude de Hartmann voit ses résultats limités par son
caractère rétrospectif, en particulier en ce qui concerne l’his-
toire familiale qui n’a pu être documentée que chez 52 % des
femmes, et l’absence de données sur les autres facteurs de
risque connus, en particulier les facteurs hormonaux et la den-
sité mammographique. L’analyse de la reproductibilité dans la
cohorte de la classification histologique retenue n’est pas non
plus rapportée.
Au total, ce travail conforte des données connues et renvoie le
clinicien aux modalités de présentation du risque lors de l’infor-
mation des patientes. Reprenons la démonstration d’Elmore (3)
dans l’éditorial associé : selon Hartmann, dans la population
générale et en risque absolu, 5 femmes sur 100 présenteront un
cancer du sein au bout de 15 ans de suivi. Chez les femmes
ayant eu une biopsie mammaire et présentant une mastopathie
non proliférante, le risque relatif est de + 27 %, le risque absolu
autour de 6 sur 100 ; en cas de mastopathie proliférante sans aty-
pie, le risque relatif est de + 88 %, le risque absolu autour de 10
sur 100 ; en cas d’hyperplasie atypique, le risque relatif est de +
424 %, le risque absolu autour de 19 sur 100. Présenté autre-
ment, et toujours selon cette étude, 95 femmes de la population
générale sur 100 ne présenteront pas de cancer du sein dans les
15 ans. Pour 100 patientes ayant eu une biopsie, 94 de celles
avec mastopathie non proliférante, 90 de celles avec mastopathie
proliférante sans atypie et 81 de celles ayant une hyperplasie
atypique échapperont au diagnostic de cancer du sein dans les
15 ans. La puissance du “risque perçu” ne dépend donc pas que
de la pertinence du “risque statistique” ! Ces remarques sont
d’autant plus importantes que le nombre de femmes exposées au
diagnostic de mastopathie bénigne ne peut que croître avec la
généralisation du dépistage et l’augmentation du nombre des
prélèvements micro ou macrobiopsiques.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Dupont WD, Page DL. Risk factors for breast cancer in women with prolife-
rative breast disease. N Engl J Med 1985;312:146-51.
2. Wang J, Costantino JP et al. Lower-category benign breast disease and the
risk of invasive breast cancer. J Natl Cancer Inst 2004;96:616-20.
3. Elmore JG, Gigerenzer G. Benign breast disease – The risks of communica-
ting risk. N Engl J Med 2005;353:297-9.
■
G. Boutet,
28, rue de Norvège, 17000
La Rochelle
LES TECHNIQUES DE DESTRUCTION NON CHIRURGICALES
DANS LE TRAITEMENT DES CANCERS DU SEIN
Huston TL, Simmons RM. Ablative therapies for the treatment of
malignant diseases of the breast. Am J Surg 2005;189:694-701.
Résumé.
Il s’agit d’une revue des cinq techniques actuellement
existantes qui permettent une destruction non chirurgicale radio-
guidée des tissus ; ces techniques sont ici étudiées dans leurs
applications pour le traitement des cancers primaires du sein.
Les progrès du dépistage nous conduisent à traiter des tumeurs
de plus en plus petites, d’où l’émergence de ces techniques
dans un organe facile d’accès comme le sein. Elles présentent
l’avantage d’être mini-invasives, pouvant être réalisées sous
anesthésie locale avec une cicatrice minimale. Elles ont aussi
pour objectif d’améliorer les résultats esthétiques et, toutes en
commun, d’agir par effet thermique (chaleur ou froid), mais
sont assez différentes :
•La radiofréquence (RF). Le courant alternatif délivré au
bout d’une électrode entraîne un déplacement des ions d’où un
échauffement. Les résultats publiés sont irréguliers avec tou-
jours une bonne efficacité, mais des problèmes de ciblage de la
zone traitée. L’IRM semble le meilleur examen pour évaluer la
réponse tumorale après RF. Quelques essais débutent sans exé-
rèse chirurgicale de la zone traitée.
•La cryoablation (CA). Ici c’est le froid qui entraîne la des-
truction tissulaire. Il n’y a même plus besoin d’anesthésie
locale ; il se constitue une sphère congelée très visible et pal-
pable. Les résultats indiquent une bonne efficacité pour détruire
les lésions infiltrantes, mais non pour les lésions in situ.
•La destruction intersticielle par laser ou laser-ablation
(LA). Une fibre optique délivre un rayon laser qui détruit par
échauffement. Les résultats publiés ici encore montrent une
bonne efficacité à condition de bien traiter l’ensemble du
volume cible. En revanche, la procédure dure une heure pour
une lésion de 1 cm.
•La destruction par micro-ondes (MO) utilise le principe
bien connu du four à micro-ondes. Le sein est serré entre deux
plaques qui délivrent l’energie à l’ensemble de la glande ; comme
les cellules cancéreuses contiennent plus d’eau que les cellules
normales, elles sont cuites en premier (heureusement !). Les résul-
tats très préliminaires montrent une bonne efficacité avec par-
fois des nécroses cutanées lors de la mastectomie qui a suivi la
procédure, donc une toxicité cutanée sérieuse…
•La destruction par ultrasons localisés (UL) où une sonde
apporte localement un faisceau ultrasonore qui détruit par
échauffement. Les résultats indiquent une bonne efficacité avec
une aisance à suivre en temps réel la destruction et, éventuelle-
ment, à déplacer la sonde en cours de traitement.
Les auteurs concluent en indiquant que, à l’avenir, certaines de
ces techniques seront utilisées en routine dans des cas sélec-
tionnés. Les défis étant de bien sélectionner les indications et
de s’assurer du traitement effectif de tout le volume cible.
Commentaires.
Il s’agit d’un bon article, clair et objectif qui
fait bien le point sur des techniques émergeantes mal connues
des non-spécialistes. Certaines, comme la radiofréquence, ont
déjà acquis leurs lettres de noblesse dans d’autres organes ;
mais toutes ont encore été trop peu évaluées dans le cancer du
sein. Nous manquons donc de séries étoffées et d’essais compa-
ratifs avec la chirurgie. Cependant, il n’est pas difficile de com-
prendre que pour les lésions infracliniques, de plus en plus fré-
quentes, ces techniques radioguidées pourraient faire mieux que
le chirurgien qui manque de guidage peropératoire précis. Mais
il restera à démontrer qu’un meilleur traitement en imagerie du
volume cible aboutira à un meilleur contrôle local que la chirur-
gie, qui reste tout de même excellente avec moins de 1 % de