les forces mises en jeu sont le résultat d’un ensemble de processus d’interaction entre les différentes parties de la
cellule et de la bactérie. Elles sont de l’ordre du nN et doivent aussi tenir compte de propriétés mécaniques comme
l’élasticité des membranes cellulaires, de la viscosité du milieu liquide et du temps de contact [8].
Très peu d’études portent sur des mesures de forces couplées à ces deux échelles. Dans une étude précédente, nous
avons analysé l’interaction entre un sucre synthétique et la lectine PA IL responsable de l’adhésion de la bactérie
pseudomonas aeruginosas sur les cellules épithéliales des poumons. Nous avions poursuivi par des mesures de force
entre une cellule et la bactérie en présence et en absence du sucre synthétique. Nous avons ainsi pu établir des liens
entre les forces chimiques et mécaniques mesurées aux deux échelles [6].
L’idée de la thèse est de poursuivre dans cette voie en s’intéressant aussi au rôle joué par le milieu liquide, à la fois
par sa nature chimique mais aussi par ses propriétés en mécanique des fluides. Ce dernier aspect n’a jamais été traité à
notre connaissance, or lors de l’interaction, de la mise en contact, la conformation des molécules (protéine/sucre), la
compacité et l’élasticité des membranes cellule/ bactérie dépendent de la nature du liquide, de sa température, de sa
viscosité et de la vitesse avec laquelle se fait le contact.
Cette étude initiée sur le système PA/cellule épithéliale des poumons serait ensuite étendue à d’autres bactéries
pathogènes.
Ce travail devrait permettre de mieux comprendre l’adhésion bactérienne sur une surface et le rôle du milieu liquide
en interprétant les phénomènes d’interaction par le biais de la Biologie, la Physicochimie, la Mécanique et de la
Nanofluidique. Les applications sont nombreuses dans les domaines biomédical ou agroalimentaire où l’enjeu est
d’éviter la formation de biofilms bactériens.
Dans un cadre plus général, il apportera aussi des réponses concernant les forces mises en jeu entre deux surfaces
dures (solides) ou molles (membranes) à quelques nanomètres l’une de l’autre en solution.
Programme de recherche et démarche scientifique proposée:
Après une initiation à l’AFM en modes imagerie, et spectroscopie, le(la) doctorant(e) commencera par l’étude de la
fonctionnalisation de pointes terminées par une molécule. Au sein du laboratoire INL, et de l’équipe, il (elle)
effectuera la chimie de surface, et contrôlera la concentration en lectines pour créer des pointes robustes et
reproductibles. Elles seront ensuite utilisées pour interagir avec des glycoarrays, surfaces terminées par différents
sucres, préparées au sein de l’équipe. L’interaction sera mesurée, dans notre équipe, en fonction de l’affinité du sucre,
de sa concentration mais aussi des propriétés du fluide environnant. Les pointes seront ensuite utilisées pour interagir
avec les cellules, en collaboration avec le partenaire allemand. Le(la) doctorant(e) élaborera un autre protocole de
fonctionnalisation de pointes terminées par une bactérie ou une cellule pour étudier l’adhésion cellulaire et pour se
rapprocher du système réel. Enfin, l’interaction bactérie/cellule sera effectuée en présence des sucres synthétiques
pour étudier l’inhibition de l’adhésion.
Finalement, le(la) doctorant(e) effectuera l’analyse des courbes de forces en confrontant ces résultats à différents
modèles prenant en compte les forces chimiques et mécaniques et devra aussi prendre en compte l’aspect
nanofluidique.
Encadrement scientifique, intégration au sein du laboratoire (Département/Equipe(s) impliquées),
collaboration(s)/partenariat(s)extérieurs: le (la) doctorante effectuera sa thèse dans l’équipe « Chimie et
Nanobiotechnologie » de l’INL et sera encadrée par Magali Phaner-Goutorbe, Professeure de l’Ecole centrale de
Lyon. Il (elle) travaillera en interaction forte dans l’équipe avec Yann Chevolot pour la partie fonctionnalisation
chimique et biologique des pointes et des surfaces, avec Hermann Schillers de l’Institut de Physiologie de Münster
(Allemagne) pour la partie étude par AFM de l’interaction cellule-bactérie et tous les acteurs de l’ANR Glycomime
pour les interactions lectines- sucres, i.e. Sébastien Vidal, Institut de Chimie et de Biochimie Moléculaires et Supra
Moléculaires, Laboratoire de Chimie Organique 2 – Glycochimie, Université Lyon 1, François Morvan et Jean
Jacques Vasseur de l’Institut des Biomolécules Max Mousseron, Département des Analogues et Constituants des
Acides Nucléiques (DACAN) Université de Montpellier 2, Olivier Vidal de l’Unité de glycobiologie structurale et
fonctionnelle, Université de Lille.
Les analyses de l’aspect nanofluidique de la mesure se feront en collaboration avec Richard Perkins du Llaboratoire
de Mécaniques des Fluides et Acoustiques de l’Ecole Centrale de Lyon.
Profil du candidat recherché (prérequis) : Master 2 Recherche et/ou diplôme d’ingénieurs généraliste, en physique
ou biophysique, en chimie ou physicochimie des surfaces.
Le (la) candidat(e)doit avoir un goût prononcé pour le travail expérimental (préparation de pointes, mesures AFM),
éventuellement aussi pour la modélisation (forces d’interaction) et doit être capable de travailler à l’interface entre la
physique, la chimie, la mécanique des milieux continus, la mécanique des fluides et la biologie. Toutefois, aucune
compétence particulière n’est exigée en biologie.