d’une approche à la fois sociologique et juridique. Un des problèmes qui doit être aujourd’hui travaillé
avec les équipes est le fait de considérer que l’élaboration du projet est tout aussi importante que le
projet lui-même. En effet, ce qui fait la caractéristique principale d’un projet à mon sens est qu’il soit un
document fédérateur.
La question du projet renvoie à la question du collectif, et se traite donc à la fois à l’intérieur de chacune
des structures mais aussi au niveau des professions elles-mêmes. A partir de 1994 se sont mises en
place dans le champ de la santé les conférences de consensus, inspirées des pratiques anglo-
saxonnes. Le principe de ces conférences est de réunir un certain nombres de spécialistes face à un
jury afin d’aborder des questions difficiles et de les trancher. La première conférence de consensus a eu
lieu autour de la question des schizophrènes, et une autre plus récente a porté sur la liberté de
circulation dans les établissements sociaux et médico-sociaux. Cela veut dire que, dans notre secteur,
nous sommes face à un certain nombre de problèmes qui nécessitent des débats. L’élaboration du
projet, c’est de ce fait que je dis qu’il s’agit d’un document fédérateur, est l’occasion de prendre à plein
bras des débats qui doivent traverser les équipes et le secteur professionnel.
D’une certaine façon, on retient de la loi du 2 janvier 2002 son aspect « outillage ». Pour la première
fois le législateur donne une définition de l’action sociale et médico-sociale. Or, que donne-t-il comme
définitions dans les articles 2 et 3 ? Il donne une série de définitions autour de couples d’opposition
pronomatiques, qui font que le législateur ne peut pas trancher sur un certain nombre de problèmes. On
va justement demander aux équipes, à l’occasion de l’élaboration des projets de service, de dire
comment chacune d’elle entend se positionner par rapport à ces couples d’opposition.
Si nous reprenons rapidement certains couples, il y a par exemple l’utilisation à la fois du terme
d’usager et de celui de citoyen. Le terme de citoyen renvoie à la question du droit commun et à la
reconnaissance des droits de chaque personne comme étant en droit des citoyens à part entière, alors
que celui d’usager implique que l’on reste dans une relation de dépendance vis-à-vis du service qui a
été donné, même si la contractualisation est une façon d’atténuer cette relation de dépendance. Cela
veut dire que dans notre société, et en particulier en France, est en débat la question de la place de la
différence.
Un autre exemple serait celui de l’utilisation des mots autonomie et protection. Au moment de
l’élaboration de la loi du 2 janvier 2002 il n’y avait que le terme d’autonomie qui était mis en avant.
Assez rapidement ce concept a été interrogé en se demandant s’il ne risquait pas d’aboutir aussi à
l’abandon de la personne à sa propre responsabilité, à son sort (on évoquera notamment la
clochardisation d’un certain nombre de personnes qui étaient dans des foyers aux Etats-Unis, ou ce
qu’on a aussi pu connaître à une certaine époque en Italie). Par conséquent, au moment de la