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Maison de l'Emploi
du DEveloppement
de la Formation et
de l'Insertion du Pays
de Redon et Vilaine
M
E
D
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I
Eco-construction
en Pays de Redon
et Vilaine
Matinée du 13 juin 2009 à Maure de Bretagne
Les actes
Remerciements
Cette matinée n’aurait pas pu se dérouler sans la présence de tous les intervenants qui ont
accepté de se mobiliser pour échanger sur la thématique de l’éco-construction. Nous les remercions
sincèrement pour leur participation à la matinée et leur contribution à la réalisation des actes
(illustrations, photographies, annexes, etc.).
Nous remercions également la Communauté de Communes du Pays de Maure de Bretagne, tant
les élus que l’équipe, qui se sont mobilisés pour nous aider dans l’organisation de cette matinée.
Un grand merci à Bernard Biancotto, ancien directeur de la Communauté de Communes, ainsi qu’à
Sylvie Pasco, pour leur disponibilité.
Nous remercions enfin la commune de Maure de Bretagne et les bénévoles du cinéma de Maure
de Bretagne, pour leur accueil, les Articulteurs, pour leur aide précieuse, et l’ensemble de l’équipe
de la MEDEFI, qui a largement contribué à la préparation de la matinée et à la réalisation de ces
actes.
Avec le soutien de :
Édito
Pierre-Yves REBOUX
Président de la Communauté de Communes du Pays de Maure de Bretagne
La MEDEFI et la Communauté de Communes du Pays de Maure de Bretagne se sont
associées pour organiser une matinée sur le thème de l’éco-construction à Maure
de Bretagne le 13 juin 2009. Cet événement se situe dans le cadre de la mission
« Mutations industrielles » confiée à Danièle Petiteau, qui a animé nos échanges tout
au long de la matinée.
La Communauté de Communes de Maure de Bretagne, que je préside, s’est proposée
pour participer à cette action suite à l’organisation, il y a quelques semaines, d’un
Salon de l’Eco-construction. La Matinée s’inscrit par conséquent dans une certaine
continuité et dans une démarche cohérente pour notre collectivité.
Les objectifs du Salon de l’Eco-construction étaient de faire connaître les mesures
du Grenelle de l’Environnement, ainsi que les techniques nouvelles. Il s’agissait
également de mettre en synergie l’offre et la demande locales, puisque nous avons
sur Maure de Bretagne un important pôle construction qui est représenté par le groupe Cardinal, ainsi que de
nombreux artisans.
Pierre-Yves REBOUX
Cette manifestation, le Salon de l’Eco-construction, a été un succès puisqu’elle a mobilisé en une journée une
douzaine d’entreprises et trois cents visiteurs. Des contrats ont été signés et, finalement, cela reflète notre volonté
de préparer une autre forme d’emploi. En cela, nous nous inscrivons bien dans une approche commune à tout le
Pays de Redon et Vilaine.
C’est dans cet état d’esprit que Danièle PETITEAU a été recrutée par le GIP Pays de Redon et Vilaine et mise à la
disposition de la MEDEFI : sa mission consiste en effet à préparer les mutations industrielles du Pays de Redon et
Vilaine vers d’autres activités, et donc à créer de nouveaux emplois.
Quatre thèmes ont été identifiés par le Comité de Pilotage (Comité d’Initiatives Stratégiques) de la mission « mutations
industrielles » :
• valoriser les savoir-faire industriels du Pays de Redon. Tout le monde est conscient que l’activité automobile
pèse d’un poids très important sur le territoire, comme à Redon, Saint-Nicolas, Bains-sur-Oust par exemple.
Des informations alarmantes ont été diffusées l’année dernière concernant de nombreux licenciements. Il nous
faut donc réagir, en lien avec les dispositifs mis en place par l’Etat et les collectivités territoriales. Nous devons
maintenant voir plus loin. Comment ces savoir-faire industriels peuvent-ils être réutilisés dans d’autres activités
telles que le ferroviaire, peut-être l’aéronautique ou l’industrie navale ? Le sud du Pays de Redon et Vilaine n’est
finalement pas très éloigné de Saint Nazaire ;
• la logistique : Redon peut être un nœud ferroviaire et un nœud routier. Une matinée sur la logistique s’est ainsi
déroulée il y a quinze jours à Saint-Nicolas de Redon. Les intervenants ont présenté les différentes possibilités
offertes par la logistique ;
• l’éco-construction. C’est la thématique qui nous a réunis à Maure de Bretagne.
• et enfin une thématique récurrente dans le Pays de Redon et Vilaine : l’eau dans son ensemble, puisque la Vilaine
et les marais sont peut-être aussi des sources d’emploi.
La Communauté de Communes de Maure de Bretagne, qui a accueilli cette manifestation, est composée de neuf
communes et d’environ huit mille habitants. Elle connaît une forte progression démographique, notamment du
fait de l’attraction directe de la métropole rennaise. Le pays de Maure offre tous les éléments structurants pour
développer son entreprise : proximité de Vannes, de Redon et, bien sûr, de Rennes. C’est une situation idéale pour
les activités tournées vers l’extérieur.
Notre handicap est de ne pas avoir de routes à quatre voies qui nous permettraient d’attirer des entreprises
de l’extérieur ; nous avons toutefois des chefs d’entreprise extrêmement dynamiques et des élus motivés et
volontaires.
Cette manifestation a donc permis de faire découvrir le pays de Maure, et peut-être de donner à certains envie de
s’y installer…
Je remercie tous ceux, élus, chefs d’entreprise, acteurs locaux, qui se sont mobilisés et qui ont participé à cette
Matinée.
Sommaire
PANORAMA & CONTEXTE
de l’ECO-CONSTRUCTION
8
o Les enjeux environnementaux de l’éco-construction.. . . . . . . . . 8
o Définition et impacts de l’éco-construction.. . . . . . . . . . . . . . . . . 10
o Les chiffres du marché de l’éco-construction.. . . . . . . . . . . . . . . 13
o Questions - réponses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
o Intervenants.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
TABLE-RONDE
FORMATION
16
o Des solutions alternatives mises en place par les entreprises :
le centre de formation interne.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
o Le rôle de la Région dans la structuration d’une offre de
formation sur le territoire.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
o La prise en compte par l’Education Nationale
de la thématique éco-construction.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
o Une offre complémentaire,
spécialisée en éco-construction.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
o Une démarche de labellisation mise en place par les
fédérations professionnelles (CAPEB et FFB).. . . . . . . . . . . . . . . . . 21
o Questions - réponses .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
o Intervenants.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
TABLE-RONDE
SUR LA COMMANDE PUBLIQUE
26
o La commande publique : un levier pour la structuration de la
filière éco-construction .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
o L’éco-construction : un choix politique.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
o Méthodologies pour les élus en matière
d’éco-construction.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
o Intervenants.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
TABLE RONDE : L’INNOVATION
DANS L’ORGANISATION DE LA FILIERE
ECO-CONSTRUCTION
32
o La construction d’une offre locale d’éco-constructeurs . . . . .
o Remettre l’humain et la santé au cœur de la réflexion.. . . . . . .
o Le rôle des TPE / PME et les obstacles à surmonter.. . . . . . . . .
o Intervenants.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
CONCLUSION
36
o Conclusion générale.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
o Discours de clôture.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
o Ressources documentaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
o Liste des sigles.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
ANNEXES
32
34
35
35
36
37
38
39
40
o Programme de la Matinée éco-construction du 13 juin 2009.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Source : MEDEFI
o Fiche technique isolation-thermique.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Source : ADEME - Points Info Energie
o La réglementation thermique.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
Source : Lettre ENVIROBAT N° 7 (printemps 2009)
o Plaquette Eco Construction.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Source : CAPEB mai 2008
o Les dix points du Grenelle 1.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Source : Le Moniteur du 14 août 2009
o Dispositifs performance énergétique.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Source : ADEME avril 2008
o Dossier éco-conditionnalités - Pays de Redon et Vilaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Source : Pays de Redon et Vilaine
La mission "Mutations Industrielles"
D
ès 2005, dans le cadre de l’étude «Perspectives pour l’emploi» menée par le cabinet Futurouest pour le compte du
CBE, la nécessaire diversification des filières de développement économique était mise en avant. Depuis, la plupart
des études réalisées se sont concentrées sur deux approches :
les filières existantes
Les études ont montré le poids de certaines filières sur le territoire, ainsi que leurs difficultés de repositionnement
lorsque les lieux de décision étaient situés en dehors du Pays. Il apparaît désormais que les directions opérationnelles
peuvent être une réelle force de proposition et ont une certaine capacité d’action localement.
les atouts et faiblesses du Pays de Redon et Vilaine
Ils ont été essentiellement analysés par rapport à un développement exogène. Or, il semble plus pertinent de travailler
prioritairement sur le développement endogène qui se traduit par du développement ou de la diversification d’activités
existantes, ou par de la création d’activités nouvelles. Dans ce contexte, priorité a été donnée par les membres du Comité
d’Initiative Stratégique aux axes ayant un fort potentiel de maintien ou de création d’emplois :
• l’éco-construction
• la logistique industrielle
• l’équipement de moyens de transports (automobiles, trains, avions, bateaux,...)
Deux entrées ont été privilégiées :
• les redéploiements possibles des outils industriels existants en vue de consolider le maximum d’emplois industriels ;
•p
réparer l’avenir économique du territoire à moyen et long termes en favorisant le développement de nouvelles filières
et/ou de nouvelles formes de production.
6 groupes "Projet"
axes prioritaires
AXES
PILOTAGE
ANIMATION
THEMATIQUES
METHODE
DE TRAVAIL
ECO
CONSTRUCTION
LOGISTIQUE
PAYS DE REDON
BASSE LOIRE
VALORISATION
DECHETS
TECHNOLOGIE ET
INDUSTRIE DE L'EAU
Personnes ressources intéressées par la thématique (élus, institutionnels, entreprises pilotes,...)
et Chef de projet "Mutations Industrielles"
• Formation
• Commande
publique
• Innovation,
organisation
• Petites séries
• Industrie navale
• Véhicules électriques
• Industrie ferroviaire
ou hybrides
• Industrie aéronautique
• Diversification
(marché européen,
ferroviaire...)
• Implantation
• Vecteur de
développement
de l'entreprise
A développer
A développer
Actions collectives et démarches individuelles en entreprises en s'appuyant sur le groupe "Ressources"*
Travail, si besoin est, en séances plénières
* : en cours de constitution
66
AUTOMOBILE
nouvelles filières
Introduction
Danièle PETITEAU - Chef de projet « Mutations industrielles »
Les enjeux de cette matinée
de l’éco-construction
Des experts ont été réunis autour de trois thématiques pour donner aux décideurs
en général, élus ou chefs d’entreprise, toutes les clés en matière de prospective et de
boîtes à outils sur les nouveaux créneaux offerts par l’éco-construction.
Les trois thématiques choisies correspondent aux enjeux qui permettront de
structurer le secteur de l’éco-construction comme une nouvelle filière de développement économique sur le Pays de Redon et Vilaine.
La formation
Danièle PETITEAU
La formation : thématique-clef pour permettre une montée en compétences de
tous les professionnels face aux enjeux de nouveaux métiers, à la fois dans le neuf
mais aussi dans la rénovation. L’objectif de la table ronde sur la formation est de voir
comment adapter les circuits de formation aux besoins des entreprises.
Le rôle d’amorçage de la commande publique
La deuxième table ronde présente une étude réalisée à la demande des professionnels par la Cellule Economique de
Bretagne. Cette étude montre l’importance de la commande publique dans le chiffre d’affaires des entreprises du secteur
du bâtiment et l’effet de levier de cette commande publique pour amorcer une offre en éco-construction.
L’innovation en matière d’organisation.
La troisième table ronde montre que le PAYS est au cœur d’un processus d’innovation par un travail en réseau avec les
clusters, les fédérations qui innovent en matière d’organisation et les initiatives de l’économie sociale et solidaire.
Avant de débuter les tables rondes, Hervé DANIEL, de Créativ, et Samuel TIGER, de l’Espace Info Energie, nous
présentent le panorama et le contexte des nouveaux marchés que représente l’éco-construction.
Maison du développement - Maure de Bretagne
Buffet d’accueil - 13 juin 2009
7 7
Panorama et contexte de l’éco-construction
E
n introduction aux trois tables
rondes, Hervé DANIEL présente
les enjeux environnementaux de l’écoconstruction (énergie, gaz à effets de
serre). Il met en évidence tout l’intérêt
d’un travail prospectif au regard du
contexte, des enjeux environnementaux et énergétiques, ainsi que
l’impact sur la filière construction
(le bâtiment est l’un des premiers
consommateurs d’énergie). Il détaille
également les dispositifs d’appui aux
entreprises et aux donneurs d’ordres
que sont les élus : les clusters
Eco-activités (Ille et Vilaine) et Habitat
durable (Morbihan) et l’accompagnement de Créativ (démarches
collectives et individuelles).
Pour compléter ce panorama,
Samuel TIGER expose la définition
et les impacts de l’éco-construction
(impacts santé et environnement
à tous les niveaux de la chaîne : de
l’extraction du matériau à sa fabrication, sa distribution, son utilisation,
sa destruction et son traitement en fin
de vie) ; il aborde également l’analyse
du bilan carbone et l’impact économique local (notamment en termes
d’emplois) de l’éco-construction.
8
Les enjeux
environnementaux
de l’éco-construction
Hervé DANIEL (Créativ)
Hervé DANIEL
Les Etats, et notamment l’Etat
français, ont été amenés à prendre un
certain nombre de décisions - (comme
le protocole de Kyoto) - pour faire face
au problème des gaz à effet de serre.
Les conséquences notamment climatiques (tempêtes, tornades) de cette
pollution au niveau mondial impacteront
les collectivités qui se verront dans
l’obligation d’intervenir pour réparer les
dégâts. Pour éviter cette situation, des
mécanismes financiers ont été mis en
place de façon à intégrer l’émission de
CO2 dans les comptes d’exploitation
de l’entreprise, par le biais du principe
« pollueur-payeur ».
En savoir plus
Créativ (Cellule de prospective de
la CCI) accompagne les entreprises
dans leurs projets d’innovation au
sens le plus global du terme.
En 2008 et 2009, organisation
du concours Crisalide dédié aux
éco-activités : 54 projets de PME,
initiatives locales ou encore produits
ou concepts dépassant largement le
territoire régional. Pour plus d’informations, connectez-vous sur :
www.crisalide-innovation.org
ne remise en cause
U
du modèle actuel
L’IMPACT DE LA CROISSANCE
DE LA POPULATION MONDIALE :
Nous sommes aujourd’hui six
milliards d’habitants sur la planète.
En 2050, nous serons neuf milliards.
Des puissances émergentes comme
l’Inde ou la Chine ont besoin de
matières premières et d’énergie.
Inéluctablement, nous allons vers
une forte augmentation des prix de
l’énergie et des matières premières.
Le prix du pétrole, même en période
de récession, est ainsi remonté à
70 $ le baril, et les financiers recom-
Intervention de Samuel TIGER
L’éco-construction est une réponse à ce problème de l’épuisement des ressources et non pas une niche écologique. C’est une nécessité d’utilité publique : on utilise de plus en plus de ressources naturelles et elles sont de moins en
moins durables, de moins en moins renouvelables. Il faut rappeler l’importance de l’accélération de la croissance de la
population : en 1900 nous étions 1 milliard et demi d’êtres humains sur la terre, et aujourd’hui 7 milliards. Soit quatre
fois plus en seulement cent ans. Au regard de l’histoire de l’humanité, c’est un phénomène complètement nouveau.
C’est une véritable révolution qui se passe à l’échelle de la planète. On ne doit pas fonctionner de la même manière à
7 milliards et à 1 milliard.
mencent à spéculer sur le coût du
pétrole. Tous les scénarios disent qu’à
l’horizon de deux ou trois ans, le prix
du baril sera a priori aux alentours de
110 $. Un exemple : 150 $ le baril pour
un ménage qui habite en seconde ou
troisième couronne de Rennes, c’est
un surcoût de 200 € par an, et du
double en cas de chauffage au fioul.
Nos modèles économiques actuels
sont basés sur des énergies et des
matières premières peu chères. Nos
sociétés ont trop misé sur la performance technique et pas suffisamment
sur l’économie des ressources.
énergétiques. Concrètement, 25% de
notre consommation énergétique
partent dans l’atmosphère. L’Etat
français, via le Grenelle de l’Environnement, est engagé dans des contrats
d’objectifs vis-à-vis de l’Europe. Si
on ne respecte pas nos objectifs, la
France devra payer des amendes à
l’Europe. L’Etat a donc mis en place
une série de mesures comme les prêts
à taux zéro ou les incitations fiscales.
Le levier de la réglementation va avoir
énormément d’impact (réglementations thermiques 2010 et 2012).
LA QUESTION DU GAZ A EFFET
DE SERRE ET LES ENGAGEMENTS DE LA FRANCE
beaucoup de choses restent à inventer
pour aller vers des maisons à basse
consommation. Ainsi, les pompes à
chaleur vont évoluer vers des équipements beaucoup plus petits avec les
mêmes performances. De nouveaux
systèmes constructifs vont apparaître,
de nouvelles façons de faire, de mieux
gérer l’étanchéité, etc. 2015, c’est
demain et, par conséquent, les
produits sont étudiés aujourd’hui
et seront sur le marché dans les 12
à 18 prochains mois. La cellule de
prospective de Créativ suit plusieurs
projets dans ce domaine. Il y a
beaucoup de nouveaux acteurs mais
aussi des enjeux économiques extrêmement importants.
Concernant le changement climatique, on n’en est plus à discuter de
la réalité du phénomène puisqu’on
mesure aujourd’hui ces effets dans
certaines parties du globe, y compris
en Europe d’ailleurs. La question est
plutôt de savoir à quel niveau on va
parvenir à stabiliser cette évolution
dans le futur. Et si on parviendra à
stabiliser suffisamment tôt pour que
les effets économiques, environnementaux et sociaux nous permettent
de continuer à bénéficier de tous les
atouts de notre civilisation tels qu’on
les connaît aujourd’hui.
Cette question a un impact direct
sur les éco-matériaux et la construction
à deux titres :
• le niveau de consommation
énergétique français. Le logement
représente 45 % de cette consommation et 60 % du parc locatif est
antérieur au premier choc pétrolier, donc
avec de très mauvaises performances
• les produits « bannis » et les
nouvelles technologies. Mécaniquement, certains produits comme,
par exemple, les vieux convecteurs
électriques souvent appelés « grille
pain », vont être bannis à l’horizon
2012/2015 dans tous les logements
neufs. Dans les modes de chauffage,
9
Panorama et contexte de l’éco-construction
ne contrainte
U
à transformer
en opportunité
On pourrait considérer que c’est
une contrainte. Pourquoi ne pas
regarder les choses comme étant une
opportunité ? Le monde bouge, on
doit bouger avec. Les consommateurs sont de plus en plus attentifs,
exigeants vis-à-vis d’eux-mêmes et
très exigeants vis-à-vis des prestations et des produits qu’on leur vend.
Et ce ne sont pas que des mouvances
« bio » qu’on analyse d’un point de vue
marketing. Dans la même mouvance,
on retrouve ceux qui sont sensibles au
commerce équitable, à l’engagement
social, qui donnent, qui s’investissent
dans les Restos du cœur, etc. Cette
nouvelle donne sociale concerne
toutes les catégories socioprofessionnelles et tous les âges.
Comme la technique a oublié
ces enjeux, nous sommes dans
une économie de rattrapage. Il y a
beaucoup de petits produits, petits
concepts, petites solutions à trouver
pour exploiter des niches. Nous ne
connaissons pas encore la meilleure
solution de demain, technique ou
organisationnelle. Il faut faire avancer
plusieurs solutions :
• Il faut, au niveau local et même
au niveau national, avoir une capacité
d’expérimentation. Les gens regardent
ce qui se passe sur les territoires.
Ce sont probablement les territoires
qui sauront le mieux se coordonner,
expérimenter, mettre en œuvre des
solutions innovantes qui pourront faire
émerger de nouveaux pôles économiques.
• C’est une opportunité pour les
PME parce qu’elles sont réactives et
mobiles. Il ne s’agit pas de prendre
une revanche, mais de s’inscrire
différemment par rapport aux grands
groupes internationaux.
Boîte à outils
Les dispositifs et structures d’appui aux décideurs,
l’exemple des Clusters :
Il existe des initiatives pour ne pas laisser les entreprises seules face à ces
enjeux. Elles sont portées par plusieurs acteurs institutionnels et économiques, notamment les Chambres de Commerce. En Bretagne, on trouve
notamment :
• En Ille et Vilaine, un cluster éco-activité ECO ORIGIN en cours de
constitution (l’association est en cours de création) avec un objectif
opérationnel pour la fin d’année 2009 ;
• Dans le Morbihan, le cluster Habitat Durable, pour trouver de l’information, de la mise en relation, de l’expertise, pour aller plus vite.
L’animateur est M. BURIDANT - Tél. direct : 02 97 54 83 76 ;
Email : [email protected]
L’enjeu de ces initiatives est de créer des synergies et de vous aider dans
vos projets.
L’accompagnement de Créativ :
• Le concours Crisalide va être reconduit prochainement. Pour tous les entrepreneurs ou tous ceux qui ont des initiatives en éco-construction, sachez
que le concours Crisalide permet également d’accompagner les porteurs
projets. L’inscription donne droit à deux jours d’analyses et de conseils
sur la constitution du projet. Il est également possible d’aller plus loin. 15
projets sont actuellement en attente.
• L’Accompagnement stratégique des entreprises dans leurs projets d’innovation. Tél. : 02 99 23 79 00, email : [email protected]
10
Définition et impacts
de l’éco-construction
Samuel TIGER (Espace Info Energie)
Samuel TIGER
L’impact d’une construction doit
être soutenable sur son environnement
naturel et sur les êtres humains.
« L’éco-construction,
c’est une construction
adaptée à son environnement »
Pour définir l’éco-construction, il
faut repartir du sens littéral du mot, qui
veut dire « une construction adaptée à
son environnement (éco) ». C’est une
construction qui doit avoir un impact
raisonné et soutenable dans le temps
sur son environnement.
Les différents types d’impacts
possibles portent à la fois sur l’environnement naturel et sur les êtres
humains qui cohabitent autour de
cette construction.
L’IMPACT DE LA
CONSTRUCTION SUR
L’ENVIRONNEMENT NATUREL :
dizaines d’années à ces constructions,
mais également pour les artisans.
la filière construction commence
dès l’extraction des matières premières.
On vient puiser dans les carrières,
dans des forages, différents types de
matériaux qui sont renouvelables ou
non. De l’énergie sera nécessaire à
l’extraction de ces matières premières,
à leur transport, à leur fabrication, puis
pour les distribuer, les emballer, les
conditionner, les mettre en œuvre sur
le chantier.
COMPARAISON ENTRE
LES CYCLES DE VIE DE DEUX
MATERIAUX ET ANALYSE
DE LEUR IMPACT GLOBAL :
Il faut également considérer
l’impact environnemental pendant la
durée de vie du bâtiment (chauffage,
nettoyage, entretien, maintenance,
gestion des déchets…).
En fonction de sa localisation, il va
falloir se déplacer pour se rendre dans
cette construction et, enfin, quand
cette construction n’aura plus d’utilité,
gérer le traitement en fin de vie. Quel
est le devenir des matériaux qui ont
servi à cette construction ? Il ne faut
pas oublier que ces matériaux peuvent
continuer à avoir un impact sur leur
environnement très longtemps après
qu’on n’ait plus besoin du bâtiment ou
qu’il ait été déconstruit.
SUR LES HOMMES
ET LES FEMMES,
CONSTRUCTEURS, HABITANTS
ET UTILISATEURS.
L’impact se mesure déjà en termes
de qualité de vie et de bien-être,
puisque c’est la première raison d’être
d’une construction. Pourquoi fait-on
une maison d’habitation ? C’est pour
être protégé des éléments extérieurs
et avoir un certain confort. Pour les
habitants-usagers, c’est assez évident
mais l’on peut également parler du
bien-être pour les artisans : travailler
des matériaux sains ou nobles apporte
plus de satisfaction que de travailler
sur des matériaux jetables de manière
répétée.
Il ne faut pas négliger non plus
l’impact en termes de santé, qui est
relativement mieux connu maintenant,
à la fois pour les habitants et les
usagers, qui sont exposés pendant des
• 1er cas : un isolant synthétique comme le polyuréthane ou le
polystyrène, matériaux ayant de très
belles performances thermiques. En
revanche, ils sont issus uniquement
de matières premières pétrochimiques. Leur production consomme
beaucoup d’énergie. Les unités de
production industrielles ne sont pas
sur le territoire. Il faut donc transporter et distribuer ces produits, les
livrer jusqu’au chantier. Une fois mis
en œuvre, le polyuréthane est très
facilement inflammable, il dégage
des gaz toxiques en cas d’incendie.
L’utilisation du polyuréthane, en tant
qu’isolant dans une construction,
se traduit donc par un surcoût dans
l’assurance pour aggravation du
risque incendie. Le recyclage en
fin de vie, bien que techniquement
possible, n’est quasiment jamais fait.
La consommation d’eau et d’énergie
est dissuasive. Le polystyrène est
théoriquement recyclable, toutefois
en France, un seul territoire, le Trégor,
a mis en place dans ses déchetteries
une récupération du polystyrène, qui
est ensuite recyclé en Chine.
• 2nd cas : un isolant naturel,
comme la ouate de cellulose, la laine
de chanvre, la laine de lin, la laine de
bois ou le liège. La paille, qui n’est
pas encore utilisable de manière
industrielle, est probablement l’un des
matériaux d’isolation qui a le meilleur
bilan. Une enquête a été faite par
l’association EMPREINTE d’Avessac,
qui a recensé des centaines de projets,
réalisés ou en cours, de constructions
paille par des particuliers. Le bilan
de ce matériau est parlant : c’est un
matériau naturel et très rapidement
renouvelable. Tous les ans, on peut
en refaire des stocks. Il est disponible
localement, à peu près partout, pour
un prix très abordable. La consommation d’énergie pour sa transfor-
mation est extrêmement réduite.
Concernant la santé, la paille n’a
aucune toxicité, ni lors de la mise en
œuvre, ni à l’usage. Elle a une bonne
performance thermique, une très
bonne résistance au feu contrairement
aux idées reçues et certainement sans
commune mesure avec celle du polystyrène ou du polyuréthane. Aucune
émanation toxique en cas d’incendie
et, enfin, le recyclage en fin de vie ne
pose strictement aucun problème.
Tous les éco-matériaux ne vont pas
avoir forcément un bilan aussi bon à
tous les niveaux mais ils s’en sortent
en général très bien sur la moyenne,
notamment comparés aux matériaux
issus de sources non renouvelables.
Technique ADOBE
Fabrication de briques de Terre crue
On pourrait faire le même type de
constat pour l’ensemble des éléments
constructifs d’une maison.
Impact en termes
d’emplois, d’économie
et de social
SUR LE PLAN DE LA FACTURE
PAYÉE PAR LE CONSOMMATEUR :
Un habitat performant va permettre
de diminuer très nettement les factures
d’eau et d’énergie notamment, en
utilisant des ressources naturelles et
renouvelables. L’impact sur le volet
social de l’éco-construction est de
plus en plus pris en compte par les
organismes HLM.
11
Panorama et contexte de l’éco-construction
SUR LE PLAN DE LA FACTURE
PAYÉE PAR LA COLLECTIVITE DANS LA GESTION
DES DÉCHETS :
On constate que l’évolution de
la société, des modes de vie et
des critères de confort font que les
constructions sont de plus en plus
rapidement démodées, inadaptées
à nos besoins et obsolètes. Une
maison du XVème siècle était toujours
adaptée à son usage deux cents ans
plus tard. Une maison des années
1970-1980, avec toutes les pièces
de vie à l’étage, est inadaptée à
une population vieillissante dont
les besoins de confort ont évolué.
Aujourd’hui, on veut des logements
chauffés à 19°C, sains et ventilés.
La plupart des bâtiments existants ne
sont pas adaptés à ces besoins-là.
Tant que l’énergie n’était pas chère,
on ne se préoccupait pas de savoir
si le logement était suffisamment
isolé. Aujourd’hui, la facture n’est
plus supportable. Il faut donc adapter,
ré-isoler ces logements. Mais faire
des travaux se traduit par des
tonnages de déchets grandissants,
car on utilise des matériaux de
construction non renouvelables et
non recyclables :
• rénover une maison d’avant 1900
qui n’a pas été modifiée nécessite de
retraiter du bois, de la pierre et de la
terre. Ce sont des matériaux facilement
recyclables ;
• rénover une maison des années
1960 suppose de casser des dalles,
des cloisons, ce qui va produire
beaucoup de déchets de bétons et
de briques. Une partie va pouvoir être
utilisée pour faire des gravats ou des
sous-couches de routes.
20 000 tonnes de déchets tous
les ans. Le quart est constitué de
tout-venant, c’est-à-dire de matériaux
non triables, non recyclables, non
réutilisables. Ces déchets sont soit
enfouis, soit incinérés. Le coût du
traitement pour la collectivité, selon
les déchetteries du Pays, varie pour le
tout-venant de 110 à 150 € par tonne.
Ce coût n’est pas intégré dans le prix
du matériau qu’on achète au départ.
SUR LE PLAN DE L’EMPLOI :
Les emplois à l’étranger sont
financés avec les matériaux issus de la
pétrochimie et les emplois locaux avec
les éco-matériaux. Toute construction
devrait susciter le questionnement
suivant : est-ce qu’elle fait vivre les
gens qui vivent autour ? Est-ce qu’elle
crée une activité ? Est-ce que cette
activité est durable, non délocalisable ? Et quel est son impact sur la
vie économique et sociale du Pays ?
• Dans le cas du bois, il faut environ
700 kWh pour faire une tonne de bois
d’œuvre ;
• Pour le PVC, il faut 15 000 kWh
pour faire une tonne ;
• Pour l’aluminium, on passe à plus
de 30 000 voir 35 000 kWh pour faire
une tonne.
Si l’on met bout à bout la menuiserie, la structure, les isolants, les
revêtements de sol, les murs, le
mobilier, etc… une maison dite
« conventionnelle » ou « traditionnelle »
peut atteindre des chiffres de l’ordre
du million de kWh. Cette consommation énergétique est cachée
dans les éléments de construction
avant même leur mise en œuvre sur
le chantier.
On pense en général à l’énergie
nécessaire pour le chauffage mais
il y a aussi l’énergie nécessaire pour
fabriquer les maisons, qui passe
souvent inaperçue. Par exemple :
Dans ces matériaux de construction
dits « standards », on paye du pétrole
pour la matière première, du pétrole
pour la fabrication et le transport
et surtout un coût final caché pour
le traitement en fin de vie qui n’est
pas annoncé dans le prix de départ.
Pour un éco-matériau, en général, la
part énergie fabrication/transport est
très faible et l’essentiel du prix d’un
éco-matériau provient de la main
d’œuvre.
• Dans le cas d’une construction en
parpaings, il faut prendre l’ensemble
de la chaîne d’extraction du ciment
dans une carrière pour en évaluer
le coût caché : séchage, broyage,
concassage, ensachage pour aller
faire ensuite des parpaings. Même
chose pour les fenêtres, que ce soit
du PVC ou de l’aluminium ;
Dès lors, la question à se poser
est : vaut-il mieux payer moins cher
un matériau dont les impacts environnemental, économique, social, etc.
seront globalement négatifs ou
vaut-il mieux payer un peu plus cher
un matériau naturel qui aura des
retombées locales ? Tout l’enjeu pour
les années à venir est là.
LE COÛT CACHÉ
DES MATÉRIAUX :
• refaire aujourd’hui une maison
déjà rénovée il y a dix ou quinze ans
produit des déchets non réutilisables,
non démontables ni recyclables de
type laine de verre, rail, placo, sol
PVC, moquette, etc.
Conséquence pour la collectivité :
les déchetteries de la Communauté
de communes du Pays de Redon
reçoivent chaque année environ
12
Multi accueil Redon
UNE OPPORTUNITÉ
DE MARCHÉ :
En savoir plus
Avec le Grenelle de l’Environnement,
il est prévu de rénover thermiquement
400 000 logements tous les ans à
partir de 2013. S’y ajoutent 800 000
logements sociaux d’ici 2020. Les
cinq années à venir vont donc être
capitales. Chaque territoire, chaque
élu, chaque acteur local va devoir se
poser toutes les questions abordées
ce matin.
Multi-accueil Redon
Le neuf, en fonction
des années, représente
1 à 2 % du parc
de logements.
L’espace Info Energie
Un service gratuit de conseil sur :
• Les énergies
• La maîtrise des consommations
• L’isolation, ventilation, chauffage
• Les aides et incitations
financières
Ouvert les lundis et mercredis
de 13 h 30 à 17 h 30
ou sur rendez-vous :
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L’ossature bois est un bon mode
constructif pour atteindre les objectifs
du Grenelle de l’Environnement. En
2007, la Fédération des Industriels
du Bois avait réalisé une étude
prospective pour voir comment allait
évoluer ce secteur. L’étude portait sur
trois hypothèses :
DEUXIÈME HYPOTHÈSE :
PREMIÈRE HYPOTHÈSE :
TROISIÈME HYPOTHÈSE :
Les spécialistes ossature bois vont
se renforcer et prendre de plus en plus
d’importance sur ce créneau.
De nouveaux industriels sans lien
avec la construction, ni avec le bois, se
lancent dans ce domaine. Aujourd’hui,
on constate qu’effectivement, de
grands industriels se lancent avec
Bénéteau par exemple, qui fabrique
des bateaux et a une petite filiale sur
les mobil homes. Il est en train de
construire une usine en Vendée qui
sortira 600 maisons ossature bois
par an. Dassault lance également une
usine qui va fabriquer dès la première
année 250 maisons ossature bois,
puis 1 000 dès la deuxième année.
Il proposera deux modèles (86 m2 116 m2) à moins de 1 000 €/m2, c’està-dire moins cher que le traditionnel.
Les chiffres du marché
de l’éco-construction
Danièle PETITEAU
Pour terminer la présentation générale
les opportunités du marché de l’écoconstruction, rappelons qu’il y a
une variété importante de modes
constructifs possibles.
Un marché sur le neuf
Les constructeurs traditionnels
augmentent leur offre de services et
incluent ce mode constructif dans
leur catalogue - ils avaient évalué à
environ 20 % de l’offre de construction
traditionnelle ce nouveau mode
constructif.
En savoir plus
Au niveau des modes constructifs,
le choix est aussi important d’où la
nécessité de prendre un positionnement stratégique. Pour illustrer,
prenons l’exemple de l’ossature
bois.
Cloison ossature bois
AFCOBOIS : la fédération des
industries de ce secteur a recensé
3 gros acteurs et 800 constructeurs
régionaux intervenant dans la maison
individuelle et le logement collectif.
13
Panorama et contexte de l’éco-construction
e marché
L
de la rénovation
LE POTENTIEL DE CE MARCHÉ :
• La remise aux normes actuelles
en matière
de
consommation
d’énergie : compte tenu de l’âge
du parc de logements existants, ce
marché de la rénovation concerne
95 % du parc de logements. Il y a là
un enjeu particulièrement important
notamment pour les TPE et les PME.
Ce marché a été créé par les réglementations thermiques, il est évalué par le
Grenelle de l’environnement à 400 000
logements au plan national. L’objectif
est de diviser par 4 la consommation
d’énergie qui impacte fortement les
émissions de CO2 (volet isolation
intérieure et extérieure).
• Pour la Bretagne, ce marché
est estimé à 20 000 rénovations de
logements par an. A noter que sur le
marché de l’isolation des logements
(parois opaques, toitures et fenêtres)
la dépense des ménages en 2006 a
été de 9,4 milliards d’euros.
PART DES TPE ET PME
L’étude de l'ACFCI d’octobre 2008
montre le poids des TPE et PME :
• Sur la pose : les entreprises de
moins de 50 salariés représentent
jusqu’à 60 % de la filière « amélioration de l’efficacité énergétique
des bâtiments » en fonction des
sous-segments de la construction :
isolation des murs, isolation de la
toiture, des fenêtres ;
• Sur la fabrication : la proportion
est inversée (70 % sont des fabricants
de plus de 50 salariés).
POSITIONNEMENT DE LA FRANCE
PAR RAPPORT À SES VOISINS
Une étude de l’IFEN de novembre
2008, réalisée pour le compte du
gouvernement français, a évalué à
255 000 salariés l'emploi dans
les éco-entreprises en 2006. En
l’Allemagne, l’emploi dans ce secteur
est estimé à 1,5 million de personnes)
dont 21 400 dans l’isolation thermique
et 10 000 dans les énergies renouvelables.
14
QUESTIONSREPONSES
Question de...
Jean-Claude COGREL
J’ai monté une petite structure
de maîtrise d’œuvre qui s’appelle
« La maison bio-climatique » et,
surtout, j’ai travaillé 20 ans dans
une Chambre d’Agriculture (j’aurais
d’ailleurs souhaité que les Chambres
d’Agriculture
soient
présentes).
J’ai participé également à un colloque
qui m’a beaucoup marqué, c’est
« maisons paysannes de France ».
C’était dans la région de l’Indre.
Ma question, suite aux interventions sur la consommation
d’énergie primaire (que j’ai trouvées
très intéressantes) est la suivante :
comment fabriquer des éco-matériaux
localement, en lien avec l’agriculture,
par ailleurs en crise dans certaines
productions ?
Par exemple, les produits d’isolation à base de bois ne sont pas
fabriqués en France. La vague de
l’éco-construction nous vient des
pays nordiques, d’Allemagne, de
Suisse, d’Autriche. On pourrait parler
de l’expérience du Voralberg par
exemple, qui est très connue et très
intéressante sur le bois et les isolants
naturels. On commence à trouver des
produits à base de paille également.
On est capable de fabriquer des
cloisons en paille : elle est pressée
à la vapeur et se tient en cloison par
la lignine de la paille et sans aucun
adjuvant ni colle. J’ai été frappé par le
manque d’information sur ces filières.
J’ai travaillé à Kerguehennec dans le
Morbihan. Les propriétaires n’ont pas
trouvé de solution pour construire un
bâtiment avec les matériaux qu’ils
cultivaient dans leur ferme.
Réponse de...
Hervé DANIEL
Je peux donner un premier
niveau de réponse sur le sujet
parce que nous sommes associés à
certaines initiatives. L’une des forces
du territoire, c’est notre capacité
d’élevage et d’agriculture. Ainsi, par
exemple, du fait de la présence de
Valorex sur le Pays de Fougères, qui
a développé des produits à base de
graines d’oléagineuses, riches en
Omega 3, la Chambre d’agriculture
a incité les agriculteurs à planter du
lin oléagineux. Cependant, ce choix
économique n’est intéressant que s’il
y a valorisation de l’écoproduit, en
l’occurrence la paille de lin.
Nous en sommes aux tous débuts,
mais nous sommes confrontés à
un réel débat de fond sur la cohabitation de l’agriculture pour l’alimentation humaine avec l’agriculture pour
la production d’autres biens. Il ne
faudrait pas utiliser des surfaces qui
sont destinées à l’alimentation pour les
détourner de leur sens. Il faut réussir
à produire à la fois de la nourriture mais
aussi des produits qui peuvent être
utilisés pour des fins non-alimentaires.
Ce sont des questions de culture,
d’accompagnement de projets entre
la dynamique agricole et la dynamique
industrielle. Ce ne sont pas les
mêmes modèles économiques. Il est
cependant possible de développer
des partenariats innovants. Il faut
ensuite identifier qui porte l’investissement de l’outil industriel. C’est
souvent l’écueil.
Ne nous trompons pas de
cible : l’énergie renouvelable, c’est
important. Mais si nous voulons
atteindre les objectifs du protocole
de Kyoto, le véritable enjeu est
l’économie d’énergie au sens large.
Le ratio est de 1/4 de l’effort sur les
énergies renouvelables et de 3/4
sur l’économie d’énergie, aussi bien
dans le chauffage que sur la consommation d’énergie pour fabriquer les
matériaux. Il est nécessaire d’observer
les expériences menées dans les
autres pays européens. Il est vrai que
nous subissons la pression d’acteurs
beaucoup plus industrialisés que nous.
Il nous reste deux solutions : soit nous
importons les matériaux, soit nous
nous organisons pour les fabriquer
localement.
Réponse de...
Les intervenants du panorama
de l’éco-construction
Hervé DANIEL :
Directeur de Créativ
prospective de la CCI)
(Cellule
de
Danièle PETITEAU :
Chef de projet Mutations Industrielles
pour le Pays de Redon et Vilaine /
MEDEFI
Samuel TIGER :
Animateur de l’Espace Info Energie
pour les particuliers et chargé de
mission Climat/Energie du Pays de
Redon et Vilaine
Samuel TIGER
Il est clair que l’effort primordial est
à réaliser sur les économies d’énergie
avant même de penser aux énergies
renouvelables. Concernant les filières
locales, nous avons maintenant
des exemples de filières qui se sont
développées en Bretagne. Je pense
notamment à la filière agricole pour
le chanvre. Des groupements d’agriculteurs produisent, transforment,
vendent et distribuent leurs produits.
Ce sont des circuits relativement
courts avec des produits manufacturés de très bonne qualité. Dans
d’autres domaines, je pense à la ouate
de cellulose qui est en forte augmentation. On trouve aussi des fabricants
de plaquettes de bois. Certaines
maisons en éco-construction ont une
isolation de plaquettes de bois sèches
en caissons dans le mur, avec des
coûts très faibles et des matériaux
naturels produits et transformés
localement.
On a beaucoup de retard dans
le travail des fibres de bois. On a
connu le même retard sur les équipements
d’énergie
renouvelable,
notamment les chaudières bois que
nous importons. Même chose pour
le photovoltaïque. Pour information,
concernant le déchet-bois, une étude
a été menée sur un ensemble de Pays
sur le potentiel des déchets-bois
mobilisables à l’échelle du temps.
15
Table Ronde Formation
L
’objectif de cette table ronde est
de réfléchir à l’offre de formation
du territoire et principalement à son
adéquation au regard du besoin des
entreprises.
face les entreprises du bâtiment qui
souhaitent professionnaliser leurs
salariés en éco-construction, l’expérience de l’entreprise Cardinal est
particulièrement intéressante.
Le Conseil Régional de Bretagne
réalise, en partenariat avec les acteurs
locaux, une analyse des besoins en
formation du territoire afin de déterminer les secteurs et donc les besoins
en formation qui seront prioritairement
soutenus.
Solutions alternatives
mises en place par les
entreprises : le centre
de formation interne
L’Education Nationale, consciente
de l’évolution des besoins des
entreprises, adapte ses formations
pour tenir compte de ces nouveaux
besoins.
Yves CARDINAL
(Groupe CARDINAL)
Le groupe Cardinal étant positionné
sur le gros œuvre, les difficultés de
recrutement sur les maçons-coffreurs,
principal métier recherché par le
groupe, l’ont amené à créer son propre
centre de formation en interne.
a compétence L
d’une entreprise,
c’est la compétence
de ses salariés
Depuis de nombreuses années, le
groupe mise sur la montée en compétences de ses salariés pour assurer
sa propre progression. Faute de
candidats, l’entreprise a dû se tourner
vers des personnes qui n’avaient
aucune qualification dans le bâtiment
et qui étaient en quête d’une rémunération rapide.
Les entreprises et les branches
professionnelles sont, elles aussi,
fortement mobilisées sur la thématique
de la formation, conscientes que la
performance de l’entreprise passe par
la qualification des salariés.
Cette table ronde est une première
étape vers la mise en place d’un
atelier formation. Programmé pour
septembre, il est ouvert à tous et
regroupera toutes les structures ou
individus intéressés par la thématique
et désireux de construire l’offre de
formation du futur.
Afin d’illustrer les problématiques
de formation auxquelles doivent faire
16
Formation théorique
es dispositifs de
D
formation classique
inadaptés aux besoins
du groupe
Malgré des actions spécifiques
développées avec les organismes
de formation initiale et continue
classiques, le nombre de personnes
formées était largement insuffisant
pour répondre aux besoins du groupe.
Le niveau de rémunération étant peu
attractif pendant la formation, les
abandons en cours de cursus étaient
particulièrement élevés (plus de 80%).
Dès leur entrée en formation,
l’entreprise a souhaité payer ses
salariés au SMIC. Un travail est
également mené pour proposer à
tous des perspectives d’évolution et
de progression dans l’entreprise.
es résultats quantiD
tatifs et qualitatifs
très intéressants
Avec 75% de candidats formés et
opérationnels à l’issue de la formation,
et un sentiment fort d’appartenance
à l’entreprise, l’expérience est une
réussite pour l’entreprise.
n nouveau challenge :
U
le perfectionnement
des salariés en poste
Équipe CARDINAL
ne expérience
U
en prise directe
avec les besoins
des entreprises
Afin de pallier les difficultés de
motivation des candidats, le groupe
a choisi de cibler des personnes plus
âgées (20/35 ans), en réorientation
professionnelle. La sélection des
candidats s’est faite sur les aptitudes
des personnes, en partenariat avec les
acteurs locaux et grâce à des outils
élaborés en concertation avec l’ANPE.
Le groupe a développé une méthodologie d’intégration progressive dans
un environnement de travail réel, avec
dans un premier temps l’acquisition de
notions de bases, puis une formation
complète avec des professionnels
de l’entreprise, au fait des problématiques de terrain, et enfin une mise en
situation réelle sur chantiers. Une fois
opérationnelles, les personnes sont
accompagnées par un tuteur pendant
12 à 18 mois pour faciliter l’intégration
dans l’entreprise.
Si les besoins en recrutement se
sont réduits, l’entreprise concentre
désormais ses efforts sur le perfectionnement ou le développement de
nouvelles compétences des salariés
en poste. Le repérage des salariés à
former se fait via les chefs de chantier,
tous les échelons sont mobilisés.
C’est une forme de reconnaissance
qui permet de fidéliser les salariés.
La concertation entre entreprises
et organismes de formation est indispensable pour éviter que les formations soient en décalage avec les
besoins des entreprises. Les entreprises doivent également définir le plus
précisément possible leurs besoins.
Cette méthodologie est tout à
fait transférable à la problématique
de l’éco-construction en général. Il
faut identifier les professionnels déjà
formés et susceptibles de transmettre
leur savoir faire.
Le rôle de la Région
Marie CHEVALIER (Conseillère
Régionale de Bretagne ; secrétaire de la commission formation)
et Nathalie GUIDOUX (déléguée
territoriale - Conseil Régional
de Bretagne)
a formation :
L
un outil pour faire face
au chômage
Avec une augmentation de 80%
du nombre des demandeurs d’emploi
entre mars 2008 et mars 2009, et
un pic à 120% pour les jeunes de
moins de 26 ans, le Pays de Redon
et Vilaine est particulièrement touché
par la crise. La formation, principale
compétence de la Région avec 50%
du budget alloué à cette thématique,
est un des leviers mis en avant pour
favoriser la sortie de crise et la reprise
d’emploi.
Tuteur CARDINAL
17
Table Ronde Formation
n maillage étroit avec
U
les acteurs locaux de
l’emploi, les représentants des entreprises
et les organismes
de formation
Le Conseil Régional de Bretagne
a développé, sur chaque Pays, des
outils de proximité : les Maisons de
la Formation Professionnelle (MFP).
Prenant appui sur des réseaux
préexistants et des lieux d’accueil
déjà connus du public, le réseau
MFP a pour vocation d’informer le
plus grand nombre sur les dispositifs
de formation professionnelle, mais
fait également remonter au niveau
régional les besoins spécifiques du
territoire.
L’instance de pilotage de la MFP,
le Comité de Coordination Locale,
qui regroupe les acteurs locaux de
l’emploi et de la formation ainsi que les
partenaires sociaux, s’appuient sur un
diagnostic partenarial pour identifier
les secteurs puis les métiers prioritaires pour le territoire.
Cette démarche locale s’articule
avec les orientations des autres territoires bretons et s’inscrit dans la
stratégie régionale emploi/formation.
L’éco-construction tient une place
de plus en plus importante dans la
stratégie de formation du Conseil
Régional de Bretagne. Des modules
éco-construction spécifiques feront
l’objet d’un cahier des charges au
2nd semestre 2009, en complément
des formations déjà existantes qui
intègrent des modules liés au développement durable.
Si une grande réactivité est essentielle pour adapter nos outils de
formation à la crise, le travail de fond
programmé dans le prolongement
de cette matinée est important pour
construire ensemble l’avenir du territoire.
18
Lycée BEAUMONT - section bois
La prise en compte par
l’Education Nationale
de la thématique
éco-construction
Philippe BEUCHOT
(Lycée BEAUMONT de Redon)
et Claude LE DILY (Inspection
académique de la formation
continue dans le Bâtiment et
le développement durable)
ne sensibilisation
U
pour tous et à tout âge
La sensibilisation le plus tôt possible
du plus grand nombre est un enjeu
essentiel pour l’Éducation Nationale.
Un travail sur le long terme et à tous
les âges est également indispensable,
d’où la nécessité de renforcer les liens
avec les entreprises, pour construire
un argumentaire pertinent auprès des
jeunes et moins jeunes.
Pour répondre au potentiel d’emplois
lié à l’éco-construction, une offre
de formation est en plein développement. Dès la première, grâce à la
filière Sciences et Technologies Industrielles, les jeunes sont sensibilisés aux
nouvelles énergies (éolien, photovoltaïque…). De nombreuses expérimentations sont également menées dans
les établissements avec le concours
de la Région Bretagne grâce au dispositif KARTA.
es outils de formation
D
en pleine mutation
Le Pays de Redon et Vilaine n’est
pas en reste, que ce soit en formation
initiale ou en formation continue.
Au lycée Beaumont, dans le
bâtiment, la filière bois est bien
implantée avec un cursus qui va du
CAP au Bac Professionnel pour le
métier de menuisier agenceur. Des
démarches sont par ailleurs en cours
pour proposer des formations en
apprentissage sur la construction en
ossature bois, afin de répondre aux
besoins croissants de la filière, en
plein développement sur le Pays. La
formation de maçon intègre également,
grâce aux experts de l’Éducation
Nationale, les process de mise en
œuvre liés aux éco-matériaux.
Multi-accueil de Redon
Le GRETA, qui s’adresse plutôt à
des adultes désireux de renforcer leurs
compétences ou de changer d’orientation professionnelle, a également
diversifié son offre de formation et
introduit des modules de formation
en éco-construction. A partir des
référentiels existants, en intégrant
des modules spécifiques élaborés en
partenariat avec les professionnels,
les formations répondent de mieux en
mieux aux besoins des entreprises.
Réactivité et souplesse permettent
de répondre aux évolutions que
connaissent les métiers du bâtiment.
Un travail de fond en lien avec les
entreprises est en cours pour faire
évoluer de façon globale les référentiels de formation, afin qu’ils intègrent
les problématiques écologiques en
général et de l’éco-construction en
particulier.
Intervention
de Claude Le Dily
« Le service formation continue
de l’Education Nationale s’inscrit
dans une logique démocratique
d’ouverture à tous, pour des
diplômes reconnus nationalement
et avec une approche d’ordre scientifique puisque nous sommes à
un tournant institutionnel qui nous
oblige à réfléchir, et non pas à
apporter des réponses toutes faites.
Et le très bel exposé tout à l’heure
de Monsieur Samuel TIGER montre
bien où sont les questionnements
qui se posent. Dans nos centres de
formation, nous sommes aussi là
pour former des éco-citoyens ou des
citoyens en prise avec les enjeux du
monde contemporain. Et, en termes
de principes d’action, encore une
fois, une approche prudentielle
est à privilégier, qui pèse bien les
différents enjeux, qui réfléchit aux
questions et toujours avec la même
approche d’ordre scientifique, ce
qui n’exclue pas pour nous l’innovation, l’expérimentation. »
Une offre
complémentaire,
spécialisée
en éco-construction
Eric ROGER (Noria et Compagnie)
et Mickaël MICMACHER
(Fédération OFECO)
’éco-construction
L
ou la nécessité d’une
approche globale
De la conception à la réalisation
en passant par la réhabilitation,
l’éco-construction doit proposer une
approche globale à la fois économique, sociale, énergétique, écologique… Cette transversalité doit
se retrouver dans les formations
proposées.
La préoccupation territoriale est
fondamentale pour l’éco-construction, à travers la valorisation des
ressources locales, tant les ressources
naturelles
que
les
ressources
humaines (emplois non-délocalisables, valorisation des compétences
locales…).
’éco-construction :
L
une évolution
structurelle
En savoir plus
OFECO (Fédération Nationale
des Organismes de Formation
professionnelle à l’Eco-Construction) : Après deux ans de travail et
de concertations, en parallèle avec
le réseau éco-bâtir, les organismes
de formation professionnelle à
l'Eco-Construction ont décidé de se
fédérer au niveau national. Forte de
douze structures adhérentes réparties sur tout le territoire français et
renforcée par la présence d’experts
comme Jean-Pierre Oliva (thermicien en éco-construction), la fédération a pour objectif de fédérer les
acteurs, pour agir au niveau national
et apporter des réponses globales
aux problématiques de l’éco-construction.
Après avoir été des précurseurs,
ils bénéficient aujourd’hui de l’évolution de fond qui touche le secteur.
C’est, en effet, un mouvement porté
par l’ensemble de la population, une
évolution structurelle.
De nombreux adhérents de la
Fédération travaillent sur l’écoconstruction depuis près de 35 ans.
Echantillons matériaux naturels isolant liège expansé - brique terre cuite
19
Table Ronde Formation
es formations
D
modulables en fonction
des publics
Cette évolution structurelle de la
demande nous a amenés à construire
des réponses en matière de formations
destinées à différents publics :
• Les professionnels du bâtiment
en activité : architectes, thermiciens,
maçons, charpentiers… Jusqu’aux
peintres. Tous les corps de métiers
sont concernés ;
• Les jeunes en orientation et les
personnes en réorientation professionnelle ;
• Les institutionnels pour permettre
une prise en compte des problématique de l’éco-construction dès d’élaboration des projets et la rédaction des
cahiers des charges de leurs appels
d’offres.
es démarches
L
de référencement
de ces formations
Grâce à la validation par le registre
national des certifications professionnelles (RNCP) du référentiel de
formation élaboré par les membres de
la Fédération, un titre professionnel
sera proposé d’ici la fin d’année par
les structures membres de l’OFECO :
le titre de maçon en éco-construction
et maçon éco-bâtisseur (niveau V).
Ce titre s’inscrit qui plus est dans
le programme européen Léonardo
qui permet une reconnaissance des
formations dans cinq autres pays
européens. Sur le territoire de Redon,
4 sessions de formation ont déjà eu
lieu depuis mai 2008.
Parallèlement à ces démarches, les
membres de la fédération proposent
des formations courtes (de 2 à 10
jours) à destination des professionnels
en activité et des institutionnels, aussi
bien sur de l’initiation que sur du
perfectionnement.
Notre démarche n’est pas de dire
aux professionnels que ce qu’ils font
n’est pas bien, mais plutôt que nous
sommes là pour leur apporter des
compétences complémentaires. Cela
leur permettra de mieux répondre
aux besoins et d’avoir vraiment
une démarche de conseil, ainsi que
d’avoir une approche transversale des
chantiers, des demandes des clients
ou des maîtres d’ouvrage.
Une demande de reconnaissance
du titre a été déposée au CNCP, ce
qui permettra aux personnes titulaires
d’avoir une réelle reconnaissance
directe par la branche professionnelle
de leur qualification.
Des démarches similaires sont en
cours sur des référentiels de Conseiller
en éco-construction et Conseiller en
rénovation des bâtiments (niveau III
et IV). Enfin, nous travaillons en ce
moment sur des formations spécifiques en partenariat avec de grands
organismes de formation.
Technique de coffrage et construction Pisé - Terre crue banchée
L’objectif de la fédération est
bien de proposer des réponses
globales sur tout le territoire national
en favorisant la mise en réseau des
compétences et des ressources. Nous
nous positionnons bien en complémentarité avec les acteurs traditionnels
de la formation. Nous souhaitons faire
partager notre expérience et transmettre nos savoir-faire.
Technique BTC - Fabrication de Briques de terre comprimée en terre crue
20
Une démarche de
labellisation mise en
place par les fédérations professionnelles
(CAPEB et FFB)
Pierrick COLLET (COLLET
Couverture - Redon et Syndicat de
Pays de la Fédération du Bâtiment)
n soutien
U
de la fédération
La Fédération du Bâtiment a
mis en place une charte « Bâtir
avec l’environnement » qui est un
véritable engagement professionnel.
Les artisans et entrepreneurs qui
adhèrent à cette charte de la FFB
s’engagent, tant dans la construction
des bâtiments neufs que dans la
rénovation des bâtiments existants, à
tout mettre en œuvre pour les rendre
plus performants sur les plans énergétique, environnemental et sanitaire.
Cette charte permet de donner aux
entreprises qui s’y engagent un label,
une identité visuelle et se décline par un
dispositif de formation aux économies
d’énergie et à la construction durable.
Pierrick COLLET
Une mutation à réussir
Le défi lancé à notre profession
est énergétique, il est environnemental bien sûr, mais il est aussi et
surtout économique. C’est un triple
défi qui entraîne, pour l’ensemble
des partenaires de la construction,
un changement total et un bouleversement profond des habitudes. De
nouvelles contraintes vont se poser
à nous, bien sûr. Aucune n’est insurmontable. Nous sommes tous très
impliqués et on a tous commencé à
prendre ce virage. Il s’agit maintenant
de perfectionner nos interventions
pour y parvenir. Le bâtiment n’a pas le
choix, il doit réussir sa mutation.
Cette mutation est à la fois une
réponse à une demande qui vient pour
partie du marché (le client, aujourd’hui,
est demandeur de solutions plus en
harmonie avec l’environnement) et
pour partie de nouvelles règles issues
du Grenelle de l’Environnement. Nous
ne devons pas rater le virage de la
construction durable. Un véritable défi
est lancé à notre profession.
e contenu de la
L
formation proposée
aux professionnels
Nous mettons déjà en place sur le
territoire une formation aux économies
d’énergie pour les entreprises artisanales du bâtiment (FEEBAT).
et Vilaine dans ce domaine : 132 entreprises, depuis début mars 2009, ont
signé cette charte d’engagement dont
20 entreprises sur le territoire.
Concrètement ces entreprises
s’engagent à suivre des modules de
formation qui, à l’avenir, pourront se
dérouler sur le territoire. A la rentrée
de septembre, par exemple, on va
pouvoir lancer sur le Pays de Redon
les premiers modules qui, jusqu’à
maintenant, étaient plutôt réalisés sur
Rennes.
En conclusion, je n’ai pas de doute
sur les savoir-faire des entreprises.
Elles sauront répondre aux défis de
l’éco-construction car c’est à nous,
chefs d’entreprise, d’inculquer aux
compagnons un peu plus de rigueur
dans la façon de faire, dans la façon
de traiter les produits. Le challenge à
relever se résume en un petit peu de
formation du personnel et des chefs
d’entreprise.
Il faut savoir que, depuis le début
de l’année, il y a eu un engagement
assez important de la Fédération d’Ille
En savoir plus
La formation FEEBAT
Module 1 : « Connaître tous les aspects de ces nouveaux marchés et savoir
vendre une offre globale à nos clients ». Ce module apporte aux entreprises
des outils pour une approche globale de l’éco-construction. Il leur permet de
préparer une offre globale de travaux d’amélioration énergétique intégrant
plusieurs corps d’état, avec des hypothèses alternatives.
Module 2 : « Maîtriser les outils et calculs pour mettre en œuvre efficacement
un ensemble de technologies complémentaires ».
Module 3 : « Mettre en œuvre des produits et procédés d’amélioration énergétique du bâtiment en maîtrisant les interactions entre les différents corps de
métier ». Le module 3 propose d’aborder 9 technologies :
• Isolation des parois verticales opaques et des planchers bas
• Isolation des toitures et des planchers hauts
• Ouvrants, fermetures et protections solaires
• La ventilation
• Chauffage à eau chaude
• Chauffage à air
• Eau chaude sanitaire
21
Table Ronde Formation
Réponse de...
Mickaël MICMACHER
et Philippe BEUCHOT
Sur le champ de l’éco-construction, la mise en place de formations
modulaires courtes à destination des
entreprises a permis aux professionnels de renforcer et diversifier leurs
savoir-faire. Cette montée en compétences leur a permis de diversifier leurs
activités et leur clientèle et leur permet
aujourd’hui de consolider l’activité de
leur entreprise.
QUESTIONS-REPONSES
Réponse de...
MARIE CHEVALIER :
Pour mémoire, ce travail va donner
lieu ensuite à un travail en atelier sur
la durée. Nous pouvons retenir que
l’ensemble des intervenants a insisté
sur le fait que les acteurs n’étaient
pas dans une logique de concurrence
et que face à l’urgence qui s’impose
à tous, un travail partenarial est
indispensable.
L’offre de formation est globale
sur la Bretagne. Il ne s’agit pas, pour
chaque Pays, de dire « Moi, je veux ça ».
Il faut évidemment qu’il y ait une cohérence. Donc c’est juste une méthode
de travail qui a permis d’identifier que,
sur le Pays de Redon, on avait cette
demande de formation dans le secteur
du bâtiment.
Nous avons pu également voir
que les entreprises sont en mesure
de développer leurs propres outils,
pour répondre à leurs problématiques
spécifiques. Recenser et valoriser
les initiatives les plus intéressantes,
favoriser leur transfert, tel est l’un des
enjeux auxquels les acteurs doivent
répondre.
Il y a une chose dont on a beaucoup discuté en commission de
formation, c’est de savoir s’il faut
vraiment des formations complètes
en éco-construction dans le bâtiment ou seulement des modules. Je
vous assure que ça nous a beaucoup
occupés. Donc, je ne sais pas s’il y a
vraiment une réponse, à donner, de
façon catégorique. Personnellement,
je pense que les modules permettent
déjà d’avancer et de répondre à l’urgence.
Question de...
Claire CARTIEAUX
Je voulais rebondir sur ce que Marie
CHEVALIER a dit. Vous parliez d’une
priorité sur le bâtiment, par rapport
au comité local. Pourriez-vous en
dire un peu plus ? Merci.
22
Les modules offrent une souplesse
et une réactivité qui répondent aux
besoins des professionnels du secteur.
Cette approche est complémentaire
d’un travail de fond, sur la durée, qui
permet aux plus jeunes de se former
et à tout ceux qui le souhaitent de
changer d’orientation professionnelle. Cette démarche est nécessairement plus longue et s’appuie sur des
moyens plus lourds.
Question de...
Pierre-Yves REBOUX
Quelle cohérence entre les
organismes de formations et les
initiatives des entreprises ?
Réponse de...
Marie CHEVALIER
Le lien institution / entreprise
C‘est effectivement un enjeu
important : « Quel lien peut-on faire
concrètement avec les entreprises… ? »
Au niveau local, c’est l’un des
objectifs de la maison de la formation
professionnelle : faire le lien entre
les entreprises et les organismes
de formation. Au niveau régional, le
Comité de Coordination Régional
de l’Emploi et la Formation Professionnelle (CCREFP), auquel participent
les branches professionnelles, est
associé à toutes les décisions relatives
à la formation.
Dans cette perspective, l’apprentissage est sans doute une méthodologie qui facilite des relations entre
formation théorique et formation
pratique en entreprise.
Réponse de...
Claude LE DILY
et Philippe BEUCHOT
La place des entreprises dans
l’élaboration de la formation
Au sein de l’Education Nationale,
les branches professionnelles ont une
voix prépondérante dans l’élaboration
des diplômes. Ceux-ci s’articulent
autour de 2 axes complémentaires
1 • « Le référentiel des activités professionnelles », entièrement élaboré par
les professionnels.
2• « Savoir théorique, savoir scientifique » qui doit être au service des
activités professionnelles.
Au sein de l’Éducation Nationale, la
formation professionnelle est souvent
moins bien identifiée que la formation générale, les établissements
sont également mois nombreux et
moins connus, mais ils sont en lien
étroit avec les entreprises. Dans les
établissements technologiques et
professionnels, les chefs de travaux
sont en contact quotidien avec les
entreprises, ils sont à l’écoute et
essayent d’adapter les formations aux
besoins des entreprises en fonction
du contexte local.
Danièle Petiteau
Quelle prise en compte de
l’éco-construction dans
la formation des architectes ?
Réponse de...
Mickaël MICMACHER
Réponse de...
Marie CHEVALIER
Les enjeux macro et micro
de la formation
Les outils de formation doivent
répondre à deux enjeux :
La formation générale de base,
avec les fondamentaux, qui même
si elle doit intégrer les évolutions
sociales, économiques et techniques,
est un outil stable capable de former
quelle que soit la conjoncture.
Force est de constater que cette
thématique est peu traitée dans les
écoles d’architecture. Seul un module
est proposé en dernière année. Toutefois, certaines écoles commencent à
intégrer cette thématique de manière
transversale durant tout le cursus de
formation comme à l’Ecole d’architecture de Saint Etienne. Il est intéressant de constater que cette démarche
s’est mise en place à l’initiative des
étudiants.
La formation tout au long de la
vie qui permet de faire évoluer les
compétences des professionnels et
qui doit donc être en prise directe avec
leurs problématiques mais également
tenir compte de la conjoncture.
Depuis fin 2007, l’ordre national
des architectes a mis en place une
démarche offensive auprès de ses
adhérents sur la question de la formation continue d’une façon générale,
avec l’obligation pour les architectes
en activité de se former régulièrement (ce qui n’était pas le cas jusqu’à
présent).
Réponse de...
Cette formation professionnelle
obligatoire pour les architectes porte
sur deux thèmes :
A retenir
La formation professionnelle se
décline selon trois approches :
• La formation initiale qui apporte
une base générale au jeune, lui
permettant ensuite une intégration
et une évolution professionnelle.
• La formation en alternance (contrat
d’apprentissage et de professionnalisation) qui alterne formation
classique et temps en entreprise.
• La formation continue :
- La formation continue longue,
qui s’articule avec les orientations de
la Région et les besoins des entreprises, permet d’offrir des perspectives d’avenir aux salariés.
- Des modules courts, souples
et rapides à mettre en œuvre : ils
sont élaborés en lien direct avec les
branches.
Question de...
Marie CHEVALIER
et Jean-Pierre PANHALEUX
Préparer l’avenir quelle que soit
la conjoncture
La formation, et plus particulièrement la formation en alternance, est
un outil fondamental pour préparer
l’avenir des entreprises. Un apprenti
aujourd’hui, c’est un professionnel
compétent dans 2 à 3 ans, c’est un
créateur, un repreneur, un collaborateur pour demain. Malgré la crise, il
est important que les professionnels
se mobilisent pour prendre des
jeunes en apprentissage. Les jeunes
sont aujourd’hui attirés par l’apprentissage et les métiers du bâtiment en
particulier, il ne faut pas les décevoir.
• L’accessibilité pour les personnes
handicapées, à mobilité réduite, ou
les personnes âgées ;
• Le développement durable, ou la
construction environnementale.
Un des enjeux liés à l’éco-construction est l’amélioration énergétique des
bâtiments. En effet, si la construction
neuve a longtemps été le moteur du
secteur, c’est aujourd’hui la rénovation
qui génère le plus d’activité pour les
entreprises. Ce sont donc plusieurs
milliers de salariés qui sont à former
pour répondre à cet enjeu. C’est
également un marché énorme pour les
entreprises qui sauront négocier ce
virage.
23
Table Ronde Formation
règles professionnelles et on n’a pas
d’avis technique sur la paille.
On parle de la construction bois.
Ca fait des siècles que l’on fait de la
construction bois en France, le DTU
n’existe que depuis 1989.
Pour la construction terre, surtout
ici en Bretagne, il y a des règles
professionnelles mais pas de DTU.
Pourtant vous avez des centaines et
des milliers de maisons en Bretagne
en construction terre.
Toutes ces questions sont en
cours de traitement mais prennent du
temps.
Le rôle des institutionnels et
donneurs d’ordre publics est fondamental pour accélérer la prise en
compte des problématiques de
l’éco-construction dans le bâtiment.
L’intégration dans les cahiers des
charges des appels d’offre des critères
éco-construction, économie d’énergie,
utilisation des ressources locales en
termes de matériaux, de bois, isolantchanvre, ou autres. accélérera la
montée en compétences des professionnels. C’est le thème de la table
ronde suivante.
Question de...
Danièle PETITEAU
La réglementation est-elle un frein à
l'innovation et à la mise en œuvre de
nouvelles formations ?
Réponse de...
Claude LE DILY
Les acteurs de la filière, notamment associatifs, se mobilisent pour
raccourcir les délais d’instruction du
CSTB (Centre Scientifique et Technique
du Bâtiment). Les freins à l’utilisation des éco-matériaux sont liés au
24
système qualité français qui est relativement lourd. Il requiert de nombreux
agréments techniques, mobilise un
nombre important d’acteurs. Dans
le cadre du Grenelle de l’Environnement, des associations ont demandé
une simplification des procédures et
un raccourcissement des délais d’instruction. Mais aujourd’hui c’est effectivement un frein.
Cette procédure très lourde a
également un impact sur le positionnement des assureurs qui ne peuvent
pas prendre position tant que la règlementation n’est pas fixée.
Réponse de...
Mickaël MICMACHER
Des distinctions sont à faire entre
règlementation sur les éco-matériaux
et sur les modes constructifs.
Vous pouvez par exemple très bien
faire une construction à ossature bois
qui respecte un Document Technique
Unifié (et donc avoir une règle professionnelle ou un DTU sur mode
constructif). Pour autant, si vous utilisez
le matériau paille comme isolant, bien
que ce soit le meilleur des isolants
puisqu’elle a une résistance thermique
de 6, il n’y a pas encore aujourd’hui de
Dans ce domaine, l’OFECO propose
informations et conseils. La fédération
intervient auprès des professionnels
du bâtiment pour présenter l’ensemble
des techniques constructives, des
éco-matériaux et leur situation règlementaire.
Une des questions qui reste en
suspens c’est la prise en compte
dans le financement de la formation
du surcoût généré par l’utilisation
des éco-matériaux.
Les intervenants
de la Table Ronde Formation
Philippe BEUCHOT :
Proviseur du lycée BEAUMONT de
Redon
Yves CARDINAL :
Dirigeant du groupe CARDINAL
Mickaël MICMACHER :
Président de la Fédération OFECO
Jean-Pierre PANHALEUX :
Président de la CAPEB d’Ille et Vilaine
Eric ROGER :
Directeur de Noria et Compagnie,
centre de formation professionnelle
dans l’éco-construction
Claire CARTIEAUX :
Coordinatrice de la CADES
Marie CHEVALIER :
Élue au Conseil Régional de Bretagne
et secrétaire de la Commission Formation
Pierrick COLLET :
Dirigeant de COLLET Couverture et
Président du Syndicat de Pays de la
Fédération du Bâtiment
Nathalie GUIDOUX :
Déléguée territoriale du Pays de
Redon et de Vilaine / Conseil Régional
de Bretagne
Claude LE DILY :
Référent pour l’inspection académique de la formation continue dans
le Bâtiment et le développement
durable
25
Table ronde sur la commande publique
L
a commande publique est un
levier important pour la structuration de la filière éco-construction,
par son effet d’exemplarité pour les
concitoyens d’une part, et par son
importance dans le chiffre d’affaire du
Bâtiment d’autre part.
Cette table ronde a eu ainsi pour
objectifs de mettre en évidence le rôle
de levier de la commande publique,
de démontrer l’importance de l’implication des élus et enfin, de proposer
des outils pour faciliter et favoriser le
développement de l’éco-construction.
La commande
publique : un levier
pour la structuration
de la filière
éco-construction
Samuel TIGER (Espace info-énergie)
Un bâtiment public a valeur
d’exemple
Une mairie, une école, une salle
de sport sont fréquentées par des
publics qui s’en imprègnent et y vivent.
Ainsi, des particuliers qui souhaitent
construire une maison s’intéresseront
plus facilement à l’éco-construction si
leur commune a elle–même favorisé
26
des modes de construction prenant
en compte l’environnement pour ses
bâtiments publics.
ommande publique et
C
marché local
Au-delà de cela, il est important que
les communes ne conçoivent pas leur
bâtiment comme une simple vitrine de
l’éco-construction, mais qu’il y ait bien
une réflexion en amont afin d’avoir une
démarche globale. A titre d’exemple, il
est plus intéressant de réfléchir d’abord
à l’économie d’énergie, par la mise en
place de lampes à basse consommation, avant même de vouloir mettre
en place des énergies renouvelables
en installant des panneaux solaires.
La commande publique a un impact
opérationnel sur les acteurs de la
construction, à savoir les architectes,
les constructeurs et les artisans.
La mise en place de cahiers des
charges ambitieux, par plusieurs
communes d’un territoire, permet
d’initier un marché. La création d’un
volume suffisant incite les entreprises
à se former à ces techniques pour
ensuite pouvoir les proposer à d’autres
publics.
Il y a plusieurs exemples sur le Pays
de Redon et Vilaine et notamment
à Maure de Bretagne. On peut ainsi
citer le fait que sept communes ont
pris des délibérations pour exclure les
bois exotiques de la fabrication et des
constructions de leurs bâtiments.
Intervention de Monsieur COLLET, chef d’entreprise
COLLET COUVERTURE et président de la FFB
Je vais profiter de cette rencontre pour interpeller ou tout simplement adresser un petit message aux donneurs d’ordre du marché public, donc aux élus.
Il me semblerait intéressant d’avoir, dans ces objectifs de construction de
bâtiment durable, un volet que je qualifierais de socio-économique, garant de
la prise en compte de la qualité de la construction d’une part, et de l’emploi
sur le territoire d’autre part.
Ce type de décision donne un
signal fort aux entreprises locales
qui, si elles veulent se positionner sur
ces marchés, vont préparer une offre
correspondante. Dans un premier
temps, les entreprises répondent à
ces marchés, et ensuite s’interrogent
sur leur offre à destination des différents publics.
n engagement
U
des collectivités
grandissant mais
encore inégal
(Exemple de l’étude sur le segment
ossature bois)
L’étude de la Cellule Economique
de Bretagne publiée en avril 2009
fait un focus particulier sur un mode
constructif : l’ossature bois. Elle
rappelle l’importance de ce type de
construction dans le marché global, et
fait un état de la commande publique
dans ce domaine. Elle met également
en avant l’importance de la formation,
de l’innovation et de la structuration
de l’offre.
En 2007, la maison ossature bois
représentait 9% du marché breton,
une part relativement importante soulignant la reconnaissance et l’acceptation du grand public. Sur le Pays de
Redon et Vilaine, un tissu d’artisans et
d’entreprises ayant acquis des compétences s’est ainsi développé.
La première partie de l’étude
concerne les organismes sociaux.
Sur 22 organismes sociaux en
Bretagne, huit ont déjà réalisé au
moins une construction bois sur les
années 2004-2008, soit un tiers des
Multi-accueil de REDON
organismes HLM, et quinze d’entre
eux ont un projet pour les trois années
à venir. Ceci montre la mobilisation
importante et grandissante des
organismes HLM.
La deuxième partie de l’étude
concerne les maîtres d’ouvrage publics
que sont les communes, les Communautés de Communes, les Conseils
Généraux et le Conseil Régional.
Si, ces dernières années, les
projets concernaient essentiellement
des logements individuels, de plus en
plus de projets de petits logements
collectifs en structure bois voient le
jour. Par ailleurs, outre les maîtres
d’ouvrage publics, les constructeurs
de maisons individuelles s’intéressent
de plus en plus à la construction bois.
De plus en plus de bâtiments
publics sont réalisés en structure
bois, et notamment par les Conseils
Généraux et Régionaux. En effet, outre
des collèges et lycées réalisés par les
Conseils Généraux et Régionaux, trois
des sept maisons départementales du
Conseil Général 35 programmées sur
le territoire seront en ossature bois.
Il ressort également de cette
étude que les préconisations du
Grenelle de l’Environnement ont été
un élément déclencheur, notamment
avec la réglementation 2010 pour les
bâtiments publics et 2012 pour les
autres logements. La construction
bois apparaît comme une solution
technique apte à répondre à ces
exigences futures.
A retenir
30% du parc global de logements
sociaux breton se situent sur Rennes
et Vannes, donc directement accessibles en moins d’une heure par les
entreprises locales.
Intervention de Jean-Pierre Panhaleux
(Président de la CAPEB d’Ille-et-Vilaine)
Intervention d'Isabelle
JOUAN (Maître d'œuvre)
L’un des organismes HLM que nous avons rencontré, avec les collectivités
locales, nous indiquait qu’il y aura prochainement un marché considérable
pour la rénovation de bâti. Sur le secteur de Rennes, ce seront ainsi 600 immeubles qui seront à rénover. Autant dire qu’il y aura du travail pour les entreprises, et notamment pour la réalisation d’isolations par l’extérieur, la mise en
place de double, voire de triple vitrage ou encore de peinture.
Nous attendons que les conventions soient signées, signatures que nous
souhaitons les plus rapides possibles.
Que peut-on faire en matière de rénovation sans toucher au bâti ? Il est
possible de baisser de 50 % le coût
de fonctionnement du bâtiment : en
prenant des mesures d’étanchéité
à l’air par exemple vous résolvez
50 % des déperditions thermiques
dans un bâtiment.
27
Table ronde sur la commande publique
L’engagement des collectivités
vis-à-vis de l’éco-construction est
inégal : si les conseils régionaux
et généraux sont relativement bien
informés, les intercommunalités et les
communes sont, pour l’instant et de
manière générale, moins réceptives.
L’éco-construction :
un choix politique -
Daniel CUEFF, Maire de Langouët /
association BRUDED (Bretagne
Rurale Urbaine et Développement
Durable)
es freins à lever pour
L
structurer la filière
éco-construction
Par ailleurs, les compétences sont
difficiles à trouver, et ce tout au long
de la chaîne.
L’étude de la Cellule Economique
de Bretagne réalisée en avril 2009
montre que le principal frein pour les
organismes sociaux pour faire appel
à l’éco-construction est la crainte de
surcoût. Par manque de temps ou par
crainte de ce surcoût, des schémas
constructifs existants sont reproduits,
au détriment d’une recherche d’évolution.
Par ailleurs, l’étude met en lumière
le manque de prise en compte du
coût global du bâtiment (coût de
construction d’un bâtiment et coût
de fonctionnement). Or, cette notion
est particulièrement importante pour
un bailleur social par exemple, qui
cherchera le meilleur compromis, tant
pour lui que pour ses locataires.
Enfin, les maîtres d’ouvrage publics
insistent également sur le manque
d’organisation de la filière régionale.
Ils ont besoin d’être rassurés par une
professionnalisation des acteurs et
une organisation cohérente des différents corps de métiers.
Daniel CUEFF
Dès 2001, les communes membres
de BRUDED ont convenu que
l’ensemble des décisions prises le
seraient en accord avec un développement durable, et particulièrement au
regard du coût énergétique.
Or, si on retrouvait les notions de
cadre de vie, de qualité de vie, ou
d’environnement dans les discours et
professions de foi des élus, celle de
développement durable en était encore
absente. En 2008, les choses avaient
bien changé et le développement
durable figurait parmi les priorités de
la majorité des communes. Mais, si
aujourd’hui il y a beaucoup de croyants,
il y a encore peu de pratiquants.
es difficultés
L
rencontrées
A retenir
Le chiffre d’affaires des bâtiments
publics représente aujourd’hui 11%
de celui de la construction neuve,
d’où l’importance d’avoir des
cahiers des charges ambitieux en
matière de bâtiments publics.
28
En matière d’équipements publics ou
d’écoles conçus de façon traditionnelle,
on constate des écarts de chiffrage
très importants. L’analyse montre que
c’est souvent l’égo du maire doublé
de l’égo de l’architecte, qui crée des
surcoûts. D’où la nécessité de rester
extrêmement sobre.
Les architectes ont intégré la notion
de surcoût comme une notion obligatoire en matière d’écologie. Or, il n’y a
pas de raison que l’écologie soit plus
coûteuse. Plus que de construire des
choses très coûteuses et très compliquées, la prise en compte de l’environnement doit, bien au contraire, amener
vers la décroissance et le minimalisme.
En premier lieu, les architectes ne
sont pas toujours capables de déterminer les conséquences des bâtiments
qu’ils dessinent en termes de coût et
d’impact environnemental. Ce sont
par la suite des mesures correctives
qui sont mises en place. Se pose donc
le problème crucial de la formation
(actuellement, seule une école forme
des ingénieurs puis des architectes
à une meilleure prise en compte du
développement durable : celle de
Strasbourg).
En second lieu, se pose le problème
de la maîtrise d’œuvre. A titre
d’exemple, la maîtrise des techniques
d’isolation en ossature bois est indispensable pour éviter les sinistres des
maisons en bois : le phénomène du
point de rosée qui se produit entre
le pare-vapeur et le pare-pluie peut
provoquer un pourrissement de la
maison de l’intérieur dont on peut ne
s’apercevoir qu’au bout de dix ans.
En outre, le respect du cahier des
charges pose parfois problème : il arrive
que le matériel installé par les artisans
ne corresponde pas au matériel prévu.
Ces derniers sont en effet très liés à des
centrales d’achat qui mettent en avant
la possibilité de réduction dans le cas
de commande importante.
Enfin, l’éco-construction peut être
perçue comme une remise en cause.
Le développement durable bouscule
les habitudes et peut donner lieu à des
phénomènes de rejet auxquels il faut
être très vigilant.
Pour résoudre ce problème, nous
avons, par exemple, travaillé avec
le Conseil Local de l’Énergie sur
des micro-salons, dont un premier
commence en octobre, réservé exclu-
d’une ingénierie afin de concevoir un
Bâtiment Basse Consommation (BBC)
bien qu’ayant une ouverture au nord,
et ce afin de prendre en compte ce
projet de vie, ce projet artistique…
Il est donc important ne pas de
réduire l’écologie à des techniques ou
à de la technologie : il doit s’agir avant
toute autre chose d’un projet de vie.
Lotissement - Bruno Servel - BRUDED
sivement aux particuliers. Au cours de
ces micro-salons, nous essaierons de
proposer individuellement un projet
sur quelques années pour réduire la
facture énergétique des habitations.
L’éco-construction : un
secteur en évolution
Devant ces difficultés, l’association BRUDED a décidé lors de
sa dernière Assemblée Générale la
création d’un « Waterloo de l’Environnement ». Le but sera d’identifier
et de mieux comprendre les freins au
développement durable et à l’écoconstruction en matière d’installation,
de formations, de process… Il s’agira
d’un rendez-vous sur invitation, probablement à Pontivy.
Concernant le financement des
projets en éco-construction, nous
bénéficions en Bretagne d’un dispositif probablement unique en France :
le dispositif ECO-FAUR. Ce dernier
éco-conditionne les aides de la
Région à des performances écologiques, thermiques notamment. Il vient
abonder d’autres aides ou financements mis en place par les communes,
les départements ou l’ADEME.
Enfin et surtout, il est indispensable de prendre en compte la façon
dont on veut vivre dans le bâtiment
en question ou dans la maison. Deux
exemples peuvent illustrer ce propos :
• Le premier concerne un projet de
maison de retraite pour des personnes
atteintes de la maladie d’Alzheimer.
L’architecte en charge de ce projet
avait proposé une esquisse d’un
bâtiment très lumineux. Or, après
avoir rencontré un spécialiste de
cette maladie, le bâtiment se révéla
inadapté à des personnes atteintes de
cette maladie : la luminosité pouvait
se révéler anxiogène pour les malades
et priver ces derniers de repères.
Dans ce cas précis, il était nécessaire de prévoir des zones d’ombre,
de permettre la déambulation pour
calmer les angoisses des malades ;
• Le deuxième exemple concerne
un artiste qui souhaitait que son atelier
soit exposé au nord afin de bénéficier
au mieux de la lumière du nord, considérée comme la lumière de la création.
Ce projet a nécessité la mise en place
Classe - Bruno Servel - BRUDED
En savoir plus
Différentes incitations financières
existent :
• Le crédit d’impôt
• Les prêts bonifiés (Eco -PTZ, prêt
à taux zéro)
• La TVA à 5,5% sur la rénovation
et sur le neuf dans le cadre du
Pass-foncier
• Des aides des collectivités territoriales (dispositif ECO-FAUR)
• Des aides pour l’amélioration de
l’Habitat…
Intervention d’Eric VAUCELLE, en charge du projet d’éco-hôtel
de La Gacilly au sein du groupe Yves ROCHER.
Le discours de Monsieur le Maire de Langouët montre que, pour réussir
un projet, quand on sort des sentiers battus, il faut être très motivé. Malgré
toutes ces difficultés, vous y êtes arrivé parce que vous êtes un convaincu de
l’écologie et que vous voulez faire avancer les choses.
Nous avons eu un peu les mêmes problématiques sur notre projet. Il est
difficile de se heurter à la réglementation, aux bureaux de contrôle qui ne sont
pas encore à jour avec les nouveaux produits, tout en respectant des ratios
économiques et en restant dans le cadre de la rentabilité de l’entreprise.
Le projet montre que vous pouvez avoir des produits qui coûtent un peu plus
cher au départ mais, qu’avec un raisonnement en coût global, on peut s’y
retrouver.
Je suis ingénieur de formation, et je rejoins un peu ce que vous dîtes : il ne faut
pas laisser faire seuls les ingénieurs sans qu’il y ait quelqu’un pour les cadrer,
ceci afin que l’objectif global du projet de vie ne soit pas oublié. Le projet doit,
en effet, être ramené au bienfait de la personne qui vivra dans ce bâtiment.
Il est donc important d’avoir des ingénieurs qui s’adaptent et des décideurs
motivés qui puissent guider les professionnels, architectes et ingénieurs, afin
d’arriver au résultat souhaité.
29
Table ronde sur la commande publique
En savoir plus
Les 14 cibles de la démarche HQE :
Maîtriser les impacts
sur l’environnement extérieur
Eco-construction
1. Relation harmonieuse des bâtiments avec leur
environnement immédiat
2. Choix intégré des procédés et produits de
construction
3. Chantier à faibles nuisances
Eco-gestion
4. Gestion de l’énergie
5. Gestion de l’eau
6. Gestion des déchets d’activité
7. Gestion de l’entretien et de la maintenance
Créer un environnement intérieur sain et confortable
Confort
8. Confort hygrothermique
9. Confort acoustique
10. Confort visuel
11. Confort olfactif
Santé
12. Qualité sanitaire des espaces
13. Qualité sanitaire de l’air
14. Qualité sanitaire de l’eau
En savoir plus
Méthodologies pour
les élus en matière
d’éco-construction
Les organismes certificateurs :
• CERQUAL attribue la certification
Habitat et Environnement pour les
collectifs et les logements groupés
Erwan GALLET (Envirobat Bretagne)
La démarche « éco-construction »,
si elle est suivie et mise en œuvre dans
le respect des principes du développement durable, peut vous permettre
de passer d’objectifs de moyens à des
objectifs de résultats. Plus que l’utilisation de matériaux spécifiques, ce
sont les performances qu’ils offrent et
surtout leur meilleure mise en œuvre
qui devront être prises en compte.
L’objectif, visant à passer d’une
démarche quantitative à une démarche
qualitative, peut aussi s’inscrire dans
un système de management environnemental : la certification.
• CERTIVEA certifie les bâtiments
tertiaires
• CEQUAMI certifie les maisons
individuelles de constructeurs
• PROMOTELEC
certifie
les
maisons individuelles ainsi que
les logements groupés
• CEQUAMI et PROMOTELEC certifient aussi les maisons rénovées
A retenir
© Pygmalion Rennes
.Q.E.1, Habitat &
H
Environnement (H&E),
A.E.U.2 : des outils
méthodologiques pour
se poser les bonnes
questions
Pour aider le maître d’ouvrage
et les autres professionnels de la
construction, il existe des grilles de
questionnement qui peuvent accompagner l’approche globale du projet.
30
Ces démarches de développement
durable permettent de structurer les
objectifs et de favoriser leur concrétisation. Toutefois, ces référentiels ont
aussi les défauts de leurs qualités.
Normatifs, ils font parfois la part belle
au conventionnel et peuvent brider
l’innovation. Pour éviter ces écueils,
motivation et compétence de tous
les professionnels seront les meilleurs
gardes-fous.
1. Haute Qualité Environnementale
2. Approche Environnementale de l’Urbanisme
La réglementation thermique
impose aujourd’hui 110 kWh par m2
par an d’énergie primaire pour les
bâtiments utilisant l’énergie fossile
et bois, et 190 kWh par m2 par an
pour les bâtiments utilisant l’électricité (moyennant un coefficient
de conversion énergie final/énergie
primaire pour l’électricité de 2,58).
Au 1er janvier 2011, la RT 2010
s’appliquera aux ouvrages publics et
aux bâtiments tertiaires qui devront
être labellisés BBC (Bâtiment Basse
Consommation). Au 1er janvier 2013,
cette réglementation s’appliquera à
tout type d’ouvrage neuf.
es grands principes
L
d’un bâtiment
performant
e
c
an
1 sobriété
nd
Te
né
ga
2 efficacité
wa
tt
3 renouvelables
Un bâtiment performant c’est avant
tout un bâtiment qui vise la sobriété
des ressources, l’efficacité des
systèmes (actifs ou passifs) et, cerise
sur le gâteau, l’utilisation des énergies
renouvelables. Ces dernières ne sont
pas une obligation prioritaire, mais une
option idéale. Deux tendances peuvent
s’opposer en matière de bâtiment basse
consommation. Un bâtiment conventionnel bardé d’énergies renouvelables
peut se révéler entrer dans les critères
de performances énergétiques du BBC
bien qu’il s’agisse là d’un empilement
de technologies pour compenser des
déficits. Il est également possible de
construire un bâtiment très performant,
avec une isolation renforcée et atteindre
ainsi plus durablement la performance
énergétique.
Pour concevoir un bâtiment
performant, les objectifs doivent
être pris le plus en amont possible
1 • Définir ses objectifs et ses
besoins : Pour qui ? Pourquoi ? Où ?
Comment ?
Les référentiels A.E.U., H.Q.E.,
H&E, B.B.C notamment existent. Ils
permettent de se poser les bonnes
questions et de construire un projet
adapté aux besoins réels. Réduire la
taille de la construction peut également
produire une économie permettant
d’en augmenter la qualité.
2 • Penser le projet en coût global
C’est-à-dire évaluer les coûts de
fonctionnement amoindris par l’écoconception. Il ne s’agit plus seulement
de s’intéresser au coût d’acquisition
mais de prendre en compte également
les coûts d’utilisation du bâtiment,
notamment les coûts de maintenance,
les coûts éventuels de remplacement
du matériel. Un bâtiment bien conçu
peut ainsi présenter un net avantage
par rapport à un bâtiment surchargé
en équipements.
3 • Sélectionner le terrain et
anticiper l’orientation du bâti
Le choix du terrain est très
important car il permet notamment de
bien orienter le bâti et de faire un choix
pertinent au regard de la destination
du bâtiment. Orienté au sud, le projet
profitera des apports passifs du soleil
en hivers et atteindra facilement une
meilleure performance énergétique.
L’été, ces apports moins désirables
sont aussi plus simples à contenir
avec cette orientation. Ceci souligne
la nécessité d’avoir des règlements
d’urbanisme compatibles avec une
bonne orientation des bâtiments, des
masques limités, comme bien d’autres
choix de développement durable.
4 • Investir dans la conception
La compacité du bâtiment favorisera également sa performance
énergétique, en même temps qu’elle
générera des économies de matériaux. Sa forme peut aussi avoir son
importance. Réduire le nombre d’angles permet de réduire les ponts thermiques. Une distribution judicieuse
des pièces qui privilégient les espaces
de vie au sud et les locaux de service
au nord poursuivra cette recherche de
performance et ce souci du bien-être
des utilisateurs. De larges ouvertures
au sud permettront de profiter des
apports solaires dont l’effet gagnera
en cohérence si elles sont complétées
par des matériaux à inertie. Pour parachever cette conception vertueuse,
il faudra opter pour un éclairage naturel
ou artificiel et un renouvellement de
l’air efficaces, et choisir une production de chaleur à fort rendement, bien
dimensionnée et si possible utilisant
les énergies renouvelables.
A retenir
Un certain nombre de techniques permettent de minimiser les
besoins en énergies : protection
contre les vents dominants, isolation soignée, étanchéité à l’air minimisée, éclairage naturel et artificiel
efficace, dimensionnement et utilisation corrects d’un système de
production de chaleur idéalement
renouvelable…
en bout de chaîne un axe d’amélioration déterminant.
7 • Suivre les résultats
Le retour d’expériences est le
meilleur enseignement pour définir
des pistes d’amélioration et s’inscrire
dans un cercle vertueux participant
réellement au développement durable.
D’où la nécessité d’intégrer le suivi des
résultats de l’opération dès la définition des objectifs et d’entrer dans une
démarche d’amélioration continue.
Les intervenants de la Table Ronde
Commande Publique
Pierrick COLLET :
Dirigeant de Collet Couverture et
Président du Syndicat de Pays de la
Fédération du Bâtiment
Daniel CUEFF :
Maire de Langouët et co-président de
l’association BRUDED
Erwan GALLET :
Chargé de mission pour Envirobat
Bretagne
Isabelle JOUAN :
Maître d'œuvre pour Alliance Bois
au Naturel, bureau d’études et de
conseils en habitats écologiques à
haute performance énergétique
5 • Soigner la mise en œuvre
Coordonner les intervenants pour
une meilleure prise en compte des
objectifs par tous : le meilleur des
isolants perdra de son intérêt s’il ne
profite pas de la meilleure des applications. Il faudra donc veiller à atteindre
une très bonne étanchéité à l’air.
Jean-Pierre PANHALEUX :
Président de la CAPEB d’Ille et Vilaine
6 • Accompagner l’utilisateur
Rien ne sert d’avoir la meilleure
machine, si le pilote ne sait pas la
conduire. Le comportement est aussi
Eric VAUCELLE :
Chargé du projet d’éco-hôtel de
La Gacilly au sein du groupe Yves
Rocher
Samuel TIGER :
Animateur de l’Espace Info Energie
pour les particuliers et chargé de
mission Climat/Energie du Pays de
Redon et Vilaine
31
Table ronde : l’innovation dans l’organisation
L
es interventions dans les tables
rondes précédentes ont largement
pointé l’importance de l’organisation,
la nécessité d’avoir une approche
transversale, globale dans l’écoconstruction pour être plus respectueux, à la fois de la nature et de
l’humain.
a mise en réseau
L
des professionnels de
l’éco-construction
En complément de l’innovation
dans le domaine des matériaux, des
modes constructifs, il est important
d’approfondir les solutions que peut
apporter l’innovation en matière
d’organisation et de coordination, et la
manière de favoriser l’émergence des
initiatives locales.
Beaucoup d’acteurs de l’économie
sociale et solidaire se sont lancés dans
l’éco-construction autour des années
1970 car cette démarche correspondait aux valeurs qu’ils défendaient.
La construction
d’une offre locale
d’éco-constructeurs
La démarche « éco-construction »
va permettre de passer d’objectifs de
moyens à des objectifs de résultats.
Plus que l’utilisation de matériaux
spécifiques, ce sont les performances
qu’il offre qui devront être prises en
compte. Pour passer d’une démarche
quantitative à une démarche qualitative,
il existe un outil : la certification.
32
Claire CARTIEAUX Coordination des Acteurs
de l’Économie Sociale du Pays
de Redon et Vilaine (CADES)
Vilaine, coopérative d’activité et d’emploi du bâtiment qui accompagne
et accueille des porteurs de projets,
associations d’insertion professionnelle et enfin, des habitants ayant des
projets d’habitat groupé en éco-construction et des associations qui ont des
projets immobiliers et qui réfléchissent
à la solution éco-construction.
La Chambre Régionale de l’Economie Sociale (CRES) a ainsi fait un
recueil d’expériences en éco-construction. Il montre la richesse et la diversité
en termes d’innovation, l’importance
du maillage entre les acteurs de l’économie sociale, ceux de l’insertion et le
secteur industriel.
Depuis décembre 2008, la CADES
anime un groupe de travail d’une
trentaine de personnes, sur le thème
de l’éco-construction sur le Pays
de Redon et Vilaine. Ce groupe de
travail regroupe des personnes issues
de différents types de structures :
cabinets d’étude, maîtres d’œuvre,
architectes, centres de formation
professionnels, artisans, travailleurs
occasionnels du Pays de Redon et
Recueil d’expériences en éco-construction CRES
Le premier objectif de ce groupe
de travail est de faciliter l’interconnaissance des structures présentes
sur le territoire. Dans cette optique,
des fiches décrivant les savoir-faire
des différents corps de métiers sont
en cours de réalisation. Cette cartographie des savoir-faire permettra de
déterminer les moyens et ressources
mutualisables.
En
complément,
une réflexion sur les possibilités de
répondre à des appels d’offres en
commun sera menée.
profession a également mis en place
un suivi pour s’assurer du respect des
six engagements de la charte « Bâtir
avec l’environnement ».
Le deuxième objectif du groupe
est la sensibilisation des élus et du
grand public. A ce titre, la CADES a
co-organisé le Festival cinématographique « Ensemble vert plus de sens »
- Santé et développement durables,
avec notamment une animation le 27
mai 2009 qui a réuni une centaine de
participants.
Dans l’optique de mettre en
place des vitrines des savoir-faire
des artisans du territoire, des projets
de zones artisanales dédiées aux
éco-artisans commencent à être
soutenus par les élus, sur la Chapelle
de Brain par exemple.
Des visites de chantiers sont
également
organisées
afin
de
présenter le principe concret d’une
démarche globale. Elles permettent
une mise en commun des pratiques
dans le réseau pour une mise en
cohérence des choix de systèmes
constructifs. Cette initiative de terrain
est donc particulièrement importante.
Jean-Pierre PANHALEUX
(CAPEB d’Ille-et-Vilaine)
Les organisations professionnelles
mettent en place différents outils pour
organiser la filière et pour démontrer
les savoir-faire des artisans.
Par exemple, depuis 2001, la
CAPEB a mis en place le label
« éco-artisans ». Aujourd’hui, ce sont
ainsi 46 artisans, dont 2 sur le Pays de
Redon et Vilaine, qui se forment afin
de conseiller au mieux leurs clients en
matière d’éco-construction et d’efficacité thermique. Dans la durée, la
La MEDEFI proposera dans le
cadre de l’atelier qui sera mis en
place sur ce sujet, le témoignage
d’éco-artisans de Loire Atlantique
qui ont choisi de se regrouper en
coopérative avec le soutien de
l’Union régionale des SCOP.
Habitat 35, Aiguillon et d’autres ont
entendu le message et semblent en
tenir compte.
e rôle des élus :
L
l’exemple des
centrales d’achat
éco-matériaux
Daniel CUEFF,
Maire de Langouët
La possibilité de créer un
chantier école sur le thème de l’écoconstruction est également à l’étude
avec la Mission Locale, l’AIDE (une
des associations intermédiaires du
territoire), la Région et la DRTEFP.
Ce chantier école aura pour buts de
former des jeunes et des moins jeunes
sur des techniques d’éco-construction,
ainsi que d’avoir un rôle de vitrine de
l’éco-construction.
’implication
L
des organisations
professionnelles
En savoir plus
Les artisans n’ont pas toujours la
possibilité d’acheter les matériaux
nécessaires en volume suffisant pour
bénéficier de prix attractifs. C'est
notamment le cas pour le chanvre. De
ce fait, leur marge commerciale est plus
réduite. Il faut explorer les solutions
organisationnelles qui permettent aux
artisans de mieux gagner leur vie sans
forcément passer par ces notions de
marge commerciale.
Des actions sont également
menées pour la construction de
diagnostics partagés. Les entreprises
doivent en effet pouvoir s’organiser
afin d’apporter un conseil de qualité
aux donneurs d’ordre, et par là même
favoriser une approche globale.
Les collectivités ont un rôle
important à jouer pour impulser
la création de centrales d’achats
dédiées- comme c’est en train de se
faire par exemple sur la Communauté
de Communes du Pays de Rennes.
Une réflexion est menée par différents organismes afin de mettre en
place des outils de regroupement
des artisans, ce qui leur permettra
de pouvoir se positionner sur de
grands chantiers de donneurs d’ordre
publics.
Enfin, il est important de défendre
une solution adaptée aux entreprises artisanales de moins de
10 salariés, comme la mise en place
de lots séparés par les organismes.
33
Table ronde : l’innovation dans l’organisation
Remettre l’humain et
la santé au cœur de
la réflexion
Isabelle JOUAN - Maître d'œuvre en
BIO CONSTRUCTION
L’approche globale de l’écoconstruction doit intégrer l’aspect
santé. La construction écologique
c’est à la fois une performance énergétique, des matériaux écologiques et
une troisième notion indissociable : la
santé.
Éco-hôtel de La Gacilly
deux démarchent, de part leur rigueur
respective, nous permettent d'aller
vers l'excellence.
a structuration des
L
différents acteurs
Eric VAUCELLE, en charge du
projet éco-hôtel de La Gacilly au
sein du groupe Yves ROCHER
Il y a un parallèle à faire entre la
démarche éco-construction et la
démarche de certification sécurité :
les deux nécessitent la mise en place
de procédures. Au départ, bien que
tous s'accordent de sa nécessité, la
sécurité peut être vécue comme une
contrainte avec des nouvelles règles,
et un code du travail qui s'épaississait
au fil du temps.
La mise en place des règles de
développement durable se fait à
peu près dans les mêmes conditions. Il y a beaucoup de formalisme
à respecter pour justifier de l’application des normes BBC, Eco-label :
il faut prouver ce qui a été fait. Il faut
une traçabilité très forte. Mais ces
34
Si le projet de l’Eco-Hôtel a été un
succès, c’est en grande partie parce
qu’une seule et même personne était
en charge des questions écologiques
et faisait le lien avec les entreprises.
De la même manière, les projets
se trouvent simplifiés si les entreprises ont une personne en interne
pouvant répondre aux interrogations
du donneur d’ordre. Ainsi, pour les
entreprises ou les bureaux d'études ne
disposant pas toujours des connaissances nécessaires, un travail bibliographique et historique a dû être réalisé
afin de trouver des matériaux adaptés
et agréés.
Il est également important de
créer des réseaux. Sur chaque site
du groupe, un responsable développement durable (selon les entreprises,
ce peut être la même personne que le
responsable environnement) a ainsi été
nommé. Cette mise en réseau permet
de communiquer et de comparer les
bonnes pratiques.
Enfin, de la même façon que les
ouvriers et chefs d'équipe suivent
une formation liée à la sécurité, il
serait intéressant de leur proposer
une formation en lien avec l’écologie.
Il est en effet important qu’un ouvrier
ait conscience que mettre du chanvre,
ce n’est pas la même démarche que
mettre de la laine de roche.
Il ne suffit pas de créer un bâtiment
performant d’un point de vue énergétique, encore faut-il construire un
bâtiment respectueux des personnes
qui le construisent et des gens qui y
habiteront. Il est nécessaire de prendre
en compte les émanations qui peuvent
provenir des matériaux utilisés, des
peintures, des équipements… C’est
aussi aux élus d’impulser cette
démarche.
Construire écologique nécessite
une approche transversale. Dès la
conception, il est nécessaire de donner
de l'importance aux souhaits et les
attentes de la personne qui va y habiter.
Tous les corps de métiers doivent
obligatoirement travailler ensemble et
redonner du sens aux choses. L’humain
doit être au centre des décisions et des
choix constructifs.
Le rôle des TPE / PME
et les obstacles à
surmonter
Isabelle JOUAN - Maître d'œuvre
en BIO CONSTRUCTION
Les
TPE/PME sont
aussi bien armées
que les moyennes
et grandes entreprises sur cette
nouvelle approche
éco-construction
Les entreprises qui savent faire
aujourd’hui de la qualité verront très
peu de différence entre mettre une
laine de verre ou mettre une laine de
chanvre : la différence réside dans
le sens du choix. Il est essentiel que
chaque intervenant sur le chantier,
du donneur d’ordre au compagnonartisan comprenne les raisons du
choix des matériaux : si on fait une
étanchéité à l’air, il ne faut pas que
l’électricien fasse un trou dans le
pare-vapeur du charpentier.
Sur ces aspects, une petite
entreprise peut être réactive et faire
comprendre ces enjeux à ses salariés.
Il peut être à la fois intéressant pour
les entreprises et plus rassurant
pour le donneur d’ordres d’avoir un
groupement d’entreprises qui soit
responsable d’un lot complet (pose
des menuiseries avec ossature bois
par exemple), car au moment du
test d’étanchéité à l’air par exemple,
il faut un seul responsable juridique
et technique, même s’il y a plusieurs
entreprises derrière.
Maison du développement - Maure de Bretagne
es obstacles
L
à surmonter
Des donneurs d’ordres qui
ne raisonnent pas suffisamment en
coût global.
Une approche globale en termes
de coût permet de comprendre que la
construction écologique n’est pas plus
chère que la construction classique.
Lorsque la maison n’a pas besoin de
chauffage, ce poste chauffage est en
fait transféré dans la partie isolation.
Des questions de formation
Les architectes ne sont pas
formés à faire de la maîtrise d’œuvre
à l’origine. Au bout de cinq ans
d’études, un architecte n’ayant pas
de formation pratique, la solution est
dans la co-construction avec les différents corps de métiers.
En savoir plus
Le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) a mis en place
le dispositif Pass Innovation. Dans le passé, il y avait d’une part, les modes
constructifs traditionnels déjà éprouvés et donc assurés et d’autre part, les
nouveaux modes constructifs pour lesquels les assureurs pouvaient accorder
une décennale en fonction de ce qui était négocié chantier par chantier. Avec
le Pass Innovation, le CSTB réalise une analyse technique qui permet d’avoir
une assurance sur deux ans sur un matériau ou un mode constructif nouveau.
Le CSTB a organisé très récemment une réunion nationale avec les assureurs.
Des réponses commencent donc à être proposées.
Des questions de responsabilité
et d’assurances
(Monsieur PANHALEUX – CAPEB)
Les organisations professionnelles
se battent pour obtenir les garanties
décennales en éco-construction. Tous
les assureurs ne jouent pas le jeu de
l’éco-construction. Aujourd’hui, des
artisans en éco-construction travaillent
sans garantie décennale. Il faut donc
être très prudent.
Intervenants de la Table Ronde :
L'innovation dans l'organisation
Claire CARTIEAUX :
Coordinatrice de la CADES
Daniel CUEFF :
Maire de Langouët et co-président de
l’association BRUDED
Isabelle JOUAN :
Maître d'œuvre pour Alliance Bois
au Naturel, bureau d’études et de
conseils en habitats écologiques à
haute performance énergétique
Jean-Pierre PANHALEUX :
Président de la CAPEB d’Ille et Vilaine
Eric VAUCELLE :
Chargée du projet d’éco-hôtel de
La Gacilly au sein du groupe Yves
Rocher
35
Conclusions
Conclusion Générale
Claire CARTIEAUX
Je remercie tout particulièrement la MEDEFI de nous avoir invités pour ce travail sur l’éco-construction, pour fédérer
tous les acteurs de ce secteur. Et on voit bien la complémentarité des démarches des uns et des autres. Il faut citer
également la Chambre des Métiers qui s’investit aussi fortement dans ce domaine et sur le Pays de Redon. Il n’y a pas
trop d’acteurs pour œuvrer sur un axe fort pour ce territoire parce que, sincèrement, je pense que non seulement il y a
énormément de potentiel en termes de professionnels localement, mais il y a également de la demande.
Danièle PETITEAU
Pour terminer, je rappelle que, les entreprises comme les élus peuvent
solliciter les intervenants qui ont été invités ce matin. Ils sont autant d’experts
qui représentent des soutiens très importants pour les aider dans le montage
des dossiers, les accompagner dans une réflexion sur un cahier des charges par
exemple. Leurs coordonnées sont dans les dossiers des participants, avec les
éléments techniques et les présentations des structures qu’ils nous ont transmis
et qui constitueront la base de travail pour l’avenir.
Merci de votre participation.
Danièle PETITEAU
36
Discours de clôture
Jean-Claude TROCHET (maire-adjoint de Maure de Bretagne)
« Je suis Jean-Claude TROCHET, maire-adjoint de Maure-de-Bretagne et
Vice-Président de la Communauté de Communes. Je voudrais d’abord excuser
Monsieur CHIRON, le maire, qui ne peut pas être présent aujourd’hui et m’a
demandé d’intervenir à sa place.
Je suis heureux de vous avoir accueillis ici ce matin, dans notre cinéma,
même si j’ai cru comprendre que le maire de Langouët aurait préféré que ça se
passe dehors. Mais si nous avions été sûrs de la météo, peut-être qu’on aurait
pu le faire. A envisager pour une prochaine fois.
Je vous remercie, évidemment, d’avoir consacré votre samedi matin à cette
matinée de réflexion et d’information. Réunir des élus, des chefs d’entreprise,
des artisans, des acteurs économiques, des acteurs de développement et de
formation, est une initiative qu’il faut saluer parce que ce sont, bien entendu, les premiers atouts d’un territoire comme le
nôtre. Les premiers atouts notamment du fait de leur esprit d’initiative et de leur esprit d’entreprise.
Jean-Claude TROCHET
Ce qui est particulièrement intéressant aussi dans la matinée, dans le thème qui a été évoqué ce matin, c’est bien
entendu l’éco-construction et je dirais plus largement, toutes les éco-activités et tout ce qui dépend du développement
durable. Imaginer ensemble un modèle de développement qui soit plus respectueux de la nature, qui n’hypothèquerait pas
l’avenir de la planète, et en premier lieu celui de ses habitants… Madame JOUAN a beaucoup parlé tout à l’heure de santé,
je crois que je la rejoins sur ce point. C’est vraiment un défi formidable pour nous. On a parlé tout à l’heure d’handicap
du territoire mauritanien. Du coup, le territoire mauritanien, qui est certes à l’écart des grandes voies de communication,
pourrait voir justement ses handicaps se transformer en atouts décisifs.
Ce qui est très intéressant dans ce type de développement, c’est que pour réussir, il doit automatiquement remettre
l’humain au cœur de nos préoccupations. On sait tous qu’on a vécu des progrès décisifs ces dernières années, des
progrès en matière technique, mais tout le monde peut constater que cela a engendré une grande déshumanisation.
Alors, revenir à un développement plus respectueux de la nature, plus respectueux de l’humain, c’est certainement une
nécessité. Mais, le maire de Langouët l’a dit tout à l’heure, c’est difficile. Ca peut encore apparaître comme une utopie,
un rêve. Et bien, nous avons tous eu l’occasion de constater que souvent les rêves d’aujourd’hui, ce sont les réalisations
de demain. Donc, pour qu’un rêve puisse vivre, il faut l’entretenir constamment, l’avoir constamment à l’esprit. Je pense
que c’est essentiel. Et surtout, pour que ce rêve se concrétise, il faut le faire vivre ensemble. C’est pourquoi, je forme le
vœu que cette matinée d’information et de réflexion soit suivie d’effets, qu’elle soit suivie d’autres moments de réflexion,
de formations et pour cela, toutes les énergies sont nécessaires. Le chemin est difficile, le chemin est long. Il ne sera
pas toujours semé de roses et là, comme le disait tout à l’heure le maire de Langouët encore une fois, ce n’est pas une
pichenette envers un parti quelconque, tous ceux qui diraient ça seraient vraiment mal intentionnés.
Je vous remercie de votre attention et je vous souhaite une bonne journée. A bientôt. »
37
Ressources documentaires
Titre
Les maitres d'ouvrages
publiques et la
construction bois
Auteurs
Observatoire des
produits Bois
construction en Bretagne
Date de
parution
Où le trouver
Avril 2009
En téléchargement sur http://
www.cellule-eco-bretagne.asso.fr/
Data/PDF/Public/OBS_PBC/OBS_
PBC2009-04.pdf
(La Cellule économique
de Bretagne)
Prix
La rénovation des
logements existants
La Cellule économique
de Bretagne
Mai 2009
En téléchargement sur http://www.
cellule-eco-bretagne.asso.fr/Data/
PDF/Public/ETU/ETU2009-06.pdf
La Maison
des [néga] watts
Thierry Salomon et
Stéphane Bedel
Août 1999
Expédié et vendu
par Amazon.fr
11,44 e
La conception bioclimatique : Des maisons
économes et confortables
en neuf et en réhabilitation
Jean-Pierre Oliva et
Samuel Courgey
Mai 2006
Expédié et vendu
par Amazon.fr
33,25 e
Le guide de l’habitat sain
Suzanne DEOUX
Octobre
2004
MEDIECO Editions - E-mail :
[email protected]
38 e
Développement économique et environnement :
quelle place pour
les TPE et PME
Etude ACFCI (Assemblée
des Chambres Françaises de
Commerce et d’Industrie).
Octobre
2008
En téléchargement sur
http://www.acfci.cci.fr/environnement/documents/Etude_
InNumeri_Oct08.pdf
N° 127
novembre
2008
En téléchargement sur
http://www.ifen.fr/uploads/media/
de127.pdf
Réalisée par In Numeri
Croissance soutenue
de l'activité des éco-entreprises entre 2004 et 2007
IFEN
Guide de l’urbanisme et de
l’habitat durables
Pays de Rennes
Logements à faible
besoin d’énergie : Guide
de recommandations et
d’aide à la conception
Cabinet Olivier SIDLER
pour la Région RhôneAlpes et l’ADEME
Mars 2000
En téléchargement sur
http://www.enertech.fr/docs/
Guid1_95.pdf
Construire et rénover :
les éco-matériaux
débordent d’atouts
La Revue durable
N° 34
été 2009
En kiosque ou sur le site de la
revue : http://www.larevuedurable.
com/form_numeros.php
10 e
INNOVATIONS :
panneaux bois
et composites
BATIR SAIN : maladie
d’Alzheimer, pour une
architecture
« aide-mémoire »
EcologiK
N°10
août 2009
En kiosque ou sur le site de la
revue : http://www.avivre.net/archi_
ecologik/
10 e
CRES
Novembre
2008
Document en vente
à la CRES Bretagne
Pour plus d'informations :
www.cres-bretagne.org
10 e
Recueil d'expériences :
Eco-construction
et Eco habitat
A consulter sur http://www.
paysderennes.fr/guhd/
Retrouvez toutes ces informations et plus encore sur le site www.medefi.fr
38
Liste des sigles
ADEME
ACFCI
AFCOBOIS
ANPE
BBC
BRUDED
BTC
CADES
CAP
CAPEB
CBE
CCEF
CCI
CNCP
CRES
CSTB
DRTEFP
DTU
FEEBAT
FFB
GIP
GRETA
HLM
HQE
IFEN
KWH
MEDEFI
MFP
OFECO
PME
PTZ
PVC
RNCP
RT 2012
SMIC
TPE
TVA
URSCOP
Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie
Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie
Association Française des COnstructeurs BOIS
Agence Nationale Pour l'Emploi
Batiment Basse Consommation
Bretagne Rurale Urbaine et Développement Durable
Brique de Terre Comprimée
Coordination des Acteurs de l'Economie Sociale
Certificat d'Aptitude Professionnelle
Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment
Comité de Bassin d'Emploi
Comité de Coordination de l’Emploi Formation
Chambre de Commerce et d'Industrie
Commission Nationale des Certifications Professionnelles
Chambre Régionale de l’Economie Sociale
Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
Direction Régionale du Travail, de l'Emploi et de la Formation Professionnelle
Documents Techniques Unifiés
Formation des entreprises et artisans du Bâtiment aux économies d'énergie
Fédération Française du Bâtiment
Groupement d'Intérêt Publique
Groupement d'Etablissements pour la Formation Continue
Habitation à Loyer Modérée
Haute Qualité Environnementale
Institut Français de l'Environnement
Kilo Watt Heure
Maison de l'Emploi, du Developpement, de la Formation et de l'Insertion
Maison de la Formation Professionnelle
Fédération Nationale des Organismes de Formation
professionnels en l’Eco-Construction
Petite et Moyenne Entrepises
Prêt à Taux Zéro
Polychlorure de vinyle
Registre National des Certifications Professionnelles
Réglementation Thermique applicable en 2012
Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance
Très Petite Entreprises
Taxe sur la Valeur Ajoutée
Union Régionale des Sociétés Coopératives Ouvrières de Production
39
Annexe 1
Programme de la Matinée éco-construction du 13 juin 2009
à Maure de Bretagne
Accueil
par le Président Pierre-Yves REBOUX
Panorama et contexte de l’éco-construction
• Les enjeux de l’éco-construction (énergie, gaz à effets de serre), définitions, analyse du bilan carbone et impact économique local (notamment en termes d’emplois)
• Les intervenants :
- Hervé DANIEL de Créativ sur les enjeux et les outils d’accompagnement des entreprises.
- Samuel TIGER de l’Espace Info Energie sur la définition et les objectifs de l’éco-construction (impacts santé et
environnement sur toute la chaîne : de l’extraction du matériau, à sa fabrication, distribution, mise en œuvre, vie
du matériau, sa destruction et son traitement en fin de vie), l’analyse du bilan carbone et impact économique local
(notamment en termes d’emplois).
- Danièle PETITEAU : les différents modes constructifs dans l’éco-construction. Exemple du segment ossature bois
(mode constructif plus facilement industrialisable) et évolution des chiffres d’affaires sur les différents segments et
place des PME et TPE.
Table ronde Formation
• Comment adapter les circuits de formation aux besoins des entreprises en éco-construction
• Intervenants :
- Témoignage de l’entreprise CARDINAL sur la mise en place des formations en interne
- La formation continue mise en place par les organisations professionnelles: Intervention de Monsieur Pierrick COLLET
de la FFB
- L’offre de l’Education nationale en formation initiale et en formation continue : Interventions de Philippe BEUCHOT,
proviseur du lycée BEAUMONT et de Claude LE DILY, référent académique formation continue sur le bâtiment et le
développement durable.
- Une offre de formation spécialisée en éco-construction : Interventions d’Eric ROGER de Noria et Compagnie et du
Président d’OFECO
- Le rôle de la Région en matière de formation : Interventions de Marie CHEVALIER et Nathalie GUIDOUX du Conseil
Régional de Bretagne
Table ronde Commande Publique
• La place de la commande publique dans le décollage de la filière éco-construction. Le témoignage d’un élu. Les outils
mobilisables.
• Les intervenants :
- Samuel TIGER du Point Info Energie : les chiffres de ce marché émergent, le rôle du conseil en énergie partagée en
appui aux décideurs. Aides publiques et grille d’éco-conditionnalité
- Le rôle des maires pour impulser une dynamique locale : témoignage d’un élu de l'association BRUDED : Daniel
CUEFF, Maire de Langouët
- Quels indicateurs pertinents à la disposition des élus ? : Erwan GALLET d’ENVIROBAT : le Grenelle de l’Environnement, les normes pour les constructions de la RT 2012, et les labels nationaux reconnus (Effinergie)
Table ronde Innovation dans l’organisation
• Le pays au cœur d’un processus d’innovation par un travail en réseau avec les clusters, les fédérations qui innovent en
matière d’organisation et les initiatives de l’économie sociale et solidaire
• Les intervenants :
- L’innovation organisationnelle au cœur du travail de la CAPEB: Jean-Pierre PANHALEUX
- Le rôle des architectes et maîtres d’œuvre (innovation organisationnelle et innovation technologique) : témoignage
d’Isabelle JOUAN, maître d'œuvre bioconcepteur
- Le rôle de donneurs d’ordre privés dans le processus d’innovation : Témoignage d’Eric VAUCELLE sur l’éco-hôtel du
groupe Yves ROCHER
- Des initiatives collectives porteuses d’innovation : Intervention de Claire CARTIEAUX sur les initiatives locales et les
circuits courts avec la CADES : le rôle de l’économie sociale et solidaire
40
Annexe 2
41
Annexe 3
42
43
Annexe 3
44
Annexe 4
Document de 8 pages téléchargeable sur www.medefi.fr
45
Annexe 5
46
47
Annexe 6
Document de 8 pages téléchargeable sur www.medefi.fr
48
Annexe 7
Document de 4 pages téléchargeable sur www.medefi.fr
49
Annexe 7
50
Retrouvez tous les actes et documents
distribués le 13 juin en téléchargement
sur www.medefi.fr
Crédits Photos :
Bruno Chanteloup / architecte - Multi-accueil de Redon
Entreprise Cardinal
Noria et Compagnie
Communauté de communes de Maure de Bretagne
MEDEFI
Créativ
Espace Info Energie
Lycée Beaumont
Communauté de communes du Pays de Redon Bruno Servel / BRUDED
Envirobat infos
Pygmalion Rennes
Le développement économique
au sein de la MEDEFI
Le Comité d’Initiative Stratégique (CIS)
Instance de définition des orientations stratégiques pour le développement économique du territoire, le CIS a été
mis en place dans le cadre de la MEDEFI le 12 janvier 2009.
Les membres constitutifs :
- Le Sous-Préfet de Redon,
- Le Président de la MEDEFI,
- Les Présidents des cinq Communautés de Communes du Pays de Redon et Vilaine,
- Le Conseiller Régional, élu référent du territoire.
Le CIS a été élargi à compter de juin 2009 :
- Aux trois Conseils Généraux,
- Aux Chambres Consulaires,
- A différents services de l’Etat (DRIRE, DRCE, DRCA).
L’équipe de la MEDEFI est également mobilisée depuis janvier 2007 sur le développement économique avec :
- Une coordinatrice en charge du développement économique,
- Une chargée de mission «Création d’activité»,
- Une chargée de mission et une chargée d’études «Observatoire».
Par ailleurs, des compétences complémentaires seront associées dans le cadre d’un groupe «Ressources» afin de
développer les relations avec les entreprises du territoire. Ce groupe sera constitué de personnes issues des Chambres
Consulaires, des EPCI, du GIP Pays de Redon et Vilaine, des Agences de développement économique...
Contact
Danièle PETITEAU
MEDEFI - 7 rue Saint Conwoïon - 35600 REDON
Tél. 02 99 72 31 21 - [email protected]
Documentation
Retrouvez tous les actes et documents distribués le 13 juin
en téléchargement sur www.medefi.fr
02 99 14 37 65
Depuis avril 2009, une chef de projet «Mutations industrielles» est mise à disposition de la MEDEFI par le GIP Pays
de Redon et Vilaine.
Imprimé sur papier recyclé.
Des compétences et des ressources
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