Long terme - UTC

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Mini-Mémoire DD01
Agathe MERTZ GSU04
L’expérience réplicable ;
notre action pour un « Développement Durable ».
Problématique :
Comment peut-on envisager une action marquante globale des parties prenantes pour un impact
réel de « Développement Durable » au sein des différentes échelles de temps et d’espace ?
En quoi l’expérience réplicable pourrait-elle être une solution ?
Les interventions :


Le Biomimétisme, une idée pour orienter les recherches :
- [A] « Le biomimétisme et les réalisations industrielles et organisationnelles », Alain
RENAUDIN, NewCorp Conseil – CEEBIOS  Vision Top-Down
- [B] « Design, Biomimétisme et Développement Durable », Guillian GRAVES, Designer
 Vision Bottom-Up
L’Éco-construction, une initiative de Développement Durable à plus grande échelle ?
- [C] « L’éco-construction, un projet d’entreprise », Hervé PIAULT, Acroterre
 À plus grande échelle
Dialogiques structurantes :
-
Local / Global – Petite échelle / Grande échelle  Expérience réplicable
Court terme / Long terme  Priorité pour aujourd’hui mais aussi pour demain
Individuel / Collectif  Décadrer sa propre vie personnelle et Encourager les actions publiques
Micro / Macro
+ les 4 dimensions du Développement Durable : Économie, Écologie, Social Et Gouvernance
Parties prenantes :
Les habitants de la planète Terre  Chacun individuellement + coopération
Les dirigeants / politiques sur la planète Terre  Décisions pour tous
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I. Objectifs / Introduction
Dans un contexte d’épuisement des ressources et de dégradation globale de
l’environnement naturel, la Terre se porte mal. Cela est dû à l’activité humaine et on comprend
qu’une démarche de « Développement Durable » est donc nécessaire pour limiter ces impacts.
Cependant, c’est en réalité sur l’« Humain » que portent les enjeux d’une telle démarche. En effet,
ce n’est pas la planète Terre qui est véritablement en danger, mais l’« Espèce humaine ». La
planète est certes impactée par nos actions et subit des pertes importantes au niveau des
ressources naturelles dont elle dispose et de sa biodiversité ; mais elle saura se remettre du
passage de l’espèce humaine après notre disparition. Comme disait Lavoisier, « Rien ne se perd,
tout se transforme », la Terre retrouvera alors un équilibre, même si celui-ci sera probablement très
différent de ce qu’il est depuis des milliers d’années. C’est alors dans notre intérêt, et afin de
prolonger l’existence de l’« Humain » sur Terre tout en ce qu’elle reste « vivable », que nous devons
parvenir à faire changer les choses. Pour cela, il faut tout d’abord prendre conscience des
problèmes qui existent (« Pourquoi ») et des possibilités d’action (« Et si ? »), ainsi que de la
manière d’agir (« Quand » et « Comment »)
 On ne s’intéresse ici non pas à la question de la pollution et de son impact sur notre santé,
telles que les mutations sur le génome impactant de nombreuses personnes, mais à une
interrogation à plus long terme et à plus grande échelle, concernant la survie de l’espèce humaine
dans son environnement où les ressources (nourriture, énergie) diminuent. Il s’agit alors de se
questionner sur ce que l’on peut faire pour limiter réellement notre impact sur l’environnement.
Objectif : Au travers de l’étude des différentes dialogiques / paradoxes que ce sujet
comporte, l’objectif est de déterminer des méthodes et ensembles d’idées de possibles et d’en
détacher des PRIORITÉS d’action.
II. Les interventions
II.1. Premières interventions : Le Biomimétisme, une idée pour orienter les
recherches
[A] « Le biomimétisme et les réalisations industrielles et organisationnelles », Alain RENAUDIN, NewCorp
Conseil – CEEBIOS  Vision Top-Down
[B] « Design, Biomimétisme et Développement Durable », Guillian GRAVES, Designer  Vision Bottom-Up
Le concept de « Biomimétisme » se fonde sur le principe que l’arrivée de l’Homme sur Terre
est très récente (31 décembre à 23h30), et qu’il ne peut donc pas prétendre détenir toute la
connaissance et les techniques améliorées mises au point par la Nature depuis 3,8 Milliards
d’années. C’est la raison pour laquelle, dans un contexte de crise économique et écologique, et où
les choses doivent nécessairement évoluer si on veut essayer de s’en sortir au moins pire,
l’utilisation de ces modèles présents dans la Nature se montre être une technique judicieuse
apportant de l’efficacité dans nos avancées technologiques.
C’est pourquoi plusieurs interventions de ce séminaire DD01 2016 ont porté sur la question du
« biomimétisme ». Je m’intéresserai particulièrement à celles de Alain RENAUDIN [A] et celle de
Guillian GRAVES [B].
La première [A] présente les actions du CEEBIOS, Centre Européen d’Excellence en
Biomimétisme de Senlis, qui « a pour but de favoriser les échanges et la coopération entre des
scientifiques, des équipes de Recherche & Développement de grands groupes industriels, des
ingénieurs, des start-ups spécialisées, des enseignants et des étudiants. » (Source :
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http://ceebios.com), au travers d’une approche « Top-Down » (Approche descendante), où il s’agit
de s’inspirer de ce qu’on observe dans la Nature afin de repenser nos technologies.
Par exemple, les falaises de calcaire sont formées de Carbonate de Calcium (CaCO3),
substance issue de CO2. Cela a alors inspiré une technique permettant de limiter les importants
rejets de CO2 du secteur de l’industrie ; il s’agit de capter le CO2 des centrales à combustibles
fossiles et des installations industrielles et de le transformer en ciment de CaCO3, comme les
falaises ; cela constituerait alors un nouveau matériau de construction [A]. Le Groupe
Intergouvernemental d'Experts sur l'évolution du Climat (GIEC) estime que 30 % à 40 % des
émissions de CO2 de l'industrie pourraient être évitées dans l'atmosphère en quelques
décennies. Bien que la mise en place d’un tel dispositif n’ait pas encore pu voir le jour en France [7],
cette technologie montre que l’observation de la Nature permet de mettre en place des nouveaux
moyens pour répondre à nos enjeux majeurs actuels, à grande échelle.
On peut également noter l’exemple du Shinkansen, ce train à grande vitesse dont les performances
ont été améliorées par la forme des motrices inspirée du bec du Martin-Pêcheur. C’est donc la
Nature qui permet d’améliorer un objet existant. C’est l’approche qui est privilégiée par la
deuxième intervention choisie, celle de Guillian GRAVES [B].
Dans cette intervention, Guillian GRAVES privilégie une approche « Bottom-up » (Approche
ascendante), qui consiste à « Faire émerger des théories de la pratique ». Aussi, il reprend des
objets de notre quotidien et questionne leurs impacts environnementaux (consommation d’énergie,
d’eau, rejet de CO2) qui, lors de leur usage, sont non négligeables à l’échelle de leur fréquence
importante d’utilisation. Il interroge alors les différents postes de dépense environnementaux de ces
objets, à l’instar de la bouilloire électrique. L’objet est d’en développer une « éco-conception ».
On constate alors que la partie « usage » de cette bouilloire consomme 80% de l’énergie sur la
durée totale du Cycle de Vie de cet appareil (de la fabrication jusqu’à la fin de vie). Le principe est
donc de s’interroger sur les éléments dépensiers lors de l’usage. Chaque point est ensuite étudié du
point de vue des concepts bio-inspirés de la Nature, à partir d’espèces, principes, fonctions,
mécanismes du vivant. Ainsi, la bouilloire nécessiterait d’optimiser sa chauffe, ainsi que de contrôler
sa température et son niveau d’eau, tout en assurant sa bonne isolation thermique et mécanique.
Ce sont les termitières –présentant un système de chauffe optimisé–, le nautile –capable de
contrôler le niveau d’eau–, ou encore l’ours polaire et le toucan –présentant des techniques
d’isolation thermique et mécanique– qui ont été sélectionnées, aboutissant alors à un nouvel
appareil « éco-conçu », la « bouilloire Nautile ».
Tension :
Ainsi, le biomimétisme permet des améliorations technologiques considérables grâce la
« simple » observation de la Nature. Toutefois, on peut se questionner sur notre possibilité de
trouver en si peu de temps (à notre échelle de temps) les subtilités et évolutions que la Nature a
mis 3,8 Milliards d’années à mettre en place ; et on peut aussi se demander si, devant les enjeux
actuels, on peut raisonnablement se permettre de passer quatre années à améliorer un petit objet,
alors que d’autres éléments sont beaucoup plus impactants.
Cependant, l’encouragement de la recherche –comme sur le biomimétisme– conduit à des
progrès potentiels et permet des découvertes par sérendipité, d’une façon se rapprochant de
l’innovation frugale [2], qui consiste à « Parvenir à faire plus avec moins », à partir d’une
découverte apparue à l’issue d’un concours de circonstances. Aussi, les innovations technologiques
actuelles permettent de produire et utiliser l’énergie de façon plus efficace et sur des domaines
variés, tels les objets du quotidien mais aussi les moyens de transport (Shinkansen). Toutefois, elles
requièrent elles-mêmes de l’énergie et des matières premières disponibles en quantités limitées.
De plus, l’exemple de Guillian GRAVES d’objet « éco-conçu » (comme la bouilloire) est
ingénieux mais s’avère aussi sophistiqué par rapport à ce à quoi il représente : en effet, l’aspect
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« usage » est le plus consommateur d’énergie pour cet objet, mais cela est limité en comparaison
des consommations des autres secteurs, comme le montre la Figure 1 ci-dessous :
Figure 1 représentant la Répartition sectorielle de la consommation finale énergétique
en France en 2012 (Données corrigées des variations climatiques, en %)
Source : Service de l'Observation et des Statistiques (SOeS), Ministère de l’Environnement,
de l’Énergie et de la Mer
Sur la Figure 1, on constate que c’est le secteur du transport qui consomme le plus, ainsi que le
résidentiel Puis l’industrie et le tertiaire.
Nous allons alors étudier le cas des bâtiments (« résidentiel » notamment), qui présentent un
impact plus global par rapport à nos enjeux actuels.
II.2. Deuxième intervention : L’Éco-construction, une initiative de Développement
Durable à plus grande échelle ?
[C] « L’éco-construction, un projet d’entreprise », Hervé PIAULT, Acroterre
Dans le secteur des bâtiments, on distingue deux types de consommation d’énergie : lors de
la construction et au cours de l’utilisation.
Selon l’Agence Locale de l’Énergie de Lyon, une maison moyenne actuelle a une énergie
grise de 700 000 à 1 million de kWh, ce qui représente la consommation de 50 ans d’utilisation. La
construction est donc un facteur important de consommation d’énergie –notamment du fait des
techniques employées sur les chantiers, ainsi que des matériaux utilisés qui sont polluants et
viennent souvent de loin– et c’est sur ce constat que se base l’action de Hervé PIAULT [C], qui
développe l’« éco-construction ».
L’« éco-construction » vise à consommer peu d’énergie grâce à des matériaux naturels à faible
empreinte écologique –non transformés, potentiellement éphémères, mais surtout locaux et qui
dépendent donc de la localisation de la construction, qui ne pourra être en bois que s’il y a des forêts
à proximité, ou alors en pierre comme le pisé dans le Beaujolais– et une conception bioclimatique.
Cette démarche commence lors de la conception du bâtiment, qui doit prendre en compte
notamment les stratégies « du chaud » et « du froid ». La première consiste à capter le maximum
d’énergie par les rayons solaires et de la stocker pour mieux la redistribuer, la seconde a pour but
de limiter les surexpositions en protégeant des rayons, notamment l’été, et de réguler ainsi la
température au travers d’une dissipation naturelle des flux d’air et de chaleur ; une bonne isolation
thermique est la base d’un bâtiment « éco-conçu ».
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Il s’agit alors de développer ce type de bâtiment, et de construction. Toutefois, cette
démarche se heurte à plusieurs difficultés. Ces dernières sont notamment dues au fait de l’aspect
encore marginal de l’« éco-construction ».
Ainsi, le coût d’une éco-construction est plus important qu’une construction classique. Il faut donc
une réelle volonté et une réelle éthique environnementale pour choisir cette solution.
De plus, il y a de nombreux lobbies dans le secteur du bâtiment, qui sont par exemple en France
historiquement portés sur le minéral et la pétrochimie. Et ce sont ces lobbies qui incitent à fixer les
certifications et règles pour les assurances. De ce fait, une construction en matériaux durables
n’entre pas dans le cadre de ces règles, et ne conduit pas à faire augmenter le PIB de l’État, État
qui ne voit alors pas de bénéfice visible à cette démarche d’éco-construction. Il n’en favorise alors
pas le développement.
En outre, il y a en France une sous-estimation du « couple énergie », qui conduit à ce que le
travail humain soit beaucoup plus cher que le travail mécanique. Les travaux sur chantiers sont
donc réalisés par des pelleteuses permettant une action plus rapide et moins chères (jusqu’à 10 à
100 fois moins)… mais beaucoup plus énergivores… Cela est paradoxal, surtout lorsqu’on note que
ce coût bas de l’énergie est artificialisé par l’importante présence du nucléaire en France.
C’est ainsi que, dans ce contexte où le secteur du bâtiment doit se développer en terme de
Développement Durable, mais où la confiance et la compétence en la main-d’œuvre humaine et en
de matériaux nouveaux est oubliée au profit de raisons purement économiques, il est nécessaire de
développer les connaissances de chacun sur ces démarches durables en évolution.
Tension :
Ainsi, un bâtiment « éco-construit » possède un impact environnemental de plus grande
échelle que de petits objets « éco-conçus » chacun séparément. Cependant, le secteur de l’« écoconstruction » est encore très minoritaire dans le domaine de la construction.
De plus, les progrès techniques exposés en II.1. et II.2. présentent des limites. En effet, on
note que posséder des objets plus efficaces énergétiquement peut conduire à les utiliser davantage,
et à moins veiller à son propre impact environnemental. Concernant ce paradoxe, on peut citer le
cas des nouveaux iPhones qui, « plus respectueux de l’environnement lors de leur production » sont
alors vendus en nombres encore plus conséquents, induisant au final davantage de pollution…
Mais cela concerne aussi les bâtiments : un bâtiment éco-conçu et éco-construit permet de grosses
économies environnementales ; cela lors de sa construction mais aussi lors de son utilisation.
Les besoins en chauffage sont par exemple faibles voire nuls dans le cas des Bâtiments à Énergie
POSitive (BEPOS) (« maisons passives »). Cependant, de par cette singularité énergétique du
bâtiment, les occupants pensent pouvoir négliger leur vigilance par rapport à l’utilisation d’autres
éléments sources de consommation d’énergie. Par exemple, il y a une multiplication des appareils
électriques, tels le numérique (télévisions, ordinateurs, téléphones) avec des écrans de plus en plus
grands, ou encore l’éclairage manuel qui reste allumé sans nécessité. Également, de tels bâtiments
nécessitent un entretien spécifique, donc des compétences associées et surtout un suivi régulier ;
cela n’étant en pratique pas toujours effectué. Finalement, dans ces conditions, même les BEPOS
consomment de l’énergie…
On comprend alors que l’implication des personnes est primordiale pour Tout changement
environnemental réel. Une action, même à sa petite échelle, mérite d’être menée. Mais elle doit
impliquer des parties prenantes dans une posture organisationnelle, même si cette dernière est
elle-même petite.
Aussi, le secteur de l’« éco-construction » est aujourd’hui minoritaire dans le domaine de la
construction. Mais, comme le disait Jacques ELLUL, sociologue français, il s’agit de « Penser
global et [d’]agir local ». Ainsi, il serait nécessaire de développer les initiatives individuelles, mais
aussi de les encourager par les collectivités locales publiques.
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III. Pistes de réflexion par rapport à la tension : l’expérience réplicable
Comment peut-on envisager une action marquante globale des parties prenantes pour un impact
réel de « Développement Durable » au sein des différentes échelles de temps et d’espace ?
En quoi l’expérience réplicable pourrait-elle être une solution ?
Nous avons donc vu que différentes actions existaient dans le but d’améliorer nos
technologies afin d’évoluer dans un environnement davantage « Développement Durable ». Tout
d’abord, nous avons évoqué l’approche biomimétique, qui apporte des éléments efficaces mais dont
l’impact se porte pour l’instant surtout à petite échelle. Puis, nous nous sommes questionnés sur
un secteur ayant un impact plus conséquent sur l’environnement : celui des bâtiments. Plus
particulièrement, la construction étant un élément énergivore dans le cycle de vie d’un bâtiment,
nous nous sommes intéressés au développement de l’« éco-construction ».
Celle-ci est encore très minoritaire aujourd’hui dans le domaine de la construction, mais c’est à
partir d’initiatives de faible ampleur que s’opèrent les grands changements sur le long terme.
Ainsi, tout produit est source d’impact. Toutefois, ce n’est pas sur l’impact individuel de
chaque produit qu’il faut se concentrer, mais il faut regarder à plus grande échelle.
A cet effet, on peut faire le parallèle avec les ressources énergétiques : la valeur énergétique de
l’Uranium (116 000 kWh/kg) est beaucoup plus grande que celle des déchets ménagers (0,3-0,5
kWh/kg), pourtant les « gisements » en déchets ménagers sont plus importants que ceux en
Uranium. C’est donc le gisement qu’il faut voir, et non seulement ce que l’on voit localement : si on
est seul à consommer, les ressources disponibles sur Terre sont largement suffisantes, mais nous
sommes justement de plus en plus nombreux. C’est pourquoi les déchets ménagers, malgré leur
faible valeur énergétique, renferment en réalité un énorme potentiel.
Toute situation doit ainsi être abordée à plus grande échelle, et cela implique de se tourner
vers les autres. Comme l’indique Gilles LE CARDINAL [3], une situation portant sur un sujet « A »
relève en fait aussi d’interférences « B » et « C », qu’il faut également prendre en compte si l’on
veut « optimiser » « A ». C’est alors qu’il ne faut pas raisonner en terme de solution « optimisée »
pour la partie « A », mais de solution « satisfaisante » pour le tout « A + B + C + … », obtenue suite
à une coopération entre ces différentes parties.
Afin de continuer le parallèle, on peut reprendre le cas de la démarche de Guillian GRAVES [B], qui
s’attardait sur le développement des performances énergétiques des petits objets, et conclure qu’à
long terme elle s’avère louable et tout de même potentiellement impactant sur l’environnement
malgré cette petite taille des objets et le temps relatif mis à développer cet objet amélioré. En effet,
si chacun investit dans cette bouilloire éco-conçue ET en fait bon usage, cet objet « sophistiqué »
peut réellement contribuer à limiter des consommations d’énergie.
C’est alors que se pose la question de l’impact de chaque personne dans le processus
environnemental global. En tant que concepteur, il est nécessaire de questionner en permanence
ce que l’on fait, et c’est l’objet de ce qui est développé dans les interventions évoquées ci-dessus
([A], [B] et [C]). Mais en tant que citoyen, il est aussi nécessaire de le faire. Et cela passe par un
engagement de chacun, à son échelle, et ce même si l’impact semble minime par rapport à une
échelle plus grande. En outre, cet engagement doit être encouragé par les collectivités locales.
Ainsi, tel que le présente Virage Énergie, association menant des réflexions et études pour
des alternatives énergétiques [5], face aux nombreux enjeux actuels, et notamment climatiques, il
s’agit de changer nos comportements. Cela passe effectivement par des initiatives individuelles
mais aussi politiques plus globales.
Concrètement, voici quelques chiffres : 71% de l’énergie consommée dans les bâtiments en NordPas de Calais correspond uniquement au chauffage (Source : Virage Énergie 2013, d’après
NORENER, 2010 et négaWatt, 2011) ; la majorité des déplacements intra-urbains de moins de 3
kilomètres se font majoritairement en voiture, bien qu’elle ne soit pas la plus économique ni la plus
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rapide, et il y a en moyenne 1,4 personnes par voiture alors que ces dernières comportent ont 4 ou
5 places (Source : CGDD, 2010) ;41% des produits consommés à base de viande, poissons et
légumes sont transformés (Source : INSEE, 2008).
L’objectif général est alors de limiter les consommations d’énergie.
- Individuellement, cela passe par une utilisation plus responsable de ce dont on dispose.
Pour le chauffage, on peut par exemple diminuer la température moyenne intérieure de son
logement à 19°C et compenser éventuellement en s’habillant plus chaudement. On peut aussi
décider de manger des aliments locaux et moins emballés, ou encore de se déplacer davantage en
vélo ou en covoiturant.
- Au niveau des autorités et des orientations politiques, cela passe par une sensibilisation
à ces sources de consommation d’énergie (comme au travers de la diffusion de travaux tels que
ceux de Virage Énergie [5]), mais aussi à la modification de lois obsolètes (telle celle interdisant la
commercialisation des carottes tordues), ou à l’action sur les coûts des matériaux et énergies
(l’objectif étant de faire lier le prix des énergies et la pollution engendrée, afin de limiter les
contraintes rencontrées par exemple par l’éco-construction qui ne peut aujourd’hui pas concurrencer
les chantiers avec pelleteuses mécaniques), ou encore le développement des réseaux de transports
en commun, facilitant les déplacements des personnes et les incitant alors à changer leurs modes
de vie. Finalement, les actions politiques peuvent encourager le renouvellement des logements,
prioritairement ceux datant d’avant la RT 1974 (Première Règlementation Thermique de 1974) –en
encourageant aussi le développement des logements collectifs et la coopération, tels les immeubles
avec un local commun pour les machines à laver–. Cela peut se faire au travers de financement ou
d’aide aux particuliers.
 Globalement, il s’agit alors de parvenir à modifier les besoins individuels (ne sommes-nous
pas trop exigeants sur des points qui ne nous apportent même pas forcément de bien-être
significatif et suffisant ?), mais aussi les normes sociales.
Concernant l’intérêt d’un financement par l’État de démarches environnementales :
On note que les matériaux utilisés dans le cadre de l’éco-construction (II.) ont une durée de
vie plus courte que les matériaux habituels et minéraux, ce qui nécessite un entretien plus
conséquent mais aussi un renouvellement plus fréquent du patrimoine bâti. Cela engendrerait alors
à long terme des investissements supplémentaires afin d’assurer la pérennité de ces bâtiments,
que même une grande volonté d’action ne pourrait pas forcément assurer (les moyens financiers ne
pouvant pas suivre), et qui constituerait alors un facteur limitant du développement de cette écoconstruction. Toutefois, le renouvellement conséquent du patrimoine immobilier à grande échelle
(échelle nationale par exemple, et donc encouragée par les collectivités) ainsi que les actions
complémentaires d’entretien plus régulier sur de tels bâtis engendreraient la création, et la
continuité dans la durée, de nombreux emplois. Cela serait un point social important du processus
et entretiendrait alors l’économie du pays, tout en agissant au niveau environnemental ; le
développement de l’éco-construction semble donc répondre à une démarche de Développement
Durable. De plus, concernant les bâtiments non encore vétustes et où seuls des travaux d’isolation
sont pour l’instant prioritaires, ces travaux représentent tout de même de gros montants ; mais, sur
le long terme, ils permettent d’importantes économies d’énergie. Là aussi, un investissement (voire
un appui supplémentaire de la part de l’État) semblerait bénéfique.
Finalement, c’est au niveau global et sur le long terme qu’il faudra conclure quant à
l’intérêt, pour tous, de développer de telles démarches environnementales comme l’écoconstruction ; mais en attendant, rien ne se fera sans l’implication de parties-prenantes dans un
tel processus…
Au sujet des énergies renouvelables, le coût d’investissement peut paraître élevé et
nécessite de s’assurer de la possibilité d’amortissement sur le long terme. Pour autant, produire
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localement l’énergie est aussi un moyen pour les citoyens d’être davantage sensibilisés à un sujet
dont ils ont été longtemps éloignés. Le développement local des énergies renouvelables, telles que
l’éolien, est donc aussi un moyen de mobilisation citoyenne, ce qui est une composante
essentielle de la réplicabilité des actions.
Ainsi, selon les préconisations de Virage Énergie [5], il s’agirait de développer les services
partagés plutôt que la propriété, d’encourager la mobilité économe plutôt que le culte de la vitesse,
ou encore de promouvoir les activités gratuites plutôt que le travail salarié.
De façon générale, la meilleure solution et moyen d’action à développer correspond alors à la
« Sobriété ».
Bilan : C’est ainsi que :
Les produits sont de plus en plus performants énergétiquement ; ils s’adaptent dans une
démarche d’EFFICACITÉ. Mais on constate par exemple que 1/3 des ressources en terres rares sur
Terre sont dans nos appareils électroniques et nos déchets ; elles sont donc en voie de raréfaction
voire disparition. De ce fait, le développement de la performance des objets apporte de l’efficacité
mais présente aussi des limites. Ce n’est donc pas seulement à nos objets d’être plus performants,
mais aussi et surtout à nous de changer. En effet, dans de telles conditions les appareils ne
pourront plus éternellement être fabriqués, mais aussi ce sont nous les utilisateurs de ces objets et
qui déterminent l’issue de ces derniers ! Il s’agit alors d’entrer dans une démarche de SOBRIÉTÉ. Il
nous faut adopter de nouveaux comportements, et nous adapter à ceux-ci. Cela demande un effort
mais qui est possible avec de la volonté (Après tout, on s’est bien adaptés à l’arrivée du téléphone
portable, qui a pourtant profondément changé nos modes de vie…)
La sobriété consiste à changer nos comportements, par opposition aux stratégies se basant
uniquement sur l’amélioration technique de nos produits. Elle est possible grâce à une action
individuelle de chacun mais aussi à la coopération. Ainsi, la démarche d’un Développement Durable
s’avère complexe, car prenant en compte différents facteurs mais aussi différents acteurs [3].
Cette implication des parties prenantes et du développement de cette démarche de sobriété
est intégrée au concept d’économie circulaire, qui consiste à « produire des biens et services tout
en limitant fortement la consommation et le gaspillage des matières premières, et des sources
d'énergies non renouvelables » (Source : Wikipédia)
On a vu la partie production d’un produit, avec l’éco-conception (voire conception bioclimatique
pour les bâtiments) et un approvisionnement durable en matériaux et énergie. (Dans le schéma de
l’économie circulaire proposé par l’ADEME [8] –voire Figure 3 en annexes–, cela correspond à
« l’offre des acteurs économiques »). Mais l’économie circulaire se fonde aussi au niveau de la
« demande et du comportement des consommateurs » [8], qui devraient privilégier une
consommation responsable (limitation de l’achat, consommation collaborative) mais aussi un
allongement de la durée d’usage (réemploi, réparation, réutilisation). Finalement, les produits en fin
de vie doivent être recyclés dans le cadre de la « gestion des déchets », troisième domaine d’action
de l’économie circulaire [8] ; là aussi les parties prenantes « utilisateurs » ont un rôle à jouer.
Finalement, la marche à suivre est résumée par l’association négaWatt [6], –dont le nom
signifie « la puissance ‘’en moins’’ », la puissance économisée par un changement de technologie
ou de comportement (Le watt étant une unité de puissance énergétique.) –. La Figure 2 (voir en
Annexes) récapitule la démarche englobant Efficacité, Renouvelable mais aussi Sobriété.
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IV. Conclusion
Finalement, en complément de la Figure 2 de la démarche de l’association négaWatt [6],
j’effectuerai alors un bilan plus général :
Micro /
Macro
Court terme /
Long terme
Figure 4 bilan représentant l’engagement des parties prenantes au sein du cycle de vie des produits
et de leur évolution vers une démarche environnementale.
- Selon la définition du WBCSD (World Business Council for Sustainable Development ;
groupement qui peut faire débat du fait qu’il soit constitué de firmes pouvant correspondre aux
lobbies cités plus haut, dans le II., mais dont les concepts peuvent tout de même être intéressants),
l’éco-efficacité consiste à « offrir des biens et des services à des prix compétitifs qui répondent aux
besoins des hommes et leur apportent une qualité de vie, tout en réduisant progressivement les
impacts environnementaux et la quantité des ressources naturelles nécessaires tout au long du
cycle de vie des produits ».  Il s’agit de la partie efficacité énergétique et technologique, avec
une vision à long terme et globale.
- L’éco-effectivité (« Cradle to cradle » –C2C– = « Du berceau au berceau ») a pour principe
le « zéro pollution et 100 % réutilisé », qui consiste en ce qu’un produit fabriqué puisse être recyclé
et produire un nouveau produit grâce au seul ajout d’énergie renouvelable dans le cycle.
 Il s’agit de la partie efficacité énergétique renforcée à son maximum dans le cycle de vie d’un
produit grâce à l’entière utilisation de ressources renouvelables.
- Enfin, cette efficacité des produits n’a un réel impact environnemental qu’en fonction de
l’implication des parties prenantes dans le processus global. Cela nécessite tout d’abord qu’il y
ait une volonté de développer des produits efficaces technologiquement et environnementalement,
mais dépend aussi ensuite de l’usage qu’en font les utilisateurs.
Sur la Figure 4 bilan, la démarche négaWatt est alors la conciliation entre les différentes
actions pour un Développement Durable. L’objectif est alors de développer chacune des trois
composantes de ce schéma, et d’en renforcer le pilier de l’implication des parties prenantes, ces
dernières devant se rassembler et se coordonner pour être elles-mêmes plus efficaces, et atteindre
une réelle démarche de sobriété.
Dans tous les cas, il faut parvenir à requestionner nos façons d’agir. Dans un contexte en
évolution permanente, il est nécessaire de s’adapter soi-même à de nouveaux comportements,
mais aussi de s’associer aux autres [1] et [3], le comportement à adopter devant alors s’orienter
vers la participation de chacun (individuel) aux affaires de tous (collectif), et à l’expansion d’un tel
comportement, en faisant alors une expérience réplicable.
Ainsi, bien que nous nous trouvions actuellement dans une situation de dégradation
environnementale, notre avenir n’est pour autant pas tracé d’avance ; il subsiste des incertitudes par
rapport à un réel supposé [4], la réalité est plus complexe [3], et c’est à nous d’agir, et d’encourager
les autres à faire de même, pour faire changer les choses grâce au principe de réplicabilité de
l’expérience [1].
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V. Autres Sources / Annexes
- [1] « Développement Durable, une façon de partager notre vision des choses », Nathalie
SCHNURIGER, Consultante, Séminaire DD01 2016
- [2] « Éco-conception, Éco-Innovation et Innovation Frugale », Flore VALLET, UTC,
Séminaire DD01 2016
 La question de la Gouvernance ; Innovation de Rupture : « Faire plus avec Moins »
- [3] « Développement durable des systèmes complexes », Gilles LE CARDINAL, Séminaire
DD01 2013  La question du simple, du compliqué et du complexe
- [4] Une architecture biomimétique, contexte et concepts, Grégoire BIGNIER, Architecte,
Séminaire DD01 2016
- [5] Virage Energie : www.virage-energie-npdc.org, « Mieux vivre en région Nord-Pas de
Calais », Pour un virage énergétique et des transformations sociétales, Décembre 2015
 Virage-énergie Nord-Pas de Calais est une association citoyenne qui réalise,
communique et met au débat des réflexions et des études sur les alternatives à l’énergie nucléaire
et aux ressources énergétiques fossiles responsables du dérèglement de notre climat.
- [6] négaWatt : www.negawatt.org
 L'Institut négaWatt est un organisme de formation, d'études et de recherches focalisé sur
les problématiques de l'énergie et du développement durable.
Figure 2 présentant la démarche négaWatt. Source : © Association négaWatt - www.negawatt.org
[7].www.lemonde.fr/planete/article/2012/12/07/pourquoi-les-projets-de-captage-de-co2-ont-eteabandonnes-en-europe_1801705_3244.html#21oE3mE44j8CxiOT.99
[8] ADEME, Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, « Économie circulaire »
Figure 3 présentant le principe d’économie circulaire, Source : ADEME
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