Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi
MUSIQUE ET OPERA !
PISTES PEDAGOGIQUES COMPLEMENTAIRES
2nd degré
En relation avec le Spectacle lyrique Le Barbier de Séville de Rossini ou
« Comment convaincre vos élèves de venir « s’ennuyer » à l’opéra ? »
L’opéra c’est …. ???
Comme l’énonce Mireille Delunsch (Soprano lyrique) « L’opéra raconte une histoire, c’est le reflet de
la vie, il tend à mettre en lumière des tranches de vie qui ont donné à des œuvres immenses une force
dramatique. »
Mais l’opéra c’est surtout de la musique, du théâtre, des émotions exacerbées, de la passion. On peut
aller à l’opéra ou en écouter sans être un spécialiste du genre…Ce n’est pas non plus un art dévolu aux
classes favorisées et aux snobs : en Italie, l’opéra est resté un spectacle très populaire et on vient à
Vérone avec son panier de pique-nique et les shorts à franges.
L’opéra n’est pas un truc d’intellos !
Nul besoin d’analyser le contexte historique ou les retombées politiques de la création de Don Carlos
pour apprécier Verdi ! Nul besoin de connaitre les rouages de la victoire de Bonaparte à Marengo pour
appréhender Tosca ! Se caler dans le fauteuil et se laisser emporter, voilà la seule méthode qui
permette d’apprécier un opéra à sa juste valeur.
L’opéra n’est pas unique
« J’ai assisté à l’opéra de La Flûte enchantée, je me suis ennuyé comme un rat mort (version polie). Je
n’aime donc pas l’opéra. » Dirait-on qu’on n’aime pas la littérature parce qu’on n’a pas aimé A la
recherche du temps perdu ou la Princesse de Clèves ? J’ai un ami qui s’est fait suer à toutes les
représentations où je l’ai emmené, sauf à Werther de Massenet; celle-là même ou je me suis endormi !
L’opéra n’est pas vieillot :
Les mises en scène actuelles sont de plus en plus
audacieuses !l’opéra ça saigne, ça foudroie, ça remue
méchamment (Castellucci, Marthaler, Bondy, Tcherniakov,
Chéreau. L’image de la walkyrie vociférant existe toujours
mais elle est bien plus rare ! La Castafiore de tintin est à
peine reconnaissable ! Ariadne auf Naxos, Opéra de Vienne, 2014.
Les opéras du XXI ème siècle intègrent de plus en plus les nouvelles technologies (des cyborgs, des
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effets spéciaux…) Quant aux livrets, on peut penser que La Bohême est un mélo vieillissant, que Aida
est dépassée, mais la Belle et la Bête de Philip Glass ou Billy Bud de Britten prouvent qu’on peut faire
de l’opéra, un genre résolument moderne.
L’opéra, c’est ch.***t, je préfère les comédies musicales modernes à ces musiques classiques…
La musique classique ne «traduit» pas des sentiments plus «élevés», elle n’est pas plus «raffinée». Elle
utilise des matériaux ou des outils techniques un peu plus spécifiques qui permettent de ressentir des
effets variés.
C’est la force de la voix et la puissance de l’orchestre symphonique qui exacerbent nos sentiments !
(Rien à voir avec les voix de variété-très plaisantes au demeurant-ou les bandes son
d’accompagnement…).Disons que tout est fonction d’authenticité !!!
L’opéra, c’est Hollywood.
Des histoires à suspense qui font hurler et pleurer,des dieux qui tombent du ciel, des mères
infanticides ,des batailles interminables et pleines de rebondissements ,des démons qui sortent des
enfers, des mères qui tuent leurs enfants, tout ça. Ou alors des filles déguisées en garçons, des filles
transformées en grenouilles et des garçons en ânes….
Lopéra est un art total qui englobe la musique, le drame, la danse, le chant et le théâtre ! Il fascine
tous les publics ! Comment se fait-il qu’il soit ainsi systématiquement le grand oublié des
apprentissages, que ce soit à l’école mais aussi au Collège et encore plus au Lycée ?
Léducation musicale au Collège favorise effectivement le chant : la vocation toute entière de l’école
est bien de transmettre d’autres ouvertures artistiques et culturelles. L’opéra peut répondre à ce souhait
d’ouverture. Une représentation d’opéra est capable de susciter le plaisir et l’émotion. Mais à la
condition qu’elle soit menée par un travail d’adaptation préparatoire ! Seul un décodage minutieux de
l’œuvre permet d’en appréhender les trésors d’émerveillement qu’elle recèle…
En primaire, certains jeux se révèlent payants :
Les jeunes enfants utilisent tout leur être pour exprimer la musicalité. C’est dur pour eux de rester assis. Ils
ressentent le rythme et ressentent le besoin de bouger. Les jeunes enfants se réjouissent de l’idée de jouer à cet
âge. Ils aiment se déguiser, être un personnage, utiliser différentes intonations de voix.
Lopéra est un bon outil pour apprendre le langage : Les enfants comprennent le traitement des
personnages, l’action, l’évolution de l’histoire. Joseph Piro, Directeur des relations avec les écoles du
New York City Opéra estime que l’opéra est indispensable à tout enfant pour sa construction future.
Quand le journaliste lui demande Pourquoi l’opéra? Il répond avec simplicité et vérité :
« Afin d’être instruit complètement et de la meilleure manière que ce soit …En présentant l’opéra aux
enfants, nous leur construisons et entretenons une intelligence culturelle, les amenant à dépasser la
connaissance et la compréhension du pouvoir de l’opéra, à savoir communiquer des thèmes universaux,
des idées, des émotions qui améliorent sensiblement notre société. La force de l’opéra permet d’amener
élèves et professeurs vers des directions qu’ils ne croyaient pas possibles. »
Lopéra contribue à forger le sens critique, c’est une ouverture culturelle et humaine indispensable !
L’opéra fait appel à la puissance expressive de la voix humaine et met en scène des histoires, des
situations dramatiques fortes, sublimées par la musique.
1-Présentation générale du Barbier de Séville de Rossini
Le barbier de Séville est un opéra Bouffe en deux actes de Rossini, sur un livret de Cesare Sterbini,
d’après la pièce de Beaumarchais.
La création
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L’opéra fut créé au Théâtre Argentina de Rome le 20 Février 1816.La première représentation du
Barbier fut un véritable fiasco ! La distribution était cependant prestigieuse. On avait réuni une
troupe lyrique qui comptait trois grands noms déjà applaudis à l’affiche de L’Italiene à Alger
(précédent opéra de Rossini). Le plus connu était Manuel Garcia (1775-1832), né à Séville, chanteur,
compositeur et acteur ! A ses côtés, brillait la contralto Geltrude Righetti - Giorgi (1793-1862), dans
le rôle de Rosina. Figaro était Luigi Zamboni, l’un des chanteurs les plus appréciés du moment.
Ce fiasco eut pour origine la ardente querelle qui opposait son compositeur à un autre du moment dont
le nom était Pasiello.Celui-ci avait composé une œuvre du même titre et comptait de nombreux
admirateurs dans la salle le soir de la première, révoltés que l’on puisse s’attaquer au .Maître (...)
Enfin la représentation fut semée de rocambolesques péripéties scéniques qui mirent à mal la crédibilé
de la mise en scène : apparition d’un chat noir sur la scène, chute malencontreuse d’un chanteur au nez
tuméfié !!!
Heureusement, l’œuvre ne tarda pas à gagner le succès qu’on lui connait aujourd’hui, fort de la
confiance que son compositeur lui-même lui témoignait et des succès successifs que le Barbier
rencontrait auprès des différents publics qui s’en suivirent :
« Ma très chère mère, Hier soir mon opéra a été représenté en scène et a été magistralement sifflé. Quelles folies, quelles
choses extraordinaires on voit dans ce pays de sots ! Je vous dirai qu’au milieu de tout cela, la musique est très belle et
que l’on parie déjà sur cette seconde représentation où l’on entendra des notes, ce qui ne fut pas le cas hier, étant donné
que du début à la fin de formidables hurlements ont couvert toute la représentation…. »
« Je vous ai écrit que mon opéra avait été sifflé, et maintenant je vous écris que celui-ci a rencontré le plus heureux
succès, car lors de la deuxième représentation et de toutes les suivantes, on n’a rien fait d’autre qu’applaudir mon œuvre
avec un fanatisme indescriptible, me forçant à venir cinq ou six fois recevoir des acclamations d’un genre tout à fait
nouveau, ce qui m’a fait pleurer de satisfaction…. »
Le livret
Il s’inspire de la pièce Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile ,comédie en quatre actes de
Beaumarchais, jouée pour la première fois au Théâtre-Français le 23 février 1775, et largement
inspirée de l'École des femmes de Molière. L’auteur y dénonce les conditions des domestiques et
ridiculise une noblesse vieillissante et obsédée par ses privilèges ! A travers l’utilisation de nombreux
procédés comiques, Beaumarchais effectue une vive critique sociale.
En 1815, la comédie de Beaumarchais a déjà été mise huit fois en musique dont le célèbre Mariage de
Figaro : Le Nozze di Figaro de Mozart en 1786 mais aussi par Pasiello. Dès l’origine, la musique
occupe une place prépondérante dans l’intrigue. Rossini respectera ces scènes « chantées » de
Beaumarchais : la chanson de Figaro, celle de Lindor au premier acte, l’air de la leçon de musique ou
encore l’ariette de Bartolo au second acte. Destinée à être mise en musique, l’œuvre fut écrite en
moins de deux semaines, la musique du Barbier fait des emprunts à des œuvres bouffes (comiques) ou
sérieuses de Rossini : Aurelio in Palmira, Il signo Bruschino, Sigismondo….
C’est le personnage de Figaro, une sorte de picaro (mot espagnol signifiant « misérable », « futé »)
sorte d’antihéros qui a souvent recours à la ruse ou à des procédés illégitimes comme la tromperie et
l’escroquerie pour tenter de parvenir à ses buts. Un double talentueux qui fera la figue (faire la figue
signifie se moquer) à ses détracteurs, qui apportera à Beaumarchais la gloire et assurera son passage à
la postérité, avec Le Barbier de Séville (1775) et Le Mariage de Figaro (1784), au terme de longues
embrouilles diverses et variées.
L’histoire :
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À Séville, la jeune Rosina est tenue recluse par son tuteur, le vieux docteur Bartolo, qui s’est mis en tête de
l’épouser pour garder sa dot. Mais Rosina s’est éprise du jeune Comte Almaviva qui, avec la complicité de
Figaro, va tout tenter pour approcher son aimée...
Acte premier :
1er tableau (une rue devant la maison de Batholo) :
Le comte Almaviva s’est épris de Rosine, pupille du vieux Docteur Bartholo et projette de l’épouser ! Se faisant
passer pour un étudiant pauvre du nom de Lindor, il joue la sérénade à Rosine et finit par la séduire.
L’habile barbier Figaro lui propose de se faire passer pour un soldat muni d’un billet de logement afin de
s’introduire dans la demeure du Docteur…
2d tableau (dans la maison de Batholo) :
Rosine, amoureuse, écrit une lettre à Lindor pendant que Bartholo prépare son mariage avec la jeune fille en
compagnie de Basile, le maitre de musique.
Almaviva, déguisé en soldat ivre, fait irruption dans la demeure avec grand tapage et est contraint de dévoiler
sa véritable identité aux gardes de Bartholo, qui ne comprend rien aux marques de respect qu’ils témoignent à
ce soldat de condition modeste…
Acte deux :
1er tableau (chez Bartholo)
Cette fois ci, Almaviva se présente sous les traits d’Alonso, élève jésuite de Basile, que celui-ci soit disant
malade, aurait chargé de donner sa leçon de musique à Rosine…mais Basile, mal informé ,est soudainement
éloigné par le don d’une bourse et Figaro tente de détourner l’attention de Bartholo en lui faisant la barbe.
Celui-ci surprend néanmoins Rosine et son prétendant en tendre conversation et le faux jésuite est chassé par le
Docteur. La servante Marceline illustre la scène en chantant les tourments du cœur…
2d tableau (en pleine nuit):
Bartholo souhaite hâter son mariage et envoie Basile chercher le notaire. A la suite d’un orage évoqué par
l’orchestre, Almaviva et Figaro s’introduisent dans une maison avec une clé dérobée, afin d’enlever Rosine,
qu’Almaviva avait prévenue.
Après quelques péripéties, qui amènent Lindor à révéler, à la grande joie de Rosine, sa véritable identité, et avec
la complicité de Basile gagnée par une nouvelle somme d’argent, l’arrivée du notaire vient célébrer le mariage
tant attendu entre Rosine et Almaviva. Bartholo survenu trop tard, devra faire contre mauvais fortune, bon
cœur !
Vous avez dit : opéra Buffa ??
Le Barbier n’est pas un opéra séria.
Ce genre lyrique sévit durant les trois quart du XVIII éme siècle. Il a pour sujet le drame et ne se
présente qu’en Italien ! Ces œuvres reprennent pour la plupart les thèmes de la tragédie du XVII ème
siècle et les idées des philosophes des lumières du XVIII : personnages mythologiques et héros
antiques confrontés à des dessins tragiques (mort, guerre, trahison) ; il s’agit d’un opéra sérieux ou le
religieux occupe une place prépondérante. Les personnages incarnent des vertus (ex : le couronnement
de Poppée de Monteverdi (fortune, amour et vertu représentent des personnages à part entière).
Haendel, Gluck ,Scarlatti etVivaldi ont écrit des opéras séria…
L’opéra Buffa est l’antithèse de ce dernier : un genre typiquement italien qui trouve ses
origines dans les intermèdes comiques du XVIII ème qui mettaient en scène quelques personnages
placés devant le rideau de scène et divertissaient les spectateurs pendant les changements de décor.
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Les personnages hauts en couleur s’inspirent de la Commedia dell’arte : des valets, les bouffons, les
bourgeois, des vieux beaux voulant épouser leurs pupilles, de soubrettes infernales et de jeunes
ténors amoureux. Le Barbier de Séville de Rossini, les Noces de Figaro de Mozart,
Cosi Fan Tutte de Mozart en sont quelques exemples. La Servante maîtresse (1733) de Giovanni
Pergolèse est considéré comme l’un des premiers véritables opéras bouffe.
Le Barbier dépasse largement le cadre de celui-ci car Rossini est parvenu à doter le genre d’un langage
vraiment novateur grâce à la virtuosité contenue dans le rythme de la musique instrumentale et pas
seulement dans celui des paroles ! Les ensembles vocaux contribuent grandement au caractère léger et
enjoué du genre et l’orchestre tout entier participe aux différents aspects comiques des personnages et
des situations liées à l’intrigue à l’image de cette ouverture ou Sinfonia* au caractère majestueux :
Rossini est un véritable peintre alchimiste qui combine les timbres instrumentaux et les motifs pour
créer un véritable dialogue instrumental :
Oppositions entre les cordes en détaché* et les bois en legato* (bassons, clarinettes, hautbois,
flûtes)
Les cordes reprennent cette mélodie dans le même phrasé. Des accords de tout l'orchestre dans
la nuance forte*soulignent ces motifs. Le hautbois, bientôt rejoint par le cor et le basson,
associé aux violons, altos et violoncelles, intervient sur une note tenue.
Courte transition dans la nuance fortissimo*
Nouvelle phrase apparaît sur un pizzicato* des cordes en contretemps, une mélodie
expressive, proche du chant, est énoncée.
Par les associations de timbres*, Rossini passe d’une idée à l’autre, d’une situation à une autre ou d’un
personnage à un autre avec une grande rapidité et une grande clarté ! La musique est au service du
texte ! Elle est avant tout JOYEUSE !
L’accélération de la musique et son crescendo*permet la compréhension du livret ainsi que celle du
discours des personnages :
2-Texte et Livret : d'un art à l'autre.
LES PERSONNAGES de la pièce :
Les habits des acteurs doivent être dans l’ancien costume espagnol.
LE COMTE ALMAVIVA, grand d’Espagne, amant inconnu de Rosine paraît, au premier acte, en veste
et culotte de satin ; il est enveloppé d’un grand manteau brun, ou cape espagnole ; chapeau noir rabattu
avec un ruban de couleur autour de la forme. Au deuxième acte, habit uniforme de cavalier, avec des
moustaches et des bottines. Au troisième, habillé en bachelier ; cheveux ronds, grande fraise au cou ;
veste, culotte, bas et manteau d’abbé. Au quatrième acte, il est vêtu superbement à l’espagnole avec un
riche manteau ; par-dessus tout, le large manteau brun dont il se tient enveloppé.
BARTHOLO, médecin, tuteur de Rosine habit noir, court, boutonné ; grande perruque ; fraise et
manchettes relevées ; une ceinture noire ; et quand il veut sortir de chez lui, un long manteau écarlate.
ROSINE, jeune personne d’extraction noble, et pupille de Bartholo.habillée à l’espagnole.
FIGARO, barbier de Séville en habit de majo espagnol. La tête couverte d’une rescille, ou filet ;
chapeau blanc, ruban de couleur autour de la forme, un fichu de soie attaché fort lâche à son cou, gilet
et haut-de-chausses de satin, avec des boutons et boutonnières frangés d’argent ; une grande ceinture
de soie, les jarretières nouées avec des glands qui pendent sur chaque jambe ; veste de couleur
tranchante, à grands revers de la couleur du gilet ; bas blancs et souliers gris.
DON BAZILE, organiste, maître à chanter de Rosine chapeau noir rabattu, soutanelle et long
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