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Multilatéralisme régional N°3
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Etats et des organisations régionales (ex Mercorsur, CEDEAO, CEMAC, CARICOM,
SADC dans le cadre des APE). Ce multilatéralisme régional concerne également la
constitution de clubs plus ou moins informels à l’exemple du G8, du G20 ou du G90 au
sein de l'OMC, ou des groupes de pays inclus et exclus du protocole de Kyoto. La
question se pose de voir quel rôle jouent et peuvent jouer le régionalisme et la
régionalisation dans la nouvelle architecture internationale.
La première partie de cette contribution analyse la pluridimensionnalité de la
régionalisation et ses enjeux dans la mondialisation en relation avec les biens publics
régionaux.
La seconde partie analyse du point de vue commercial et économique la compatibilité du
régionalisme et du multilatéralisme ; des argumentaires théoriques en faveur du
régionalisme et du multilatéralisme. La contribution présente en conclusion les
régulations régionales et le débat entre multilatéralisme universaliste et multilatéralisme
coopératif.
I Les enjeux de la régionalisation dans la mondialisation et les biens publics
régionaux
1.1 L'architecture internationale
L'architecture internationale actuelle a été mise en place au lendemain de la
seconde guerre mondiale par la création des organisations onusiennes. Les institutions
économiques et financières internationales de Bretton Woods ont été alors crées en
séparant le politique de l’économique, en reposant sur le principe d’égale souveraineté et
sur une réalité d’un monde bipolaire dominé par la puissance hégémonique des Etats
Unis. La population mondiale était, à cette époque, de 2,5 milliards. 45 Etats sur 50
étaient membres de la Banque mondiale. Un demi-siècle plus tard, le monde s’est
profondément transformé du fait de la croissance démographique, de la décolonisation, de
la prolifération du nombre des Etats (plus de 200 membres des Nations unies), d’une
transnationalisation des flux commerciaux et financiers, d’une montée en puissance de
pays émergents (notamment du Brésil, de la Chine et de l’Inde) et d’un processus de
régionalisme multiforme.
Les organisations internationales ont pour principaux interlocuteurs les Etats.
Cette structure qui correspondait au « mercantilisme éclairé » d’après guerre n’est plus en
phase avec un monde multipolaire autour des grandes régions. L’architecture
internationale peut difficilement affronter les problèmes liés au poids des firmes
transnationales, et des opérateurs financiers privés à la globalisation financière, à la
montée d’une société civile internationale et des blocs régionaux monétaires ou
commerciaux. Les institutions internationales n’ont pas ou peu de pouvoir supranational.
Elles sont le reflet d'une" incongruité spatiale" (Palan) entre une économie en voie de
mondialisation et un système politique international reposant sur la souveraineté
nationale. Le système international reste fondé sur le principe de hiérarchie avec un rôle
de leadership des Etats-Unis (ayant le droit de veto au sein des organisations