majorité des patients, la maladie se manifeste également de façon symétrique, en ce sens
qu'elle affecte les mêmes articulations des deux côtés du corps. C'est ce qui la distingue
d'ailleurs de l'ostéoarthrite, plus communément appelée arthrose, un syndrome douloureux,
courant chez les personnes âgées, le cartilage étant détruit à cause de l'usure.
Ne pas négliger les symptômes
« Si le cancer est une maladie maligne, la polyarthrite rhumatoïde est insidieuse, remarque
Mona, une patiente. Nous ignorons quand les poussées surviendront et lorsqu'elles se
manifestent, la douleur, insoutenable, nous paralyse. Nous ne pouvons plus, à titre d'exemple,
nous lever ou tourner dans le lit. Nous demandons de l'aide pour nous couvrir, pour nous lever,
pour manger, etc. »
En effet, l'inflammation résultant de la polyarthrite rhumatoïde entraîne une déformation
articulaire, accompagnée d'une perte de la
fonctionnalité. Le patient trouve ainsi une difficulté à
marcher, à ouvrir une porte, une bouteille, à manger, etc. « Si elle n'est pas diagnostiquée à un
stade précoce, la polyarthrite rhumatoïde peut causer une érosion et une destruction
irréversible des articulations, insiste le Dr Uthman. D'où l'importance de ne pas négliger une
raideur matinale, une douleur dans les articulations, une rougeur ou une enflure au niveau des
articulations qui persistent plus de trois à quatre semaines. Il faudrait immédiatement consulter
un rhumatologue, qui est le plus à même de traiter une polyarthrite rhumatoïde. »
Et le Dr Uthman de poursuivre : « Avec toutes les avancées médicales et les traitements ciblés
dont nous disposons, il n'est plus permis aujourd'hui qu'une personne atteinte d'une
polyarthrite rhumatoïde voit son état se dégrader. En effet, la nouvelle génération de
médicaments, dits biologiques, permet d'améliorer nettement la qualité de vie des patients. Ces
traitements agissent sur les cellules du système immunitaire qui aggravent l'inflammation,
atténuant ainsi la douleur et les enflures. »
La famille affectée
Si le patient est le seul à souffrir littéralement de la polyarthrite rhumatoïde, il n'en demeure
pas moins qu'il s'agit d'une maladie qui affecte également la famille. Maria avait 5 ans lorsque
sa maman a été diagnostiquée avec la maladie. « Je me rappelle toujours de la date, c'était le
15 février 1992, raconte-t-elle. Mes parents parlaient à voix basse, non loin de moi. Je jouais,
mais j'écoutais tout ce qu'ils disaient et j'avais tout compris. Quelques jours plus tard,
l'enseignante nous demanda à l'école ce que faisaient nos mamans. Lorsque mon tour arriva,
'ai répondu que ma mère faisait des piqûres parce qu'elle est malade. »
En grandissant, Maria a appris à s'adapter avec la maladie de sa mère et avec la nouvelle
situation qui s'en suivait. « J'avais peur pour elle, surtout du jugement des autres, se souvient-
elle. Je me rappelle que j'évitais d'inviter mes amis, pour ne pas la déranger et l'embarrasser
lorsqu'elle allait mal. J'évitais également de sortir pour ne pas la laisser seule. D'ailleurs, nous
avons appris ma sœur, mes frères et moi à nous organiser pour ne jamais la laisser seule à la
maison. »
Et Maria de poursuivre : « Ma mère m'aidait dans mes études. Le seul examen auquel j'ai
échoué était le jour de son opération. Je pensais tellement à elle que j'ai fini par rater mon
test. »
Nabil est le mari d'une femme qui souffre depuis neuf ans déjà d'une polyarthrite rhumatoïde.
Pour lui, aider le patient consiste essentiellement « à lui montrer qu'il nous est indispensable et
que rien ne peut continuer sans lui ». « Personnellement, lorsque ma femme se sent mal,
'évite de demander à mes enfants une chose qu'elle seule était habituée à faire, note-t-il. Sa
maladie est déjà embarrassante, je ne vais pas en rajouter de mon côté. Au contraire, je dois
être vigilant et deviner lorsqu'elle se sent mal, pour la ménager et savoir refuser délicatement
pour nous deux des sorties ou autres propositions. »
Sentant qu'ils représentent un fardeau pour les leurs, et ne pouvant plus supporter le « regard
pesant » de la société, les « remarques mal placées » des gens, leur « pitié » et leur
« incompréhension », un groupe de patients souffrant d'une polyarthrite rhumatoïde a décidé
de créer une association, qui devrait voir le jour prochainement. Baptisée « Irada » ou volonté,
l'ONG a pour vocation de sensibiliser l'opinion à la maladie et d'apporter le soutien aux familles
et aux patients.
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13/Oct/2009http://www.lorientle
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