L’Etat-parti pour construire le pays : l’inspiration cabralienne
De 1975 à 1990, le Cap Vert a vécu un projet socio-politique caractérisé par un parti unique,
le PAIGC (Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap Vert), devenu, après le
coup d’Etat en Guinée Bissau (1980), le PAICV (Parti Africain pour l’Indépendance du Cap
Vert) , la protection sociale (grands travaux, législation sociale, infrastructures), et des
entreprises face à la concurrence internationale, la centralisation et l’ouverture vers l’Afrique.
Rappelons la situation d’extrême pauvreté de l’archipel laissée par les colonisateurs. Dès la
fin des années 1970, ses dirigeants se sont tournés vers les institutions internationales : les
contraintes géographiques (micro-insularité, relief accidenté, climat semi-aride) et
structurelles (pauvreté des équipements, des ressources humaines, des ressources monétaires,
surcoûts et désavantages comparatifs) obligèrent l’Etat à utiliser toutes les ressources
possibles (y compris, en plein apartheid, les royalties provenant des avions sud-africains en
embargo sur le continent voisin) : politique réaliste utilisant de rares opportunités et
respectueuse des travailleurs (emplois d’Etat, salaires, protection syndicale). Le choix de
privilégier le développement agricole, réhabiliter l’environnement, créer une petite industrie
ne permirent pas l’essor d’un tissu entrepreneurial fort, ni beaucoup d’emplois. Les capitaux
extérieurs tardèrent et la bourgeoisie locale restait méfiante devant l’option idéologique
affichée.
Le PAICV confisqua le pouvoir jusqu’en 1990, puis se résigna au multipartisme. Beaucoup de
Capverdiens, notamment les émigrés, contestaient le Parti-Etat. C’est au Cap Vert, mais avec
des militants de la diaspora, que se constitua le MpD, Mouvement pour la Démocratie,
principal parti d’opposition qui allait gagner les élections législatives de janvier-février 1991,
puis l’élection présidentielle de 1992 .
Démocratie parlementaire et libéralisme
Entre 1991 et 2001, les nouveaux dirigeants proposèrent un programme politico-économique :
multipartisme, décentralisation, démocratie, libéralisme économique (privatisations,
incitations aux investissements étrangers et à l’exportation). L’ouverture politique se traduisit
par un vote-sanction contre le PAICV : le MpD (Mouvement pour la Démocratie) remporta en
janvier 1991 une éclatante victoire législative. Il avait à sa tête un jeune avocat, Carlos Veiga
qui devint premier ministre. L’année suivante, le peuple porta à la présidence Mr Antonio
Mascarenhas Monteiro
La « mudança » (mutation) politique fut totale : la vie politique fut animée. Le PCD (Parti de
la Convergence Démocratique), social-démocrate, né d’une scission du MpD, contesta dès
1994 la médiocre politique sociale de ce dernier. D’autres petits partis ou mouvements locaux,
se développèrent, parmi lesquels le MPRSV (Mouvement pour la rénovation de Sao Vicente)
dirigé par le Dr Onésimo Silveira, défenseur de Mindelo, deuxième ville et capitale
économique du pays, qu’il estimait « brimée » par le pouvoir de Praia : seule manifestation
institutionnalisée de particularisme politico-insulaire. Le MpD s’usa au pouvoir (6 ministères
Veiga entre 1991 et 1995 !) qu’il eut, selon ses détracteurs, tendance à confisquer (1991-
2001). Son programme tarda à se réaliser, notamment les programmes phares de croissance
économique comme le tourisme et la pêche. Son discours libéral apparut comme un leurre
puisque le MpD ne put résoudre l’épineuse question des Fronts de travail (27000 travailleurs
très pauvres surtout ruraux concernés) qu’il s’était imprudemment engagé à supprimer…
Le retour du PAICV : démocratie sociale et libéralisme
Depuis février 2001, le PAICV, revenu au pouvoir d’extrême justesse (12 voix d’écart entre
les deux candidats à la présidence de la république), n’a pu ni voulu jusqu’à présent changer