On
constate
un
regain d'intérêt
envers
le
gène
acère
ces
derniers
temps,
en
raison
de
deux
nouveaux
tests
d'ADN
plus
précis
que
l'ancien.
Ces
tests
facilitent
la
sélection
des
individus
porteurs
d'un
ou
des
deux
allèles
acères
(hétérozygote
et
homozygote,
respectivement).
La
première
chose
que
veut
savoir
Jonathan
lampron
quand
un
veau
naît,
ce
n'est
pas
le
sexe
de
l'animal,
mais
s'il porte
ou
non
des
bourgeons
annonciateurs
de
cornes
!
UNE
BIEN-ÊTRE DE
BONNE
IDÉE
Félix LeMay approche
le
fer
chaud et l'applique
sur
la racine de la corne,
brûlant
au passage les
poils
qui
l'entourent.
Le
veau, envoyé
dans
les
vapes
par
Félix quelques minutes
auparavant
au
moyen
d'anesthésiants
général
et
local,
pousse
à peine
un
petit beuglement, probablement plus
de
peur
que de douleur.
Il
faut savoir que bien des
producteurs réalisent l'intervention à froid ... Puis,
l'
odeur
de
peau
et de poils
brûlés
emplit
désa-
gréablement les narines.
Quarante
secondes plus
tard,
tout
est terminé. Les yeux vitreux, le veau
mettra
24
heures
à se
remettre
de l'anesthésie et
recommencera
à s'alimenter graduellement.
Au
bout
de quelques jours, l'expérience sera chose
du passé,
suppose
Félix, médecin vétérinaire de
métier et producteur laitier de profession, capable
d'écorner des veaux au
rythme
de 35 à l'heure.
L'homme
de la
Ferme
du
Doc, à
Sainte-
Croix, est
l'un
des
premiers
et des plus
ardents
promoteurs
du
gène
acère
au
Québec. Éleveur
de Holstein noir et
blanc
d'a
bord
et
avant
tout,
Félix élève aussi des
Canadienne
et des Holstein
rouge et blanc. «J'ai
horreur
d'être à
la
mode!
Je
cherchais
une
autre façon de
me
démarquer», se
justifie l'éleveur. Depuis
2003,
Félix élève donc des
mâles et des femelles acères.
«E
n
lO
ans, je suis
passé de fou à génie!
Si
c'est devenu
la
norme
dans
le
bovin
de
boucherie,
je
ne
verrais
pas
pour-
quoi
il
en
serait
autrement
dans
le laitier. C'est
42
Le
Coopérateur
agricole 1 MARS
2014
l'avenir!
>>
juge l'homme de
41
ans, qui a redémarré
l'entreprise familiale en
1998
avec
18
kg
de quota et
39
têtes, et qui
en
possède
maintenant
300. Cette
année, le tiers des veaux Du Doc seront
porteurs
du
gène acère. Le sixième
du
troupeau
est déjà
porteur
du
gène d'intérêt.
Le
hic concernant le gène acère : le pool géné-
tique de géniteurs à
hauts
indices génétiques est
plutôt restreint. L'étoile acère du
CIAQ
(Semex) en
2013,
le taureau Pine-Tree Overtime
P-ET,
proposé
dans
la
gamme
des
taureaux
Génomax, offre
un
indice de profit à vie génomique
(IPVG)
de+
2922
points
, plus faible
que
la
moyenne
des
autres
tau reaux Génomax, qui était
de+
3207
en
janvier
dernier. En fait,
Overtime
n'est,
au
moment
de
mettre
sous presse, que le
136
"
taureau
quant
à
son
IPVG
...
Comme
Félix LeMay,
Jonathan
Lampron,
éleveur de Sainte-Séraphine (entre Victoriaville
et Drummondville), a introduit
le
caractère acère
dans ses familles de vaches.
Le
but de l'opération :
offrir
une
plus-value
aux
animaux
de
haute
génétique qu'il commerce. Ses clientèles cibles:
les fermes états-uniennes de centaines ou de mil-
liers de
vaches-
pour
qui l'écornage devient
une
lourde
tâche-,
les éleveurs européens désireux de
sang
neuf
acère et les éleveurs, surtout québécois,
qui comme lui veulent profiter de
ce
marché de cré-
neau, qui
pourrait
ne plus être
si
restreint en cas
d'engouement
pour
ce caractère.
Jonathan
Lampron juge que la perte de pro-
ductivité actuelle de sa ferme, Alampco Holstein,
par
la sélection de
taureaux
acères
moins
per-
formants (70% de ses
inséminations
cette
année
comprennent
le caractère) est
compensée
par
l'augmentation du prix actuel et projeté des doses,
des embryons et des sujets vivants
sans
cornes.
Une
corne
d'abondance!
En outre, selon lui, le
gène acère est
un
argument
de vente de plus pour
le
vendeur de génétique laitière,
un
peu
comme
le volant
en
cuir
ou
la
caméra
de recul
pour
les
vendeurs d'autos!
Aussi bien chez Félix que chez
Jonathan
,
la
stratégie d'absorption du gène n'est pas jusqu'au-
boutiste :
on
préfère viser l'hétérozygotie plutôt
qu'une
homozygotie
compromettant
les gains
génétiques pour d'autres caractères d'importance
(production, gras, protéine,
conformation
des
pattes et du pis, etc.). Autrement dit,
on
croisera
une
vache cornue à
haute
valeur génétique avec
un
taureau
sans
cornes
génétiquement
moins
fort,
ou
l'inverse,
mais
pas
nécessairement
un
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