LE THÉORÈME DE TATE EN CARACTÉRISTIQUE POSITIVE (D’APRÈS A.J. DE JONG) 3
Notons BT(S) la catégorie des groupes p-divisibles (= de Barsotti-Tate) sur S. Rappelons (cf.
[2]) qu’on dispose du foncteur de Dieudonné :
D:BT(S)◦→F-cris(S).
Il commute aux changements de base, et si G∈BT(S), le faisceau de OS/ Zp-modules sous-jacent
àD(G) est localement libre de rang la hauteur de G.
Proposition 2.3. Le théorème 1.5 implique le théorème 1.1.
Démonstration. D’après la proposition 2.1, il suffit de traiter le cas S= Spec Ravec R=kJtK, où
kest un corps algébriquement clos. Le foncteur de Dieudonné est alors pleinement fidèle sur Set
sur ηd’après [3, Théorème 4.1.1], car Rest normal et admet une p-base. Si G, H ∈BT(S), on a
donc le diagramme
HomS(G, H)
(∗)
∼//HomF-cris(S)(D(H),D(G))
HomF-cris(η)(j∗D(H), j∗D(G))
∼
Homη(Gη, Hη)∼//HomF-cris(η)(D(Hη),D(Gη))
où les flèches horizontales sont des isomorphismes. Par ailleurs, les applications
HomF-cris+(S)(D(H),D(G)) →HomF-cris+(η)(j∗D(H), j∗D(G))
et HomF-cris+(η)(j∗D(H), j∗D(G)) →HomF-cris+(η)(D(Hη),D(Gη))
sont des isomorphismes par pleine fidélité de j∗et commutation de Daux changements de base
respectivement. La proposition en résulte.
Dans le cas où la base est affine et admet une p-base, les F-cristaux ont une description terre
à terre, donnée par la proposition suivante.
Proposition 2.4. (cf. [3, Proposition 1.3.3]). Soient Aun anneau de caractéristique padmettant
une p-base, et (A∞, σ)un relèvement de A, ie. un anneau de caractéristique 0, séparé et complet
pour la topologie p-adique tel que A∞/pA∞≃A, muni d’un morphisme d’anneaux σ:A∞→A∞
relevant le Frobenius sur A(il en existe toujours en vertu de [3, Proposition 1.1.7 & Corollaire
1.2.7]). Alors la catégorie des (F-)cristaux sur Spec A(relativement à Spec Zp) est équivalente
à la catégorie des A∞-modules (localement libres) séparés et complets, munis d’une connexion
intégrable topologiquement quasi-nilpotente (et d’un opérateur de Frobenius Fqui est σ-linéaire et
horizontal).
Proposition 2.5. (cf. [7, 3]). Pour prouver le théorème 1.5, il suffit de traiter le cas R=kJtK,
où kest un corps algébriquement clos.
Démonstration. (cf. preuve de la proposition 2.1). Soit Run anneau de valuation discrète de
caractéristique pqui admet une p-base. Soit R′une extension de R, qui est un anneau de valuation
discrète complet, à corps résiduel kalgébriquement clos, et tel que R=R′∩K. On a R′=kJtK,
où test une uniformisante de R. Posons S′= Spec R′. Comme Ret R′ont une p-base, il existe des
relèvements (Ω, σ) et (Ω′, σ′) de (R, σ) et (R′, σ) respectivement, ainsi qu’un relèvement Ω →Ω′
de R→R′. Les structures de Frobenius ne sont pas supposées être compatibles a priori. D’après la
proposition 2.4, la donnée d’un F-cristal Msur Séquivaut à la donnée d’un triplet M= (M, F, ∇)
où Mest un Ω-module muni d’un endomorphisme (de Frobenius) σ-linéaire F:M→Met d’une
connexion ∇:M→M⊗ΩΩ d ttopologiquement quasi-nilpotente. Le F-cristal MR′correspond
alors au triplet M′= (M⊗ΩΩ′, F ′,∇′) où ∇′est déduit de ∇, et F′de Fet ∇(on a pas supposé
Ω→Ω′compatible à σet σ′).
Notons Γ, Γ′les complétés pour la topologie p-adique de Ω[t−1] et Ω′[t−1] respectivement.
Alors, toujours en vertu de la proposition 2.4, les F-cristaux Mηet Mη′correspondent à M⊗Γ =
(M⊗ΩΓ, F ⊗σ, ∇ ⊗ 1 + 1 ⊗d) et à M′⊗Γ = (M⊗ΩΓ′, F ′⊗σ, ∇ ⊗ 1 + 1 ⊗d) respectivement.