Médecine du Maghreb 1997 n°63
LE SYNDROME HÉMOLYTIQUE… 25
- La MAT à prédominance art é rielle est la fo rme la plus
fréquemment rencontrée chez l’adulte. Elle est éga l e -
ment rencontrée dans 57% des SHU atypiques de l’en-
fant. A un stade précoce, les art è res de moyen calibre,
surtout les artères interlobulaires, présentent une prolifé-
ration intimale, une thrombose fibrineuse et surtout une
n é c rose de la média. A un stade tard i f, il existe une
endartérite fibreuse avec un aspect lamellaire en «bulbe
d’oignon» des artérioles. Le 2ème type de lésion concer-
ne les glomérules qui présentent un aspect plissé des
m e m b r anes basales, associé à un dédoublement des
parois. Il n’y a pas de feutrage fibrillaire du mésanguin.
cet aspect glomérulaire serait le résultat d’un processus
ischémique.
Les lésions tubulo-interstitielles n’ont rien de spécifique et
dépendent de la sévérité et de la durée de la maladie.
En immu n o fl u o re s c e n c e, le sérum antifi b rine se fi xe sur
certains glomérules, dans le mésangium et sur la parois des
c ap i l l a i r es gloméru l a i res. Il peut aussi se fi x er sur des
thrombi contenus dans la lumière des capillaires et dans les
artérioles.
L’ é volution est va ri a ble chez l’enfant : les fo r mes ave c
n é c rose partielle ou les fo r mes gloméru l a i res, fo rmes les
plus fréquemment observées chez le nourrisson ou le jeune
e n fant, ont un pronostic meilleur à long term e . L’ H TA ,
quand elle ex i s t e, est le plus souvent réve rs i ble et le pro -
nostic re l at ivement favo rabl e . Néanmoins, les lésions de
M AT ne sont pas réve rs i bles, elle laissent des cicat ri c e s
plus ou moins étendues dans le parenchyme rénale lorsque
plus de 50% des glomérules sont touchés au début de la
m a l a d i e. Des séquelles plus ou moins sévères à type de
p ro t é i nu ri e, d’HTA et/ou de diminution de la fi l t rat i o n
g l o m é ru l a i re, ont été notées lors des fo rmes typiques par
p l u s i e u rs auteurs après un recul de 10 ans env i ron. Ainsi,
Gagnadoux (5) en 1987 rapporte 43% des séquelles après
un recule de 10 à 24 ans, Dejong (6) et Va n dy ck (7) en
1988 rap p o rtent re s p e c t ivement 23 et 30% après un re c u l
de 10 ans, Siegler (8) en 1991 note des séquelles dans 39%
des cas après un recul de 7 à 18 ans, et Fitzpatrick (9) en
1991, en rapporte 59% pour un recul de 5 à 21 ans.
Chez l’adulte, le pronostic est le plus souvent sévère et
l’évolution à long terme se fait fréquemment vers l’instal-
lation d’une insuffisance rénale terminale.
Les observations rap p o rtées dans notre étude répondent
bien aux cri t è res biologiques et surtout histologiques du
SHU. En effet, le cas décrit dans l’observation 1 est celui
d’une fo rme typique de SHU de l’enfant avec un anu ri e
ayant duré 05 jours et dont l’histologie rénale montre une
M AT gloméru l a i re. L’ é volution du patient est favo r abl e
sans séquelles rénales, ni HTA durant les 17 mois d’évolu-
tion. L’observation 2, décrit par contre une forme atypique
de SHU de l’enfant, avec une diurèse conservée et à l’histo-
logie rénale des lésions de MAT glomérulaire et artérielle
associées à des lésions tubulo-interstitielles diffuses. Après
une évolution de 6 mois, la fonction rénale est restée nor-
male, la protéinurie est négative mais l’HTA persiste.
Une durée d’anu rie excédant 15 jours malgré plusieurs
séances d’hémodialyse associées à des lésions de MAT glo-
m é ru l a i re et art é r ielle et de lésions tubu l o - i n t e rs t i t i e l l e s
rénales, expliquent la persistance de l’insuffisance rénale
dans les cas décrits dans les observations 3 et 4.
M a l gré l’absence de sch i zo cytes et de thrombopénie pour
le cas décrit dans l’observation 5, et qui pourrait s’ex p l i -
quer par un effet bénéfique du traitement cort i c o ï d e, le
diagnostic de SHU est retenu en présence de lésions histo-
l ogiques rénales évo c at rices. Le patient présente actuelle-
ment une insuffisance rénale ch r onique avec une HTA
contrôlée par une bithérapie.
Concernant la physiopathologie du SHU, la lésion initiale
semble être au niveau de la cellule endothéliale, déclenchée
par des endotoxines bactériennes, diff é rents toxiques, la
grossesse ou l’HTA. La mise à nu des structures sous endo-
théliales ri ches en collag è n e , provoque la fo rm a tion de
microthrombi fibrino-plaquetaires.
Upshaw (10) et Remuzzi (11) ont suggéré que les malades
atteints de SHU et de purpura thrombotique thrombocyto-
pénique, manquaient d’un facteur qui stimulerait la produc-
tion de pro s t a cy c lines (PGI2) par la parois va s c u l a i r e.
L’absence de ce facteur favoriserait la formation de thrombi
de plaquettes dans la micro c i rc u l ation et jouerait un rôle
dans la pat h ogénie de l’HTA, pour cela l’ex s a n g u i n o -
t ransfusion, la plasmaphérèse et surtout la perfusion de
plasma frais congelé semblent efficaces dans les fo rm e s
sévères.
Les essais thérapeutiques prospectifs randomisés ave c
contrôles histologiques n’ont pas démontré d’effet signifi-
catif de l’héparine ni des fibrinolytiques. Il en est de même
pour les agents anti-agrégants plaquettaires (13). En ce qui
c o n c e rne les corticoïdes, plusieurs auteurs ont rap p o rt é s
dans quelques cas des résultats favo rables, mais ceci n’a
pas été confi rmé par d’autres (13, 14, 15). Les éch a n ge s
plasmatiques, utilisés pour la première fois en 1977, sem-
blent donner de meilleurs résultats (14).