1 LE MONUMENT AUX MORTS DE SAINTE-MAURE-DE-TOURAINE Monument aux morts (côté sud) Monument aux morts (côté nord) Photographies du monument aux morts de Sainte-Maure-de-Touraine (C. Lefèvre) 2 Thématique imposée : l’année 1914 DEMARCHE PEDAGOGIQUE : La présentation du concours aux élèves correspond à l’aboutissement d’un travail effectué avec les élèves de la classe de 3èmeA du collège Célestin Freinet lors des Rendez-vous de l’Histoire de Blois. En effet, lors de cette manifestation, les élèves de la classe ont réalisé une webradio avec l’historienne Elise Julien à qui, ils ont posé des questions autour de la mémoire de la 1ère guerre mondiale en France et en Allemagne. Ce travail correspondait à une commande passée par le groupe TICE histoiregéographie de l’académie Orléans-Tours et consistait en un enregistrement d’une émission de webradio, réalisée conjointement par des élèves de collège et de lycée sur un thème général : la guerre. Comme nous sommes dans une période de commémoration de la Grande Guerre et qu’en tant qu’enseignant, nous avons été fortement sensibilisés, grâce à la Mission du Centenaire, à la commémoration de la 1ère guerre mondiale, il me paraissait intéressant d’aborder la question de la mémoire de la Grande Guerre. C’est pourquoi, la classe a sollicité une interview à Elise Julien, historienne enseignante à l’IEP de Lille, spécialisée dans les questions de la mémoire des deux guerres mondiales en France et en Allemagne. Mais pour interroger cette historienne, il fallait que les élèves soient sensibilisés à la Première guerre mondiale dans un premier temps, mais également à la notion de mémoire, mémoire vécue, mémoire construite, mémoire individuelle, mémoire collective…. . Ce projet s’inscrivait en outre, dans une démarche évaluative liée au Socle Commun de Connaissances et de Compétences où les élèves ont pu parfaire leurs connaissances historiques sur la Première guerre mondiale (chapitre 1 du programme d’histoire de la classe de Troisième), mais également approfondir leurs compétences à l’oral et leur esprit d’initiative et d’autonomie. Il s’agissait enfin, qu’à partir de ce travail collectif, la classe se sente unie autour d’un projet fédérateur où tous auraient un rôle à jouer. Mais pour aborder la notion de mémoire et plus encore de la mémoire de la Grande Guerre, il fallait rendre cela sensible pour des élèves, c’est-à-dire, rendre cela concret. C’est pourquoi, dans un premier temps, j’ai demandé aux élèves d’effectuer une recherche sur un lieu de mémoire local, en le décrivant et en l’analysant (voir dossier réalisé par les élèves). Puis après avoir mis en commun leurs travaux, il s’est révélé que le lieu de mémoire qui était le plus souvent cité était un de la commune où vivait la majorité d’entre eux : le monument aux morts de Sainte-Maure-de-Touraine. Et ainsi, nous avons été visités, lors d’un cours d’histoire, ce lieu de mémoire afin de le décrire et de comprendre la symbolique liée au monument aux morts en général et celui de Sainte-Maure-de-Touraine en particulier, mais également de le replacer dans un contexte de célébration où chaque année ce monument revêt une importance particulière lors de cérémonies comme celle du 11 novembre à laquelle une partie des élèves a assistée. Une fois ce travail réalisé, j’ai donné aux élèves un ensemble documentaire composé de lettres écrites par Maurice Sieklucki, un poilu originaire de Sainte-Maure-de-Touraine dont les lettres sont aujourd’hui conservées aux Archives départementales d’Indre-et-Loire. Trois lettres écrites entre août 1914 et octobre 1916 et un questionnaire ont permis aux élèves de comprendre comment des moments clés de la Première guerre mondiale : la mobilisation en 1914, la vie aux fronts et dans le cas de ce poilu comment s’est terminé le conflit pour lui, à savoir blessé 3 grièvement par un tir d’obus. Ces lettres ont fait l’objet d’un enregistrement audio de la part des élèves afin qu’il soit diffusé lors de la webradio. L’année 1914 et l’entrée en guerre ont particulièrement été abordées à partir d’une lettre datant du 6 août 1914 où Maurice Sieklucki raconte comment s’est passée la mobilisation et dans quel esprit il se trouve lui et ses camarades (voir annexe 1) Puis, les élèves ont lu des extraits de la thèse d’Elise Julien : Paris-Berlin, la mémoire de la guerre 1914-1933. Cette lecture des extraits avait pour objectif que les élèves comprennent que les lettres de M. Sieklucki que l’on venait d’étudier faisait partie d’un corpus de documents plus vaste qui permettent de composer les mémoires de la Première guerre mondiale. A la suite de ces différentes lectures, les élèves ont rédigé un questionnaire à l’attention d’Elise Julien, en lui posant des questions à la fois sur l’année 1914 et la préparation des esprits à la guerre, sur le déroulement du conflit et sur la construction des mémoires de la guerre, à la fois pendant le conflit et après le conflit avec l’émergence de monuments aux morts et de cérémonies commémoratives. Puis, le vendredi 11 octobre, la classe a participé à l’enregistrement d’une webradio, avec l’aide de la mission TICE de l’académie Orléans-Tours (pour l’aspect technique) et avec la collaboration d’une classe de terminale du lycée Emile Zola de Châteaudun, qui a travaillé elle sur la mémoire de la Seconde guerre mondiale et les relations franco-allemande depuis. Deux élèves de la classe Chloé et Célestin ont posé les questions à l’historienne et les autres élèves de la classe a assisté à l’émission dans le public. DOSSIER REALISE AVEC LES ELEVES : Le dossier constitué ci-après reprend les moments forts de notre projet de webradio sur les mémoires de la Première guerre mondiale en France et en Allemagne et notamment l’entrée dans le conflit en 1914. 1ère étape : la recherche d’un lieu de mémoire de la première guerre mondiale Le travail a débuté par une fiche de travail donnée par le professeur. Cette fiche de travail a un double objectif : faire une mise au point sur ce que l’on entend par mémoire et lieu de mémoire de la Première guerre mondiale, mais aussi faire comprendre que partout en France, dans notre paysage local, mais aussi national, il existe des lieux de mémoire qui prennent vie à des moments précis dans l’année et qui ont une symbolique de nature individuelle mais également collective. Nous avons eu une semaine pour répondre à cette commande et après avoir mis en commun nos travaux, il s’est avéré que le monument qui était le plus cité était celui de sainte-Maure-deTouraine. Donc nous nous y sommes rendus pour en analyser les détails : la symbolique, le nombre de victimes ainsi que leurs noms, des noms encore très répandus dans la ville. A ce moment, nous avons étudié également d’autres monuments aux morts de 1914-18 et avons repéré les symboles récurrents comme le poilu, la veuve et l’orphelin. Puis nous avons effectué une recherche internet sur ces noms et ceux de nos familles à partir du site Mémoires des Hommes. Il s’agissait alors de savoir dans quels régiments avaient servi les poilus de Sainte-Maure-deTouraine, le lieu de leurs décès et les conditions de leurs décès. 4 Les 3èmes A devant le monument aux morts de Sainte-Maure-de-Touraine (il s’agit de l’arrière du monument aux morts avec la liste des victimes de la Grande Guerre) 2ème étape : l’année 1914 mise en lumière Le début de la guerre a été analysé dans un premier temps par l’étude d’un extrait vidéo du film Joyeux Noel de Christian Caron. Dans cet extrait, trois enfants de nationalité française, anglaise et allemande se trouvent dans une salle de classe et récite des poèmes. Pour l’enfant français, il s’agit de revanche sur l’Allemagne qui a pris l’Alsace-Lorraine et pour l’Anglais et l’Allemand, il s’agit d’une concurrence économique qui est dénoncée. Extraits vidéo étudiés Cet extrait a permis de comprendre que la préparation des esprits à la guerre était réelle et que donc ce n’était pas sans une certaine excitation qu’avait eu lieu cette entrée en guerre. C’est ce que 5 montre d’ailleurs ci-après, l’étude de la première lettre du poilu de Sainte-Maure-de-Touraine, Maurice Sieklucki. (Pour retrouver l’intégralité du travail sur ces lettres, voir l’annexe 1) ces lettres ont d’ailleurs ensuite été enregistrées avec l’aide de Myriam Le Tennier la documentaliste de l’établissement qui nous a aidé également pour travailler sur les documents d’archives. 1) La mobilisation : « 6 août 1914. Châtellerault Mon1)cher Latonton, mobilisation : je prends la plume pour t’écrire en t’écrivant que je suis maintenant sous l’habit militaire, et j’ai la fine allure. « 6 août 1914. Châtellerault La mobilisation a été pour nous assez peu pénible. Nous, car j’ai trouvé ici Pelletier, Gallois et beaucoup Mon cher tonton, d’étudiants de Paris de Poitiers dans mon couchions à l’hotel et mangions je prends la plume et pour t’écrire qui en étaient t’écrivant que je cas. suis Nous maintenant sous l’habit(sic) militaire, et j’ai laen ville jusqu’à hier et aujourd’hui nous continuons parce qu’il y a des punaises à la caserne. C’est toute une fine allure. La mobilisation a été pour nous assez peu pénible. Nous, car j’ai trouvé ici Pelletier, éducation à faire : être sal[e], manger salement, être mal vêtu, mal couché, ne rien faire, bag[ue]nauder Gallois et beaucoup d’étudiants de Paris et de Poitiers qui étaient dans mon cas. Nous couchions (sic), boire et manger toute la journée, je me sens une âme très militaire. Tout le monde est très gentil pour à l’hotel et mangions hier aujourd’hui nous a des nous à la(sic) caserne, c’est uneen vieville pasjusqu’à ordinaire, je et serai idiot avant troiscontinuons ans. Je ne parce pense qu’il pas y que nous punaisesà la à la caserne. toute une éducation faire : de êtrenesal[e], manger salement,abrutissante être mal partions guerre avant C’est six semaines. Nous avons laàchance pas avoir une éducation vêtu, mal rien faire, est bag[ue]nauder (sic), boire et 28e manger toute la je me sens comme en couché, temps dene paix. Camille encore ici, il est affecté à la compagnie de journée, dépôt, il n’ira peut-être e une àâme très avant militaire. le monde trèsde gentil pour nousetàmoi la caserne, c’està une vieavec pasle pas la guerre moi.Tout M. Moreuve est àest la 27 dépôt. Pelletier nous sommes la 25e ordinaire, je serai idiot avant fils d’un ancien percepteur de trois ans. Je ne pense pas que nous partions à la guerre avant six Richelieu, Le moral des troupes est merveilleux. Le 32 est abrutissante parti hier matin en chantant avec de des semaines.Rousseau. Nous avons la chance de ne pas avoir une éducation comme en temps fleurs. L’opinionest estencore très excitée l’Allemagne, on est persuadéde quedépôt, la victoire estpeut-être à nous. Nous paix. Camille ici, ilcontre est affecté à la 28e compagnie il n’ira pas avons à la eofficielles, j’espère qu’il en est de même à Richelieu. Envoyez des nouvelles deux fois par jour par dépêches guerre avant moi. M. Moreuve est à la 27 de dépôt. Pelletier et moi nous sommes à la 25e avec moi nouvelles du pays. Jede vous embrasse bien tous les deux, et bon courage, votre neveu qui est le filsdes d’un ancien percepteur militaire. M. Sieklucki. » 1- Souligne les informations du texte qui montre que Maurice Sieklucki est confiant avant de partir à la guerre Puis pour confirmer ce qui a été vu pour cette entrée en guerre, il y a eu la confrontation de l’œuvre artistique, de cette lettre de poilu avec les travaux d’une historienne Elise Julien. Voici un des extraits étudiés en classe de la thèse d’Elise Julien sur l’année 1914. La guerre avant 1914 : « Les manuels français (elles parlent ici de ceux d’avant la 1ère GM) reflètent une vision large, ouverte sur le monde, principalement en raison de la mission que les Français s’attribuent depuis la Révolution : être le phare et le guide universel de la démocratie, de la liberté et de la paix. (…) En face, ses ennemis sont assimilés à des forces d’oppression (…) A la veille de 1914 et sous cet éclairage, les rôles sont clairs : l’Empire allemand, autoritaire, militariste et oppresseur de minorités, est perçu comme une menace structurelle pour la paix et pour le progrès de la civilisation. La France en serait une victime en même temps qu’elle porte l’espoir d’un avenir meilleur. A partir de la crise de Tanger (crise en 1905 qui oppose la France et l’Allemagne pour l’occupation du Maroc), la probabilité croissante de la guerre s’accompagne d’inquiétude, car la guerre est source de souffrance et de misère. Si la catastrophe devait néanmoins survenir, le rôle du pays serait d’assumer sa tradition de soldat du droit et de défendre fermement les intérêts de l’humanité. » 1-Que montre cet extrait quant à la possibilité d’une guerre avant même son déclenchement en 1914 ? 6 3ème étape : la restitution des informations et la question de la mise en mémoire de la Grande Guerre L’étude des travaux d’Elise Julien sur la fabrication de la mémoire de la Première guerre mondiale a permis aux élèves de mieux comprendre ce que c’était une mémoire de guerre, sa fabrication et sa commémoration. Voici d’autres extraits étudiés en classe. Entretenir le souvenir des morts : « La guerre montre rapidement un tragique visage : 300.000 morts, 600.000 blessés, disparus ou prisonniers pendant le deuxième semestre 1914. Les deuils de guerre revêtent une intensité particulière : morts violentes de jeunes gens, corps provisoirement ou définitivement absents pour les familles. Il n’est pas facile d’appréhender la manière dont a été vécu individuellement le deuil, sauf au travers de quelques écrits qui relatent cette expérience et en soulignent la diversité1. On sait néanmoins qu’une commémoration intime se met en place dès l’annonce des premiers décès. Käthe Kollwitz fait le récit de son deuil, dans un cheminement d’autant plus particulier qu’il est lié à une démarche artistique : dès décembre 1914, l’idée lui vient d’entreprendre un monument pour son fils Peter mort le 23 octobre, qu’elle mettra dix-sept ans à réaliser ; plus prosaïquement, elle aménage un véritable sanctuaire à sa mémoire dans la pièce qui fut sa chambre1. Pour d’autres, c’est la mise en écriture qui doit perpétuer le souvenir : Louise Clermont engage à la mort de son frère un ouvrage qualifié de « monument à la mémoire d’Emile Clermont1 ». On peut en effet y voir un monument ou un tombeau : « Dans le suaire des mots, le mort est sauvé de l’anonymat et de la chute dans l’indifférencié. Le livre l’accueille en personne, avec son nom, sa chair meurtrie, sa singularité1. » 1-Par quel moyen sont commémorés les morts ? Est-ce que ce sont des commémorations individuelles ou collectives ? Préparer l’écriture de l’histoire : « En effet, le sentiment de vivre des événements importants, voire une « grande époque » (Große Zeit), a suscité le besoin de fixer ces moments. Ce besoin trouve son expression dans une mise par écrit individuelle. De fait, la fièvre collectionneuse s’empare des pays. En Allemagne, un protagoniste de ce mouvement recense en 1917 l’existence d’au moins 217 collections de guerre1. Chaque Etat allemand, mais aussi de nombreuses villes et localités, veulent rassembler leur propre documentation. Il existe en outre d’importantes initiatives privées, comme celle de l’industriel souabe Richard Franck : il n’hésite pas à faire travailler 24 de ses employés à la réalisation de sa collection, qui en 1920 atteint 45.000 ouvrages et un impressionnant ensemble de journaux, d’affiches, de cartes, de photographies, de lettres et autres objets venus de toute l’Europe1. A Berlin, les fonds sur la guerre de la bibliothèque royale comptent plus de 50.000 documents en 1921. En France, la collection la plus importante est celle rassemblée par les époux Leblanc, qui la destinent depuis l’origine à l’Etat. Nombreux sont finalement les lieux et les acteurs de ces collections de guerre qui ont l’ambition de « perpétuer le souvenir de la Grande Guerre et faciliter dans l’avenir les recherches historiques et scientifiques sur les événements actuels1 ». Cette ambition dénote l’esprit de l’époque dans laquelle elle est formulée : le temps de guerre est tout aussi bien marqué par la nécessité de consoler que par la volonté de tenir et de témoigner. » 2-Pourquoi conserver autant d’objets, d’écrits de la 1ère GM ? 7 4ème étape : la webradio Après avoir abordé l’entrée en guerre en 1914 et travaillé sur divers documents, à la fois des extraits vidéos, des documents d’archives et des travaux d’historiens, nous avons élaboré un questionnaire pour Elise Julien afin de préparer notre webradio. Ce questionnaire portait à la fois sur l’année 1914 et l’entrée en guerre, le déroulement de la guerre et la commémoration de la Grande Guerre. Il nous a servi pour établir le conducteur de l’émission (voir annexe 2). Le vendredi 11 octobre 2013, nous avons rencontré Elise Julien lors des Rendez-vous de l’histoire de Blois et avons enregistré notre webradio avec elle. Ce fut le grand moment du projet pour nous : d’abord parce qu’il s’agissait de l’aboutissement d’un long processus lié à la découverte d’un des monuments les plus symboliques de notre ville. Mais aussi parce que ce fut un travail collectif pour lequel on s’est tous investit. De plus, le collège a financé intégralement cette sortie pédagogique et pour nous remercier le vendredi après-midi, après l’enregistrement de la webradio, nous avons assisté à une représentation théâtrale de Juste une cachette, une pièce de théâtre mise en scène par Claudie Ollivier et qui raconte l’histoire de justes de la région Centre pendant la Seconde guerre mondiale. De ce geste, nous avons été très touchés, car il témoigne d’un réel soutien de notre établissement pour le projet. Photographies prises lors de l’enregistrement de l’émission de webradio à Blois (Photographies L. Joubert) Célestin Chloé Jurgen Mendel (de la mission TICE) C. Lefèvre M. Le Tennier (notre documentaliste) 8 Elise Julien C. Lécureux (IA-IPR) Eva et Wissal (élèves du lycée de Châteaudun) 5ème étape : Commémorer le souvenir de la Grande Guerre Pour terminer ce projet, certains élèves de la classe ont assisté à la cérémonie de commémoration du 11 novembre devant le monument aux morts de Sainte-Maure-de-Touraine. Accompagnés des officiels de la mairie, d’anciens combattants, de membres de l’équipe éducative et de leurs parents, nous avons pris conscience de toute l’émotion liée à cette cérémonie, temps fort de la vie locale et nationale. Le 11 novembre n’est plus pour nous une vague idée mais bien un moment important qu’il faut continuer de célébrer pour la mémoire de ceux qui ont donné leurs vies lors du conflit, mais aussi parce qu’en tant que citoyen, nous devons participer à la transmission du souvenir de la Grande Guerre. M. Bariller, maire de Sainte-Maure-de-Touraine Célestin, Romain et Maxime, élèves de 3eA M. Savarit, principal du collège 9 Romain en train de lire un extrait des lettres de M. Sieklucki lors de la cérémonie du 11 novembre (photos L. Joubert). 10 ANNEXE 1 : FICHE DE TRAVAIL n°1 LES LIEUX DE MEMOIRE DE LA 1ERE GUERRE MONDIALE Selon Pierre Nora (historien français), « un lieu de mémoire dans tous les sens du mot va de l'objet le plus matériel et concret, éventuellement géographiquement situé, à l'objet le plus abstrait et intellectuellement construit1. ». Cela peut donc désigner un monument, un personnage, des archives, un musée, une devise, une institution, un symbole. Un « objet », selon Pierre Nora devient un lieu de mémoire quand il ne tombe pas dans l’oubli et qu’il est identifiable par une plaque commémorative. Pour que cet objet soit lieu de mémoire, il doit aussi être utilisé par les collectivités et investit d’un sentiment, d’une émotion. Quels lieux de mémoire de la 1ère guerre mondiale connaissez-vous ? (Chercher d’abord dans votre paysage quotidien, afin de vous pressez sur internet). Puis faites une recherche sur ce lieu de mémoire en décrivant le plus précisément ce qu’il est, ce qu’il représente. Pour cela, sur une feuille, présentez, décrivez et analysez votre lieu de mémoire sous la forme suivante. LIEU DE MEMOIRE DE LA 1ERE GUERRE MONDIALE Description : Nature, dimensions, matériau, situation, détails…. Analyse : Pourquoi ce lieu est-il un lieu de mémoire pour toi ? (Aide-toi de ce qu’a écris Pierre Nora) ILLUSTRATION DE TON LIEU DE MEMOIRE 1-Désigne quelque chose créé par l’Homme de façon abstraite et qui fait référence ici à la 1èguerre mondiale (ex : un symbole comme le bleuet, fleur- symbole de la 1ère guerre mondiale en France) 11 ANNEXE 2 : FICHE DE TRAVAIL n°2 L’extrait n°1 étant déjà présent dans le dossier, il n’a pas été remis dans les annexes. La Première Guerre mondiale vécue par un habitant de Sainte-Maure-de Touraine : le témoignage de Maurice Sieklucki Cette correspondance, donnée aux Archives départementales d’Indre-et-Loire en 1993 par sa veuve, Marcelle Sieklucki, est constituée de cent six lettres ou cartes imprimées. Maurice Sieklucki écrit à son parent et tuteur Eugène Chauvin, qu’il appelle mon oncle ou mon cher tonton, domicilié le plus souvent Grande rue à Richelieu (Indre-etLoire).Hubert André Marie Maurice Sieklucki est né le 19 juillet 1893 à Saint-Maure-de-Touraine. Originaire de la Vienne, son père Ernest Sieklucki s’était installé à Sainte-Maure quelques années plus tôt pour exercer la profession de juge de paix de ce canton. La famille était d’origine polonaise : le grand-père de Maurice, prénommé Cléophas, s’était réfugié en France après l’échec de l’insurrection polonaise de 1831 contre l’occupation russe. Il s’était installé à la Chapelle-Blanche-Saint Martin (37) pour se reconvertir dans la production sucrière et devenir après quelques temps régisseur du château.Maurice devient orphelin de sa mère un mois après sa naissance le 9 août 1893. Il est alors élevé par sa soeur aînée Marie Félicie Suzanne mais celle-ci meurt de la scarlatine en 1900, à l'âge de 24 ans. Deux ans plus tard, Maurice perd son père alors qu'il n'a que neuf ans. C'est son cousin et ami de son père Charles Eugène Chauvin, qui est nommé tuteur. Cette correspondance a duré d’août 1914 à septembre 1917. Extraits de sa correspondance : 2)Les tranchées : « 29 octobre 1915 « Mon cher tonton,rien de bien nouveau depuis ma dernière lettre. Il a beaucoup plu et fait froid. Pourtant on nous a fait travailler sous la pluie dans la boue. Je t’assure que cela ne s’annonce pas drôle un hiver de tranchées. Puis les permissions semblent interrompues, jusqu’à quand ? Si le bureaucrate inutile et incapable qui loin du danger du froid et de la pluie dirige ces permissions savait combien ces quelques jours de plongée dans la vie civilisée et dans la famille font de bien à un malheureux qui se fait tuer pour qu’il ait bonne table et bon lit, il reculerait avant de suspendre ces permissions bienheureuses. Et dire que l’officier payeur de notre régiment qui ne voit jamais le front de plus près que 5 kilomètres est déjà allé trois fois chez lui ! Et nous laissons faire, nous léchons la main qui nous frappe. Peut-être irai-je àRichelieu vers le huit novembre ? Peut-être ? Bons baisers à mon grand oncle. Je vous embrasse tous les deux de tout mon cœur bien affectueusement, votre pauvre neveu cafardeux M. Siek[lucki]. » 2-Montre que les conditions de vie au front sont difficiles.* 3-Qu’est-ce qui change dans la façon de « faire la guerre » à partir de l’hiver 1915 ? 4- Maurice Sieklucki a –t-il l’impression que tous les Hommes sont égaux au front ? 3)Les blessures des soldats : 16 octobre 1916. Lettre adressée par G. Mignot, un camarade de M. Sieklucki. « Monsieur Chauvin, Comme vous devez sans doute le savoir votre neveu monsieur S. étant à ma compagnie il m’avait prié de vous donner de ses nouvelles si toutefois il lui arrivait un accident étant en ligne. Depuis 2 jours j’ai appris qu’il avait été blessé le 12, mais je préférais attendre pour avoir des nouvelles plus exact[es]. Je suis allé aujourd’hui à l’ambulance où il se trouve, tant que je puis nous renseigner car les blessures étant couvertes on ne peu[t] bien s’en rendre compte. Il a le bras gauche cassé et la main gauche traversée, il a aussi la bouche abîmée sur le côté droit et la face coupée, la lèvre supérieure paraît ne pas être trop malade, mais la lèvre inférieure doit être en partie coupée sur le côté droit, une partie des dents sur le devant lui manque. Il ne souffre pas du tout en ce moment et a peu de fièvre, un ami a passé une partie de l’après-midi avec lui, il peut assez facilement parler, quoique ne pouvant faire aller sa mâchoire. Il doit être évacué probablement ce soir ou demain à l’intérieur. Je suis allé le voir avec le fils Bretonneau. Recevez monsieur Chauvin mes meilleures salutations. G. Mignot. » 5- Souligne dans la lettre, les types de blessures reçues par Maurice Sieklucki. 6-Dans quel endroit est-il soigné (mot utilisé dans le texte) ? Source : Archives départementales d’Indre-et-Loire, 1R 790 ; 12 ANNEXE 3 : LE CONDUCTEUR DE L’EMISSION DE WEBRADIO 4e Vendredi 11 octobre 2013 10h Campus de la CCI, amphi vert Thème Intervenant Générique début Intro : C. Lécureux IA-IPR édition de la webradio des RDV de l’Histoire de Blois Web radio : "France-Allemagne: mémoires des deux guerres mondiales". e Bonjour et bienvenue à tous pour cette 4 webradio proposée par l’équipe TICE académique Histoire-Géo et enregistrée en direct depuis le campus de la CCI de Blois. Notre émission s’intitule cette année « France-Allemagne : mémoires des deux guerres mondiales ». Autour de cette table sont présents deux élèves du collège Célestin Freinet de Sainte-Maure-de-Touraine dans l’Indre-et-Loire : Chloé Lécureuil et Célestin Pignon, deux de leurs camarades du Lycée E. Zola de Chateaudun en Eure-et-Loir : Wissal et Eva, et Elise Julien qui répondra à leurs questions. Célestin E. Julien Virgule son Chloé Elise Julien vous êtes … …avant de commencer l’émission, Célestin du collège de Sainte-Maure-de-Touraine souhaite ère vous poser une 1 question. 1-Bonjour Elise Julien, dans notre collège nous nous sommes demandés pourquoi vous avoez choisi ce thème d’étude ? Réponse 1ere partie: “La guerre vécue ” ère Pour débuter cette émission, nous allons nous intéresser à la question de la guerre vécue en insistant davantage sur la 1 guerre mondiale. Pour cela, nous aborderons la préparation des esprits, mais également la guerre vécue par les soldats et à la violence qu’ils ont subi. Et pour commencer, nous allons écouter un extrait du film Joyeux Noel, réalisé par Christian Caron en 2005. Cet extrait montre le rôle de l’école dans la préparation des esprits à la guerre et surtout ceux des jeunes écoliers en France, en Angleterre et en Allemagne. Extrait : Joyeux Noël de Christian Caron Célestin 2-A partir de cet extrait, Madame Julien, on peut se demander si la guerre n'était pas présente dans les esprits avant même son déclenchement. Qu'en pensez-vous ? E. Julien Réponse Chloé 3-Vos travaux, notamment le chapitre 1 de votre thèse, évoque cette préparation à la guerre des esprits. Est-ce que l'on peut dire la même chose pour la 2ème guerre mondiale ? E. Julien Réponse Célestin 4-Le deuxième extrait que nous allons entendre maintenant est une compilation de lettres écrites par Maurice Sieklucki, un poilu ère originaire de Sainte-Maure-de-Touraine. Cet extrait va nous permettre d’aborder la question de la gurre vécue et notamment la 1 guerre mondiale par les soldats. 13 Extrait : lettres d’un poilu de Sainte-Maure-de-Touraine Chloé 5-Est-ce que les extraits de lettres que nous venons d'entendre vous paraissent révélateur de ce que pensent et vivent les soldats pendant la 1ère guerre mondiale ? E. Julien Célestin Réponse 6-En France, on a beaucoup de témoignages de poilus qui ont connu un succès d'édition comme Paroles de poilus, vendus à plus d'1 million d'exemplaires. Est-ce que ce phénomène d'édition est similaire en Allemagne ? E. Julien Réponse Wissal 7-Est-ce que les soldats allemands avaient une correspondance libre avec leur famille ? pourquoi sinon ? E. Julien Réponse Chloé 8-Au début de votre thèse, vous écrivez que les écrits et les objets de la 1ère guerre mondiale sont conservés pendant et après la guerre. Pourquoi les civils et les soldats conservent-ils autant d'objets ? Est-ce pour se souvenir ou bien pour transmettre une expérience ? E. Julien Réponse Célestin 9-Le dernier extrait des lettres de Maurice Sieklucki nous explique ce qu'est une gueule cassée. Les gueules cassées sont-ils représentatifs de la violence connue pendant la 1ère guerre mondiale ? Et est-ce qu'ils ont une place aussi importante en Allemagne ? E. Julien Réponse Eva 10-Est-ce que les familles percevaient la mort de leurs soldats comme un acte héroïque ou plutôt suicidaire ? E. Julien Réponse Wissal 11-Comment s’effectuait le rapatriement des corps en all. Y-avait-il des cérémonies officielles ? les rendait-on aux familles ? E. Julien Eva Réponse 12-En Allemagne, y-a-t-il un culte de la figure héroïque du poilu comme en France ? E. Julien Réponse ère ème 2, Les mémoires des1 et 2 guerre mondiale Chloé 13-Après avoir vécu la guerre, se pose la question de sa mémoire. Comment se fabrique-t-elle et quelles formes prend-elle ? C’est l’objet de cette deuxième partie de l’émission. Dans vos travaux, vous évoquez l'absence d'un monument aux morts unique à Paris et à Berlin. Comment l'expliquez-vous ? E. Julien Réponse Célestin 14-Et à part les monuments aux morts, existe t-il d'autres objets de mémoire de la 1ère guerre mondiale ou de la 2ème guerre mondiale ? E. Julien Réponse 14 Chloé Eva L’extrait que nous allons écouter maintenant est tiré du film La vie et rien d’autres réalisé par Bertrand Tavernier en 1988. Il est actuellement rediffusé dans le cadre du festival au cinéma Les Lobis de Blois. Extrait La vie et rien d’autres de Bertrand Tavernier 15-Dans cet extrait du film “La vie et rien d’autre” de Bertrand Tavernier, il est question de la construction des monuments aux morts. En France, presque toutes les communes ont construit un MoM pour les disparus de la 1ere GM ? est-ce aussi le cas en Allemagne, pour la 1ere et la 2e GM ? E. Julien Wissal Réponse 16-Verdun est un lieu de mémoire fort pour les français ? qu’en est-il des allemands ? E. Julien Célestin Réponse 17-Existe-t-il des commémorations nationales en Allemagne, pour les deux guerres ? E. Julien Chloé Réponse Cette année, avec le collège, nous allons visiter la maison du souvenir de Maillé, qui raconte le massacre de 124 civils par des Allemands dans le village de Maillé en Indre-et-Loire. Chloé Extrait la liste des victimes de Maillé 18-La 1ère guerre mondiale est commémorée chaque année le 11 novembre. Cet extrait nous montre qu’il existe aussi des commémorations pour le massacre de civils. Existe-t-il, en Allemagne, des commémorations similaires de massacres de civils pour la 1ère ou la 2ème guerre mondiale ? E. Julien Réponse Suite de l’émission réalisée exclusivement par les élèves de lycée L’émission peut être écoutée à l’adresse suivante : http://webradio.tice.ac-orleans-tours.fr/eva/spip.php?article157 15