Songes et Métamorphoses - Odéon

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SONGES ET MÉTAMORPHOSES
une création de Guillaume
Vincent
Les Métamorphoses de Guillaume Vincent, librement inspiré d’Ovide
Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare,
traduit par Jean-Michel Déprats
Théâtre de l’Europe
21 avril – 20 mai 2017
Berthier 17e
© Élizabeth Carecchio
DOSSIER D’ACCOMPAGNEMENT
SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DES PUBLICS
PUBLIC DE L’ENSEIGNEMENT
HORAIRES
du mardi au samedi à 19h30
dimanche à 15h
Clémence Bordier / 01 44 85 40 39
[email protected]
Coralba Marrocco / 01 44 85 41 18
[email protected]
Ateliers Berthier
1 rue André Suares
Paris 17e
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SOMMAIRE
Générique du spectacle
1re PARTIE LE PROJET DE MISE EN SCÈNE
A. Présentation du projet
Entretien avec Guillaume Vincent
Notes d’intention : Les Métamorphoses, Le Songe d’une nuit d’été
B. La scénographie
Présentation du décor par François Gauthier-Lafaye, scénographe
2e PARTIE
PARCOURS DANS
LES MÉTAMORPHOSES ET LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ
A. Échos
– « L’Étrange délire de Narcisse » de Guillaume Vincent
– Les Métamorphoses d’Ovide, « Écho »
– Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare
B. Songes
– Aurélia de Nerval
– Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare
– L’Âne d’or ou Les Métamorphoses d’Apulée
C. « L’amour est une métamorphose »
– Philtre d’amour de Tobie Nathan
– Hermaphrodite de Guillaume Vincent
– Vénus et Adonis de William Shakespeare
– Shakespeare, notre contemporain de Jan Kott
D. Hommage au théâtre amateur et au spectateur
– « Variations sur le thème du théâtre amateur »
par Guillaume Vincent
– Henri V de William Shakespeare
– Regard de spectateur sur le théâtre
QUELQUES REPÈRES
SUR GUILLAUME VINCENT
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SONGES ET MÉTAMORPHOSES
21 avril – 20 mai 2017
Berthier 17e
une création de Guillaume Vincent
Les Métamorphoses, de Guillaume Vincent, librement inspiré d’Ovide
Le Songe d’une nuit d’été, de William Shakespeare, traduit par Jean-Michel Déprats
avec
Elsa Agnès
Paul-Marie Barbier
Candice Bouchet
Lucie Ben Bâta
Emilie Incerti Formentini
Elsa Guedj
Florence Janas
Hector Manuel
Estelle Meyer
Alexandre Michel
Philippe Orivel
Makita Samba
Kyoko Takenaka
Charles Van de Vyver
Gerard Watkins
Charles-Henri Wolff
et la participation de
David Jourdain
Pierre-François Pommier
Muriel Valat
et en alternance les enfants
Bastien Faba Vonki-Teulé
Baptiste François
Capucine Gilson
Mathilde Vaux
Kadiatou Barry
Mia Luppens--Sfez
Gaspard Martin Laprade
Darius Van Gils
Georges Barse
Pola Chéron-Bonnet
Hora Fourlon-Kouayep
Anton Froehly
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dramaturgie
Marion Stoufflet
scénographie
François Gauthier-Lafaye
collaboration à la scénographie
James Brandily
Pierre-Guilhem Coste
lumière
Niko Joubert
collaboration à la lumière
César Godefroy
composition musicale
Olivier Pasquet
Philippe Orivel
son
Géraldine Foucault
collaboration au son
Florent Dalmas
costumes
Lucie Ben Bâta
collaboration aux costumes
Elisabeth Cerqueira
Gwenn Tillenon
collaboration mouvement
Stéfany Ganachaud
assistante à la mise en scène
Jane Piot
répétiteurs enfants
Clémence Bordier
Pierre-François Pommier
régie générale, vidéo
Edouard Trichet Lespagnol
régie plateau
Muriel Valat
David Jourdain
régie micros
Rose Bruneau
perruques / maquillages
Justine Denis
Mityl Brimeur
moulage
Anne Leray
photo décor
Flavie Trichet Lespagnol
coach vocal
Marlene Schaff
Jeanne-Sarah Deledicq
communication/diffusion
Ninon Leclère
Marion Pons
production
réalisation du décor
Atelier de construction
de l’Odéon-Théâtre de l’Europe
et l’équipe technique de
l’Odéon-Théâtre de l’Europe
durée
4 heures
(1h45 / entracte / 1h55)
créé le
7 octobre 2016
à La Comédie de Reims – CDN
musiques d’après
Benjamin Britten, Felix
Mendelssohn,
Henry Purcell, les Beatles
le décor est réalisé par
les ateliers du Théâtre du Nord –
CDN de Lille,
de l’Odéon-Théâtre de
l’Europe et du CDN de Caen
commande musicale
Ircam-Centre Pompidou.
Parties électroniques de l’œuvre
réalisées dans les studios de
l’Ircam-Centre Pompidou
remerciements
les familles des enfants,
du collège Jules Ferry
(Catherine Viennot,
Anne Charbonneau,
Cécile Mesnart), Corine Gomezda
Silva, Céline Gaudier,
Céline Batârd,Myrtille Pichon,
Marie Maresca, les élèves de
l’école Gabriel Péri de Romainville
et leur professeur Thierry Sol,
Julia Fimat, Laurine Petito,
Estelle Boul et Jacques GauthierLafaye, Matthieu Durbec,
Mikaël Kandelman
et l’équipe technique de
l’Odéon-Théâtre de l’Europe
le texte Les Métamorphoses a
reçu le soutien du fond SACD
théâtre
production
Cie MidiMinuit
#SongeetMétamorphoses
coproduction
La Comédie de Reims – CDN,
Odéon-Théâtre de l’Europe,
Ircam-Centre Pompidou, CDN
Besançon Franche-Comté,
Le Lieu unique – scène nationale
de Nantes, Le Printemps des
Comédiens – Montpellier, Centre
dramatique national
Orléans/Loiret/Centre, Scène
nationale d’Albi, Théâtre
de Caen, Comédie de Caen –
CDN, Le Tandem – Scène
nationale, Le Cratère – scène
nationale d’Alès, Théâtre Ouvert
– Centre National des
Dramaturgies Contemporaines
avec le soutien de
La Colline – théâtre national,
l’Arcadi Île-de-France,
la Ménagerie de verre,
la Maison d’arrêt de Fresnes,
la Chartreuse de Villeneuve-lezAvignon, l’Opéra de Rouen,
Astérios spectacles, La Maison
Louis Jouvet/ENSAD LR et
avec le dispositif d’insertion
de L’ESAD du Théâtre National
de Bretagne
avec la participation artistique
du Jeune théâtre national
La Cie MidiMinuit est soutenue
par la DRAC Île-de-France –
ministère de la Culture et de la
Communication
www.midiminuit.fr
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Songes et Métamorphoses est
un spectacle en deux parties, Les
Métamorphoses de Guillaume
Vincent, librement inspiré d’Ovide
et Le Songe d’une nuit d’été, de
William Shakespeare.
Un spectacle-hommage aux pouvoirs de
l’imagination. Un kaléidoscope en deux volets.
Une suite de métamorphoses contemporaines,
puis un sommet de la comédie élisabéthaine :
Le Songe d’une nuit d’été, où un quadrille
d’amoureux perdus et une bande d’artisans
répétant une pièce se croisent à leur insu dans la
forêt du désir nocturne... Mais Guillaume Vincent
ne s’en est pas tenu à ce joyeux désordre.
Puisant aux mêmes sources ovidiennes que
Shakespeare, Songes et Métamorphoses invite
des figures d’aujourd’hui à explorer des destins
antiques : Narcisse, Philomèle ou Myrrha.
Une ôde à la gloire du théâtre et des
transformations qu’il rend possibles.
Présentation du spectacle, consultable sur le site de l’Odéon-Théâtre de l’Europe
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1re PARTIE
LE PROJET DE MISE EN SCÈNE
A. PRÉSENTATION DU PROJET
ENTRETIEN AVEC GUILLAUME VINCENT
Pourquoi avez-vous décidé de travailler sur ces deux pièces dans
un même spectacle ?
J’ai conçu la première partie Les Métamorphoses en fonction du Songe
d’une nuit d’été. La référence au texte d’Ovide est partout présente
dans Le Songe, au travers des artisans qui montent Pyrame et Thisbé,
mais pas seulement. Dans Le Songe d’une nuit d’été, trois pièces
coexistent en une seule, quatre avec le spectacle des artisans à la fin.
Durant les répétitions, les artisans sont confrontés aux questions qu’on
se pose habituellement quand on monte un texte, ces questions que
Shakespeare pose sur un mode comique et bouffon, je voulais pouvoir
me les poser sur un autre mode, en partant du théâtre amateur mais aussi
de ma pratique et des questions ou des débats que posent la volonté
de représenter. J’avais envie que cette première partie soit comme une
trajectoire, qui commence par l’école primaire, puis le lycée et puis le
théâtre tel qu’il m’interpelle dans ma pratique, aujourd’hui, que ce soit
avec des professionnels, lors de mes créations, ou des amateurs quand
j’anime des ateliers avec des adolescents ou des prisonniers.
J’avais aussi envie de faire un spectacle à tiroirs où l’on tombe dans
un trou, puis dans un autre. C’est une suite de mises en abyme. Ici les
acteurs se jouent eux-mêmes avant d’aborder la pièce de Shakespeare,
pour faire résonner de manière plus large le texte final où Puck dénonce
le théâtre et en appelle à la bienveillance des spectateurs.
« On s’en fiche que les gens y croient vraiment, c’est pas de la télé
c’est du théâtre ». Aujourd’hui, y a-t-il un rejet de l’illusion que le
théâtre peut créer ?
Dans ce spectacle, il y a différents points de vue qui s’expriment sur
la question. Le spectacle n’en force aucun et ne sous-entend pas que
le théâtre devrait être ceci ou cela. Pour ma part quand j’ai commencé
à faire de la mise en scène, j’avais très envie de travailler avec les
identités des acteurs, de partir de la réalité des répétitions, etc... mais
à ce moment-là, il n’y avait ni Loft Story ni télé-réalité. Aujourd’hui,
le rapport à la fiction s’est vraiment modifié. La « réalité » de ces émissions
fait désormais œuvre de fiction... pour le pire. Mais si tout cela a un côté
fascinant, je n’ai pas l’impression que les gens se détournent de l’illusion.
Le théâtre n’est pas la télévision, parce qu’il exalte le réel du présent.
Ce qui est vrai au théâtre, c’est que l’on est devant des gens qui vous
regardent et que l’interaction est permanente. C’est une rencontre.
Et d’ailleurs Shakespeare dit que c’est le spectateur qui fait le spectacle,
c’est la force de son imagination.
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Pourquoi avoir travaillé ces allers-retours entre réel et fiction en
mélangeant les genres, les pratiques et les formes ?
À la fin de la pièce on nous dit « Voilà, vous avez assisté à une représentation
de théâtre ». Et pourtant tout le long de la pièce on a essayé de nous faire
croire à ces enchantements, à cette féerie... Shakespeare s’amuse avec
différentes esthétiques, les dialogues versifiés entre Titania et Obéron
contrastent par exemple avec le langage des artisans, mais sa fin est sans
ambiguïté. Cette adresse au spectateur dit aussi tout son amour du théâtre,
mais un théâtre impur qui est au carrefour du tragique, du comique, de
la bouffonnerie, du sublime, à l’image de la vie, comme il l’a dit lui-même
dans une célèbre formule. Il y a une volonté ludique de faire coexister
différentes théâtralités et de passer de l’une à l’autre avec espièglerie,
à l’image de Puck. J’ai toujours aimé jouer avec les codes. Ce spectacle
est une déclaration d’amour au théâtre.
Propos recueillis par Nina Gazaniol
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LES MÉTAMORPHOSES
Dans Le Songe, les artisans rappelleront au public que les morts sont
« pour de faux », et que les personnages sur scène sont des acteurs. Leur
représentation ne contiendra donc ni malentendu ni illusion... À l’inverse,
ces Métamorphoses jouent à fond des ambivalences, de la bascule
imperceptible entre représentation et répétition, entre personnages et
personnes, entre fiction et réel.
Ces Métamorphoses s’organisent comme les Mille et une nuits, scènes
enchâssées où l’on suit des acteurs en train de travailler. Le lien entre
ces différentes histoires, ce sont ces jeux du théâtre entre fiction et réel
bien sûr, mais ce sont aussi les métamorphoses, soit parce que les
personnages travaillent sur les Métamorphoses d’Ovide, soit parce qu’ils
deviennent malgré eux des personnages qui vont se transformer et subir
une métamorphose.
Narcisse
Un jeune homme dont la beauté semble être faite pour inspirer l’amour
tombe amoureux à en mourir de son propre reflet...
Nous sommes dans une école, les enfants ont répété sous la houlette de
Monsieur Gaillard, une mère parle mythologie avec lui, la conversation
s’envenime, une jeune femme enceinte les rejoint...
Hermaphrodite
Une jeune nymphe tombe amoureuse corps et âme d’un jeune homme,
elle le rejoint et l’enlace ; homme et femme, ils deviennent indiscernables
l’un de l’autre...
Myrrha
Une jeune femme amoureuse de son père met tout en œuvre pour
assouvir ses fantasmes...
Nous sommes toujours avec M. Gaillard, dans un lycée maintenant, la
discussion devient houleuse au sein de cet atelier théâtre. Malgré lui, il
se retrouve à jouer le rôle du père dont la fille, Myrrha, est amoureuse...
Pygmalion
Un homme tombe amoureux de la femme qu’il a sculptée à l’image de
son désir ; la statue s’anime sous le souffle de ses baisers...
Cette fois, nous sommes avec une troupe de comédiens professionnels.
La présentation à laquelle on assiste a été inspirée par un détenu et son
mannequin au réalisme troublant. Le comédien qui vient de se mettre en
scène se voit renvoyé à « l’emploi » de célibataire éternel, les règles du jeu
et de l’exercice se redéfinissent, on interroge la vraisemblance...
Procné
Une femme découvre que son mari a abusé de sa sœur et lui a tranché
la langue pour qu’elle ne puisse témoigner de l’infamie. Procné est prête
à tous les crimes de la vengeance...
Le débat sur le réalisme se poursuit ; l’une des comédiennes, refusant de
partir d’un de ses proches pour aborder Les Métamorphoses, propose
d’aller interroger la femme de ménage du théâtre. Elle nous restitue cet
entretien à la première personne – jusqu’à ce que le théâtre documentaire
soit dynamité et que la femme mise en scène, à travers son histoire
même, devienne Procné...
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© Élizabeth Carecchio
LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ
Aborder Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, c’est presque
envisager de monter trois pièces différentes. L’une aurait pour
personnages principaux l’orgueilleuse Titania et le jaloux Obéron,
maîtres de la forêt, leur royaume féerique ; la seconde évoquerait un
jeune quatuor amoureux pris au piège des jeux de l’amour et du hasard ;
enfin la troisième verrait des artisans essayant bon an mal an de répéter
Pyrame et Thisbé, métamorphose d’Ovide préfigurant le tragique
Roméo et Juliette. Shakespeare réunit cependant les trois pièces durant
le spectacle proposé par les artisans pour les noces de Thésée et
Hippolyta, duc et duchesse d’Athènes ; aux trois premières s’ajoute donc
une quatrième pièce au dernier acte...
En tant que metteur en scène, comment aborder ces hybridations
hasardeuses ? Que faire de « l’accord de ce désaccord » ? Peutil s’agir de lisser les différences pour essayer d’arracher une unité
volontairement mise à mal ? Pourquoi ne pas s’amuser plutôt à exalter
ces différences en les abordant avec une telle schizophrénie qu’on
pourrait donner l’illusion qu’il s’agit de trois pièces mises en scène par
trois metteurs en scène différents ?
Titania et Obéron sont ainsi deux chanteuses. On revisite Shakespeare
avec Britten, Purcell et Mendelssohn, qui ont tous trois écrit leur propre
Songe à partir de Shakespeare. Mini-opéra ou théâtre musical, les
interprètes, comédiennes et chanteuses, font résonner le lyrisme de
Shakespeare chez ces esprits de la forêt. Mais ici, tout peut se mettre à
dissoner. La nature elle-même est déréglée par la querelle jalouse du roi
et de la reine des fées, et les fêtes de mai qui peuplent leur forêt chaotique
deviennent le siège de toutes les expériences et mises à l’épreuve de
l’amour, de la foi donnée et des paroles trahies... Et comment pourrait-il
en aller autrement, si l’amour est métamorphose ?
Pour le quatuor amoureux égaré dans cette forêt après avoir fui la loi et
l’ordre de la cour, j’avais envie, en choisissant de très jeunes gens, tout
juste devenus « professionnels », de jouer avec l’enthousiasme et la vitalité
de ce qu’on appelle « les spectacles de sortie d’école ». Visant, à travers
la fragilité parfois, les moments d’une rare intensité, celle des premières
fois peut-être, celle d’un engagement sans reste, où l’on en voit certains
comme touchés par la grâce... la grâce fragile des commencements.
Enfin, pour les artisans, nous nous sommes amusés à jouer avec les
codes d’un théâtre d’improvisation comme le faisaient les acteurs
italiens de jadis, ou comme un collectif d’aujourd’hui. Une écriture de
plateau, à partir d’un canevas, celui des artisans du Songe. À partir des
questions de Shakespeare donc, sur les jeux du vrai et du faux, sur le
pouvoir de l’illusion et de l’imagination. Sur la façon dont on peut croire
au théâtre aussi.
Les codes et les esthétiques du Songe sont volontairement multiples,
et cet improbable patchwork ne veut sans doute pas qu’on efface ses
coutures. Mais on peut aussi évoquer ce qui unit ces intrigues distinctes,
à commencer par l’insolent Puck au service d’Obéron ; fou du roi des
fées, farceur, il est le seul personnage à passer d’une histoire à l’autre.
Et à brouiller les cartes. Puck donc, et avec lui le fantastique et les
métamorphoses. Celles d’Ovide sont un formidable bestiaire à fantasmes...
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Et de fait, si Shakespeare déploie son génie comique dans cette pièce, on
peut aussi être effrayé par l’inouïe violence des rapports qui se déploient
ici. Il ne faudrait pas que la féerie, les philtres d’amour et le merveilleux
éclipsent le chaos amoureux tel qu’il se donne à voir. Il faudrait pouvoir
entendre la violence de ce qu’on nous dit des rapports amoureux.
Thésée a conquis l’amour d’Hippolyta en lui faisant violence, « je t’ai
courtisée avec mon épée » ; et alors que leurs noces approchent, il lui
propose comme musique, la musique confuse faite d’aboiements et de
cors de chasse. On est loin de l’engageante et joyeuse marche nuptiale
composée par Mendelssohn dans sa version du Songe. Mais peut-être
cette musique de meute doit-elle résonner comme une mise en garde à
l’Amazone rebelle qu’a pu être Hippolyta ? En cas de fuite, les limiers se
tiennent prêts.
Que réserve-t-on à Hermia si elle s’obstine à refuser celui qu’on lui
destine ? La mort ou le couvent. « Oh ! alors quel enchantement réside en
mon amour, pour qu’il ait changé un ciel en enfer ! »
Que dit Héléna à Démétrius qui la rejette ? « Plus vous me battez, plus je
me couche à vos pieds. – Traitez-moi seulement comme votre épagneul :
repoussez-moi, frappez-moi, – Méprisez-moi, abandonnez-moi… » « Je te
suivrai et ferai un ciel de l’enfer, en mourant de la main que j’aime tant. »
Quant à Obéron et Titania, le spectacle s’ouvre sur leur engueulade : ils
se soupçonnent mutuellement d’amours infidèles, lui avec Hippolyta, elle
avec Thésée. Jalousie exacerbée. Leur querelle provoque des désordres
climatiques : la rivière sort de son lit, le blé pourrit, les saisons n’ont plus
cours… étrange écho du monde tel qu’on le connaît...
Sans oublier l’histoire que nous donnent à entendre les artisans au
travers de « la très lamentable comédie, et la très cruelle mort de Pyrame
et Thisbé » : deux amants séparés par un mur et une terrible méprise qui,
comme dans Roméo et Juliette plus tard, va provoquer la mort des deux
amants.
Pourtant au dernier acte, tout est bien qui finit bien et tout rentre dans
l’ordre – mais quel ordre ? On voudrait croire au « happy end » : Titania
et Obéron se réconcilient ; Thésée épouse Hippolyta, et deux couples
d’amoureux comblés se forment. Chacun retrouve sa chacune. Trois
mariages sont célébrés en même temps. Mais certains ne doivent-ils pas
leur apaisement à l’artifice d’un philtre d’amour ? Et, plus troublant, l’amour
« vrai » n’est-il pas mis strictement sur le même plan que le sentiment
amoureux provoqué par le philtre ?
Titania et Obéron bénissent bien les lits nuptiaux et les couples fidèles,
mais à quand leur prochaine dispute ?
« Pardon, nous ferons mieux la prochaine fois. » Dans ce monde instable,
c’est d’ailleurs à Puck, joueur impénitent qui sans cesse rebat les cartes,
esprit malin à qui nul ne saurait se fier, à l’imprévisible donc, que reviennent
les derniers mots de la pièce...
Guillaume Vincent
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B. LA SCÉNOGRAPHIE
Présentation du décor par François Gauthier-Lafaye, scénographe.
Pour la scénographie, nous avons imaginé un seul et même espace, dans
lequel cohabitent Les Métamorphoses et Le Songe d’une nuit d’été.
Chaque partie se fait l’écho de l’autre. Ainsi, même si tout est dissimulé
dans Les Métamorphoses, on commence à apercevoir Le Songe... d’un
point de vue esthétique. Par exemple, dans la première scène des
Métamorphoses, « L’Étrange délire de Narcisse », interprétée par des
enfants, il y a une toile peinte représentant une forêt. Une forêt que l’on
retrouvera par la suite dans Le Songe...
Il y a beaucoup de mouvements de cintres, de rideaux, de toiles peintes
dans la première partie. Après l’entracte, pour Le Songe, tout est à
découvert, nous sommes dans un seul et même espace mais on retrouve,
ces jeux de cintres et de lumières, qui jouent ici un rôle central.
Le théâtre amateur a beaucoup influencé le spectacle et la construction
de l’espace en particulier. La scénographie s’inspire des salles de fêtes
dans les campagnes notamment à travers les lambris, les rideaux.
Les comédiens sont tous professionnels - à part les enfants - mais dans
Les Métamorphoses il y a plusieurs clins d’œil au théâtre amateur comme
lorsque la comédienne Florence Janas interprète une professeure qui fait
répéter une pièce à ses élèves. De même à la fin du Songe..., les artisans,
qui jouent le mythe de Pyrame et Thisbé devant le duc et la duchesse,
sont des amateurs. Cette scène a constitué pour Guillaume Vincent, l’un
des points de départ du spectacle.
Une des autres particularités de la scénographie est le très grand
nombre de corps de métiers qui ont travaillé à son élaboration. Dans le
décor, il y a, par exemple, une photo d’arbre imprimée, qui a été prise
par une photographe professionnelle, avec laquelle nous sommes partis
toute une après-midi, photographier des cimes d’arbres. Des serruriers
ont aussi été appelés pour le travail sur les portes. J’ai moi-même une
formation d’artisan, de tapissier décorateur. Je participe donc toujours
à l’élaboration de mes scénographies. Ici, j’ai cousu des rideaux, retapé
des banquettes, fait des châssis, des ourlets...
Il y a un vrai travail d’équipe, une recherche commune. Guillaume
Vincent est fasciné par les métiers d’atelier, et pour un scénographe c’est
fantastique de pouvoir travailler avec quelqu’un qui comprend et aime ce
domaine.
Le décor est conçu de manière à être adaptable à différents espaces :
les plans sont étudiés et divisés en plusieurs parties ajustables en
fonction de la salle proposée. Il peut donc être utilisé sur des plateaux
plus ou moins grands.
Notes à partir d’un entretien avec François Gauthier-Lafaye, scénographe
de Songes et Métamorphoses.
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© Élizabeth Carecchio
© Élizabeth Carecchio
2e PARTIE
PARCOURS DANS
LES MÉTAMORPHOSES ET
LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ
Les résonnances entre Les Métamorphoses et Le Songe d’une nuit
d’été sont multiples, parcours dans les deux œuvres à partir de
mots-clés : échos, L’amour est une métamorphose...
A. ÉCHOS
L’ÉTRANGE DÉLIRE DE NARCISSE PAR GUILLAUME VINCENT
Guillaume Vincent signe une réécriture des Métamorphoses, à
la croisée d’Ovide et de Shakespeare : les différentes histoires se
mêlent et résonnent d’un texte à l’autre. Extraits de L’Étrange délire
de Narcisse (issu de la première partie du spectacle), du Songe d’une
nuit d’été et d’« Écho » des Métamorphoses d’Ovide.
NYMPHE (apparaît à côté d’un arbre) : Narcisse, Narcisse !
NARCISSE - se tournant vers la nymphe et pointant son arc : Je ne t’aime
pas, donc ne me poursuis pas ! Puis il sort en riant d’un rire moqueur.
NYMPHE (regardant le public, en colère) : Puisse-t-il aimer à son tour et
ne jamais posséder l’objet de son amour.
On entend un coup de tonnerre, la nymphe effrayée part devant un arbre.
La narratrice entrant de derrière un arbre.
NARRATRICE - Narcisse était si orgueilleux que personne ne réussit
jamais à toucher son cœur. Une foule de nymphes s’étaient vues
dédaignées par lui.
NARRATRICE (quitte son rôle de Nymphe pour devenir Narratrice) - Un jour
qu’il chassait... La narratrice est interrompue par La tête d’un lion qui surgit
de derrière un arbre au son de deux rugissements tandis que Narcisse entre
en scène arc bandé le pointant vers lui. Effrayée par le lion, La narratrice sort.
Le lion disparaît à son tour alors que Narcisse le poursuit.
... Une nymphe à la voix sonore l’aperçoit ; elle ne sait ni se taire quand
les autres parlent, ni parler la première, c’est ÉCHO !
La narratrice invite Écho à entrer. Elle fait coucou de la main face au public.
NARRATEUR (devenant narrateur, il entre devant un arbre) - Dès qu’elle
aperçoit Narcisse, elle en tombe amoureuse. Et plus elle le voit, plus
elle l’aime (Sur un son de vibrato de violon, la tête de Narcisse apparait
derrière un arbre tandis qu’Écho recule pour passer derrière un rocher
pour qu’il ne la voit pas.) Que de fois a-t-elle voulu l’aborder avec des
mots caressants ! Mais sa nature l’en empêche… Elle ne peut qu’écouter
la voix de Narcisse, et lui renvoyer ses derniers mots.
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NARCISSE - Y a-t-il quelqu’un près de moi ?
ÉCHO – Moi !
Se cache derrière le rocher. (Bruit de grillon)
NARCISSE - (Tourne la tête en direction du rocher) Viens ! Se déplaçant
de quelques pas vers le rocher alors que Écho part se cacher derrière un
buisson.
ÉCHO – Viens !
Disparaissant derrière le buisson.
NARCISSE (regardant vers le public) – Pourquoi me fuis-tu ?
ÉCHO – Pourquoi me fuis-tu ?
De derrière son buisson apparaît puis disparaît.
NARCISSE – Réunissons-nous.
Cherchant la voix du regard vers le public.
ÉCHO– Unissons-nous !
Écho sort de son buisson pour s’agripper à lui.
NARCISSE (une respiration avant d’enchaîner) – Enlève tes mains qui me
serrent ! Je mourrai plutôt que d’être à toi !
ÉCHO – Être à toi !
NARCISSE – Je veux mourir si je t’aime ! Narcisse la menaçant d’une
flèche qu’il tient à la main tout en sortant.
ÉCHO – Je t’aime ! Je t’aime ! Je t’aime !
Guillaume Vincent, « L’étrange délire de Narcisse », extrait de la première partie du
spectacle (interprétée par des enfants).
LES MÉTAMORPHOSES D’OVIDE, ÉCHO
À peine a-t-elle vu Narcisse errant à travers les campagnes solitaires que,
brûlée de désir, elle suit furtivement ses traces ; plus elle le suit, plus elle se
rapproche du feu qui l’embrase ; le soufre vivace dont on enduit l’extrémité
des torches ne s’allume pas plus rapidement au contact de la flamme.
Oh ! Que de fois elle voulut l’aborder avec des paroles caressantes et lui
adresser de douces prières ! Sa nature s’y oppose et ne lui permet pas de
commencer ; mais du moins puisqu’elle en a la permission, elle est prête à
guetter des sons auxquels elle pourra répondre par des paroles. Il advient
que le jeune homme, séparé de la troupe de ses fidèles compagnons, cria :
« Y’a t-il quelqu’un près de moi ? » « Moi », répondit Écho. Plein de stupeur,
il promène de tous côtés ses regards. « Viens ! » crie-t-elle à pleine voix ;
à son appel elle répond par un appel. Il se retourne et, ne voyant venir
personne : « Pourquoi, dit-il, me fuis-tu ? » Il recueille autant de paroles
qu’il en a prononcées. Il insiste et, abusé par la voix qui semble alterner la
sienne : « Ici ! Reprend-il, réunissons-nous ! » Il n’y avait pas de mot auquel
Écho pût répondre avec plus de plaisir : « Unissons-nous ! » répète-t-elle et,
charmée elle-même de ce qu’elle dit, elle sort de la forêt et veut jeter ses
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bras autour du cou tant espéré. Narcisse fuit, et tout en fuyant : « Retire ces
mains qui m’enlacent, dit-il ; plutôt mourir que de m’abandonner à toi ! »
Elle ne répéta que ces paroles : « m’abandonner à toi ! »
Ovide, Les Métamorphoses, Folio classique, Traduction de Georges Lafaye
SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ DE WILLIAM SHAKESPEARE
Entre Démétrius, Héléna le suit.
DEMETRIUS - Je ne t’aime pas, donc ne me poursuit pas. Où est
Lysandre ? Et la belle Hermia ? Je veux tuer l’un comme l’autre me tue.
Tu m’as dit qu’ils s’étaient sauvés dans ce bois. M’y voici, dans le bois,
aux abois de n’y pas rencontrer Hermia. Hors d’ici ! Va-t-en, et cesse de
me suivre.
HELENA - C’est vous qui m’attirez, vous, aimant au cœur durci ; mais
ce n’est pas du fer que vous attirez, car mon cœur est pur comme l’acier.
Perdez la force d’attirer, et je n’aurai pas la force de vous suivre
DEMETRIUS - Est-ce que je vous entraîne ? Est-ce que je vous
encourage ? Est-ce qu’au contraire je ne vous dis pas avec la plus entière
franchise : je ne vous aime pas et je ne puis pas vous aimer ?
HELENA - Et je ne vous en aime que davantage.
William Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été, Librio, (Acte II, scène 1) traduction
de François-Victor Hugo
B. SONGES
Digressions autour des songes des personnages : extraits
d’Aurélia de Nerval, du Songe d’une nuit d’été et de L’Âne d’or ou
Les Métamorphoses
AURÉLIA DE NERVAL Le rêve est une seconde vie. Je n’ai pu percer sans frémir ces portes
d’ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible. Les premiers
instants du sommeil sont l’image de la mort ; un engourdissement nébuleux
saisit notre pensée, et nous ne pouvons déterminer l’instant précis où
le moi, sous une autre forme, continue l’œuvre de l’existence. C’est un
souterrain vague qui s’éclaire peu à peu, et où se dégagent de l’ombre et
de la nuit les pâles figures gravement immobiles qui habitent le séjour des
limbes. Puis le tableau se forme, une clarté nouvelle illumine et fait jouer
ces apparitions bizarres : - le monde des Esprits s’ouvre pour nous. Gérard de Nerval, Aurélia, Lachenal & Ritter.
SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ DE WILLIAM SHAKESPEARE
Titania s’éveille et voit à côté d’elle le monstre à tête d’âne. Cette nuit, elle
a couché avec lui. Mais à présent il fait jour. Elle ne se souvient plus qu’elle
l’a désiré. Elle ne se souvient déjà de rien. Elle ne veut déjà plus se souvenir.
TITANIA s’éveillant : Mon Obéron ! Quelles visions j’ai eues ! Il m’a semblé
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que j’étais amoureuse d’un âne.
OBERON : Voilà ton amant couché par terre.
TITANIA : Comment ces choses sont-elles arrivées ? Oh ! Combien son
visage m’apparaît maintenant répugnant !
Le matin venu, tous sont honteux : Démétrius et Hermia, Lysandre et
Héléna. Même Bottom. Lui non plus ne veut pas s’avouer le rêve qu’il a eu.
Extrait du Songe... in Jan Kott, Shakespeare notre contemporain, Petite Bibliothèque
Payot, traduit du polonais par Anna Posner.
BOTTOM - Quand ma réplique viendra, appelez-moi, et je répondrai ;
ma prochaine est à très beau Pyrame. Holà ! Hé !… Pierre Lecoin ! Flûte,
le raccommodeur de soufflets ! Groin, le chaudronnier ! Meurt de Faim !
Dieu me garde ! Ils ont tous décampé en me laissant ici endormi ! J’ai
eu une vision extraordinaire. J’ai fait un songe et l’esprit de l’homme est
impuissant à dire ce qu’il était. L’homme qui entreprendra d’expliquer ce
songe n’est qu’un âne… Il me semblait que j’étais, nul homme au monde
ne pourrait me dire quoi. Il me semblait que j’étais... et il me semblait
que j’avais... Il faudrait être fou à lier pour essayer de dire ce qu’il me
semblait que j’avais. L’œil de l’homme n’a jamais ouï, l’oreille de l’homme
n’a jamais rien vu de pareil ; la main de l’homme ne serait pas capable de
goûter, sa langue de concevoir, son cœur de rapporter ce qu’était mon
rêve. Je ferai composer par Pierre Lecoin une balade sur ce songe : elle
s’appellera le rêve de Bottom, parce que ce rêve là est sans nom ; et je
la chanterai à la fin de la pièce devant le duc. Et peut-être même, pour lui
donner plus de grâce, la chanterais-je après la mort.
William Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été, Librio, (Acte IV, scène 2) traduction
de François-Victor Hugo.
L’ÂNE D’OR OU LES MÉTAMORPHOSES D’APULÉE
[...] Je pris le coffret à deux mains, je lui donnerai des baisers et la priai
de bien vouloir m’accorder la faveur d’un vol heureux. Puis, retirant à la
hâte tous mes vêtements, j’y plongeai avidement les mains et, puisant
une bonne quantité d’onguent, je me frictionnai toutes les parties du
corps. Et déjà je m’efforçais d’imiter les mouvements d’un oiseau en
agitant alternativement les bras, mais pas le moindre duvet, pas la
plus petite plume nulle part, au lieu de cela, mes poils s’épaississent
et deviennent des crins, ma peau, si tendre, se durcit et devient un cuir,
aux extrémités de mes mains je ne sais plus combien j’ai de doigts,
tous se ramassent en un seul sabot, et, au bas de mon dos pousse
une immense queue. Déjà mon visage est difforme, ma bouche s’allonge,
mes narines sont béantes, mes lèvres pendantes, et mes oreilles, de la
même façon, grandissent démesurément et se hérissent de poils. Je ne
vois à ma triste métamorphose qu’une seule consolation, c’est que, bien
qu’il me soit désormais impossible de prendre Photis dans mes bras,
mon sexe s’accroît. Et tandis que, incapable de rien faire pour me sauver,
j’aperçois en regardant mon corps, non pas un oiseau mais un âne [...]
Apulée (écrivain et philosophe du IIe siècle), L’Âne d’or ou Les Métamorphoses
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C. « L’AMOUR EST UNE MÉTAMORPHOSE »
L’amour sous toutes ses formes est omniprésent, aussi bien dans
Les Métamorphoses que dans Le Songe... Regards sur la question
de Tobie Nathan et Jan Kott, Shakespeare...
PHILTRE D’AMOUR DE TOBIE NATHAN Expliquons-nous d’abord sur les termes. Lorsqu’il s’agit d’amour, le
français est imprécis. La langue désigne du même mot l’intérêt passager,
l’attachement tempéré et l’emportement amoureux, la passion, cette
véritable folie, sentiment auquel je m’intéresse ici en priorité. La passion
amoureuse se caractérise par la fixation de tous les intérêts sur une
même personne, jusqu’à l’obnubilation.
Attraction incoercible, pulsion peut-être, impulsion à coup sûr, compulsion
quelquefois, force obscure en tout cas, l’amour-passion survient comme
déferlante. Il s’empare du moi, qui n’est alors plus moi ; du je, qui s’enfle
à l’infini… Il se saisit des deux, les agrippant de l’intérieur jusqu’à les
confondre. Je veux dire que la volonté est alors médusée. L’amoureux ne
sait ce qui l’agit, une puissance dans les tréfonds, qu’il perçoit étrange,
extérieure à lui-même.
Cette force qui s’empare de l’amoureux balaie d’un coup les nécessités
vitales et les obligations sociales qui organisaient sa vie jusqu’alors. Il court.
Il suit aveuglément qui le conforte dans son attirance. Il rejette qui tente de le
raisonner, le repousse, allant jusqu’à rompre avec des amis de toujours. On
ne le reconnaît pas ; il ne se reconnaît plus, aliéné, au sens propre, devenu
autre. C’est alors qu’il ne se pense plus au présent mais au futur, propulsé
dans un devenir ininterrompu. D’un coup, d’un seul, il est en train… en train
de changer, d’advenir, de se réaliser. L’amour est métamorphose.
La passion amoureuse est une émotion, un sentiment et un état – état
paradoxal, à la fois irréfléchi, proche de la folie et pourtant le plus
conséquent, puisqu’il conduit l’amoureux à transformer son monde.
On dit qu’il isole, qu’il écarte les semblables, et pourtant c’est le plus
social, car ne se contentant pas de l’instant, emporté à la poursuite de
l’événement. Passionné de mouvement, de tous les états dans lesquels
peut se trouver une personne, il est le plus téméraire. […] L’amoureux
prend tous les risques. Tobie Nathan (ethnopsychiatre, psychologue et écrivain français), Philtre d’amour,
Éditions Odile Jacob
HERMAPHRODITE DE GUILLAUME VINCENT
Florence apparaît sur le strapontin à cour.
(Florence retire sa capuche) Son + Ouverture du rideau lointain puis
apparition lente d’Estelle sur banc du piano à Jardin. (Le fils d’Hermès et
d’Aphrodite est de dos devant la toile peinte. Il se déshabille.)
Le fils d’Hermès et d’Aphrodite quitte la terre de son enfance et part
découvrir le monde. Parvenu près d’un étang aux eaux limpides, persuadé
d’être seul, il dépouille son corps délicat.
(La Nymphe le rejoint nue depuis le rideau à cour.)
Sitôt qu’elle aperçoit sa beauté, Salmacis, une jeune nymphe solitaire,
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s’enflamme de désir et se consume d’amour pour lui. Mais ignorant tout
de l’amour, le jeune homme la repousse.
(La Nymphe l’entoure de ses bras ; Florence arrive)
« Libre à toi de te débattre, méchant ! Pourtant tu ne m’échapperas
pas. (Fermeture rideau)
Ô dieux, ordonnez que nous ne soyons jamais séparés, lui de moi, moi
de lui ! » (Florence se lève)
Les dieux qu’elle pria entendirent ses vœux : leurs deux corps sont
mêlés ; (elle retire son peignoir) ils ne sont plus deux, mais une forme
double, dont on ne peut dire si elle est fille ou garçon ; ils semblent n’être
ni l’un ni l’autre et être l’un et l’autre.
Guillaume Vincent, « Hermaphrodite », Les Métamorphoses extrait première partie
du spectacle.
« VÉNUS ET ADONIS » DE WILLIAM SHASKEPEARE
Oh, où suis-je ? dit-elle. Sur la terre, ou au ciel ? Suis-je plongée dans la
mer ou dans le feu ? Quelle heure est-il ? Est-ce le matin ou le soir plein
de lassitude ? Suis-je ravie de mourir ou désireuse de vivre ? Il n’y a qu’un
instant, je vivais et cette vie connaissait toutes les angoisses de la mort. Il
n’y a qu’un instant, j’étais morte, et cette mort était une vie emplie de délices.
« O toi qui m’as tuée, tue-moi une fois encore ! Ce cœur dur que tu as, tuteur
sévère de tes regards, leur a enseigné des manières si méprisantes et tant
de dédain qu’ils ont assassiné mon pauvre cœur. Et mes yeux, guides fidèles
de leur reine, eussent cessé à jamais de voir sans la pitié de tes lèvres.
Elle court, et les buissons du chemin, soit la prennent par le cou, soit
l’embrassent au visage, et quelques-uns s’enlacent à sa cuisse pour
l’arrêter. Elle, farouchement, s’arrache à leur étroite caresse comme la
femelle du daim, laitière, qui souffre de ses mamelles gonflées et se hâte
d’aller nourrir son petit caché dans quelque fourré.
Soudain, elle comprend que la meute est sur la défensive. Et à cela elle
tressaille, comme quelqu’un qui sur son chemin enroulée en anneaux fatals,
aperçoit une vipère et en tremble et frémit d’effroi. C’est le jappement
apeuré des limiers qui épouvante ses sens et qui confond ses esprits.
Sinistrement ce sombre cri retentit aux oreilles de Vénus.
William Shakespeare, Les Poèmes « Vénus et Adonis »
SHASKEPEARE, NOTRE CONTEMPORAIN DE JAN KOTT
SOUDAINETÉ DE L’AMOUR
Chez Shakespeare, il y a toujours cette merveilleuse soudaineté de
l’amour. La fascination existe dès le premier regard ; l’asphyxie ; dès le
premier toucher des mains. L’amour s’abat comme un épervier, le monde
a cessé d’exister, les amants ne voient rien qui ne soit eux. L’amour, chez
Shakespeare, emplit tout l’être, il est enchantement et désir de possession.
Dans Le Songe, de ces passions amoureuses seule subsiste la nudité du
désir. Le Songe est la plus érotique de toutes les pièces de Shakespeare.
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LA FORÊT
La forêt est toujours chez Shakespeare la représentation de la Nature.
La fuite dans la forêt d’Ardennes est la fuite hors du monde cruel où le
chemin vers la couronne passe par le crime, où le frère dépouille son
frère de l’héritage, et où le père exige la mort de sa fille si elle choisit un
époux contraire à sa volonté. Mais la Nature ne se ramène pas à la seule
forêt. Elle est instinct – or les instincts sont en nous. Et ils sont tous aussi
déments que le monde : « Les amoureux et les fous ont des cerveaux
bouillants » (V, 1).
Le thème de l’amour viendra encore une fois sous les espèces de la
vieille tragédie de Pyrame et Thisbé jouée à la fin du Songe par la troupe
de Monsieur Lecoin. Les amants sont séparés par un mur, ils ne peuvent
se toucher, ils ne se voient que par une fente. Jamais ils ne s’uniront. Un
lion affamé viendra au lieu du rendez-vous. Thisbé se sauvera, prise de
frayeur. Pyrame trouvera sa mante tachée de sang et se percera le cœur
d’un stylet. Thisbé reviendra sur ses pas, découvrira Pyrame et se tuera
avec le même stylet. Le monde est cruel pour les véritables amants.
Le monde est fou, et fou est l’amour. Dans cette grande folie de la Nature
et de l’Histoire, les instants de bonheur sont rares.
Jan Kott, Shakespeare notre contemporain, op. Cit.
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D. HOMMAGE AU THÉÂTRE AMATEUR
ET AU SPECTATEUR
Le spectacle Songes et métamorphoses s’apparente à un hommage
au théâtre amateur et mais aussi au spectateur amoureux de théâtre,
dans toute la diversité de ses formes.
Extraits d’une note d’intention de Guillaume Vincent au moment de
la réécriture des Métamorphoses, de la pièce Henri V et de Qu’estce que le théâtre ?
« VARIATIONS SUR LE THÈME DU THÉÂTRE AMATEUR »,
GUILLAUME VINCENT
Même s’il ne s’agit pas de se comparer ou de se mesurer à Shakespeare,
Métamorphoses serait une sorte de prologue, mais d’une durée quasiéquivalente au Songe d’une nuit d’été.
Dans Le Songe, il est d’ailleurs question d’un prologue. Le prologue
est selon Bottom le meilleur moyen d’éviter tout malentendu : les morts
seront « pour de faux » et les personnages sur scène sont acteurs ;
Bottom tient à le rappeler au cas où le public serait dupe de la virtuosité
du jeu des artisans. Pyrame et Thisbé ne contiendra donc ni malentendu
ni illusion, contrairement au Songe dont les ressorts font précisément
appel à l’illusion et aux malentendus. À l’inverse du prologue de Bottom,
Les Métamorphoses joueront à fond des ambivalences, et le réel pourra
prétendre à devenir fiction, quand de son côté, la fiction se donnera pour
réelle.
En partant du Songe d’une nuit d’été, et en particulier de la partie liée aux
artisans, je voudrais pouvoir composer des variations, comme en musique,
sur le thème du théâtre amateur. Le théâtre amateur où a priori tout prologue
est vain puisqu’on n’oublie jamais tout à fait les personnes derrière les
personnages (de façon bien plus assumée que dans le théâtre professionnel).
Le cadre est aussi important que le tableau. Le théâtre amateur où l’art n’est
pas le seul but.
Le théâtre amateur sous toutes ses formes : théâtre social, théâtre
thérapeutique ; le théâtre qu’on fait à la maternelle ou au primaire... Dresser
une sorte de carte non-exhaustive du théâtre amateur. Comment et où on le
pratique, et surtout pourquoi. S’emparer de la question du théâtre amateur
c’est aussi soulever des questions politiques. Qu’est-ce que le théâtre
charrie d’espoir ? Quels sont ses combats ? Par exemple, quelles attentes
a celui qui va en prison animer un atelier de théâtre ? Et les prisonniers, eux,
qu’attendent-ils ? Est-ce que le théâtre peut guérir, calmer, apaiser, éduquer ?
Cette partie s’inspire de l’expérience que j’ai pu avoir : lorsque j’ai donné
des ateliers de théâtre amateur à Besançon, lorsque j’ai été en charge
d’une classe théâtre à Gennevilliers (banlieue parisienne où un vigile veillait
à ce qu’aucun élève n’ait de signe religieux distinctif, en somme à ce que
celles qui portent un voile l’enlèvent), à Lorient (où les lycéens peignaient
des banderoles devant les portes du lycée pour manifester contre la loi
Pécresse), et enfin au lycée de la Miséricorde à Metz (où j’avais reçu une
plainte de parents d’élèves pour avoir travaillé sur Préparadise Sorry Now
de Fassbinder). L’expérience aussi à la maison d’arrêt des femmes de
Fresnes.
Cette première partie (en cours d’écriture) s’organise comme Les Mille et
une nuits : le récit principal est le point de départ de mille et une histoires.
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Le lien entre ces différentes histoires, c’est le théâtre bien sûr, mais c’est
aussi les métamorphoses, soit parce que les personnages travaillent sur
Les Métamorphoses (comme les artisans du Songe), soit parce qu’ils
deviennent malgré eux des personnages qui vont se transformer et
subir une métamorphose. Il se trouve que la quasi-totalité des sources
d’inspiration qu’on trouve dans Le Songe d’une nuit d’été sont aussi des
œuvres à tiroirs : Les Métamorphoses d’Ovide, celles d’Apulée (où un
homme est transformé en âne), ou encore Les Contes de Canterbury
(d’où proviennent les personnages de Thésée et Hippolyta).
Les Métamorphoses est donc une sorte de prologue hypertrophié, un
lever de rideau trop long pour être véritablement un lever de rideau ; en
fait c’est une première partie.
Dans le prologue d’Henri V, le chœur demande au public son indulgence
mais il invite surtout les spectateurs à mettre en œuvre les forces de
leur imagination. Le théâtre ne pourra contenir toutes les batailles de la
guerre de cent ans qu’avec le regard bienveillant du spectateur pourvu
d’imagination.
Et moi, que vais-je demander au spectateur de ce prologue... de cette
première partie ? De l’indulgence ? De l’imagination ? Sans doute les
deux, et plus si affinités.
Guillaume Vincent
HENRI V DE WILLIAM SHAKESPEARE
LE CHŒUR
— Oh ! que n’ai-je une muse de flamme qui s’élève — jusqu’au ciel le
plus radieux de l’invention ! — Un royaume pour théâtre, des princes
pour acteurs, — et des monarques pour spectateurs de cette scène
transcendante ! — Alors on verrait le belliqueux Harry sous ses traits
véritables, — assumant le port de Mars, et à ses talons — la famine,
l’épée et l’incendie, comme des chiens en laisse, — rampant pour avoir
un emploi ! Mais pardonnez, gentils auditeurs, — au plat et impuissant
esprit qui a osé — sur cet indigne tréteau produire — un si grand sujet !
Ce trou à coqs peut-il contenir — les vastes champs de la France ?
Pouvons-nous entasser dans ce cercle de bois tous les casques — qui
épouvantaient l’air à Azincourt ? — Oh ! pardonnez ! puisqu’un chiffre
crochu peut — dans un petit espace figurer un million, — permettez que,
zéro de ce compte énorme, — nous mettions en œuvre les forces de vos
imaginations. — Supposez que dans l’enceinte de ces murailles — sont
maintenant renfermées deux puissantes monarchies — dont les fronts
altiers et menaçants — ne sont séparés que par un périlleux et étroit
Océan. — Suppléez par votre pensée à nos imperfections ; — divisez un
homme en mille, — et créez une armée imaginaire. Figurez-vous, quand
nous parlons de chevaux, que vous les voyez — imprimer leurs fiers
sabots dans la terre remuée. — Car c’est votre pensée qui doit ici parer
nos rois, — et les transporter d’un lieu à l’autre, franchissant les temps —
et accumulant les actes de plusieurs années — dans une heure de sablier.
Permettez que je supplée — comme chœur aux lacunes de cette histoire,
— et que, faisant office de prologue, j’adjure votre charitable indulgence,
— d’écouter tranquillement et de juger complaisamment notre pièce.
William Shakespeare, Henry V, traduction de François-Victor Hugi, Œuvres
complètes de Shakespeare, Pagnerre.
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REGARD DE SPECTATEUR SUR LE THÉÂTRE
J’attends ainsi que le temps, que mon temps, change, que les quelques
heures qui me séparent du retour vers l’extérieur m’attirent dans un autre
temps, si difficile à définir, et qui dépend de ce qu’on va me proposer :
serai-je la pour observer du passé ? Du futur ? Une sorte de présent ?
Serai-je dans les trois simultanément, ou contradictoirement, ou dans un
temps annulé, abstrait, mais présent, contemporain ? Quelle fiction, et
quelles sensations, vais-je recevoir ? Comment vais-je être touché ? Je ne
sais pas qui exactement, est à côté de moi, mais je sais qu’ils sont là, dans
l’espace, le temps, la posture qui nous caractérisent comme spectateurs.
Et, au creux de cette assemblée figurée par le public, vont s’animer des
comédiens cadrés par une scénographie, et qui font nécessairement
partie de la communauté. Et tandis que je convoque, en rêvant, mon
savoir de spectateur idéal, les lumières de la salle s’estompent et les
acteurs semblent s’animer. Toutes ces questions, « Où suis-je, quand
suis-je, qui suis-je et que sont-ils ? » disparaissent à mesure qu’un son
off parcourt le lieu. Elles passent au second plan, comme un effet de
sourdine. J’oublie et j’espère m’oublier un moment, dans ce mélange
de savoir en sfumato et d’émoi que je souhaite. Je sais bien tout cela,
mais quand même... Je suis là. Je suis l’un des multiples spectateurs, je
ne représente rien (et je sais cependant que, tout autant, je représente
tout...). J’attends les corps vivants et la voix des mots, les objets éclairés,
le lieu que je pourrais presque investir si je n’étais pas moi. Je sens la
présence du présent. Je me concentre sur l’éphémère. Ça commence.
© Élizabeth Carecchio
Christian Biet et Christophe Triau, Qu’est-ce que le théâtre ?, Folio
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QUELQUES REPERES
GUILLAUME VINCENT
METTEUR EN SCÈNE
Avant d’entrer à l’école du TNS dans la section Mise en scène en 2001, il
obtient un Deust d’Études Théâtrales et une Licence de cinéma. Il monte
La Double Inconstance de Marivaux (présenté à la biennale du Théâtre
du Gymnase en 1999). À Marseille, il a joué sous la direction d’Hubert
Colas dans 4.48 Psychose de Sarah Kane. Dans le cadre de sa scolarité
au TNS, il a suivi des stages auprès de Stéphane Braunschweig, Krystian
Lupa, Daniel Jeanneteau et Olivier Py. Il co-adapte avec Marion Stoufflet
et met en scène Les Vagues de Virginia Woolf en 2002, repris dans le
cadre du Festival Mettre en Scène au TNB en novembre 2004. Lors de sa
dernière année d’école, il met en scène La Fausse suivante de Marivaux,
repris en tournée d’août à décembre 2005, notamment au Théâtre du
Peuple à Bussang et au Théâtre de la Cité Internationale à Paris. En 2005
toujours, il participe au Festival Premières au TNS pour Je crois que je
ne pourrais jamais, un spectacle conçu d’après Le Diable probablement
de Robert Bresson. En 2006, il met en scène Nous, les héros de
Lagarce au TNS, repris notamment au CDN d’Orléans. Il met en scène
au Festival Berthier 07, Histoire d’amour (Derniers chapitre) de Lagarce.
En 2008 il participe à de nombreuses performances avec le groupe Il
faut brûler pour briller. À partir de 2009, il est artiste associé au CDN de
Besançon pour deux saisons. C’est là qu’il va créer L’Éveil du printemps
de Wedekind en janvier 2010, spectacle en tournée à Tours, Reims,
La Colline-théâtre national à Paris, Alès, Thionville… Il fait également
partie du collectif artistique de la Comédie de Reims, où il va monter
Le Bouc et Preparadise Sorry Now de Fassbinder en mai et juin 2010.
En octobre 2008 il a travaillé à Marseille sur ADN de Dennis Kelly, avec
les élèves de troisième année de l’ÉRAC dans le cadre du festival ActOral,
travail repris à La Colline-Théâtre National. En 2011 il adapte et met en
scène Le Petit Claus et Le Grand Claus, conte d’Andersen, pour le jeune
public. Aux Bouffes du Nord, il crée en avril 2011 The Second Woman, un
opéra contemporain de Frédéric Verrière sur un livret de Bastien Gallet.
En juin 2012, il écrit et met en scène La nuit tombe… pour la 66ème édition
du Festival d’Avignon. La nuit tombe... sera repris en 2013 au Théâtre
des Bouffes du Nord en partenariat avec La Colline-théâtre national, puis
en tournée. En novembre de cette même année il met en scène son texte
Rendez-vous gare de l’Est à La Comédie de Reims – CDN, repris au
Théâtre des Bouffes du Nord en janvier 2013 et actuellement en tournée
en France et à l’étranger. En août 2014, a lieu la lecture de son texte Forêt
Intérieur à la Mousson d’été. Il met en scène Mimi, scènes de la vie de
Bohème, en novembre 2014, un opéra adapté de La Bohème de Giacomo
Puccini au Théâtre des Bouffes du Nord, avec la même équipe que celle
de The Second Woman, en tournée sur la saison 14/15 et 15/16, en
France et à l’international. En avril 2016, il met en scène Curlew River de
Benjamin Britten à l’Opéra de Dijon. Il poursuit une activité de formation
(ERAC, École de la Comédie de Reims, DEUST Théâtre de Besançon,
Option Théâtre avec le CDDB de Lorient, l’ENSAD de Montpellier). Il a
par ailleurs travaillé en tant que collaborateur artistique sur les concerts
de Camélia Jordana, Kery James, Florent Marchet.
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ELSA AGNES, comédienne
En 2014, elle termine sa formation au Conservatoire Nationale d’Art
Dramatique de Montpellier dirigé par Ariel Garcia Valdès. Durant ces
trois ans de formation, elle travaille avec André Wilms, Guillaume
Vincent, Cyril Teste, Evelyne Didi, George Lavaudant, Laurent
Gutmann, Catherine Gandois, Jacques Allaire. En 2013, elle joue
dans Eyolf de Ibsen, mis en scène par Hélène Soulié, spectacle
crée et joué au Théâtre de l’Archipel à Perpignan. Tournée à la
scène Nationale de Sète, à Sortie Ouest à Bézier, à l’Aquarium à
la Cartoucherie de Vincennes. Elle fait partie du Collectif La Carte
Blanche et joue dans Foi, Amour, Espérance de Ödön von Horvath,
mis en scène par Katia Ferreira, au Cratère, Scène Nationale d’Alès.
En juin 2015, au Printemps des Comédiens, elle joue dans Nobody,
création filmique d’après des textes de Falk Richter mis en scène
par Cyril Teste du Collectif MxM. Ce spectacle est joué au 104
dans le cadre du festival Temps d’Images et au Théâtre Monfort à
Paris, puis en tournée nationale en 2015.
CANDICE BOUCHET, comédienne, chanteuse
Né en 1990, Candice commence le théâtre au Conservatoire de
Nîmes, puis entre aux Cours Florent à Paris où elle travaille pendant
trois ans avec Julie Recoing. Elle joue dans La Sainte Famille au
Théâtre des Bouffes du Nord dans une mise en scène d’Olivier Tchong
Tchang, pour lequel elle est lauréate du Prix Olga Horstig. En 2013
elle intègre le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique,
où elle a pour professeurs Sandy Ouvrier, Nada Strancar et Xavier
Gallais. Elle joue Molière, Shakespeare, Corneille, Gorki, Horvath,
Muller... Elle a passé deux mois en échange à l’École Nationale de
Théâtre de Montréal, et joue dernièrement dans Brasserie de Koffi
Kwahulé, mis en scène par Charles Van de Vyver.
ELSA GUEDJ, comédienne
Après une licence de Lettres Modernes, Elsa intègre le Cours Florent
puis le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris
(Promotion 2015). Elle y suit l’enseignement de Nada Strancar,
Xavier Gallais, Sandy Ouvrier, et y travaille notamment avec YannJoël Collin, Fausto Paravidino, Sophie Loukachevsky, Patrick
Pineau et David Lescot. En parallèle, elle joue sous la direction de
Léna Paugam, Détails de Lars Noren, d’Aurélien Gabrielli, La soif
et la Faim de Ionesco, et de Florian Pautasso, H, et Notre Foyercréation en cours. En 2015 elle joue le rôle de Zerbinette dans Les
Fourberies de Scapin mis en scène par Marc Paquien.
ÉMILIE INCERTI FORMENTINI, comédienne
Avant d’intégrer l’École du TNS en 1999, elle a suivi les formations
de l’École du Rond-Point des Champs Élysées et de l’École de
Chaillot. Elle a travaillé avec Abbes Zahmani et Michelle Marquais
dans D’honorables canailles. Sortie de l’École en 2002, elle intègre
la troupe du TNS et joue dans La Famille Schroffenstein de Kleist,
créée par Stéphane Braunschweig et sous la direction de Laurent
Gutmann dans Nouvelles du Plateau S. de Oriza Hirata. Elle travaille
ensuite avec Yann-Joël Collin dans Violences de Didier-Georges
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Gabily (2003), avec Hedi Tillette de Clermont Tonnerre dans Marcel
B. (2004) et avec Manon Savary dans L’Illusion comique de Corneille
(2006). En 2006, elle joue dans Nous, les héros et Histoire d’amour
de Lagarce, mise en scène de Guillaume Vincent, et dans L’Éveil du
printemps (2010). En mars 2009, elle rejoint le groupe Incognito pour
Le Cabaret des Utopies au théâtre d’Aubervilliers. En octobre, elle
joue dans Andréa et les quatre religions de Jean-Gabriel Nordmann,
dans une mise en scène d’Enrico di Giovanni. En 2011, elle retrouve
Guillaume Vincent sur une adaptation du conte d’Andersen,
Le Petit Claus et le Grand Claus. Ils continuent leur collaboration avec
La nuit tombe… et Rendez-vous gare de l’Est, spectacle qu’elle créé
en 2012 et qui tournera plus de 200 représentations (USA, Québec,
Le Rond-Point, la maison des Métallos...) Elle est nommée pour ce
rôle dans la catégorie meilleure actrice aux Molières 2015. En 2015,
elle joue dans L’Illusion Comique mis en scène par Eric Vigner.
FLORENCE JANAS, comédienne
Elle sort diplômée du Conservatoire National Supérieur d’Art
Dramatique de Paris en 2004. Depuis sa sortie de l’école, elle a
joué sous la direction de Christian Benedetti dans La Trilogie de
Belgrade de Biljana Srlbanovic, dans La Mouette, Oncle Vania et
Les Trois Sœurs de Tchekhov. Avec Jean-Baptiste Sastre elle joue
dans Le Chapeau de paille d’Italie de Labiche, avec Philippe Adrien
dans Ivanov et avec Dan Jemmet dans Les Précieuses ridicules
de Molière, avec Christophe Fiat dans L’Indestructible madame
Richard Wagner, et avec Ludovic Lagarde pour La Baraque de
Aiat Fayez. Elle mène une collaboration artistique au long cours
avec Guillaume Vincent, sur La Double Inconstance de Marivaux,
Nous, les héros et Histoire d’amour de Jean-Luc Lagarce, L’Eveil
du Printemps de Frank Wedekind et dernièrement La nuit tombe...
Au cinéma, elle a joué dans Le Père Noël et la pizza, court métrage
de Matthieu Amalric, dans L’Endroit idéal de Brigitte Sy, dans
Aquabike de Jean-Baptiste Saurel. À la télévision, elle joue dans
Le Grand Charles de Bernard Stora, dans Trepalium réalisé par
Vincent Lanoo.
HECTOR MANUEL, comédien
Hector Manuel suit ses parents à Marseille où il tourne dans les
courts-métrages que réalise son grand frère et commence le théâtre
au club du lycée. Cette expérience l’amènera à jouer de 2008 à 2011
avec la Troupe de l’Olivier dans Les Femmes Savantes, Le Songe
d’une nuit d’été, La Cantatrice Chauve et le Jugement (presque)
dernier à Marseille et au Festival Off d’Avignon, En 2010, il va étudier
au Conservatoire régional de Strasbourg où il suit pendant deux ans
les cours de Christian Rist et Olivier Achard. Il joue en 2012 dans le
court-métrage Je tu elle de Jamil Gaspar. Il rentre la même année à
l’Ecole du TNB où il apprend entre autres d’Eric Lacascade, JeanFrançois Sivadier, Armel Roussel, Thomas Richards, Alexandre Del
Perugia, et Thomas Jolly. Il met en scène Au sud de ce leu si près
de, issu de 13 objets d’Howard Barker pour le Festival universitaire
F.U.N à Nantes. En 2014, il participe à l’écriture collective et joue
dans le film Jeunesse(s) de Matthias Jacquin. Il fonde avec huit de
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ses camarades de promotion BAJOUR, « collectif de collectifs » qui
créera Un homme qui fume c’est plus sain mis en scène par Leslie
Bernard en septembre prochain. Il retrouve Matthias Jacquin pour
une adaptation de l’Éveil du Printemps au cinéma.
ESTELLE MEYER, comédienne, chanteuse
Après la classe libre du cours Florent, Estelle Meyer intègre le
Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, où
elle étudie avec Dominique Valadié, Alfredo Arias, Antoine Mathieu,
Cécile Garcia Fogiel et Sandy Ouvrier. Depuis sa sortie elle travaille
avec François Orsoni sur Jean la chance et Baal de Brecht, Histoires
courtes de Pirandello, Jeunesse sans Dieu d’Horvath et Contes
chinois ; avec Jacques Vincey sur La vie est un rêve de Calderon ;
avec Stéphanie Loik sur La guerre n’a pas un visage de femme
de Svetlana Alexeivitch ; avec Cécile Arthus sur Angelo tyran de
Padoue de Victor Hugo ; avec Nathalie Fillion sur À l’ouest et Sacré
printemps de Nathalie Fillion; avec Sara Llorca sur Les Troyennes
d’Euripide et Les deux nobles cousins de Shakespeare; avec
Thomas Bouvet sur La ravissante ronde de Schwab et sur Loretta
Strong de Copi ; avec Joséphine Serre sur Volatiles et Amer M.
de Joséphine Serre ; avec Jean Pierre Garnier sur La coupe et les
lèvres d’Alfred de Musset ; avec Benjamin Porée sur Andromaque
de Racine ; avec Côme de Bellescize sur Eugènie de Côme de
Bellescize ; avec Cédric Aussir sur Dracula, pièce radiophonique
avec l’orchestre de Radio France. Au cinéma, elle tourne avec Sara
Forestier dans son premier film M, avec Jean Christophe Meurisse
dans Apnée, à la télévision, elle joue la reine Hatschepsout pour
Arte. Parallèlement elle est chanteuse de formation lyrique, élève de
Laure Marie Meyer et de Sylvie Deguy au CNSAD, elle développe
depuis trois ans son projet musical et un univers singulier avec
différentes formations musicales. Elle s’est produit aux Trois
Baudets, au Zèbre, au Train Théâtre, au Limonaire, au Théâtre de la
Bastille, de Rungis, aux festivals de Montauban, Montbrison. Elle a
été choisie cette année par l’Atelier à spectacle pour être la « Parole
du chanteur » elle y créera son spectacle mêlant musique, poésie,
rituel et théâtre en février 2016.
ALEXANDRE MICHEL, comédien
Alexandre Michel suit des cours de théâtre du Vélo Volé avec
François Havan. En 2002, il rejoint la compagnie d’Ariane
Mnouchkine, Le théâtre du Soleil, où il participe aux deux volets
du Dernier Caravansérail : Le fleuve Cruel et Origines et Destins.
En 2006, il interprète les rôles d’Arnaud et du secouriste dans
Les Ephémères. Plus récemment il a travaillé sous la direction de
Jeremy Lippmann (L’affaire de la rue Lourcine). Il travaille également
avec Gwenaël Morin sur Introspection de Peter Handke, spectacle
présenté au théâtre de la Bastille et au palais de Tokyo. En 2012, il
retravaille avec Gwenaël Morin un cycle Fassbinder au théâtre du
Point du Jour de Lyon. En 2013, il est à la Colline-théâtre national
dans Elle Brûle mis en scène par Caroline Guiela Nguyen, spectacle
qui fait l’objet d’une longue tournée en 2014-2015. Au cinéma, il a
notamment travaillé sous la direction de Jacques Audiard, Raoul
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Sangla, Deniz Gamze Ergüven, Emmanuelle Spadacenta, Gianni
Amelio, Audun Nedrelid et il vient de terminer le tournage du
prochain film de Rebecca Zlotowski.
PHILIPPE ORIVEL, compositeur, interprète
Après des études musicales au Conservatoire Supérieur de Paris
et théâtrales, au Conservatoire du VIIème arrondissement de Paris,
il travaille depuis près d’une quinzaine d’années pour le théâtre
comme auteur-compositeur-interprète et également comme
régisseur général, créateur lumière et scénographe. Il a joué avec
Guillaume Vincent dans L’Éveil du printemps, où il était à la fois
acteur et musicien (guitare et clavecin). Ces rencontres artistiques
l’ont mené en France et en Belgique, notamment avec les metteurs
en scène François Xavier-Frantz (Académie expérimentale des
théâtres), ainsi que dans le théâtre jeune public avec Sylviane
Fortuny et Philippe Dorin (Cie Pour ainsi dire), Cyril Bourgois (Cie
Punchisnotdead - marionnettes à gaine) et la Cie On voit ta culotte
Mme Véro. Il collabore aujourd’hui activement avec le Raoul Collectif
(Le Signal du Promeneur), David Murgia (Cie K), Riton Liebman et le
groupe Fritüür (chorale bruxelloise). Il se produit aussi régulièrement
en concert avec ses deux formations : Filiamotsa et Orivel and
the Déferlante Orchestra, et comme pianiste-improvisateur pour le
cinéma muet.
MAKITA SAMBA, comédien
Formé à la Classe Libre et au CNSAD (Cyril Anrep, Suzanne Marrot,
Julie Recoing, Jean-Pierre Garnier, Daniel Mesguich, Michel Fau,
Yann Joel Collin). Il travaille également avec le Collectif des Âmes
Visibles, met en scène Mein Kampf (Farce) de George Tabori et
joue Bastien Follavoine dans On purge bébé de Georges Feydeau.
Récompensé par le prix Olga Horstig en 2012, Il travaille ensuite
avec Jean-Pierre Garnier dans Fragments d’un Pays Lointain et
Hédi Tillette de Clermont Tonnerre dans Gotha. Parallèlement il
joue «le petit copain de la fille» dans la série No limit et participe
au « Débarquement » mis en scène par Alex Lutz et Jean Dujardin.
Après À moi seule de Frédéric Videau sorti en salles en 2011, il est
aussi au générique de Mon amie Victoria de Jean Paul Civeyrac.
KYOKO TAKENAKA, comédienne
Elle sort diplômée de l’Université OBIRIN, section Performing and
Visual Arts de Tokyo en 2011. Suite à sa carrière de comédienne au
Japon, elle intègre l’Ecole Nationale Supérieure d’Art Dramatique
de Montpellier, promotion 2016 où elle suit l’enseignement de
Gildas Milin, Guillaume Vincent, Cyril Teste, Julie Deliquet, Robert
Cantarella, et Alain Françon.
CHARLES VAN DE VYVER, comédien
Charles Van de Vyver commence le théâtre en 2008 au conservatoire
du 7ème avec Daniel Berlioux. Il continue sa formation au StudioThéâtre d’Asnières où il rencontre les acteurs du Collectif 49701. Il
entre au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique en 2013.
Il travaille dans les classes de Sandy Ouvrier, Nada Strancar, et
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Xavier Gallais. Il joue dans Légendes de la forêt viennoise de
Horvath, Quartett de H. Muller, Les ennemis de Gorki, Othon de
Corneille. Il interprétera Le Malade imaginaire de Molière au théâtre
du Conservatoire en février 2016 dans une mise en scène d’Alain
Zaepffel avec les élèves du CNSMD et une partie de sa promotion
du CNSAD. Il a également eu la chance de travailler avec la metteur
en scène Russe Tatiana Frolova. Charles joue au Théâtre dans Bullet
Park du Collectif les Possédés, et plus récemment dans Platonov
avec les mêmes acteurs et Emmanuelle Devos. Il travaille depuis
2012 au sein du Collectif 49701 comme comédien. Dans Les Trois
Mousquetaires — La Série, il incarne Porthos, mais aussi le Père de
d’Artagnan, ou Gonzague de Bréjus.
GERARD WATKINS, comédien
Gerard Watkins né à Londres. Il grandit en Norvège, aux USA et
s’installe en France en 1974. Il écrit sa première chanson en 1980, et
sa première pièce un an plus tard. Depuis il alterne entre acteur, auteur,
metteur en scène, et musicien. Il travaille au théâtre avec Véronique
Bellegarde, Julie Béres, Jean-Claude Buchard, Elizabeth Chailloux,
Michel Didym, André Engel, Frederic Fisbach, Marc François, Daniel
Jeanneteau, Philipe Lanton, Jean-Louis Martinelli, Lars Noren,
Claude Régy, Yann Ritsema, Bernard Sobel, Viviane Theophilides, et
Jean-Pierre Vincent, et au cinéma avec Julie Lopez Curval, Jérome
Salle, Yann Samuel, Julian Schnabel, Hugo Santiago, et Peter
Watkins. Depuis 1994, il dirige sa compagnie, le Perdita Ensemble,
pour laquelle il met en scène tous ses textes, La Capitale Secrète,
Suivez-Moi, Dans la Forêt Lointaine, Icône, La Tour, Identité, Lost
(Replay), Je ne me Souviens Plus Très Bien, navigant de théâtres en
lieux insolites, du Théâtre de Gennevilliers à l’Échangeur, du Théâtre
Gérard Philipe de St-Denis, au Colombier, de la Ferme du Buisson,
à la piscine municipale de St-Ouen, de la comète 347 au Théâtre de
la Bastille. Il est lauréat de la fondation Beaumarchais, et de la Villa
Medicis Hors-les-Murs, pour un projet sur l’Europe, qu’il portera à la
scène avec les élèves de l’ERAC Europia / fable géo-poétique pour
Marseille Provence 2013, repris à Avignon In au Cloître Saint Louis
et à Reims Scènes d’Europe. Il prépare actuellement sa prochaine
création, Scènes de Violences Conjugales. Il est lauréat du Grand
Prix de Littérature Dramatique 2010.
CHARLES-HENRI WOLFF, comédien
Charles-Henri Wolff est né en 1990 à Paris. Après avoir étudié le
droit et le chinois à l’université Paris XI, il décide de rentrer dans
les conservatoires municipaux d’art dramatique de Paris. Il y suit
l’enseignement de Marc Ernotte puis d’Eric Frey et Emilie-Anna
Maillet. En 2013, il intègre l’ENSAD de Montpellier et travaille
notamment sous la direction de Gildas Milin, Guillaume Vincent,
Pascal Kirsch, Robert Cantarella, Julie Deliquet, Cyril Teste, Damien
Manivel, Christophe Perton, François-Xavier Rouyer, Bérangère
Vantusso, Gilbert Rouvière, Alexandre Del Perugia, Christophe
Reymond. En parallèle, il travaille avec plusieurs jeunes compagnies.
Il participe à la création de J’expire aux limbes d’amour inavoué, écrit
et mis en scène par Milena Csergo de la compagnie de l’Eventuel
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Hérisson Bleu. Il joue dans Le Cas Woyzeck d’après Büchner, mis
en scène par Sarah Gerber du collectif TDM. En 2016, dans le
cadre de sa sortie de l’ENSAD, il est un des onze interprètes du
projet 4x11, imaginé par Gildas Milin et créé lors du Printemps Des
Comédiens : il y travaille sous la direction d’Alain Françon, Robert
Cantarella, Gildas Milin et Jean-Pierre Baro.
FRANCOIS GAUTHIER LAFAYE, scénographe
Élève de L’École Boulle, il débute en travaillant comme décorateur
pour des défilés de mode, puis comme assistant costumier
pour la création du spectacle Un après-midi à Versailles de Lully
sous la direction musicale de William Christie. Il travaille ensuite
comme accessoiriste aux ateliers décor et costumes de l’Opéra
Garnier. C’est en tant que tapissier machiniste qu’il intégrera le
Théâtre du Châtelet sur diverses créations, et en tant que tapissier
décorateur au Théâtre des Amandiers avec Andromaque de
Jean-Louis Martinelli ou Dona Rosita la célibataire de Langhoff.
Comme Régisseur plateau, il travaille sur la création et la tournée
de Grand et Petit de Botho Strauss mise en scène de Philippe
Calvario et sur les accueils au Théâtre 71 à Malakoff. Il devient
régisseur général de création et de tournée des spectacles Un
homme en faillite, L’Européenne , Le système de Ponzi, Tout va
bien en Amérique et Nos occupations écrit et mis en scène par
David Lescot ; Voilà et Les rêves de Margaret de P. Minyana, mis
en scène Florence Giorgetti ; Hyppolite mis en scène par Robert
Cantarella ; La nuit tombe... de Guillaume Vincent ; Perle, Scène
d’amour, Prélude d’une scène d’amour de Juha Pekka Marsalo
(danse) ; Didon et Enée/le crocodile trompeur de Jeanne Candel
et Samuel Achache ; Le goût du faux de Jeanne Candel. Il assiste
le scénographe Laurent Berger sur divers projets de Berger/Berger
au 104 et à la biennale de Venise. Ses rencontres le mènent à
signer les scénographies de Parasites mis en scène Philippe
Calvario au Théâtre des Amandiers, Excédent de poids, insignifiant,
amorphe de Julien Lacroix au Théâtre de Vanves, Inventaires de
Robert Cantarella au festival de Figeac, La tragédie du Belge de
Madame Lune au Festival Mythos, Le Petit Claus et Le Grand Claus
de Guillaume Vincent au Théâtre du Gymnase à Marseille, Notre
Printemps Cie Das Plateau au Théâtre de Gennevilliers, J’ai trop peur
de David Lescot au théâtre de la ville et le décor de tournée du
spectacle musical de Camélia Jordana. Dans une démarche de
travail en collectif, il co-signe avec Jean-Christophe Meurisse les
décors des Armoires normandes des chiens de Navarre et, avec
Lisa Navarro, Fugue de Samuel Achache. Il crée son propre atelier
de construction et réalise les décors de Mimi de Guillaume Vincent,
Marie Immaculée compagnie le Toc, Un roi vu du ciel compagnie
Sham, Les rêves d’Anna de Bérengère Vantusso.
OLIVIER PASQUET, compositeur
Olivier Pasquet est compositeur, producteur et artiste visuel. Il s’est
tout d’abord initié en autodidacte à l’écriture musicale. Après des
études de composition à APU Cambridge, il se perfectionne dans
divers studios de musique populaire et effectue un bref passage
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à l’Ina-Grm. Il se dirige ensuite essentiellement vers la musique
contemporaine et les arts numériques. Il collabore, principalement
à l’Ircam pendant quinze années, avec de nombreux artistes
d’horizons divers. Il confronte ses œuvres sonores avec la réalité
par le biais du spectacle vivant. C’est ainsi qu’il travaille avec la
danse, l’opéra, le théâtre musical et contemporain. Mais ses travaux
se matérialisent surtout sous la forme d’installations plastiques
et d’œuvres de musique purement électronique jouées, parfois
dansées, aussi bien dans des salles de concert que dans des
galeries ou des clubs. À partir de 2006, il enseigne pendant quatre
ans l’art interactif et le design computationel à l’École Nationale
des Arts Décoratifs ainsi que, par exemple, à l’école du Théâtre
National de Strasbourg entre 2007 et 2008. Il obtient plusieurs prix et
résidences comme la Villa Médicis Hors les Murs, deux résidences
à Tokyo Wonder Site, Arcadi, une résidence au Chili et Taiwan.
Entre 2009 et 2012, il est chercheur invité aux Universités de Tokyo
et de Buffalo. Il travaille aussi chez Sony CSL et est conseiller chez
Ableton. Dans le cadre de ses projets artistiques, il effectue depuis
2013 une recherche en composition musicale et architecture nonstandard à l’Université de Huddersfield. Il collabore avec Guillaume
Vincent sur L’Éveil du printemps, The Second Woman, La nuit tombe...
MARION STOUFFLET, dramaturge
Après des études de philosophie, d’anglais et d’études théâtrales
à l’Université de Paris X-Nanterre, et de dramaturgie à l’école du
Théâtre National de Strasbourg (elle sort en 2004), Marion Stoufflet
travaille comme dramaturge aux côtés de Jean-François Peyret,
Émilie Rousset, Ludovic Lagarde et Guillaume Vincent, avec
qui elle fonde la Compagnie MidiMinuit en 2002 et poursuit un
compagnonnage étroit, travaillant sur la plupart de ses spectacles.
Depuis 2006, elle accompagne les projets de Ludovic Lagarde :
Richard III de Peter Verhelst, Un mage en été d’Olivier Cadiot,
Lear is in town d’après Shakespeare, ou L’Avare de Molière.
Elle travaille avec ce dernier sur des opéras de Pascal Dusapin et de
Wolfgang Mitterer, dont Marta, créé à Lille en 2016. Elle fait partie
du Collectif de la Comédie de Reims depuis 2008, travaillant aussi
bien sur les spectacles qu’à la programmation. Marion Stoufflet
a fait partie de différents comités de lecture, (Théâtre National de
Strasbourg, du Théâtre du Rond-Point et de la Comédie-Française)
et anime un comité de lecture autour des écritures contemporaines
auprès de spectateurs à Reims de 2006 à 2009. Elle a aussi
enseigné à l’université d’Evry, à l’École Supérieure d’Études
Cinématographiques (Paris 12) et à l’Institut International de la
Marionnette de Charleville-Mézières.
NICOLAS JOUBERT, créateur lumière
Diplômé de l’école du TNS en 2004, il collabore régulièrement avec
Guillaume Vincent, en tant que créateur lumière, La nuit tombe...,
L’Éveil du printemps de F. Wedekind, Je crois que je ne pourrai
jamais, mais aussi en tant que régisseur général sur La Fausse
Suivante de Marivaux, Histoire d’amour, Nous Les Héros de JeanLuc Lagarce, Les Vagues de Virginia Woolf. Il a également assuré
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la création lumière et la régie générale des Particules Elémentaires
de Michel Houellebecq, mis en scène par Julien Gosselin, avec
qui il travaillera à nouveau sur 2666 de Roberto Bolano. Il a créé
également les lumières de La Fille, bande-dessinée musicale de
Christophe Blain, mise en musique par Barbara Carlotti et mis en
en scène par Jean-François Auguste. Il réalise également pour
Jean-François Auguste les lumières de Ciel Ouvert à Gettysburg
de Frédéric Vossier. Il travaille avec la compagnie La Tramédie
pour les mises en scène de Marine Mane d’Une puce, épargnezlà de Naomi Wallace, Histoire de famille de Biljana Srbljanovic,
Wonderland de Pascal Adam, et Prières pour mon roi d’après
Les Cercueils de Zinc d’Alexievitch.
GERALDINE FOUCAULT,
musicienne, créatrice sonore et régisseuse
Elle termine sa formation au TNS en 2007. Elle poursuit une
fidèle collaboration avec Alain Mahé, compositeur et musicien,
dans les spectacles de François Verret Sans Retour, Pierre
Meunier Du fond des gorges, Sexamor, Ko Muroboshi Krypt,
Daniel Jeanneteau Les Aveugles dans lesquels elle participe
à l’élaboration du spectacle. Elle prend part seule au travail
de création sonore en danse pour François Verret Do you
Remember, Cabaret, au théâtre avec Guillaume Vincent La nuit
tombe, Petit Claus et Grand Claus, Pauline Ringeade Le Schmürz
ou les Bâtisseurs d’Empire, Assoiffés, Mathieu Roy Drames de
Princesses, Amour Conjugal. En novembre 2014, elle présente,
une pièce chorégraphique et sonore Reprise, écrite et interprétée
en collaboration avec Yasmine Youcef. Par ailleurs, elle travaille
en tant que régisseuse en tournée nationales et internationales
des spectacles dont elle fait ou suit la création, mais également
en régie d’accueil au Festival In d’Avignon depuis 2007. Elle se
forme à l’IRCAM en 2009, et y revient avec La nuit tombe... et
Les Aveugles. Elle suit également un projet musical belge KO’N’RV
où elle accompagne les musiciens en live. Début 2011, elle crée,
en collectif, une compagnie basée à Strasbourg, L’Imaginarium.
LUCIE DURAND, costumière
Elle rencontre Guillaume Vincent au conservatoire de Marseille
ou ils collaborent sur ses premiers spectacles notamment
Le cabaret des albinos au festival d’Avignon. C’est alors qu’elle
décide d’intégrer un diplôme des métiers d’art à Nogent-surMarne costumier-réalisateur. À la sortie de l’école elle continue à
travailler avec Guillaume Vincent sur l’Éveil du printemps et La Nuit
tombe... Elle travaille sur de nombreux films Coco avant Chanel
d’Anne Fontaine, La Belle endormie de Catherine Breillat, L’autre
Dumas de Safi Nebbou, Taken 2 de Luc Besson, De rouille et d’os
et Deephan de Jacques Audiard, Le voyage de Fanny de Lola
Douillon, actuellement en tournage sur le film de Joan Chemla
Si tu voyais son cœur. En parallèle elle travaille dans les ateliers de
haute-couture.
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