Quelques d´eveloppements d’agr´egation
Vincent Pit
25 septembre 2007
J’ai rassembl´e dans ce papier un certain nombre de d´eveloppements que j’avais pr´epar´e pour
l’agr´egation de 2006. J’ai choisi d’exposer ces r´esultats en particulier car ils sont soit difficilement
trouvables, soit profond´ement remani´es par rapport aux r´ef´erences bibliographiques. Dans tous
les cas, il s’agit de d´eveloppements sur lesquels j’ai pris un r´eel plaisir `a travailler.
Les preuves sont volontairement assez d´etaill´ees afin que le lecteur puisse se faire une id´ee
aussi pr´ecise que possible du niveau impliqu´e, mais aussi ne perde pas de temps `a buter sur des
r´esultats interm´ediaires. Elles sont bien souvent trop longues pour ˆetre pr´esenees telles quelles
au jury. Il convient donc `a chacun de les reprendre en choisissant quelles parties exposer et en
´eludant les arguments qui paraissent superflus, un travail qui ne peut ˆetre qu’individuel.
Bon travail et bonne chance !
Table des mati`eres
1 Alg`ebre et g´eom´etrie 2
1.1 Th´eor`emedeLie-Kolchin............................... 2
1.2 D´ecomposition de Dunford effective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Th´eor`eme de point fixe de Markov-Kakutani . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.4 Th´eor`eme de la base adapt´ee . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.5 Th´eor`eme des eros de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.6 AlgorithmedeBerlekamp .............................. 6
1.7 Th´eor`emedeMolien ................................. 6
1.8 Equation diophantienne et erie en´eratrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2 Analyse et probabilit´es 7
2.1 Th´eor`eme de Cartan-Von Neumann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.2 Th´eor`eme de Hadamard-L´evy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.3 Th´eor`emedeWiener ................................. 11
2.4 Th´eor`eme d’Ascoli dans les espaces etriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.5 Dual de Lp, 1 p2 ................................ 15
2.6 Sous-espaces ferm´es de Lp.............................. 15
2.7 Continuit´e des fonctions convexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.8 Sous-espaces stables par translation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.9 Marches al´eatoires sur Zd............................... 19
Remarque. Certains d´eveloppements vont `a la fois en alg`ebre et en analyse. V´erifiez les listes !
1
1 Alg`ebre et g´eom´etrie
1.1 Th´eor`eme de Lie-Kolchin
Th´eor`eme 1.1.1 (Lie-Kolchin).Tout sous-groupe connexe r´esoluble Gde GL(n, C)est conju-
gu´e `a un sous-groupe du groupe des matrices triangulaires sup´erieures inversibles B.
Preuve : On dira qu’un sous-espace vectoriel V de Cnest stable par G(ou G-stable) lorsqu’il
est stable par tous les ´el´ements de G.{0}et Cnle sont quel que soit G, et s’ils sont les seuls
on dira que Gest irr´eductible.
Nous allons d´emontrer le th´eor`eme par r´ecurrence sur n.
Si n= 1, GL(n, C) = C, OK.
Supposons le th´eor`eme montr´e pour tout kn, avec n2.
Si Gest irr´eductible, nous allons d’abord prouver le lemme suivant :
Lemme 1.1.2. Un sous-groupe connexe r´esoluble irr´eductible est commutatif.
Comme Gest r´esoluble, on peut d´efinir m= inf k1|DkG={In}.Gest alors ab´elien
SSI m= 1. Supposons par l’absurde que m2, et posons H=Dm1G. On va montrer que
H={In}, ce qui assurera la contradiction.
DH =D(Dm1G) = DmG={In}, donc Hest ab´elien. On peut ainsi en trigonaliser
simultan´ement tous les ´el´ements, et il existe PGL(n, C) tel que P HP 1⊂ B. Quitte `a
remplacer Gpar P GP 1, on peut alors supposer que H⊂ B.
Soit VCnle sous-espace vectoriel engendr´e par les vecteurs propres communs `a tous les
´el´ements de H. Montrons que V=Cn.
H⊂ B donc e1= (1,0,...,0) ∈ B est vecteur propre de toute matrice de H. Donc
V6={0}. Pour montrer que V=Cn, il suffit alors de prouver que Vest G-stable et
d’utiliser l’irr´eductibilit´e de G. Soit donc gGet vpropre `a tous les hH, montrons
que g(v)V. Pour tout hH,h(g(v)) = gg1h(g(v)) = g(g1hg)(v) o`u g1hg H
puisque H G comme groupe engendr´e par des commutateurs. vest propre pour g1hg,
donc il existe λCtel que g1hg(v) = λv. Alors h(g(v)) = g(λv) = λg(v) et g(v)V.
Il existe ainsi une base de Cnform´ee de vecteurs propres communs `a tous les ´el´ements de
H. Donc Hest un sous-groupe du groupe des matrices diagonales inversibles T.
Soit hH, et consid´erons ϕh:GH(G)
g7→ g1hg
.ϕhest continue et Gconnexe, donc
ϕh(G) est aussi connexe. Par ailleurs, pour tout gG,ϕh(g) est diagonale et a les mˆemes
valeurs propres que h.ϕh(G) ne peut donc qu’ˆetre fini et, comme il est connexe, il est r´eduit `a
un ´el´ement. Puisque hϕh(G), ceci signifie que ϕh(G) = {h}pour tout hH, c’est-`a-dire :
hH, gG, g1hg =hHZ(G) (centre de G).
Soit toujours hHet W6={0}un espace propre de h.hZ(G) donc W est G-stable, et
comme il est non nul l’irr´eductibilit´e de Gassure une nouvelle fois que W=Cn. Il existe ainsi
λhCtel que h=λhIn. Mais m2 donc HDG SL(n, C) (puisque le d´eterminant d’un
commutateur vaut 1). Alors hH, λn
h= det(h) = 1, d’o`u l’on d´eduit que Hest n´ecessairement
fini. Comme il est connexe, il est r´eduit `a In. C’est absurde.
Le commutateur d’un groupe connexe Gest en effet connexe, ce qui peut se voir en
´ecrivant DG =[
m1
Sm, avec S= Im((g1, g2)G27→ g1g2g1
1g1
2) et
Sm= Im((g1, . . . , gm)Sm7→ g1. . . gm) qui sont connexes comme images continues
de connexes. On conclut pour Hpar r´ecurrence sur m.
D’apr`es le lemme, on peut alors trigonaliser tous ses ´el´ements dans une mˆeme base, ce qui
conclut ce cas.
Vincent Pit 2
1.1 Th´
eor`
eme de Lie-Kolchin
Sinon, il existe VCnG-stable et non trivial. Soit Wun suppl´ementaire de G; quitte `a
conjuguer Gpar une matrice de changement de base, on peut supposer que toutes les matrices
sont de la forme g1u
0g2
Alors (α:gG7→ g1GL(dim V, C)
β:gG7→ g2GL(dim W, C)induisent deux sous-groupes respectivement α(G)
de GL(dim V, C) et β(G) de GL(dim W, C), connexes r´esolubles comme images d’un groupe
connexe r´esoluble par un morphisme de groupes continu. Puisque Va ´et´e suppos´e non trivial,
1dim V, dim Wn1 et on peut donc appliquer l’hypoth`ese de r´ecurrence `a α(G) et β(G) :
il existe P1GL(dim V, C), P2GL(dim W, C) telles que P1α(G)P1
1et P2β(G)P1
2soient
des groupes de matrices triangulaires sup´erieures. En notant P=P10
0P2, on constate alors
que P GP 1⊂ B.
R´ef´erences : On trouve cette preuve dans le d´esordre dans [CL05].
Le¸cons :
103.Exemples de sous-groupes distingu´es et de groupes quotients. Applications.
106.Groupe lin´eaire d’un espace vectoriel de dimension finie E, sous-groupes de GL(E).
Exemples et applications.
121.Matrices ´equivalentes. Matrices semblables. Applications.
124.R´eduction d’un endomorphisme en dimension finie. Applications.
125.Sous-espaces stables d’un endomorphisme d’un espaces vectoriel de dimension finie. Ap-
plications.
Commentaires : Il est tout `a fait possible de ne faire que le lemme qui est d´ej`a ineressant
en soi. Attention `a la derni`ere ´etape de la r´ecurrence o`u beaucoup voudront ´eviter de causer de
quotients de groupes r´esolubles.
Vincent Pit 3
1.2 D´
ecomposition de Dunford effective
1.2 D´ecomposition de Dunford effective
Th´eor`eme 1.2.1. Soit kun corps et Pk[X]unitaire. On suppose que Pest scind´e sur
kou que car k= 0. Notons A=k[X]/(P)qui a une structure de k-alg`ebre commutative, et
x=XA. Il existe u, v Atels que x=u+vo`u :
(i) uest annul´e par un polynˆome scind´e `a racines simples dans une extension de k;
(ii) vnilpotent.
Preuve : Ecrivons la d´ecomposition en produits d’irr´eductibles de P:P=P1α1. . . Psαs, o`u
Piunitaire irr´eductible et αi1. On pose Q=P1. . . Ps. Alors Q|P, et pour r= max
i=1...s αi,
P|Qr. Par cons´equent, Qr(x) = 0 dans A.
On pose la suite de Newton (x0=x
n0, xn+1 =xnQ(xn)
Q0(xn)
Montrons par r´ecurrence sur n0 que Q0(xn) est inversible dans A(ce qui assurera l’exis-
tence de la suite) et que Q(xn)Q(x)2nA.
Si n= 0, on a ´evidemment que Q(x)Q(x)A. Reste `a montrer que Q0(x) est inversible.
Remarquons alors que PQ0= 1.
Il suffit de prouver que i, Pi-Q0pour conclure. Par l’absurde : s’il existait un itel
que Pi|Q0=X
k
P0
kY
j6=k
Pj, alors Pi|P0
iY
j6=i
Pj(il divise trivialement tous les autres)
et on en d´eduirait par le lemme de Gauss (PiPj= 1 pour i6=j) que Pi|P0
i.
Or P0
i6= 0 pour tout icar (si car k= 0, Pinon constant P0
i6= 0;
si Pscind´e, Pi=Xλipour un λik, d’o`u P0
i= 1.
Comme deg P0
i<deg Pi, on obtient ainsi que Pi-P0
ipour tout i. C’est absurde.
Si on ´evalue alors une relation de Bezout P U +Q0V= 1 en x, on obtient que Q0(x)V(x) = 1
(puisque P(x) = 0 dans A), i.e. que Q0(x) est inversible dans A.
Supposons l’hypoth`ese de r´ecurrence v´erifi´ee au rang n, et montrons-la au rang n+ 1.
Si Q0=
d
X
i=0
aiXi,Q0(xn+1)Q0(xn) =
d
X
i=0
ai(xi
n+1xi
n) o`u
(xn+1 xn)
d1
X
i=0
xi
n+1xd1i
nsi i6= 0;
0 si i= 0.
Donc Q0(xn+1 xn)Q0(xn)(xn+1 xn)AQ(xn)Apar d´efinition de xn+1. Comme
Q(xn)Q(x)2nApar hypoth`ese de r´ecurrence, et que Q(x)r= 0, Q(xn)Aest un id´eal nil-
potent (il est contenu dans Q(x)Apuisque 2n1). Q0(xn+1)Q0(xn) est ainsi nilpotent. Alors
Q0(xn+1) = Q0(xn+1)Q0(xn)
| {z }
nilpotent
+Q0(xn)
| {z }
inversible
est inversible d’apr`es le lemme qui suit :
Lemme 1.2.2. Soient Aun anneau commutatif, uAinversible et nAnilpotent. Alors
u+nest inversible.
Il revient au mˆeme de montrer que 1 + u1nest inversible. Pour k0, on factorise :
1+(1)k(u1n)k+1 = (1 + u1n)(1 u1n+ (u1n)2. . . + (1)k(u1n)k) = (1 + u1n)bk.
Pour ktel que nk+1 = 0, nk6= 0, on a aussi (u1n)k+1 = 0 ; et il vient (1 + u1n)bk= 1.
D’autre part, on peut ´ecrire Q(X+Y) = Q(X) + Y Q0(X) + Y2e
Q(X, Y ) o`u e
Qk[X, Y ]
(par lin´earit´e, il suffit de v´erifier cette ´ecriture pour Qmonˆome, ce que l’on voit facilement
avec (X+Y)m=Xm+mY Xm1+Y2(. . .)). Si on note y=xn+1 xn=Q(xn)
Q0(xn), alors
Q(xn) + yQ0(xn) = 0 et on en d´eduit que Q(xn+1) = Q(xn+y) = Q(xn) + yQ0(xn) + y2e
Q(xn, y).
Ainsi Q(xn+1) = y2e
Q(xn, y) = Q(xn)2
Q0(xn)2e
Q(xn, y)Q(xn)2AQ(x)2n+1 A, achevant la r´ecurrence.
Vincent Pit 4
1.2 D´
ecomposition de Dunford effective
Comme Q(x)r= 0, il existe un rang n0tel que nn0, Q(x)2n= 0 et donc Q(xn) = 0. La
suite (xn) est donc stationnaire. Soit usa derni`ere valeur : on a alors Q(u) = 0 avec Qscind´e `a
racines simples dans une extension. Il suffit alors de v´erifier que v=xuest bien nilpotent :
v=xu=x0xn0=x0x1
| {z }
Q(x)A
+x1x2
| {z }
Q(x)A
+. . . +xn01xn0
| {z }
Q(x)A
Q(x)Adonc nilpotent.
Application `a la d´ecomposition de Dunford. Soit Eun k-espace vectoriel de dimension
finie et fun endomorphisme de Etel que χfsoit scind´e sur k. Consid´erons le morphisme
d’alg`ebres Φ : k[X]k[f]
X7→ f
; il passe au quotient A=k[X]/(χf)k[f] car le th´eor`eme
de Cayley-Hamilton assure que χfker Φ.
On applique le th´eor`eme pour P=χf: on peut alors ´ecrire x=u+vavec uet verifiant
(i) et (ii), et qui de plus commutent puisque Aest une alg`ebre commutative. Soient d= Φ(u)
et n= Φ(v). La propri´et´e de morphisme d’alg`ebres de Φ assure alors que dn =nd,nnilpotent
et Q(d) = 0 avec Qscind´e `a racines simples dans une extension. Par cons´equent Q|χf, et
comme χfest scind´e sur k,Ql’est aussi ; ses racines dans ksont alors simples. d, annul´e par
un polynˆome scind´e `a racines simples dans k, est bien diagonalisable sur k.
Pourquoi effective ? L’int´erˆet de cette preuve r´eside dans le fait que si car k= 0 alors on
aP= (PP0)Q, ce qui permet de calculer Qpar l’algorithme d’Euclide sans connaˆıtre les Pi.
En effet, si on ´ecrit P=Pαi
iUavec PiU= 1, P0= (αiP0
iU+PiU0)Pαi1
i. On a d´ej`a vu
que Pi-P0
i; comme car k= 0, αiP0
i6= 0 donc Pi-αiP0
iet par suite Pi-αiP0
iU+PiV(sinon
Pi|αiP0
iUd’o`u par Gauss Pi|αiP0
i, absurde). Par cons´equent, Piapparaˆıt exactement αi1
fois dans P0, et ainsi PP0=Pα11
1. . . P αs1
s=P
Q.
R´ef´erences : On trouve la preuve sous cette forme dans un papier de D. Ferrand dispo-
nible sur le site de Rennes. On retrouve aussi l’id´ee dans [RB06], mais c’est moins beau (pas
d’id´eaux) et plus confus.
Le¸cons :
111.Exemples d’applications des id´eaux d’un anneau commutatif unitaire.
124.R´eduction d’un endomorphisme en dimension finie. Applications.
126.Endomorphismes diagonalisables.
128.Endomorphismes nilpotents.
129.Polynˆomes d’endomorphismes. Polynˆomes annulateurs. Applications.
Commentaires : Ca va dans ideaux et dans nilpotents. C’est constructif (pas comme ce
commentaire).
Vincent Pit 5
1 / 22 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !