1 Alg`ebre et g´eom´etrie
1.1 Th´eor`eme de Lie-Kolchin
Th´eor`eme 1.1.1 (Lie-Kolchin).Tout sous-groupe connexe r´esoluble Gde GL(n, C)est conju-
gu´e `a un sous-groupe du groupe des matrices triangulaires sup´erieures inversibles B.
Preuve : On dira qu’un sous-espace vectoriel V de Cnest stable par G(ou G-stable) lorsqu’il
est stable par tous les ´el´ements de G.{0}et Cnle sont quel que soit G, et s’ils sont les seuls
on dira que Gest irr´eductible.
Nous allons d´emontrer le th´eor`eme par r´ecurrence sur n.
−Si n= 1, GL(n, C) = C∗, OK.
−Supposons le th´eor`eme montr´e pour tout k≤n, avec n≥2.
•Si Gest irr´eductible, nous allons d’abord prouver le lemme suivant :
Lemme 1.1.2. Un sous-groupe connexe r´esoluble irr´eductible est commutatif.
Comme Gest r´esoluble, on peut d´efinir m= inf k≥1|DkG={In}.Gest alors ab´elien
SSI m= 1. Supposons par l’absurde que m≥2, et posons H=Dm−1G. On va montrer que
H={In}, ce qui assurera la contradiction.
DH =D(Dm−1G) = DmG={In}, donc Hest ab´elien. On peut ainsi en trigonaliser
simultan´ement tous les ´el´ements, et il existe P∈GL(n, C) tel que P HP −1⊂ B. Quitte `a
remplacer Gpar P GP −1, on peut alors supposer que H⊂ B.
Soit V⊂Cnle sous-espace vectoriel engendr´e par les vecteurs propres communs `a tous les
´el´ements de H. Montrons que V=Cn.
H⊂ B donc e1= (1,0,...,0) ∈ B est vecteur propre de toute matrice de H. Donc
V6={0}. Pour montrer que V=Cn, il suffit alors de prouver que Vest G-stable et
d’utiliser l’irr´eductibilit´e de G. Soit donc g∈Get vpropre `a tous les h∈H, montrons
que g(v)∈V. Pour tout h∈H,h(g(v)) = gg−1h(g(v)) = g(g−1hg)(v) o`u g−1hg ∈H
puisque H G comme groupe engendr´e par des commutateurs. vest propre pour g−1hg,
donc il existe λ∈Ctel que g−1hg(v) = λv. Alors h(g(v)) = g(λv) = λg(v) et g(v)∈V.
Il existe ainsi une base de Cnform´ee de vecteurs propres communs `a tous les ´el´ements de
H. Donc Hest un sous-groupe du groupe des matrices diagonales inversibles T.
Soit h∈H, et consid´erons ϕh:G→H(G)
g7→ g−1hg
.ϕhest continue et Gconnexe, donc
ϕh(G) est aussi connexe. Par ailleurs, pour tout g∈G,ϕh(g) est diagonale et a les mˆemes
valeurs propres que h.ϕh(G) ne peut donc qu’ˆetre fini et, comme il est connexe, il est r´eduit `a
un ´el´ement. Puisque h∈ϕh(G), ceci signifie que ϕh(G) = {h}pour tout h∈H, c’est-`a-dire :
∀h∈H, ∀g∈G, g−1hg =h⇔H⊂Z(G) (centre de G).
Soit toujours h∈Het W6={0}un espace propre de h.h∈Z(G) donc W est G-stable, et
comme il est non nul l’irr´eductibilit´e de Gassure une nouvelle fois que W=Cn. Il existe ainsi
λh∈Ctel que h=λhIn. Mais m≥2 donc H⊂DG ⊂SL(n, C) (puisque le d´eterminant d’un
commutateur vaut 1). Alors ∀h∈H, λn
h= det(h) = 1, d’o`u l’on d´eduit que Hest n´ecessairement
fini. Comme il est connexe, il est r´eduit `a In. C’est absurde.
Le commutateur d’un groupe connexe Gest en effet connexe, ce qui peut se voir en
´ecrivant DG =[
m≥1
Sm, avec S= Im((g1, g2)∈G27→ g1g2g−1
1g−1
2) et
Sm= Im((g1, . . . , gm)∈Sm7→ g1. . . gm) qui sont connexes comme images continues
de connexes. On conclut pour Hpar r´ecurrence sur m.
D’apr`es le lemme, on peut alors trigonaliser tous ses ´el´ements dans une mˆeme base, ce qui
conclut ce cas.
Vincent Pit 2