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RAPPORT SUR LA RESERVE NATURELLE DES TERRES AUSTRALES FRANCAISES
1) Présentation
Les îles des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) sont situées dans le Sud de l’océan Indien,
à mi-chemin entre l'Afrique du Sud et l'Australie. Elles s’échelonnent entre la zone subantarctique avec
les îles Crozet et les îles Kerguelen et la zone subtropicale avec les îles Saint-Paul et Amsterdam. Situées
à plus de 2000 kilomètres de tout continent, elles sont parmi les îles les plus isolées au monde, et
constituent de ce fait des sanctuaires qu’il est urgent de préserver de façon définitive.
Le projet de réserve naturelle des terres australes françaises s’étend sur une partie terrestre de 700000
hectares et comprend une partie marine de 1 570 000 ha.
2) Enjeux du classement en réserve naturelle
• Intérêts scientifiques :
Richesse écologique :
Les Terres Australes et Antarctiques françaises abritent la diversité spécifique d’invertébrés et de plantes
la plus importante des îles subantarctiques. Les vertébrés sauvages constituent les biomasses les plus
riches de la planète. Plantes et animaux présentent des adaptations originales développées au cours
de plusieurs millions d’années d’évolution dans un isolement total, au sein de l’océan austral, à des
milliers de kilomètres de tout continent.
Au sein de l’océan austral, les îles subantarctiques concentrent les oiseaux et mammifères marins qui
doivent obligatoirement se reproduire et muer à terre. En mer, elles offrent les rares zones peu
profondes de l’océan où la vie marine peut se développer intensément, ce qui explique la richesse des
communautés des îles Kerguelen et Crozet.
Le domaine marin des îles Saint Paul et Amsterdam présente une spécificité exceptionnelle dont la
haute productivité est source de nourriture des nombreuses populations d’oiseaux marins et d’otaries
qui viennent se reproduire sur ces îles.
Faune et flore terrestres :
Les Terres Australes et Antarctiques françaises constituent en nombre d’espèces et d’individus l’un des
derniers et des plus spectaculaires sanctuaires de la nature sur notre planète. Elles abritent 44 espèces
d’oiseaux nicheurs et 3 espèces de pinnipèdes (Manchots papous, Pétrels plongeurs, Cormorans,
Goélands, Albatros, Manchots royaux….). Elles accueillent en période de reproduction plusieurs dizaines
de millions d’oiseaux marins sur les îles Crozet et Kerguelen. Avec 37 espèces, les îles Crozet abritent la
communauté d’oiseaux de mer la plus riche au monde.
La population d’éléphants de mer de Kerguelen est, en importance numérique, la deuxième
population au monde.
Le taux d’endémisme dans les TAAF est particulièrement élevé. Ainsi, chez les coléoptères de Crozet, on
note 26 espèces endémiques sur les 35 que comptent ces îles. Certaines espèces endémiques telles
que le Chou de Kerguelen (Pringléa antiscorbutica) sont probablement des espèces très anciennes,
reliques du tertiaire.
Parmi les espèces endémiques des TAAF, on trouve notamment les Albatros d’Amsterdam, Cormorans,
Canard d’Eaton, Sternes.
Richesse du sous-sol :
Dans les îles Kerguelen, l’avancement de la carte géologique apporte chaque année la connaissance
de nouveaux gisements :
- enclaves provenant directement du manteau terrestre (minéraux spectaculaires : olivine, pyroxènes,
amphiboles, micas),
- niveaux à arbres fossilisés avec de remarquables spécimens,
- niveaux à lignites avec empreintes de feuilles et, sans doute, réservoirs de pollens fossiles,
- niveaux coquilliers d’origine marine,
- zéolites associés à des cristallisations de quartz et de calcite.
Une protection rigoureuse du sous-sol s’impose donc.