Note de synthèse des sites naturels prioritaires pour de nouvelles

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Contribution à la révision de la liste indicative française
Thierry Lefebvre
1
Note de présentation de la démarche et des résultats intermédiaires
Préparée pour le groupe de travail patrimoine mondial
Décembre 2015
Version provisoire
Ne pas citer sans autorisation
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Les points de vue exprimés sont ceux de l’auteur et n’engagent pas le secrétariat international de l’UICN. Les
membres du groupe de travail patrimoine mondial du Comité français de l’UICN sont invités à apporter leurs
commentaires sur le document.
2
Avant propos
La présente note rend compte des travaux engagés par le Comité français de l’UICN depuis
l’année 2013 pour contribuer à la révision de la liste indicative et identifier les potentialités du
territoire national pour de nouvelles candidatures de biens naturels et mixtes sur la liste du
patrimoine mondial. Elle décrit les objectifs et la méthodologie de cette étude, qui a mobilisé
les experts du groupe de travail patrimoine mondial et plusieurs réseaux français d’aires
protégées. Les fiches descriptives des sites pré-identifiés à l’issue de cette analyse sont
présentées en annexe.
Ce travail s’inscrit en application du paragraphe 55 des Orientations, qui précise que « la
Stratégie globale pour une Liste du patrimoine mondial représentative, équilibrée et crédible a
été conçue pour recenser et combler les lacunes majeures de la Liste du patrimoine mondial.
Pour ce faire, elle encourage un plus grand nombre de pays à devenir États parties à la
Convention et à établir des listes indicatives répondant à la définition du paragraphe 62 et des
propositions d’inscription de biens pour inscription sur la Liste du patrimoine mondial. »
Il a été réalisé avec l’appui du Ministère de l’écologie, du développement durable et de
l’énergie, à qui nous exprimons toute notre gratitude.
Mots-clefs : liste indicative, étude thématique, processus amont, valeur universelle
exceptionnelle potentielle
3
Contexte et objectifs
Depuis son adoption en 1972, la Convention du patrimoine mondial constitue un instrument
juridique de premier plan pour promouvoir l’identification et la préservation de sites naturels
et culturels reconnus pour leur valeur universelle exceptionnelle, c’est-à-dire dont
l’importance « transcende les frontières nationales et présente le même caractère inestimable
pour les générations actuelles et futures de l’ensemble de l’humanité. » Au-delà d’établir une
« géographie du superlatif » à travers une liste de sites remarquables, l’objectif est d’assurer la
protection d’un patrimoine matériel perçu comme étant universel, indépendamment des
territoires dans lequel il s’inscrit.
Les déséquilibres de la liste du patrimoine mondial
Dans la pratique, l’analyse de la liste du patrimoine mondial, qui compte aujourd’hui 1031
biens, fait apparaître de nombreux déséquilibres thématiques et géographiques.
En novembre 2015, on compte ainsi 802 sites culturels, 197 biens naturels et 32 biens mixtes,
et près de la moitié d’entre eux sont situés en Europe et en Amérique du nord. Ces deux
régions apparaissent surreprésentées en comparaison des pays arabes et de l’Afrique, qui ne
rassemblent que 17% des sites inscrits.
Ce déséquilibre peut être constaté avec davantage d’ampleur encore à l’échelle
nationale puisque la France compte 41 biens inscrits dont seulement 4 sites naturels et mixtes,
soit 10% du total. De manière générale, les territoires d’outre-mer sont sous-représentés alors
qu’ils couvrent 97% de la zone économique exclusive française et regroupent l’essentiel des
enjeux de protection de la biodiversité, permettant à la France d’être classée parmi les pays
mégadivers
2
. Avec 37 propositions de candidatures en majorité culturelles et métropolitaines,
la liste indicative française laisse supposer que ces déséquilibres de fond pourraient perdurer à
long terme, même si la proportion de candidatures mixtes apparaît de plus en plus importante.
Il faut enfin noter que la plupart des candidatures sont issues d’initiatives locales, qui relèvent
pour la plupart de logiques d’opportunités que d’une vision stratégique des potentialités du
territoire au regard des lacunes de la Liste du patrimoine mondial.
Les déséquilibres s’expriment également dans la typologie des milieux représentés. Les sites
naturels correspondent majoritairement à des écosystèmes forestiers, des zones humides et des
montagnes, tandis que les milieux marins, qui recouvrent plus des deux tiers de la surface
terrestre, ne sont présents que dans 6% des sites inscrits. Il est intéressant de remarquer au
passage que les sites naturels français sont tous situés dans des contextes insulaires (Corse, La
Réunion, Nouvelle-Calédonie).
Potentiels du territoire français
Avec 41 biens inscrits, la France se situe au quatrième rang des pays les plus représentés sur
la liste du patrimoine mondial. Cependant, si l’on considère uniquement les biens naturels,
notre pays passe en 9ème position, à part égale avec la Tanzanie, l’Italie, le Pérou, le Japon,
l’Indonésie et l’Argentine. Sachant qu’il existe une corrélation entre le nombre de biens
2
Russel A. Mittermeier, Tom Brooks, Gustavo Fonseca, Daniel Brito (2007), Focus : Les
pays de mégadiversité, Annuels
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inscrits et la superficie nationale, la France, dont le territoire est classé 41ème pour sa
superficie, dispose a priori d’un potentiel limité pour de nouvelles inscriptions en
comparaison de pays plus étendus. Cependant, ce constat n’est valable que pour le domaine
terrestre. Car dans le domaine marin, la France dispose de la seconde zone économique
exclusive la plus étendue au monde après celle des Etats-Unis, avec 11,3 millions de km2,
dont 97% est situé en outre-mer. Ces ordres de grandeurs donnent une indication sur les
potentialités pour de nouvelles inscriptions.
Listes indicatives
Les listes indicatives sont des inventaires réalisés par les Etats Parties des biens susceptibles
d’être proposés pour inscription sur la liste du patrimoine mondial. Elles doivent être établies
sur une base factuelle qui témoigne d’une valeur universelle exceptionnelle potentielle,
fondée sur une analyse des lacunes du patrimoine mondial.
Ce faisant, elles fournissent des indications intéressantes sur les futures propositions
d’inscriptions, et leur examen permet d’anticiper une croissance continue des candidatures au
cours des prochaines années : si l’ensemble des propositions identifiées par les Etats Parties
de la Convention devaient aboutir, la liste du patrimoine mondial compterait au total 2662
sites. L’état actuel des listes indicatives traduit la montée des puissances émergentes, en
particulier la Chine et l’Inde, qui sont vouées à modifier dans les prochaines décennies la
« hiérarchie mondiale » des pays les plus pourvus en sites inscrits. La liste indicative
française reste très dense en comparaison d’autres pays : les 37 biens actuellement inscrits
place la France en 6ème position mondiale mais ce classement pourrait évoluer suite aux
propositions de retrait envisagées par le comité des biens français du patrimoine mondial.
Rang
Sites inscrits
Listes indicatives
Total
Naturels et mixtes
Total de sites
1
Italie (51)
Australie (16)
Turquie (60)
2
Chine (48)
Chine (14)
Chine (54)
3
Espagne (44)
Etats-Unis (11)
Iran (49)
4
France (41)
Russie (10)
Inde (46)
5
Canada (9)
Italie (40)
6
Inde, Brésil (7)
France (37)
7
Mexique (6)
8
RDC, R-U,
Espagne (5)
9
Tanzanie, Italie,
Pérou, Japon,
Indonésie,
Argentine, France
(4)
Les biens naturels et mixtes inscrits sur la liste indicative française
La liste indicative française compte à ce jour 13 sites naturels et mixtes : 84% des sites ont été
proposés il y a plus de 5 ans (les plus anciens ont été inscrits en 1996) et seuls 38% font
l’objet d’une candidature en cours d’élaboration et/ou d’évaluation. Ces propositions
présentent en effet des degrés très divers de conditions de portage, de complétude des fiches
de déclaration de valeur universelle exceptionnelle et certaines n’identifient aucun critère.
5
Soumis
Nom
Catégorie
Critères naturels
20/09/1996
Montagne Sainte-Victoire et sites cézaniens3
Mixte
20/09/1996
Les Iles Marquises
Mixte
(vii)(ix)(x)
08/06/2000
Parc national de la Vanoise2
Mixte
08/06/2000
Ensemble de grottes à concrétions du Sud de
la France2
Naturel
(vii)(viii)(ix)
08/06/2000
Massif du Mont Blanc2
Mixte/PC
01/02/2002
La Camargue2
Naturel
(vii)(x)
01/02/2002
Parc national des Écrins2
Mixte
01/02/2002
Parc national de Port-Cros2
Naturel
(vii)(x)
01/02/2002
Le rivage méditerranéen des Pyrénées2
Mixte
01/02/2002
Bouches de Bonifacio
Naturel
(vii)(viii)(ix)(x)
01/02/2002
Les Alpes de la Mer
Naturel
(viii)(ix)(x)
17/11/2011
Chaîne des Puys et faille de Limagne
Naturel
(vii)(viii)
09/04/2014
Aires volcaniques et forestières de la
Martinique
Naturel
(vii)(viii)(ix)(x)
Certains biens culturels contiennent des valeurs naturelles importantes, susceptibles d’être
considérées par exemple dans les éléments de contexte d’une déclaration de valeur universelle
exceptionnelle et/ou un plan de gestion. Ils n’ont donc pas été inclus dans cette liste ni
considérés dans l’analyse mais mériteraient cependant des échanges approfondis avec Icomos
en vue de réfléchir aux moyens d’une valorisation de ce patrimoine. C’est le cas en particulier
du massif forestier de Fontainebleau, envisagé comme une extension du palais et du parc
éponyme, inscrit en 1981 au titre des critères (ii) et (vi).
Vers une liste représentative et crédible
Consciente des problèmes de représentativité de la liste du patrimoine mondial, l’Unesco,
avec l’appui des organisations consultatives, a engagé une réflexion afin d'assurer un meilleur
équilibre de la diversité culturelle et naturelle des biens de valeur universelle exceptionnelle.
Le Comité du patrimoine mondial a défini en 1994 une « stratégie globale pour une Liste
du patrimoine mondial équilibrée, représentative et crédible » dans le but de recenser et
de combler les lacunes majeures de la liste. Cette stratégie s’est traduite par la ratification de
la Convention par 39 nouveaux pays (principalement des Etats arabes, insulaires du Pacifique,
d’Europe de l’Est et d’Afrique), la réalisation de conférences et d’études thématiques et la
limitation du nombre de propositions d’inscriptions à 45 par an.
En première approximation, les Orientations (§61, 2015) fournissent des indications sur les
critères permettant des rééquilibrages thématiques et géographiques. Si le nombre de
propositions d’inscriptions dépasse la limite annuelle de 45 biens fixée par le Comité du
patrimoine mondial, la priorité est donnée, par ordre décroissant d’importance, aux biens
naturels, mixtes, transfrontaliers/transnationaux, et aux biens d’États parties d’Afrique, du
3
Proposition de retrait de la liste indicative émise par le comité national des biens français du
patrimoine mondial au cours de sa session du 12 novembre 2015
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