I) La décolonisation

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Thème 2 : Décolonisation et construction de nouveaux Etats
A. La décolonisation et la mise en place de nouveaux Etats depuis 1945
Une 1 p83 « L’ouvrier algérien en France, 5 juillet 1962 »
Introduction : La décolonisation peut se définir comme étant le processus par
lequel des territoires dominés par d’autres pays parviennent à l’indépendance.
Comment les anciennes colonies parviennent-elles à l’indépendance ?
Comment les peuples s’organisent-ils pour construire un Etat une fois
indépendant ?
I) La décolonisation
1) Les causes de la décolonisation
Texte 1 p62 « Le poids de l’ONU »
1,1) L’impact de la 2° guerre mondiale
- affaiblissement militaire des puissances coloniales européennes
- occupation japonaise en Asie => propagande anti-européenne + renforce le
nationalisme de certains leaders comme Ho Chi Minh ou Soekarno.
- Effort de guerre des colonies => Conférence de Brazzaville (1944), des
promesses d’autonomie, sinon d’indépendance, qu’il faudra tenir.
- Charte de l’Atlantique (1941) puis Charte de San Francisco (1945) qui rappellent le
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
- effort de reconstruction, appel à le main d’oeuvre des colonies, encore un effort
des colonies qui attendrait des contreparties.
1,2) L’opposition des deux grands au fait colonial
- USA: anciennes colonies, 1776 Déclaration d’indépendance qui proclame le droit à
la révolution contre un gouvernement non consenti. + Colonialisme en contradiction
avec le libéralisme éco puisque de fait les colonies sont des marchés protégées des
métropoles.
- URSS condamne l’impérialisme, « l’impérialisme stade suprême du capitalisme »
Lénine qui en fait la principale cause de la WW1. Depuis 1947, l’URSS (doctrine
Jdanov) soutient tous les mouvements d’indépendance et se pose en « grand
frère » des peuples colonisés (soutien direct à Ho Chi Minh).
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Thème 2 : Décolonisation et construction de nouveaux Etats
1,3) L’ONU
Devient rapidement une tribune pour les mouvements nationalistes qui
s’appuient sur la Charte de San Francisco. Au fur et à mesure de la décolonisation
(d’abord en Asie) les nouveaux Etats intègrent l’ONU et vont constituer une
majorité à l’Assemblée générale qui votera des résolutions pour faire pression sur
les métropoles (ex Indonésie).
Moyen pour les colonies d’internationaliser la question et de ne pas rester en
face à face avec sa métropole (ex Algérie).
1,4) L’action des nationalistes
Affiche 1 p64 « L’indépendance de l’Indochine »
2 formes :
- Action légale : grèves ; manifestations, résistance passive, préconisées par ceux
qui recherchent une solution négociée avec la métropole. Ex en Inde avec Gandhi
action non violente.
- Action militaire : utilisée devant l’intransigeance des métropoles (Indochine,
Algérie)
Rôle des leaders : Senghor au Sénégal, Felix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire,
Bourguiba en Tunisie, Ferhat Abbas en Algérie, Ho Chi Minh en Indochine,
N’Nkrumah au Ghana, Gandhi et Nehru en Inde.
A ces causes immédiates il faut bien sûr ajouter les causes profondes de
l’iniquité du système colonial et des ses injustices sociales et politiques.
2) La première vague d’indépendances en Asie
Carte 2 p62 « Les décolonisations en Asie »
2,1) Les indépendances négociées
- En Inde 1947 2 Etats : Union Indienne à majorité hindoue et Pakistan à majorité
musulmane composé de 2 territoires distants de 4000 km qui entrent en guerre dès
leur indépendance et procèdent à des transferts de population sanglants.
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Thème 2 : Décolonisation et construction de nouveaux Etats
- Birmanie et Ceylan accèdent pacifiquement à d’indépendance dès 1947
- Malaisie et Singapour : indépendance retardée par guérilla communiste => les
britanniques attendent d’avoir pacifié la région avant d’accorder d’indépendance à la
Malaisie en 1957 et ensuite à Singapour (territoire stratégique pour le commerce,
contrôle du détroit de Malacca)
2,2) Les indépendances arrachées
Une « France Soir 8 mai 1954 »
- Les Indes néerlandaises : Le leader nationaliste Ahmed Soekarno avait
proclamé l’indépendance de l’Indonésie dès le départ des Japonais mais les
Hollandais entendent restaurer leur autorité sur ces territoires. Les Pays Bas
oscillent entre négociations et campagnes militaires mais ont du accorder
d’indépendance sous la double pression de l’ONU (résolution du 28 janvier 1949)
et des USA qui menacent de ne pas verser l’aide Marshall si l’Indonésie n’accède
pas à d’indépendance.
- La guerre d’Indochine (1946-1954) : Ho Chi Minh fondateur du PC Vietnamien
en 1930, leader de l’insurrection qui revendique la réunion des trois « Ky » :
Annam, Tonkin et Cochinchine.
Côté français, c’est la IV° République, Marius Moutet ministre de l’Union française
qui s’accroche au triptyque Cessez-le-feu / Négociations /Elections.
Impasse car ne parviendra jamais au cessez-le-feu et le cycle attentats –
répression éloigne toute solution négociée.
Le conflit s’internationalise et devient un conflit de guerre froide à partir de 1949.
Le Viet Minh reçoit l’aide de l’URSS et de la Chine tandis que les USA financent le
quart du coût de l’intervention militaire française. Guerre menée par la légion
étrangère et l’armée professionnelle, pas une guerre de conscription => guerre
lointaine qui ne mobilise pas beaucoup les Français jusqu’en 1954, le 7 mai,
catastrophe de Dien-Bien-Phu, 10.000 soldats français capturés dont très peu
ressortiront vivants.
Pierre Mendes France élu Président du Conseil s’engage à sortir du conflit en 1
mois => en juillet 1954, accords de Genève, la France accorde d’indépendance du
Laos, du Cambodge et du Vietnam séparé en deux de part et d’autre du 17°
parallèle. Au Nord, Etat communiste gouverné par Ho chi Minh, au Sud une
monarchie pro-occidentale soutenue à bout de bras par les USA qui s’enfoncent
progressivement dans ce qui va devenir la guerre du Vietnam.
En 1954 la France a définitivement quitté l’Asie (rétrocession des comptoirs
indiens de Chandernagor et Pondichéry)
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Thème 2 : Décolonisation et construction de nouveaux Etats
3) La décolonisation de l’Afrique noire
Carte 3 p62 « Les décolonisations en Afrique »
3,1) les indépendance négociées
- Le Ghana (1957) et les colonies britanniques. L’Indépendance du Gold Coast est
la première à être négociée et servira de modèle aux autres colonies britanniques
africaines qui se obtiendront leur indépendance au coup par coup. Le leader Kwame
Nkrumah remporte les élections de l’Assemblée locale de 1951, il est nommé 1er
ministre par les britanniques qui opèrent un transfert de compétences
progressif à l’élite locale : self government en 1954 et indépendance en 1957,
la Gold Coast devient le Ghana et Nkrumah son président. Entre 1960 et 1965
toutes les colonies britanniques deviennent indépendantes selon ce processus.
- L’évolution institutionnelle en Afrique noire française, une indépendance
« octroyée ».
La IV° République., transforme l’empire colonial en Union française : abolition
du travail forcé, citoyenneté à tous les habitants. qui sont représentés à
l’Assemblée. Senghor et Felix Houphouët-Boigny font leur apprentissage de la
vie politique sur les bancs du Palais Bourbon.
En 1956, loi cadre Defferre prévoit l’accession des colonies à + d’autonomie.
Assemblées locales élues au suffrage universel avec collège unique.
En 1958, DG transforme l’Union française en Communauté d’Etats ayant une
autonomie élargie associés à la France. Au moment du référendum d’adoption de
la V° République, ces pays ont le choix : s’ils votent Oui, ils entrent dans la
communauté, s’ils votent Non, ils accèdent à l’indépendance et sortent de la
communauté. Un seul pays a répondu Non au référendum, la Guinée de Sékou
Touré.
En 1960, la pression des pays africains et du reste du monde pousse la France à
modifier la constitution et 14 Etats souverains accèdent à l’indépendance entre le
mois de juin et d’octobre 1960
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Thème 2 : Décolonisation et construction de nouveaux Etats
3,2) Les indépendances arrachées
- Le cas du Kenya, colonie de peuplement britannique, révolte des Mau Mau
contre les farmers blancs réprimée dans le sang, l’indépendance est finalement
accordée en 1963
- Pb de la Rhodésie du Sud : Déclaration unilatérale l’indépendance par Ian Smith
en 1965 après que le Nyassaland ait obtenu l’indépendance en 1964 sous le nom
de Malawi. Peur que les Britanniques les lâchent.
=> Apartheid en Afrique du Sud qui contrôle la Namibie
- Cas du Congo Belge qui est précipité dans l’indépendance sans préparation et
bascule dans la guerre civile en janvier 1959 jusqu’à ce que Mobutu y impose une
dictature de 1965 à 1997.
-Cas des colonies portugaises de Guinée Bissau, du Mozambique et de l’Angola
qui accèdent tardivement à l’indépendance. Portugal sous dictature militaire
jusqu’en 1974, en proie à des guérillas marxistes, entrent sans transition dans la
guerre froide, rôle des cubains.
4) L’Afrique du Nord française
4,1) La Tunisie, une situation bloquée avant 1954
Les français n’entendent pas céder aux revendications des nationalistes du Front
national tunisien dominé par le Néo Destour de Bourguiba, arrêté en 1952.
Mais dans la foulée des accords de Genève, Pierre Mendès France se rend à Tunis
et Carthage le 31 juillet 1954 et promet de reconnaître « l’autonomie interne de
l’Etat tunisien ». Le retour triomphal de Bourguiba dans son pays le 1er juin 1955, est
suivi le 3 juin de la signature de conventions avant l’indépendance totale reconnue
le 20 mars 1956
4,2) Une évolution semblable au Maroc
A partir de 1947, le maréchal Juin et son successeur le général Guillaume ont mené
une politique de force qui a déchaîné une escalade de violences. Le 20 août 1953,
la décision de déposer le sultan Mohammed Ben Youssef, suspecté de collusion
avec les nationalistes de l’Istiqlal et de l’exiler est une magistrale erreur qui élève
le souverain déchu au rang de martyr.
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Thème 2 : Décolonisation et construction de nouveaux Etats
Il faut toutefois attendre 1955 pour que le gouvernement Edgar Faure ouvre des
négociations. Paris doit alors admettre le retour de Mohamed Ben Youssef sur le
trône et, le 2 mars 1956, reconnaître solennellement l’indépendance.
Cette évolution rapide, après des années de tergiversations, s’explique par
l’intensification des combats en Algérie. Il s’agit de ne pas laisser se développer
des foyers d’agitation sur les flans d’une colonie autrement importante puisqu’il
s’agit d’une colonie de peuplement où vivent 1 million d’Européens.
4,3) La guerre en Algérie (1954-1962)
Cf. étude de cas
II) L’affirmation du Tiers Monde
Affiche 2 p65 « Ben Bella & Nasser »
1) Bandung et l’Afro-asiatisme
1,1) Origines
En 1950 un groupe afro-asiatique se constitue à l’Assemblée Générale de
l’ONU. Il s’agit au départ d’un mouvement de solidarité politique et économique. En
1954, 5 pays d’Asie (Indonésie, Inde, Birmanie, Ceylan et Pakistan) forment le
groupe de Colombo dont l’objectif est la recherche d’une solution en Indochine.
C’est le groupe de Colombo qui prend l’initiative d’un grand forum afro-asiatique qui
se réunit en avril 1955 à Bandung en Indonésie. 24 pays ont répondu à l’appel
des 5. Ils relèvent d’obédiences idéologiques différentes mais appartiennent tous au
Tiers-monde. L’URSS, bien qu’appartenant à l’Asie, n’a pas été conviée. Le forum
regroupe 23 pays d’Asie et 6 pays d’Afrique (elle est toujours colonisée), plus
quelques observateurs.
Deux pays sont communistes : le Vietnam et la Chine.
Dans le camp occidental on compte le Japon, le Soudan et les pays membres du
pacte de Bagdad (Iran, Irak, Turquie, Pakistan).
Les autres affichent leur neutralisme : c’est le cas de l’Inde de Nehru, de
l’Indonésie de Soekarno et de l’Egypte de Nasser.
Au total ces 29 pays représentent plus de la moitié de la population mondiale,
mais moins de 10% des richesses !
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Thème 2 : Décolonisation et construction de nouveaux Etats
1,2) Enjeux
Un consensus se dégage sur certains sujets comme la condamnation de la
discrimination raciale (l’Afrique du Sud n’a pas été invitée) ou encore la demande
d’un meilleur partage des richesses entre le Nord et le Sud.
Mais Nasser et Nehru ne parviennent pas à imposer le non-alignement entre
les blocs, certains pays défendent l’alliance avec les Etats-Unis (Pakistan) alors que
d’autres dénoncent l’impérialisme américain (Chine).
De même, si la critique du colonialisme rallie tous les participants, certains pays
mettent en cause l’impérialisme colonial de l’URSS et souhaitent une condamnation
de Moscou identique à celle des autres puissances coloniales.
1,3) Décisions
Texte 3 p70 « Le discours de Nehru à la conférence de Bandung en 1955 »
La résolution finale, fruit d’un compromis entre les différentes tendances, insiste
néanmoins sur trois points.
La condamnation du colonialisme « dans toutes ses manifestations » (ce
qui vise l’URSS sans la citer), moment fort de la conférence, témoignant de la
solidarité entre une Asie en grande partie décolonisée et une Afrique toujours
dépendante.
Sur le plan économique, les Etats réclament une stabilisation du cours des
matières premières exportées par le Sud, une aide à l’industrialisation et au
développement par un fonds des Nations Unies pour le développement
économique.
Enfin, la résolution finale propose la paix dans le monde sur la base de 10
principes qui doivent diriger les relations internationales : respect de la
souveraineté et de l’intégrité des nations, égalité des races et des nations, nonagression, non-ingérence dans les affaires intérieures d’un autre Etat, coexistence
pacifique par la non-adhésion à des accords de défense collective.
Au total, Bandung ne débouche sur aucune décision concrète, mais les
contemporains ont le sentiment de la naissance politique du Tiers-monde. Le
Sénégalais Senghor parlera de la Conférence comme d’un « coup de tonnerre », de
« mort du complexe d’infériorité » et d’ « évènement le plus important depuis la
Renaissance ».
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Thème 2 : Décolonisation et construction de nouveaux Etats
2) Le rôle de l’ONU
L’accès à l’ONU de nombreux pays décolonisés leur donne une large majorité à
l’assemblée générale.
En 1961 le birman U Thant, membre du groupe afro-asiatique devient secrétaire
général de l’ONU, succédant à un norvégien et à un suédois. L’assemblée peut
voter des textes hostiles au colonialisme ou qui condamnent le régime
d’Apartheid d’Afrique du Sud, mais son efficacité est limitée puisque l’assemblée
n’a qu’un rôle consultatif.
Néanmoins, les pays du Tiers Monde obtiennent la création de la CNUCED
(conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement). Les deux
premières CNUCED (1964 à Genève et 1968 à New Delhi) cherchent à stabiliser le
prix des produits de base et à assurer au Tiers-monde des avantages tarifaires.
Elles lancent aussi une idée fondamentale du dialogue Nord-Sud : au moins 1% du
PNB des pays industrialisés devrait être destiné à l’aide au Tiers Monde.
77 pays présents à la première CNUCED décident de constituer un groupe informel,
le « groupe des 77 » qui siègeront ensemble à l’ONU. Ils se réunissent à Alger,
pour préparer la prochaine CNUCED, et adoptent une « charte des droits des
pays du Tiers monde ».
3) Du non-alignement aux regroupements régionaux
Photo « Nasser, Nehru, Tito »
3,1) La conférence de Belgrade (septembre 1961)
En juillet 1956, Nehru et Nasser rencontrent Tito à Brioni en Yougoslavie qui
partage la même vision sur la nécessité du non-alignement.
Du 1er au 6 septembre 1961, 25 pays jettent à Belgrade les bases d’une nouvelle
organisation : le mouvement des non-alignés avec structure commune et réunions
périodiques.
Ces pays refusent l’appartenance à tout système d’alliance ainsi que toute base
militaire sur leur sol. Mais non-alignement ne signifie pas non-engagement et la
Conférence de Belgrade apporte son soutien aux peuples en lutte comme les
Algériens, les Africains du Sud, les Palestiniens…
Au sommet d’Alger en 1973, ils réclament un Nouvel Ordre économique
International (NOEI) que le premier choc pétrolier viendra bientôt illustrer.
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Thème 2 : Décolonisation et construction de nouveaux Etats
3,2) Les regroupements régionaux
Dans le même but de s’affirmer sur la scène internationale, les pays du Tiers-monde
se rassemblent régionalement dans des organisations à structure assez souple dont
la finalité peut être économique ou politique :
La Ligue Arabe (1945) rassemble des Etats d’Afrique du Nord et du Moyen
Orient : elle affiche son hostilité au nouvel Etat d’Israël.
l’OPEP, 1960, est centrée sur le monde arabe mais concerne les trois
continents du Sud. L’objectif est de résister aux grandes compagnies pétrolières
occidentales.
L’ASEAN, 1967, veut mettre en place une collaboration économique entre les
Philippines, la Malaisie, l’Indonésie, la Thaïlande, Singapour et plus tard Brunei.
L’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, 1963) est fondée à Addis Abeba
(Ethiopie) par 30 pays du continent. Elle prône le non-alignement, la solidarité entre
les Etats membres, le règlement pacifique des litiges. (rôle de Nkrumah et son rêve
du panafricanisme).
III) Les difficultés du Tiers Monde
Graphique « L’échange inégal dénoncé par les Etats du Tiers monde »
Photo 1 p66 « Bokassa, 1977 »
1) L’héritage colonial
Carte 3 p66 « Les divisions internes du Nigéria »
Le tracé arbitraire des frontières issu de la période coloniale (ne tenant pas
compte des différentes ethnies) n’est pas remis en cause à la décolonisation.
Parfois, une décolonisation rapide transfère le pouvoir à des nationalistes
manquant de maturité politique et débouche sur des conflits (Congo,
Nigeria/Biafra).
Ailleurs, la décolonisation tarde et il faut attendre 1980 pour que le pouvoir blanc
de Rhodésie tombe, donnant naissance au Zimbabwe.
Un quart de siècle plus tard les séquelles de la décolonisation perdurent. Les
guerres civiles à base ethnique ont ravagé les petits Etats du Rwanda et du
Burundi avec les massacres entre Hutus et Tutsis (1994).
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Thème 2 : Décolonisation et construction de nouveaux Etats
2) Le néocolonialisme
Cartes 1 & 2 p70 « La guerre froide en Asie et en Afrique »
Les anciennes puissances coloniales n’ont jamais vraiment abandonné leur
influence sur leurs anciennes colonies.
Du côté britannique le Commonwealth assure le maintien des liens économiques.
La France remplace la Communauté par la Coopération qui multiplie les accords
économiques, culturels et de défense.
Les affaires africaines constituent un « domaine réservé de l’Elysée » qui
supervise les interventions militaires et les changements politiques. Non
seulement la France dispose de bases militaires, mais elle n’hésite pas à rétablir
l’ordre en envoyant des troupes dans de nombreux pays et à soutenir des dictatures
(Bokassa) au nom d’intérêts économiques.
Néocolonialisme aussi de la part des deux grands (URSS et USA) : les enjeux
de Guerre froide se mêlent aux enjeux économiques pour soutenir tel ou tel
mouvement dans les guerres civiles qui secouent certains pays d’Afrique
(Mozambique, Angola)
3) Des difficultés économiques communes
Texte 3 p68 « Un ordre économique mondial injuste »
Dans tous ces Etats, les problèmes économiques sont les mêmes : PIB faible,
industries insuffisamment développées, infrastructures insuffisantes, explosion
démographique, espérance de vie faible, analphabétisme, inégalités sociales,
épidémies, famines.
Ces nouveaux Etats dénoncent le pillage de leurs richesses par les pays riches et
l’inégalité des termes de l’échange. Le Sud exporte des produits bruts bon
marché et achète au Nord des produits industriels chers => balance commerciale
toujours déficitaire => participe à l’endettement du Tiers-Monde.
Texte « Annonce de la nationalisation du canal de Suez »
- En 1956 Nasser nationalise le canal de Suez pour construire le barrage
d’Assouan et développer son pays.
- En 1960, l’OPEP regroupe 13 pays producteurs de pétrole qui contrôlent 90% des
exportations.
- En 1964 ils obtiennent la création de la CNUCED (Conférence des Nations Unies
pour le Commerce et le Développement) dont le but est de stabiliser les prix des
matières premières et d’aider au développement des pays du Tiers-monde.
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Thème 2 : Décolonisation et construction de nouveaux Etats
- En 1973, après la défaite de la guerre du Kippour les pays arabes utilisent l’arme
du pétrole contre les alliés d’Israël et provoquent le quadruplement des prix du baril
de brut (premier choc pétrolier)
- En 1974, les pays du Tiers-monde réclament l’instauration d’un nouvel ordre
économique international (NOEI)
Schéma 4 p71 « La prise de décision au FMI »
La dégradation des termes de l’échange et une mauvaise gestion des deniers
publics (corruption) ont provoqué l’endettement et l’appauvrissement de
nombreux pays du Tiers Monde, tandis que certains s’en sortent mieux,
notamment les pays membres de l’OPEP, sortis renforcés de la crise des années
80 : les disparités s’accroissent entre le Nord et le Sud mais aussi au Sud (on parle
désormais « des Suds »).
En octobre 1981, la conférence Nord-Sud de Cancun veut faire triompher le credo
libéral lancé par Ronald Reagan « du commerce mais pas d’aide ».
Le FMI remplace alors les CNUCED et assortit ses aides de «plans d’ajustement
structurel » qui obligent les pays au bord de la banqueroute à de lourds sacrifices.
Il s’agit là d’un impérialisme managérial où l’on dit aux Etats comment gouverner
en respectant les règles du marché
4) Un Tiers Monde éclaté : les Suds
Carte 3 p156 « Une typologie des Suds »
A partir du milieu des années 70, cette unité fragile vole en éclats car la
concurrence économique entre pays du Tiers-monde se durcit et conforte
ainsi leur diversification.
- Décolonisée depuis le XlX° siècle, l’Amérique latine a connu les mêmes difficultés
mais regroupe rapidement des pays émergents (Brésil, Mexique)
Tableau « Inde en 1947 & en 2010 »
- L’Asie, après de nombreux conflits dans les années 1970-1980 est aujourd’hui la
région la plus stable et la plus développée (NPIA, Inde, Chine, Indonésie,
Vietnam...). La croissance économique s’y traduit par un réel développement
humain.
- Les pays producteurs de pétrole ont profité de la manne de cette ressource mais
tous n’ont pas su en profiter pour investir dans le développement de leur pays
(Algérie, Nigéria, / Pays du golfe). Au Moyen Orient, l’instabilité et les guerres font
fuir les investisseurs.
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Thème 2 : Décolonisation et construction de nouveaux Etats
- En Afrique, l’Union africaine qui a remplacé l’OUA s’efforce de pacifier le
continent et d’y promouvoir les droits de l’homme mais n’a pas réussi à construire
une collaboration économique durable par manque de volonté politique des Etats
participants. Emergence toutefois de l’Afrique du Sud & développement Etats du
Maghreb.
Le Tiers-monde a disparu pour laisser place a un Sud de plus en plus diversifié.
L’Afrique concentre la plupart des PMA. Ils étaient 27 en 1970, ils sont une
cinquantaine aujourd’hui. L’expression « pays en voie de développement » a été
abandonnée puisque certains s’enfoncent dans le sous-développement.
Conclusion
Une décolonisation plus politique qu’économique qui n’a pas réglé tous les
problèmes du Sud.
Le poids de la dette est supérieur aux aides apportées par le Nord => les flux
financiers sont donc Sud-Nord.
L’instabilité politique, nourrie par l’héritage colonial et les tentatives néocoloniales
est nuisible au développement humain.
Le terme de Tiers-monde est abandonné avec la fin de la Guerre froide et laisse
place à la pluralité des « Sud ».
L’Afrique demeure l’enjeu de toutes les convoitises et si la Françafrique est sur le
point de disparaître, c’est pour laisser la place à la Chinafrique, la Chine et l’Inde
sont en effet entrées en compétition pour la maîtrise des ressources et
l’accaparement des terres.
Schéma de synthèse p 75
Frise p60
Anticolonialisme (p63) : Mouvement du rejet du principe même de colonisation
Décolonisation (p63) : Mouvement d’accès à l’indépendance de peuples
jusqu’alors colonisés
Développement (p69) : Processus de progrès des techniques et de changements
sociaux qui conduisent à l’augmentation du niveau de vie des populations
Impérialisme (p63) : terme utilisé pour dénoncer les tentatives de contrôle de
l’Afrique & de l’Asie par les puissances européennes, l’URSS ou les USA
Non-alignement (p71) : position des pays qui refusent de choisir entre les USA &
l’URSS pendant la Guerre froide
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Thème 2 : Décolonisation et construction de nouveaux Etats
Tiers-monde (p71): Notion apparue dans les années 50 pour désigner les pays
d’Afrique, d’Asie & d’Amérique latine qui font face aux enjeux les plus forts de
développement & entendent affirmer leur singularité face aux 2 blocs constitués
dans le cadre de la Guerre froide
Pays du Sud (p73) : Pays en développement d’Asie, d’Afrique & d’Amérique latine
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