Avril 2003
Numéro 2
Pharma-News
Le journal de l'équipe officinale
Sommaire
Nouveautés : ZALDIAR° association anti-douleur d'un nouveau type
CITALOPRAM ECOSOL° copie de SEROPRAM°
CIPRALEX° "demi-frère" de SEROPRAM°
OTRIVIN RHUME DES FOINS° antiallergique en spray nasal
NEIS VAC-C° et MENJUGATE° vaccins contre les méningites (C)
RISPERDAL CONSTA° forme injectable longue durée
CIALIS° comme le VIAGRA°, mais action longue durée
Phytothérapie : PARSENN° crème contre l’herpès
Extraits de griffe du diable bon pour les douleurs
Pharmacovigilance : Tramadol (TRAMAL°, etc...) dépendance et syndrome de sevrage
Pour en savoir plus : La dépression
En bref : BALNEUM° - TRUSOPT° - COSOPT° - NEFADAR° - TRETINAC°
Dernière minute : La pneumonie atypique
Editorial
Bien que ce journal soit destiné en premier lieu aux assistant(e)s en pharmacie, nous avons pu
constater qu’il intéressait également beaucoup les pharmacien(ne)s et nous tenons à les
remercier ici, car ils ont abonné en grand nombre leurs officines.
Nous savons maintenant que ce projet est viable : le nombre d’abonnements visé a été atteint
à la mi-mars déjà ! Bravo pour votre engagement !
N’hésitez pas à nous faire parvenir vos remarques ou vos souhaits par internet
(www.pharmacap.ch), mais avant tout, dépêchez-vous de découvrir ce numéro 2 riche en
nouveautés qui vont faire du bruit…
Pierre Bossert Marie-Thérèse Guanter Caroline Mir
Christophe Rossier Martine Ruggli Marie-Laure Savoia Bossert
Nouveautés
ZALDIAR° (tramadol + paracétamol)
ZALDIAR° est une nouvelle association analgésique
combinant deux substances connues de longue date : le
tramadol (37.5 mg) et le paracétamol (325 mg). Le
tramadol (principe actif du TRAMAL°) est un dérivé
opiacé d'action centrale classé dans le palier 2 des
substances antalgiques établi par l'OMS (voir encadré),
de même que la codéine.
Selon plusieurs études, l'efficacité de cette association d
comparable à celle de l'association codéine + paracétamol (CO-DAFALGAN°) 1. De plus le
tramadol n'est pas dépourvu d'effets secondaires, dont les plus importants sont nausées,
vomissements, constipation, vertiges, ainsi que des effets neuropsychiques : somnolence,
anxiété, confusion, hallucinations 2. Il faut savoir aussi que (comme
ans le traitement des douleurs est
e médicament contenant du paracétamol,
e 16
avec les autres opiacés) il
existe un risque de dépendance et de syndrome de sevrage (voir l'article de
Pharmacovigilance à ce sujet). Des interactions ont en outre été rapportées avec certains
antidépresseurs ISRS (voir le dossier "Pour en savoir plus", p. 12) tels que DEROXAT°,
FLUCTINE°, SEROPRAM° et avec l'AURORIX° 3. Ces interactions étant potentiellement
graves (convulsions, coma, mort), il faut éviter l'association de ces produits avec le tramadol.
C
Les trois paliers antalgiques de l'OMS
té) a défini une
L'OMS (Organisation Mondiale de la San
stratégie de traitement de la douleur dans laquelle elle
a
classé les médicaments en trois paliers, selon l'intensité
des douleurs 4 :
Palier 1 : antalgiques non morphiniques pour les douleurs
considérées comme légères
paracétamol
aspirine
autres AINS
Palier 2 : morphiniques mineurs pour les douleurs
considérées comme moyennes
codéine (CO-DAFALGAN°)
AR°) tramadol (TRAMAL°, ZALDI
dihydrocodéine (CODICONTIN°)
Palier 3 : morphiniques majeurs pour les douleurs
considérées comme sévères ou rebelles
morphine (MST-CONTINUS°, SEVREDOL°)
a strat les
autres morphiniques majeurs (stupéfiants)
L égie consiste à commencer par utiliser
médicaments du palier choisi en fonction de l'intensité de
la douleur, puis de ne passer au palier suivant que si u
n
traitement bien conduit avec ces médicaments se révèle
insuffisant
p
our soula
g
er le
p
atient.
il convient d’en avertir le client et de lui
conseiller d'en tenir compte dans son
automédication (pas d'association avec du
PANADOL°, DOLPRONE°, BEN-U-
RON°, DAFALGAN°, etc…, sans en parler
à son médecin ou au pharmacien qui
adapteront les doses de paracétamol).
ZALDIAR° peut être pris à partir d
ans; il est contre-indiqué pendant la
grossesse et l'allaitement, ainsi que lors
d'insuffisance hépatique grave. La
posologie nécessaire pour soulager la
douleur doit être adaptée individuellement
mais est généralement de 1 à 2 comprimés
toutes les 4 à 6 heures (jusqu'à 8
comprimés par jour) 1.
1 La Revue Prescrire 1997; 17 (177): 639-342
2 Compendium Suisse des médicaments 2003, Supplementum 1
3 Pharmacist's Letter 1999; 15 (6): 150609
4 La Revue Prescrire 1997; 17 (174): 435-438
© Pharma-News page 2 Numéro 2, Avril 2003
CITALOPRAM ECOSOL° (citalopram) et CIPRALEX° (escitalopram)
Le CITALOPRAM° de la maison Ecosol est le premier
générique du SEROPRAM°. C'est un antidépresseur de la
classe des ISRS (cf. dossier Pour en savoir plus), comme
FLUCTINE°, ZOLOFT°, DEROXAT°. Il est moyennement
sédatif (si on le compare aux autres ISRS), mais moins que les
antidépresseurs tri- ou tétracycliques 5 et n'a pas une efficacité
antidépressive plus importante que les autres antidépresseurs 6.
Les effets secondaires apparaissent surtout en début de traitement : nausées, vomissements,
nervosité, insomnie, bouche sèche, céphalées, troubles sexuels... Il semble que le citalopram
provoque moins d'interactions que les autres ISRS, mais il ne doit cependant pas être donné
avec un IMAO (AURORIX°). Sa posologie initiale est de 20 mg/j (souvent augmentée à
40 mg/j) en une fois le matin ou le soir, la prise de nourriture
n'ayant aucune influence. Certains patients nécessitent 60 mg à
80 mg/j. Les personnes âgées devraient recevoir une dose de
20mg/j, augmentée à 40 mg/j seulement en cas de non-réponse 7, 8.
ZALDIAR°A retenir pour le conseil :
antidouleur du 2e palier selon la classification de l'OMS
pas plus efficace ni mieux toléré que CO-DAFALGAN°
risque non négligeable de dépendance et syndrome de
sevrage : en avertir les patients si traitement à long terme
interactions graves avec certains antidépresseurs, type
SEROPRAM°, FLUCTINE°, etc…
contient du paracétamol => attention aux cumuls de doses
avec des spécialités d'automédication (PANADOL°, etc…) !
contre-indiqué pendant la grossesse et l'allaitement
Voir aussi l'article sur l
a
dépression dans l
a
rubrique "Pour en savoi
r
plus" (p. 12) !
La substance active (le citalopram) est en fait un "mélange racémique" c'est-à-dire qu'elle est
composée de deux molécules appelées R et S, qui sont images l'une de l'autre dans un miroir
sans être superposables (comme une main droite et une main gauche). La forme R semblait
avoir très peu de propriétés antidépressives (100 fois moins que la forme S
9) et être
responsable des effets indésirables
10. C'est dans cette idée qu'a été commercialisé il y a
quelques mois le CIPRALEX° (escitalopram), forme S. Il est deux fois plus puissant que le
citalopram (puisqu'il ne contient plus les 50% de forme R inactive) et est donc commercialisé
à la dose de 10 mg.
L'escitalopram est totalement comparable au
citalopram. Il semblerait qu'une augmentation de la
dose de 10 mg/j à 20 mg/j n'apporte pas de bénéfice,
mais plus d'effets secondaires qui, à cette dose, sont
similaires à ceux remarqués sous citalopram 40 mg/j 2.
5 Calanca A: Vademecum de thérapeutique psychiatrique, 9ème édition, 2001
6 N Engl J Med dec 2000; 26:1942-50
7 The Medical Letter janv 99; 1 (21): 1-2
8 Pharmacist's Letter 1998 #140902
9 TheMedical Letter oct 2002; 22 (24): 95-96
10 Pharmacist's letter sept 2002 # 180906
© Pharma-News page 3 Numéro 2, Avril 2003
Le SEROPRAM° (et ses génériques) et le CIPRALEX° sont tous les deux efficaces pour le
traitement de la dépression. Mais contrairement à ce que l'on aurait pu croire, le CIPRALEX°
n'est pas plus efficace et n'entraîne pas moins d'effets secondaires que le SEROPRAM°
9.
L'introduction du CIPRALEX° a donc été certainement plutôt une affaire commerciale, pour
parer à l'arrivée des génériques de SEROPRAM°. Il est relativement fréquent qu'une firme
pharmaceutique essaie de protéger son marché avant l'introduction de génériques (autre
exemple récent : NEXIUM° faisant suite à ANTRA°)…
CITALOPRAM ECOSOL° et CIPRALEX° - A retenir pour le conseil :
le CITALOPRAM ECOSOL° est le premier générique du SEROPRAM
le CIPRALEX° (forme S du citalopram) n'apporte aucun avantage par
rapport au SEROPRAM° et à ses génériques, que ce soit du point de vue
efficacité ou effets secondaires
OTRIVIN° RHUME DES FOINS (azélastine)
Novartis nous annonce la "nouveauté" suivante (liste C) dont on peut relever quelques points
intéressants :
Le principe actif est l'azélastine, un antihistaminique H1 qui n’a rien à
voir avec l'OTRIVIN° que l'on connaît; mais ce n'est pas la première
fois que Novartis fait usage de la tactique marketing consistant à
reprendre un nom connu pour vendre un produit totalement différent.
Exemple : NEO CITRAN° Expectorant (acétylcystéine 600 mg) et
Antitussif (butamirate comme dans SINECOD°), sans aucun rapport
avec le NEO CITRAN° habituel, ou encore VITAMERFEN° Hydro- et
Lipolotion ne contenant aucun désinfectant…
Cette substance n'est pas nouvelle puisqu'elle a été introduite en Suisse
en 1995 avec la commercialisation de l'ALLERGODIL°, également un
spray nasal, au même dosage mais en liste B. Il ne s'agit pas du premier
antihistaminique à usage intranasal car le LIVOSTIN° (levocabastine)
existe déjà en spray nasal.
Le prix de vente est de Fr. 18.-, ce qui représente effectivement moins
que les autres sprays contre la rhinite allergique disponibles en liste C
(LIVOSTIN°, LOMUSOL-X°, BECONASE°), mais pour un volume de
5 ml (contre 10 ml, 13 ml et 100 doses respectivement). Donc
finalement il est plus cher…
L'azélastine est un antihistaminique H1 (comme LIVOSTIN°) dont l'action débute après
15 minutes (plus rapide que les corticostéroïdes intranasaux FLUTINASE°, BECONASE°,
RHNOCORT°, etc… qui agissent seulement après 3-4 jours 11) et dure environ 12 heures. Les
effets secondaires sont limités (irritation de la muqueuse nasale et altération du goût) 11.
11 Compendium Suisse de médicaments 2003
© Pharma-News page 4 Numéro 2, Avril 2003
Lors de la mise sur le marché de l'ALLERGODIL°, des études avaient montré que l'azélastine
par voie nasale est aussi efficace et aussi bien tolérée dans la rhinite allergique que les
antihistaminiques oraux (ZYRTEC°, CLARITINE°) et que la béclométhasone par voie nasale
(BECONASE°), avec un rapport bénéfice/risque semblable 12.
OTRIVIN° Rhume des foins peut être utilisé dès 12 ans (LIVOSTIN° 6 ans, LOMUSOL-X°
3 ans, BECONASE° 18 ans), la posologie est de 2 nébulisations dans chaque narine 1 fois par
jour, après un mouchage soigneux et sans inspiration profonde afin que le produit reste au
niveau des fosses nasales.
Bref, il n'y là aucune découverte révolutionnaire mais juste une stratégie marketing qui
consiste à profiter de la renommée d'une marque connue (OTRIVIN°) pour commercialiser
une substance déjà existante (l'azélastine de l'ALLERGODIL°).
MENJUGATE° et NEIS VAC-C° : deux nouveaux vaccins conjugués contre
les méningocoques C 13,14,15,16,17,18,19,20
Les méningocoques (Neisseria
meningitidis) sont des bactéries
qu’on classe en différents
groupes selon leurs antigènes de
surface. En Europe, les groupes
B et C sont prédominants.
Différents types de vaccins
protégeant contre un ou plusieurs
groupes de méningocoques sont
sur le marché actuellement.
OTRIVIN° RHUME DES FOINS - A retenir pour le conseil :
antihistaminique H1 à action locale contre la rhinite allergique
dès 12 ans, 2 sprays dans chaque narine 1x par jour
ne pas inspirer profondément lors de l'application
actif rapidement et pendant 12 heures
pas d'effets secondaires systémiques
attention ! Le prix n'est pas un argument de vente : Fr. 18.- pour 5 ml !
La méningite
La méningite est une inflammation des membranes qui recouvrent le
cerveau (méninges). Lorsqu’elle est d’origine bactérienne
(méningocoques), elle peut être grave. Elle touche essentiellement les
j
eunes enfants (les enfants de moins de 1 an présentent le plus gran
d
risque) et les adolescents.
La transmission des méningocoques se fait par des gouttelettes. Les
porteurs sains de méningocoques (dans le rhino-pharynx) son
t
fréquents : environ 2 % des nourrissons et petits enfants, 5-10 % des
enfants d’âge scolaire et jusqu’à 30 % et plus des jeunes adultes.
Les principaux facteurs de risque de développer la maladie sont u
n
contact étroit avec un malade, le surpeuplement, la vie communautaire
(armée, pensionnat, etc.), une immunodépression (SIDA, traitement anti-
rejet, etc…). Les épidémies se produisent le plus souvent durant l’hive
r
ou le printemps.
12 La Revue Prescrire 1995; 15 (147): 15-16
13 Bulletin OFSP du 12 nov. 2001, No 46
14 Communication OFSP du 10.9.2001, La vaccination des enfants et des adolescents contre la méningite à
méningocoques
15 La Revue Prescrire, no 224 (2002), p. 15
16 Bulletin OFSP du 20 janv. 2003, No 4
17 Bulletin OFSP du 9 déc. 2002, no 50
18 La Revue Prescrire, no 235 (2003), pp. 5- 10
19 www.swiss-paediatrics.org
20 Compendium Suisse des médicaments 2003, Documed SA
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