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Le choix des pouvoirs publics d’une responsabilisation accrue des acteurs renvoie à :
•une recherche de coproduction de sécurité par les parents, plus largement par la société civile au niveau local. Cette
coproduction se fonde sur une conception plus subsidiaire, contractuelle voire partenariale des relations entre l’État, la famille
et les communautés. Il s’agit pour l’État, autant que possible, de ne pas se substituer aux parents dans les missions qui sont les
leurs, à savoir, de protection, d’éducation, de direction morale et de surveillance de leur enfant (subsidiarité) ; de « négocier » un
exercice plus exigeant de leurs responsabilités en recourant à de nouvelles dispositions incitatives (soutien, contrat ou sanction) ; de
les intégrer à une démarche conjointe de maintien de la sécurité de leur quartier, de l’école fréquentée par leurs enfants, en
coordination avec les services publics locaux (partenariat).
Cette perspective n’est pas étrangère à un souci de rationalisation de la dépense publique. L’appel aux parents en vue de
réduire la délinquance et les incivilités était moins présent pendant les années de croissance économique ; il prend de l’ampleur
dans les années 1980 et 1990, lorsque les pouvoirs publics rencontrent plus de difficultés à obtenir des résultats satisfaisantsen la
matière. Le recours aux parents est également facilité dans un contexte de territorialisation du traitement de la délinquance des
mineurs (apparition de nouveaux acteurs : mise place d’équipes locales pluridisciplinaires d’intervention à l’exemple des Youth
Offender Teams (YOT’s) britanniques, ou renforcement d’acteurs plus traditionnels : attribution de nouvelles prérogatives aux
maires, plus généralement aux collectivités locales en matière de sécurité, etc.). La mise en réseau des différents acteurs publics
(l’école, la police, les élus) et privés (les associations, les parents) est portée par un idéal de coopération, de communication et de
coordination entre les acteurs. Il vise à recréer un maillage social et institutionnel dans un souci de prévention et de lutte contre les
désordres juvéniles.
•une redéfinition plus générale des priorités en matière de justice des mineurs – le souci des victimes et de la défense de la
société vient contrebalancer le besoin de protection éducative du mineur. Elle est accompagnée d’une réhabilitation de
l’efficacité de la sanction, pour sa fonction de dissuasion mais aussi dans un souci de lutte contre l’impunité et de réconciliation de
la victime avec son agresseur. Le principe de responsabilité est ainsi mis en avant. La remise en cause du modèle de traitement
« paternaliste » ou « protectionnel » des mineurs délinquants serait commune à de nombreux pays occidentaux. La responsabilité
personnelle du mineur, concernant sa trajectoire comme les conséquences pour autrui de ses actes, est replacée au cœur de
l’intervention judiciaire. Ce mouvement est redoublé dans un certain nombre de pays par une mise en cause de la responsabilité de
ses parents.
Le choix des pouvoirs publics poursuit également dans les différents pays des objectifs identiques :
une détection et une prévention précoces des risques de délinquance et de déviance ;
un contrôle, une gestion et parfois une neutralisation des « jeunes et familles à risque » ; l’intérêt pour le soutien à la fonction
parentale est associé à une démarche de réduction des risques des populations les plus vulnérables. Les pays qui ont engagé
des politiques de soutien et/ou de responsabilisation des parents visent, face aux désordres juvéniles, à identifier, prévenir et lutter
contre les formes de « parentalité négative » (
poor or bad parenting
). Ils cherchent à promouvoir des formes de «parentalité
positive», qui relient l’enfant à la société voire compensent comme facteur de protection les effets des autres facteurs de risque liés
à la criminalité – facteurs socio-économiques, environnementaux ou biologiques.
Problématique générale - Coproduire le bien-être et la sécurité avec les parents