Note Technique du Secrétariat Général de la CRPM - 2008-2011 : du krach financier à la crise systémique –
Quelles perspectives d’équilibre mondial ? Quels enjeux pour l’UE et ses Régions ?
Référence CRPMNTP110063 A0 – Septembre 2011 – p. 1
CONFERENCE DES REGIONS PERIPHERIQUES MARITIMES D’EUROPE
CONFERENCE OF PERIPHERAL MARITIME REGIONS OF EUROPE
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INTRODUCTION
A l’occasion de son Assemblée générale à Göteborg en 2009, la CRPM a présenté un ensemble d’analyses sur
l’impact du krach financier de Septembre 2008 et de ses premières conséquences sur les Régions
européennes.
Aujourd’hui, la situation économique ne s’est stabilisée ni en Europe, ni dans le reste du Monde. Au
contraire, la crise de 2008 a donné naissance à un paysage mondial très complexe et instable, aussi bien
économiquement que socialement ou politiquement. Plus qu’à une sortie de crise qui ramènerait à l’équilibre
mondial antérieur, la crise systémique actuelle préfigure un rééquilibrage mondial progressif, aux facettes
nombreuses et complexes entre les grands ensembles mondiaux et en leur sein, entre le marché et les
pouvoirs publics, entre la finance et l’économie réelle etc... Les interconnexions entre les différents acteurs
économiques de la planète et leurs répercussions politiques rendent toute nouvelle stabilité extrêmement
difficile à trouver, et la gouvernance mondiale qui l’accompagne, difficile à mettre en place.
En Europe, les effets de la crise mettent à mal le projet européen dans son ensemble, ses valeurs fondatrices –
la solidarité et ses réalisations concrètes et symboliques la monnaie unique. C’est dans ce contexte que
s’ouvrent les négociations sur le futur Cadre financier de l’UE pour la période 2014-2020, censé donner corps
aux politiques européennes sur cette période, et, au-delà, à la Stratégie Europe 2020 largement endossée par
la classe politique européenne en 2010.
Si la complexité de la situation rend tout exercice de prévision délicat, il est néanmoins un fait que le
contexte économique et politique, mondial comme européen, va inévitablement influencer les négociations
budgétaires.
Ce document se propose donc de dresser un panorama synthétique de la situation générale de l’Europe et
du Monde à travers quelques éclairages ponctuels – sur la croissance, l’emploi, les finances publiques
notamment qui seront autant d’éléments de lecture et d’analyse de la situation actuelle, et qui permettront
de suivre l’évolution du contexte en général, et des négociations budgétaires européennes en particulier.
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1. 2009-2011 : DE LA RELANCE A L’AUSTERITE
1.1. Après plus d’une décennie de libéralisation des échanges mondiaux, le krach financier de la fin 2008 a
marqué le retour des politiques publiques dans l’économie. Pour sauvegarder leurs systèmes bancaires
et limiter les retombées de la crise financière sur l’économie réelle, de nombreux États ont en effet
« absorbé » la dette de leurs établissements financiers d’une part, et lancé des paquets de mesures
destinés à relancer l’activité économique, notamment dans les secteurs les plus touchés, d’autre part.
- Aux États-Unis, le plan de relance de 787 Milliards de dollars approuvé dès février 2008, c’est-à-dire
avant même le krach, dépasse en réalité les 900 Milliards de dollars en 2009. La même année, la
Réserve fédérale (FED, banque centrale américaine) engage quant à elle 1 150 Milliards de dollars
pour sauver le système économique américain.
- L’Union européenne lance de son côté son plan de sauvetage des banques européennes (1 700
milliards d’Euros, 13,6% du PIB européen) dès octobre 2008. Puis, en novembre 2008, la Commission
européenne propose un plan de relance de 200 milliards d’Euros (2% du PIB européen), reposant
pour 170 milliards sur les budgets des États membres.
Si l’ampleur des mesures de sauvetage et de relance varie fortement entre les grandes puissances
économiques, le degré d’implication dans ces processus est tout aussi inégal entre les Etats européens. En
effet, bien que les 27 États mettent tous en place de telles mesures entre 2009 et 2010, ces dernières voient,
dans plus d’un tiers des États, leurs effets parfois largement contrebalancés par des mesures de restriction
budgétaire (figure 1).
Fig.1 - Mesures discrétionnaires de relance budgétaire et mesures de restriction budgétaire - total des années 2009 et 2010 en % du PIB
(Source, MATH, Chronique internationale de l’IRES 2010.)
1.2. Malgré leur nécessité incontestée, ces mesures de relance ont particià dégrader les soldes publics et à
creuser les dettes parfois déjà élevées (cf. chapitre 2). Pour financer ces mesures, les États excédentaires
ont en effet puisé dans leurs réserves budgétaires, tandis que les États déficitaires la majorité ont
creusé leur déficit, et par conséquent gonflé leur dette. C’est pourquoi, un an à peine après le début des
plans de relance, un certain nombre d’acteurs appellent à la modération des déficits :
- En octobre 2009, alors que la croissance reste très modeste et fragile en Europe, le Conseil européen
invite les 27 à la modération des déficits publics et les encourage à mettre progressivement fin aux
mesures de relance.
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- Afin de soutenir la croissance économique, le Fonds Monétaire International (FMI), qui a forgé sa
légitimité depuis son intervention dans la gestion des effets du krach de 2008, soutient une politique
budgétaire restrictive à l’exception notable des États-Unis - craignant qu’une forte augmentation
des dettes publiques une année n’engendre un ralentissement économique les années suivantes. Les
pays ayant eu recours à des prêts du FMI s’engagent donc dans des politiques de grandes économies
budgétaires, assez tôt pour certains (Lituanie, Hongrie), et plus tard pour d’autres (Grèce).
L’effort de relance diminue donc globalement s 2010 : l’Union européenne, la Chine, l’Australie, la Russie
et le Japon duisent l’intensité des mesures discrétionnaires de relance. Les États-Unis se démarquent des
autres ensembles mondiaux en accroissant l’intensité de leurs mesures de relance : en septembre 2011, un
nouveau plan de 447 Milliards de dollars, axé sur le soutien à l’emploi, est voté. Au sein de l’UE, la situation
reste disparate. Dans 6 des 10 États les plus endettés et/ou les plus déficitaires de l’UE, cet effort baisse ou
stagne (Grèce, Lettonie, Portugal, Royaume-Uni, France, Espagne, Italie, Belgique, Lituanie).
Fig.2 - Mesures de relance budgétaire discrétionnaires en 2009 et 2010 (hors mesures de restriction budgétaire) – en % du PIB
(Source, MATH, Chronique internationale de l’IRES 2010.)
L’année 2011 voit les craintes des marchés financiers se focaliser sur la santé des finances publiques des États
occidentaux. En ponse, ces États se lancent dans un cycle d’économies budgétaires parfois drastiques qui
ne laisse plus – ou peu - de place à la relance.
2. DE LA CRISE FINANCIERE A LA CRISE DES FINANCES PUBLIQUES OCCIDENTALES
2.1. Sous le coup des mesures de relance, les soldes publics des États occidentaux se sont dégradés dès 2008.
Au sein de l’UE, aucun des 27 États membres n’est plus excédentaire en 2009 (ils étaient 7 en 2008, 9 en
2007) et 23 États dépassent le plafond fixé par le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) en matière de
déficit public (3%). Mais la tendance s’inverse dès 2010 : les premières mesures de consolidation
budgétaires produisent leurs effets, et les déficits se réduisent à partir de 2010 dans 21 États de l’UE.
Malgré une dégradation de son solde public, la Norvège reste largement excédentaire (10, 5% de son PIB
en 2010).
Comme dans la plupart des États de l’UE, les déficits des États-Unis, du Japon et des BRICs (Brésil,
Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) se creusent jusqu’en 2010, date à laquelle la tendance s’inverse
(Fig.3).
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Fig.3 - Évolution du solde public des États (en points) – 2007 / 2010 - Source : Eurostat, FMI.
2.2. Corollairement, les dettes souveraines explosent dans les pays occidentaux, rompant avec la tendance de
moyen terme à la baisse ou la stabilisation des dettes publiques qui prévalait depuis le milieu des années
1990 (Fig.4). En Europe, seules la Bulgarie et la Suède échappent à cette augmentation. En 2010, 13 Etats
européens dépassent le plafond fixé par le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) en matière de dette
publique (60%), contre 9 en 2007. Les dettes respectives de l’Italie et de la Grèce dépassent 100% de leur
PIB, suivies de près par la Belgique, l’Irlande et le Portugal.
Dans le monde, la tendance est la même pour les économies développées : la dette américaine bondit de
60 à 100% de son PIB, celle du Japon de 190 à 220%. Inversement, dans les puissances émergentes
(BRICs), la dette est relativement stable, et même en légère diminution pour la Chine et l’Inde (Fig.5).
Fig.4 - Évolution de la dette publique dans la Zone Euro (dette brute >100 Milliards €), les États-Unis et le Japon, entre 1995 et 2010
Source : Eurostat, FMI.
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Fig.5 - Évolution de la dette publique brute en pourcentage du PIB entre 2007 et 2010 (UE 27, BRICS, Japan, USA.)
Source : Eurostat, FMI.
2.3. Dans ce contexte, c’est la révélation de la fraude sur l’état des finances publiques grecques en décembre
2009, et l’estimation corrigée de la dette réelle du pays au double de celle estimée jusque là, qui met le
feu aux poudres. Les marchés financiers jugeant la dette réelle du pays trop importante et tout
endettement supplémentaire irraisonnable et donc risqué, les taux d’intérêts augmentent de manière
prohibitive et mettent la Grèce dans l’impossibilité de se financer sur ces marchés, et dans l’obligation de
faire à son tour appel à l’aide internationale (Fig.6).
Fig.6 - Prêts internationaux aux pays membres de l’UE
Source : FMI, CRPM.
Cet événement déclenche la crise des dettes souveraines que nous connaissons aujourd’hui, dont les
répercussions économiques, politiques et sociales sont colossales, et l’issue très incertaine :
- A l’échelle mondiale, les marchés financiers et les agences de notation passent au crible les finances
des économies développées et endettées et guettent leur gestion par les gouvernements, augmentant
la pression sur ces pays pour qu’ils assainissent leurs finances publiques sous peine de voir la note
de leur dette dégradée, leur taux d’intérêts augmentés, et leur situation financière empirée en
conséquence (Fig.7). Cette situation, qui moigne de l’incapacité des dirigeants mondiaux (et
notamment du G20) à avoir mis fin à l’emprise de la finance sur l’économie réelle tel qu’ils l’avaient
annoncé en 2008, pose la question de la dépendance des économies occidentales aux marchés
financiers, et interroge in fine la capacité du politique à pouvoir influencer l’économique. L’ampleur
des mesures d’austérité dans certains pays provoque également des dommages sociaux importants :
en entravant la croissance d’une part, et en réduisant la voilure des politiques sociales d’autre part,
elle pèse directement sur les populations, et fragilise d’autant plus les groupes les plus à risque
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