E´volution des pratiques et re´sultats factuels de la transplantation

E
´volution des pratiques
et re´sultats factuels de la
transplantation he´patique
pour maladie alcoolique
du foie
Alcool et maladie
alcoolique du foie
en France
Le Comit
e franc¸ais d’
education pour
la sant
e estime
a 5 millions le nombre
de personnes ayant une consomma-
tion excessive d’alcool en France.
M^
eme si cette consommation dimi-
nue r
eguli
erement depuis plusieurs
d
ecennies, le niveau
elev
e de consom-
mation par habitant reste une
caract
eristique franc¸aise [1]. On
estime
a 45 000 le nombre de d
ec
es
recens
es annuellement en France
li
es
a une consommation excessive
d’alcool dont 8
a10000li
es
a une
complication de la maladie alcoolique
du foie (MAF) [2]. L’OMS a
emis des
recommandations pour une consom-
mation
a moindre risque. Elle ne doit
pas d
epasser deux unit
es d’alcool par
jour pour les femmes (14 unit
es/
R
esum
e
La maladie alcoolique du foie est une des principales indications de
transplantation h
epatique (TH) en France et en Europe dont les r
esultats sont
comparables aux autres indications. Les principales
evolutions des pratiques ont
et
e : 1) une d
efinition plus pr
ecise des candidats pr
esentant un b
en
efice
individuel en terme de survie, 2) une r
evision de la r
egle des 6 mois d’abstinence,
3) une
evaluation de la TH en proc
edure acc
el
er
ee au cas par cas dans une
population s
electionn
ee de patients ayant une h
epatite alcoolique cortico-
r
esistante, et 4) une meilleure pr
evention et d
epistage de la rechute post-greffe.
nMots cl
es : transplantation h
epatique, cirrhose alcoolique, h
epatite alcoolique, maladie
alcoolique du foie
Abstract
Alcoholic liver disease (ALD) is one of the leading indications for liver
transplantation (LT) in France and in Europe with results comparable to other
indications. The main changes that have been observed in practice are: 1) a more
precise definition of the candidates with an individual benefit in terms of survival,
2) a revision of the 6 months rule for abstinence, 3) an evaluation of an
accelerated procedure for LT on a case-by-case basis in a selected population of
patients with steroid-resistant alcoholic hepatitis and 4) a better prevention and
detection of alcohol relapse after LT.
nKey words: liver transplantation, alcoholic cirrhosis, alcoholic hepatitis, alcoholic liver disease
Evolution of practices
and factual results of
liver transplantation for
alcoholic liver disease
Am
elie Cannesson
(1)
, Guillaume
Lassailly
(1)
, Emmanuel Boleslawski
(2)
,
Alexandre Louvet
(1)
, Philippe
Mathurin
(1)
, Franc¸ois Ren
e Pruvot
(2)
,
S
ebastien Dharancy
(1)
1
CHRU de Lille,
H^
opital Claude Huriez,
P^
ole m
edico-chirurgical Huriez,
maladies de l’appareil digestif
et de la Nutrition,
59037 Lille Cedex
2
CHRU Lille,
H^
opital Claude Huriez,
service de chirurgie digestive
et de transplantation,
France
e-mail : <sebastien.dharancy@chru-lille.
fr>
HEPATO
y
GASTRO
et Oncologie digestive
Tir
es
a part : S. Dharancy
Pour citer cet article : Cannesson A, Lassailly G, Boleslawski E, Louvet A, Mathurin P, Pruvot FR,
Dharancy S.
Evolution des pratiques et r
esultats factuels de la transplantation h
epatique pour
maladie alcoolique du foie. H
epato Gastro 2012 ; 19 : 248-253. doi : 10.1684/hpg.2012.0717
doi: 10.1684/hpg.2012.0717
248 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n84, avril 2012
ini-revueM
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semaine) et trois unit
es d’alcool par jour pour les hommes
(21 unit
es/semaine) [3]. Un risque de MAF existe au-del
ade
ces seuils de consommation et le risque de cirrhose
augmente avec la quantit
e d’alcool consomm
ee [4].
La transplantation h
epatique (TH) est depuis 30 ans le
traitement de r
ef
erence de l’insuffisance h
epatocellulaire
terminale de la cirrhose. La MAF est la principale cause de
cirrhose en France et repr
esentait la deuxi
eme indication de
TH en 2010 apr
es le carcinome h
epatocellulaire. Apr
es TH,
la MAF peut r
ecidiver et la reprise de la consommation
alcoolique a de nombreuses cons
equences, tant
al
echelon
individuel (risque de dysfonctionnement du greffon) que
collectif (impact sur le don d’organe). Malgr
e ce risque, la
TH s’est positionn
ee au fil du temps comme une
th
erapeutique incontournable dans le traitement de la
MAF permettant une survie prolong
ee tout en am
eliorant
la qualit
e de vie des patients.
‘‘ La maladie alcoolique du foie
est la principale cause de cirrhose
en France et repre´sentait la deuxie`me indication
de transplantation he´patique en 2010
apre`s le carcinome he´patocellulaire’’
E
´volution dans la prise en charge des
candidats a` la transplantation he´patique
Depuis 2005, plus de 1 000 patients ont eu une TH en France
chaque ann
ee. La MAF est une indication valid
ee de TH avec
une survie identique
a celle des autres indications [5].
Cependant, cette indication a
et
e longtemps controvers
ee
et soul
eve encore dans certains centres un d
ebat
ethique.
M^
eme si la premi
ere TH a
et
er
ealis
ee en 1963 [6], les
premi
eres survies prolong
ees de patients transplant
es pour
MAF n’ont
et
e constat
ees qu’au d
ebut des ann
ees 1980
gr^
ace, entre autres,
a l’utilisation de la ciclosporine. Lors de la
premi
ere Conf
erence de Consensus de Washington en 1983
[7], il avait
et
e propos
e de transplanter les malades t^
ot dans
l’histoire de leur maladie. La principale indication
etait alors
la cirrhose biliaire primitive chez l’adulte et l’atr
esie des voies
biliaire chez l’enfant. La cirrhose alcoolique
etait consid
er
ee
comme une indication marginale en raison de son caract
ere
de « maladie auto-inflig
ee ». Elle repr
esentait alors moins
de 5 % des indications de TH. Les ann
ees 1990 ont
et
e une
p
eriode charni
ere dans l’histoire de la TH avec une
am
elioration consid
erable des taux de survie passant de
32 %
a 1 an au d
ebut des ann
ees 1980
a 75 % en 1993
(donn
ees ELTR). La notion de p
enurie de greffons disponi-
bles est apparue de fac¸on parall
ele
al
elargissement des
indications d
efinies par la Conf
erence de Consensus de Paris
en 1993 [8]. Le jury d’experts d
efinissait alors trois cat
egories
d’indications. Le premier groupe
etait constitu
e par les
maladies peu fr
equentes pour lesquelles l’indication de la TH
etait clairement valid
ee (cirrhose biliaire primitive, cholangite
scl
erosante primitive, atr
esie des voies biliaires, et h
epatites
fulminantes). Le deuxi
eme groupe
etait celui o
u les
indications de la TH
etaient controvers
ees (cirrhoses post-
h
epatitiques B et C). La cirrhose alcoolique, groupe le plus
vaste des h
epatopathies chroniques dans notre pays,
devenait une indication reconnue sous r
eserve de candidats
particuli
erement compliants avec maladie s
ev
ere malgr
e une
abstinence compl
ete prolong
ee. Enfin, le troisi
eme groupe
de maladies correspondait aux contre-indications
alaTH
(essentiellement les cancers secondaires du foie).
‘‘ Les anne´es 1990 ont e´te´ une pe´riode
charnie`re dans l’histoire de la TH avec
une ame´lioration conside´rable des taux de survie
passant de 32 % a` 1 an au de´but des anne´es
1980 a` 75 % en 1993’’
En 2005, la troisi
eme Conf
erence de Consensus
etait
consacr
ee
al
elargissement des indications de TH [9]. Dix ans
apr
es la Conf
erence de Paris, la plupart des conclusions
etait
confirm
ee et en dehors du carcinome h
epatocellulaire,
l’indication de la TH dans la cirrhose alcoolique restait limit
ee
aux cirrhoses compliqu
ees et s
ev
eres (Child-Pugh C). La TH
n’
etait pas recommand
ee chez les patients Child-Pugh B : en
effet, dans une
etude de mod
elisation, la TH n’am
eliorait pas
la survie de malades de Child-Pugh B [10] et dans une
etude
randomis
ee comparant la TH
a une prise en charge m
edicale,
il existait une surmortalit
e par cancers de novo dans le groupe
transplant
e par rapport au groupe contr^
ole sans b
en
efice de
survie [11]. L’inscription sur liste d’attente des malades
atteints de cirrhose alcoolique
etait conditionn
ee par : 1) un
bilan pr
e-greffe particuli
erement attentif
a la recherche des
l
esions li
ees
a la toxicit
e alcoolique extrah
epatique, tels les
cancers et les
etats pr
ecanc
ereux ORL, bronchiques,
œsophagiens, une pathologie cardiovasculaire et respira-
toire, et 2) une prise en charge addictologique aussi pr
ecoce
que possible par une
equipe sp
ecialis
ee.
‘‘ L’indication de la TH dans la cirrhose
alcoolique restait limite´e aux cirrhoses
complique´es et se´ve`res (Child-Pugh C)’’
Proble´matique du sevrage
Une p
eriode d’abstinence est un
el
ement indispensable
avant inscription sur liste mais sa dur
ee optimale reste
d
ebattue. « La r
egle des 6 mois » d’abstinence avant TH a
249
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n84, avril 2012
La maladie alcoolique de foie et transplantation he
´patique
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et
e commun
ement retenue par la plupart des centres de
TH
a travers le monde. Son int
er^
et
etait double :
eviter, d’une
part, la transplantation chez des malades qui am
elioraient
leur fonction h
epatocellulaire
a distance du sevrage et
identifier, d’autre part, des malades ayant un risque faible de
rechute de MAF apr
es TH. Une m
eta-analyse a mis en
evidence une augmentation significative du risque de
rechute de la MAF apr
es TH pour un d
elai de sevrage
inf
erieur
a 6 mois avec un risque relatif de 7,8 [12].
Cependant cette dur
ee de sevrage, suivie par 85 % des
equipes [13], ne semble plus ^
etre une r
egle intangible et ne
devrait plus ^
etre consid
er
ee comme unique condition
d’acc
es
a la TH. En effet « la r
egle des 6 mois » n’est pas
un crit
ere suffisamment robuste pour pr
edire la rechute de la
consommation d’alcool apr
es TH. Dans une
etude reprenant
l’ensemble des donn
ees de la litt
erature
a ce sujet, les auteurs
ont montr
e que ce crit
ere
etait un bon pr
erequis d’inclusion
mais un mauvais crit
ere d’exclusion : la probabilit
ede
rechuter dans une MAF apr
es la TH n’
etait que de 41 % chez
les malades abstinents moins de 6 mois avant la TH [14].
‘‘ Une pe´riode d’abstinence est un e´le´ ment
indispensable avant inscription sur liste
mais sa dure´e optimale reste de´battue’’
‘‘ La re`gle des 6 mois n’est pas un crite`re
suffisamment robuste pour pre´dire la
rechute de la consommation d’alcool apre`s TH’’
Cas particulier de l’he´patite alcoolique
cortico-re´sistante
L’h
epatite alcoolique (HA) dans sa forme s
ev
ere (d
efinie par
un score de Maddrey >32) est une des formes les plus
graves de MAF dont le traitement de r
ef
erence repose sur les
corticoı¨des. L’application d’un score simple (score de Lille)
incluant, entre autres, la variation du taux de bilirubine
a7
jours de corticoth
erapie a permis, dans une s
erie de 269
malades, de pr
edire 80 % des d
ec
es [15]. Chez les non-
r
epondeurs
a la corticoth
erapie selon ce mod
ele (score
>0,45), la probabilit
eded
ec
es est de 76 %
a 6 mois ; dans
ce contexte l’application de « la r
egle des 6 mois » r
ecuse de
facto la grande majorit
e des patients
a haut risque de d
ec
es
(figure 1). La conf
erence de consensus franc¸aise sur les
extensions d’indication de TH avait sugg
er
elar
ealisation
d’une
etude pilote proposant la TH chez des patients
s
electionn
es atteint d’HA cortico-r
esistante avec un
sevrage r
ecent. Cette
etude franco-belge multicentrique,
r
ecemment publi
ee, a inclus 26 patients non r
epondeurs
ala
corticoth
erapie avec un score de Lille sup
erieur
a 0,45 dans
un projet de TH en proc
edure acc
el
er
ee. Cette indication de
TH repr
esentait moins de 3 % des indications des diff
erents
centres. Les patients ont
et
es
electionn
es sur leur motivation,
leur entourage familial et affectif structur
e, mais
egalement
sur l’absence de d
ecompensation ant
erieure de leur MAF et
de comorbidit
es significatives.
‘‘ Les patients en proce´dure de TH acce´le´re´e
ont e´te´se´lectionne´ s sur leur motivation,
leur entourage familial et affectif structure´ , mais
e´galement sur l’absence de de´compensation
ante´rieure de leur maladie alcoolique du foie
et de comorbidite´s significatives’’
L’
evaluation pr
ecoce initiale addictologique et la proc
edure
acc
el
er
ee de bilan pr
egreffe
etaient
egalement des
sp
ecificit
es de cette
etude. Les patients s
electionn
es
etaient
transplant
es quelques jours apr
es inscription sur liste en
raison du syst
eme d’allocation franc¸ais des greffons fond
e
sur le score pronostique MELD. Comme attendu, les patients
cortico-r
esistants transplant
es avaient une survie sup
erieure
(77 %
a 6 mois) aux patients cortico-r
esistants non
transplant
es (23 % p <0,001), mais identique
a celle des
patients cortico-sensibles (85 %, p = 0,33). Apr
es un recul
post-TH de 24 mois, seuls 3 patients avaient repris une
consommation d’alcool dont un de fac¸on occasionnelle.
Cette
etude pilote met en
evidence que cette indication de
TH peut ^
etre retenue au cas par cas au sein d’une population
s
electionn
ee d’HA cortico-r
esistante et ne se fait pas au
d
epend des indications conventionnelles de TH [16].
‘‘ La TH en proce´dure acce´le´re´ e peut ^
etre
retenue au cas par cas au sein d’une
population se´lectionne´ e d’he´ patite alcoolique
cortico-re´sistante et ne se fait pas au de´ pend
des indications conventionnelles de TH’’
1,000 413 HAA sévères
Lille model < 0,45
Lille model 0,45
p < 0,0001
Identifie 76% des décès à 6 mios
62 % des malades
38 % des malades
0,750
0,500
Probabilité de survive
0,250
0,000
0,0 50,0 100,0 150,0 200,0
Jours
Figure 1. Survie des patients avec h
epatite alcoolique s
ev
ere selon le
mod
ele de Lille (adapt
ee de Louvet A et al.).
250 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
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Activite´ de transplantation he´patique
pour maladie alcoolique du foie
En France, 1 092 greffes h
epatiques (+ 4,3 %) ont
et
e
r
ealis
ees en 2010. La principale indication
etait le carcinome
h
epatocellulaire (24,5 % de l’activit
e), puis la cirrhose
alcoolique (23,9 %) (figure 2) et la cirrhose virale C
(10,3 %). La survie des patients transplant
es pour cirrhose
alcoolique entre 1993 et 2009
etait respectivement de
94 %, 86,6 %, 75 % et 59,5 %
a 1 mois, 1 an, 5 ans et
10 ans apr
es TH (figure 3). La survie post-TH globale toutes
etiologies confondues
etait de 92,6 %, 83,8 %, 72,3 % et
62,3 % aux m^
emes temps. En France, la cirrhose alcoolique
est responsable de 10 000 d
ec
es/an et environ 250 malades
sont transplant
es par an pour cette indication.
‘‘ En France, 1 092 greffes he´ patiques
(+ 4,3 %) ont e´te´re´ alise´es en 2010’’
Il n’y a donc que 3
a 4 % des patients ayant une cirrhose
alcoolique qui acc
edent
a la TH.
‘‘ Il n’y a que 3 a` 4 % des patients ayant
une cirrhose alcoolique qui acce`dent
a`laTH
’’
Les raisons sont multiples :
un d’acc
es plus faible et retard
e aux soins ;
un d
ec
es rapide apr
es une premi
ere d
ecompensation [17] ;
une alcoolo-d
ependance majeure non contr^
ol
ee et/ou
un d
eni de la maladie ;
l’existence de contre-indications
a la TH pour
comorbidit
es s
ev
eres, ant
ec
edent de cancer ou cancer
evolutif ;
un ^
age physiologique dissuasif.
En Europe, il y a eu environ 6 000 TH en 2010. La cirrhose
alcoolique
etait la deuxi
eme indication de TH apr
es la
cirrhose virale (respectivement 33 % et 39 %). Une
augmentation significative de 8,3 % des causes li
ees
a
l’alcool avec ou sans virus a
et
e observ
ee entre 1996-2005
par rapport
alap
eriode 1988-1995 [18]. La survie des
patients transplant
es pour cirrhose alcoolique
etait respec-
tivement de 84 %, 79 %, 73 % et 59 %
a 1, 3, 5 et 10 ans
apr
es TH. Celle-ci
etait significativement plus
elev
ee que
celle des causes virales. Apr
es TH, les principales causes de
d
ec
es des patients transplant
es pour cirrhose alcoolique sont
les infections (15,5 %), les cancers de novo (13,7 %) et les
complications cardiovasculaires (8 %) qui sont significati-
vement plus fr
equents que pour les autres
etiologies [18].
Rechute de la MAF apre`s TH
Apr
es TH pour MAF, il existe un risque de rechute de la
maladie alcoolique. Le terme de « r
ecidive » apparaı
ˆt
impropre car il sous-entend que le malade a
et
e totalement
gu
eri par la TH alors que la « composante addictive » de la
maladie alcoolique reste un enjeu majeur dans le suivi des
patients. C’est dans ce domaine que les mentalit
es et la prise
en charge des patients ont le plus
evolu
ecesderni
eres
ann
ees. En effet, il est maintenant admis que le spectre de la
rechute est un continuum h
et
erog
ene (d
ebutant par la
r
ealcoolisation ponctuelle en faible quantit
e ou « faux pas »,
qui aura peu d’impact sur la survie du greffon, et allant jusqu’
a
la rechute s
ev
ere massive) et non pas une probl
ematique
binaire (alcool + vs alcool ). La rechute ne doit donc plus ^
etre
v
ecue comme un
echec de la TH, mais comme une
complication en tant que telle. Le diagnostic pr
ecoce de
rechute de la maladie alcoolique apr
es TH est souvent difficile
car culpabilisante pour le transplant
e. Il se fait sur un faisceau
d’arguments directs et indirects : interrogatoire du patient
et de ses proches, examens clinique et biologique. Cepen-
dant, il n’y a pas de consensus sur les modalit
es de d
epistage
etdepriseenchargedelar
ecidivedelaMAFapr
es TH.
‘‘ Apre`s transplantation he´patique pour
maladie alcoolique du foie, il existe
un risque de rechute de la maladie alcoolique’’
‘‘ Le spectre de la rechute est un continuum
he´te´ roge`ne de´ butant par la re´alcoolisation
ponctuelle en faible quantite´ jusqu’a` la rechute
se´ve`re massive et non pas une proble´matique
binaire (alcool + vs alcool )’’
0
5
10
15
20
25
30
35
% activité de TH
CHC : 24,5 %
MAF : 23,9 %
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Années
Figure 2.
Evolution de l’activit
e de transplantation h
epatique en
France pour cirrhose alcoolique et carcinome h
epatocellulaire
(donn
ees : Agence de la Biom
edecine).
251
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n84, avril 2012
La maladie alcoolique de foie et transplantation he
´patique
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Le risque de rechute de la maladie alcoolique est tr
es
variable selon les
etudes : de 7
a 95 % en raison de la
variabilit
edelad
efinition de la rechute, du manque d’outils
d’analyse et de la variabilit
e de la dur
ee du suivi post-TH. Le
risque de rechute massive est de l’ordre de 10
a20%.La
consommation en alcool apr
es TH existe aussi chez les
patients transplant
es pour d’autres causes et le pour-
centage global de consommateurs n’est pas diff
erent de
celui des transplant
es pour MAF : 16,9 % pour MAF
versus 16,2 % pour les autres
etiologies
a 12 mois de la TH.
En revanche, le risque d’avoir une consommation massive
est significativement plus important chez les patients
transplant
es pour MAF (figure 4) [12]. Le risque de rechute
augmente avec le temps apr
es TH : 4
a5%
a 6 mois, et 16
a 17 % apr
es 12 mois [12]. L’histoire naturelle de la
rechute n’est pas univoque. La plupart des
etudes ne
mettent pas en
evidence d’impact sur la survie post-TH
a
court terme, ni sur la compliance au traitement immuno-
suppresseur. En revanche, il apparaı
ˆt clairement que la
rechute massive de la MAF diminue la survie des patients
transplant
es
a long terme. Elle entraı
ˆne un risque de
r
ecidive de la fibrose sur le greffon et est associ
ee
aun
d
efaut de compliance au traitement immunosuppresseur
avec le risque potentiel de rejets tardifs [19, 20]. Les
facteurs de risque de rechute les plus fr
equemment trouv
es
sont :
l’^
age ;
les troubles de l’humeur avec risque suicidaire ;
les conditions sociales pr
ecaires ;
les addictions multiples ;
et le niveau d’alcoolo-d
ependance avec ant
ec
edents de
cure de sevrage.
L’int
er^
et de ces facteurs n’est donc pas de s
electionner a
priori les candidats
a la TH mais plut^
ot d’identifier les
patients
a haut risque de r
ecidive afin de leur proposer une
prise en charge sp
ecifique pr
ecoce. La pr
evention de la
rechute n
ecessite une prise en charge multidisciplinaire qui
doit commencer id
ealement avant m^
eme la TH [5, 19, 21].
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
Taux de survive
30%
20%
10%
0%
p : <0,001
Temps (mois)
0 12 24 36 48 60 72 84 86 108 120 132 144 156
Autre cause Cirrhose alcoolique
Défaillance hépatique aiguë
Tumeur hépatique
Pathologie biliaire
Cirrhose post-hépatite (B, C ou D)
Figure 3. Survie du receveur apr
es greffe h
epatique selon la pathologie
a la premi
ere inscription (1999-2009). Donn
ees de l’Agence de la
Biom
edecine.
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Récidive de
alcool à 6 mois
après TH
Récidive de
alcool à 12 mois
après TH
Consommation
rare ou modérée
Consommation
excessive
TH pour MAF
TH autre causes
Figure 4. La consommation d’alcool occasionnelle et excessive chez
les transplant
es pour MAF et autres causes (adapt
ee de Pageaux GP
et al.).
252 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
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