CURRICULUM Forum Med Suisse No13 26 mars 2003 312
gauche est directement proportionnelle à la di-
minution de la contractilité. On n’a par ailleurs
pas encore pu déterminer non plus quelle in-
fluence le bilan énergétique aurait sur l’évolu-
tion et le pronostic de la cardiomyopathie
hypertrophique, car l’efficacité du développe-
ment énergie/force est également affectée [5] et
des déficits de régulation du bilan énergétique
vont de pair avec la CMH.
Ces 10 gènes différents sont associés à la pré-
sence de CMH avec une fréquence variable:
35% de toutes les CMH familiales se présentent
avec une mutation au niveau du gène b-myo-
sine, 20% avec une mutation au niveau de la
«myosin binding protein C», 15% avec une
mutation au niveau de la troponine T et moins
de 3% avec une mutation au niveau de l’a-tro-
pomyosine. Comme l’indique le tableau 1, cer-
taines mutations influencent en partie considé-
rablement le pronostic de la CMH (tableau 1).
bb-myosine
La plupart des mutations de la chaîne lourde
de la b-myosine sont des mutations par une er-
reur consistant en l’insertion d’un acide aminé
erroné dans la protéine tardive en raison de
l’échange d’un nucléotide à une position déter-
minée de l’information génétique codante. Les
mutations au niveau des acides aminés sont
indiquées de la manière suivante: le nombre
donne la position de l’échange de l’acide aminé
(les acides aminés de la protéine sont numéro-
tés en suivant à partir du premier acide aminé),
la lettre précédant le numéro indique le nouvel
acide aminé, la lettre qui suit le code de posi-
tion indique l’acide aminé originel. Quelques
mutations telles que L908V (la leucine remplace
la valine à la position 908), G256E, V606M sont
liées à une évolution favorable et à une espé-
rance de vie quasi normale [6]. Au contraire,
pour les mutations R403Q, R453C et R719W,
l’hypertrophie ventriculaire gauche est impor-
tante et l’espérance de vie est diminuée à des
valeurs jusqu’à 50% inférieures à celles liées à
des mutations bénignes.
Chaîne légère 1/-2 de la myosine,
aa-tropomyosine, «myosin binding
protein C»
Diverses mutations de la «myosin binding pro-
tein C» ainsi que les plus rares mutations de
la chaîne légère 1/-2 de la myosine et de l’a-tro-
pomyosine sont associées à une hypertrophie
ventriculaire gauche étendue. Comme on peut
le voir dans la figure 1, la «myosin binding
protein C» est importante pour l’organisation
structurelle du sarcomère. Etonnamment, les
mutations de la «myosin binding protein C»
sont pour la plupart liées à une évolution bé-
nigne de la CMH. La «myosin binding protein
C» avec des défauts dans la région de liaison
pour la myosine ou la titine n’est pas intégrée
dans le sarcomère, de sorte que dans ce cas
particulier, l’éclosion de la maladie est due à un
manque de protéine active fonctionnelle.
En cas de mutation de la chaîne légère 1/-2 de
la myosine et de l’a-tropomyosine, la contrac-
tilité du myocarde est augmentée en raison
d’une sensibilité au calcium accrue, tandis
qu’en cas de mutation de la b-myosine ou de la
«myosin binding protein C», la contractilité est
au contraire diminuée en raison d’un abaisse-
ment de la sensibilité au calcium [7]. Le signe
phénotypique distinctif de la mutation de la
chaîne légère 2 de la myosine est le type rare
de l’hypertrophie centro-ventriculaire de la
CMH.
Les mutations dans le territoire de l’a-tropo-
myosine sont de pronostic favorable, à l’excep-
tion de la mutation V95A, même si l’hypertro-
phie ventriculaire gauche n’est que peu mar-
quée avec cette mutation [8].
Troponine T, troponine I
Les mutations de la troponine T ne sont asso-
ciées qu’à une hypertrophie peu étendue. Mais
en raison de la présence de troubles du rythme
cardiaque sévères, le pronostic est mauvais,
surtout en cas de forme raccourcie [9].
Chez 7 familles japonaises différentes, on a
identifié diverses mutations d’altération et une
par délétion dans le gène troponine I (compo-
sante inhibitrice du complexe troponine).
Toutes ces mutations allaient de pair avec une
hypercholestérolémie. Trois de ces mutations
étaient de plus associées à la forme apicale de
la CMH. Parmi ces trois mutations, la délétion
D183K montre une pénétrance élevée, une
mortalité élevée et, chez les patients âgés, elle
passe habituellement à la forme de CMH dila-
tative.
Actine
Les défauts au niveau du gène actine induisent
aussi bien une CMH qu’une CMD. Le phénotype
différent s’explique par la position des défauts
génétiques respectifs, qui conditionnent des
altérations spécifiques au niveau de l’appareil
contractile. Les défauts génétiques associés à la
CMH sont localisés à la portion antérieure de la
molécule d’actine, donc près de la présumée
position de liaison de la myosine; les défauts
génétiques associés à la CMD sont au contraire
localisés à la portion postérieure de l’actine, qui
se trouve en interaction avec le complexe dys-
trophine-sacroglycane de la membrane plas-
matique et lie l’appareil contractile avec la
matrice extracellulaire (figure 2).
Sous-unité gg-2 de la protéine kinase AMP
activée
Les mutations décrites ci-dessus conditionnent
des altérations secondaires dans le métabo-
lisme énergétique, caractérisées par un cou-