Association des Psychomotriciens de Toulouse ème 3 Journée Toulousaine de Psychomotricité 19 mai 2001 Organisée par l'Association des Psychomotriciens de Toulouse et l'Institut de Formation en Psychomotricité de Toulouse 3ème Journée Toulousaine de Psychomotricité Emotion et motricité : étude psychopatho-développementale chez l'enfant de 3 à 5 ans Daniel Mellier, professeur des universités, Laboratoire de Psychologie et Neurosciences de la Cognition, Rouen La perspective jadis ouverte par Wallon pose d’emblée une relation développementale directe entre la motricité et l’émotion. On considère alors l’émotion comme une fonction adaptative en étroite relation avec la fonction motrice et posturale. Cela conduit à chercher à connaître l’évolution de l’émotion comme système de sociabilité (Trevarthen, Brazelton, Tronick) et aussi à s’intéresser au traitement des expressions émotionnelles en termes de discrimination et de catégorisation. Ce courant de recherches envisage les expressions émotionnelles et leur reconnaissance chez autrui comme des traces des traitements cognitifs ou métacognitifs des interactions. Il étudie comment la personne comprend les émotions de l’autre et comment elle comprend ses propres émotions. Les résultats s’accordent pour situer l’accès à ces représentations de soi et d’autrui entre 3 et 5 ans (Ricard, 1999 pour synthèse). Une des questions est alors de savoir comment un processus pathologique retentit sur le développement de ces fonctions, s’il affecte à la fois l’émotion et la motricité ou bien si les deux domaines évoluent séparément. L’étude des actions motrices chez l’enfant a été traversée par une série de découvertes et de nouveautés théoriques qui ont obligé à réviser plusieurs principes développementaux jusque là établis. Les connaissances nouvelles sont venues pour une part de l’examen de la motricité du nourrisson. Il s’avère ainsi que les débuts du développement moteur se caractérisent par la production d’actions organisées, dépendantes du contexte, possiblement flexibles et que leur organisation est sensible aux pathologies. Les nouveautés sont aussi venues des études conduites chez les enfants d’âge préscolaire et scolaire qui, par exemple en matière de développement de la graphomotricité, ont pris en considération non seulement le résultat final des actions (le dessin ou les mots écrits) mais aussi les stratégies (planification, agencement spatial) telles qu’elles se révèlent en examinant les paramètres dynamiques des tracés (vitesse, pauses). Ces travaux indiquent que le développement moteur correspond à des créations contextualisées assurées par des processus perceptivo-moteurs et cognitivo-moteurs qui dépassent de loin l’expression de l’avancée maturative ou les effets d’apprentissage. On a parlé du développement de « grammaire d’actions » pour rendre compte des structurations de tâche construites par l’enfant. Ce type d’approche a favorisé la reconnaissance des relations entre motricité et cognition aux différents niveaux de développement et a eu pour effet de promouvoir le regain d’intérêt des psychologues pour l’étude de la motricité. Une autre source de connaissances nouvelles provient des travaux sur les pathologies motrices d’origine lésionnelle chez l’enfant. Ainsi, alors qu’il avait été considéré que l’IMC se manifeste par des troubles moteurs non évolutifs, donc fixés (Tardieu), les études actuelles testent l’hypothèse d’une plasticité susceptible de restaurer, à tout le moins de limiter, des déficits. Ces conceptions reconnaissent la discontinuité développementale des possibilités de restauration (non linéarité de la plasticité, périodes sensibles à la rééducation). Elles sont aussi en faveur de l’existence d’une hiérarchie différente entre les plans structuraux, fonctionnel et comportemental selon l’âge des personnes. Le principe de Kennard qui voulait que la restauration structurale soit plus probable chez le sujet jeune est complété par le principe de Schneider qui remarque que la plasticité comportementale est possible chez le sujet plus âgé par l’effet du jeu des vicariances alors que la plasticité structurale est devenue très réduite. Dans la même ligne, l’approche développementale des pathologies considère que les troubles habituellement posés comme associés à la pathologie motrice sont en fait des troubles à part entière (exemple de l’hémiplégie cérébrale infantile où on remarque une 1 19 mai 2001 haute fréquence de troubles visuo-praxo-gnosiques, de troubles du langage, d’altérations des fonctions exécutives, de troubles anxieux). Cette démarche rompt avec l’étude neurologique localisationniste qui attribue une correspondance entre les aires lésées et les fonctions déficitaires. Elle s’intéresse aux réseaux cérébraux, vise à cerner l’ensemble des structures impliquées et considère au total les aires classiquement décrites dans les cartographies cérébrales comme des « sites clefs ». L’approche globaliste intéressée par les propriétés distribuées du système nerveux central décloisonne la fonction motrice et invite à examiner les relations développementales entre des fonctions habituellement approchées indépendamment les unes des autres. La question est alors de chercher à savoir s’il existe des co-développements se manifestant soit par des homologies développementales (évolution simultanée qui témoigne de l’effet d’un même processus sur plusieurs fonctions) soit par des relations séquentielles où l’évolution d’un domaine retentit sur le suivant (modèle en cascade et mise en évidence de pré-requis développementaux). C’est dans ce cadre général que nous présentons les premiers résultats d’une recherche conduite chez des enfants de 3 à 5 ans et visant à étudier le devenir d’enfants cérébrolésés en période périnatale du point de vue des actions motrices et des traitements d’émotions. Nous sommes partis du constat de la littérature selon lequel les sites cérébraux engagés dans la planification et le contrôle des actions motrices sont aussi en partie impliqués dans le traitement des émotions (voie cérébello-thalamo-corticale et voie hippocampo-frontale) (Damasio pour revue ; Rogers et Pennington, 1991). Il s’agit donc de savoir dans quelle mesure la restauration des habiletés cognitivo-motrices et celle du développement émotionnel peuvent être liées. L’examen concerne des enfants « normaux » nés à terme et des enfants anciens prématurés hémiplégiques nés avant 33 semaines d’âge gestationnel. PROTOCOLE D’OBSERVATIONS Habiletés cognitivo-spatiales • A : Mémoire spatiale des 6 boîtes avec masquage entre les essais (Petrides & Milner, 1982 ; Diamond & coll. 1997) • B : projection d’action motrice corporelle (Van der Merr, 1997 ) • C : encastrement de paniers colorés (Kanelli-Agathos & Richard ; 1997) Habiletés socio émotionnelles • D : reconnaissance d’émotions (joie tristesse) sur photographies de visages; attribution de désirs d’après la direction du regard vers des objets (Baron Cohen) • E : attribution d’état émotionnel après histoire (jus d’orange, chien perdu, retour des parents) Breterthon et coll, 1990) • F : imitation de patterns d’expression émotionnelle (Brun, 1998) • G : Expression émotionnelle dissociée de l’état mental. • H : CBCL (Achenbach) 2 3ème Journée Toulousaine de Psychomotricité Indices fonctionnels et déterminants psychologiques de l'ajustement postural anticipé chez l'enfant de moins de 4 ans Marianne Jover, psychomotricienne, doctorante L'ajustement postural anticipé est une composante de l'action motrice qui possède un statut particulier, entre posture et mouvement. Il permet, en effet, le maintien de différents segments corporels (composante de soutien ou éréismatique) lors de l'exécution d'un mouvement (composante téléocinétique ; Hess, cité par Corraze, 1987). Situé à l’interface de la posture et du mouvement, l’ajustement postural anticipé a pour caractéristiques d’apparaître avant l’exécution du mouvement volontaire et d’en dépendre des points de vue spatial et temporel. Il tient compte des perturbations que le mouvement déclenchera directement (modification de la répartition des forces liée à la position ou à l'inertie des segments corporels) mais aussi moins directement (variations de l'environnement, réception d'un objet). Sa raison d’être est ainsi de limiter, voire d’éliminer, les modifications posturales les plus précoces liées à l’exécution d’un mouvement volontaire (Aruin & Latash, 1995 ; Biryukova et al., 1999 ; Massion, 1994). Les techniques d’études de l’APA s’appuient sur des tâches de coordination bimanuelle appelées aussi « paradigme du garçon de café » (Hugon et al., 1982 ; Berthoz, 1997), ainsi que sur des tâches de mouvements globaux du corps (Toussaint et al., 1998). Les travaux présentés portent sur l’adaptation d’une tâche de coordination bimanuelle à une population d’enfant de moins de 4 ans (Jover, 2000). Un plateau est posé sur la main des enfants et chargé d’objets, selon les procédures et les conditions, par l’enfant lui-même (condition active) ou par l’expérimentateur (condition passive, contrôlée visuellement). Les modifications de la posture induites par ces actions, à la fois au niveau local (mouvements du plateau), mais aussi au niveau global (déplacement du centre de gravité), fournissent selon nous, des indicateurs de l’APA. Afin d’étudier la fonction, le développement et les déterminants de l’ajustement postural anticipé, plusieurs études ont été conduites et quelques résultats seront présentés. Nous proposerons enfin nos réflexions sur l'intérêt de cet ajustement postural anticipé pour le psychomotricien : de quelle façon peut il inclure cette notion dans sa pratique ? Références bibliographiques Aruin, A.S., & Latash, M.L. (1995). Directional specificity of postural muscles in feed-forward postural reactions during fast voluntary arm movements. Experimental Brain Research, 103, 323-32. Berthoz, A. (1997). Le sens du mouvement. Paris : Odile Jacob. Biryukova, E.V., Roschin, V.Y., Frolov, A.A., Ioffe, M.E., Massion, J., & Dufossé, M. (1999). Forearm postural control during unloading : anticipatory changes in elbow stiffness. Experimental Brain Research, 124, 107-17. Corraze, J. (1987). La neuropsychologie du mouvement. Paris : PUF. Hugon, M., Massion, J., & Wiesendanger, M. (1982). Anticipatory postural changes induced by active unloading and comparison with passive unloading in man. Pflugers Archiv, 393, 292-6. Jover, M. (2000). Perspectives actuelles sur le développement et l'organisation de la posture. In J. Rivière (Ed.), Le développement psychomoteur de l'enfant de 0 à 6 ans. Marseille : Solal. Massion, J. (1994). Postural control system. Current opinion in Neurobiology, 4, 877-87. Toussaint, H.M., Michies, Y.M., Faber, M.N., Commissaris, D.A., & Van Dieen, J.H. (1998). Scazling anticipatory postural adjustments dependent on confidence of load estimation in a bimanual load estimation in a bi-manual whole body lifting task. Experimental Brain Research, 120, 85-94. 3 19 mai 2001 Complémentarité de la prise en charge de l’I.M.C. en kinésithérapie et en psychomotricité Elise Monsan, psychomotricienne, & Francis Raynard, kinésithérapeute La prise en charge psychomotrice de l’I.M.C. pose un grand nombre de problèmes. En effet, l’I.M.C.présente différents troubles psychomoteurs. D’une part, les troubles moteurs sont prévalents au niveau des membres supérieurs et/ou inférieurs. Ils s’accompagnent de troubles : • du tonus, • de l’équilibre, • des coordinations dynamiques générales et oculo-manuelles, • de la motricité fine (difficultés de préhension, dysgraphie). D’autre part, le manque d’informations sensorielles et kinesthésiques, lié au handicap moteur et à l’impossibilité de se mouvoir de façon autonome, se traduit par des troubles : • du schéma corporel, • de la latéralisation, • du repérage dans le temps et dans l’espace. En outre, à ce tableau peuvent s’ajouter des troubles : • des praxies idéo-motrices, • des praxies visuo-constructives, • de l’attention (auditive, visuelle), • du comportement (agressivité, inhibition). Par ailleurs, la prise en charge psychomotrice de l’I.M.C. peut passer par un travail en individuel et/ou en groupe (en salle, en piscine, avec le cheval). Ceci sera illustré par la présentation d’un cas de quadriplégie spastique avec un bon niveau de communication verbale. Le travail du psychomotricien rejoint celui du kinésithérapeuthe sur les points suivants : • la recherche du mouvement, • le respect du développement neuromoteur, • le guidage manuel, • le rééquilibrage du tonus. Le psychomotricien et le kinésithérapeuthe prennent donc en compte le corps dans sa globalité, suivant des approches différentes, mais cependant complémentaires, qui seront présentées au cours de l’exposé. Le concept Bobath Il s'agit d'un courant de pensée neuro-développemental fondé, chez l’I.M.O.C., sur quatre éléments neuropathologiques : la désorganisation tonique et la dérégulation de l’innervation réciproque, la persistance ou la réapparition de réflexes archaïques, les perturbations de l’expérience neuromotrice, la perturbation des sensations kinesthésiques. L’intervenant aborde cette problématique de façon globale et selon les principes suivants : • favoriser une interaction musculaire normale. • apprendre à maintenir des positions intermédiaires et sélectives. • éviter les acquisitions motrices paradoxales. Exemple : enfant utilisant un réflexe archaïque pour rouler. • donner une expérience sensitivo-motrice correcte et précoce. • harmoniser ou réharmoniser les réponses motrices par rapport à la tâche impartie. Bien sentir pour bien faire. Le mouvement apprend le mouvement. • inhiber puis faciliter, donc construire un comportement moteur correct sur un tonus postural équilibré. • traiter de manière globale. Le thérapeute contrôle en permanence la praxie et ses effets sur tout le corps. Il passe du proximal au distal, du grossier au sélectif. 4 3ème Journée Toulousaine de Psychomotricité Il emploie deux modalités, combinées ou non : • conduire et contrôler. • provoquer et guider. Implications thérapeutiques Réaliser une analyse déductive du quotidien : elle se fait en cinq parties. Elle étudie : l’attitude spontanée dans diverses positions, la qualité des réactions provoquées, la structure des enchaînements, les compétences fonctionnelles, les conséquences de la désorganisation tonique. Modifier ou être vigilant en permanence en ce qui concerne l'organisation posturale : faire monter ou baisser le tonus postural en fonction de la pathologie (hyper ou hypotonie). Suivre les étapes du développement neuromoteur normal. Nous rappelons brièvement ici les phases les plus déterminantes que le thérapeute doit obtenir durant le traitement. Il s'agit de : • placer les deux membres supérieurs en avant, • faire attraper les pieds, • obtenir un contrôle de la tête dans toutes les situations, • fléchir les hanches sur une extension des genoux et inversement, • tenir assis et tourner les épaules. se retourner de façon coordonnée. Acquérir de l'efficacité aux membres supérieurs et inférieurs de façon proximo-distale. Devenir opérant grâce à l'installation de diverses réactions : contrôle de la tête, réactions de redressement du tronc, retournements et autres enchaînements. Le projet recherche plus particulièrement la qualité des compétences fonctionnels et la sélectivité. Elle passe par l’inhibition liée à la fragmentation des patterns globaux anormaux et primitifs. Le travail commence tout d'abord dans des situations d'inhibition importantes (points clé proximaux) puis, peu à peu, l’entraînement laisse plus de liberté au geste (points clé distaux). Conclusion Elle nous est fournie par Bobath lui-même : « l'efficacité du traitement est donnée par l'obtention, après stimulation de réactions posturales, de mouvements réflexes qui, tardivement, deviendront spontanés. La modification de la commande centrale, induite par une modification des conditions périphériques, fait qu'il se produit à ce moment-là une redistribution des influx ». Ceci nécessite un positionnement correct de départ, un contrôle constant de la praxie. Références bibliographiques Bobath, B. (1973). Anomalies des réflexes de posture dans la lésion cérébrale. Paris : Maloine. Bobath, B. (1986). Développement de la motricité des enfants IMC. ABC de médecine. Paris : Masson. Raynard, F (1994). Redonner vie au mouvement. Neuchâtel : Editions Delachaux. 5 19 mai 2001 Le test d’extension fonctionnelle Isabelle Sallagoïty, psychomotriciennne, & Jean-Michel Albaret L’évaluation de l’équilibre postural revêt une importance capitale dans toute approche thérapeutique à visée préventive et rééducative de la personne âgée. Elle permet, d’une part, de mettre à jour certaines difficultés de contrôle postural qui ne sont pas sans conséquence sur les activités de la vie quotidienne et, d’autre part, de mettre en évidence d’éventuels facteurs de risque de chutes. La chute est une des principales causes de morbidité et d’institutionnalisation touchant également les sujets âgés actifs et sains (Vellas et al., 1995). Les recherches actuelles sur l’évaluation gérontologique standardisée vont de pair avec l’augmentation de l’espérance de vie et de la prise en charge globale de la personne âgée. L’évaluation gérontologique représente actuellement un objectif prioritaire pour mettre en évidence les difficultés de contrôle postural des sujets âgés, principale cause de chute. La chute est un facteur essentiel de morbidité, de mortalité et d’institutionnalisation, même chez des personnes actives et saines. L’utilisation d’échelles validées permet d’apprécier les capacités d’un sujet à effectuer les activités de la vie quotidienne afin de pouvoir mettre en place des prises en charge adaptées aux déficiences de chacun. Notre recherche s’inscrit dans cette perspective, d’autant plus qu’en France les instruments d’évaluation validés et fiables font cruellement défaut aux cliniciens. Nous avons étudié un outil d’évaluation de l’équilibre dynamique antéro-postérieur, le Test d’Extension Fonctionnelle (Duncan et al. 1990) auprès de la population française de plus de 60 ans faisant état d’un vieillissement non pathologique (Sallagoïty & Albaret, 2001). Description du Test d’Extension Fonctionnelle Le TEF est une tâche d’extension des extrémités distales des membres supérieurs durant la station debout demandant une préservation des mécanismes de contrôle postural. L’analyse de ce type d’activité chez le sujet âgé, comparé au sujet plus jeune, a montré la détérioration du mouvement efficient, un retard dans la préparation anticipatrice du mouvement et les troubles de la coordination des ajustements posturaux lors de mouvements des extrémités (Inglin, 1988). La tâche d’extension maximale avant volontaire est couplée avec une activité posturale stable des muscles du tronc et des jambes. Le sujet est dans une position érigée contre un mur (épaule dominante contre le mur). On lui demande de tendre son bras à l’horizontale (environ à 90° de flexion de l’épaule) le long du mur (où est fixée l’outil de mesure : un mètre) avec le poing serré et d’aller étendre son bras le plus en avant possible sans déplacer ses pieds. Dans leur étude initiale, Duncan et al. (1990) ont montré une forte corrélation entre le TEF et le COPE (mesure limite de stabilité du sujet). De plus, le test est sensible à l’âge, les sujets jeunes ont de meilleures performances que des sujets plus âgés. Il permet également de différencier les capacités de sujets chuteurs répétitifs des sujets non-chuteurs (Duncan et al. , 1992 ; Weiner et al., 1992). Méthode et résultats de notre étude : étalonnage sur la population française Méthode 162 personnes âgées actives et sains (73 hommes et 89 femmes) de plus de 60 ans répartis en 3 classes d’âge (60/69 ans ; 70/79 ans ; >80 ans) ont participés à l’étude. Une passation individuelle où le sujet devait effectuer différentes épreuves avec un intérêt porté sur le Test d’Extension Fonctionnelle (Duncan, 1990). Dans un premier temps, un questionnaire de peur de tomber (Baloh, 1994) est posé à chaque sujet afin de noter l’intensité de l’appréhension d’une chute. Puis, les épreuves “physiques” sont effectuées : le maintien de la station unipodale (Tinetti, 1986), le Get Up and Go Test (Mathias, 1986), le Ten Meter Walk (Cress, 1994) et le Test d’Extension Fonctionnelle. Un retest est également effectué auprès de 10% de la population initialement afin de réévaluer les performances d’extension fonctionnelle. 6 3ème Journée Toulousaine de Psychomotricité Résultats Il y a une différence significative des performances entre les groupes d’âge soit une instabilité croissante avec l’âge qui est la traduction du vieillissement de la fonction d’équilibration et l’altération de performances moyennes en fonction de la tranche d’âge considérée paraît illustrer l’involution fonctionnelle du contrôle postural du sujet. La performance à la tâche d’extension fonctionnelle est bien corrélée avec des épreuves d’équilibre statique (appui unipodal) ainsi que les tâches d’équilibre dynamique et la locomotion : le test d’extension fonctionnelle a donc une bonne validité concurrente. L’influence du facteur peur de tomber sur l’équilibre dynamique a été retrouvée de façon très significative. En d’autres termes, l’âge est plus important chez les sujets ayant peur de tomber et ils ont des capacités d’équilibre et de marche moindre. De plus, il y a une différence de performance en fonction de l’intensité de la peur de tomber et ceci quel que soit l’âge. Un effet significatif de l’expérience d’une chute dans les deux ans précédant l’étude sur les performances à l’EF a également été retrouvée; les sujets chuteurs ayant des capacités d’équilibre dynamique moindre. Enfin, une très bonne fidélité test-retest a été retrouvée. Conclusion Le TEF est donc un outil sensible à l’âge permettant de mettre en évidence l’altération de l’équilibre dynamique antéro-postérieur, fortement liée à une diminution des limites de stabilité du sujet. On peut dire que le TEF permet de décrire de façon précise l’altération des capacités d’équilibration dynamique apportant ainsi un outil fiable à tout clinicien travaillant auprès d’une population gériatrique. Les résultats de cette étude offrent des normes standardisées (moyenne, DS) pouvant être utilisées pour dépister des anomalies chez un sujet. Les normes devraient permettre une évaluation plus fine et objective des aptitudes d’équilibration sur le plan antéro-postérieur en réponse à un déséquilibre avant auto-initié. Le TEF ne demande pas de matériel coûteux, il est simple de passation et rapide. Il ne peut en aucun cas permettre à lui seul le diagnostic de l’état de fragilité physique du sujet. Il est donc impératif de l’intégrer à un ensemble d’épreuves afin d’avoir une vision plus précise des aptitudes de mobilité et de motricité du sujet : tâches impliquant les déplacements du corps initié, une surface d’appui restreinte, un changement de position des extrémités ou un polygone de sustentation réduit. Enfin, il est nécessaire de prendre en charge rapidement les difficultés d’équilibration des sujets âgés avant qu’ils n’aient expérimenté la chute. Cet outil permet à la fois un diagnostic de l’altération, une prédiction du risque de chute ainsi que la quantification des progrès d’un sujet au cours d’une prise en charge psychomotrice. Références bibliographiques Baloh, R.W., Fife, T.D, Zwerling, L., Socotch, T., Jacobson, K., Bell, T., & Beykirch,K. (1994). Comparison of static and dynamic posturography in young and older normal people. J. Am. Geriatr. Soc., 42, 405-412. Cress, M.D., Buchner, M.D., Esselman, P.C., Margherita, A.J., De Lateur, B.J., Campbell, A.J., & Wagner, E.H. (1996). Factors associated with changes in gait speed in older adults. J. Gerontol, 51A, 6, M297-302. Duncan, P.W., Weiner, D.K., Chandler, J., & Studenski, S. (1990). Functional Reach : a new clinical measure of balance. J. Gerontol., 45, M192-197. Duncan, P.W., Studenski, S., Chandler, J., & Prescott B. (1992). Functional Reach : predictive validity in a sample of elderly male veterans. J. Gerontol. Med. Sci., 47, 3, M93-98. Inglin, B., & Woollacott, M. (1988). Age-related changes in anticipatory postural ajustements associated with arm movements. J. Gerontol. Med. Sci., 43, M105-113. Mathias, S., Nayak, U.S., & Isaak, B. (1986). Balance in elderly patients : the « Get-up and Go » Test. Arch. Phys. Med. Rehabil., 67, 387-389. Sallagoïty, I., & Albaret, J.M. (2001). Etalonnage du test d’extension fonctionnelle. In E. Aubert & J.M. Albaret (Eds.), Vieillissement et psychomotricité. Marseille : Solal. Tinetti, M.E. (1986). Performed oriented assessment of mobility problems in the elderly. J. Am. Geriatr. Soc., 36, 613-616. Vellas, B., Faisant, C., Lauque, S., Sedeuilh, M., Baumgarterner, R., Andrieux, J.-M., Allard, M., Garry P.J., & Albarède J.L. (1995). Etude I.C.A.R.E. : Investigation sur la chute accidentelle ; Recherche Epidémiologique. In B. Vellas, M. Allard & J.L. Albarède (Eds.), L’année de Gérontologie (Supplément, pp. 23-36). Paris : Serdi. Weiner, D.K., Duncan, P.W., Chandler, J., & Studenski, S. (1992). Functional Reach : a marker of physical frailty. J. Am. Geriatr. Soc., 40, 203-207. 7 19 mai 2001 Etude de l’incoordination motrice dans le cadre de la théorie des systèmes dynamiques Pascale de Castelnau, psychomotriciennne, Jean-Michel Albaret & Pier-Giorgio Zanone L’étude à pour but de caractériser la motricité des enfants affectés d’un trouble d’acquisition des coordinations. Toutes les activités déficitaires chez ces enfants (sauter, courir, écrire ..), impliquent l’intervention de plusieurs groupes musculaires, de différents segments corporels et donc une coordination de ceux-ci. Une approche classique, d’inspiration bio cybernétique, de la motricité considère que l’organisation d’une coordination est sous la dépendance du système nerveux central qui joue le rôle de chef d’orchestre. Or, il est paraît difficile d’imaginer comment le système nerveux central arrive à contrôler tous les degrés de liberté impliqués dans un acte moteur cordonné. Les théories dynamiques contournent ce problème et postulent que la coordination est la résultante d’un processus d’auto-organisation des éléments moteurs mis en jeu. Ce principe d’auto-organisation montre que le système n’a pas besoin de recourir à une instance supérieure de contrôle pour coordonner ses différents éléments, car ceux ci se coordonnent mutuellement. L’expérience fondatrice de ces théories est celle de Kelso (1984) : lorsqu’il demande à ses sujets de réaliser des mouvements réguliers d’oscillation des index, seuls deux patrons stables émergent spontanément : le patron en phase, le plus facile et le plus stable (activation simultanée des muscles homologues) et le patron en anti-phase (activation de muscles antagonistes), légèrement moins stable. On appelle ces patrons des attracteurs car quelles que soient leur position de départ, le système tend toujours à revenir vers une de ces coordinations préférentielles. Si on demande dans un deuxième temps aux sujets de réaliser le patron en anti-phase et d’augmenter progressivement la fréquence d’oscillation, ce dernier patron se déstabilise et on observe une transition de phase spontanée vers le patron en phase. Notre expérience s’inscrit dans ce cadre général des théories dynamiques. Notre hypothèse est que si les sujets porteurs d’un trouble d’acquisition de la coordination se caractérisent par des troubles de la coordination, alors ceux-ci doivent se manifester en termes de dynamique de la coordination. Nous attendons notamment que les coordinations bimanuelles spontanées en anti-phase soient moins stables Cinq sujets porteurs d’un trouble d’acquisition des coordinations sont sélectionnés et appariés en âge à cinq sujets contrôles. L’expérience se déroule dans un CMPP de la région Toulousaine, ainsi qu’au laboratoire. Les enfants doivent effectuer à l’aide de manettes de joysticks trois essais de 3 minutes chacun dans le mode de coordination en anti-phase : le premier essai est réalisé à vitesse spontanée, les deux suivants avec une consigne d’accélération. Notre étude permet de dégager quelques conclusions qui précisent la nature du trouble de la coordination. Sur un plan comportemental, la coordination motrice des enfants TAC est qualitativement différente et les difficultés à réaliser une coordination sont présentes à tout âge. Dans une optique dynamique, trois cas de figure se présentent et renvoient à l’hétérogénéité décrite dans cette population. Des corrélations sont également notées entre le score à l’échelle de développement psychomoteur de Lincoln-Oseretsky, les difficultés quotidiennes et le temps passé dans le patron en anti-phase. Enfin, nous relevons que la lenteur d’exécution, décrite par un grand nombre d’auteurs ne semble pas être une caractéristique commune à tous les enfants TAC. En conclusion, les modèles mathématiques formulés pour expliciter la dynamique des systèmes moteurs peuvent servir, d’une part, au diagnostic et, d’autre part, à l’élaboration de stratégies thérapeutiques pour aider l’enfant porteur d’un trouble d’acquisition des coordinations. 8 3ème Journée Toulousaine de Psychomotricité Références bibliographiques Albaret, J.M., Zanone, P.G., & de Castelnau, P. (2000). Une approche dynamique du trouble d’acquisition de la coordination. Approche Neuropsychologique des Apprentissages chez l'Enfant, 59-60, 126-136. Corraze, J. (1999). Les troubles psychomoteurs. Marseille : Solal Geuze, R.H., & Kalverboer, A.F. (1993). Bimanual rhythmic coordination in clumsy and dyslexic children. In S. Valenti & J.Pittenger (Eds.), Studies in perception and action (pp. 24-28). Hillsdale : Lawrence Erlbaum. Kelso, J.A.S. (1984). Phase transition and critical behavior in human bimanual coordination. American Journal of Physiology, 15, R1000-R1004. Kelso, J.A.S. (1994). The informational character of self-organized coordination. Human Movement Science, 13, 393-413. Kelso, J.A.S. (1995). Dynamic pattern. The self-organization of brain and behavior. Cambridge, MA: MIT Press. Zanone, P.G. (1999). Une approche écologique-dynamique de la coordination. In J.M. Albaret et R. Soppelsa (Eds.). Précis de rééducation de la motricité manuelle (pp. 29-54). Marseille : Solal. Zanone, P.G., & Kelso, J.A.S. (1992). The evolution of behavioral attractors with learning: Nonequilibrium phase transitions. Journal of Experimental Psychology : Human Perception and Performance, 18(2), 403-421. Zanone, P.G., & Kelso, J.A.S. (1997). The coordination dynamics of learning and transfer: Collective and component levels. Journal of Experimental Psychology : Human Perception and Performance, 23(5), 1454-1480. 9 19 mai 2001 Le développement psychomoteur du jeune enfant : l’échelle de Bayley Muriel Baranger, Eve Delort & Anne-Laure Le Lagadec, psychomotriciennes A la vue des rares échelles qui sont à notre disposition pour évaluer le développement du jeune enfant, notre travail de recherche s’est tout particulièrement dirigé vers l’étude de l’échelle de Bayley, test utilisé de façon significative dans les pays anglo-saxons, qui s’adresse aux enfants de 1 à 42 mois. Nous nous sommes alors portées vers une étude exploratoire, auprès d’enfants en crèches, de la version révisée de l’échelle de Bayley, en vue d’une future adaptation française de la 3ème version de ce test, actuellement en préparation. Une première étude a consisté à comparer les résultats à l'échelle de Bayley d'enfants de 2 tranches d'âges successives (26-28 mois et 29-31 mois), une seconde à effectuer un suivi longitudinal sur 3 mois afin de mettre ou non en évidence la discontinuité du développement et une dernière à comparer les résultats de mêmes enfants avec 2 échelles de développement à savoir le Brunet-Lézine et le Bayley. Ces 3 études ont pour but de répondre à la question : le Bayley est-il un outil plus adéquat pour dépister des troubles psychomoteurs chez le jeune enfant ? La première partie sera consacrée à une présentation historique et descriptive de l’échelle d’évaluation de Nancy Bayley, ainsi que des conditions de passation, de la notation, de l’interprétation des résultats et des qualités psychométriques. Trois parties la composent : l’échelle mentale, l’échelle motrice et l’échelle comportementale. Nous présenterons ensuite les résultats des différentes études entreprises. Nous finirons en exposant les critiques qui peuvent être formulées à l’égard de l’échelle de Bayley et nous dégagerons les points positifs qui son en faveur de son utilisation et justifient l’intérêt que l’on peut y porter. 10