Les maladies dynamiques sont étudiées depuis peu dans le milieu

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Association des
Psychomotriciens de Toulouse
ème
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Journée Toulousaine
de Psychomotricité
19 mai 2001
Organisée par
l'Association des Psychomotriciens de Toulouse et
l'Institut de Formation en Psychomotricité de Toulouse
3ème Journée Toulousaine de Psychomotricité
Emotion et motricité :
étude psychopatho-développementale chez l'enfant de 3 à 5 ans
Daniel Mellier, professeur des universités,
Laboratoire de Psychologie et Neurosciences de la Cognition, Rouen
La perspective jadis ouverte par Wallon pose d’emblée une relation développementale
directe entre la motricité et l’émotion. On considère alors l’émotion comme une fonction
adaptative en étroite relation avec la fonction motrice et posturale. Cela conduit à chercher à
connaître l’évolution de l’émotion comme système de sociabilité (Trevarthen, Brazelton,
Tronick) et aussi à s’intéresser au traitement des expressions émotionnelles en termes de
discrimination et de catégorisation. Ce courant de recherches envisage les expressions
émotionnelles et leur reconnaissance chez autrui comme des traces des traitements cognitifs
ou métacognitifs des interactions. Il étudie comment la personne comprend les émotions de
l’autre et comment elle comprend ses propres émotions. Les résultats s’accordent pour
situer l’accès à ces représentations de soi et d’autrui entre 3 et 5 ans (Ricard, 1999 pour
synthèse).
Une des questions est alors de savoir comment un processus pathologique retentit sur le
développement de ces fonctions, s’il affecte à la fois l’émotion et la motricité ou bien si les
deux domaines évoluent séparément.
L’étude des actions motrices chez l’enfant a été traversée par une série de découvertes et
de nouveautés théoriques qui ont obligé à réviser plusieurs principes développementaux
jusque là établis.
Les connaissances nouvelles sont venues pour une part de l’examen de la motricité du
nourrisson. Il s’avère ainsi que les débuts du développement moteur se caractérisent par la
production d’actions organisées, dépendantes du contexte, possiblement flexibles et que leur
organisation est sensible aux pathologies.
Les nouveautés sont aussi venues des études conduites chez les enfants d’âge préscolaire
et scolaire qui, par exemple en matière de développement de la graphomotricité, ont pris en
considération non seulement le résultat final des actions (le dessin ou les mots écrits) mais
aussi les stratégies (planification, agencement spatial) telles qu’elles se révèlent en
examinant les paramètres dynamiques des tracés (vitesse, pauses). Ces travaux indiquent
que le développement moteur correspond à des créations contextualisées assurées par des
processus perceptivo-moteurs et cognitivo-moteurs qui dépassent de loin l’expression de
l’avancée maturative ou les effets d’apprentissage. On a parlé du développement de
« grammaire d’actions » pour rendre compte des structurations de tâche construites par
l’enfant. Ce type d’approche a favorisé la reconnaissance des relations entre motricité et
cognition aux différents niveaux de développement et a eu pour effet de promouvoir le regain
d’intérêt des psychologues pour l’étude de la motricité.
Une autre source de connaissances nouvelles provient des travaux sur les pathologies
motrices d’origine lésionnelle chez l’enfant. Ainsi, alors qu’il avait été considéré que l’IMC se
manifeste par des troubles moteurs non évolutifs, donc fixés (Tardieu), les études actuelles
testent l’hypothèse d’une plasticité susceptible de restaurer, à tout le moins de limiter, des
déficits. Ces conceptions reconnaissent la discontinuité développementale des possibilités
de restauration (non linéarité de la plasticité, périodes sensibles à la rééducation). Elles sont
aussi en faveur de l’existence d’une hiérarchie différente entre les plans structuraux,
fonctionnel et comportemental selon l’âge des personnes. Le principe de Kennard qui voulait
que la restauration structurale soit plus probable chez le sujet jeune est complété par le
principe de Schneider qui remarque que la plasticité comportementale est possible chez le
sujet plus âgé par l’effet du jeu des vicariances alors que la plasticité structurale est devenue
très réduite.
Dans la même ligne, l’approche développementale des pathologies considère que les
troubles habituellement posés comme associés à la pathologie motrice sont en fait des
troubles à part entière (exemple de l’hémiplégie cérébrale infantile où on remarque une
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haute fréquence de troubles visuo-praxo-gnosiques, de troubles du langage, d’altérations
des fonctions exécutives, de troubles anxieux). Cette démarche rompt avec l’étude
neurologique localisationniste qui attribue une correspondance entre les aires lésées et les
fonctions déficitaires. Elle s’intéresse aux réseaux cérébraux, vise à cerner l’ensemble des
structures impliquées et considère au total les aires classiquement décrites dans les
cartographies cérébrales comme des « sites clefs ». L’approche globaliste intéressée par les
propriétés distribuées du système nerveux central décloisonne la fonction motrice et invite à
examiner les relations développementales entre des fonctions habituellement approchées
indépendamment les unes des autres. La question est alors de chercher à savoir s’il existe
des co-développements se manifestant soit par des homologies développementales
(évolution simultanée qui témoigne de l’effet d’un même processus sur plusieurs fonctions)
soit par des relations séquentielles où l’évolution d’un domaine retentit sur le suivant (modèle
en cascade et mise en évidence de pré-requis développementaux).
C’est dans ce cadre général que nous présentons les premiers résultats d’une recherche
conduite chez des enfants de 3 à 5 ans et visant à étudier le devenir d’enfants cérébrolésés
en période périnatale du point de vue des actions motrices et des traitements d’émotions.
Nous sommes partis du constat de la littérature selon lequel les sites cérébraux engagés
dans la planification et le contrôle des actions motrices sont aussi en partie impliqués dans le
traitement des émotions (voie cérébello-thalamo-corticale et voie hippocampo-frontale)
(Damasio pour revue ; Rogers et Pennington, 1991). Il s’agit donc de savoir dans quelle
mesure la restauration des habiletés cognitivo-motrices et celle du développement
émotionnel peuvent être liées.
L’examen concerne des enfants « normaux » nés à terme et des enfants anciens prématurés
hémiplégiques nés avant 33 semaines d’âge gestationnel.
PROTOCOLE D’OBSERVATIONS
Habiletés cognitivo-spatiales
• A : Mémoire spatiale des 6 boîtes avec masquage entre les essais (Petrides & Milner, 1982 ;
Diamond & coll. 1997)
•
B : projection d’action motrice corporelle (Van der Merr, 1997 )
•
C : encastrement de paniers colorés (Kanelli-Agathos & Richard ; 1997)
Habiletés socio émotionnelles
• D : reconnaissance d’émotions (joie tristesse) sur photographies de visages; attribution de
désirs d’après la direction du regard vers des objets (Baron Cohen)
• E : attribution d’état émotionnel après histoire (jus d’orange, chien perdu, retour des parents)
Breterthon et coll, 1990)
•
F : imitation de patterns d’expression émotionnelle (Brun, 1998)
•
G : Expression émotionnelle dissociée de l’état mental.
•
H : CBCL (Achenbach)
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3ème Journée Toulousaine de Psychomotricité
Indices fonctionnels et déterminants psychologiques de l'ajustement postural
anticipé chez l'enfant de moins de 4 ans
Marianne Jover, psychomotricienne, doctorante
L'ajustement postural anticipé est une composante de l'action motrice qui possède un statut
particulier, entre posture et mouvement. Il permet, en effet, le maintien de différents
segments corporels (composante de soutien ou éréismatique) lors de l'exécution d'un
mouvement (composante téléocinétique ; Hess, cité par Corraze, 1987).
Situé à l’interface de la posture et du mouvement, l’ajustement postural anticipé a pour
caractéristiques d’apparaître avant l’exécution du mouvement volontaire et d’en dépendre
des points de vue spatial et temporel. Il tient compte des perturbations que le mouvement
déclenchera directement (modification de la répartition des forces liée à la position ou à
l'inertie des segments corporels) mais aussi moins directement (variations de
l'environnement, réception d'un objet). Sa raison d’être est ainsi de limiter, voire d’éliminer,
les modifications posturales les plus précoces liées à l’exécution d’un mouvement volontaire
(Aruin & Latash, 1995 ; Biryukova et al., 1999 ; Massion, 1994).
Les techniques d’études de l’APA s’appuient sur des tâches de coordination bimanuelle
appelées aussi « paradigme du garçon de café » (Hugon et al., 1982 ; Berthoz, 1997), ainsi
que sur des tâches de mouvements globaux du corps (Toussaint et al., 1998).
Les travaux présentés portent sur l’adaptation d’une tâche de coordination bimanuelle à une
population d’enfant de moins de 4 ans (Jover, 2000). Un plateau est posé sur la main des
enfants et chargé d’objets, selon les procédures et les conditions, par l’enfant lui-même
(condition active) ou par l’expérimentateur (condition passive, contrôlée visuellement). Les
modifications de la posture induites par ces actions, à la fois au niveau local (mouvements
du plateau), mais aussi au niveau global (déplacement du centre de gravité), fournissent
selon nous, des indicateurs de l’APA. Afin d’étudier la fonction, le développement et les
déterminants de l’ajustement postural anticipé, plusieurs études ont été conduites et
quelques résultats seront présentés.
Nous proposerons enfin nos réflexions sur l'intérêt de cet ajustement postural anticipé pour
le psychomotricien : de quelle façon peut il inclure cette notion dans sa pratique ?
Références bibliographiques
Aruin, A.S., & Latash, M.L. (1995). Directional specificity of postural muscles in feed-forward postural reactions during fast
voluntary arm movements. Experimental Brain Research, 103, 323-32.
Berthoz, A. (1997). Le sens du mouvement. Paris : Odile Jacob.
Biryukova, E.V., Roschin, V.Y., Frolov, A.A., Ioffe, M.E., Massion, J., & Dufossé, M. (1999). Forearm postural control during
unloading : anticipatory changes in elbow stiffness. Experimental Brain Research, 124, 107-17.
Corraze, J. (1987). La neuropsychologie du mouvement. Paris : PUF.
Hugon, M., Massion, J., & Wiesendanger, M. (1982). Anticipatory postural changes induced by active unloading and
comparison with passive unloading in man. Pflugers Archiv, 393, 292-6.
Jover, M. (2000). Perspectives actuelles sur le développement et l'organisation de la posture. In J. Rivière (Ed.), Le
développement psychomoteur de l'enfant de 0 à 6 ans. Marseille : Solal.
Massion, J. (1994). Postural control system. Current opinion in Neurobiology, 4, 877-87.
Toussaint, H.M., Michies, Y.M., Faber, M.N., Commissaris, D.A., & Van Dieen, J.H. (1998). Scazling anticipatory postural
adjustments dependent on confidence of load estimation in a bimanual load estimation in a bi-manual whole body lifting
task. Experimental Brain Research, 120, 85-94.
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Complémentarité de la prise en charge de l’I.M.C. en kinésithérapie et en
psychomotricité
Elise Monsan, psychomotricienne, & Francis Raynard, kinésithérapeute
La prise en charge psychomotrice de l’I.M.C. pose un grand nombre de problèmes. En effet,
l’I.M.C.présente différents troubles psychomoteurs.
D’une part, les troubles moteurs sont prévalents au niveau des membres supérieurs et/ou
inférieurs. Ils s’accompagnent de troubles :
• du tonus,
• de l’équilibre,
• des coordinations dynamiques générales et oculo-manuelles,
• de la motricité fine (difficultés de préhension, dysgraphie).
D’autre part, le manque d’informations sensorielles et kinesthésiques, lié au handicap moteur
et à l’impossibilité de se mouvoir de façon autonome, se traduit par des troubles :
• du schéma corporel,
• de la latéralisation,
• du repérage dans le temps et dans l’espace.
En outre, à ce tableau peuvent s’ajouter des troubles :
• des praxies idéo-motrices,
• des praxies visuo-constructives,
• de l’attention (auditive, visuelle),
• du comportement (agressivité, inhibition).
Par ailleurs, la prise en charge psychomotrice de l’I.M.C. peut passer par un travail en
individuel et/ou en groupe (en salle, en piscine, avec le cheval). Ceci sera illustré par la
présentation d’un cas de quadriplégie spastique avec un bon niveau de communication
verbale.
Le travail du psychomotricien rejoint celui du kinésithérapeuthe sur les points suivants :
• la recherche du mouvement,
• le respect du développement neuromoteur,
• le guidage manuel,
• le rééquilibrage du tonus.
Le psychomotricien et le kinésithérapeuthe prennent donc en compte le corps dans sa
globalité, suivant des approches différentes, mais cependant complémentaires, qui seront
présentées au cours de l’exposé.
Le concept Bobath
Il s'agit d'un courant de pensée neuro-développemental fondé, chez l’I.M.O.C., sur quatre
éléments neuropathologiques : la désorganisation tonique et la dérégulation de l’innervation
réciproque, la persistance ou la réapparition de réflexes archaïques, les perturbations de
l’expérience neuromotrice, la perturbation des sensations kinesthésiques.
L’intervenant aborde cette problématique de façon globale et selon les principes suivants :
• favoriser une interaction musculaire normale.
• apprendre à maintenir des positions intermédiaires et sélectives.
• éviter les acquisitions motrices paradoxales. Exemple : enfant utilisant un réflexe
archaïque pour rouler.
• donner une expérience sensitivo-motrice correcte et précoce.
• harmoniser ou réharmoniser les réponses motrices par rapport à la tâche impartie.
Bien sentir pour bien faire. Le mouvement apprend le mouvement.
• inhiber puis faciliter, donc construire un comportement moteur correct sur un tonus
postural équilibré.
• traiter de manière globale. Le thérapeute contrôle en permanence la praxie et ses
effets sur tout le corps. Il passe du proximal au distal, du grossier au sélectif.
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3ème Journée Toulousaine de Psychomotricité
Il emploie deux modalités, combinées ou non :
• conduire et contrôler.
• provoquer et guider.
Implications thérapeutiques
Réaliser une analyse déductive du quotidien : elle se fait en cinq parties. Elle étudie :
l’attitude spontanée dans diverses positions, la qualité des réactions provoquées, la structure
des enchaînements, les compétences fonctionnelles, les conséquences de la
désorganisation tonique.
Modifier ou être vigilant en permanence en ce qui concerne l'organisation posturale : faire
monter ou baisser le tonus postural en fonction de la pathologie (hyper ou hypotonie).
Suivre les étapes du développement neuromoteur normal. Nous rappelons brièvement ici les
phases les plus déterminantes que le thérapeute doit obtenir durant le traitement. Il s'agit de
:
• placer les deux membres supérieurs en avant,
• faire attraper les pieds,
• obtenir un contrôle de la tête dans toutes les situations,
• fléchir les hanches sur une extension des genoux et inversement,
• tenir assis et tourner les épaules. se retourner de façon coordonnée.
Acquérir de l'efficacité aux membres supérieurs et inférieurs de façon proximo-distale.
Devenir opérant grâce à l'installation de diverses réactions : contrôle de la tête, réactions de
redressement du tronc, retournements et autres enchaînements.
Le projet recherche plus particulièrement la qualité des compétences fonctionnels et la
sélectivité. Elle passe par l’inhibition liée à la fragmentation des patterns globaux anormaux
et primitifs. Le travail commence tout d'abord dans des situations d'inhibition importantes
(points clé proximaux) puis, peu à peu, l’entraînement laisse plus de liberté au geste (points
clé distaux).
Conclusion
Elle nous est fournie par Bobath lui-même : « l'efficacité du traitement est donnée par
l'obtention, après stimulation de réactions posturales, de mouvements réflexes qui,
tardivement, deviendront spontanés. La modification de la commande centrale, induite par
une modification des conditions périphériques, fait qu'il se produit à ce moment-là une
redistribution des influx ». Ceci nécessite un positionnement correct de départ, un contrôle
constant de la praxie.
Références bibliographiques
Bobath, B. (1973). Anomalies des réflexes de posture dans la lésion cérébrale. Paris : Maloine.
Bobath, B. (1986). Développement de la motricité des enfants IMC. ABC de médecine. Paris : Masson.
Raynard, F (1994). Redonner vie au mouvement. Neuchâtel : Editions Delachaux.
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Le test d’extension fonctionnelle
Isabelle Sallagoïty, psychomotriciennne, & Jean-Michel Albaret
L’évaluation de l’équilibre postural revêt une importance capitale dans toute approche
thérapeutique à visée préventive et rééducative de la personne âgée. Elle permet, d’une
part, de mettre à jour certaines difficultés de contrôle postural qui ne sont pas sans
conséquence sur les activités de la vie quotidienne et, d’autre part, de mettre en évidence
d’éventuels facteurs de risque de chutes. La chute est une des principales causes de
morbidité et d’institutionnalisation touchant également les sujets âgés actifs et sains (Vellas
et al., 1995). Les recherches actuelles sur l’évaluation gérontologique standardisée vont de
pair avec l’augmentation de l’espérance de vie et de la prise en charge globale de la
personne âgée. L’évaluation gérontologique représente actuellement un objectif prioritaire
pour mettre en évidence les difficultés de contrôle postural des sujets âgés, principale cause
de chute. La chute est un facteur essentiel de morbidité, de mortalité et
d’institutionnalisation, même chez des personnes actives et saines. L’utilisation d’échelles
validées permet d’apprécier les capacités d’un sujet à effectuer les activités de la vie
quotidienne afin de pouvoir mettre en place des prises en charge adaptées aux déficiences
de chacun. Notre recherche s’inscrit dans cette perspective, d’autant plus qu’en France les
instruments d’évaluation validés et fiables font cruellement défaut aux cliniciens. Nous avons
étudié un outil d’évaluation de l’équilibre dynamique antéro-postérieur, le Test d’Extension
Fonctionnelle (Duncan et al. 1990) auprès de la population française de plus de 60 ans
faisant état d’un vieillissement non pathologique (Sallagoïty & Albaret, 2001).
Description du Test d’Extension Fonctionnelle
Le TEF est une tâche d’extension des extrémités distales des membres supérieurs durant la
station debout demandant une préservation des mécanismes de contrôle postural. L’analyse
de ce type d’activité chez le sujet âgé, comparé au sujet plus jeune, a montré la détérioration
du mouvement efficient, un retard dans la préparation anticipatrice du mouvement et les
troubles de la coordination des ajustements posturaux lors de mouvements des extrémités
(Inglin, 1988). La tâche d’extension maximale avant volontaire est couplée avec une activité
posturale stable des muscles du tronc et des jambes. Le sujet est dans une position érigée
contre un mur (épaule dominante contre le mur). On lui demande de tendre son bras à
l’horizontale (environ à 90° de flexion de l’épaule) le long du mur (où est fixée l’outil de
mesure : un mètre) avec le poing serré et d’aller étendre son bras le plus en avant possible
sans déplacer ses pieds.
Dans leur étude initiale, Duncan et al. (1990) ont montré une forte corrélation entre le TEF et
le COPE (mesure limite de stabilité du sujet). De plus, le test est sensible à l’âge, les sujets
jeunes ont de meilleures performances que des sujets plus âgés. Il permet également de
différencier les capacités de sujets chuteurs répétitifs des sujets non-chuteurs (Duncan et
al. , 1992 ; Weiner et al., 1992).
Méthode et résultats de notre étude : étalonnage sur la population française
Méthode
162 personnes âgées actives et sains (73 hommes et 89 femmes) de plus de 60 ans répartis
en 3 classes d’âge (60/69 ans ; 70/79 ans ; >80 ans) ont participés à l’étude. Une passation
individuelle où le sujet devait effectuer différentes épreuves avec un intérêt porté sur le Test
d’Extension Fonctionnelle (Duncan, 1990). Dans un premier temps, un questionnaire de peur
de tomber (Baloh, 1994) est posé à chaque sujet afin de noter l’intensité de l’appréhension
d’une chute. Puis, les épreuves “physiques” sont effectuées : le maintien de la station
unipodale (Tinetti, 1986), le Get Up and Go Test (Mathias, 1986), le Ten Meter Walk (Cress,
1994) et le Test d’Extension Fonctionnelle. Un retest est également effectué auprès de 10%
de la population initialement afin de réévaluer les performances d’extension fonctionnelle.
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3ème Journée Toulousaine de Psychomotricité
Résultats
Il y a une différence significative des performances entre les groupes d’âge soit une
instabilité croissante avec l’âge qui est la traduction du vieillissement de la fonction
d’équilibration et l’altération de performances moyennes en fonction de la tranche d’âge
considérée paraît illustrer l’involution fonctionnelle du contrôle postural du sujet. La
performance à la tâche d’extension fonctionnelle est bien corrélée avec des épreuves
d’équilibre statique (appui unipodal) ainsi que les tâches d’équilibre dynamique et la
locomotion : le test d’extension fonctionnelle a donc une bonne validité concurrente.
L’influence du facteur peur de tomber sur l’équilibre dynamique a été retrouvée de façon très
significative. En d’autres termes, l’âge est plus important chez les sujets ayant peur de
tomber et ils ont des capacités d’équilibre et de marche moindre. De plus, il y a une
différence de performance en fonction de l’intensité de la peur de tomber et ceci quel que
soit l’âge. Un effet significatif de l’expérience d’une chute dans les deux ans précédant
l’étude sur les performances à l’EF a également été retrouvée; les sujets chuteurs ayant des
capacités d’équilibre dynamique moindre. Enfin, une très bonne fidélité test-retest a été
retrouvée.
Conclusion
Le TEF est donc un outil sensible à l’âge permettant de mettre en évidence l’altération de
l’équilibre dynamique antéro-postérieur, fortement liée à une diminution des limites de
stabilité du sujet. On peut dire que le TEF permet de décrire de façon précise l’altération des
capacités d’équilibration dynamique apportant ainsi un outil fiable à tout clinicien travaillant
auprès d’une population gériatrique. Les résultats de cette étude offrent des normes
standardisées (moyenne, DS) pouvant être utilisées pour dépister des anomalies chez un
sujet. Les normes devraient permettre une évaluation plus fine et objective des aptitudes
d’équilibration sur le plan antéro-postérieur en réponse à un déséquilibre avant auto-initié. Le
TEF ne demande pas de matériel coûteux, il est simple de passation et rapide.
Il ne peut en aucun cas permettre à lui seul le diagnostic de l’état de fragilité physique du
sujet. Il est donc impératif de l’intégrer à un ensemble d’épreuves afin d’avoir une vision plus
précise des aptitudes de mobilité et de motricité du sujet : tâches impliquant les
déplacements du corps initié, une surface d’appui restreinte, un changement de position des
extrémités ou un polygone de sustentation réduit. Enfin, il est nécessaire de prendre en
charge rapidement les difficultés d’équilibration des sujets âgés avant qu’ils n’aient
expérimenté la chute. Cet outil permet à la fois un diagnostic de l’altération, une prédiction
du risque de chute ainsi que la quantification des progrès d’un sujet au cours d’une prise en
charge psychomotrice.
Références bibliographiques
Baloh, R.W., Fife, T.D, Zwerling, L., Socotch, T., Jacobson, K., Bell, T., & Beykirch,K. (1994). Comparison of static and dynamic
posturography in young and older normal people. J. Am. Geriatr. Soc., 42, 405-412.
Cress, M.D., Buchner, M.D., Esselman, P.C., Margherita, A.J., De Lateur, B.J., Campbell, A.J., & Wagner, E.H. (1996). Factors
associated with changes in gait speed in older adults. J. Gerontol, 51A, 6, M297-302.
Duncan, P.W., Weiner, D.K., Chandler, J., & Studenski, S. (1990). Functional Reach : a new clinical measure of balance. J.
Gerontol., 45, M192-197.
Duncan, P.W., Studenski, S., Chandler, J., & Prescott B. (1992). Functional Reach : predictive validity in a sample of elderly
male veterans. J. Gerontol. Med. Sci., 47, 3, M93-98.
Inglin, B., & Woollacott, M. (1988). Age-related changes in anticipatory postural ajustements associated with arm movements. J.
Gerontol. Med. Sci., 43, M105-113.
Mathias, S., Nayak, U.S., & Isaak, B. (1986). Balance in elderly patients : the « Get-up and Go » Test. Arch. Phys. Med.
Rehabil., 67, 387-389.
Sallagoïty, I., & Albaret, J.M. (2001). Etalonnage du test d’extension fonctionnelle. In E. Aubert & J.M. Albaret (Eds.),
Vieillissement et psychomotricité. Marseille : Solal.
Tinetti, M.E. (1986). Performed oriented assessment of mobility problems in the elderly. J. Am. Geriatr. Soc., 36, 613-616.
Vellas, B., Faisant, C., Lauque, S., Sedeuilh, M., Baumgarterner, R., Andrieux, J.-M., Allard, M., Garry P.J., & Albarède J.L.
(1995). Etude I.C.A.R.E. : Investigation sur la chute accidentelle ; Recherche Epidémiologique. In B. Vellas, M. Allard &
J.L. Albarède (Eds.), L’année de Gérontologie (Supplément, pp. 23-36). Paris : Serdi.
Weiner, D.K., Duncan, P.W., Chandler, J., & Studenski, S. (1992). Functional Reach : a marker of physical frailty. J. Am.
Geriatr. Soc., 40, 203-207.
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Etude de l’incoordination motrice dans le cadre de la théorie des systèmes
dynamiques
Pascale de Castelnau, psychomotriciennne, Jean-Michel Albaret & Pier-Giorgio Zanone
L’étude à pour but de caractériser la motricité des enfants affectés d’un trouble d’acquisition
des coordinations.
Toutes les activités déficitaires chez ces enfants (sauter, courir, écrire ..), impliquent
l’intervention de plusieurs groupes musculaires, de différents segments corporels et donc
une coordination de ceux-ci. Une approche classique, d’inspiration bio cybernétique, de la
motricité considère que l’organisation d’une coordination est sous la dépendance du système
nerveux central qui joue le rôle de chef d’orchestre. Or, il est paraît difficile d’imaginer
comment le système nerveux central arrive à contrôler tous les degrés de liberté impliqués
dans un acte moteur cordonné. Les théories dynamiques contournent ce problème et
postulent que la coordination est la résultante d’un processus d’auto-organisation des
éléments moteurs mis en jeu. Ce principe d’auto-organisation montre que le système n’a pas
besoin de recourir à une instance supérieure de contrôle pour coordonner ses différents
éléments, car ceux ci se coordonnent mutuellement. L’expérience fondatrice de ces théories
est celle de Kelso (1984) : lorsqu’il demande à ses sujets de réaliser des mouvements
réguliers d’oscillation des index, seuls deux patrons stables émergent spontanément : le
patron en phase, le plus facile et le plus stable (activation simultanée des muscles
homologues) et le patron en anti-phase (activation de muscles antagonistes), légèrement
moins stable. On appelle ces patrons des attracteurs car quelles que soient leur position de
départ, le système tend toujours à revenir vers une de ces coordinations préférentielles.
Si on demande dans un deuxième temps aux sujets de réaliser le patron en anti-phase et
d’augmenter progressivement la fréquence d’oscillation, ce dernier patron se déstabilise et
on observe une transition de phase spontanée vers le patron en phase.
Notre expérience s’inscrit dans ce cadre général des théories dynamiques. Notre hypothèse
est que si les sujets porteurs d’un trouble d’acquisition de la coordination se caractérisent par
des troubles de la coordination, alors ceux-ci doivent se manifester en termes de dynamique
de la coordination. Nous attendons notamment que les coordinations bimanuelles
spontanées en anti-phase soient moins stables
Cinq sujets porteurs d’un trouble d’acquisition des coordinations sont sélectionnés et
appariés en âge à cinq sujets contrôles.
L’expérience se déroule dans un CMPP de la région Toulousaine, ainsi qu’au laboratoire.
Les enfants doivent effectuer à l’aide de manettes de joysticks trois essais de 3 minutes
chacun dans le mode de coordination en anti-phase : le premier essai est réalisé à vitesse
spontanée, les deux suivants avec une consigne d’accélération.
Notre étude permet de dégager quelques conclusions qui précisent la nature du trouble de la
coordination. Sur un plan comportemental, la coordination motrice des enfants TAC est
qualitativement différente et les difficultés à réaliser une coordination sont présentes à tout
âge. Dans une optique dynamique, trois cas de figure se présentent et renvoient à
l’hétérogénéité décrite dans cette population.
Des corrélations sont également notées entre le score à l’échelle de développement
psychomoteur de Lincoln-Oseretsky, les difficultés quotidiennes et le temps passé dans le
patron en anti-phase.
Enfin, nous relevons que la lenteur d’exécution, décrite par un grand nombre d’auteurs ne
semble pas être une caractéristique commune à tous les enfants TAC.
En conclusion, les modèles mathématiques formulés pour expliciter la dynamique des
systèmes moteurs peuvent servir, d’une part, au diagnostic et, d’autre part, à l’élaboration de
stratégies thérapeutiques pour aider l’enfant porteur d’un trouble d’acquisition des
coordinations.
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3ème Journée Toulousaine de Psychomotricité
Références bibliographiques
Albaret, J.M., Zanone, P.G., & de Castelnau, P. (2000). Une approche dynamique du trouble d’acquisition de la coordination.
Approche Neuropsychologique des Apprentissages chez l'Enfant, 59-60, 126-136.
Corraze, J. (1999). Les troubles psychomoteurs. Marseille : Solal
Geuze, R.H., & Kalverboer, A.F. (1993). Bimanual rhythmic coordination in clumsy and dyslexic children. In S. Valenti &
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19 mai 2001
Le développement psychomoteur du jeune enfant : l’échelle de Bayley
Muriel Baranger, Eve Delort & Anne-Laure Le Lagadec, psychomotriciennes
A la vue des rares échelles qui sont à notre disposition pour évaluer le développement du
jeune enfant, notre travail de recherche s’est tout particulièrement dirigé vers l’étude de
l’échelle de Bayley, test utilisé de façon significative dans les pays anglo-saxons, qui
s’adresse aux enfants de 1 à 42 mois.
Nous nous sommes alors portées vers une étude exploratoire, auprès d’enfants en crèches,
de la version révisée de l’échelle de Bayley, en vue d’une future adaptation française de la
3ème version de ce test, actuellement en préparation.
Une première étude a consisté à comparer les résultats à l'échelle de Bayley d'enfants de 2
tranches d'âges successives (26-28 mois et 29-31 mois), une seconde à effectuer un suivi
longitudinal sur 3 mois afin de mettre ou non en évidence la discontinuité du développement
et une dernière à comparer les résultats de mêmes enfants avec 2 échelles de
développement à savoir le Brunet-Lézine et le Bayley. Ces 3 études ont pour but de
répondre à la question : le Bayley est-il un outil plus adéquat pour dépister des troubles
psychomoteurs chez le jeune enfant ?
La première partie sera consacrée à une présentation historique et descriptive de l’échelle
d’évaluation de Nancy Bayley, ainsi que des conditions de passation, de la notation, de
l’interprétation des résultats et des qualités psychométriques. Trois parties la composent :
l’échelle mentale, l’échelle motrice et l’échelle comportementale.
Nous présenterons ensuite les résultats des différentes études entreprises.
Nous finirons en exposant les critiques qui peuvent être formulées à l’égard de l’échelle de
Bayley et nous dégagerons les points positifs qui son en faveur de son utilisation et justifient
l’intérêt que l’on peut y porter.
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