Les maladies dynamiques sont étudiées depuis peu dans le milieu

Association des
Psychomotriciens de Toulouse
3ème Journée Toulousaine
de Psychomotricité
19 mai 2001
Organisée par
l'Association des Psychomotriciens de Toulouse et
l'Institut de Formation en Psychomotricité de Toulouse
3ème Journée Toulousaine de Psychomotricité
Emotion et motricité :
étude psychopatho-développementale chez l'enfant de 3 à 5 ans
Daniel Mellier, professeur des universités,
Laboratoire de Psychologie et Neurosciences de la Cognition, Rouen
La perspective jadis ouverte par Wallon pose d’emblée une relation développementale
directe entre la motricité et l’émotion. On considère alors l’émotion comme une fonction
adaptative en étroite relation avec la fonction motrice et posturale. Cela conduit à chercher à
connaître l’évolution de l’émotion comme système de sociabilité (Trevarthen, Brazelton,
Tronick) et aussi à s’intéresser au traitement des expressions émotionnelles en termes de
discrimination et de catégorisation. Ce courant de recherches envisage les expressions
émotionnelles et leur reconnaissance chez autrui comme des traces des traitements cognitifs
ou métacognitifs des interactions. Il étudie comment la personne comprend les émotions de
l’autre et comment elle comprend ses propres émotions. Les résultats s’accordent pour
situer l’accès à ces représentations de soi et d’autrui entre 3 et 5 ans (Ricard, 1999 pour
synthèse).
Une des questions est alors de savoir comment un processus pathologique retentit sur le
développement de ces fonctions, s’il affecte à la fois l’émotion et la motricité ou bien si les
deux domaines évoluent séparément.
L’étude des actions motrices chez l’enfant a été traversée par une série de découvertes et
de nouveautés théoriques qui ont obligé à réviser plusieurs principes développementaux
jusque là établis.
Les connaissances nouvelles sont venues pour une part de l’examen de la motricité du
nourrisson. Il s’avère ainsi que les débuts du développement moteur se caractérisent par la
production d’actions organisées, dépendantes du contexte, possiblement flexibles et que leur
organisation est sensible aux pathologies.
Les nouveautés sont aussi venues des études conduites chez les enfants d’âge préscolaire
et scolaire qui, par exemple en matière de développement de la graphomotricité, ont pris en
considération non seulement le résultat final des actions (le dessin ou les mots écrits) mais
aussi les stratégies (planification, agencement spatial) telles qu’elles se révèlent en
examinant les paramètres dynamiques des tracés (vitesse, pauses). Ces travaux indiquent
que le développement moteur correspond à des créations contextualisées assurées par des
processus perceptivo-moteurs et cognitivo-moteurs qui dépassent de loin l’expression de
l’avancée maturative ou les effets d’apprentissage. On a parlé du développement de
« grammaire d’actions » pour rendre compte des structurations de tâche construites par
l’enfant. Ce type d’approche a favorisé la reconnaissance des relations entre motricité et
cognition aux différents niveaux de développement et a eu pour effet de promouvoir le regain
d’intérêt des psychologues pour l’étude de la motricité.
Une autre source de connaissances nouvelles provient des travaux sur les pathologies
motrices d’origine lésionnelle chez l’enfant. Ainsi, alors qu’il avait été considéré que l’IMC se
manifeste par des troubles moteurs non évolutifs, donc fixés (Tardieu), les études actuelles
testent l’hypothèse d’une plasticité susceptible de restaurer, à tout le moins de limiter, des
déficits. Ces conceptions reconnaissent la discontinuité développementale des possibilités
de restauration (non linéarité de la plasticité, périodes sensibles à la rééducation). Elles sont
aussi en faveur de l’existence d’une hiérarchie différente entre les plans structuraux,
fonctionnel et comportemental selon l’âge des personnes. Le principe de Kennard qui voulait
que la restauration structurale soit plus probable chez le sujet jeune est complété par le
principe de Schneider qui remarque que la plasticité comportementale est possible chez le
sujet plus âgé par l’effet du jeu des vicariances alors que la plasticité structurale est devenue
très réduite.
Dans la même ligne, l’approche développementale des pathologies considère que les
troubles habituellement posés comme associés à la pathologie motrice sont en fait des
troubles à part entière (exemple de l’hémiplégie cérébrale infantile où on remarque une
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haute fréquence de troubles visuo-praxo-gnosiques, de troubles du langage, d’altérations
des fonctions exécutives, de troubles anxieux). Cette démarche rompt avec l’étude
neurologique localisationniste qui attribue une correspondance entre les aires lésées et les
fonctions déficitaires. Elle s’intéresse aux réseaux cérébraux, vise à cerner l’ensemble des
structures impliquées et considère au total les aires classiquement décrites dans les
cartographies cérébrales comme des « sites clefs ». L’approche globaliste intéressée par les
propriétés distribuées du système nerveux central décloisonne la fonction motrice et invite à
examiner les relations développementales entre des fonctions habituellement approchées
indépendamment les unes des autres. La question est alors de chercher à savoir s’il existe
des co-développements se manifestant soit par des homologies développementales
(évolution simultanée qui témoigne de l’effet d’un même processus sur plusieurs fonctions)
soit par des relations séquentielles où l’évolution d’un domaine retentit sur le suivant (modèle
en cascade et mise en évidence de pré-requis développementaux).
C’est dans ce cadre général que nous présentons les premiers résultats d’une recherche
conduite chez des enfants de 3 à 5 ans et visant à étudier le devenir d’enfants cérébrolésés
en période périnatale du point de vue des actions motrices et des traitements d’émotions.
Nous sommes partis du constat de la littérature selon lequel les sites cérébraux engagés
dans la planification et le contrôle des actions motrices sont aussi en partie impliqués dans le
traitement des émotions (voie cérébello-thalamo-corticale et voie hippocampo-frontale)
(Damasio pour revue ; Rogers et Pennington, 1991). Il s’agit donc de savoir dans quelle
mesure la restauration des habiletés cognitivo-motrices et celle du développement
émotionnel peuvent être liées.
L’examen concerne des enfants « normaux » nés à terme et des enfants anciens prématurés
hémiplégiques nés avant 33 semaines d’âge gestationnel.
PROTOCOLE D’OBSERVATIONS
Habiletés cognitivo-spatiales
A : Mémoire spatiale des 6 boîtes avec masquage entre les essais (Petrides & Milner, 1982 ;
Diamond & coll. 1997)
B : projection d’action motrice corporelle (Van der Merr, 1997 )
C : encastrement de paniers colorés (Kanelli-Agathos & Richard ; 1997)
Habiletés socio émotionnelles
D : reconnaissance d’émotions (joie tristesse) sur photographies de visages; attribution de
désirs d’après la direction du regard vers des objets (Baron Cohen)
E : attribution d’état émotionnel après histoire (jus d’orange, chien perdu, retour des parents)
Breterthon et coll, 1990)
F : imitation de patterns d’expression émotionnelle (Brun, 1998)
G : Expression émotionnelle dissociée de l’état mental.
H : CBCL (Achenbach)
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3ème Journée Toulousaine de Psychomotricité
Indices fonctionnels et déterminants psychologiques de l'ajustement postural
anticipé chez l'enfant de moins de 4 ans
Marianne Jover, psychomotricienne, doctorante
L'ajustement postural anticipé est une composante de l'action motrice qui possède un statut
particulier, entre posture et mouvement. Il permet, en effet, le maintien de différents
segments corporels (composante de soutien ou éréismatique) lors de l'exécution d'un
mouvement (composante téléocinétique ; Hess, cité par Corraze, 1987).
Situé à l’interface de la posture et du mouvement, l’ajustement postural anticipé a pour
caractéristiques d’apparaître avant l’exécution du mouvement volontaire et d’en dépendre
des points de vue spatial et temporel. Il tient compte des perturbations que le mouvement
déclenchera directement (modification de la répartition des forces liée à la position ou à
l'inertie des segments corporels) mais aussi moins directement (variations de
l'environnement, réception d'un objet). Sa raison d’être est ainsi de limiter, voire d’éliminer,
les modifications posturales les plus précoces liées à l’exécution d’un mouvement volontaire
(Aruin & Latash, 1995 ; Biryukova et al., 1999 ; Massion, 1994).
Les techniques d’études de l’APA s’appuient sur des tâches de coordination bimanuelle
appelées aussi « paradigme du garçon de café » (Hugon et al., 1982 ; Berthoz, 1997), ainsi
que sur des tâches de mouvements globaux du corps (Toussaint et al., 1998).
Les travaux présentés portent sur l’adaptation d’une tâche de coordination bimanuelle à une
population d’enfant de moins de 4 ans (Jover, 2000). Un plateau est posé sur la main des
enfants et chargé d’objets, selon les procédures et les conditions, par l’enfant lui-même
(condition active) ou par l’expérimentateur (condition passive, contrôlée visuellement). Les
modifications de la posture induites par ces actions, à la fois au niveau local (mouvements
du plateau), mais aussi au niveau global (déplacement du centre de gravité), fournissent
selon nous, des indicateurs de l’APA. Afin d’étudier la fonction, le développement et les
déterminants de l’ajustement postural anticipé, plusieurs études ont été conduites et
quelques résultats seront présentés.
Nous proposerons enfin nos réflexions sur l'intérêt de cet ajustement postural anticipé pour
le psychomotricien : de quelle façon peut il inclure cette notion dans sa pratique ?
Références bibliographiques
Aruin, A.S., & Latash, M.L. (1995). Directional specificity of postural muscles in feed-forward postural reactions during fast
voluntary arm movements. Experimental Brain Research, 103, 323-32.
Berthoz, A. (1997). Le sens du mouvement. Paris : Odile Jacob.
Biryukova, E.V., Roschin, V.Y., Frolov, A.A., Ioffe, M.E., Massion, J., & Dufossé, M. (1999). Forearm postural control during
unloading : anticipatory changes in elbow stiffness. Experimental Brain Research, 124, 107-17.
Corraze, J. (1987). La neuropsychologie du mouvement. Paris : PUF.
Hugon, M., Massion, J., & Wiesendanger, M. (1982). Anticipatory postural changes induced by active unloading and
comparison with passive unloading in man. Pflugers Archiv, 393, 292-6.
Jover, M. (2000). Perspectives actuelles sur le développement et l'organisation de la posture. In J. Rivière (Ed.), Le
développement psychomoteur de l'enfant de 0 à 6 ans. Marseille : Solal.
Massion, J. (1994). Postural control system. Current opinion in Neurobiology, 4, 877-87.
Toussaint, H.M., Michies, Y.M., Faber, M.N., Commissaris, D.A., & Van Dieen, J.H. (1998). Scazling anticipatory postural
adjustments dependent on confidence of load estimation in a bimanual load estimation in a bi-manual whole body lifting
task. Experimental Brain Research, 120, 85-94.
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