Marche et processus posturaux Résumé de la présentation pour France Parkinson (Aix-en-Provence le 27 Février 2010) I - Inter-relations entre la fonction locomotrice et l’environnement Locomotion Recherche d’objectifs Espace d’autonomie Socialisation Liberté de mouvement Environnement Inter relations entre la fonction locomotrice et l’environnement La locomotion est un acte de relation et d'interaction entre l'individu et son environnement. Augmenter les capacités locomotrices permet d'enrichir les possibilités de recherche d'échanges avec l'environnement et de développer par cette liberté de mouvement les possibilités de socialisation. II - La marche qu’est ce que c’est ? Phase 1 : tonus postural (régulation automatique) Phase 2 : initiation du premier pas (influence émotionnelle et motivationnelle) Phase 3 : mouvement (régulation automaticovolontaire) Phase 4 : terminaison ou arrêt (régulation automatico- volontaire) Les 4 phases générales de l’organisation du pas selon les modes de régulation La marche comprend schématiquement 4 phases qui bénéficient d'une régulation de commandes neuromotrices variées, de la régulation automatique vers la régulation émotionnelle ou motivationnelle et volontaire : La phase 1 correspond à la station debout où une régulation automatique gère les réflexes antigravitaires. La phase 2 correspond à l'initiation du premier pas et au transfert du poids du corps où une régulation automatico-volontaire bénéficie d'influence émotionnelle et motivationnelle. La phase 3 correspond à la production du mouvement du pas où une régulation automatico-volontaire permet l'activation des muscles locomoteurs et de leur rythmicité. La phase 4 correspond à l'arrêt du pas où une régulation automatico-volontaire permet l'inactivation des muscles locomoteurs et de leur rythmicité. Le caractère psychologique du mouvement (émotionnel et motivationnel) apparait agir plus en phase 2 afin d'activer la commande initial de déséquilibre postural (transfert du poids du corps) qui permettra de lancer la commande locomotrice lors de l'initiation du pas. Il se pourrait que son implication soit aussi présente en phase 4 car les processus d'arrêt peuvent être influencés par des circonstances émotionnelles et motivationnelles. III - Les deux grandes phases du cycle de la marche Phaseposturale posturale Phase (Stancephase) phase) (Stance Phase Phasede demouvement mouvement (Swingphase) phase) (Swing Ce schéma résume le cycle de la marche tel qu'il est décrit dans la littérature. La marche est décomposée en 2 grandes phases lors du cycle. La marche ne part pas ici d'une position statique mais est comprise dans un cycle locomoteur. La phase posturale est présente dans le cycle de la marche dès que la jambe en mouvement se pose au sol par le talon et ensuite assure l'appui plantaire jusqu'au soulèvement du pied par les orteils. La phase de mouvement est comprise entre le soulèvement du pied et son retour au sol. Le cycle de la marche tel qu'il est décrit ici ne comprend pas de phase de départ en tant que position statique. Pourtant il apparait important de comprendre le cycle postural comme une phase cruciale à l'initiation du cycle de marche puisque l'initiation d'un pas représente la sortie du cycle postural statique et l'entrée vers le cycle dynamique de la marche. Le principal est de relier le passage d'une position d'équilibre statique à une position d'équilibre dynamique. Ainsi il est crucial de situer le cycle postural dans son phénomène afin de mieux comprendre la dynamique de l'équilibre. IV - L'équilibre posturale CM CP Cycle postural simplifié durant lequel le CM (flèche grise) accélère (flèche longue) et décélère (flèche courte) et où le CP (flèche noire) rattrape le CM afin de ralentir son déplacement (d’après Winter, 1990 et 1996). On observe qu'en situation d'équilibre statique le corps est en mouvement d'oscillations avant - arrière. Le centre de masse (CM) se déplace sous la contrainte de la gravité qui active les muscles de maintien postural antigravitaires. Le déplacement du centre de pression (CP) résulte de la réaction au support (R) de la surface d'appui des pieds qui résiste à l'attraction gravitaire. Le CM et le CP tendent donc à se déplacer en anti-phase, le CP tend à rattraper le CM. L'équilibre statique est ce phénomène entre la masse du corps dans son état gravitaire et les réactions musculaires antigravitaires qui permettent de déplacer la surface d'appui du corps au support de maintien postural. V - Les stratégies posturales au service de l’équilibre CM BS BS Fixation au support Pas BS Agrippement Suivant l'amplitude de déplacement du centre de masse (CM en flèche grise) nous avons besoin afin de conserver notre équilibre d'augmenter ou de diminuer la surface d'appui au sol ou base de support (BS). Le système posturo-moteur réagit aux déplacements du CM et engage des stratégies posturales qui dépendent de l'amplitude de déplacement du CM et aussi de la raideur du système musculo-ligamentaire. Les stratégies posturales sont la fixation au support, l'initiation d'un pas et l'agrippement par la préhension. Lorsque les capacités d'équilibration diminuent alors le pas et l'agrippement sont les plus utilisées. VI - L'initiation du pas et le transfert de la masse du corps Rester en position debout correspond au maintien de la masse du corps en position verticale qui nécessite une fixation des pieds au sol (fixation au support). Dans cette phase le déplacement du CM et du CP sont décrits comme chaotiques c'est à dire qu'ils n'ont pas de trajectoires linéaires ou définies. Dès que l'initiation d'un pas commence alors le CP tend à rejoindre une trajectoire de faible amplitude en direction de la jambe qui va se lever (jambe de mouvement) puis un transfert rapide de la trajectoire vers la jambe apposée d'appui. L'activité musculaire antigravitaires est responsable de cette organisation de la trajectoire du centre de pression (CP). Le système posturo-moteur déclenche une activité musculaire qui va permettre de diriger des forces d'appui (forces de réaction au sol) afin de déplacer le centre de masse ( CM). CP Schématisation du déplacement du centre de pression (CP) lors de l'initiation d'un pas à partir d'une position statique. Le centre de pression (CP) qui montre un déplacement chaotique au centre lors de la position debout se déplace soudain sous l'effet d'une commande musculaire (muscle tibialis antérieur de la jambe) vers le pied de la jambe de mouvement (droit ici). Ensuite la trajectoire s'inverse et s'accélère sous l'effet d'une autre commande musculaire de la jambe d'appui. L'initiation d'un pas se marque donc d'un phénomène neuromoteur permettant le transfert actif de la masse du corps d'une jambe à l'autre. Conclusion La marche ne se résume pas au fait de rythmer une activité locomotrice mais à des processus posturaux initiateurs du cycle de la marche et des phases transitoires d'équilibre postural durant la dynamique de la marche. La marche résulte de l'organisation de l'équilibre dynamique qui fait passer le corps d'un état stable à un état instable et ainsi de suite. Les processus d'équilibre du corps sont la résultante des forces de réactions antigravitaires qui s'opposent au déplacement du centre de masse du corps. Les commandes musculaires lors de la marche automatisée sont à la fois automatiques et volontaires suivant les circonstances de l'environnement (passage d'un obstacle). Néanmoins l'automatisme est souvent de mise dans un processus aussi régulier que la marche. Ceci souligne que la raideur musculo-ligamentaire qui est régulée automatiquement (suivant les termes de l'équilibre tension-longueur du muscle) et qui est responsable du lien entre les articulations et les modules corporels aurait un rôle important dans les réactions de maintien postural et dans les transitions posturales (passage d'une posture à une autre).