3 minutes s/mer
Catapulte (EP)
Catapulte ouvre une nouvelle saison pour 3 Minutes sur Mer. Réalisé par Jeff Hallam, l’Ep s’est écrit et
composé à la verticale. Une suite de quatre morceaux décrivant les états d’âme de l’homme debout. Sur ceci,
entendons-nous, cet homme sur ses pieds ne joue pas la pose. Pas de plan serré sur la moue. Pas de parole qui
trouve dans l’inabouti le style et la petite prose. Peut-être seulement le récit des mues et la métamorphose
immobile d’un homme qui s’engage sur des voies dont il observe l’enlacement et défait parfois les nœuds.
Chaque titre peut à lui seul résumer un passage qui se rejoue, se revit à Marienbad. Il se fabrique dans les sons
quelques miroirs de plein pied où l’on croit entendre le viscéral raisonner.
Il cherche d’abord appui dans l’air. Car dans Catapulte, les cordes sont de gorge timide. Elles parlent pour des
mains qui tremblent en prière et relèvent les yeux sur le géant américain. Pour autant, le duo Valayé/Cormier est
une affaire d’amitié signée comme arabesque. Sur faible pente, les voix jumelles ascensionnent. Et de cette
envolée ponctuée par le vol battu des rythmiques, se diffuse un air enveloppant. Curieux paradoxe que l’étendue
aérienne pour décor intimiste.
Le sentiment d’élévation perdure à l’entrée d’une Cage. Gardée par un chœur qui semble prendre le temps pour
quelque chose comme les yeux peuvent s’arrêter sur un sol carrelé de bavardages ou sur un mur de fantômes en
bas-relief, l’air paraît solide, défiant la gravité du titre. Les octaves communient sans s’apercevoir que l’objet de
leur émerveillement est un détail du néant. S’il y a donc communion, c’est au centre d’une géométrie resserrée
par une rythmique épaisse, méthodique tandis que la guitare constate les plaies. Le chœur s’efface. Pourtant, à
voix basse, à voix haute, on suppose autant qu’on revendique. On questionne avec endurance ce qui est vu,
entendu. On domestique les angles. On abolit les définitions. Cage est résilience. Parti pris du prisonnier. Les
barreaux ponctuent, cadrent l’horizon après de longues méditations. Espace quadrillé comme il servait au peintre
pour reporter les proportions.
Un saut plus loin, Ce n'est pas nous qui sommes mauvais. Guilhem ouvre le chemin à la lueur vive quand
Zazie en étudie les aspérités longuement, d’un doigt pointé doux sur les parois. C’est la fresque de cette histoire
humaine qui se raconte là, calmement, délestant chacun de sa culpabilité. Dans la forge, les souffles réchauffent
un peu ici, là, au creux. Parfois musique est solidarité quand pudique, elle avance nue de mérite.
Pour Partir est un blues. Il y bat les dernières mesures d’un mourant. Requiem du misérable, qui reprise les
accrocs d’une vie d’indignation silencieuse. Le verbe cisèle les bleus avec application tandis qu’autour, une
horde danse macabre. A moins qu’on regarde au sol en baissant son chapeau car on y tape sévère et on y chante à
l’austérité du chœur premier. Rien qui soit superflu. Partir avec l’essentiel bientôt sec sous la corde.
Catapulte est donc la brèche et la promesse. Les plaies sont embrasures sur d’autres lueurs.
Laetitia Laguzet, 13 février 2016.
***
EP DIGITAL (HYP / PIAS)
1. Catapulte (Feat. Louis Jean Cormier)
2. Cage
3. Ce n'est pas nous qui sommes mauvais (Feat. Zazie)
4. Pour partir
Ecrit, composé & interprété par 3 Minutes sur mer :
Guilhem Valayé (Chant, guitare, clavier)
Samuel Cajal (Guitares , sampling)
Johan Guidou (Batterie , machines)
Enregistré et réalisé par Jeff Hallam (Paris / automne 2015)
Promo : Virginie Simonnel - 06 72 00 19 48 - virginie.simonnel@attacheedepresse.fr
Label : Yann Hamon - 02 99 67 63 31 - [email protected]
Concert : Gwenal Guriec - 02 30 96 40 37 - [email protected]m
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