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sont riz, blé, orge ou seigle, qui font partie
de la sous-famille des
Pooidae
. Le maïs se
distingue des autres céréales par son ca-
ractère monoïque : chaque pied est bi-
sexué (la plante porte des fleurs mâles et
femelles) mais les sexes sont séparés et
portés par des inflorescences distinctes.
Aujourd’hui le maïs fait partie de la tribu
des
Maydeae
(selon les résultats obtenus
par Doebley et Iltis, publiés en 1980). Au
XIXesiècle, le botaniste américain Sturte-
vant classe les maïs en plusieurs groupes,
selon l’aspect de ses grains : maïs doux,
corné, cireux, farineux, denté, perlé, vêtu.
Cependant, cette classification fut aban-
donnée au profit d’une autre qui tenait
compte de plusieurs autres caractères.
C’est ainsi qu’en 1977, Robert Bird et Major
Goodman parlent de 14 catégories de maïs.
Le maïs doux forme une tige épaisse qui
peut atteindre deux mètres de hauteur
pour les variétés couramment cultivées.
La tige porte plusieurs nœuds d’où par-
tent les feuilles luisantes et larges d’envi-
ron 10 cm et très longues, mesurant par-
fois plus d’un mètre, à l’aisselle desquelles
poussent des fleurs femelles rassemblées
en épi. Protégé par de nombreuses feuilles
modifiées, les spathes, l’épi de maïs porte
de nombreuses graines, les caryopses, qui
se succèdent d’une façon très régulière au-
tour de l’axe central nommé la « rafle ».
Un épi mature peut compter entre 500 et
mille grains. De trois à quatre épis se dé-
veloppent sur un même pied, mais très
souvent, un seul arrive au stade de déve-
loppement complet. Les « soies », les fila-
ments longs et soyeux coincés entre les
feuilles, appelés également « cheveux de
maïs » ou « barbes de maïs », sont en effet
les styles de l’inflorescence femelle por-
tant à leur bout les stigmates. Une pani-
cule terminale qui apparaît au sommet de
la tige après la dernière feuille, regroupe
les fleurs mâles, les épillets, dont chacun
porte deux fleurs à trois étamines.
Issu d’une sélection
naturelle
Le maïs doux est probablement un mutant
naturel, apparu pour la première fois dans
les champs de maïs denté (
Zea mays in-
dentata)
suite à une mutation d’un gène
qui contrôle la conversion du saccharose en
amidon. Il s’agit du gène récessif « su » qui
code la « sucrase synthase enzyme » qui est
nécessaire à la transformation du sucrose
en fructose, étape intermédiaire dans la fa-
brication de l’amidon. Cette mutation em-
pêche le déroulement de ce processus et la
fabrication de l’amidon, tout en préservant
les sucres (glucose et fructose). Résultat
final : le maïs doux, contrairement aux au-
tres maïs, ne contient pas d’amidon, et ceci
est prouvé par le test à l’eau iodé (l’amidon
se teint en bleu). Chez le maïs doux, il n’y
a pas de coloration, donc pas d’amidon.
Au XXe siècle, apparaissent les mutants
« se » (sugary enhanced) qui se montrent
plus adaptés à une commercialisation à
l’état frais. Dans les années 1950 fut isolé
un gène, le « sh2 » (shrunken-2), qui agit
sur la production de l’enzyme qui conver-
tit le sucre en amidon. «
Le gène Sh2 est
une forme dominante nécessaire aux pre-
mières étapes de la biosynthèse de l’ami-
don. Un autre type de maïs doux dit
« super sweet » possède le gène « su » mais
pas la forme dominante de Sh2 obligatoire
pour la synthèse de l’amidon. Donc il ne
contient pas d’amidon
», explique Xavier
Foueillassar, ingénieur semences innova-
tion chez Arvalis-Institut du Végétal à Pau.
La présence de ce gène empêche cette
conversion. Afin que ce caractère instable
persiste (le gène sh2 est récessif et pas do-
minant), les cultures de variétés de maïs
doux doivent être éloignées des autres va-
riétés de maïs qui possèdent Sh2 dominant,
pour éviter les éventuelles pollinisations
croisées qui risquent d’entraîner la fabrica-
tion d’amidon dans les graines. Une dis-
tance minimale, au moins de 50 m voire
100 m par rapport aux autres cultures de
maïs, était indispensable. Aujourd’hui, les
producteurs de semences proposent un
maïs doux qui produit sur un même épi
des grains portant les gènes « se » et « sh2 »
et ces variétés ne réclament pas de mesures
d’isolement. La plupart des variétés se-
mées aujourd’hui sont des hybrides et peu
de variétés traditionnelles sont cultivées.
Il existe trois grandes familles de maïs
doux : les variétés sont classées selon la cou-
leur des graines (blanche, jaune ou bicolore).
Elles sont aussi classées selon leur patri-
moine génétique qui gouverne la teneur en
sucres des graines. Le type standard, le maïs
doux « intermédiaire » (su, Sh2), présente
des variétés productives et vigoureuses,
mais à faible taux de sucre (‘Silver Queen’ à
graines blanches, ‘Jubilee’ à graines jaunes),
et de ce fait il très peu utilisé. Le type (SE)
sucré, le maïs doux sweet compte quelques
variétés précoces mais moins productives
que celles du premier groupe (‘Miracle’ à
graines jaunes, ‘Sweetie’ et ‘Badaïque’ à
graines blanches). Le type SE est utilisé en
grande partie pour la conserve. On le
consomme rarement en épis car il possède
une texture collante et adhère beaucoup aux
muqueuses. Quant au maïs doux de type
« super sweet »(SU, sh2), super sucré, uti-
Maïz’Europe
Les épis de fleurs femelles à l’aisselle des longues feuilles.
Céréales
JARDINS DE FRANCE DÉCEMBRE 2009
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