3ème trim 15 - Libération Nationale PTT

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Libération Nationale
A.N.A.C.R.
PTT
3ème Trimestre 2015
PRESIDENT D'HONNEUR : HENRI GOURDEAUX (1881-1961)
Avec l’esprit de solidarité
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Avec l’afflux massif de « migrants », voilà l’Europe dans une situation inédite. Plus de
500.000 réfugiés, dit-on, dont 120.000 au total en Europe et 30.000 en France.
Si l’objectif premier est d’atteindre les nombres fixés, la question de ceux qui n’auront pas
été retenus posera aux gouvernants et aux citoyens, un devoir d’hospitalité exceptionnel.
Si « Libération Nationale PTT – ANACR » n’a pas vocation pour donner des avis sur ces
problèmes, je pense qu’elle ne peut rester inerte, surtout quand ceux-ci touchent directement la
vie de femmes et d’enfants.
On peut admettre que des pays veuillent contrôler les mouvements de populations sur leur
territoire, mais on est en droit d’exiger que soient respectés les droits internationaux qui ont
pour objectif de les protéger et de respecter leur dignité.
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des
Nations Unies le 10 décembre 1948, dans son article 13-2 indique que : « Toute personne a le
droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat ».
Aujourd’hui,
devant cette population en exode, ce qui doit guider nos gouvernants dans
leurs décisions, c’est avant tout l’esprit de solidarité.
Michel DELUGIN
Président
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COMMÉMORATIONS
Le dimanche 23 août à 18 heures 30, comme chaque année, l’ANACR ravivait la flamme sur la tombe du
Soldat inconnu sous l’Arc-de-Triomphe, en mémoire des Résistants tombés pour la libération de notre pays et la
liberté de son peuple et pour vaincre le fascisme et le nazisme.
Une délégation de 7 camarades de « Libération Nationale PTT – ANACR » participait à cette cérémonie avec le
drapeau de l’association porté par Michel Chassagne.
Le mardi 25 août au siège de La Poste, 44 boulevard de Vaugirard, la cérémonie commémorative de la
Libération de Paris présidée par Monsieur Georges Lefèbvre, représentant le Président de La Poste, s’est déroulée
devant une assistance nombreuse.
Après une courte allocution, six gerbes furent déposées devant la stèle dédiée aux victimes PTT de la Seconde
Guerre mondiale par les représentants de trois syndicats, CFTC, FO et CGT puis par Charles Sancet, secrétaire
général de « Libération Nationale PTT – ANACR », René Duclos, Président général de l’ACVG – PTT et enfin par
Monsieur Georges Lefèbvre pour le Groupe La Poste. On peut remercier l’excellent groupe musical des PTT qui
après La Marseillaise a joué quelques morceaux de musique militaire en clôture de cette cérémonie.
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Le mardi 25 août 2015, comme chaque année,
une cérémonie commémorant la Libération de Paris
en août 1944, a été organisée par le syndicat CGT de
la Recette Principale Paris-Louvre, en présence de la
direction de cet établissement. Les responsables
syndicaux Joël Ragonneau et Sylvie Bayle ont
rappelé l’importance de la Résistance dans les PTT et
ont rendu hommage aux 39 postiers de ce grand
service parisien victimes de la Second Guerre
mondiale.
Invité par les organisateurs, Charles Sancet, secrétaire général de « Libération Nationale PTT – ANACR » a
prononcé une courte intervention pour souligner l’importance de la sauvegarde des lieux de mémoire. Au moment
où le groupe La Poste va quitter et fermer une grande partie de cet imposant immeuble de la rue du Louvre, que vont
devenir la stèle du rez-de-chaussée et les deux plaques commémoratives du premier étage ? Une solution devra être
rapidement trouvée. Notre association sera attentive aux propositions de La Poste.
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L’engagement des Receveuses des PTT
dans la Résistance
De nombreuses Receveuses des postes s’engagèrent dans la Résistance. De par leur fonction, elles recevaient
les courriers à distribuer et à envoyer. Elles pouvaient ainsi agir lorsqu’elles détectaient les lettres de dénonciation
adressées à la Gestapo ou à la Kommandantur.
De plus, dans les bureaux de poste, le téléphone était sous leur responsabilité et elles pouvaient effectuer des
écoutes, transmettre des informations aux maquis. Elles furent aussi très présentes dans les réseaux de Résistance
extérieurs aux PTT. Nous allons leur rendre hommage et donner ici quelques exemples de l’engagement de ces
femmes qui combattirent l’occupant nazi et le régime de collaboration de Pétain.
Mathilde FILLOZ, receveuse à Clerval (Doubs), secondait son mari dans ses activités résistantes. Par ses
fonctions elle pouvait intercepter les lettres de dénonciation à la Gestapo, grâce à son brassard PTT de « porteur de
télégrammes » cette couverture lui permettait de franchir les barrages allemands et rejoindre les maquisards, les
informer, transmettre des messages et les alerter. En 1984 à l’occasion d’un colloque au Ministère des PTT elle
commençait son intervention par cette phrase : « Les femmes ont fait des choses aussi belles, aussi grandes, aussi
difficiles que les hommes, mais elles ne l’ont pas dit ».
Marguerite HAMELIN, épouse DUBRAY, est receveuse à Villedomer (Indre-et-Loire). Elle appartient au
réseau « Libération Nord ». Elle s’occupe notamment des recherches de terrain pour les parachutages. Elle est arrêtée
avec l’ensemble du groupe de Résistants dans la nuit de 8 au 9 juin 1944. Déportée, elle reviendra fin mai 1945.
Cécilia GAZAGNAIRE, receveuse à Launois (Ardennes), engagée dans un réseau, elle établira des fausses
cartes d’état civil, des « ausweis », détruira les lettres de dénonciation, distribuera des tracts, écoutera les
communications des occupants. Elle hébergera dans le bureau de poste des personnes recherchées. Elle aidera aussi
matériellement les clandestins. Elle est arrêtée dans son bureau, emprisonnée puis déportée à Ravensbrück où elle
meurt gazée le 1er mars 1945.
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Marthe ALLIBERT est marié à Charles ROTH, receveur-distributeur à la poste de Cérelles (Indre-et-Loire).
Lorsque ce dernier effectuait sa tournée le matin, Marthe assurait « la suppléance électrique », c’est-à-dire le téléphone
et les opérations courantes jusqu’au retour de son mari. Marthe appartenait au réseau de Résistance « Darius » avec le
grade de sous-lieutenant. Elle est arrêtée avec son mari, ils seront déportés. Marthe revient de Ravensbrück en mai
1945.
Marie-Louise MOINS, épouse LEGROS est receveuse à Besse-en-Chandesse (Puy-de-Dôme). Elle détournait
le courrier en provenance ou à destination des occupants. Elle assurait les liaisons téléphoniques avec le maquis. Ces
communications ayant été interceptées, Marie-Louise est arrêtée, emprisonnée à Clermont-Ferrand, puis Compiègne et
sera déportée à Ravensbrück où elle est gazée le 5 mars 1945.
Albertine VERNAIS exerce les fonctions de receveuse au bureau de Comines (Nord). Elle assurait la liaison
entre le groupe de résistance de ce secteur et divers groupes de résistants belges et des membres de l’Armée secrète
belge. Elle confectionnait également de fausses cartes d’identité. Elle est arrêtée le 12 juin 1943 et déportée. Elle sera
de retour en mai 1945.
Jeanne BAUCHEL épouse ROSENFELDER est assistante receveuse au bureau de Rombas en Moselle, l’un des
trois départements annexés. Cette annexion supposait l’adhésion à l’Allemagne nazie. De nombreux postiers
manifesteront le désir de rester français. Jeanne Rosenfelder sera déportée en Pologne. Elle s’évade et rentre en
France. Elle sera réintégrée dans ses fonctions aux PTT à la fin de la Guerre.
Jeanne DRUI est elle-aussi assistante receveuse à Krutange-Nilvange en Moselle. Elle est arrêtée pour le motif
« refus de prendre la nationalité allemande » et est déportée en Silésie. Elle sera rapatriée le 19 mai 1945.
Marie POINSIGNON épouse REITER, assistante receveuse à Moulins-lès-Metz en Moselle est arrêtée par la
Gestapo le 28 janvier 1943 et déportée en Haute-Silésie. Elle sera rapatriée le 22 mai 1945.
Marie-Louise
SENECHAL épouse FERET est receveuse à la poste d’Echauffour (Orne). Sa fonction lui
permet de substituer les lettres de dénonciation. Elle entre dans un réseau de résistance PTT. Arrêtée, internée au
château des Ducs où elle sera torturée. Elle ne parlera pas. Ses longs mois de détention, les mauvais traitements
quotidiens vont avoir raison de sa santé. Elle poursuit sa résistance dans sa geôle en entonnant régulièrement « La
Marseillaise ». Son mari réussit enfin à la faire hospitaliser à Alençon. Très affaiblie, elle va mourir le 10 mai 1945,
deux jours après la capitulation allemande.
Denise ELICOT épouse JOSSE est nommée receveuse à Roc-Saint-André (Morbihan) en janvier 1941. Elle
entre dans un réseau des Forces Françaises Combattantes (FFC) et sera immatriculée à Londres en mars 1943. Elle
s’occupe en même temps des fausses cartes d’identité. Elle réceptionne des armes issues des parachutages et elle les
cache dans le bureau de poste où elle hébergeait aussi des aviateurs alliés. Denise Josse, titulaire de nombreuses
décorations, est décédée en 2014.
Laure SOUBRIE, receveuse à la poste de Lavelanet (Ariège) est agent de liaison d’un réseau local de
résistance. Elle écoutait les communications téléphoniques, surveillait les lettres suspectes et assurait le ravitaillement
des maquis.
Marcelle BOURGINE, d’abord receveuse à Giverville (Eure) puis à Sainville (Eure-et-Loir) sera un maillon
important du réseau PTT qui prendra le nom de « Libération Nationale des PTT » en 1944. Elle s’occupe notamment
des réfugiés Espagnols. Elle sabotait les communications téléphoniques allemandes. Les meubles automatiques ruraux
situés dans le bureau de poste étaient sensibles à l’humidité. Marcelle faisait bouillir de l’eau et en plaçant la casserole
dans l’armoire technique, l’humidité suffisait à établir des contacts entre les fils et cela empêchait le téléphone de
fonctionner. Marcelle mutée ensuite receveuse à Us en Seine-et-Oise s’est intégrée au réseau local de résistance.
Henriette CHAMBOREDON épouse SCHWARZ est receveuse des postes à Boucoiran (Gard). Elle fut un
agent de liaison important du réseau local de résistance et a obtenu plusieurs décorations, la Carte Volontaire de la
Résistance (CVR), la Croix du Combattant Volontaire 39-45.
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Christiane BERTHOIS, receveuse des postes dans l’Allier transmettait le courrier aux résistants de la région et
était agent de liaison avec les maquis. Au cours d’une mission, accompagnant son responsable du réseau qu’elle a
voulu protéger, elle a tiré sur un Allemand dans le métro parisien. Fidèle adhérente de « Libération Nationale PTT » »
elle est décédée en 2011.
Berthe BERGÉ épouse LACOSTE remplace son mari, receveur-distributeur à Tarnos (Landes) lorsque celui-ci
effectue le matin sa tournée de distribution du courrier. Ce couple de postiers va inscrire l’une des pages les plus
importantes de la Résistance dans cette ville. Berthe, pseudo Linette, va accomplir de nombreuses missions et assurera
l’hébergement de résistants. Elle siègera au Comité de Libération de Mimizan.
Juliette THEULE receveuse au bureau de Frontignac (Hérault) fera partie de réseau de résistance « Cotre ».
Elle tirera des tracts dans les combles du bureau de poste et assurera le passage de clandestins et de courrier entre les
deux zones.
Odette BOUILLÈRE est receveuse à Oradour-sur-Glane. Elle a péri avec ses compagnes dans l’église, brulée
par les nazis de la 2ème division SS Das Reich.
Charles Sancet
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Marie-Louise GASPARD
honorée à Vendôme (Loir-et-Cher) (*)
Employée des PTT (commis principal) dans cette ville, Marie-Louise Delbert épouse Gaspard, faisait partie
du groupe Résistance PTT et du groupe « Vendôme A » antenne du réseau Cincinnatus dont son mari Louis est
responsable. Elle confectionnait et transportait de fausses cartes d’identité.
Le dimanche 20 février 1944, Vendôme vit un tragique épisode. Quinze
jours auparavant une escadrille américaine de bombardiers B24 a pour mission
de détruire les installations ferroviaires de Saint-Pierre-des-Corps et de Tours.
A leur retour, un des appareils est touché par la DCA allemande. Huit
aviateurs sautent en parachute au nord de Vendôme. Louis Gaspard va les
chercher pour les héberger chez différents membres de son réseau.
Le 20 février, des Français de la ville les dénoncent. La Gestapo aidée
par une section de la Feldgendarmerie fait une rafle et arrête de nombreux
résistants. Marie-Louise Gaspard permet à son mari et à son fils de se sauver
par l’impasse des Ecrevisses mais elle tombe entre les mains de la Gestapo.
Conduite à la prison de Blois puis celle d’Orléans, elle est ensuite internée au
fort de Romainville et déportée en mai 1944 au camp de concentration de
Ravensbrück.
Elle meurt le 28 décembre 1944. Marie-Louise Gaspard est titulaire de la
médaille de la Résistance à titre posthume et d’une distinction américaine
Medal of Freedom.
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Le
11 août 2015, la municipalité de Vendôme
baptisait une impasse de la ville du nom de cette
postière en présence de son petit-fils François
Gaspard.
(*) Citée dans « Les Femmes des PTT et la Seconde Guerre
mondiale » pages 82-83.
François Gaspard, à droite, petit-fils de Marie-Louise
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La prison de Montluc à Lyon (*)
Dans cette prison, furent détenus entre 1942 et 1944 environ 8000 personnes. Beaucoup d’entre elles furent
déportées, ou fusillées ou encore massacrées à titre de représailles. Cette prison construite en 1921 sur le fort Montluc,
là où se situent les fortifications de la ville, fut désaffectée en 1932. Elle est remise en service dès le début de la
Seconde Guerre mondiale.
Le Gouvernement de Vichy va y incarcérer un grand nombre « d’opposants » mais c’est surtout après l’invasion
de la Zone sud en novembre 1942 que la prison va devenir un lieu de terreur et de souffrance où la Wehrmacht (**)
va emprisonner de nombreux résistants, des juifs, des otages. Jean Moulin, Raymond Aubrac entre autres y furent
incarcérés, les enfants d’Izieu aussi.
Le
nombre estimé de 7731 détenus arrêtés dans toute la
Zone sud qui ont transité par cette prison va entrainer une
surpopulation dans les cellules et des conditions de détention très
dures. Ces détenus ont pour la plupart été interrogés et torturés
dans d’autres locaux notamment l’Ecole du service de santé
militaire, siège de la Gestapo où sévissait Klaus Barbie. Il ne faut
pas oublier aussi la plus sinistre figure de la Gestapo lyonnaise :
Francis André dit « Gueule-Tordue ».
Après le Débarquement en Normandie, la Wehrmacht va
intensifier la répression. Des exécutions sommaires se
multiplient. Dans 33 sites des environs de Lyon on dénombre
682 prisonniers assassinés depuis le 6 juin 1944 jusqu’au 21 août
1944.
Le 23 août des résistants sont emmenés de la prison Montluc jusqu’aux locaux de la Gestapo, place Bellecour,
où ils seront fusillés.
La
Résistance va cerner le quartier et empêcher l’évacuation des détenus par les Allemands. Ces derniers
quittent Montluc le 24 août, dix jours avant la libération de la ville de Lyon.
(*) Mémorial de Montluc, 4 rue Jeanne-Hachette 69003 Lyon
(**) La Wehrmacht (force de défense) est le nom porté par l’armée allemande dans le Troisième Reich d’Adolphe Hitler de 1935
à 1946. Le IIIème Reich est un terme désignant l’Etat allemand nazi dirigé par Hitler de 1933 à 1945. On parle souvent du
Führer qui signifie le dirigeant, le chef ou le guide. Mais ce mot est passé à la postérité au cours du siècle dernier pour avoir
désigné la personne d’Adolphe Hitler.
Colette Pallarés
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La prison Saint-Michel à Toulouse
Elle devait être inscrite au Patrimoine au moins municipal, voire départemental. Cette prison a été conçue par
l’architecte Escudié en 1855 et la réalisation (de 1862 à 1869) prise en charge par le département pour 800.000 francs.
Ce bâtiment est axé autour d’une rotonde sur laquelle
s’étirent, sur 15000 m2, cinq branches en étoile sur 3
niveaux, l’aile N° 3 était destinée aux cellules disciplinaires.
À l’origine « Maison d’arrêts, de Justice et de Correction
pour hommes », les premiers détenus arrivent en 1869, mais
dès 1872 un quartier est spécialement dédié aux femmes.
De
ce bâtiment, seul le Castelet, acquis aujourd’hui
pour l’euro symbolique par la municipalité, nous servirait à
célébrer nos commémorations (Journées des déporté(e)s et
Libération de Toulouse) avec possibilité de créer un espace
pour le Mémorial de la Déportation et de la Résistance, dans
ces lieux
Cette prison ne laisse guère indifférent, surtout que de 1940 à 1944 des hommes et des femmes y ont
séjourné et certains y sont morts pour acte de Résistance, condamnés par le gouvernement de Vichy et par la
Gestapo. Les plus connus : Gaston Defferre, André Malraux libérés par des complicités internes et externes, Georges
Séguy, les frères Lion déportés en Allemagne, Marcel Langer, chef de la 35 e brigade MOI, guillotiné dans le
« Castelet », Maurice Fontvielle, Sylvain Dauriac, François Verdier, Jean Durand pour les hommes, Conchita Ramos
(mère d’un camarade des Télécommunications) déportée à Ravensbrück dans le train Fantôme, Marie Soula (Chèques
postaux de Toulouse), Angèle Bettini (à l’initiative de l’affaire des « tapettes » déclenchées à distance pour lancer les
tracts sur Pétain le 5 novembre 1940), Alice Koquine, Marcelle Fontés pour les femmes et beaucoup d’autres.
Le 19 août 1944, les femmes de détenus forcent les portes de cette prison et libèrent tous les prisonnier(e)s qui
entonnent à l’unisson La Marseillaise. À chaque commémoration, c’est toujours les mêmes frissons qui hérissent le
poil quand dans ce « Castelet » on entend la Sonnerie aux Morts, La Marseillaise, le Chant des Partisans.
Nous participons avec les associations du monde combattant et résistant ainsi que celle de défense de cette
prison qui doit rester et demeurer un lieu de Mémoire, car dans le sous-sol il y a des mystérieux ossements dans
les souterrains aménagés par les occupants nazis. Mais notre résistance locale se heurte encore aux savants calculs de
rentabilité des autorités ministérielles, préfectorales, municipales compte tenu du profit juteux de cette superficie de
terrain.
Jean Manané
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Le Mont Valérien
Situé dans la banlieue ouest de Paris, sur les hauteurs de la ville de Suresnes, le Mont Valérien est un vieux fort
qui a été érigé au 19e siècle pour défendre la capitale. Mais aujourd’hui il est connu pour son Histoire durant la
Seconde Guerre mondiale.
C’est
dans ce lieu que les pelotons d’exécution composés de soldats allemands de la Wehrmacht ont
fusillés 1O14 Résistants de 1941 à août 1944.
Ces
Résistants venaient de toutes les régions de France et arrivaient transportés par camions. Ils étaient
condamnés par des tribunaux militaires ou encore pris comme otages et fusillés pour terroriser la population.
La plupart des fusillés du Mont Valérien sont issus de réseaux de résistance F.T.P. et aussi des rangs
d’organisations politiques comme le Parti Communiste qui a payé un lourd tribut. Parmi ceux-ci les 22 combattants
FTP-MOI du groupe Manouchian.
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On relève aussi, d’après nos recherches, 10 résistants des PTT. Il s’agit de :
BEVILLARD Charles-Victor, né le 3 octobre 1898 à Designy (74), commis à la poste de Paris 20. Il fait partie du
groupe de résistants comprenant notamment Marie-Thérèse Fleury, déportée et morte à Birkenau-Auschwitz. Après son
arrestation, il passe devant un conseil de guerre allemand le 18 juin 1942. Il est fusillé le 29 juin 1942.
LAUMAIN Gabriel, né le 4 novembre 1907, « chargeur » de wagons-poste à la gare de l’Est, trésorier régional des
syndicats des PTT (Fédération postale de la CGT Unitaire). Comme Bévillard, il passe devant le même conseil de guerre
allemand et est aussi fusillé le 29 juin 1942.
BOLLEAU Roger, né le 19 avril 1898 à Prignac (17), facteur des postes. Chef du groupe Germain affilié au Front
National l’organisation de résistance créée par le Parti communiste clandestin, il est arrêté le 7 mars 1942 et fusillé le 21
septembre 1942.
POING Robert Marcel, né le 7 juin 1923 à Paris 4ème facteur des postes. Fusillé le 25 avril 1942.
MILAN Pierre, né le 29 août 1924 à Limoges (87), jeune télégraphiste aux PTT. Il fait partie des sept jeunes accusés au
procès qui se déroule au Palais Bourbon du 4 au 6 mars 1942. Condamnés à la peine capitale, Pierre Milan et ses
camarades Tony Bloncourt, Roger Hanlet, Acher Semahya, Roger Peltier, Christian Rizo et Fernand Zalkinov sont
fusillés le 9 mars 1942.
FRIEDLANDER Maurice, né le 31 août 1914 à Paris 12e (d’origine juive) facteur. Fusillé le 15 juin 1943.
LARUE Roger, né le 23 avril 1920 à Paris 14ème. employé des PTT. Résistant communiste, il est fusillé le 13 avril 1944.
WITCHITZ Robert, né le 5 mai 1924 à Abscon (59), jeune télégraphiste aux PTT au début de la guerre, il est licencié et
devient ajusteur dans une usine de constructions mécaniques. Militant des Jeunesses communistes à Ivry-sur-Seine, il
rejoint début 1943 les FTP-MOI. Arrêté fin novembre 1943, il est jugé dans le procès des 23 et est condamné à mort. Il
est fusillé le 21 février 1944 avec ses camarades de combat de l’Affiche Rouge dont Missak Manouchian .
CALVET Jean, jeune facteur à la Brigade roulante de Paris, fusillé le 2 juin 1944.
PAUTARD Amédée, Commis principal des PTT, membre du réseau Alliance, fusillé le 30 novembre 1942.
En 1952, le général de Gaulle décréta le Mont Valérien « Mémorial de la France combattante ».
Depuis le mois de septembre 2003, une cloche de bronze de plus de deux mètres de haut est installée en face de la
chapelle des Fusillés. Elle porte année par année, la liste alphabétique des 1014 fusillés du Mont Valérien qui ont été
identifiés. Ce Mémorial est le lieu de nombreuses cérémonies. Etrangers et français dont les noms gravés sur le
monument sont « l’honneur de la France ».
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Roger BOLLEAU, fusillé au Mont Valérien
Facteur-Chef des postes à Pontaillac quartier résidentiel de Royan, né le 19 avril 1898 à Prignac (CharenteMaritime), Roger Bolleau et sa femme née Emma Laumondais habitent à Royan. Ils ont une fille, Hélène, née le 6
avril 1924. Roger, militant du Parti communiste, s’engage dès 1940 dans la résistance et très rapidement va
créer avec Emma le groupe Germain qui est son pseudonyme dans la clandestinité. C’est le premier groupe de
Francs-tireurs et Partisans (FTP) en Charente-Maritime. En 1942, la jeune Hélène aide ses parents dans la Résistance.
Le 7 mars 1942, Roger Bolleau et sa fille sont arrêtés par les gendarmes. Roger est transféré à la prison du
Cherche-Midi à Paris puis au Fort de Romainville. Hélène est relâchée une semaine plus tard mais ne revient pas chez
elle et entre dans la clandestinité au sein du Front National des jeunes. Elle a la responsabilité d’assurer la liaison entre
le groupe Germain et les autres groupes de résistance. Pour sa sécurité elle va poursuivre la résistance (distribution de
tracts, collecte pour les militants et travaux d’imprimerie) dans les départements des Deux-Sèvres et Vendée. Son
action se poursuit à Angers et les responsables de la Résistance décident de la muter à Paris. Avant de s’y rendre,
Hélène revient à Royan pour prendre des vêtements et quelques affaires. Les policiers allemands qui sont
accompagnés par des policiers français l’arrêtent le 7 août 1942. Elle est emprisonnée à La Rochelle. Sa mère Emma
sera arrêtée le 15 septembre en allant voir sa fille.
Quelques jours après, le 21 septembre 1942, Roger Bolleau est
extrait du Fort de Romainville et fusillé au
Mont Valérien.
Photo anthropométrique
(après arrestation), le 17 mars 1942).
Archives de la préfecture de police, Paris
Hélène et sa mère Emma sont ensuite emprisonnées à la prison d’Angoulême. Quelques semaines après elles
sont conduites au Fort de Romainville. Le 23 janvier 1943 c’est le transfert au camp de Royallieu à Compiègne. Elles
font partie des 230 femmes qui seront conduites à la gare de marchandises de Compiègne et monteront dans les quatre
derniers wagons à bestiaux d’un convoi qui comprend aussi plus de 1450 détenus hommes entassés depuis la veille
dans ces wagons. En arrivant en Allemagne, le train se divise en deux, le convoi des hommes va se diriger vers le
camp de Sachsenhausen et celui des femmes vers le camp d’Auschwitz où elles arrivent le soir du 26 janvier. Le train
y stationne toute la nuit et ce n’est que le lendemain matin que les 230 détenues sont descendues en gare de
marchandises et conduites à pied au camp de femmes de Birkenau où elles entrent en chantant La Marseillaise. Elles
seront immatriculées dans la série des « 31000 ». Parmi elles Marie-Claude Vaillant-Couturier, Charlotte DelboDudach, Danielle Casanova et Marie-Thérèse Fleury. Sur ces 230 femmes, seulement 49 reviendront.
Emma Bolleau-Laumondais, née le 11 décembre 1900 à Royan, matricule 31806, succombe à la dysenterie le
20 mars 1943 à Auschwitz II-Birkenau.
-10-
Hélène Bolleau, matricule 31807, entre au Revier (sorte d’infirmerie) en avril 1943. Ayant échappé au typhus,
elle est affectée dans un Kommando de travail de tresses de cellophane. Elle retourne ensuite aux marais, aux briques,
aux cendres du crématoire. Il faut savoir que les cendres, auxquelles sont mêlés des ossements calcinés, sont apportées
au bord du marais par des camions et les détenues doivent les étaler au bond du marais déjà débarrassé de sa vase avec
des râteaux. Hélène et ses camarades sont ensuite transférés le 4 août 1944 à Ravensbrück. Hélène est malade et entre
au Revier alors que la plupart des survivantes partent pour le camp de Mauthausen le 2 mars 1945.
Le 23 avril 1945, Hélène fait partie des détenues françaises et belges libérées par la Croix-Rouge et emmenées
en Suède. Elle sera rapatriée le 24 juin 1945, elle a 21 ans. Elle retrouve son fiancé Paul Allaire.
Paul Allaire, né le 4 février 1920 aux Mathes en Charente-Maritime, est un Résistant qui dans la clandestinité
est Jacques Lhermitte. Arrêté et emprisonné Paul Allaire fait partie du transport qui emmène le 18 juin 1944, 2139
hommes (le plus important par le nombre de déportés) de Compiègne vers Dachau où le convoi arrive le 20 juin 1944.
Paul Allaire, matricule 73004, est libéré d’Allach le 30 avril 1945.
Hélène et Paul Allaire se marient en fin d’année 1945.
Charles Sancet
N.B. : Merci à Dany Allaire qui m’a apporté des précisions et des informations pour rédiger cet article. Il est le fils d’Hélène et
de Paul et le petit-fils de Roger Bolleau, fusillé au Mont Valérien. Sa grand-mère Emma, résistante déportée, est morte à
Ravensbrück.
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Il y a 70 ans … Hiroshima et Nagasaki !
Les
6 et 9 août 1945 ces deux villes martyres japonaises subirent pour la première fois au monde le feu
nucléaire. L’aviation américaine lançait les premières bombes atomiques. En quelques instants de 90 000 à 140 000
personnes à Hiroshima et de 60 000 à 80 000 personnes à Nagasaki perdirent la vie… Des dizaines de milliers de
blessés et d’irradiés furent dénombrés dans ces deux villes.
Le 2 septembre 1945, après la capitulation de l’Allemagne nazie le 8 mai 1945, le Japon capitulait à son tour et
la Seconde Guerre mondiale prenait fin.
Nagasaki
Hiroshima
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Camp d’internement de Rivesaltes :
Retour sur une sale Histoire de France
L’année 2015 aura été celle de la mémoire du camp de Rivesaltes qui a “accueilli” successivement républicains
espagnol, juifs, tsiganes, harkis ou encore immigrés clandestins. En février dernier, soit quelques mois avant
l’inauguration du mémorial le 16 octobre prochain, l’historien Nicolas Lebourg publiait, avec Abderahmen
Moumen, un ouvrage de mémoire sur ce “Drancy du sud”.
« C’est le camp qui permet d’aller de la Retirada de 1939 aux
Centres de rétention administrative. Vous avez d’autres camps
qui vont servir, par exemple, pendant la Seconde Guerre
mondiale et pour les harkis. Mais là, ça a pris une autre
dimension : vous avez les républicains espagnols, puis les juifs,
les Gitans, les prisonniers de guerres allemands et les
collaborateurs, puis des supplétifs indochinois, des supplétifs
guinéens, ensuite vous avez les harkis et enfin un Centre de
rétention administratif qui finit par fermer en 2007 parce que le
mémorial doit venir s’installer – et résultat le déménagement
de ce centre permet son agrandissement… Donc, vous avez
bien une histoire qui vous permet de partir des crises des
années 1930 et de suivre toutes les crises et les crispations
françaises sur ce rapport à l’autre, à l’étranger, au migrant
pendant 70 ans. C’est un lieu qui est tout à fait unique. »
Cet extrait est tiré du site :
http://www.lesinrocks.com/2015/10/03/actualite/au-camp-derivesaltes-la-france-se-rememore-un-xxe-siecle-peu-glorieux11778669/#.Vg_cCiphxgM.twitter
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Jeudi 25 février 2016
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