Bourges 11 juin 2004 L’enseigne dans la ville Compte-rendu des interventions Séminaire organisé par : • l’Association Nationale des Villes et Pays d’art et d’histoire et des villes à secteur sauvegardé • avec la collaboration de la ville de Bourges • en partenariat avec le Ministère de la Culture et de la Communication [ Séminaire « L’enseigne dans la ville » Bourges – 11 juin 2004 ] Le séminaire a été organisé par l’Association Nationale des Villes et Pays d’Art et d’Histoire et des Villes à Secteur Sauvegardé avec la collaboration de la ville de Bourges, en partenariat avec le Ministère de la Culture et de la Communication. Cette journée de travail proposait de faire le point sur les aspects juridiques de l’enseigne, et sur les liens existants avec les politiques patrimoniales. Différents points de vue ont été développés par les institutions engagées dans cette problématique, tels les Ministères de la culture et de la communication, et de l’écologie et du développement durable, les services départementaux de l’architecture et du patrimoine, ainsi que des professionnels de l’enseigne. Les expériences de plusieurs villes, ayant menées des réflexions et des actions sur ce thème, ont également été présentées. 2 Sommaire ► Allocution d’accueil, Philippe GITTON p. 4 ► Propos introductifs, Jean ROUGER p. 6 ► Réglementation concernant les enseignes et la publicité, Philippe ZAVOLI p. 8 ► La problématique des enseignes développée par le Ministère de l’écologie et du développement durable, Philippe DEMERON p. 15 ► Présentation des enjeux des enseignes du point de vue esthétique et juridique, Françoise COMMENGE p. 18 ► Rôle et place des architectes des Bâtiments de France, Jean-Michel MAROUZE p. 22 ► Enseigne et secteur sauvegardé. L’expérience de Bourges, Pierre-André EFFA p. 25 ► Le secteur sauvegardé de Bourges : publicité et enseignes Marc CIOFFI p. 28 ► Bayonne : une réglementation pour les enseignes. Fiche technique, Jacky CRUCHON p. 31 ► Présentation de l’expérience de Pézenas, Christine CATALA p. 34 ► Présentation de l’expérience de Dijon, Jean-Pierre GILLOT p. 38 ► Le point de vue des professionnels de l’enseigne : les pratiques connues en France, Victor SAUVAGET p. 40 3 [ Allocution d’Accueil Philippe GITTON Maire Adjoint chargé de la culture Ville de Bourges ] Je suis heureux d’accueillir aujourd’hui votre Association Nationale, à double titre, puisque Bourges est Ville d’art et d’histoire depuis 1992, et bénéficie d’un secteur sauvegardé de la première génération, créé en février 1965, et approuvé 29 ans plus tard. La protection, la restauration et la valorisation du patrimoine sont bien sûr des axes privilégiés dans la politique de la Ville, comme ont pu le constater certains d’entre vous qui connaissent déjà Bourges ; les autres pourront le découvrir lors du parcours qui vous est proposé en fin d’après-midi. Dans un secteur sauvegardé aussi dense en édifices protégés, les restaurations se succèdent et se superposent, à commencer par la cathédrale ; parmi les bâtiments dont la ville est propriétaire, l’Hôtel-Dieu est le chantier le plus prestigieux et le plus important, nous en verrons bientôt l’achèvement. Bourges a signé la convention des Villes d’art et d’histoire en 1992, mais les visites étaient effectuées par des guides conférenciers agréés par le Ministère de la culture depuis longtemps déjà. Le service du patrimoine a vu sa création en 1993 avec le recrutement d’un animateur du patrimoine. De nombreuses réalisations ont suivi : • • L’exposition du patrimoine, intitulée maintenant CIAP (centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine), a été une des premières du réseau ; elle continue à faire ses preuves depuis 9 ans auprès des touristes, de la population locale et des enseignants. La signalétique du patrimoine, mise en place dès 1996, est venue compléter, dans la même ligne graphique, cette démarche de valorisation du patrimoine ; il est d’ailleurs intéressant de constater que cette signalétique, accompagnée d’un « itinéraire du patrimoine », touche un public tout aussi large puisqu’elle est même utilisée par des classes lors de parcours pédagogiques. Offrir aux habitants une meilleure connaissance de leur ville est un atout certain pour les inciter à participer à son embellissement, en acceptant les petites contraintes liées aux projets d’animation ou de valorisation du patrimoine : les Nuits Lumière sont à cet égard le meilleur témoignage. Cette démarche commence avec les enfants : un service éducatif du patrimoine est développé en partenariat avec l’inspection Académique pour les scolaires, de l’école primaire au 4 lycée sur des projets divers comme les classes à PAC. La Ville s’investit également sur le Contrat Educatif Local dont les ateliers du patrimoine sont une des disciplines très demandées. Les ateliers des 6-12 ans, auxquels les enfants s’inscrivent individuellement pendant les vacances, rencontrent beaucoup de succès tout au long de l’année. Le service du patrimoine a conçu à cet effet nombre d’outils pédagogiques, livrets-jeux, maquettes, dont une maquette géante et évolutive de la ville qui couvre le secteur sauvegardé et au-delà. Les brochures « Bourges la mémoire d’une ville », dont vous trouverez les deux parutions les plus récentes dans votre dossier, participent du même processus de sensibilisation à la ville du public local. Hormis la première brochure, qui reprenait le contenu de l’exposition permanente du patrimoine et qui évoquait le secteur sauvegardé, les suivantes se sont attachées à l’architecture et l’urbanisme du XIXe siècle et du XXe siècle. Paradoxalement, cette période est la plus méconnue du grand public, alors qu’elle a imprimé à la trame urbaine l’aspect que nous lui connaissons encore aujourd’hui, et que certains édifices disparus ont joué un rôle important dans la vie culturelle, sociale ou économique de la ville. Le service du patrimoine a logiquement été partie prenante dans les actions à l’échelle de l’Europe : • En 1999, à l’occasion du thème « l’Europe, un patrimoine commun », la Ville de Bourges a proposé un grand jeu bilingue en partenariat avec sa ville jumelée, Augsbourg. Ce jeu intitulé « De la soie, de l’or et des épices ; les échanges commerciaux en Europe au XVe siècle » a reçu le prix des Journées Européennes du Patrimoine pour les Jeunes, lancé à l’initiative du Conseil de l’Europe, de l’Union Européenne et de la Fondation du Roi Baudoin. • Dans un mois, la première Université d’été Européenne Bourges-Tours se déroulera sur le thème retenu cette année par l’Université de Tours, pour s’inscrire dans les grandes manifestations nationales consacrées à cette période : «le modèle princier du palais au temps de Jean de Berry4 3sur la Sainte-Chapelle de Bourges. Tous les deux ans, un thème en rapport avec « la création artistique et le mécénat princier autour du Val de Loire du XIVe au XVe siècles » sera ainsi traité. • Bien entendu, Bourges, capitale du Berry, célèbre aussi cette année George Sand avec de nombreux événements, visites romantiques, concerts, conférences, etc.… La valorisation du patrimoine dans une ville aussi bien dotée que la nôtre est une tâche dont les limites ne sont pas prêtes d’être atteintes… Dans cette perspective, le traitement des enseignes et des devantures de magasin dans le centre historique a tout à fait sa place ; je suis convaincu que nous allons beaucoup apprendre des interventions de cette journée comme des échanges d’expériences entre nos différentes villes. Philippe GITTON 5 [ Propos introductifs JEAN ROUGER, Vice Président de l’Association Nationale des Ville et Pays d’art et d’histoire et des Villes à secteur sauvegardé ] La formation « L’enseigne dans la ville », qui s’est déroulée à Bourges, le 11 juin 2004 est pour l’Association Nationale une première en tant que telle ; certes elle a été précédée par deux rencontres : « Territoires et Patrimoines », en avril 2003 au Sénat, « Reconversion du Patrimoine Militaire », en janvier 2004 à Langres. Soixante-dix personnes ont suivi la formation à Bourges, représentant 40 villes adhérentes et 6 villes non adhérentes. Les services de l’Etat étaient aussi présents, des architectes des Bâtiments de France, et services régionaux de la DIREN. Les intervenants représentaient tous ceux qui, de la conception à l’autorisation et à la réalisation, travaillent sur « L’enseigne dans la ville ». Les juristes, les ministères de l’environnement et de la culture, les architectes des Bâtiments de France, des villes et, enfin, le syndicat des professionnels de l’enseigne ont été acteurs de cette formation. Merci à tous : chaque talent et chaque disponibilité nous sont utiles. Vous trouverez leurs interventions dans ce dossier, j’en retiens quelques points : Des propos de Philippe ZAVOLI, juriste spécialiste du droit de la publicité, je veux souligner cette référence de base : lorsque la loi s’applique, les enseignes sont soumises à autorisation (outre les lieux protégés) dans les zones de publicité restreinte -ZPR-. L’absence d’autorisation constitue une infraction continue. Et comme un refus fondé sur des raisons esthétiques (motivées) est possible, on voit combien il est possible d’améliorer notre environnement par cette procédure, utilisée en toute simplicité mais avec rigueur. Philippe DEMERON, Sous-Directeur adjoint des sites et des paysages, a précisé que 26 millions de français vivent dans des villes qui ont mis en place un règlement local de publicité, ce qui montre bien l’ampleur de la tâche à assumer. Philippe DEMERON a, par ailleurs, très clairement indiqué que la réglementation avait avant tout pour objet de protéger notre environnement, tout notre environnement, et que de ce point de vue, les paysages ont autant de valeur que nos quartiers historiques protégés. 6 Françoise COMMENGE, Chef de bureau des abords des monuments historiques et des ZPPAUP, a pour sa part (et à la suite de Philippe DEMERON) indiqué que si la loi sur les enseignes relevait du Code de l’Environnement, les ZPPAUP et les secteurs sauvegardés pouvaient et devaient traiter des enseignes pour aider l’architecte des Bâtiments de France et le Maire dans leurs prescriptions règlementaires et dans leurs réalisations. Jean-Michel MAROUZE, Chef du S.D.A.P. de Dijon, a insisté sur le fait qu’une réglementation sans conseil, sans communication et surtout sans objectif d’image de la ville manquait souvent sa cible. De stimulante, elle devenait ainsi un obstacle. La Ville de BAYONNE a bien compris cela et a même poussé plus loin encore la réflexion en mettant en place une méthode partenariale d’élaboration de la règle. C’est une démarche nouvelle et instructive, qui facilite la réalisation. BOURGES a montré que la qualité de la signalétique est une préoccupation ancienne pour la Ville, comme la Ville de DIJON, portée par une recherche technique et esthétique et une volonté d’émulation stimulée par des primes. La Ville de PEZENAS a inclus toute une recherche de travail sur les devantures, et elle s’associe aussi avec les artisans d’art. Enfin, le SYNAFEL, représentant les professionnels, a clairement indiqué que la profession souhaite demander une réglementation. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, M. Victor SAUVAGET, Président de la réglementation des enseignes du Syndicat National de l’Enseigne et de la Signalétique, a proposé une esquisse de règlement. La volonté de clarification est manifeste pour chaque catégorie d’intervenants. Ce sont les collectivités qui se chargent de stimuler le développement à partir de politiques réfléchies sur le patrimoine. La modeste règle de protection et de mise en valeur leur appartient. Ce sont aux collectivités locales et aux services de l’état de les faire respecter et de les valoriser. Jean ROUGER NB : Un exemple de questions / réponses : Question : Qu’en est-il des enseignes déposées dans les permis de construire (PC) et les déclarations de travaux (DT) ? Réponse : Elles ne peuvent, en l’état actuel de la législation être accordées avec le permis de construire ou la déclaration de travaux puisque les uns (PC, DT) sont régis par le Code de l’Urbanisme et les autres (enseignes) par le Code de l’Environnement. Le pétitionnaire doit donc déposer une demande d’autorisation d’enseigne indépendamment de la demande de permis de construire. Nota : Nous avons suggéré qu’il puisse être étudié une fusion des deux demandes dans ce cas particulier (affaire à suivre). 7 [ Réglementation concernant les enseignes et la publicité ] Philippe ZAVOLI Maître de conférences Université de Pau et des Pays de l’Adour A titre principal, l’enseigne est régie par la loi du 29 décembre 1979 dont les dispositions ont été codifiées aux articles L.581-1 et s. C Env. Son article L.581-3 la définit comme étant toute inscription, forme ou image apposée sur un immeuble et relative à une activité qui s’y exerce. Toutefois, comme elle est susceptible de surplomber le domaine public, des règlements de voirie peuvent être adoptées en vue d’en déterminer l’implantation. D’emblée, indiquons que ces règlements de voirie sont d’un moindre intérêt. En effet, l’objectif poursuivi est la conservation du domaine public. Autrement dit, on est en présence d’une alternative autorisation/refus sans que l’autorité administrative puisse poursuivre une politique esthétique en la matière, contrairement à la loi de 1979 qui poursuit un objectif de protection du cadre de vie. Pris en application de la loi de 1979, le décret n°82-211 du 24 février 1982 fixe les prescriptions générales relatives aux enseignes. I : Le régime de l’enseigne Bien que l’accessoire à l’exercice d’une activité économique, l’enseigne est dotée d’un régime faussement libéral. Libéral parce que l’enseigne n’est que rarement interdite et peut, par exemple, être indistinctement installée en agglomération ou hors de celle-ci contrairement à la publicité. Faussement libéral parce qu’elle est soumise à de très nombreuses prescriptions rendant délicate son installation (A) auxquelles se superpose un régime d’autorisation préalable lorsqu’elle est installée dans des lieux particuliers (B). A) Le régime de droit commun Ce sont les articles 1 à 6 du décret de 1982 qui trouvent à s’appliquer et par exemple : Lorsqu’elle est perpendiculaire au mur qui la supporte, l’enseigne ne doit pas dépasser la limite supérieure de ce mur. Elle ne doit pas constituer, par rapport à ce mur, une saillie supérieure au dixième de la distance séparant les deux alignements de la voie publique, sauf si des règlements de voirie plus restrictifs en disposent autrement ; dans tous les cas, cette saillie ne peut excéder deux mètres (article 3) ; 8 Lorsqu’elle est installée au sol, l’enseigne de plus d’un mètre carré ne peut être placée à moins de dix mètres d’une baie d’un immeuble situé sur un fonds voisin lorsqu’elle se trouve en avant du plan du mur contenant cette baie (article 5) ; La surface unitaire maximale de l’enseigne installée au sol est de six mètres carrés qui peut être portée à seize mètres carrés dans les communes de plus de dix mille habitants ou qui font partie d’un ensemble multicommunal de plus de cent mille habitants. L’enseigne ne peut néanmoins dépasser six mètres cinquante de haut lorsqu’elle a plus d’un mètre de large ou huit mètres de haut lorsqu’elle a moins de un mètre de large (article 6). B) Le régime d’autorisation préalable 1-Champ d’application Outre le respect des règles que l’on vient d’évoquer et conformément à l’article L.581-18, l’enseigne est soumise à autorisation préalable lorsqu’elle est implantée dans des lieux méritant une protection particulière, c’est-à-dire les lieux visés aux articles L.581-4 et L.581-8 C Env ainsi que dans les ZPR. L’article 8 du décret de 1982 précise que l’autorisation est délivrée par le maire, agissant au nom de l’État (article L.581-21 C Env), soit après avis conforme de l’ABF, soit après avis simple de l’ABF, soit sans avis de l’ABF dans les conditions indiquées ci-dessous : Lieux concernés Sans avis de l’ABF Avis simple de l’ABF Edifice classé ou inscrit (L.581-4) Monument naturel et site classé (L.581-4) Parc national et réserve naturelle (L.581-4) Secteur sauvegardé X X Parc naturel régional (L.581-8) X X Site inscrit et zone de protection (L.581-8) Moins de 100 m et champ de visibilité des édifices classés ou inscrits (L.581-8) ZPPAUP (L.581-8) ZPR (L.581-18) Avis conforme de l’ABF X X X X X Si le décret est silencieux quant aux motifs pour lesquels l’autorisation est refusée, le Conseil d’État a indiqué qu’il s’agissait d’un motif esthétique (CE, 3 octobre 1997, SARL MIL Mike, Rec tables p.671), lequel constitue avec la santé publique une composante du cadre de vie (CE, 16 novembre 1984, Eurybia, RFD adm 1985 p.738, note M. Lombard). Par exemple, a été jugé légal le refus par le maire de Paris de délivrer une autorisation au motif que l’enseigne litigieuse « surchargeait le rez-de-chaussée et n’était pas compatible avec le caractère de site inscrit » (TA Paris, 10 mars 1994, Sté Sayag Electronic). 9 Autrement dit, s’agissant des enseignes soumises à autorisation préalable, elles doivent tout à la fois respecter les règles d’implantation évoquées plus haut mais aussi satisfaire aux exigences esthétiques déterminées par les autorités en collaboration avec l’ABF. 2- Procédure Les articles 9 à 13 du décret de 1982 fixent la procédure de demande d’autorisation. Le dossier doit être adressé au maire en deux exemplaires par LRAR ou déposé en maire contre récépissé. Le maire doit faire connaître par lettre au demandeur, dans les quinze jours de la réception du dossier complet, le numéro d’enregistrement du dossier et la date avant laquelle la décision devra lui être notifiée. C’est-à-dire un mois si l’avis de l’ABF n’est pas requis, quatre mois lorsque l’installation de l’enseigne est envisagée sur un immeuble classé ou inscrit ainsi que dans un site classé ou dans un secteur sauvegardé et deux mois dans les autres cas. Passé cette date et en l’absence de réponse express, la demande est réputée favorable. Le maire transmet sans délai l’un des exemplaires du dossier à l’ABF, l’avis de ce dernier est réputé favorable s’il n’a pas été communiqué au maire quinze jours avant l’expiration des délais indiqués plus haut. C) Le régime particulier des enseignes temporaires Les articles 16 à 20 du décret de 1982 déterminent un régime particulier pour les enseignes temporaires, c’est-à-dire : les enseignes qui signalent des manifestations exceptionnelles à caractère culturel ou touristique ou des opérations exceptionnelles de moins de trois mois ; les enseignes installées pour plus de trois mois lorsqu’elles signalent des TP ou des opérations immobilières de lotissement, construction, réhabilitation, location et vente ; les enseignes installées pour plus de trois mois lorsqu’elles signalent la location ou la vente de fonds de commerce. Ces enseignes peuvent être installées trois semaines avant le début de la manifestation ou de l’opération qu’elles signalent et doivent être retirées au plus tard une semaine après la fin de la manifestation ou opération. Elles sont soumises à des conditions d’implantation et de taille définies par l’article 17 du décret et sont soumises à autorisation lorsqu’elles sont implantées dans les mêmes lieux qu’évoqués plus haut. En revanche la procédure d’autorisation est différente eu égard à leur caractère temporaire. C’est ainsi que l’avis simple de l’ABF est requis lorsque les enseignes temporaires de plus de trois mois sont installées dans les lieux définis à l’article L.581-4. 10 Si l’avis de l’ABF est requis l’autorisation est tacitement accordée à l’expiration d’un délai de deux mois. En l’absence d’avis de l’ABF, l’autorisation est tacitement accordée à l’expiration d’un délai d’un mois. II : La diversité des réglementations locales Si les élus locaux estiment que les règles nationales qui viennent d’être évoquées ne sont pas suffisamment adaptées aux caractéristiques de leur commune, il leur est loisible d’y apporter des modifications. Deux procédures sont prévues par les textes, une « lourde » définie à l’article L.581-18 al. 2 C Env. (celle qu’a utilisé la ville de Bayonne) au terme duquel « les actes instituant les ZPA, les ZPR et les ZPE peuvent prévoir des prescriptions relatives aux enseignes » (A), une seconde, « allégée » définie à l’article 7 du décret du 24 février 1982 (B). L’article L.581-C Env. prévoit également des dispositions particulières applicables en secteur sauvegardé (C). A) La procédure lourde de droit commun 1- Le déroulement de la procédure Le qualificatif de lourd n’est absolument pas usurpé lorsque l’on veut définir la procédure d’adoption de la réglementation locale de la publicité. En effet, celle-ci débute par une délibération du conseil municipal décidant de l’élaboration d’un règlement local de la publicité. Comme la procédure n’est pas décentralisée il revient au préfet de fixer la composition du groupe de travail chargé d’élaborer le projet et dont la présidence est assurée par le maire avec voix prépondérante. Les membres de droit sont, en nombre égal (en pratique quatre ou cinq), des membres du conseil municipal et éventuellement un représentant de l’assemblée délibérante de l’EPCI auquel appartient la commune, compétent en matière d’urbanisme ainsi que des membres des services de l’État (DDE, DIREN, service de l’architecture et du patrimoine, etc.). Les membres facultatifs sont, à leur demande : Des membres des chambres consulaires (CCI, chambre de métiers, chambre d’agriculture) dans une limite de deux représentants par chambre ; Un membre d’une association agréée de protection de l’environnement au sens de l’article L.141-1 du C Env ; Cinq représentants des professionnels de l’affichage choisis par le préfet après consultation des organisations professionnelles représentatives. Les membres de droit ont voix délibérative, les membres facultatifs ont voix consultative. Une fois élaboré, le projet est transmis pour avis à la commission des sites, perspectives et paysages (formation dite « de la publicité »). L’avis est réputé favorable s’il n’est pas intervenu dans un délai de deux mois. Le projet établi par le groupe de travail, qui a recueilli l’avis favorable de la commission est arrêté par le maire après délibération du conseil municipal. 11 Si la commission formule des réserves, le conseil municipal comme le groupe de travail doivent amender le règlement afin d’en tenir compte. Dans l’hypothèse de sa soumission au contrôle de légalité, le juge administratif considérera alors que la procédure est régulière (TA Paris, 8 février 1996, Sté Sayag Electronic, n°8910243/7 ; CE 31 juillet 1996, Commune d’Albertville, n°139 171). S’il n’est pas tenu compte des réserves, l’avis est réputé défavorable justifiant que le préfet reprenne la main en élaborant un nouveau projet qu’il doit présenter au groupe de travail puis au conseil municipal afin qu’il délibère. Le règlement local est en principe arrêté par le maire au nom de la commune (CE, 8 déc. 2000, Commune de Gières, RJE 2001 n°3 p.479). Il fait l’objet d’un affichage en mairie, d’une publication au recueil des actes du département ainsi que d’une mention en caractères apparents dans deux journaux régionaux ou locaux diffusés dans tout le département. Mais il peut également être pris par arrêté préfectoral si le conseil municipal s’oppose au projet après qu’il a été modifié par le préfet ou par arrêté ministériel à la demande du maire. Conformément à l’article L.581-43 C Env, les dispositifs installés antérieurement à l’institution du règlement local, sous réserve de ne pas contrevenir à la règlement antérieure et sans que cela permette leur maintien au-delà de la première échéance des contrats et conventions en cours d’exécution, peuvent être maintenus pendant un délai de deux ans à compter de l’entrée en vigueur du règlement. Il n’existe pas de procédure particulière d’adaptation de la réglementation. Celle-ci s’effectue conformément à la procédure qui a conduit à l’élaboration du règlement local. 2- Le contenu Généralement, le règlement local institue des ZPR c’est-à-dire des zones dans lesquelles la publicité ou les enseignes sont soumises à des prescriptions plus sévères que le régime général. De manière constante, le juge administratif précise que le maire dispose « d’un large pouvoir d’appréciation » dans la fixation de ces règles qui doivent poursuivre un objectif de protection du cadre de vie. On précisera que, conformément à l’article L.581-18, dans les ZPR, l’installation d’une enseigne est soumise à autorisation. Cela ne permet cependant pas au maire d’instituer un régime d’autorisation préalable sur l’ensemble du territoire communal et donc dans des secteurs qui ne sont pas couverts par une ZPR (CAA Marseille, 2 juin 1998, Courquin, RJE n°3/2000 p.472). Force est cependant de constater la faiblesse du contentieux en matière de règlement local des enseignes. La participation des principaux intéressés à l’élaboration des règles qu’ils devront par la suite respecter y est très probablement pour beaucoup. Il ne faut pas perdre de vue que l’enseigne est un accessoire essentiel à l’exercice d’une activité économique et que si la protection du cadre de vie est d’intérêt général, la liberté du commerce et de l’industrie l’est tout autant… Toutefois a été jugé illégal, le règlement de Montpellier interdisant par mesure générale toute enseigne par projection intermittente à l’exception des journaux électroniques que la ville installera pour son propre compte (CE, 20 septembre 1993, Sté Sayag Electronic). 12 En revanche, a été jugé légal, le règlement de la ville de Paris instituant une ZPR n°2 dans laquelle les enseignes devront suivre des prescriptions relative à la lumière et aux caractères des enseignes autorisées (CE, 29 juill. 1994, Ministre de l’équipement c/ Sté Sayag Electronic, Quot. Jur. 29 nov. 1994, p.5). B) La procédure allégée Ici la mise en place du groupe de travail n’est pas nécessaire, un arrêté municipal suffit après toutefois l’avis de la commission départementale des sites dont l’avis est réputé acquis s’il n’a pas été émis dans les deux mois de la demande adressée par le maire au préfet. Cette procédure allégée a une contrepartie tenant aux possibilités limitées d’adaptation du régime national. En effet, les adaptations ne concernent que : les modalités d’implantation des enseignes apposées à plat sur un mur ou parallèlement à un mur (article 2 du décret de 1982) ; la dérogation à l’interdiction d’apposer des enseignes perpendiculaires au mur devant une fenêtre ou un balcon (dernier alinéa de l’article 3 du décret de 1982) ; les modalités d’installation des enseignes installées sur les toitures et les terrasses en tenant lieu (troisième et quatrième alinéa de l’article 4 du décret de 1982) ; enfin, uniquement lorsque les enseignes contribuent de façon déterminante à la mise en valeur des lieux considérés ou aux activités qui y sont exercées, des dérogations aux conditions de surface définies par l’article 6 du décret de 1982. C) Le cas particulier des secteurs sauvegardés L’article L.581-44 C Env. avait prévu qu’un décret fixerait les conditions d’application des dispositions relatives à la publicité, aux enseignes et aux préenseignes figurant dans le règlement année à un PSMV rendu public ou approuvé. Malheureusement près de vingt-cinq ans après l’adoption de la loi, ce décret n’est toujours pas intervenu… III : Les procédures visant à faire respecter les prescriptions applicables aux enseignes Soucieux d’assurer une protection efficace du cadre de vie, le législateur a multiplié les procédures visant au respect des prescriptions applicables aux enseignes. En effet, il existe une procédure administrative (A) à laquelle s’ajoute des sanctions pénales (B). A) La procédure administrative Au vu de l’infraction constatée par un agent habilité dont la liste est dressée par l’article L.581-40 C Env1, conformément à l’article L.581-27 C. Env, l’autorité de police (maire ou préfet) prend un arrêté de mise en demeure dans lequel elle ordonne, dans un délai de quinze jours, soit la suppression, soit la mise en conformité des enseignes en infraction avec la loi et les règlements (nationaux ou locaux) pris en application et, le cas échéant, la remise en état des lieux. 13 L’autorité de police se trouve dans une situation de compétence liée, c’est-à-dire qu’elle est tenue de prendre l’arrêté de mise en demeure l’afficheur qui a installé un dispositif en infraction. Toutefois elle doit lui permettre de présenter ses observations lorsqu’une appréciation est portée sur les faits de l’espèce (CE, sect., 03.02.1999, Montaignac, Rec p.7 ; AJDA 1999 p.567, chron. F. Raynaud et P. Fombeur). Mais comme la loi n’indique pas au terme de quel délai elle doit prendre l’arrêté de mise en demeure, rien ne s’oppose à ce qu’elle avertisse l’afficheur par lettre avant de lui adresser l’arrêté de mise en demeure (TA Paris, 21.10.1987, Cie UAP, Rec tables p.488). En principe l’arrêté de mise en demeure est notifié à la personne qui a apposé ou fait apposer l’enseigne. Mais si cette personne n’est pas connue, l’arrêté est notifié à la personne pour le compte de laquelle les enseignes ont été réalisées. Passé le délai de 15 jours et en cas d’inexécution de l’arrêté, le contrevenant est passible d’une astreinte d’un montant de 86 € par jour et par dispositif maintenu. L’astreinte est recouvrée au bénéfice de la commune sur le territoire de laquelle ont été commis les infractions. L’administration peut également exécuter d’office les travaux prescrits par l’arrêté. L’afficheur peut demander la suspension de l’arrêté dans les conditions de droit commun, c’est-à-dire saisir le juge du référé-suspension conformément à l’article L.521-1 du Code de justice administrative qui pourra lui donner raison « si l’urgence le justifie et qu’il est fait état d’un moyen propre à créer, en l’état de l’instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision ». B) Sanctions pénales Indépendamment de la procédure administrative, le procureur de la République peut engager des poursuites pénales pour les enseignes qui ne respecteraient pas les prescriptions fixées par le décret de février 1982 ou qui auraient été implantées sans avoir obtenu d’autorisation préalable. Les poursuites concernent également les enseignes subsistant au-delà des délais de mise en conformité. L’amende s’élève à 3 750 €, elle est payée par celui qui appose ou fait apposer, soit à l’encontre de celui qui maintient après mise en demeure l’enseigne (Cass crim, 12.11.1986, JCP 1987 IV p.29). Le décret de 1982 prévoit également une contravention de la 2ème classe (150 €) à l’encontre de la personne exerçant l’activité signalée par l’enseigné qui ne la maintient pas en bon état de propreté, d’entretien et, s’il y a lieu, de fonctionnement. Comme l’atteinte au cadre de vie se perpétue tant que le panneau litigieux est en place, l’infraction est considérée comme étant continue. Cela signifie que le délai de prescription, qui est d’un an, ne commence à courir qu’à compter de la constatation de l’infraction par un agent habilité. Philippe ZAVOLI 14 [ La problématique des enseignes développée par le Ministère de l’écologie et du développement durable ] Philippe DEMERON Sous-directeur adjoint des Sites et des Paysages Ministère de l’écologie et du développement durable Je tiens à remercier votre Association d’avoir bien voulu m’inviter, en tant que représentant du ministère de l’écologie et du développement durable, à participer à cette rencontre sur un thème particulièrement important pour la qualité du paysage urbain de nos plus belles villes. Vous savez en effet que ce ministère est en charge de l’application de la loi de décembre 1979 sur la publicité extérieure, du point de vue du cadre de vie. Le ministre de l’écologie et du développement durable s’intéresse particulièrement à cette question, dont il a tenu à souligner à plusieurs reprises qu’elle devait tenir toute sa place parmi les nombreuses attributions de son département ministériel. Je sais également que Bourges dispose depuis plusieurs années d’un règlement local de publicité et c’est avec beaucoup d’intérêt que j’écouterai tout à l’heure la présentation qui en sera faite. Philippe ZAVOLI a fait en introduction de cette journée un rappel très complet des grandes lignes de la réglementation, sur lequel je ne reviendrai donc pas. Les notions cardinales de la loi et des décrets d’application (publicité, enseigne et préenseigne, en agglomération et hors agglomération, interdictions absolues et relatives, possibilité de règlements locaux, zonages…) vous sont parfaitement connues. Pour les enseignes, qui nous intéressent particulièrement aujourd’hui, vous savez que le régime est a priori plus souple que pour la publicité, car il est nécessaire que les activités exercées sur les lieux mêmes se signalent et que, dans les lieux particulièrement protégés, il existe un régime d’autorisation avec avis conforme (secteur sauvegardé) ou simple de l’ABF. Pour les secteurs sauvegardés, j’apporterai cependant quelques précisions. D’abord, pour ce qui est de l’articulation des législations : celles-ci sont certes indépendantes, mais bien évidemment, dans l’esprit du législateur, puisqu’il est nommément question de protéger particulièrement les MH, les secteurs sauvegardés, les ZPPAUP…, qui relèvent du ministère de la culture (textes de 1913, 1962, 1983…), le rapport est étroit. Certes, le décret d’application prévu par l’art. L581-44 al. 2 du code de l’environnement (décret en Conseil d’Etat pour préciser les conditions d’application des dispositions relatives à la publicité, aux enseignes et préenseignes figurant dans le plan annexé à un PSMV) n’est pas 15 intervenu, mais en pratique rien n’interdit, bien au contraire, de parler de publicité ou d’enseignes dans le règlement du PSMV, à condition bien sûr de respecter le cadre fixé par la loi de 1979 et ses textes d’application. En particulier, il est possible d’être plus restrictif et plus détaillé dans le règlement du PSMV. Un autre point que je voudrais souligner est l’importance des règlements locaux de publicité pour bien « coller » à la réalité du terrain. Une enquête menée par le ministère pour 1999 a révélé qu’à cette date, il existait 1006 règlements locaux de publicité concernant 1201 communes et, en totalisant la population de ces communes, on parvenait à un chiffre de plus de 26 millions de Français vivant dans une commune avec un RLP (en comptant 292 règlements en voie d’adoption à l’époque : cf. la revue Patrimoine et cadre de vie du 1er trimestre 2002, n°154, dans un numéro largement consacré à la publicité). Parmi ces communes, toutes les échelles sont concernées, des plus importantes (Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux…) aux plus petites. Vous savez, en particulier, que Paris et Marseille ont lancé tout récemment des procédures de révision de leurs RLP respectifs. Je crois important de rappeler qu’un RLP n’est pas seulement un catalogue d’interdictions ou de prescriptions. Il doit être sous-tendu par une philosophie de l’espace urbain, une réflexion sur la composition urbaine. Il est nécessaire de travailler aux bonnes échelles grâce aux zonage et de prendre garde qu’il faut envisager tous les points de vue (au sens paysager du terme) : ainsi, il serait regrettable de se borner à protéger rigoureusement le centre ancien sans tenir compte, par exemple, des vues plus lointaines qu’on peut avoir en abordant la ville par la route. On est ainsi conduit à travailler sur les entrées d’agglomération, pour elles-mêmes bien sûr, mais aussi en ayant présent à l’esprit que le touriste qui découvre le panorama sur une très belle ville et ses monuments entre les interstices d’une forêt de panneaux et d’enseignes anarchiques risque d’être désagréablement surpris… Certes, nous traitons ici de la protection des plus beaux endroits de nos villes anciennes, et cette préoccupation est légitime. Mais il faut avoir présent à l’esprit que, depuis 1979, la jurisprudence est allée dans le sens d’une protection du cadre de vie urbain plus ordinaire ; l’idée a fait son chemin que, même s’il n’habite pas à proximité d’une cathédrale, d’un palais etc., tout citoyen a droit à un environnement préservé. A cet égard, il semble qu’il y ait une évolution des mentalités, qui ne supportent plus comme avant l’abondance des dispositifs publicitaires de tous ordres. Il en faut en tirer les conclusions : le pire serait, puisqu’on dédensifie dans les secteurs protégés, de surdensifier ailleurs, dès qu’on a franchi la limite ! De ce point de vue, les municipalités elles-mêmes doivent prendre conscience de leur responsabilité par rapport au paysage urbain, non seulement pour ce qui est sur le domaine privé, mais aussi sur l’espace public, le mobilier urbain ou les concessions d’affichage publicitaire. Il leur faut savoir résister aux facilités et peut-être aussi mieux coordonner les services techniques, celui qui est chargé de la publicité et ceux qui sont en charge de la communication, ou de la voirie, par exemple. 16 Un point important doit à mon sens faire partie des RLP – outre ce qu’on peut imaginer en règles de densité, de dimensions et de support, de publicité lumineuse… – c’est qu’il est impératif, outre de se donner les moyens humains nécessaires, de prévoir, en s’appuyant sur un diagnostic préalable, des objectifs, ainsi qu’une évaluation périodique de l’application du règlement local. Ce sont ces principes qui sont appliqués en grand sur un vaste territoire voisin, qui vient d’être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Val de Loire, où une charte d’excellence en matière de publicité est en cours d’élaboration. Pour terminer, je mentionnerai qu’après un quart de siècle d’entrée en vigueur de la loi de 1979, le ministère a entamé un processus de concertation avec tous les acteurs, qu’il s’agisse de professionnels ou d’associations de protection, parmi lesquelles la vôtre a sa place. Des contacts bilatéraux ont commencé depuis plusieurs mois et ces travaux vont se poursuivre selon des modalités plus systématiques qui sont encore à déterminer. L’idée n’est pas, par principe, de modifier la réglementation et, si cela survient, ce ne pourra être que dans un sens plus protecteur. Il faut d’abord écouter les différents points de vue. Mais d’ores et déjà, sur le plan purement technique, on voit qu’il faudra se poser la question des nouveaux procédés (publicité sur bâches de ravalement, sur véhicules non équipés à des fins essentiellement publicitaires, nouvelles technologies…) ; il faudrait clarifier certains points déjà éclaircis par la jurisprudence (notion d’agglomération…) ; il faudra peut-être aussi prendre les décrets d’application qui n’ont pas encore été pris. Ceci nous renvoie, en particulier, à mon interrogation de tout à l’heure pour les secteurs sauvegardés : comment procéder (décret, circulaire, ou simplement fiche technique ?…), car les services de la culture sont fortement demandeurs, je crois, de précisions. Nous allons y réfléchir en commun avec nos partenaires de la culture, en particulier avec Françoise COMMENGE qui, je crois, doit prendre la parole à présent. Philippe DEMERON 17 [ Présentation des enjeux des enseignes du point de vue esthétique et juridique ] Françoise COMMENGE Architecte et urbaniste en chef de l’Etat Chef du bureau des abords des monuments historiques et des ZPPAUP Sous-direction des espaces protégés et de la qualité architecturale Direction de l’architecture et du patrimoine Ministère de la culture et de la communication Tout d’abord, je souhaite remercier votre association d’avoir organisé cette journée de débat sur un sujet délicat qui préoccupe les architectes des bâtiments de France dans les services départementaux de l’architecture et du patrimoine. Je vais vous parler de la vision d’ensemble des espaces protégés par le ministère de la culture et de la communication, autant les abords des monuments historiques que les secteurs sauvegardés et les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager, ZPPAUP, par rapport aux enseignes de la loi de 1979 sur la publicité et les enseignes, reprise dans le code de l’environnement régi par le ministère de l’écologie et du développement durable. Le parallélisme de ces deux procédures, secteurs sauvegardés et ZPPAUP, est évident puisqu’il existe un règlement où la règle est écrite ce qui permet aux administrés de savoir ce qui sera autorisé et ce qui ne le sera pas, avec des degrés divers selon la procédure, la qualité des lieux, la volonté commune des élus et des services de l’état. Au début des années 1980, la tendance était de ne rien écrire dans les règlements des secteurs sauvegardés et de laisser ce soin au groupe de travail sur la publicité et les enseignes, ce qui incluait une autre approche que celle du secteur sauvegardé, probablement dans l’attente d’un décret annoncé dans la loi. Un exemple : Le groupe de travail qui concernait les secteurs sauvegardés et les sites classés de Paris souhaitait que l’on puisse installer des enseignes sur les marquises des commerces ; or, l’état subventionnait la démolition des marquises dans le secteur sauvegardé du Marais ; les conforter pour y installer une enseigne était paradoxal. Par ailleurs, la superbe marquise 1900 du restaurant la Grande Cascade dans le Bois de Boulogne ne devait pas être dénaturée par une enseigne ! Certes, l’architecte des bâtiments de France dispose d’un avis conforme, mais il lui est difficile de refuser ce qu’un règlement autorise. 18 Un autre exemple : En 1995, lorsque j’ai commencé à appliquer les règlements des ZPPAUP dans le Loiret, rien n’était spécifié pour les enseignes ; par rapport au traitement des enseignes dans les abords des monuments historiques, il n’y avait aucune amélioration, aucune prévisibilité des règles. Le code de l’environnement mentionne à plusieurs reprises des dispositions particulières aux espaces protégés : sites, secteurs sauvegardés, monuments historiques et leurs abords, en particulier pour les délais de réponse. Un décret d’application pour les secteurs sauvegardés est annoncé, mais il n’a pas été publié. L’interdiction de publicité dans les ZPPAUP y a été ajoutée ultérieurement ; aucune notion particulière n’est précisée pour les enseignes en ZPPAUP, en dehors de l’avis simple et non conforme de l’architecte des bâtiments de France. Dans la loi des ZPPAUP de 1983, maintenant reprise dans le code du patrimoine, rien n’est précisé sur les enseignes. La circulaire de 1985 qui leur est consacrée, est très limitée et finalement non suivie d’après ce que j’ai pu constater : « Le règlement de la ZPPAUP ne peut établir de prescriptions ayant valeur nominative, son étude peut être l’occasion d’établir des recommandations ». Le propos de la loi de 1979, par rapport à la situation antérieure, était de créer un encadrement de la situation législative, mais aussi d’offrir une certaine libéralisation pour participation au développement de ce secteur de l’économie. Son principe est basé, entre autres, sur l’autorité du maire qui délivre les autorisations et perçoit une taxe d’occupation du domaine public municipal et son pouvoir de police avec la procédure de référé, efficace, fondée sur la rapidité et l’astreinte quotidienne ce qui permet réellement de faire déposer une enseigne litigieuse. Les règlements des ZPPAUP et des secteurs sauvegardés que j’ai consultés à la direction de l’architecture et du patrimoine, donnent des règles de bonne conduite pour aider l’architecte des bâtiments de France dans sa mission, en l’absence de règlement de la publicité et des enseignes établi par un groupe de travail. Ces règlements, parfois très succincts, dans un langage simple, clair, facile à comprendre permettent à l’architecte des bâtiments de France de « prouver » que la règle est écrite. Comment se présentent les prescriptions sur les enseignes dans les règlements des secteurs sauvegardés ? Ils précisent certaines règles de base et principes souvent liés aux articles concernant les devantures commerciales. • Les caissons lumineux sont proscrits. • Le nombre des enseignes est limité à 2. • La hauteur des lettres est limitée et parfois modulée selon la voie. • L’éclairage intermittent est proscrit. • L’emplacement dans la devanture commerciale ou par rapport à l’architecture de l’immeuble est cadré : limité au rez-de-chaussée commercial et exclu des gardes-corps de fenêtre. • Des croquis d’emplacement sont montrés en exemple à Chartres et Dinan. • Les spots sont souvent proscrits. 19 • Le règlement de la ZPR est signalé à Avignon et à Menton. J’ai noté que certains règlements recommandent d’éviter les pastiches d’enseignes de type médiéval. Les prescriptions sur les enseignes dans l’énoncé des règles en ZPPAUP sont équivalentes, même si elles sont parfois plus succinctes que pour les secteurs sauvegardés. Elles évoquent plutôt la bonne insertion et des principes généraux et constituent une bonne base de travail entre les particuliers, les « enseignistes », les élus et l’architecte des bâtiments de France. Le code de l’environnement ne note pas d’indication particulière sur ces règles éventuelles en ZPPAUP ce qui conduit à s’interroger sur leur opposabilité. L’enseigne n’est pas distincte du bâtiment sur lequel elle est implantée dont elle peut modifier les proportions, par son emplacement et ses couleurs. A ce titre, elle est partie intégrante du cadre bâti. Sur une devanture commerciale, ses bonnes proportions par rapport au bandeau qui l’accueille, la présence ou non d’un caisson lumineux, modifient son impact sur l’architecture de l’immeuble et dans la ville. Une grande subtilité est nécessaire pour réussir à se faire voir, sans dénaturer l’harmonie d’ensemble de l’immeuble ou de l’environnement. De plus, la distance d’appel est différente en ville et en zone dégagée, péri urbaine ou rurale. Le problème des chaînes (marques ou logo) avec leurs couleurs et leurs dimensions imposées, quelque que soit l’immeuble, sa typologie ou la région, est récurrent. La mise au point conjointe d’un code de bonne conduite, dans certaines zones, montre l’entente des acteurs locaux, condition indispensable pour des résultats de qualité donnant satisfaction à tous les acteurs. Un autre exemple : en commission supérieure des monuments historiques, deuxième section, consacrée aux travaux en abord de monument historique, a été examiné, récemment, un projet face aux arènes de Nîmes : belles façades contemporaines de bonnes proportions, bien composées, mais, au rez-de-chaussée, va s’installer la « taverne de Maître Kanter ». Pour préserver cette qualité, les membres de la commission ont demandé qu’aucun store ne soit fixé à l’immeuble et qu’une grande vigilance soit consacrée aux enseignes, non présentées. Il n’est pas possible d’interdire une enseigne à un commerce, mais il ne faut pas que cette enseigne nuise à la qualité de notre environnement. Souvent, malheureusement, les groupes de travail sur la publicité ont tendance à inciter à la réalisation d’enseignes, certains professionnels sont âpres dans les discussions ; des batailles ont même été évoquées par certains. Les enseignes sont plus discrètes maintenant qu’en 1980 ou 1985. Par exemple, les banques ont compris que la discrétion est porteuse d’une meilleure image que la prolifération antérieure et les couleurs trop vives. 20 Avant de conclure, je souhaite aborder le problème des « franges », intermédiaires entre les centres anciens et autres espaces protégés et l’espace rural. Plusieurs ministères se penchent depuis plusieurs années sur la présentation désastreuse des entrées de ville. Il arrive que les publicitaires et les commerçants concentrent à la périphérie tous les panneaux qu’ils ne peuvent installer en centre ville. Cette prolifération peut nuire à l’image de la ville. Une certaine cohérence est nécessaire entre les espaces protégés et les espaces qui les entourent, entre l'harmonie voulue par les élus au centre ville et l’entrée, l’accès à cette zone privilégiée. La préparation de ce séminaire nous a permis de nous interroger sur l’application de la loi, sa réaction et les difficultés d’interprétation. Nous avons dû relire, très précisément, les différents articles pour trouver les délais réservés aux architectes des bâtiments de France et la portée de leurs avis, conformes ou simples, dans les différents espaces protégés. Le ministère de l’écologie et du développement durable envisage de travailler sur une amélioration éventuelle du dispositif actuel et, si nous éprouvons quelques difficultés à trouver rapidement une réponse à nos questions, quelles ne sont pas celles des administrés, fabricants d’enseignes ou commerçants, qui veulent déposer une demande d’autorisation pour un projet, régulièrement, et cherchent dans le code de l’environnement ce qu’ils peuvent réaliser. Cette journée de réflexion pourra faire comprendre les souhaits des différents acteurs et orienter les futures démarches. Françoise COMMENGE 21 [ Rôle et place des architectes des Bâtiments de France ] Jean-Michel MAROUZE, Architecte des Bâtiments de France Chef du SDAP de Côte d’Or I- Qu’est-ce qu’une enseigne ? Ne faut-il pas, tout d’abord, poser la question : « Qu’est-ce qu’une enseigne ? » afin d’être sûr qu’on évoque bien la même chose ? • Pour le législateur : une enseigne, c’est « toute inscription, forme ou image, apposée sur un immeuble et relative à une activité qui s’y exerce ». • Pour le commerçant : c’est avant tout une manière de communiquer et d’attirer le chaland. • Pour le touriste : ce peut être, positivement, un moyen de trouver un service en urgence, une mise en valeur du centre urbain, voire un caractère spécifique de la ville, mais aussi, négativement, une pollution visuelle ou un élément banalisant. • Pour l’habitant : c’est d’abord un repère lorsqu’il cherche tel commerce ou service, puis souvent ce n’est plus rien parce qu’il connaît trop sa rue et ne regarde plus. • Pour le fabricant : c’est un produit commercial, directement lié à une mise en concurrence. II- Deux grands types d’enseignes 1) L’enseigne de commerce indépendant Elle se caractérise par : • • • • • • la liberté de choix (forme, teintes, matériau, message) et d’adaptation, généralement un faible budget, peu d’innovation technique, un professionnalisme d’exécution variable, une bonne connaissance des réglementations locales ou son absence totale, l’urgence (on y pense souvent en fin de chantier). 2) L’enseigne de réseau Elle représente souvent l’inverse de la précédente : • fortes contraintes (modèles normalisés), • pas de problème de budget, c’est plutôt l’abondance de biens (enseignes perpendiculaire et à plat, logotype, totem, écussons ou plaques de rue, poignée de porte,…), 22 • • • • soumission à la mode (le caisson carré pour les banques !), innovation technique plus faible qu’on ne l’attendrait, bon professionnalisme, peu d’urgence quand le commerce est déjà en place. III- Le rôle de l’Architecte des Bâtiments de France Placé au milieu des aspirations évoquées ci-avant, souvent contradictoires, l’Architecte des Bâtiments de France a essentiellement un rôle de REGULATEUR : assurer une cohérence entre le commercial et les autres fonctions de la rue, entre l’enseigne et son support (l’architecture de l’immeuble), entre les différents commerces qui se suivent (éviter les hiatus), tout en incitant à la créativité et à la qualité qui, au final, font la différence. IV- La réglementation Le dépliant réalisé par la Ville de Bayonne donne bien ses objectifs : • donner à chaque commerce les mêmes chances que ses voisins, en évitant la surenchère, • valoriser le patrimoine, base de l’attractivité du centre-ville, • s’adapter à la spécificité de la ville, ce qui peut poser problème aux modèles des réseaux et franchises, • simplifier la procédure par des règles pré-exprimées et communes à tous les services, • harmoniser, au-delà, l’ensemble de la signalétique. Ses caractéristiques : De manière générale, les règlements proposent des prescriptions concernant la taille, la forme, l’emplacement, les matières et les couleurs des enseignes. Ils ne peuvent résulter que d’un travail de groupe, où chacun des intervenants apporte sa sensibilité et ses attentes. La difficulté est celle de tous les règlements : • complets et précis : ils limitent vite la créativité, • souples et légers, ils ne résistent pas aux dérapages et aux contestations. D’où la nécessité absolue de définir d’abord très précisément les objectifs et l’image de ville que l’on veut donner, de manière à ce que l’Architecte des Bâtiments de France puisse, en toute connaissance de cause, exercer son rôle technique et sensible d’appréciation, sans trop en référer à ses propres goûts. Exemple : les « caissons lumineux « sont souvent interdits. Est-ce : • parce qu’ils sont lumineux ? (le jour, quelle est la différence avec un caisson non lumineux), • parce qu’ils coupent plus la perspective qu’une enseigne découpée ? • parce qu’ils sont généralement de forme simpliste, carrée ou rectangulaire ? 23 • parce qu’ils ont souvent un fond blanc blafard, • parce que la tranche est mal traitée ? • parce qu’ils font anachronique sur un immeuble ancien ? Sa mise en œuvre La réglementation ne peut être efficace qu’à trois conditions : • être largement diffusée : information régulière des commerçants et des fabricants, relais des Chambres de Commerce et d’Industrie, • être présentée comme valorisante : concours des meilleurs réalisations, primes,…, • être accompagnée de la répression rapide des infractions (arrêté du Maire avec astreinte). Il faut, en contrepartie, qu’elle n’alourdisse pas trop les circuits et les délais : réponse sur avant-projet, examen conjoint ABF / Mairie,… V- Des axes de progrès J’ai répondu, en tant qu’Architecte des Bâtiments de France, à l’échelon d’un ou deux départements. Pour ce qui concerne les enseignes de réseaux, des hiatus sont nombreux entre une production nationale et les contraintes locales, entraînant des pertes de temps et d’efficacité considérables. Seraient notamment attendus : • une harmonisation des formulaires et du contenu des dossiers de demande, • la mise en place, au sein du Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable, d’un conseil aux designers et créateurs d’enseignes. Il ne s’agirait évidemment, ni de figer la production, ni de créer des modèles-types pour l’ensemble du territoire national, mais de placer une interface entre les Architectes des Bâtiments de France et la profession, pour l’orienter très en amont dans la conception des projets. Et pourquoi pas, à la suite, la signature d’une Charte Nationale de l’Enseigne définissant les objectifs communs de l’Etat, des Collectivités et des Professionnels ? Jean-Michel MAROUZE 24 [ Enseigne et secteur sauvegardé L’expérience de Bourges ] Pierre-André EFFA Directeur de l’urbanisme Ville de Bourges L’affichage publicitaire et les enseignes constituent par nature une sollicitation visuelle et psychologique aussi bien dans les milieux urbanisés que dans les espaces naturels. Qu’ils s’agissent d’enseignes, de préenseignes, d’affichage d’opinion, et même de publicité, il s’agit d’une certaine manière de la liberté de communiquer, d’informer. La réglementation constitue une limite à ce droit fondamental. Le législateur a essayé de limiter les effets pervers de l’usage de ce droit, d’autant plus qu’émerge le souci de la protection de l’environnement et des paysages urbains. Le règlement municipal de publicité constitue un document à annexer au Plan Local d’Urbanisme que nous établissons actuellement. C’est pourquoi le contenu de mon intervention portera plus sur la manière dont nous avons essayé de faire, de construire notre démarche plus que sur le contenu même de notre réglementation. 1. Un enjeu de communication Nous vivons une société où la communication revêt une importance considérable. C’est un vecteur d’idées, de messages, d’informations, mais la communication, c’est aussi un secteur d’activité marchande générateur d’emplois, et c’est enfin un facteur de développement économique. On voit tout de suite le caractère multiple des partenaires. Et puis il y a ceux qui ne sont pas particulièrement destinataires des messages et qui vivent alors la communication comme une pollution. Ainsi pour qu’un centre ville vive, il a besoin de commerces qui ont quant à eux besoin de communiquer pour vivre, cependant cette communication est parfois vécue comme une pollution visuelle. L’enseigne doit alors prendre à bras le corps le souci d’intégration. Ce souci trouve une limite avec le budget que le commerçant souhaite consacrer à cette enseigne. On voit tout de suite les conflits engendrés par cette situation. De plus, les élus se trouvent au cœur de ce débat rythmé par les calendriers électoraux. 25 Enfin, pour qu’une réglementation fonctionne, il nous fallait une règle simple, facile à comprendre par des agents peu sensibilisés à la logique des règlements d’urbanisme. 2. La nécessité de la réflexion partagée entre les différents acteurs Nous avons mis en place une démarche très pragmatique. L’élaboration de notre règlement a permis aux différents acteurs de se rencontrer, d’échanger leur point de vue pour essayer de trouver une réglementation qui aurait la caractéristique de prendre en compte les intérêts de chacun ainsi que les contraintes. Nous n’avons pas souhaité une réglementation lourde. Nous insistons sur quelques élément qui nous ont semblé essentiels : le nombre d’enseignes, la taille de l’enseigne, l’implantation dans la façade en essayant d’introduire un peu de souplesse pour tenir compte des caractéristiques des façades. Après avoir dressé un état des lieux en partenariat avec l’architecte des Bâtiments de France, nous avons accompagné cette réflexion sur le règlement de la mise en place de plusieurs dispositifs : • • • Création d’un dossier de demande d’autorisation, Une charte pour expliquer la réglementation et les enjeux des enseignes Un concours d’enseignes 26 3. Le bilan : une évolution lente mais positive et régulière Ces dispositifs ont peu à peu été mis en place et l’on peut commencer à en faire le bilan. Certes, le résultat n’est pas aussi satisfaisant qu’on pourrait le souhaiter. Et d’ailleurs nous pensons qu’il reste beaucoup à faire. Cependant, le nombre d’enseignes en infraction diminue et nous observons une lente mais régulière normalisation des enseigne, les commerçants commencent à prendre l’habitude de prendre cette question en compte en amont. Aujourd’hui, le nombre d’enseignes en infraction diminue et nous observons des résultats plus marquants. Cela suppose d’adapter le service d’urbanisme en développant le volet contrôle de notre action. Pierre-André EFFA 27 [ Le secteur sauvegardé de Bourges : publicité et enseignes ] Marc CIOFFI, Architecte des Bâtiments de France Chef du SDAP du Cher • Le secteur sauvegardé Le secteur sauvegardé de la ville de Bourges a été créé le 18 février 1965 et approuvé en conseil d’Etat le 20 juillet 1994. Il englobe dans son périmètre 64 ha du centre ville et comprend non seulement l’ensemble urbain inclus à l’intérieur des remparts du IVème siècle, mais aussi une part importante des quartiers construits au-delà de ces murs, principalement autour des abbayes et des paroisses et qui furent réunis par l’enceinte du XIIème siècle. Un certain nombre de rues participe à l’animation du centre ville et offre des perspectives intéressantes indissociables du paysage urbain ancien. Ainsi délimité, le secteur sauvegardé comprend la quasi-totalité des richesses de la ville, qui compte aujourd’hui 110 monuments historiques classés ou inscrits dont la cathédrale SaintEtienne, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, et le Palais Jacques Cœur. Il englobe également tous les points sensibles du centre-ville, les activités commerciales, administratives, de service, de loisirs et de culture qui caractérisent le centre ancien de l’agglomération. Dans ce contexte, il convient de permettre aux activités de commerce, d’artisanat et de service, une bonne insertion dans le tissu urbain ancien et leur assurer de meilleures conditions de fonctionnement. • Publicité, enseignes D’aucuns pourront constater que certaines villes historiques sont exemptées de publicité, d’enseignes démesurées et de mobilier urbain alors que d’autres en sont largement pourvues. Ces dernières sont également bien fournies en chevalets, banderoles, en enseignes lumineuses ou clignotantes, en publicité défilante ou tournante. Le tout sur fond d’illégalité pour une grosse part de ces installations. Aussi, sans méconnaître leur utilité pour l’économie, l’affichage publicitaire et les enseignes constituent trop souvent une agression visuelle. L’architecte des bâtiments de France doit surveiller de près l’équilibre qui résulte de l’installation d’enseignes sur un bâtiment ou de mobilier urbain sur l’espace public. En ce qui 28 concerne les enseignes, la solution de la zone de publicité restreinte peut se montrer parfaite pour peu que l’architecte des bâtiments de France soit consulté par le maire selon la pratique à Bourges. La réalisation d’un règlement local de publicité semble être une bonne chose pour l’architecte et, par conséquent, pour la protection du cadre de vie en centre ancien. • Le cas de la ville de Bourges A Bourges, nous disposons de plusieurs outils réglementaires et de conseil permettant d’apprécier et de gérer les projets d’enseignes et de signalétique dans le centre ancien de la ville. Le « règlement d’urbanisme du secteur sauvegardé » comporte un certain nombre de disposition en matière de prescriptions concernant les projets de façades commerciales et d’enseignes et fixent quelques règles concernant les proportions, les dimensions, les matériaux et les couleurs. En application de la loi du 29 décembre 1979, la municipalité de Bourges a agi et adopté une « zone de publicité restreinte » avec un règlement de publicité qui couvre l’ensemble du secteur sauvegardé ainsi que des zones urbaines sensibles. En ce qui concerne les enseignes, « d’une manière générale, l’installation d’une enseigne ne doit pas altérer le caractère architectural des bâtiments et le cachet du site ». De par ses dimensions, ses formes et ses couleurs, elle doit s’intégrer harmonieusement à la façade, compte tenu du lieu d’implantation, de son impact sur le bâtiment concerné ainsi que des perspectives proches ou lointaines. Par ailleurs, toujours dans le même domaine, la ville de Bourges s’est attachée à élaborer une doctrine en étroite concertation avec le Service départemental de l’architecture et du patrimoine, afin de privilégier le respect des échelles et des rythmes, le choix des matériaux et le traitement des espaces de proximité. Chaque projet doit contribuer à renforcer les qualités urbaines des espaces publics concernés. Ce travail a débouché sur une « charte d’aménagement des façades et enseignes artisanales et commerciales » établie dans le cadre de l’opération « Bourges centre 2000 ». Ce document est un outil d’aide et de conseil pour les projets de réfection de façades commerciales et la mise en place des éléments de signalétique qui les accompagnent. Il rappelle la nécessité de préserver l’unité architecturale, d’avoir le souci d’une insertion harmonieuse et donne quelques réalisations en exemple. Il précise l’attention à porter au choix des matériaux, des couleurs, etc… Enfin, il rappelle que « tout projet doit être soumis à l’approbation de l’architecte des bâtiments de France ». La ville s’est aussi engagée dans la mise en œuvre d’une plus grande cohérence en matière d’éclairage et de mobilier urbain et une réflexion en ce sens est conduite depuis ces trois dernières années. L’ensemble de ces éléments devrait avoir des développements consacrés à la redécouverte des espaces publics, à la promotion du patrimoine architectural et urbain et à la qualité du bâti ancien. 29 Cette politique de mise en valeur du patrimoine est attestée par l’ouverture depuis quatre ans d’un parcours de découverte architecturale de la ville portant sur les monuments et le centre médiéval. Cet itinéraire s’adresse autant aux touristes qu’aux habitants de la ville. Il est conçu comme un moyen de se réapproprier l’histoire monumentale de la ville sous tous ses aspects. Une meilleure connaissance du patrimoine architectural de la ville contribuera à sensibiliser les habitants comme les visiteurs à l’importance de sa protection. Marc CIOFFI 30 [ Bayonne : une réglementation pour les enseignes ] Fiche technique Jacky CRUCHON Directeur de l’Urbanisme Ville de Bayonne La Ville de Bayonne a souhaité mettre en place un règlement municipal sur les enseignes dans le cadre de la loi du 29 décembre 1979. METHODE Plutôt que de fixer a priori une règle, la Ville a associé tous les acteurs concernés dans une groupe de travail constitué de représentants de la Chambre de Métiers, de la Chambre de commerce et d’industrie, de l’Architecte des Bâtiments de France, de l’Union Commerciale et de l’Office de Commerce ainsi que tous les fabricants inscrits au registre des consulaires. Ce groupe de travail a rédigé en commun un projet de règlement. OBJECTIFS Il s’agissait de proposer pour la Ville de Bayonne un projet de règlement qui dans un périmètre protégé définirait une qualité d’enseigne en termes de matériaux, d’éclairage, de dimension, de graphisme et du respect de l’architecture, la modénature des immeubles. La concertation avait pour but de trancher un débat (enseignes à « l’ancienne » ou enseignes « modernes ») mais aussi et surtout d’élever au maximum la qualité en restant dans le champ du possible c’est-à-dire que chaque entreprise ait les moyens techniques de répondre à la règle. De fait, les professionnels sont allés au-delà des espérances de la Ville en fixant des règles dimensionnelles très strictes. 31 REGLES ETABLIES Elles sont essentiellement dimensionnelles (épaisseur, largeur, hauteur, point bas…) et recherchent un positionnement (au-dessus des baies, dans les étages, ….) qui accompagne l’ordonnancement des façades. Ces règles laissent libre cours à la créativité des professionnels ainsi que la mise en œuvre de chartes graphiques des commerces. Toutefois, le principe d’une enseigne par façade et par rue a été retenu (une enseigne drapeau plus une enseigne parallèle). Les enseignes parallèles dans ou derrière les baies ne sont pas concernées par cette limitation. L’éclairage direct ou indirect est réglementé. LA MISE EN OEUVRE A – UNE PHASE TEST Ces propositions ont été testées pendant deux ans à travers deux rues-tests et à travers les autorisations nouvelles. Deux ans plus tard, le groupe de travail s’est à nouveau réuni (avril 2002) pour, si les acteurs le souhaitaient, remettre à plat les règles du jeu. A l’unanimité, le groupe de travail s’est déclaré satisfait. Le seul amendement demandé par les professionnels a été de faire passer l’épaisseur des enseignes en drapeau de 5 à 10 cm maximum. 32 B – LA MISE EN PLACE DE LA REGLE 1. JURIDIQUE Le groupe de travail constitué par le Préfet sur la publicité et les enseignes a accepté le projet à l’unanimité ainsi que la Commission des sites. L’arrêté municipal sera pris courant Août 2003. 2. PRATIQUE Soucieuse de ne pas attendre que la règle s’applique dans son volet coercitif, la Ville a mis en place une campagne d’information à travers une plaquette (ci-jointe). Cette campagne propose des aides financières pour que les nouvelles règles se mettent, dans les faits, en place au plus tôt. Basée sur le volontariat, cette proposition fait que le périmètre protégé verra les enseignes « non conformes » modifiées avant la prise d’effet de l’arrêté municipal (24 mois après sa publication) en 4 phases. Chaque phase définit sur une partie du périmètre un programme de changement des dispositifs avec une incitation financière de la Ville dégressive : 500 € les 6 premiers mois de la tranche, 150 € les 6 mois suivants, 0 € au-delà mais l’obligation s’imposera. Les professionnels sont informés de ces phases. Les services municipaux et les élus rencontrent chaque commerçant pour présenter le projet et prévoir les dispositifs à changer. L’accueil des commerçants et fabricants s’est avéré excellent. Jacky CRUCHON 33 [ Présentation de l’expérience de Pézenas Christine CATALA Animatrice du patrimoine Pays de Pézenas ] Contrairement aux opérations mises en place à Bayonne et Bourges, il s’agit d’une action menée à l’échelle d’une petite ville de 7500 habitants, l’objectif de la présentation est de montrer que l’on peut, avec un budget limité, arriver à des résultats visibles en s’inscrivant dans la durée. Le secteur sauvegardé de Pézenas a été créé en 1965, il a une superficie de 17 ha, le périmètre recouvre la ville médiévale et la ville classique, plusieurs actions s’y sont succédées. Le contexte en 1997 : Après 2 Opérations Programmées d’Amélioration de l’Habitat et une opération « Charmes », on observe une pause dans la mise en valeur du Secteur sauvegardé. La procédure d’OPAH n’étant pas mobilisable à ce moment là, la municipalité décide de relancer une dynamique de réhabilitation dans le cadre d’une opération communale incitative. Les cibles sont alors les suivantes : • les façades : depuis la fin de l’OPAH et des subventions, aucune façade n’a été ravalée. • les devantures et enseignes : peu de travaux sont réalisés par les commerçants, la qualité des réalisations n’est pas satisfaisante. • Les portes : Pézenas renferme un grand nombre de menuiseries de qualité qui ont fait l’objet d’un poster, souvent dégradées, elles nécessitent une restauration et parfois une restitution. • Les ferronneries : Pézenas renferme un grand nombre de balcons, grilles d’impostes … du 18ème siècle dont l’entretien est insuffisant. • Les cours : à l’occasion des travaux de restauration des hôtels particuliers, les interphones se multiplient et condamnent l’accès aux visiteurs. Seule l’opération « devantures enseignes » sera détaillée : En 1997, le commerce est peu dynamique ; deux secteurs fonctionnent de manière différente : • le centre médiéval renferme une centaine de boutiques avec des ateliers d’artisanat d’art et des commerces à caractère saisonnier. • La ville classique compte aussi une centaine de commerces dits classiques. 34 Les objectifs de l’opération sont : • d’encourager des travaux de qualité réalisés dans le respect du règlement du secteur sauvegardé, • de réaliser des travaux intégrés à la façade et à l’environnement urbain. Les moyens mis en œuvre : • une plaquette destinée à rendre compréhensible le règlement du secteur sauvegardé pour ce qui concerne la création de devantures et enseignes. • une incitation financière pour favoriser les travaux de qualité • un conseil architectural de l’Architecte des Bâtiments de France assisté d’un architecte conseil. La plaquette : Des photos explicitent les termes techniques tels que devantures en applique, en feuillure, enseigne en drapeau…, montrent des exemples à suivre, et expliquent le contenu de la demande d’autorisation. (plaquette épuisée) 35 La subvention : Elle s’adresse au propriétaire ou au locataire dans le cas d’un bail commercial. La subvention est de 30% du montant de la dépense, elle est au maximum de 3050 € (20 000 F). Le périmètre d’intervention : Le centre médiéval et les principaux axes commerciaux du centre ville. Les travaux subventionnés : Les devantures bois, de style 19ème sont nombreuses, quelques grilles de sécurité traitées de manière esthétique ont été subventionnées, les enseignes sont la plupart du temps en bois peint avec une potence de fer forgé, on regrette la rareté des propositions de style contemporain. Les résultats quantitatifs et qualitatifs : Après 7 ans d’existence, 26 devantures et 10 enseignes ont été subventionnées, plusieurs projets ont été réalisés sans subvention pour des raisons diverses, on dispose aujourd’hui d’un panel d’exemples significatifs qui ont changé l’esthétique du centre ville et la perception d’une partie des commerçants. L’incidence sur le budget de la commune est faible : en moyenne 34 000 F par an. Les évolutions : Depuis 1997 un embellisseur de ville a été recruté dans le cadre des emplois jeune, sont rôle est d’être en contact permanent avec la population et en particulier les commerçants, renseigner, conseiller toujours en lien avec l’Architecte des Bâtiments de France (ABF) présent seulement 2 jours par mois et l’architecte conseil 1 jour par semaine. 36 Un groupe de travail comprenant architectes, élus, services municipaux, office de tourisme et embellisseur examine les demandes de subvention. Les orientations envisageables : • poursuite de l’incitation financière, • nouvelle mission d’architecte conseil, • élargissement du partenariat aux associations de commerçants, d’artisans et d’usagers, • évolution du règlement devantures enseignes au travers d’une charte, • projet de formation des artisans menuisiers sur le thème des devantures. Christine CATALA 37 [ Présentation de l’expérience de Dijon Jean-Pierre GILLOT Maire Adjoint chargé du patrimoine Ville de Dijon ] La ville de Dijon récompense, depuis très longtemps, sous la forme de primes, les « propriétaires-rénovateurs » qui ont particulièrement bien soigné la restauration de leur immeuble ou de leur devanture. La prime décidée en 1947 par le Chanoine Kir, alors Maire de la ville, s’appliquait au centre-ville, puis dans les limites du secteur sauvegardé approuvé en avril 1966. C’est en 1983 que la commission extra-municipale du Secteur Sauvegardé s’intéresse aux enseignes. Le centre-ville est composé de 60% de maisons datées d’avant 1800, l’intégration du commerce doit se faire en harmonie avec ce tissu urbain ancien ; sa signalétique recherche donc son impact par sa qualité et non pas par la quantité et/ou l’agressivité. L’enseigne à l’ancienne est tout à fait adaptée à la ville ancienne. Le type le plus courant est l’enseigne perpendiculaire au bras de potence en fer forgé soutenant un « tableau » ou écusson de tôle ou bois peint. L’enseigne peut être un motif découpé en fer, voire travaillé en ronde bosse. Depuis 1983, 222 enseignes ont été primées pour un budget de 70 000 €, les primes allant de 150 à 1500 € ; il faut également signaler que depuis l’année 2000 les primes aux enseignes se sont étendues sur l’ensemble la ville. 38 Cette politique de primes est, je crois, une originalité dijonnaise, elle permet : d’inciter les commerçants à des restaurations qualitatives, de rapprocher, par des solutions négociées, les différents points de vue et rappeler les exigences administratives, de créer un certain esprit d’émulation, de conjuguer le respect du cadre administratif et le dynamisme économique. La remise des primes décernées par la commission extra-municipale a lieu en présence de Monsieur le Maire, des élus, des particuliers et commerçants ayant effectués des poses d’enseignes ou des restaurations d’immeubles, il y a donc deux catégories de primes. Les artisans ayant travaillé à l’exécution des projets sont invités et généralement présents. Les œuvres sont exposées sous la forme de photos sur des panneaux. La prime, sous la forme d’un diplôme, est remise au lauréat par Monsieur le Maire. A partir de l’année 2004, j’ai souhaité la remise d’une prime exceptionnelle aux travaux d’art exécutés par les ouvriers du Service des Ateliers de la Ville de Dijon (réfection de protections des vitraux des divers édifices en grillage cuivre ou laiton, reprises de peinture sur faux marbres, pose de tentures, etc…). Jean-Pierre GILLOT 39 [ Le point de vue des professionnels de l’enseigne : les pratiques connues en France ] Victor SAUVAGET Président de la réglementation des enseignes de Synafel (Syndicat National de l’Enseigne et de la Signalétique) Le Syndicat National de l’Enseigne et de la Signalétique est une force de 250 adhérents : - des enseignistes des signaléticiens des installateurs d’enseignes des sociétés de service des sociétés de formation des fournisseurs aux enseignistes et signaléticiens qui travaillent ensemble à la réalisation de plusieurs objectifs : S’informer des réglementations, Participer à l’élaboration des normes, Mettre en place la certification de service « Qualif’Enseigne-Signalétique », Réaliser une veille des nouveautés en matière de produits et de techniques, Former les salariés dans les domaines de la sécurité, Prévoir l’avenir en participant avec l’Education Nationale à l’élaboration des diplômes de la profession, - Promouvoir la profession et en communiquer les savoir-faire. - Les commissions de travail du Synafel permettent de réaliser ces objectifs : - La commission « Réglementation des Enseignes » diffuse les informations, organise des ateliers, table ronde et rencontre avec les mairies et les Architectes des Bâtiments de France et les adhérents, - La commission Normes participe aux travaux européens du CENELEC à Bruxelles, puis communique et explique aux adhérents du Synafel les nouvelles obligations normatives, - La commission certification œuvre avec BVQI au développement de la certification de service « Qualif’Enseigne Signalétique » 40 - La commission Produits Nouveaux diffuse toute information sur les produits nouveaux et les techniques nouvelles, - une commission Installation diffuse les documents utiles à la sécurité des chantiers, prépare une formation pour les installateurs d’enseignes - la commission Formation travaille en collaboration avec les lycées professionnels et l’Education Nationale pour faire évoluer les référentiels de formation et créer de nouvelles formations, - le magazine « ICONA, le Magazine de la Communication Visuelle », diffusé auprès des réseaux, designers, franchiseurs, architectes, ainsi qu’auprès des professionnels de l’enseigne et de la signalétique, - le concours ICONA d’OR récompense les créations ou réalisations d’enseignes de réseaux ou individuelles et de signalétique les plus intéressantes ou innovantes, mais aussi les communes qui mettent en place des politiques cohérentes intégrant la nécessaire visibilité des commerçants et le respect de l’environnement architectural. Le SYNAFEL est membre de la Fédération Européenne de l’Enseigne et de la signalétique (EVL), basée à Zurich, en Suisse. Les réunions de travail et congrès organisés par l’EVL permettent aux adhérents de confronter leurs problématiques nationales et de les faire évoluer d’une même voix, au niveau européen. Le SYNAFEL est également membre de l’Association Internationale de l’Enseigne (ISA), basée en Virginie aux Etats Unis, ainsi que de la FIEEC : Fédération des Industries Electriques, Electroniques et de Communication, à Paris. Le site internet du Synafel www.synafel.fr permet d’accéder en direct à chacun des adhérents du Synafel et fournit à ceux-ci la source d’informations toujours à jour des thématiques de la profession. Victor SAUVAGET 41 42 43 LISTE DES PARTICIPANTS ADEVAH Angélique, Chargée de mission Métiers d’art et Patrimoine de SOMMIERES Mairie – 27 quai Gaussorgues – 30250 SOMMIERES cedex Tél. : 04 66 80 88 03 / Fax : 04 66 80 89 75 [email protected] ANDREAULT Alain, Service urbanisme, patrimoine, aménagement et développement de TOURS, Section Voierie Mairie – 3 rue des Minimes – 37000 TOURS Tél. : 02 47 21 66 97 ASTRUC Mireille, Responsable de l’atelier d’urbanisme d’ALBI Mairie – 16 rue de l’hôtel de Ville – 81000 ALBI Tél. : 05 63 49 12 33 [email protected] AUDONNET Nadine, Architecte du secteur sauvegardé de TROYES Hôtel de Ville – Place A. Israël – BP 767 – 10 026 TROYES cedex Tél. : 03 25 71 87 20 / Fax : 03 25 73 47 43 BAYLE-BAVEUX Sylvie, Chargée de mission tourisme et commerce de CHALON-SUR-SAONE Mairie – BP 92 – 71231 CHALON-SUR-SAONE Tél. 03 85 94 19 47 [email protected] BEAUME Gérard, Chef de projet du PUY-EN-VELAY Mairie – Place du Martouret – BP 317 – 43011 LE PUY-EN-VELAY Tél. : 04 71 04 07 67 [email protected] BEDJAOUI Neila, Service urbanisme de NANTES Mairie – 2 rue de l’hôtel de Ville – 44094 NANTES cedex 1 Tél. : 02 40 41 99 52 / Fax : 02 40 41 32 51 [email protected] BENIZRI Claire, Coordinatrice des activités culturelles de BOURGES Hôtel de Ville – 11 rue Jacques Rimbault – BP –28 – 18000 BOURGES cedex Tél. : 02 48 57 83 36 / Fax : 02 48 65 00 77 BERGDOLT Etienne, ABF du SDAP 58 SDAP – Tour Saint Trohé – rue Antony Duvivier – 58000 NEVERS Tél. : 03 86 71 93 30 [email protected] BERGER Sophie, Agent administratif de NEVERS Mairie – Place de l’hôtel de Ville – 58036 NEVERS cedex Tél. : 03 86 68 46 69 [email protected] BESSIS Janine, Conseillère municipale de DIJON Mairie – Cabinet des adjoints – BP 1510 – 21033 DIJON cedex Tél. : 03 80 74 53 01 44 BOULERT Stéphanie, Stagiaire DESS, Communauté urbaine de BREST Hôtel CUB – 24 rue Coat-ar-Gueven – 29222 BREST cedex Tél. : 02 98 33 50 81 / Fax : 02 98 33 53 09 [email protected] CAILLON Muriel, Stagiaire DESS, ANVPAH & VSS ANVPAH & VSS – Via patrimoine – Mairie – BP 1370 – 16016 ANGOULEME cedex Tél. : 06 74 18 61 99 [email protected] CARPIN Michèle, Service urbanisme de BAYEUX Services techniques – 40 rue du Docteur Michel – 14 400 BAYEUX Tél. : 02 31 51 20 42 [email protected] CATALA Christine, Animatrice du patrimoine du PAYS DE PEZENAS Maison du tourisme – Place Gambetta – BP 10 – 34120 PEZENAS Tél. : 04 67 98 36 40 / Fax : 04 67 98 96 80 [email protected] CIOFFI Marc, Chef du SDAP 18 SDAP – 10 rue Jacques Cœur – 18000 BOURGES Tél. : 02 48 48 17 80 / Fax : 02 48 48 17 89 [email protected] COMMENGE Françoise, Chef des abords des monuments historiques et des ZZPAUP DAPA - 182 rue Saint-Honoré – 75033 PARIS cedex 01 Tél. : 01 40 15 32 43 / Fax : 01 40 15 33 36 [email protected] CORTES Marie-Eve, Responsable du secteur patrimoine d’ALBI Mairie – 16 rue de l’hôtel de Ville – 81000 ALBI Tél. : 05 63 49 11 95 [email protected] COURGET Laure, Directrice du patrimoine de CAHORS Mairie – 46010 CAHORS cedex Tél. : 05 65 20 88 04 [email protected] CRUCHON Jacky, Directeur du service urbanisme de BAYONNE Mairie – Direction de l’urbanisme – BP 4 – 64109 BAYONNE cedex Tél. : 05 59 46 60 66 / Fax : 05 59 59 30 91 [email protected] DAGOIS Françoise, Service urbanisme d’AUXERRE Mairie – 14 place de l’hôtel de Ville – 89000 AUXERRE Tél. : 03 86 72 44 15 [email protected] DAUGE René, Direction de l’urbanisme d’AUTUN Mairie – BP 133 – 71402 AUTUN cedex 45 Tél. : 03 85 86 80 78 [email protected] DELATOUCHE Quentin, Chargé de mission, Service urbanisme de CAHORS Service urbanisme – Hôtel administratif Wilson – Rue Wilson – 46000 CAHORS Tél. : 05 65 20 88 10 DEMERON Philippe, Sous-directeur adjoint des sites et des paysages Ministère de l’Ecologie et du développement durable – 20 avenue de Ségur – 75302 PARIS Tél. : 01 42 19 20 41 [email protected] DEVOISINS Christine, Maire-adjoint d’ALBI Mairie – 16 rue de l’hôtel de Ville – 81000 ALBI Tél. : 05 63 49 14 81 DONDZILA Fabienne, Ingénieur du service urbanisme de CAEN Direction urbanisme – Hôtel de Ville – 14027 CAEN cedex 9 Tél. : 02 31 30 44 82 [email protected] DORIER Jackie, Attachée au Tourisme de BESANCON Mairie – 2 rue Mégevand – 25034 BESANCON cedex Tél. : 03 81 61 59 38 [email protected] DUBOIS Robert, 1er adjoint du PUY-EN-VELAY et Président de l’ANCOVART Mairie – Place du Martouret – BP 317 – 43011 LE PUY-EN-VELAY Tél. : 04 71 04 07 67 [email protected] DU BRISAY Pascal, Maire-adjoint de LOCHES Hôtel de Ville – 37600 LOCHES Tél. : 02 47 91 19 50 DUCHIRON Virginie, Architecte de l’ADUC ADUC – 6 quai Charles VII – BP 137 – 37501 CHINON cedex Tél. : 02 47 93 83 83 [email protected] EFFA Pierre-André, Directeur de l’urbanisme de BOURGES Direction de l’urbanisme - Hôtel de Ville - 11 rue Jacques Rimbault – BP –28 – 18000 BOURGES cedex Tél. : 02 48 57 82 80 EXBRAYAT Laurence, Directrice de l’urbanisme DU PUY-EN-VELAY Mairie – Place du Martouret – BP 317 – 43011 LE PUY-EN-VELAY Tél. : 04 71 04 07 67 FEBURE Jean-Luc, Technicien territorial en chef de NEVERS Mairie – Place de l’hôtel de Ville – 58036 NEVERS cedex Tél. : 03 86 68 46 68 [email protected] 46 FERNANDEZ Karine, Animatrice du patrimoine de SARLAT Mairie – place de la liberté – 24200 SARLAT-LA-CANEDA Tél. : 05 53 29 86 68 [email protected] FOLOPPE Patrick, 1er adjoint de LOCHES Hôtel de Ville – 37600 LOCHES Tél. : 02 47 91 19 50 GALLEY Jean-Michel, Chargé de mission de l’ANVPAH & VSS 293 boulevard de Belleville – 75019 PARIS Portable : 06 88 69 34 68 [email protected] GASTEBOIS Raphaël, ABF du SDAP 52 SDAP – 82 rue du Commandant Hugueny – 52000 CHAUMONT Tél. : 03 25 02 10 76 / Fax : 03 25 02 10 77 [email protected] GILET Lilian, Service juridique de SARLAT Mairie de Sarlat – BP 163 – 24 200 SARLAT Tél. : 05 53 31 56 84 [email protected] ou [email protected] GILLARDOT Irène, Animatrice du Patrimoine de NANTES Mairie – 2 rue de l’hôtel de Ville – 44094 NANTES cedex 1 Tél. : 02 40 41 55 48 [email protected] GILLOT Jean-Pierre, Maire-adjoint de DIJON Mairie – BP 1510 – 21033 DIJON cedex Tél. : 03 80 74 52 53 [email protected] GIROIRE-KASPRIK Marie-Gabrielle, Animatrice du patrimoine de FONTENAY-LE-COMTE Musée – Place du 137ème régiment d’infanterie – 85200 FONTENAY-LE-COMTE Tél. : 02 51 69 78 08 [email protected] GITTON Philippe, Maire-Adjoint de BOURGES Hôtel de Ville – 11 rue Jacques Rimbault – BP –28 – 18000 BOURGES cedex Tél. : 02 48 57 80 00 / Fax : 02 48 65 00 77 GRANDIN Alexis, Maire-Adjoint de SAINT-QUENTIN Mairie – BP 345 – 02107 SAINT-QUENTIN cedex Tél. : 03 23 06 90 01 / Fax : 03 23 06 90 90 [email protected] GRUEL Philippe, CYPRIM Chemin du Moulin des rivières – 85160 SAINT-JEAN-DE-MONT Tél. : 02 51 59 77 52 [email protected] 47 GUILBAUD Pierre, Directeur du service urbanisme d’AUXERRE Mairie – 14 place de l’hôtel de Ville – 89000 AUXERRE Tél. : 03 86 72 44 29 [email protected] GUILLAUMIN Nathalie, Chargée de mission de Via Patrimoine en Charente Via patrimoine – Mairie – BP 1370 – 16016 ANGOULEME cedex Tél. : 05 45 38 71 95 / Fax : 05 45 38 90 82 [email protected] LANNUZEL Sylvie, Consultante architecturale, Communauté urbaine de BREST Hôtel CUB – 24 rue Coat-ar-Gueven – 29222 BREST cedex Tél. : 02 98 33 50 81 / Fax : 02 98 33 53 09 [email protected] LECUNFF Gilles, Responsable urbanisme de LOCHES Hôtel de Ville – 37600 LOCHES Tél. : 02 47 91 19 50 LESTAGE Muriel, Service urbanisme de BAYONNE Mairie – Direction de l’urbanisme – BP 4 – 64109 BAYONNE cedex Tél. : 05 59 46 63 09 / Fax : 05 59 59 30 91 [email protected] LONET Alain, Service urbanisme, patrimoine, aménagement et développement de TOURS, Section Voierie Mairie – 3 rue des Minimes – 37000 TOURS Tél. : 02 47 21 61 57 MAROUZE Jean-Michel, Chef du SDAP 21 SDAP – 39 rue Vannerie – 21000 DIJON cedex Tél. : 03 80 74 53 01 MAUGIS Agathe, Animateur du patrimoine de NEVERS Mairie – Place de l’hôtel de Ville – 58036 NEVERS cedex Tél. : 03 86 68 46 25 [email protected] MINON Stéphane, Directeur adjoint de l’urbanisme de CHAUMONT Place de la Concorde – 52 000 CHAUMONT [email protected] MOULIN-BOUDARD Martine, Maire-adjoint de BORDEAUX Hôtel de Ville – Palce Pey Berland – 33077 BORDEAUX cedex Tél. : 05 56 10 20 51 [email protected] ORTIZ Marylise, Directrice de l’ANVPAH & VSS ANVPAH & VSS – Via patrimoine – Mairie – BP 1370 – 16016 ANGOULEME cedex Tél. : 05 45 38 71 35 / Mobile : 06 87 10 26 39 / Fax : 05 45 38 90 82 [email protected] PEROT Elisabeth, Architecte conseil à Nantes-Renaissance Hôtel de Châteaubriant – 13 rue de Briors – BP 71719 – 44017 NANTES cedex 1 48 Tél. : 02 40 48 23 87 [email protected] PUJOL Laurence, Conseillère municipale d’ALBI Mairie – 16 rue de l’hôtel de Ville – 81000 ALBI Tél. : 05 63 49 14 81 REMY Odile, Directeur territorial de NEVERS Mairie – Place de l’hôtel de Ville – 58036 NEVERS cedex Tél. : 03 86 68 46 39 [email protected] ROUGER Jean, Vice-président de l’ ANVPAH&VSS ANVPAH & VSS – Via patrimoine – Mairie – BP 1370 – 16016 ANGOULEME cedex [email protected] SANTELLI Michelle, Maire-Adjoint de CHAMBERY Hôtel de Ville – BP 1105 – 73011 CHAMBERY cedex Tél. : 04 79 60 20 81 [email protected] SAUVAGET Victor, Président du Syndicat National de l’Enseigne et de la Signalétique et PDG de 44 enseignes SYNAFEL – 17 rue Hamelin – 75783 PARIS cedex 16 Tél. : 02 28 01 33 33 / Tél. : 01 53 65 16 38 [email protected] SCHWEITZER Jean-Michel, Maire-adjoint de LECTOURE Mairie – 32700 LECTOURE Tél. : 05 62 68 70 22 SICARD-DESNUELLE Marie-Pierre, Maire-adjointe d’AIX EN PROVENCE Mairie – 13 616 AIX EN PROVENCE cedex 1 Tél. : 04 42 91 99 42 [email protected] STIEVENARD-BILLERE Brigitte, Animatrice du patrimoine de BOURGES Office de tourisme – 21 rue Victor Hugo – BP 126 – 18003 BOURGES cedex Tél. : 02 48 57 81 46 [email protected] TARDI Elise, Stagiaire AFIT AFIT – 2 rue Linois – 75740 PARIS cedex 15 [email protected] ZAVOLI Philippe, Maître de conférence, Faculté pluridisciplinaire de Bayonne-Anglet-Biarritz 6 rue Lagréou – 64100 BAYONNE [email protected] 49 Association Nationale des Villes et Pays d’art et d’histoire et des Villes à Secteur Sauvegardé Adresse opérationnelle : Via Patrimoine - Hôtel de Ville – BP 1370 - 16016 ANGOULEME Tél : +33 (0)5 45 38 71 35 Port. : + 33 (0)6 74 18 61 99 Fax : +33 (0)5 45 38 90 82 [email protected] Mise en page : Muriel Caillon, Nathalie Guillaumin, Via patrimoine 50