Chron 13/48 La cancérologie évolue…, Feuillet 1

Cette semaine, il fallait revenir sur l'interview de notre Ministre de la famille, Dominique Bertinotti car
cette interview a encore eu beaucoup d'échos et ces échos sont très différents selon qu'ils viennent de
personnes qui ont eu un cancer ou de personnes qui n'en n'ont pas eu. Ces débats sont intéressants et nour-
rissants, ils nous aident à progresser dans nos pratiques. Ils constituent aussi un bon support d'animation
pour les groupes de paroles qui existent dans nos établissements.
Lucien Neuwirth est mort cette semaine. Du Lucien Neuwirth d'après guerre, on ne doit pas retenir que
son action pour la pilule et la contraception. Son action a aussi été décisive pour la lutte contre la douleur,
pour le développement des soins palliatifs et d'accompagnement, pour les progrès de la cancérologie et de
son organisation… Cela a été peu relevé dans les nombreux articles et hommages qui sont parus à la suite
de sa disparition. Il fallait donc y revenir pour cette raison-là aussi.
Le Cabinet de notre Ministre se réorganise une fois de plus. Ces mouvements incessants ne sont pas
bons. Pourtant l'attelage de tête reste de grande qualité. Cela sera-t-il suffisant pour que la politique de santé
et plus particulièrement la politique hospitalière se redresse, que le nouveau Plan Cancer soit utile et effi-
cace ? C'est le vœu qu'on peut former cette semaine.
Thierry Philip va succéder à Claude Huriet à la présidence de Curie. Tous les deux ont marqué la cancé-
rologie. L'un s'en va. Nous regretterons sa clairvoyance, son sens du service public et sa capacité à affronter
les conditions de notre avenir. L'autre revient. Nous connaissons son énergie et nous savons qu'il sait faire
preuve d'un grand sens du collectif. Ces deux qualités nous seront bien utiles.
Le tabac fait la une et les médias sont ravis : nos coffres vont pouvoir se remplir de cigarettes bon marché
à chaque passage de frontière. On attend un sursaut de nos élus !
"Scope Santé" a été ouvert dans les temps. C'est sans doute une date pour nous tous. Nous progressons
dans notre capacité à rendre compte de ce que nous faisons. Mais l'ouverture de ce site souligne aussi le
chemin qu'il nous reste à parcourir…
L'UNHPC est membre de la , du Conseil National de Cancérologie
et de la Plateforme commune de la cancérologie libérale et hospitalière privée
Syndicat Français
des Oncologues Médicaux
Syndicat National
des Radiothérapeutes
Oncologues
U N H P C
Union Nationale Hospitalière
Privée de Cancérologie
Société Française de
Cancérologie Privée
Coordination
et pluridisciplinarité
au service des patients
atteints du cancer
En cancérologie,
le secteur libéral
premier acteur
des missions
du service public
Cette semaine, entre autres…
U N H P C
Union Nationale
Hospitalière Privée
de Cancérologie
www.unhpc.org
Mots types : Débats - Patients - Douleur - Soins palliatifs -
B. Maquart - R. Le Moign - F. Masi - Curie -
Europe - Frontières - HAS - Hospi-Diag -
INCa - FNS2O
Auteur : G. Parmentier
Abonnement / désabonnement : [email protected]
"Merci à vous,
Dominique,
de nous permettre de
mettre en lumière
le fait que
chaque malade
atteinte du cancer
du sein est différente
et vit sa maladie
selon ses
possibilités propres…"
Cette semaine, entre autres…
La chronique de l'UNHPC 13/48
Lundi 2 décembre 2013
La cancérologie évolue…
!Bertinotti, suite…
!Lucien Neuwirth et la cancérologie
!Réorganisation du Cabinet
!Thierry Philip succède à Claude Huriet
!Nos élus, le tabac et les "bonnes nouvelles"…
!"Scope Santé" et l'information du grand public
!Oncologie d'organe et oncologie médicale
L'INCa sort cette semaine un rapport sur les spécialistes d'organes. Il est plein d'enseignements et ob-
jective toute une série de situations et de faits jusque-là mal mesurés. Mais il aurait aussi pu permettre
d'instiller un peu de cohérence en matière d'action publique concernant le médicament et l'oncologie en
général. Il ne semble pas que ce soit le cas. Au lieu d'articuler les connaissances entre spécialistes d'orga-
nes et oncologues médicaux afin de mettre à jour une organisation cohérente de la cancérologie dans son
ensemble, on fait encore comme si les problèmes étaient distincts, on n'en reste qu'au vœu d'une complé-
mentarité bien peu prise en charge dans les faits.
Bertinotti, suite…
Vous avez été nombreux à réagir au passage de notre
Chronique de la semaine dernière concernant l'interview
faite par Le Monde de notre Ministre de la Famille, Do-
minique Bertinotti - interview dans laquelle elle révélait
son cancer du sein. La tonalité était le plus souvent la
même. Elle est bien résumée par une phrase prononcée
par Dominique Baudis, Défenseur des droits, dans un
autre cadre cette semaine : "il existe une responsabilité
de la parole publique, qu'elle soit politique ou médiati-
que"(1). En un mot, quelle est la portée réelle de l'inter-
view de la Ministre ? Beaucoup ont trouvé que notre
Chronique manquait un peu de sens critique. Deux
points de vue dominent les analyses et les réactions : ce-
lui de la question de la déontologie en matière de mé-
tiers à responsabilité ; celui, surtout, de l'image véhicu-
lée concernant la maladie et concernant les malades qui
en sont atteintes.
Que nous avez-vous dit ? Que notre Chronique n'insis-
tait pas assez sur le fait qu'à la lecture de l'interview on
pouvait avoir l'impression que la Ministre se mettait en
avant autant sinon plus qu'elle plaidait pour les malades.
Que nous n'avons pas assez insisté sur le fait que ses
conditions de prise en charge étaient très privilégiées par
rapport à celle d'une malade "ordinaire". Que nous
n'avons pas assez souligné l'ambiguïté du message vis-à-
vis des employeurs : combien comprendront et offriront
un choix à leur salariée malade, au contraire combien
comprendront que si leur salariée n'est pas capable de
continuer à travailler il faut s'en débarrasser…
Bref, si notre Ministre ou le journal qui l'a interviewée a
voulu susciter le débat, c'est gagné. Et ce débat est, pour
nous, soignants, important. On le voit, modestement, au
niveau de notre chronique, mais on le voit surtout dans
les réactions de la presse cette semaine(2).
Un plaidoyer dans la Croix avec Thierry Philip et Phi-
lippe Amiel : "Elle brise les tabous" - "Elle aide à faire
évoluer le regard de la société". Un autre dans Le Pari-
sien, avec Henri Pujol : Les témoignages comme celui de
la ministre sont une « excellente chose » pour contribuer
à changer le regard social sur cette maladie". Concer-
nant le silence de beaucoup de malades il souligne "une
préoccupation commune à tous les malades : se proté-
ger, par-dessus tout de la compassion…"
Christophe Barbier, dans un éditorial de l'Express, fait
valoir deux points de vue différents. Du point de vue de
la Ministre, il considère que "le témoignage de la minis-
tre de la Famille est précieux pour tous ceux qui affron-
tent cette maladie." "Hélas, le monde médical, défi-
lent les malades, fait trop souvent rimer banalité avec
brutalité : tandis que le patient subit une angoisse ex-
ceptionnelle, la machine à soigner l'anonymise, et il se
retrouve à la fois seul face au destin et comme des mil-
liers d'autres face au système. La thérapie commence
par le bon usage de la parole, car les mots répondent
aux maux…" On serait donc autant dans la thérapie per-
sonnelle que dans la défense des malades : "Dominique
Bertinotti est, par son exemple, plus utile au pays que la
plupart de ses collègues."
Mais Christophe Barbier distingue aussi la question de
la compatibilité de ce type de maladie avec des respon-
sabilités politiques. Il différencie celles d'une simple Mi-
nistre et celles des fonctions touchant à la police ou à
l'armée. Pour lui, le silence est, ici, répréhensible. Il vise
en particulier les Présidents de la République. "Eh bien,
que des médecins mandatés déposent chaque trimestre,
au Conseil constitutionnel, un rapport sur la santé du
président !".
Remarquons que sauf erreur, aucun des avis que nous
venons de citer ne vient d'une personne qui ait fait, dans
sa chair, l'expérience du cancer.
Deux papiers dominent alors. Tous deux sont forts. Ils
sont incontournables. Tous deux sont très critiques.
Le premier est celui du Monde. Il multiplie les témoi-
gnages courts. Il est, à première lecture, tout en rondeur.
"Nous ne vivons pas toutes de la même manière cette
maladie." Une lecture plus attentive révèle pourtant des
propos d'une grande violence en provenance de malades
qui sont, en fait, très choquées. "C'est d'une maladresse
catastrophique, cette référence aux employeurs, alors
que des patientes perdent leur job à cause de leur can-
cer !" "En la lisant, je me suis sentie une chochotte et
une profiteuse". "En banalisant, elle ne nous rend pas
service." "A une époque où cette maladie se répand,
pourquoi cacher la phase des traitements ? J'ai ressenti
cela comme si on cachait un sujet de honte." "Elle n'a
pas vécu la réalité du terrain. Elle ne peut donc pas
s'ériger en exemple. Or, comme souvent lorsqu'une per-
sonnalité communique, il y a une dimension d'exempla-
rité."
On est bien au cœur du débat : quelle est la portée réelle,
sans doute contradictoire, du "témoignage" de la Minis-
tre ?
Le second papier est collectif. Plusieurs malades ou an-
ciennes malades ont choisi l'humour pour critiquer la
Ministre avec une très grande violence, à la mesure cer-
2 / 10
tainement de la violence qu'elles ont elles-mêmes res-
sentie à la lecture de l'interview de la Ministre. "Nous
sommes très heureuses d’avoir eu de vos nouvelles ven-
dredi dernier dans le Monde, de savoir que tout allait
bien, qu’on pouvait faire de grandes choses même avec
un cancer et que « la mise en congé longue maladie
n’est pas forcément la meilleure des solutions ». Le tra-
vail comme la plus efficace des thérapies, quel bel exem-
ple que celui que vous nous offrez ! A notre tour de vous
donner des nouvelles, depuis nos lieux de villégiatures.
En effet, nous ne sommes pas toutes en vacances au
même endroit et il existe de nombreux centres aux pay-
sages variés."
Elles contredisent pied à pied la Ministre, pour conclure
de manière plus soft mais tout aussi claire : "Quoi qu’il
en soit, même si nous ne fréquentons pas toutes les mê-
mes salons, merci à vous, Dominique, de nous permettre
de mettre en lumière le fait que chaque malade atteinte
du cancer du sein est différente et vit sa maladie selon
ses possibilités propres. Nous espérons que cette carte
postale, même si elle vous est adressée, sera surtout lue
par ceux qui n’auraient du cancer qu’une vision tron-
quée et qui, admiratifs de votre manière de l’avoir envi-
sagé (et il y a de quoi), seraient tentés d’en faire une gé-
néralité. Une maladie. Mille histoires."
Soyons clairs, certaines femmes atteintes d'un cancer,
ont lu cette interview comme une insulte personnelle.
Leur cancer, leur condition sociale et/ou les conditions
de leur prise en charge leur interdisait une expérience du
même type. Elles ressentent cette interview comme une
sorte de déni de leur propre expérience et de leur propre
courage. Elles nous rappellent aussi que les conditions
sociales jouent sur les contraintes engendrées par les
traitements et que, de ce fait-là aussi, condition sociale,
condition physique, tonus, moral et état psychologique,
capacité à travailler si on a un emploi, sont liés. Les ef-
fets potentiellement bénéfiques de cette interview ne
doivent pas nous empêcher de nous mettre en garde con-
tre ses effets potentiellement pervers. Ceux-ci pourraient
justifier auprès de certains la perception d'une médecine
à deux vitesses.
On le voit, le débat au sein de nos équipes est indispen-
sable car, quelles que soient les perceptions, la confron-
tation est enrichissante. Elle développe notre capacité
d'attention à l'autre. Le dossier de l'interview et des réac-
tions qu'elle a suscitées constitue un excellent support
d'échange et de confrontation. Le respect des personnes
doit présider. Dans nos groupes de parole, l'attention aux
éventuels débordements d'émotions mal maîtrisés est
une nécessité que nous connaissons d'autant mieux qu'ils
sont souvent nécessaires et parfois curatifs. Nous le sa-
vons tous, d'un point de vue clinique, il n'y a pas un can-
cer, mais des cancers. A l'évidence, le débat public nous
rappelle qu'il n'y a pas une seule manière de vivre son
cancer. Il y a des cancers, des personnes, des situations,
des rapports à son corps, à son avenir, au risque, à ses
proches, des environnements, aussi différents que nom-
breux. Mais notre accompagnement doit être à la mesure
de cette diversité. Elle fait partie de la prise en charge et
de l'accompagnement que nous devons à nos patients et
à leurs proches. L’interview de notre Ministre de la Fa-
mille et les réactions qu'elle suscite nous le redisent avec
force. Ces réactions nous rappellent aussi à notre devoir
de prudence : malgré les progrès accomplis et qu'il faut
consolider, développer, la vie réelle des patients reste
presque toujours beaucoup plus difficile que nous le
supposons, que nous croyons le savoir, nous, les profes-
sionnels. Et, comme soignants, comme "hospitaliers",
nous avons aussi un devoir d'hospitalité(3). Il n'y a rien
de contradictoire avec une quelconque exigence de luci-
dité et de discernement. Ce débat nous le rappelle, op-
portunément.
Lucien Neuwirth
Qu'est-ce qu'un "grand homme" ?(4)
Il paraît que la notion est démodée, qu'elle ne veut plus
dire grand-chose… Il s'agirait d'un "culte vieillot"…
L'abandonner serait une avancée d'une civilisation dé-
mocratique qui n'aurait plus besoin ni de sacré ni de
grandeur ? La formule "« Aux grands hommes la patrie
reconnaissante » ne paraît plus, à bien des égards, en
harmonie avec la sensibilité d'aujourd'hui", s'inquiète
Philippe Bélaval dans son rapport au Président de la Ré-
publique(5). Il s'agit bien sûr du Panthéon, de son devenir
et de ses entrants potentiels. Risquons pourtant une re-
marque suscitée par ce que nous avons vécu ces derniè-
res semaines : si la "civilisation démocratique" réduit le
sacré et la grandeur au football et à ses quelques héros,
gamins gâtés et limite malfrats, y a-t-il vraiment pro-
grès ?
Alors l'actualité de la semaine nous fait prendre le risque
de la ringardise. Loin du Panthéon, pour une vie toute
normale, risquons une définition toute simple : pour
beaucoup, un grand homme n'est pas un parfait, c'est ce-
lui ou celle qui a fait quelque chose d'utile ou de bon
qu'on ne serait pas sûr d'avoir fait si on avait été à sa
place.
De ce point de vue, et pour notre chronique, un "grand
homme" est mort cette semaine : Lucien Neuwirth(6).
Bien sûr tout le monde a célébré le "père de la pilule"(7).
Rappelons aussi qu'il a été résistant à 16 ans et qu'il a re-
joint la France Libre à 19 ! Grand ! Fusillé, il est raté
deux fois. Il faut de la chance, non de la grandeur, mais
pour s'en remettre et reprendre le combat toute sa vie du-
rant il faut être "grand".
Plus précisément, comme parlementaire "il a également
permis une avancée décisive pour les malades en fin de
vie, en posant dans la loi le principe du droit aux soins
palliatifs" comme l'a heureusement noté Jean-Pierre
Raffarin, au Sénat. Il en a été de même pour la prise en
charge de la douleur.
Lucien Neuwirth voulait "une médecine technique et hu-
maniste, qui prenne en considération l'homme en même
temps que sa maladie". Dans l'exercice de ses responsa-
bilités d'élu, il essaya d'y contribuer, souvent avec suc-
cès.
- Lucien Neuwirth a été l'auteur en 1994 d'un Rapport
d'information sur les problèmes posés, en France, par
le traitement de la douleur.(8)
3 / 10
- Lucien Neuwirth a été l'auteur en 1999 d'un "Rapport
d'information sur les soins palliatifs et l'accompagne-
ment"(9). Lucien Neuwirth a incontestablement été un
des pionniers sur ce front toujours ouvert, des soins
palliatifs et d'accompagnement. La presse en a peu
fait état. Son rapport est sorti entre les deux Plans
Kouchner. Il se concluait par une proposition de loi
ainsi motivée :
"Compte tenu du constat établi dans le présent rap-
port, et qui analyse les raisons de l'insuffisant déve-
loppement des soins palliatifs dans notre pays, votre
commission, unanime, estime indispensable l'adoption
d'une loi qui aurait pour objet de remédier aux princi-
pales carences dénoncées dans le rapport, à savoir :
· l'insuffisante reconnaissance des soins palliatifs ;
· l'insuffisance de la recherche et de la formation des
équipes soignantes en soins palliatifs ;
· les difficultés rencontrées par les associations de
bénévoles pour financer la nécessaire formation de
leurs accompagnants ;
· l'insuffisant développement de l'hospitalisation à
domicile (HAD) ;
· les obstacles au développement des soins palliatifs
à domicile résultant de la législation de la sécurité
sociale.
En conséquence, votre rapporteur, le président et de
nombreux membres de la commission des Affaires so-
ciales ont déposé la proposition de loi dont le texte
suit : « Proposition de loi tendant à favoriser le déve-
loppement des soins palliatifs et de l'accompagne-
ment »".
On a beaucoup fait depuis, mais force est quand
même de constater que ce texte, malgré tous ces pro-
grès, reste parfaitement d'actualité…
Dès les premières pages Lucien Neuwirth plaidait
pour les réseaux et de nouvelles formes de rémunéra-
tion en remarquant : "Le développement des soins pal-
liatifs et de l'accompagnement suppose celui du tra-
vail en équipe et/ou en réseau. Ainsi, à l'hôpital, il
suppose, non seulement la réunion de compétences
pluridisciplinaires (médecins, équipes soignantes,
psychologues), mais aussi une coopération avec les
autres services dans lesquels sont ou étaient soignés
les malades. A domicile, il faut ajouter à ces exigen-
ces de collaboration celle qui doit s'instaurer entre
professionnels de santé de ville et équipes hospitaliè-
res.
Or, ni les traditions culturelles, ni la réglementation
ne sont très incitatrices en la matière. Et, si les tradi-
tions peuvent évoluer avec l'amélioration de la forma-
tion, la législation et la réglementation relatives à la
prise en charge des soins par la sécurité sociale con-
sacrent des pratiques individuelles cloisonnées.
Ainsi, le paiement à l'acte n'est adapté, ni à la rému-
nération d'actes d'accompagnement qui prennent
beaucoup de temps, ni à la coopération entre profes-
sionnels. En outre, en ce qui concerne l'exercice pro-
fessionnel des médecins, peu de passerelles existent
entre l'hôpital et la ville."
- Lucien Neuwirth a été l'auteur en 2001 d'un "Rapport
sur la politique de lutte contre le cancer"(10). La com-
mission dont est issu ce rapport était présidée par
Claude Huriet. On était alors en plein plan Gillot-
Kouchner(11). Ce rapport parlementaire est un des élé-
ments qui ont beaucoup compté pour la suite et en
particulier pour l'élaboration des Plans Cancer prési-
dentiels.
- En 2001, Lucien Neuwirth a été à l'origine d'une pro-
position de loi relative à l'indemnisation de l'aléa mé-
dical et à la responsabilité médicale.
- Il a été membre du Comité consultatif national d'éthi-
que (CCNE).
- …
Nous ne pouvions pas ne pas le relever, ici, cette se-
maine : un "grand homme" nous a quittés. Bien sûr il
n'ira pas au Panthéon. Mais la plupart n'y vont pas, car
ils sont heureusement beaucoup trop nombreux. Il n'em-
pêche, on les reconnaît, on les a côtoyés, on a pu consta-
ter qu'ils ont fait de grandes choses. Rendre hommage à
Lucien Neuwirth du simple point de vue de notre fo-
cale - douleur, soins palliatifs et d'accompagnement, ré-
seaux, cancérologie - était bien le minimum que nous lui
devions, ici, aujourd'hui ! Honneur à lui !
Réorganisation du Cabinet
Une fois de plus le Cabinet de Marisol Touraine, Minis-
tre des Affaires sociales et de la Santé, bouge assez con-
sidérablement. Son Directeur de Cabinet Denis Morin
est nommé directeur du Budget. Considéré par beaucoup
comme un des meilleurs hauts fonctionnaires de sa gé-
nération, c'est une perte pour le secteur de la santé. Mais
son successeur, Bruno Maquart, connaît bien le do-
maine et il a l'étoffe, comme on dit. Il était arrivé au Ca-
binet avec Denis Morin, nous nous en étions réjouis, et il
y a donc continuité.
Bruno Maquart est lui-même remplacé comme directeur
adjoint du cabinet chargé de la santé par Raymond
Le Moign(12). Nombreux sont ceux qui ont eu l'occasion
d'apprécier sa connaissance du secteur, son objectivité,
sa créativité et sa formidable capacité de travail lorsqu'il
était directeur de l'amélioration de la qualité et de la sé-
curité des soins à la HAS. Nombreux aussi sont ceux qui
savent qu'il connaît particulièrement bien la cancérolo-
gie française depuis son passage à la direction du CLCC
de Nantes. Très récemment, les participants aux RCFr à
Lyon avaient pu apprécier sa clarté et sa liberté de ton
lorsqu'il s'était exprimé à la tribune. Nous nous en étions
fait l'écho ici même.
On nous annonce aussi plusieurs réorganisations et no-
minations : un second directeur adjoint chargé du sec-
teur social, Gautier Maigne(13), un nouveau conseiller
pour la recherche et de l'innovation, Djillali Annane(14),
un nouveau conseiller chargé des produits de santé,
Maurice-Pierre Planel(15), un nouveau conseiller chargé
des professionnels de santé libéraux, Fabrice Masi(16).
François Crémieux(17), quant à lui, prend la responsabili-
té de la stratégie nationale de santé.
4 / 10
Cela fait beaucoup et ces mouvements sont difficiles à
interpréter. A ce niveau de responsabilité, des rotations
aussi rapides sont rarement bon signe. Nous formions de
solides espoirs avec le duo Morin-Maquart. Le duo Ma-
quart-Le Moign paraît très solide et ne peut qu'inspirer
confiance. Une double question demeure pourtant. Celle
du calendrier - le temps paraît court d'ici les prochaines
élections municipales et le remaniement annoncé
comme probable - et celle de la volonté de la Ministre
sur laquelle on peut légitimement continuer à s'interro-
ger.
Nous concernant, la qualité du duo de tête au Cabinet ne
fait aucun doute. Nous ne pouvons donc que souhaiter
qu'ils soient mis à contribution à la hauteur de leurs ca-
pacités. Il y a tant à faire !
Thierry Philip succède à Claude Huriet
Thierry Philip, le retour ! Est-on tenté de dire en appre-
nant par un communiqué de l'Institut Curie qu’il succé-
dera le 7 décembre au Pr Claude Huriet à la présidence
du conseil d'administration de l'Institut. Nos relations
avec le Pr Claude Huriet ont toujours été excellentes et
elles ont souvent débouché sur des actions communes.
Un "grand homme" lui aussi, qui aura marqué bien des
sujets en médecine par sa lucidité et sa capacité à antici-
per les évolutions avec, en particulier, des initiatives ré-
glementaires qui ouvraient bien des portes nécessaires à
nos pratiques. Nous aurons certainement l'occasion de
revenir sur cette grande carrière et d'exprimer notre gra-
titude pour tout ce qu'elle a permis.
Thierry Philip n'avait pas quitté la cancérologie, mais sa
volonté de mener de pair une carrière politique l'avait
éloigné de nos instances nationales. "Je suis heureux de
refaire de la cancérologie ma priorité à l'endroit que je
considère comme le plus prestigieux"(18), a-t-il déclaré. Il
revient donc au moment un nouveau Plan Cancer va
voir le jour. On se souvient qu'il avait été très actif dans
le tout petit cercle qui était à l'origine des Plans Cancer
présidentiels. On se souvient aussi de nombreuses autres
actions menées en commun avec l'UNHPC, en particu-
lier lors de sa présidence de la FNCLCC entre 1997 et
2003. C'est parfois rude, mais Thierry est un moteur et,
si nous avons eu quelques conflits sur la forme, sur le
fond, nous partageons la même conception de la méde-
cine. Comment ne pas penser qu'avec Thierry aux res-
ponsabilités à la tête d'un des plus gros Institut de lutte
contre le cancer, nous allons pouvoir réouvrir quelques
chantiers, reprendre quelques initiatives, reprendre l'ha-
bitude de travailler de façon plus collective et concertée
que ce que nous faisons depuis quelques années. Ce re-
tour est une bonne nouvelle pour la communauté des
cancérologues. Bienvenue Thierry !
Nos élus, le tabac et les "bonnes nouvelles"…
Le JDD nous annonce que, dans un mois, chaque passa-
ger d'un véhicule devrait être autorisé à ramener de
l'étranger dix cartouches, soit jusqu'à cinquante car-
touches (10.000 cigarettes) par voiture. Le JDD rappelle
qu'au mois de mars, la Cour européenne de justice avait
condamné la France à revoir ses quotas, jugeant qu'elle
protégeait son marché du tabac(19). Ce changement a été
adopté mercredi 27 novembre en commission des finan-
ces et doit être voté jeudi en séance.
Les médias du week-end ont repris cette information en
boucle. La plupart, tel le journal télévisé de la 2 ce di-
manche soir, celui du "service public", nous disent ce
qu'il faut penser. C'est "une bonne nouvelle pour les fu-
meurs" ! Illustrations à la clef. Mais c'est aussi "une ca-
tastrophe pour les débits de tabac". Leur chiffre d'affai-
res va baisser, leurs marges aussi. Certains devront li-
cencier. Certains sans doute devront fermer. aussi il-
lustrations à la clef. Pour notre information et sans au-
cun recul critique, on nous donne des chiffres précis sur
la proportion de cigarettes importées illégalement et on
illustre sous forme de publicité déguisée pour des mar-
chés clandestins à l'adresse bien repérable. On nous pré-
cise aussi qu'avec 10.000 cigarettes, on pourra venir de
beaucoup plus loin pour acheter près d'une frontière, ça
restera rentable.
Rien pour les cancers évités, rien sur les morts et les
souffrances évités par une politique de santé publique
pourtant encore trop timide. Rien sur la nécessité de bâ-
tir, aussi, une Europe cohérente. Rien, en consé-
quence, sur la moindre initiative de nos responsables po-
litiques pour mettre un peu de cohérence dans tout ça !
Au secours !…
Scope Santé et l'information du grand public
Le site Scope Santé a été ouvert comme prévu ce ven-
dredi 28 novembre(20). Il a immédiatement eu un grand
succès puisque le site a été saturé pratiquement toute la
journée.
Comment ne pas se réjouir de cet effort d'information de
nos concitoyens voulu par la loi. La loi de financement
de la sécurité sociale (LFSS) de 2012 prévoyait en effet
de "coordonner l'élaboration et assurer la diffusion
d'une information adaptée sur la qualité des prises en
charge dans les établissements de santé, à destination
des usagers et de leurs représentants". Il revenait à la
HAS(21) de piloter ce projet en partenariat avec la
DGOS(22) et l'ATIH(23).
Le but poursuivi est clair. Il a été rappelé par Jean-Luc
Harousseau : "orienter l'usager dans son choix d'établis-
sement, favoriser le dialogue soignant-soigné et être un
outil d'amélioration de la qualité des établissements par
le biais de la comparaison."
La presse spécialisée a largement relayé et nous avons
circularisé les documents de la HAS. Beaucoup de nos
lecteurs auront interrogé le site. Il n'est donc pas néces-
saire d'en reprendre la description ici. Constatons en
plus que nous sommes nombreux à avoir eu du mal à
travailler sur Scope Santé car, le jour de son ouverture, il
était saturé. C'est bon signe. On se souvient en effet de
la très lente montée en puissance d'Hospi-Diag(24).
5 / 10
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans l'interface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer l'interface utilisateur de StudyLib ? N'hésitez pas à envoyer vos suggestions. C'est très important pour nous!