“ Qualité de vie en cancérologie Quality of life in oncology ÉDITORIAL

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ÉDITORIAL
Qualité de vie en cancérologie
Quality of life in oncology
Pr Franck
Bonnetain
“
Unité de méthodologie et de qualité de vie
en cancérologie, centre hospitalier régional
universitaire de Besançon ;
Inserm UMR 1098, Besançon ;
plateforme nationale Qualité de vie
et cancer, Besançon.
Pr Florence
Joly
Service d’oncologie médicale - recherche
clinique, centre François-Baclesse, Caen ;
Inserm U1086 Cancers & préventions,
Caen.
F. Bonnetain déclare avoir des liens
d’intérêts avec Roche, Amgen, Ipsen,
Novartis, Nestlé, Merck Serono.
F. Joly déclare avoir des liens d’intérêts avec
Roche, AstraZeneca, Pfizer, Ipsen, Astellas,
Janssen, Novartis, BMS, Tesaro, Sanofi (sans
aucun lien avec le sujet des articles de ce
dossier).
En cancérologie, au cours des dernières décennies, la prise en charge des patients
a évolué pour se centrer sur le patient et non plus seulement sur la tumeur,
dans le cadre d’une approche intégrative. Ce changement provient des progrès
thérapeutiques réalisés. En effet, le contrôle tumoral doit être surpassé pour espérer
traiter cette maladie systémique qu’est le cancer. Ainsi, de plus en plus de patients
vivent longtemps après un cancer (avec parfois des effets indésirables qui peuvent
perdurer), et l’amélioration de la survie n’est plus un critère unique pour l’évaluation
des traitements. La prise en compte des différentes dimensions de la santé (mentale,
sociale, physique, etc.) est devenue un élément clé pour le patient et le système
de santé. Ainsi, la qualité de vie – ou plutôt la qualité de vie relative à la santé –
constitue un des critères de jugement de l’efficacité des prises en charge en oncologie.
Il s’agit d’un critère centré sur le patient qui permet de montrer un bénéfice clinique,
complétant ainsi les critères centrés sur la tumeur.
Si les progrès thérapeutiques ont permis une meilleure prise en considération
des composantes multifactorielles de la santé, le contexte économique explique
également l’importance de ce critère de qualité de vie. En effet, un traitement
qui ne montrerait qu’un bénéfice tumoral sans preuve de bénéfice clinique pour
le patient (durée et/ou qualité de vie) aurait des difficultés à justifier un service médical
rendu suffisant et un niveau de remboursement acceptable. Aussi, améliorer la qualité
de vie et le contrôle tumoral constitue une association de critères prometteuse
pour répondre aux exigences actuelles de temps et d’argent, tout en plaçant le patient
au centre de l’évaluation.
La qualité de la vie constitue également un moyen de faire de la médecine
de précision en adaptant les prises en charge en fonction du niveau et de l’évolution
de la qualité de vie des patients. L’ère de l’“e-santé” autorise actuellement cette prise
en compte pour optimiser les traitements, les personnaliser et accorder toute
leur place aux composantes émotionnelles, physiques, sexuelles et sociales de la santé.
Les différents effets des traitements et leur impact sur la qualité de la vie sont de mieux
en mieux identifiés, et des interventions de prévention et d’action pour les améliorer
sont développées. Les soins de support se structurent dans tous les établissements
pratiquant la cancérologie. En prenant mieux en compte au jour le jour la qualité
de la vie (en s’aidant à terme de mesures quotidiennes de la qualité de vie),
on améliore la prise en charge globale du patient, et il est certain que l’on pourra encore
améliorer la durée de vie des patients.
Ce dossier de La Lettre du Cancérologue permettra d’aborder : la place de la mesure
de la qualité de la vie dans les essais cliniques et en routine, ainsi que son approche
qualitative ; la qualité de la vie des patients sous thérapies ciblées ; la qualité de la vie
après un cancer ainsi que les troubles cognitifs spécifiques induits par les traitements
du cancer ; le rôle majeur des soins de support pour améliorer la qualité de la vie
des patients.
La Lettre du Cancérologue • Vol. XXVI - n° 4 - avril 2017 | 157
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