La Lettre du Cancérologue • Vol. XXVI - n° 4 - avril 2017 | 157
ÉDITORIAL
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Qualité de vie en cancérologie
Quality of life in oncology
En cancérologie, au cours des dernières décennies, la prise en charge despatients
aévolué pour se centrer sur le patient et non plus seulement sur la tumeur,
dans lecadre d’une approche intégrative. Ce changement provient des progrès
thérapeutiques réalisés. En effet, le contrôle tumoral doit être surpassé pour espérer
traiter cettemaladie systémique qu’est le cancer. Ainsi, de plus en plus de patients
vivent longtemps après uncancer (avec parfois des effets indésirables qui peuvent
perdurer), etl’amélioration de la survie n’est plus un critère unique pour l’évaluation
destraitements. Lapriseencompte des différentes dimensions de la santé (mentale,
sociale, physique, etc.) estdevenue un élément clé pour le patient et le système
desanté. Ainsi, la qualité de vie – ou plutôt la qualité de vie relative à la santé –
constitue un descritères de jugement del’efficacité des prises en charge en oncologie.
Il s’agit d’uncritère centré sur le patient qui permet de montrer un bénéfice clinique,
complétant ainsi les critères centrés surlatumeur.
Si les progrès thérapeutiques ont permis une meilleure prise en considération
descomposantes multifactorielles de la santé, le contexte économique explique
également l’importance de ce critère de qualité de vie. En effet, un traitement
quinemontrerait qu’un bénéfice tumoral sans preuve de bénéfice clinique pour
lepatient (durée et/ou qualité de vie) aurait des difficultés à justifier un service médical
rendu suffisant et un niveau de remboursement acceptable. Aussi, améliorer laqualité
de vie et le contrôle tumoral constitue une association de critères prometteuse
pourrépondre aux exigences actuelles de temps et d’argent, tout en plaçant lepatient
aucentre del’évaluation.
La qualité de la vie constitue également un moyen de faire de la médecine
deprécision en adaptant les prises en charge en fonction du niveau et de l’évolution
de la qualité de vie des patients. L’ère de l’“e-santé” autorise actuellement cetteprise
encompte pour optimiser les traitements, les personnaliser et accorder toute
leurplace aux composantes émotionnelles, physiques, sexuelles et sociales delasanté.
Lesdifférents effets des traitements et leur impact sur la qualité de la vie sont de mieux
en mieux identifiés, et des interventions de prévention et d’action pour les améliorer
sont développées. Les soins de support se structurent dans tous lesétablissements
pratiquant la cancérologie. En prenant mieux en compte au jour le jour la qualité
delavie (en s’aidant à terme de mesures quotidiennes de la qualité de vie),
onaméliorela prise en charge globale du patient, et il est certain que l’on pourra encore
améliorer ladurée de vie des patients.
Ce dossier de La Lettre du Cancérologue permettra d’aborder : la place de lamesure
de la qualité de la vie dans les essais cliniques et en routine, ainsi que son approche
qualitative ; la qualité de la vie des patients sous thérapies ciblées ; la qualité de la vie
après un cancer ainsi que les troubles cognitifs spécifiques induits par les traitements
du cancer ; le rôle majeur des soins de support pour améliorer la qualité de la vie
despatients.
Pr Franck
Bonnetain
Pr Florence
Joly
Unité de méthodologie et de qualité de vie
en cancérologie, centre hospitalier régional
universitaire de Besançon ;
Inserm UMR 1098, Besançon ;
plateforme nationale Qualité de vie
et cancer, Besançon.
Service d’oncologie médicale - recherche
clinique, centre François-Baclesse, Caen ;
Inserm U1086 Cancers & préventions,
Caen.
F. Bonnetain déclare avoir des liens
d’intérêts avec Roche, Amgen, Ipsen,
Novartis, Nestlé, Merck Serono.
F. Joly déclare avoir des liens d’intérêts avec
Roche, AstraZeneca, Pfizer, Ipsen, Astellas,
Janssen, Novartis, BMS, Tesaro, Sanofi (sans
aucun lien avec le sujet des articles de ce
dossier).