lean ?
Octobre 2012
Executive Summary
Le lean Management, ou Système de Production Toyota, fut qualifié, par le MIT (Massachusetts Institute
of Technology) durant les années 1980, de « machine qui a changé le monde ». Il a depuis été largement
diffusé dans les activités de service, dont les machines relèvent des Technologies de l’Information, et de
ce fait il n’est plus considéré comme étranger au Système d’information des entreprises.
De cette proximité, se posent dès lors 3 questions :
1. Le lean management peut-il être considéré comme applicable à une Direction des Systèmes
d’Information (DSI) ?
2. Une DSI peut-elle favoriser, ou induire par le biais du SI, le déploiement du lean dans les métiers ?
3. Et enfin, le lean a-t-il un rôle à jouer dans la transformation numérique des entreprises ?
Concernant le premier point, il est apparu important de distinguer, dans les activités d’une DSI, celles
relevant des Infrastructures (schématiquement process) et celles des études (schématiquement projet).
Pour chacune de ces deux grandes fonctions, l’apport du lean a été confirmé relativement aux six
principes que le groupe y a distingué : juste-à-temps, standardisation des opérations, polyvalence, visual
management, résolution de problème et gouvernance. Dépendant du changement culturel à parcourir,
changement parfois très important, le déploiement doit être progressif, débutant par les process simples
et répétitifs, il peut inclure des méthodes de type « agile » et comporter un effort marqué de gestion des
tâches et de documentation des process.
Le second point, l’induction du lean dans l’entreprise par la DSI, est un autre enjeu économique car il
adresse, au lieu de la seule DSI, la quasi-totalité de l’activité de l’entreprise. Le groupe a étudié un
Business Case, présenté par la DSI de Toyota Motor Europe en leur siège à Bruxelles. Ce Business Case a,
entre autres, illustré un mode de développement logiciel très particulier, appliquant des éléments clefs du
système Toyota : phase de spécification longue, en recherche très large de consensus par nemawashi,
conception simultanée application / process (« fix Business process first »), utilisation systématique des
PDCA (Plan-Do-Check-Act basé sur des documents A3) en démarche générale de progrès continu, phases
de conception, codage et test réalisés en temps de cycle très court (2 cycles par semaine), appliquant les
principes de Heijunka (lissage de la charge) et Jidoka (intervention rapide sur défaut).
Le troisième point, la réflexion sur le rôle du lean dans la transformation de l’entreprise numérique, a été
abordé sous l’angle d’une de ses composantes, le Big Data, retenu comme la possibilité technologique de
capter, transmettre, stocker, et utiliser des quantités de données jusque-là « hors norme ». L’impact du
Big Data sur la recherche et l’innovation a illustré la profondeur des transformations possibles sur les
process et les produits (personnalisation), les compétences (analystes, statisticiens…) et le pilotage des
flux. Le lean management est apparu au groupe, comme un modèle de management permettant de bien
cadrer les apports du numérique : orientation client des process, standardisation de composants pour une
meilleure personnalisation des produits, management des RH et des démarches d’amélioration… Ainsi, le
lean management peut-il apporter une discipline de focalisation client à la transformation numérique.
L’étude a ainsi conclu sur l’intérêt d’un lean management de la DSI, sur les apports d’une DSI lean
Inducteur dans les métiers, et sur la discipline managériale que le lean peut apporter à la transformation
numérique.
Pierre DELORT, DSI Inserm