Date de publication : décembre 2003
6 . Foie
6.1.1. Orientation diagnostique devant une hépatomégalie
6.1.1.1 Affirmer l’hépatomégalie
C’est parfois à l’inspection de l’abdomen qu’une hépatomégalie peut être suspectée devant l’existence d’une voussure ou
d’une tuméfaction de l’hypochondre droit, et/ou de l’épigastre.
La percussion permet de localiser la limite supérieure du lobe hépatique droit, généralement située à hauteur de la
cinquième côte, en dedans de la ligne médio-claviculaire. Le bord inférieur du foie passe par une ligne oblique unissant le
neuvième cartilage costal droit au huitième gauche. La flèche hépatique est la hauteur de la matité mesurée sur la ligne
médio-claviculaire droite, sa valeur normale varie entre 8 et 10 cm.
La palpation chez un sujet en décubitus dorsal permet de repérer le bord inférieur du foie qui peut être normalement perçu
en inspiration dans l’hypochondre droit chez certains sujets. Dans le creux épigastrique, le débord physiologique du foie ne
dépasse pas 3 cm sous la xyphoïde. Dans les hépatomégalies, la main immobile peut évaluer la morphologie et la
consistance de la face antérieure du foie qui se déplace avec les mouvements respiratoires. La consistance du bord inférieur
du foie sera également appréciée, de même que l’éventuelle sensibilité de cette hépatomégalie. Dès cette étape, la
distinction entre une hépatomégalie et une tumeur de l’hypochondre droit ou de l’épigastre (estomac, pancréas, colon,
adénopathies), habituellement non mobile lors de la respiration, peut être établie.
6.1.1.2. Orientation étiologique
L’enquête étiologique est guidée en premier lieu par la clinique.
6.1.1.3. Préciser les caractéristiques de l’hépatomégalie
L’importance de l’hépatomégalie, la consistance de la face antérieure (élastique, ferme, dure ou pierreuse), son caractère
homogène ou nodulaire, la consistance du bord inférieur (mousse ou tranchant), sa sensibilité à la palpation ou à
l’ébranlement, l’existence d’un souffle au niveau de l’aire hépatique peuvent d’emblée fournir des orientations étiologiques
(figure 1 ci-dessous).
6.1.1.4. Recherche de signes cliniques associés
a. Signes généraux : fièvre, frissons, asthénie, amaigrissement, dénutrition ou au contraire surcharge pondérale voire
obésité.
b. Ascite : Elle est parfois évidente cliniquement : augmentation du volume de l’abdomen, déplissement de l’ombilic.
Lorsqu’elle est moins abondante, la percussion de l’abdomen révélant une matité déclive mobile, permet facilement de la
révéler. Elle peut être associée à des oedèmes des membres inférieurs.
c. Ictère : soit subictère conjonctival ou ictère franc cutanéo-muqueux pouvant être associé à un prurit (interrogatoire,
recherche de lésions de grattage).
d. Douleurs de l’hypochondre droit dont les caractéristiques doivent être précisées (coliques hépatiques, douleurs continues,
hépatalgies d’effort).
e. Signes d’insuffisance cardiaque droite : hépatalgie provoquée, turgescence des jugulaires, reflux hépato-jugulaire,
épanchements pleuraux.
f. Signes d’insuffisance hépato-cellulaire : asthénie, dénutrition, angiomes stellaires, érythrose palmaire, hippocratisme
digital, ongles blancs, gynécomastie chez l’homme, encéphalopathie hépatique. L’existence d’un ictère dans un tel contexte
permet d’attribuer ce dernier à l’insuffisance hépato-cellulaire.
g. Signes cliniques d’hypertension portale : circulation collatérale sous-cutanée abdominale, splénomégalie. L’existence
d’une ascite associée à ces autres signes permet d’attribuer celle-ci à une hypertension portale (généralement associée à
des signes d’insuffisance hépato-cellulaire).
h. Signes de dissémination tumorale : adénopathie de Troisier, touchers pelviens : tumeur rectale ou génitale, nodules au
niveau du cul-de-sac de Douglas.
6.1.1.5. Réaliser une anamnèse rigoureuse
- Préciser les antécédents personnels = éthylisme chronique, prise de médicaments hépatotoxiques, prise de contraceptifs
oraux, contage possible avec un virus responsable d’hépatite (voyage, pratiques sexuelles à risque, toxicomanie,
antécédents de transfusions sanguines avant 1990), diabète, antécédents carcinologiques éventuels, cardiopathie, maladie
infectieuse ou systémique.
- Préciser les antécédents familiaux : notion d’hépatopathie chronique.
6.1.1.6. Examens biologiques
Tests fonctionnels hépatiques
Dosage des transaminases (alanine-aminotransférases, ALAT ou SGPT, et aspartate aminotransférase ASAT ou SGOT).