
Vieillissement pathologique
Au cours de cette involution endométriale, plusieurs
types de lésions peuvent survenir, isolées ou associées,
plus ou moins sévères, allant de modifications réaction-
nelles relativement fréquentes et peu symptomatiques, à
type de métaplasie, aux véritables processus tumoraux [5].
La métaplasie ciliée ou tubaire peut s’observer au sein
d’une muqueuse en atrophie glandulokystique, mais aussi
en réponse à une stimulation œstrogénique prolongée,
généralement iatrogène. Certaines atypies nucléaires
doivent être distinguées de celles qui sont observées
dans une véritable hyperplasie glandulaire complexe.
La métaplasie malpighienne peut survenir chez la
femme âgée, en réponse à un pyomètre, intéressant
l’épithélium de surface et plus ou moins les collets glan-
dulaires, et aboutissant parfois à une véritable ichtyose
endométriale. Elle peut coexister avec un carcinome
malpighien primitif et doit être différenciée de l’extension
superficielle d’un carcinome du col utérin.
La métaplasie mucineuse correspond à un phéno-
mène plus involutif postménopausique que véritablement
pathologique. Cependant, comme elle peut être d’origine
iatrogène (tamoxifène), elle sera différenciée d’un
carcinome mucineux. Selon certains auteurs [6], parmi
les trois types de lésions mucineuses, le type B (architec-
ture microglandulaire) doit inciter à une surveillance
rigoureuse chez la femme péri- ou postménopausique ;
Les polypes glandulaires sont moins fréquents au-delà
de 60 ans que chez la femme jeune et généralement de
type atrophique. Ils associent, en proportion variable,
glandes endométriales inactives, stroma plus ou moins
fibrosé et vaisseaux à parois épaisses. Ils sont particulière-
ment présents chez les patientes soumises au tamoxifène
(10 à 50 % selon les études), traitement adjuvent du
cancer du sein, présentant des effets antagonistes sur les
récepteurs aux œstrogènes mais comportant un léger effet
agoniste sur l’endomètre de la femme ménopausée.
Ce sont des polypes souvent de grande taille et multiples,
à stroma fibreux, myxoïde, voire décidualisé, avec des
glandes généralement kystiques, et à revêtement sécré-
toire et mucipare, d’architecture papillomateuse. Dans
ce contexte, il existe une augmentation du risque de déve-
loppement d’un carcinome endométrial, ce risque étant
dose dépendant et apparaissant à partir de deux ans de
traitement. Il persisterait après l’arrêt du traitement après
plusieurs années. Globalement, les polypes ne sont pas
significativement considérés comme des précurseurs du
cancer, mais dans 0,5 à 0,8 % des cas, un carcinome
peut se développer en leur sein et des lésions précancé-
reuses, à type d’hyperplasie complexe atypique, sont
significativement plus fréquentes chez les femmes
ménopausées. Un polype est retrouvé au voisinage d’un
carcinome dans 20 à 30 %.
Les hyperplasies endométriales sont classées, selon
l’OMS [7], en hyperplasies simples, hyperpiasies
complexes et hyperplasies simples ou complexes avec aty-
pies, cela en fonction des critères architecturaux et cytolo-
giques. L’hyperplasie (favorisée par l’obésité et le diabète)
correspond à la réponse de l’endomètre à une stimulation
oestrogénique prolongée, non compensée, endogène ou
exogène. De ce fait, elle survient en période périménopau-
sique ou ménopausique. L’hyperplasie atypique, survient
avec prédilection en périménopause et, contrairement à
l’hyperplasie simple, est peu ou pas hormonosensible. Son
principal diagnostic différentiel est l’adénocarcinome infil-
trant. Ces lésions d’hyperplasie avec atypies sont considé-
rées comme des lésions potentiellement préinvasives, car
renfermant des modifications génétiques proches de celles
retrouvées dans les tumeurs malignes.
Les carcinomes de l’endomètre touchent dans 75 à
80 % des cas les femmes postménopausées et regroupent
des tumeurs biologiquement et morphologiquement
variées et de pathogénies différentes. Selon des bases
cliniques et pathologiques, deux types sont distingués :
–le type I, le plus fréquent (80 à 85 %), œstrogèno-
dépendant et concernant des femmes obèses, hyper-
tendues, diabétiques, en péri- ou postménopause, avec
puberté précoce, ménopause tardive et nulliparité. Le
carcinome est le plus souvent développé sur hyperplasie
fréquemment atypique. Il est de type endométrioïde et de
bas grade, 1 ou 2, la survie à 5 ans étant d’au moins 80 % ;
–le type II, plus rare (10 à 15 %) est non œstrogèno-
dépendant, survient chez des femmes ménopausées de
10 ans plus âgées que le premier type et présente une évo-
lution agressive. Les carcinomes sont de type séreux ou à
cellules claires, de grade 3 ou d’autretypedehautgrade.
Ils ne sont pas associés à une hyperplasie, mais
surviennent sur un endomètre atrophique. En ce qui
concerne la carcinogenèse, deux voies principales sont
mises en œuvre, impliquant des gènes suppresseurs de
tumeur PTEN, pour les tumeurs endométrioïdes de type I,
P53 pour les tumeurs non endométrioïdes de type II
Ces deux gènes régulent, de façon différente, l’apoptose,
sachant que d’autres gènes sont également impliqués, tels
K-Ras.
Un autre type de tumeur maligne rare (1,5 %), surve-
nant le plus généralement chez les femmes ménopausées,
est représenté par le carcinosarcome ou tumeur mixte
mullérienne maligne.
Dans un contexte d’hyperœstrogénie, elle associe une
composante épithéliale à type d’adénocarcinome à un
contingent mésenchymateux sous la forme d’un sarcome
homologue ou hétérologue. Il a été montré que ces
formes histologiques péjoratives pouvaient être observées
à la suite de l’administration prolongée de tamoxifène,
durant 6 à 9 ans. Moins d’une centaine de cas sont décrits
et ces tumeurs sont 10 à 20 fois plus rares que les
adénocarcinomes classiques décrits dans ce contexte.
mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 12, n° 4, octobre-novembre-décembre 2010
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