Droit des sociétés - L’augmentation de capital L’augmentation de capital peut poursuivre plusieurs buts : recapitaliser sa société après des pertes, incorporer des réserves, entamer une nouvelle période de croissance, ou pour accueillir un nouvel associé. L’augmentation de capital est un évènement fréquent de la vie des affaires et suppose de nombreux éléments formels. I – Augmentation de capital par incorporation des réserves Une augmentation comptable : l’augmentation de capital par incorporation des réserves est la plus simple : il ne s’agit que d’un changement d’écritures comptables retranscrivant les réserves en capital. Elle se traduit par l’attribution d’actions ou de parts sociales nouvelles au prorata de la participation des associés à la société. Toute réserve disponible : toutes les réserves disponibles d’une société peuvent faire l’objet d’une incorporation. Cela inclut entre autres : les réserves facultatives, extraordinaires, et légales ainsi que les provisions libérées, les primes d’émission et de fusion, ainsi que les bénéfices de l’exercice ou encore les bénéfices reportés à nouveau. Une assemblée ordinaire : pour décider d’une augmentation de capital par incorporation de bénéfices au sein d’une SARL, une assemblée générale ordinaire suffit. La décision est prise par les associés représentant au moins la moitié des parts sociales. Dans une SAS, il convient de consulter les statuts de la société. Droit d’enregistrement : un droit fixe devra être acquitté auprès du service des impôts lors de l’enregistrement du procès-verbal d’assemblée décidant l’augmentation de capital. Son montant est de 375 euros si le capital reste inférieur à 225 000 euros à l’issue de l’augmentation, ou de 500 euros dans le cas contraire. Formalités : Devront être envoyés au Centre de Formalités des Entreprises : Un chèque relatif au frais de greffe ; l’avis de parution dans un journal d’annonces légales ; deux exemplaires du procès-verbal d’assemblée ou de l’acte unanime ; deux exemplaires des statuts mis à jour ; un formulaire M2. II) Augmentation de capital par apports en nature ou en numéraire Il est aussi possible de réaliser une augmentation de capital par apports en société (voir la fiche sur les apports en société). Attention : l’augmentation en numéraire n’est possible que si le capital social a été entièrement libéré. Assemblée générale extraordinaire : une assemblée générale extraordinaire devra être valablement convoquée. Il convient en fonction de la forme sociale de vérifier les règles légales et statutaires concernant les conditions de quorum et de majorité. Astuce, dans une SAS et dans une SARL, une décision unanime des associés suffit, ce qui permet d’économiser les délais de convocation. Mais la décision unanime devra être signée par l’intégralité des des associés. Le souscripteur : il peut être un tiers ou les associés actuels de la société. Attention, si le souscripteur est un tiers, il faut vérifier dans les statuts, la loi et le pacte d’associés, si l’entrée d’un nouvel associé n’est pas soumise à une procédure d’agrément. Droit de préemption : il convient ensuite de vérifier l’existence d’un droit de préemption et si ce dernier existe, il faut le faire impérativement jouer. Si le droit de préemption se trouve dans la loi ou dans les statuts, le non respect du droit de préemption aura pour conséquence la nullité de l’augmentation de capital. Le droit de préemption est un droit accordé aux associés leur permettant de souscrire prioritairement à une augmentation de capital et donc de primer sur l’arrivée d’un tiers. Un droit anti-dilution peut aussi être inclus (voir la fiche statuts et pactes d’associés). Apport en numéraire : un bulletin de souscription est envoyé aux souscripteurs qui versent ensuite l’argent au représentant de la société, qui le dépose sur les comptes de la société contre un certificat de dépôt. Apport en nature : les apports en nature doivent faire sauf exception (voir fiche apports en société) l’objet d’une estimation par un commissaire aux apports en nature. Assemblée générale constatant l’augmentation de capital : il convient une fois l’augmentation réalisée de la faire constater et de modifier en conséquence les statuts de la société. Astuce, dans une SAS il est possible de donner pouvoir au président pour constater par une décision du président la réalisation de l’augmentation de capital. Droit fixe d’enregistrement : un droit fixe devra être acquitté auprès du service des impôts lors de l’enregistrement du procès-verbal d’assemblée décidant l’augmentation de capital et son montant sera de 375 euros si le montant du capital reste inférieur à 225 000 euros à l’issue de l’augmentation de capital, ou de 500 euros dans le cas contraire. Publicité : la décision d’augmentation du capital social doit faire l’objet d’une publicité dans un journal d’annonces légales. L’avis d’insertion doit contenir les mentions suivantes : la dénomination sociale ; la forme juridique ; le montant du capital social (ancien et nouveau capital) ; l’adresse du siège social ; le numéro d’immatriculation au registre du commerce et des sociétés ; la date à laquelle l’assemblée générale extraordinaire s’est tenue ; le numéro de l’article des statuts qui a été modifié. Formalités : Doivent être déposées au CFE : une copie du procès-verbal, certifiées conformes par le représentant légal avec la mention originale de l’enregistrement auprès des services fiscaux ; une copie des statuts mis à jour, certifiées conformes par le représentant légal ; une copie de l’attestation de parution dans un journal d’annonces légales indiquant le nom du journal et la date de parution ; en cas d’apport en nature, une copie du récépissé du dépôt du rapport du commissaire aux apports au tribunal de commerce. À défaut, deux originaux du rapport du commissaire aux apports. Choisir sa forme sociale et créer sa société L’une des premières questions à se poser avant de créer sa société est celle du choix de la forme sociale. Si la plupart des formes sociales commerciales sont a priori compatibles avec l’activité d’hôtellerie restauration, le choix de la forme sociale n’est pas anodin et doit prendre en compte le projet précis de l’entrepreneur. Le choix d’une forme sociale dépend surtout du mode de financement retenu pour le projet d’hôtel ou de restaurant. En effet, la forme sociale détermine les relations entre les associés et les mandataires sociaux de la société : c’est-à-dire entre les pourvoyeurs de fonds et les gérants/présidents de la société. Après un bref exposé des formes sociales et leurs avantages particuliers, nous exposerons les formalités nécessaires à la création d’une société. I) Les formes A – L’entreprise individuelle : la course en solitaire Une forme simple – L’entreprise individuelle est la plus simple, d’abord fiscalement car elle est transparente — l’entrepreneur individuel déclare dans sa déclaration fiscale les bénéfices de la société en tant que bénéfices industriels et commerciaux. Ensuite, car elle permet le maintien d’une comptabilité plus légère avec seulement l’obligation de tenir trois livres de comptes (un livre journal, un grand livre, et une balance). En outre, les formalités de création sont simplifiées. Absence d’associé – Cette forme sociale est souvent retenue par les entrepreneurs individuels car elle ne permet pas de s’associer à plusieurs. Toutefois, elle n’empêche pas pour autant d’employer des salariés. L’inconvénient est que l’entrepreneur individuel doit se financer sur ses capitaux propres ou au travers de l’octroi de prêts bancaires. Principe de la confusion du patrimoine – L’entreprise individuelle fonctionne selon le système de la confusion des patrimoines de l’entrepreneur et de l’entreprise. Toutefois, dans la pratique, le caractère illimité ou limité de la responsabilité sociale dans le cadre d’une entreprise d’hôtellerie restauration est relativement indifférent dans la mesure où dans une SARL ou SAS, les créanciers d’importance (les banques) demanderont une garantie personnelle aux associés. En outre, les assurances couvriront une grande partie des risques. L’entreprise individuelle est un choix cohérent pour quelqu’un qui se lance à l’aventure seul, et qui n’est financé que par une banque. B – La SARL : la société entre amis Pluralité des associés – Contrairement à l’entreprise individuelle, la SARL présente l’avantage de permettre l’association avec plusieurs personnes. Il est nécessaire de bien comprendre la notion d’associé : ce dernier est un investisseur, il met en commun des biens, de l’argent ou un savoir-faire pour permettre à une entreprise de voir le jour. Il peut éventuellement être un salarié ou un mandataire social de l’entreprise, toutefois sa fonction principale est d’apporter les fonds nécessaires au lancement de l’entreprise. Une société dont les associés sont fortement liés – Les entrepreneurs qui décident de se lancer dans l’aventure entre amis, ou en levant des capitaux chez des proches vont être tentés par la SARL. En échange, de leur contribution en capital, en nature, ou en industrie, les investisseurs vont recevoir des parts sociales qui leurs donneront droit à des dividendes et à des droits politiques. La SARL est une société à fort intuitu personæ, ce qui signifie que la cession de parts sociales ou l’entrée d’investisseurs extérieurs supposent de recevoir un agrément des autres associés. L’idée est donc d’une association dans la durée avec des personnes qui ont un réel désir d’association. Cette forme sociale est moins commode dans le cadre d’une association avec des investisseurs purement financiers. Un cadre légal précis – Le Code du commerce réglemente de manière très précise le fonctionnement d’une SARL, ce qui en fait une forme sociale facile d’accès, car son cadre juridique est préexistent. En conséquence, ses statuts sont plus simples à rédiger et coûtent donc moins cher en honoraires d’avocat. C – La SAS : La société aux associés anonymes Une forme de société souple – La société par actions simplifiée est la forme sociale la plus souple et paradoxalement la plus compliquée. La plus souple, car elle n’est que très peu réglementée par les textes de loi, et est donc la plus compliquée, dans la mesure où elle suppose que ses statuts soient rédigés avec une grande rigueur, car en dehors d’eux, il n’y a presque aucune réglementation pour venir régir la vie sociale de la société. Des statuts sur mesure – Toutefois, cette liberté donnée aux rédacteurs des statuts a un avantage majeur, celui de pouvoir créer une société exactement conforme aux attentes des entrepreneurs. En cas d’investisseurs nombreux voulant des droits différents, il est possible de créer une mécanique juridique particulière. Par exemple, il est possible de prévoir des actions à dividendes prioritaires, des actions sans droit de vote… Cette grande liberté est particulièrement appréciable pour un entrepreneur qui lèvera des capitaux dans des fonds de private equity afin de lancer un projet d’hôtel restaurant d’une plus grande envergure. La cession des actions est facilitée – En outre, la SAS est une société par actions, ce qui permet un transfert d’actions plus simple que le transfert de parts sociales soumises à un intuitu personae plus fort. Néanmoins, si le principe est que les actions sont librement cessibles, une clause d’agrément d’un nouvel associé peut toutefois être incluse dans les statuts, ou pacte d’associés. Résumé – En bref, l’avantage de la SAS est de permettre facilement de construire un régime juridique souple pour permettre à des investisseurs financiers, c’est-à-dire sans rôle opérationnel dans l’entreprise, d’apporter des capitaux. Ces investisseurs, souvent sans relation préexistante avec les entrepreneurs (par exemple des ‘Business Angels’) vont vouloir des garanties plus importantes et surtout s’assurer de la liquidité de leur investissement. Le caractère fortement réglementé d’une SARL ne permet pas aisément la mise en place d’un tel régime sur mesure. II ) Comparatif des avantages de la SARL et de la SAS A – le sort des mandataires sociaux Président personne morale – La SARL est dirigée par un ou plusieurs gérants qui sont des personnes physiques, quand la SAS est elle dirigée par un président qui est une personne physique ou morale. Le fait pour une SAS d’avoir un président personne morale, autrement dit une société, est important dans la mesure où cela permet la création d’un groupe de sociétés. Cette situation arrive fréquemment si par exemple un hôtelier ouvre un restaurant et souhaite diviser la gestion de ces deux activités en deux entreprises différentes. La création de la SAS permet de créer un groupe de sociétés : une holding, dont l’hôtelier est président, et qui est présidente, à son tour de la société en charge de l’hôtel, et de celle en charge du restaurant. Salariés vs Travailleurs non salariés – La principale différence entre les deux régimes juridiques relève du domaine social : le dirigeant de la SAS a un statut social assimilé à celui d’un salarié alors que le gérant d’une SARL a le statut d’un travailleur non salarié, lorsqu’il détient plus de la moitié du capital social, et celui de salarié quand il est minoritaire. B – les seuils de nomination des Commissaires aux comptes La SARL, moins contraignante – Un commissaire aux comptes doit être obligatoirement nommé dans les SARL ou dans les SAS si 2 des 3 seuils suivants sont franchis : SARL SAS CA 3.100.000 2.000.000 Total du bilan 1.550.000 1.000.000 Nombre de salariés 50 20 Une SAS filiale d’une société (par exemple d’une holding patrimoniale) doit avoir un commissaire aux comptes. III) Les démarches pour créer une société La démarche préalable : vérification auprès de l’INPI que votre nom de marque est disponible et qu’il n’a pas encore été déposé. Des démarches facilités : Un guichet unique pour les formalités : Les différentes formalités requises (siren, rcs….) sont centralisées au sein des CFE (centre de formation des entreprises) ou par Internet. Publicité : La création de l’entreprise doit faire l’objet d’un enregistrement dans un journal d’annonces légales. Retraite : La création de la société doit faire l’objet d’une déclaration obligatoire à la caisse des retraites sous trois mois, même si la société ne compte aucun salarié.