Les comités de lecture en milieu scolaire

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Le Prix de l’inédiThéâtre
L’inédiThéâtre est un prix décerné par les lycéens de différents établissements, à la pièce de théâtre
qu’ils choisiront parmi trois manuscrits* qui leur seront proposés. Il aboutit à la publication de la pièce
lauréate chez Lansman éditeur. Le Prix est remis lors d’une soirée avec lecture publique du texte au
Théâtre de l’Aquarium.
Comment aborder un texte théâtral, l’analyser, en rendre compte ? Quelles
sont les différentes méthodes de lecture ? Qu’est-ce que la littérature
théâtrale, ses tendances actuelles, son histoire récente ? Du texte à la
représentation, quels écarts ?
Le principe du comité de lecture propose un éveil à la lecture du théâtre contemporain et à l’argumentation,
et guide les jeunes vers une posture critique. Il leur permet de découvrir une littérature vivante, souvent
méconnue et d’en rencontrer les auteurs et les acteurs. À l’image d’un comité de lecture professionnel, le
groupe-classe se fixe des enjeux en suivant différentes étapes : lecture des textes, discussion, et sélection. A
chaque séance, les élèves sont invités à trouver leurs « outils », leurs « entrées » pour aborder la littérature
dramatique contemporaine : comment parler d’une pièce ? Comment parvenir à restituer son identité ?
Comment déterminer son avis et en fonction de quels éléments ? L’intervenant, accompagné par
l’enseignant, incite les élèves à se poser des questions sur la littérature et la théâtralité conjointement, en
abordant tous les éléments qui participent d’une pièce de théâtre (notions de fable, personnages, construction,
rythme, langue, oralité etc…). Le comité de lecture se présente comme un parcours de sensibilisation au théâtre
d’aujourd’hui et aux auteurs vivants.
Les débats sont un moyen d’accès aux multiples sens des œuvres. Ils sont aussi un apprentissage de
l’écoute de l’autre et de la prise de parole en respectant l’opinion de chacun. Ils invitent les jeunes à
développer leur sens critique, à préciser leur prise de parole, à réfléchir et à choisir les mots pour dire ce qu’ils
pensent et pour convaincre.
Si le débat n’aboutit pas à un accord, la sélection se fait en comptant les arguments positifs pour chaque pièce
défendue : un argument égale une voix. Un élève à lui tout seul peut ainsi, en énonçant plusieurs arguments,
avoir autant de poids qu’un groupe d’élèves, aussi nombreux soient-ils.
Parallèlement, aux différentes étapes du comité de lecture, les classes participantes pourront découvrir au moins
2 spectacles de théâtre contemporain choisis dans la programmation du Théâtre de l’Aquarium (ou des théâtres
partenaires en région), visiter le théâtre et rencontrer les équipes artistiques afin de permettre aux élèves
d’appréhender les enjeux de la représentation théâtrale d’un texte.
Ce lien avec un théâtre prolongera la découverte du texte dramatique par les élèves, en leur permettant
d’appréhender les enjeux de la mise en scène d’une pièce.
Les partenaires à l’initiative du projet
Le théâtre c’est d’abord l’écriture d’un texte (quelle que soit sa forme), puis son partage avec le public, sous la
forme d’une pièce éditée et d’une mise en scène portée sur un plateau de théâtre.
C’est pourquoi L’inédiThéâtre réunit autour des classes participantes, 3 partenaires qui représentent ce
parcours. Postures, qui accompagne les lycéens dans leur découverte du texte théâtral contemporain,
Lansman éditeur qui publie la pièce choisie par les élèves et le Théâtre de l’Aquarium, qui permet aux élèves
de mieux comprendre les enjeux d’une représentation théâtrale.
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9è édition, année scolaire 2016-2017 :
Déroulement
28 septembre 2016 : réunion du jury au Théâtre de l’Aquarium et choix des trois manuscrits qui seront soumis
aux élèves.
De novembre à fin mars 2017 : 7 séances (14 heures)* sont consacrées à la découverte des textes, à des
tentatives de mise en voix d’extraits, et à la discussion. Ces séances sont animées par un intervenant, en
collaboration avec l’enseignant. (Pour les classes d’Ile de France qui le souhaitent ces séances peuvent se
dérouler au Théâtre de l’Aquarium lors de deux jours de stage.)
L’enseignant accompagne et prolonge la lecture et l’analyse des textes.
La première séance est consacrée à la présentation du projet et des participants ; les élèves y découvrent pour
la première fois les textes dont ils devront débattre par la suite, ils prennent connaissance des « règles du jeu »
(lecture, prise de note, argumentation, et échanges) et s’attachent à définir ensemble pour leur comité des
critères de sélection et des enjeux.
Pour les élèves d’Ile de France participant au projet, cette première séance se déroulera le mardi 24 novembre
2015 au Théâtre de l’Aquarium.
Les 3 séances suivantes sont consacrées chacune à un texte. Elles alternent présentation de la pièce, analyse,
avis et mise en voix d’extraits.
La 5ème séance est consacrée au débat du comité de lecture. Chaque classe choisit « son » texte.
La 6ème séance réunit des représentants de chaque classe au Théâtre de l’Aquarium à Paris pour le comité
de lecture final qui aboutit à la sélection de la pièce lauréate.
La 7ème séance permet de passer le relais. Elle ouvre d’autres perspectives : les élèves rencontrent l’auteur.
Cette rencontre peut-être l’occasion d’une discussion mais aussi d’un travail pratique.
Le 16 mai 2017, le Théâtre de l’Aquarium accueille la remise de prix et la lecture de la pièce lauréate, en
présence de toutes les classes participantes.
*Une séance supplémentaire est proposée aux lycéens d’Ile de France qui pourront accueillir dans leur
classe Philippe Crubézy, lauréat du prix de l’inédiThéâtre 2016 pour un atelier d’écriture.
Un appel à pièces inédites
Chaque année en avril, un appel à textes est envoyé aux auteurs.
Préjury et jury
- En juin, un préjury (composés des intervenants dans les classes et des partenaires organisateurs) lit
l'ensemble des manuscrits envoyés – le nom de leurs auteurs ne figurant pas sur les textes distribués. Ce
préjury retient les pièces qui lui semblent les plus adaptées au projet. Soit une dizaine de textes riches et
variés dans leur propos, dans leur forme dramaturgique, dans leur ouverture et dans leur langue. Ces
textes seront soumis au jury.
- En septembre, un jury, composé des enseignants participant à l’édition de l’année scolaire en cours, des
intervenants dans les classes, et des partenaires organisateurs, désigne les trois pièces qui seront
proposées aux élèves des classes engagées dans le projet.
Publication
L’opération ne sera définitivement terminée et le lauréat proclamé que quand le texte définitif, prêt à être
publié, sera établi (en mai 2015). Le texte retenu fera l’objet d’une publication chez Lansman Editeur
suivant un contrat dont le modèle peut être obtenu sur simple demande.
L’ouvrage sera offert aux lycéens qui ont participé au prix. Certains exemplaires seront également diffusés
dans le monde francophone auprès de personnes ou d’institutions susceptibles de les valoriser à la scène.
L’autre partie des ouvrages sera diffusée via le circuit habituel de Lansman Editeur.
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Les lycéens lecteurs
Les textes sélectionnés,
les auteurs
85 textes ont été reçus suite à l’appel à pièces
lancé en avril 2016, 3 textes ont été sélectionnés
à l’issue du comité du 28/09/2016 :
Le Départ de Mireille Bailly
Anissa / Fragments de Céline Bernard
Moins un de Sébastien Joanniez
L’action touche 15 classes dans 4 grandes régions :
Bourgogne / Franche Comté :
2 classes avec Ces Messieurs sérieux
Lycée Dijon
Lycée
Ile de France : 3 classes avec le Théâtre de Cachan,
le Théâtre de la Vallée, le Théâtre de l'Aquarium
Lycée Voltaire / Paris 11è
Lycée Camille Saint Saëns / Deuil la Barre / 95
Lycée Gustave Eiffel / Cachan / 94
Nouvelle Aquitaine / Poitou Charente : 6 classes avec Le
Moulin du Roc, Scène nationale de Niort
Lycée polyvalent Paul Guérin / Niort (79)
Lycée Saint André / Niort (79)
Lycée polyvalent Haut Val de Sèvres / St Maixent l’Ecole (79)
Lycée général et technologique Perrochon / Parthenay (79)
Lycée Jean Monnet / Cognac (79)
Lycée général et technologique du Bois d’Amour / Poitiers (79)
Rhône Alpes : 4 classes avec La Maison du Théâtre et le
Théâtre du Pélican
Lycée Paul Painlevé / Oyonnax (01)
Lycée Edgar Quinet / Bourg en Bresse (01)
Lycée
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► Le départ de Mireille Bailly
L’auteure - Mireille Bailly est actrice et autrice belge. Son premier texte Albert
Hubert ou l’exercice difficile de la démocratie a été créé au Festival XS au Théâtre
National de Belgique en Mars 2013, s'en est suivi en 2014 Poids Plume au Théâtre
de Poche (Bruxelles) et R.H. est actuellement en cours de production avec la
Compagnie Belle de Nuit. Le départ est son dernier texte.
En tant qu’actrice, elle collabore depuis plus de 15 ans avec les concepteurs
(metteur en scène/ scénographe) Axel de Booseré et Maggy Jacot. Elle a
également interprété des premiers rôles notamment sous la direction de Jacques
Delcuvellerie, Jean-Claude Berutti, Philippe Van Kessel, Johan Simons, Denis
Marleau, Roman Kozak…
Au cinéma, elle a joué de petits rôles dans la plupart des films de Jean-Pierre et
Luc Dardenne (La fille inconnue, Le gamin à vélo, Le silence de Lorna, L’enfant,
Rosetta, La promesse).
La pièce - Il est 19h, 19h pile. À 35 ans, bien cravaté et affublé du costume de son père, la valise de sa mère
réquisitionnée, pour LE FILS, c'est enfin l'heure du grand départ. Mais comme chacun le sait : quand on vit dans son
nid et qu'on veut aller au bout du monde, le plus dur ce n'est d'aller au bout du monde, mais bien de quitter son nid.
C'est ça qui est difficile. Même si celui-ci n'est pas douillet, quitter son nid, ça c'est dur.
Le droit à la différence, les rapports de classe, la violence des relations familiales sont au centre de cette pièce. Mais
Le départ, c'est aussi une pièce drôle qui flirte avec le surréalisme et l'absurde, une invitation à voler de ses propres
ailes, même et surtout si c'est à contre-courant.
L’extrait - Tableau 1.
LA MERE.- Est-ce que j'aurais encore des ailes ?
LE PERE.- Passe-moi l'sel.
LA MERE.- Un jour.
LE PERE.- Le sel.
LA MERE.- Des ailes...
LE PERE.- Le sel j'te dis !
LA MERE.- Je sais pas.
LA MERE.- Des ailes ça te dirait pas à toi ?
Silence du père.
Si on repeignait ? On pourrait repeindre, c'est triste
non ?
LE PERE.- Quoi ? Où ? Où c'est triste ?
Tu vois de la tristesse toi ? Moi pas.
LA MERE.- C'est tout de même un peu triste.
On pourrait repeindre.
LE PERE.- Si tu n'as rien à dire tu te tais.
LE PERE.- Faut voyager, traverser l'eau. Là-bas, de
l'autre côté, tu verras de la tristesse. Ici c'est pas triste.
Ici c'est l'Europe, l'Europe c'est pas triste. L’Europe tout
le monde veut y venir et si tout le monde veut y venir,
c'est que c'est pas triste, c'est gai. L’Europe c'est gai et
toi tu vis en Europe. Donc repeindre non. On repeint
pas quand c'est gai même si on trouve ça triste, ce
serait du gaspillage. Y a des tas de gens tristes qui
sont dans l' besoin, qui frappent à notre porte et toi tu
penses qu'à gaspiller, gaspiller, gaspiller !
Repeindre... et avec quel fric ? T'en a toi du fric ? J'en
ai moi ? On repeint pas. Il y a d'autres priorités.
On repeint pas.
C'est gai ici.
Pause.
Moi je trouve ça gai.
Silence.
En quelle couleur ?
LA MERE.- Pas toi ?
LA MERE.- Je sais pas moi... jaune ?
LE PERE.- Quoi pas moi ?
LE PERE.- Ben voyons la couleur de la pisse !
LE PERE.- Pas assez salé c' truc.
LA MERE.- J'aimerais bien avoir des ailes.
LE PERE.- J'aime bien salé moi.
Le sel y a que ça d'vrai, ça rehausse tout.
LA MERE.- J'ai déjà eu ça des ailes...
Être légère, voler...
LE PERE.- Tu dis ?
LA MERE.- Rien.
LE PERE.- Ben tais-toi alors.
La mère soupire.
Tu parles si t'as à dire sinon tu parles pas.
LA MERE.- Je disais j'aimerais bien avoir des ailes.
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► Anissa / Fragments de Céline Bernard
L’auteure - Céline Bernard vit et travaille à Strasbourg. Elle a d’abord exploré
des écritures liées à la nouvelle et au roman, avant de se tourner vers
l’écriture théâtrale. Elle a notamment travaillé avec Emmanuel Adely et Luc
Tartar. Elle est l'auteure de plusieurs textes de théâtre à destination des
adolescents (15 ans, La poupée nègre, Anissa/Fragments) et des adultes
(Rouge Terre), qui ont fait l’objet de lectures et de mises en scène. En 2012,
elle crée avec d’autres auteurs le collectif Turbulences, espace de partage et
d’échange autour de l’écriture. Depuis 2014, elle travaille régulièrement avec
La Maison Théâtre/ Strasbourg, à l’occasion de commandes d’écriture (la
première pour Anissa/ Fragments) et de résidences. En janvier et en mars
2016, elle participe dans le cadre de cette collaboration à une résidence en
Alsace Bossue pour l’écriture de pièces courtes de 5,55 minutes, à paraître
au sein de l’ouvrage collectif Divers-cités en octobre 2016 aux éditions
Théâtrales jeunesse.
Anissa/ Fragments a été sélectionné par le comité de lecture des EAT en 2016 à l'occasion du 1er juin des écritures
théâtrales jeunesse et par le comité de lecture du Taps (Théâtre actuel et public de Strasbourg), pour le festival
Actuelles XIX qui se déroulera en mars 2017.
Elle est par ailleurs responsable d’un lieu dédié à l’éducation artistique et culturelle.
La pièce - Anissa est lycéenne. Une lycéenne presque comme les autres, arrivée récemment en France, sans sa
famille. Autour d'elle, une bande d'adolescents qui rêve, qui a peur, qui désire, qui commence à aimer...
Lorsqu'Anissa disparaît, c'est tout l'équilibre de cette bande qui s'en trouve bouleversé. Qui la connaissait vraiment
Anissa? Les ados vont alors raconter et reconstituer son histoire, face au monde qui frappe à leur porte, à l'heure de
se construire et d'inventer demain...
L’extrait - I. La Disparition / 1. Les vœux
La prof principale/les ados
Faites vos vœux
Inscrivez au bas de la page
N'ayez pas peur de dire d'écrire
Poison terrible
Faites vos vœux
Craintifs
Ouvrez grand les vannes
Poison terrible que la peur
Allez-y
Là sur la fiche d'orientation.
Je vous distribue vous allez voir.
C'est écrit en gros en haut de la page.
Vœux d'orientation.
Il faut décider.
J'ai toujours eu les jetons
Choisir.
Faire le bon choix
Pas de retour en arrière
Orienter.
Votre vie.
Ma mère elle dit toujours ah si j'avais su
C'est le moment
Ah si j'avais su
Ah j'aurais du
Ah j'aurais préféré
Décider
Suis pas prête
Pour les dix prochaines années.
Vous allez inscrire par ordre de préférence.
La vie que vous souhaitez pour les dix
prochaines années.
Est-ce que ça peut s'écrire
S'inscrire
Comme ça sur un papier blanc
Inscrire noir sur blanc
Le chemin
La trajectoire
Craintifs
Comme des agneaux
Vous tenez à peine debout
Encore à téter le sein de vos mères
Frêles
Vos vœux.
Allez on se lance
Bougez-vous un peu
Jamais vu le loup
Faut écrire quoi madame?
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► Moins un de Sébastien Joanniez
L’auteur - Né en 1974, Sébastien Joanniez commence par le théâtre,
à Lyon, où il travaille comme auteur, metteur en scène et comédien.
Publiée chez différents éditeurs (Rouergue, Sarbacane, Espaces 34,
Color Gang, Théâtrales), son œuvre alterne littérature jeunesse et
adultes, roman, théâtre, poésie, essai, album, chronique de voyage,
cinéma, chanson.
Son roman Marabout d’ficelle (Éditions du Rouergue) a reçu le Prix
J’aime lire (prix décerné par les enfants) au Salon de Montreuil en
2002. Devenu Ein Zwilling für Leo aux Editions Beltz (Allemagne), ce
roman a été sélectionné au Deutscher Jugendliteraturpreis - Foire du
livre de Francfort 2008.
Sa pièce, Désarmés - Cantique (Éditions Espaces 34), a obtenu le
Prix Collidram (prix de littérature dramatique pour les collégiens) en
2008.
Sa pièce Stroboscopie (Éditions Théâtrales) est finaliste du Grand Prix de littérature dramatique 2016.
Sa pièce Chouf (Éditions Espaces 34) est finaliste du Prix Sony Labou-Tansi 2017 (prix des lycéens francophone).
La pièce - "Dans mes voyages virtuels sur Internet, j’étais tombé sur un site de recensement des disparu(e)s en France et
m’étais étonné de leur nombre. J’avais lu leurs histoires, regardé leurs photos, détaillé leurs fiches descriptives en pensant
qu’il y avait là une matière phénoménale pour un texte de théâtre ou un roman.
Plus tard, en 2012, j’ai rencontré le metteur en scène Luc Sabot (Compagnie Nocturne - Hérault) et nous avons décidé de
travailler ensemble sur ce thème de la disparition en créant un spectacle qui s’appelait « Évaporés » (dont la première a eu
lieu en novembre 2014).
Pour l’écrire, je me suis installé en résidence dans un collège à Marvejols (Lozère) et un lycée à Grenoble (Isère). Là, j’ai
interrogé des jeunes sur leur idée de la disparition, évoqué avec eux la fugue, le suicide, la mort, l’absence, le silence…
toutes ces idées vertigineuses qui nous traversent et jalonnent notre existence.
Peu à peu, j’ai construit ce texte autour de deux frères : l’un présent qui attend, s’inquiète, s’énerve ; l’autre disparu, qui n’a
pas laissé d’explication et qui resurgit tout à coup par la magie du théâtre.
Les scènes qui suivent éclairent les instants d’une histoire passée, d’une douleur jamais refermée, d’une question en
suspens, d’un présent et d’un avenir à inventer par défaut."
L’extrait
Le frère :
On sait rien. Pas de signe. Pas de trace. On imagine. On invente. On cherche. Des signes. Des traces. Quelque chose.
On sait rien. On invente. On passe en revue. Les heures. Les lieux. Les gens. Les mots. Les gestes. Des petits riens. On
colle ensemble une date et un mot. Un geste dans un lieu. On cherche une raison. Un lien. Un sens. Un signe. Une trace.
On refait le chemin. Demi-tour. À droite, à gauche, tout droit. On recroise quelqu’un. On repose une question. On répond
encore. On raconte. Toute l’histoire du début à la fin. On remonte. On commence par la fin. On démonte. On assemble.
On met des étiquettes sur des photos. Des souvenirs. Un puzzle. Un casse-tête. Un rêve. Un cauchemar. Une farce. Une
blague. On sait pas. On sait rien. On imagine. Le pire. Le pire. On invente. On se rassure. On s’affole. On espère. On
craque. On pleure. On efface. On oublie. On oublie pas. On se sent coupable. Incapable. Maudit. Minable. Incapable. Je
l’ai déjà dit. Tant pis. Je me répète. Je me dédouble. Je me retourne. À l’origine. Le commencement. Le premier moment,
c’est aussi le dernier. Suite et fin. Tu prends ta veste verte. Ton sac à dos noir. Tu laisses les clefs sur la table de la
cuisine. Tu regardes par la fenêtre. Tu fais un tour dans le salon. T’ouvres la porte de la chambre des parents. Tu regardes
le dessus de lit à fleurs. Tu passes dans le couloir devant ma chambre et t’arrives devant la tienne. Tu regardes tes affaires
posées sur le bureau, sur la chaise, accrochées aux murs, tes affiches, tes étagères, ton armoire. Tu fixes ça dans ta
mémoire, comme la dernière image. T’avances jusqu’à la porte d’entrée. T’ouvres. Tu te retournes sur le seuil. Tu tires la
porte jusqu’au clic. Le dernier bruit. Je me raconte ton histoire. Emmêlée à la mienne. À celle de nos parents, de ta fiancée,
de tes amis. L’histoire de tout le monde. Je me retrouve au point de départ. À l’origine. Je l’ai déjà dit. C’est pas grave. Je
me répète. Tant pis. Tu descends l’escalier de l’immeuble. Tu sors dans la rue. Tu vas à gauche ou à droite ? Tu prends
quelle rue pour aller où ? Je me demande. Je me mets à ta place. Je me dédouble. Je l’ai déjà dit. Tant pis. T’es là ?
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Organisateur
Créée en 2008, POSTURES est une association agréée
Jeunesse et éducation populaire, qui a pour objet de créer, organiser,
susciter des manifestations culturelles qui favorisent le lien social, la
promotion et l’émancipation de la personne humaine.
L’association développe des actions de sensibilisation à l’écriture
contemporaine à travers l’organisation de comités de lecture en direction
de publics jeunes ou non initiés à la littérature d’aujourd’hui : Des mots
pour le Théâtre, Des Mots pour la Poésie, Collidram - prix de littérature
dramatique des collégiens, l’inédiThéâtre– prix lycéen de pièces inédites,
Inédits d’Afrique et Outremer – prix lycéen de pièces francophones.
Elle suscite la création de journaux d’élèves Jeunes Pages, de la
maternelle au lycée.
Elle propose des formations en direction des enseignants, bibliothécaires
et documentalistes.
Ces actions fonctionnent grâce à un partenariat qui associe différents
acteurs culturels, éducatifs et sociaux : établissements scolaires,
théâtres, bibliothèques et autres associations, des collectivités
territoriales et les directions régionales des ministères de la Culture et de
l’Education Nationale.
Partenaires
L’Académie de Créteil, les régions Ile de France et Nouvelle
Aquitaine - Poitou Charentes, Lansman Editeur / Emile & Cie, le
Théâtre de l’Aquarium, le Moulin du Roc - scène nationale de Niort,
le Granit – scène nationale de Belfort, le Théâtre de la Vallée, la
Maison du théâtre à Jasseron, la compagnie Ces Messieurs
sérieux, l’ANRAT.
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9 éditions
1ère édition, année scolaire 2008-2009 : L’action touche 4 classes à
Paris au Lycée Voltaire.
La pièce lauréate : Taklamakan de Gérald Dumont
2è édition, année scolaire 2009-2010 : L’action touche 5 classes en Ile
de France dans les lycées Voltaire, Etienne Dolet, et Hélène Boucher à
Paris.
La pièce lauréate : Les Yeux d’Anna de Luc Tartar
3è édition, année scolaire 2010-2011 : L’action touche 5 classes en Ile
de France des lycées E.Dolet, P.Valéry à Paris, E.Hénaff à Bagnolet et
J.Renoir à Bondy.
La pièce lauréate : De mémoire d’estomac d’ Antoinette Rychner
4è édition, année scolaire 2011-2012 : Le Théâtre de l’Aquarium prend
le relais du Théâtre de l’Est parisien et devient le nouveau partenaire du
prix.
L’action touche 7 classes en Ile de France dans les lycées E.Dolet,
S.Weil et P.Valéry à Paris, P.Bert à Maisons Alfort, E.Delacroix à Drancy
et R. Rolland à Ivry sur Seine.
La pièce lauréate : La Bande de Xavier Carrar
5è édition, année scolaire 2012-2013 : L’action s’étend en région, avec
trois classes en Ile de France dans les lycées Charles le Chauve à
Roissy en Brie, P.Bert à Maisons Alfort et J.Monod à Clamart et deux
classes en Alsace.
La pièce lauréate : Little boy en trois temps de Camille Rebetez
6è édition, année scolaire 2013-2014 : L’action touche 7 classes en Ile
de France dans les lycées Charles le Chauve à Roissy en Brie, P.Bert à
Maisons Alfort, J.Monod à Clamart, G.Eiffel à Cachan, H.Boucher et
J.Lurçat à Paris, C.Saint Saëns à Deuil la Barre, 2 classes en RhôneAlpes dans les lycées E.Fitzgerald à St Romain en Gal et A.Camus à
Firminy, 1 classe en Poitou-Charente au lycée de la Venise verte à Niort
et 1 classe en Suisse à l’Ecole de Culture générale de Délémont.
La pièce lauréate : Adelphes, Nous étions mutants de Léonie Casthel
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7è édition, année scolaire 2014-2015 : l’action touche 2 classes en
Alsace au lycée Stanislas de Wissembourg, 5 classes en Ile de
France dans les lycées Hélène Boucher à Paris, Paul Bert à Maisons
Alfort, Camille Saint Saëns à Deuil la Barre, Gustave Eiffel à Cachan,
Edouard Branly à Créteil, 4 classes en Poitou Charente, dans les
lycées Paul Guérin et Thomas Jean Main à Niort, Haut Val de Sèvres à
St Maixent l’Ecole, Perrochon à Parthenay 3 classes en Rhône Alpes
dans les lycées Albert Camus à, Firminy, Vaugelas à Chambéry, Paul
Painlevé à Oyonnax, 1 classe en Suisse à Firminy.
Pas de pièce lauréate mais publication de deux des textes finalistes :
Lisolo de Laurent Contamin et Pikâ Don (Hiroshima) d’Alex Lorette
8é édition, année scolaire 2015-2016 : l’action touche 1 classe en
Alsace au lycée Louis Armand à Mulhouse, 1 classe en FrancheComté au lycée Raoul Follereau à Belfort, 4 classes en Ile de France,
au lycée Hélène Boucher à Paris, Camille Saint Saëns à Deuil la Barre,
Gustave Eiffel à Cachan, Edouard Branly à Créteil, 7 classes en PoitouCharente dans les lycées Paul Guérin et Thomas Jean Main, Gaston Barré
et Saint André à Niort, Haut Val de Sèvres à St Maixent l’Ecole, Perrochon à
Parthenay, Jean Monnet à Cognac et Maurice Gennevois à Bressuire, 3
classes en Rhône-Alpes dans les lycées Charles Baudelaire à Cran-Gevrier,
Paul Painlevé à Oyonnax, Edgar Quinet à Bourg-en-Bresse.
La pièce lauréate : L’hiver, quelle tonalité de Philippe Crubézy
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Paroles d’auteurs
Lire puis élire.
J’ai proposé « L’hiver, quelle tonalité » à L’InediThéâtre cinq
minutes avant la clôture des inscriptions. Je tergiversais, je
pensais que le texte était trop « pointu » pour des lycéens, trop
« adulte » avec son absence de ponctuation, ses références
musicales, ses citations en italien…
Mais pour qui je me prenais et surtout quelle idée avais-je de ces
lycéens qui allaient se pencher sur mon texte ?
J’étais vaniteux et je les considérais mal. Car ils se sont penchés,
non seulement sur mon Hiver mais aussi sur les « Deux enfants »
de Gilles Granouillet et sur « Miss Europa va en Afrique » de
Georgia Doll, avec attention et empathie. Déjouant ma suffisance.
Et qui s’est ainsi penché par-dessus la margelle ? Des lecteurs,
des amateurs déjà, de futurs spectateurs qui ont lu, réfléchi, commenté, éprouvé peut-être ce que ces textes faisaient résonner en eux avant de mettre au clair leur opinion, de hiérarchiser
leurs arguments, de débattre et se battre avec leur intelligence comme arme de poing. Pour mieux choisir.
Et ils m’ont décerné un prix qui n’a pas de prix. Maintenant, grâce à eux, « L’hiver, quelle tonalité ? » a été déposé, recueilli
au sein d’un livre, il a une maison, on sait où le trouver. Pour toujours. Je ne peux en avoir qu’une immense
reconnaissance. Dont acte.
Quelques jours plus tard, je les ai rencontrés chez eux, dans leurs lycées, accompagnés de ces passeurs indispensables
que sont les professeurs, les intervenants, et leurs questions ont tourné essentiellement autour du faire. Comme faire ?
Ecrire ? Comment ? Quoi ? Pourquoi ? Où ? Pour qui ? Quand ?
Je les voyais, je les entendais parfois timides, parfois désordonnés, partir à l’abordage d’un continent inconnu et pas
seulement d’eux : l’écriture.
Un but à atteindre qui recule comme l’horizon.
Et comme souvent quand on tente d’expliquer simplement et sincèrement comment on fait quelque chose c’est d’abord à
soi-même qu’on simplifie le mode d’emploi. Je sais un petit peu mieux ce que je fais quand j’écris grâce à quelques lycéens
curieux. Respect.
Comme quoi il est toujours bon d’aller voir.
A ceux qui m’ont demandé des dédicaces sur le livre, derrière leurs prénoms si divers j’ai parlé de futur, de liberté, de
printemps, du théâtre qui est si près de la vie, de tonalité à chercher et à trouver pour qu’enfin cette vie, la leur, soit belle
et bonne, de vents favorables, de lectures…
Et je les ai remerciés. Et je le refais aujourd’hui.
Philippe Crubézy, le 14 juin 2016
Lauréat inédiThéâtre 2016
11
L’imbécile heureux
L’auteur est maladroit. Il tâtonne et rature. Souvent, il ne
comprend même pas ce qu’il cherche. Il se fie comme une bestiole
à une piste évanescente, vague idée d’une chose à dire qui serait
grande et bouleversante pour chacun et chacune. L’auteur ne peut
pas s’en empêcher : il traque, course, il flaire et s’agite. Durant
des semaines ou des années. C’est comme une addiction.
Jusqu’à ce que sa piste le mène quelque part. Assez souvent,
hélas, elle débouche sur des recoins sombres et humides où rien
ne pousse que l’envie de tout lâcher.
L’auteur n’est pas efficace. Il n’apprend pas la prudence, il s’obstine au contraire et s’agrippe à sa piste. Il n’a ni formule
ni recette de grand-mère. Il convoque quelques techniques et trois fois rien d’expérience, sans être sûr de ce qu’il met en
forme. Tant pis si c’est vain, l’auteur organise, trace et écrase, se révolte, lisse, tisse et réduit. Il malaxe en détruisant la
méthode qu’il venait juste d’inventer. Puis il mesure à la virgule et dirige mots et silences au garde-à-vous comme sur du
papier à musique. L’auteur est une sorte d’orfèvre sur vent.
Parfois, il sent qu’il invente un truc. Il sent que tout se fige comme une évidence. Il est alors assis sur des toilettes ou
reçoit la monnaie sur une boîte de raviolis des mains de la caissière. Le déclic survient n’importe quand, mais qu’est-ce
qu’il a fallu suer dans le vide.
Tout ça pour quoi ? Pour lui-même d’abord. Parce qu’il ne peut pas faire autrement, c’est un chien en rut, je vous dis. Et
puis, surtout, pour défier l’indicible. Pour faire la nique au néant et à la barbarie. Leur mettre devant la gueule un modèle
éphémère de cohérence et d’humanité. L’auteur est un idéaliste. Il crée de la langue et du mouvement pour aller vers les
autres, pour que chacun et chacune se reconnaisse et partage du sens, au même moment, devant ses pairs.
C’est très rare. Mais lorsque la piste débouche sur une salle qui semble s’animer devant ses morceaux d’invention, alors
l’auteur existe. Il laisse sa place aux voix et aux corps présents sur le plateau, bien plus intelligents que ses seuls mots
inventés en digérant des raviolis. Bien plus vivants. En fait, sitôt qu’il existe, l’auteur se trouve un peu con. Bête et content,
mais qu’est-ce que ça fait du bien de respirer cet air-là ! on a si peu l’occasion d’être des imbéciles heureux.
L’auteur redevable peut repartir de zéro, avec l’expérience de ce sens qui a existé, et qui va le rendre sans doute encore
plus borné. Parce que c’est sûr, une fois qu’il a goûté à ce type de rencontre, l’auteur devient encore plus addict, il va tout
faire pour reprendre un shoot.
Camille Rebetez
Lauréat inédiThéâtre 2013
J’ai été très heureux de cette très belle soirée au théâtre de l’Aquarium.
Ces adolescents, vous tous, étiez merveilleux sur scène et ce fut beaucoup
d’émotions à recevoir d’un coup que de découvrir mes mots portés par tant de
personnalités différentes, jeunes, adultes, femmes, hommes, tous ces corps,
toutes ces voix pour donner chair et âme à des mots, de simples mots jetés sur
un écran d’ordinateur solitaire, et pourtant des mots terrifiants car réalité d’une
tragédie contemporaine.
Chacun, chacune, à sa manière, avec son histoire est venu défendre le texte du
jeune auteur que je suis. Ils étaient certainement intrigués, impatients,
impressionnés peut-être, je l’étais tout autant.
Vous m’avez fait un magnifique cadeau sur ce beau plateau, premier lieu de vie
d’un texte de théâtre, et encore plus d’associer ces jeunes lycéens qui ont défendu avec vigueur leur choix de texte tout
au long de ces séances d’étude et de sélection de l’InédiThéâtre.
Quelle récompense pour eux, pour moi, que de nous retrouver tous ensemble autour de ces mots. Et ce n’était pas fini
car ce prix de l’InédiThéâtre offre une autre très belle surprise : se voir éditer. En plus des images et des émotions de
cette soirée de rencontre et de partage, on remporte chez soi, concrètement, son texte édité.
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Un livre que l’on pourra feuilleter à jamais au rythme des souvenirs de cette magnifique aventure. Un livre qui pourra nous
conforter, réconforter, dans les moments de doute de l’écriture. Dans les moments de doute, nombreux, d’une vie d’artiste.
Merci.
Merci à l’association Postures, à tous les intervenants et acteurs qui font vivre, à tes côtés, ce beau projet de l’InédiThéâtre
ainsi qu’à vos partenaires : Lansman éditeur et le théâtre de l’Aquarium et enfin à tous ces lycéens, cette jeunesse à
l’aube de l’âge adulte.
Xavier Carrar
Lauréat inédiThéâtre 2012
La part belle
Saint-Denis-de-la Réunion, mai 2010, festival Bat la lang. Mon téléphone
sonne. Je gare sur le côté ma vieille voiture de location et je décroche. C’est
pascale Grillandini, de l’association Postures, qui m’apprend que Les yeux
d’Anna vient d’obtenir le prix de L’inédiThéâtre. Je suis fou de joie. Je
descends de cette guimbarde et je marche dans la rue, de long en large. Je
m’assieds, je me relève. Je téléphone en métropole, malgré la distance. Je
préviens mon entourage, les gens qui comptent dans ma vie, signe que la
nouvelle est d’importance. Recevoir ce « prix lycéen de pièces inédites »
me touche profondément. Au-delà de la gratification de voir récompensé
mon travail, c’est surtout le lien fait avec les jeunes qui me remue.
De retour en métropole et accompagné de Pascale, je rencontre les classes qui ont choisi ce texte et je constate avec
émotion combien les lecteurs ont adhéré à cette écriture et défendu cette histoire de différence et de liberté. Au cours de
nos échanges, des questions importantes sont abordées, tant au niveau du thème et de son inscription dans notre monde
d’aujourd’hui qu’au niveau des personnages et de la dramaturgie. Pourquoi Anna, personnage principal, n’apparaît-elle
jamais physiquement dans l’histoire ? Pourquoi avoir choisi comme « différence » des yeux vairons ? Et cette question, à
laquelle je ne m’attendais pas : « Monsieur, pourquoi Anna n’a-t-elle pas décidé de porter des lentilles pour cacher sa
différence ? » Je reste coi quelques secondes, conscient que nous sommes là au cœur du problème et puis je saisis la
perche qui m’est tendue pour préciser ma pensée : non, Anna ne veut pas se cacher, Anna assume sa différence. Le
regard que ces adolescents posent sur mon travail est roboratif et nos discussions dépassent le cadre même du texte et
viennent flirter avec l’engagement, le sens de la vie.
C’est bien le sens profond de L’inédiThéâtre, qui allie la découverte des textes et l’apprentissage du monde. Parce qu’il
fait le lien entre les auteurs dramatiques, les jeunes, le théâtre et le livre, ce prix fait la part belle à la transmission du goût
pour la lecture, pour la culture et, in fine, à la transmission du goût pour la vie. En confiant aux adolescents la responsabilité
d’un choix, les partenaires du projet posent à la fois un acte pédagogique et civique. En usant de cette confiance avec
liberté et pertinence, les lycéens font preuve d’indépendance, de maturité et de foi en l’avenir.
Bravo aux organisateurs, association Postures, Théâtre de l’Est Parisien et Editions Lansman, pour la très belle
organisation du prix. Bravo et merci aux lycéens d’avoir mis là-dedans de la curiosité, de l’énergie, de l’humour et un
certain enjeu, celui que nous ressentons tous face à la marche du monde.
Lors de la séance de dédicace finale, une lycéenne m’a remercié en me confiant son espoir : « Moi, je crois que Les yeux
d’Anna peut faire changer les mentalités ». Je n’ai pas osé la décevoir, la contredire. Et puis je me suis interrogé : pourquoi
j’écris ? Pour nourrir ma révolte ? Ne reste-t-il pas quelque part, au fond de moi, ce désir fougueux de faire bouger un tout
petit peu les choses ? Ce qu’on pourrait appeler l’incompressible espoir, ou pourquoi pas, la part belle…
Luc Tartar
Lauréat inédiThéâtre 2010
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