l’expression du récepteur PDGF, favorisant ainsi la
boucle de stimulation paracrine cellule cancéreu-
se–PSC dépendante du PDGF [7, 9]. Des travaux ont
d’autre part montré que la transfection de l’ADNc du
TGFbdans les cellules cancéreuses pancréatiques
PANC-1, où cette cytokine est peu exprimée de
manière endogène, entraîne une forte réaction desmo-
plasique après greffe de ces cellules dans le pancréas
de souris nude, non observée après greffe des cellules
contrôles non transfectées, et associée à une surexpres-
sion de collagène de type I et de fibronectine [9]. Enfin,
il a été démontré une forte corrélation entre l’expres-
sion du TGFbet celle du collagène de type I dans les
tumeurs humaines d’adénocarcinome pancréatique, et
la signalisation de cette cytokine a été trouvée augmen-
tée dans les grades 3 de ces tumeurs, ainsi illustrés par
une augmentation de phosphorylation de Smad2, une
protéine directement activée par liaison au complexe
TGFbrécepteur TbRI/TbRII [12]. L’ensemble de ces
résultats démontrent donc une forte implication du
TGFbdans la mise en place de la réaction stromale
fibreuse dans l’adénocarcinome ductal pancréatique.
Cette réponse fibroblastique serait attribuable à des
effets directs mais également indirects du TGFbqui
stimule notamment l’expression du connective tissue
growth factor (CTGF), une glycoprotéine sécrétée de la
famille CCN (Cyr61, CYsteine-Rich 61 ; CTGF ; NOV
(nephroblastoma overexpressed gene). Effecteur de
l’effet fibrotique du TGFb, le CTGF est un puissant
mitogène des fibroblastes et des cellules musculaires
lisses [9, 13]. Une analyse comparative de l’expres-
sion génique de cellules stromales et épithéliales can-
céreuses dans des sites primaires de cancer pancréa-
tique a montré une expression différentielle de certains
gènes seulement exprimés dans les cellules stromales
ou épithéliales cancéreuses pancréatiques, dont le
CTGF spécifiquement exprimé au niveau épithélial
[14]. Une fois sécrété par les cellules épithéliales
cancéreuses pancréatiques sous l’action du TGFbpar
exemple, le CTGF participe donc à la mise en place de
la réaction stromale fibroblastique en activant les PSC
via le récepteur intégrine a5b1 [15].
Métalloprotéases matricielles
En plus des facteurs de croissance, les cellules épithé-
liales cancéreuses sécrètent des MMP, enzymes protéo-
lytiques qui vont permettre un remodelage de la MEC,
et notamment une destruction de la membrane basale,
favorisant ainsi la migration et l’invasion locale puis à
distance par les cellules cancéreuses. La dégradation
de molécules matricielles par ces enzymes expose
certains domaines cryptiques protéiques générant
ainsi de nouveaux fragments moléculaires pouvant
présenter des fonctions pro- ou anti-migratoires et
angiogéniques. Les MMP activent également des fac-
teurs de croissance en favorisant leur libération de la
membrane cellulaire et/ou de la MEC où ils étaient
jusque-là séquestrés sous forme latente [16] (figure 1).
Les collagènes interstitiels, incluant le type I, principaux
composants de la MEC de l’adénocarcinome ductal
pancréatique, sont fortement résistants à la protéolyse,
de part leur structure en triple hélice et leur organisa-
tion fibrillaire. Par des études génétiques utilisant des
souris délétées pour le gène codant pour la
métalloprotéinase-1 de type membranaire (MT1-
MMP), il a été démontré que la MT1-MMP est le
principal régulateur de la collagénolyse interstitielle,
ces souris présentant des troubles sévères de crois-
sance résultant de leur incapacité à dégrader les
collagènes interstitiels durant la formation des os et
tissus mous [17]. D’autre part, des études d’expression
génique dans les cellules stromales et cancéreuses
pancréatiques présentes dans les sites d’invasion pri-
maires ou métastatiques d’adénocarcinome pancréati-
que ont montré que MT1-MMP est la principale colla-
génase interstitielle surexprimée dans les cellules
épithéliales cancéreuses, et que son expression est
augmentée dans les lésions métastatiques par rapport
aux lésions primaires d’adénocarcinomes pancréati-
ques, et ce plus particulièrement dans des régions où la
réaction fibreuse est importante [14].
Les PSC influencent les cellules
cancéreuses pancréatiques
Expériences de coculture cellules
épithéliales cancéreuses–PSC
Une fois activé par les cellules cancéreuses, il semble-
rait que le stroma tumoral, en retour, envoie des
signaux oncogéniques vers les cellules cancéreuses en
stimulant la progression tumorale. Mises en présence
de myofibroblastes tumoraux « activés », des cellules
épithéliales cancéreuses pancréatiques acquièrent des
propriétés invasives accrues [18], voire développent
une résistance exacerbée à une certain nombre de
drogues chimiothérapeutiques [19] ; ce résultat est
également observé lorsque des cellules épithéliales
pancréatiques non cancéreuses mais immortalisées
sont cultivées en présence de PSC, ces cellules épithé-
liales étant capables de se transformer et d’acquérir un
phénotype malin [12]. Ce phénomène est généralisa-
ble à d’autres tumeurs épithéliales, notamment les
carcinomes prostatiques ou squameux cellulaires de la
peau [1, 20, 21]. D’autre part, des expériences utili-
sant des fibroblastes irradiés de manière à engendrer
des dommages sublétaux à l’ADN, ont conforté le rôle
de ces cellules dans la progression tumorale, puisque
leur coculture avec des cellules cancéreuses pancréati-
ques augmente le pouvoir invasif des cellules cancéreu-
Bases fondamentales
Hépato-Gastro, vol. 14, n°3, mai-juin 2007
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