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Proposition de séquence (9 séances ; 9 heures)
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© tous droits réservés au CRDP de Paris, 2006
Andreï Makine, Le Testament français
Le Testament français, roman des origines, origine du roman
Préalable : nous proposons ici une séquence pour une classe de 3e de bon niveau, Le Testament français étant un roman à
l’écriture exigeante. Cette séquence pourrait convenir aussi à une classe de 1re, dans le cadre de l’objet d’étude « le biographique ».
Les élèves auront lu le roman de Makine avant le début de la séquence.
Objectifs : au premier rang de ce qu’il est convenu de nommer « récits de vie » prennent place les genres autobiographiques
(autobiographie proprement dite, mémoires, récit de voyage, journal, …) et les biographies. On a coutume de leur associer un autre
récit qui leur est proche : le roman autobiographique ou d’inspiration autobiographique. Le Testament français appartient à
cette catégorie de récits. Son étude en classe peut être l’occasion, pour l’enseignant, d’approfondir la réexion sur les enjeux du
« biographique », dans une première séance.
La séance suivante visera à réinvestir les connaissances acquises lors du travail précédent et à nuancer les propos parfois trop
catégoriques dans cette partie du programme. Il est en effet bien difcile de trancher entre ce que les manuels appellent une
autobiographie « véritable » et un texte d’inspiration autobiographique. Il s’agit ici d’aborder le pacte de sincérité, cher à Philippe
Lejeune : la part d’invention, si tant est qu’on puisse clairement la dénir et la délimiter, suft-elle à chasser un texte du « biographique », si
on confronte, par exemple, les récits de Marco Polo et Le Testament français ?
On pourra, dans la séquence proposée ici, mettre au centre du sujet cette question de la difculté des limites. Il faudrait conduire les élèves à :
- retrouver les marques de l’autobiographie dans le texte (identité auteur-narrateur grâce à une recherche documentée sur Makine) ;
- identier certains thèmes récurrents dans l’autobiographie (enfance, construction d’une identité, …)
L’étude ainsi menée doit permettre de montrer à quel point les frontières qui séparent l’autobiographe « véritable » de l’autobiographie
« ctive » sont fragiles. Il s’agira de s’assurer que les enjeux sont peut-être nalement les mêmes : moins la volonté d’ancrer une œuvre
dans un genre bien déterminé que mener à bien un projet fécond. Ce projet vise nalement, à travers l’évocation d’une enfance et d’une
adolescence, bien sûr à faire revivre ce temps perdu, mais surtout à remonter à la source d’une identité d’homme et d’écrivain. Makine,
comme avant lui Proust ou Sartre, cherche à retrouver son enfance pour tenter de s’expliquer comment et pourquoi il est devenu un
écrivain. Le roman autobiographique constitue nalement un acte de justication et d’explication : celui de la vocation
d’un homme pour la littérature.
La séquence cherchera à montrer que le roman autobiographique, comme de nombreux textes à dimension autobiographique :
- est un roman d’apprentissage, centré sur l’enfance et l’adolescence ;
- constitue un témoignage historique (Carlo Ginzburg afrme que littérature et histoire sont en rivalité depuis l’Antiquité sur
cette question) ;
- cherche à cerner l’origine de la vocation de l’auteur pour l’écriture.