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FACE AU MARCHE FINANCIER, LA MAIN VISIBLE DE L’EUROPE
ENERGIESREFORMATRICES.EU
NOVEMBRE 2008
2008
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De Lucas Ducarme et Yann Gall
Alors que 55% du PIB mondial est en
récession à cause, pour partie, de la crise
financière et bancaire et de sa suite dans
l’économie réelle, la réalité doit
l’emporter sur les fausses idées. A qui la
faute ? Evitons les grands mots et
attaquons-nous plutôt aux grands maux.
L’essentielle chose à rappeler, c’est que
le libre-échange doit impérativement
être cadré par la puissance publique. Non
pas
géré
mais
encadré.
Alors
qu’aujourd’hui le travail rémunère
différemment que le capital, l’économie
se décline en diverses versions. Et la crise
actuelle, elle émane du marché financier,
celui-ci même qui atteint toute
l’économie, par dépendance. Ces
irrationalités aussi. Ses acteurs ont-ils
cessé de réfléchir et d’analyser avant
d’agir pour surfer sur la vague de la
spéculation ? Le repère pour un produit
est devenu son seul prix sur le marché
avant même ses caractéristiques propres.
Les garanties n’ont plus été « utiles » et
les risques sont devenus énormes alors
que des mécanismes inefficaces ont
montré leurs limites. Même si le
capitalisme se caractérise par sa
résilience, les banques et tous leurs
clients devront payer les conséquences
de ces choix. Alors que le crédit
disponible sera plus difficile à obtenir. Les
ventes de logements sont déjà en baisse,
ce « credit crunch » aura un effet
multiplié sur le marché immobilier. Pour
les entreprises, la raréfaction du crédit
aura également un impact négatif sur les
investissements. Paradoxalement, avec
une croissance à la baisse, les prix du
pétrole et des autres matières premières
seront aussi moins enclins à augmenter,
mais n’oublions pas les tensions
internationales dans le golfe persique qui
pourraient contrer cette évolution.
Cependant, ne nous trompons pas de
cible et rappelons d’emblée ici que la
mondialisation est une bonne chose et
que les libéralisations européennes le
sont aussi, si et seulement, si elles sont
organisées
correctement
et
complètement. Il faut dire que
l’économie de marché est le système qui
a créé le plus de richesses pour le plus
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grand nombre dans ce monde mais qu’il
est indispensable qu’il soit cadré pour
assurer l’équité ; dire aussi que la
mondialisation est une chance pour tous
seulement si chacun s’accorde sur les
règles des échanges ; dire encore que ce
système financier, moyen de créations de
richesses, ne peut se faire sans un cadre
public déterminé, contrôleur et répressif
si nécessaire. Parce que la fameuse main
invisible du marché, elle n’existe pas dans
un marché économique que l’on veut
viable, démocratique et équitable. Les
mesures
de
préventions
doivent
impérativement être définies. Dire qu’il
faut réguler est une évidence et d’ailleurs
la régulation existe déjà. L’actualité belge
et européenne et le plan du Trésor
américain en sont une preuve indéniable,
s’il en fallait une, que c’est bien l’autorité
publique et politique qui est la seule
garante de cette réalité économique.
L’autorité publique doit impérativement
améliorer le cadre réglementaire et
cesser de trop laisser faire. Ce serait alors
cela le vrai « retour du politique ».
Les événements financiers passés ont
amené le législateur américain à créer la
loi Sarbanes-Oxley en 2002. La France,
par son Ministre de l’Economie et des
Finances Francis Mer, a aussi redéfini, en
2003, ces exigences comptables et
financières envers les entreprises en
créant la Loi de Sécurité Financière. Le
but était de rendre plus transparent et
plus contrôlé les bilans des entreprises.
Mais dans notre économie mondialisée
une
taille
critique
de
l’entité
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réglementaire est nécessaire. De ce côté
de l’Atlantique, plus que les Etatsnations, c’est l’Europe et ses institutions
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qui ont vocation à réformer. Les
régulateurs nationaux et les agences de
contrôle boursier existent mais il est
indispensable que ces institutions
adaptent leurs structures au système
monétaire européen et à la BCE. Un
régulateur, cette main européenne, des
marchés parait aujourd’hui impérative.
Celui-ci pourra notamment mettre de
l’ordre dans le statut actuellement
particulier des agences de notation. A
leurs activités aussi : ainsi l’agence de
notation Moody’s a octroyé le triple « A »
à des produits financiers à risque, suite à
des erreurs informatiques ! Pour être
efficace et retrouver la confiance, c’est
l’Union européenne qui doit être à la
manœuvre et coordonner les mesures à
prendre
afin
de
définir
une
réglementation comptable et boursière
unique et centralisée, d’interdire les
dérives d’octroi de prêts sans garantie et
de
contrevenir
les
spéculateurs
d’ « aubaine ».
Une
fiche
stricte
d’estimation (basée sur la valeur
intrinsèque du titre et non uniquement
sur celle du marché du moment) par
produit boursier doit être mise en place,
une fiche d’identité du produit
comprenant sa « généalogie » pourrait
également être obligatoire afin d’assainir
et de clarifier toute opération.
Geert Noels, économiste en chef chez
Petercam estimait en mars dernier que la
récession est le meilleur remède pour
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purger les excès de l’économie. Cela nous
fait une belle jambe, peut-être le monde
de la finance pourrait-il revenir sur terre
et travailler avec un peu plus de sérieux
quand il manipule de la dynamite. Il est
du devoir des autorités publiques de le
rappeler à l’ordre.
Keynes ou Friedman ? Interventionnisme
ou laisser-faire ? Politique de demande
ou de l’offre ? Ces canevas économiques
existent et donnent des repères mais ils
ne doivent pas être des choix
diamétralement opposés alors que les
expériences passées doivent être prises
en compte pour entamer les réformes.
Les mesures protectionnistes des années
30 aux travers des lois Harvey-Smooth
pour les Etats-Unis et Import Duties Act
pour le Royaume-Uni ont démontré la
dangerosité de cette orientation
excessive. La réalité est une chose,
l’action
responsable
exige
par
conséquent le pragmatisme. Qu’il faille
ces
interventions
publiques
spectaculaires aujourd’hui n’annonce pas
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la fin d’une « économie » ou le
renouveau d’un capitalisme public
omnipotent mais bien la nécessaire et
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urgente réponse à l’absence de prise de
conscience et par conséquent d’absence
de prise de décisions antérieures. Le
marché financier a marché sur l’éthique
et s’est pris la loi du marché en pleine
face. L’idéal aurait été qu’il paye seul ses
erreurs mais malheureusement les
conséquences en auraient été trop
dévastatrices, pour l’intérêt collectif, et
pour tous ceux qui ne sont pas de ce
marché spéculatif financier. Cette
situation spectaculaire ne doit cependant
pas remettre en cause notre économie
« réelle » qui bien heureusement
fonctionne, depuis maintenant des
décennies et de manière intense depuis
la chute du mur de Berlin, sur le seul
modèle qui réussisse : le libre-échange.
Mais à tous ceux qui croyaient encore à
l’autorégulation pure et simple, que les
événements que nous vivons leurs soient
le nécessaire grain à moudre.
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