Pas une ombre - Groupe 25 Images

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Pas une ombre !
Pierre-André Athané, compositeur
Vice-président de l'UCMF (Union des compositeurs de musique de films
Ce soir Rémi arbore un grand sourire. Le film dont il a composé la musique vient de sortir en salle. Les chiffres des entrées
sont plutôt bons pour cette première semaine, et les critiques sont très favorables. Pas un mot sur la musique… mais il ne faut
quand même pas trop en demander !
Et Rémi se remémore l’aventure… cela a commencé il y a un an par un coup de fil d’un réalisateur qui avait entendu parler
de lui par un ami, avait visité son site et voulait le rencontrer pour lui parler d’un projet. Le rendez-vous s’était bien passé, du
côté de la Madeleine un soir de septembre. Il en était ressorti avec l’impression d’avoir toujours connu cet homme (appelons le
Lucas), ils avait bien ri, partagé leur passion pour la musique et le cinéma bien sûr, mais aussi pour beaucoup d’autres choses
y compris la politique ou la cuisine : tous deux étaient de grands gourmands de la vie. Le film de Lucas était une comédie
sentimentale très originale. Rémi en dévora le script : un film sympathique, bien écrit, émouvant ; en lisant, il entendait déjà
des musiques et s’amusa à les noter sur une portée « pour voir ».
Puis tout se déroula à merveille. La production l’accueillit chaleureusement, annonça un budget raisonnable (60 000 €) qui
lui permettait d’envisager quelques sessions d’orchestres réalisables en France et non dans les pays de l’Est. Il lui restait de quoi
être plutôt bien rémunéré pour sa commande. Chose rare et appréciable, le producteur n’entendait pas devenir éditeur de la
musique !
Et la collaboration avec Lucas fut un régal. Après quelques réunions de travail autour du scénario, l’écoute passionnée de
musiques de toutes sortes, Rémi eut le temps de réaliser plusieurs maquettes qui furent quasiment toutes appréciées : elles
servirent même de fond sonore au tournage de quelques scènes. Et surtout Lucas l’avait rassuré sur un point très sensible pour
les compositeurs : « je déteste monter un film sur des musiques provisoires : ce sera sur tes maquettes ou sur rien, tu pourras
finaliser ensuite »
Vint le tournage auquel Rémi assista plusieurs fois (un grand plaisir pour lui et le moyen de s’imprégner de l’atmosphère
du film, de la personnalité des acteurs). Puis le montage : il y passa régulièrement et au fur et à mesure put composer sur
les premières scènes achevées. Quand le montage définitif fut validé, il s’attaqua au plus gros de son travail : les maquettes
ajustées, l’orchestration, les partitions. Chaque réunion avec Lucas se passait dans la bonne humeur : d’accord ou pas d’accord
on trouvait toujours une solution ! Lucas entendait la différence entre un hautbois et une clarinette ! Et surtout la production
leur faisait une confiance absolue !
On enregistra dans un grand studio parisien. Le chef d’orchestre dirigeait tout en suivant le film sur un écran, les musiciens
étaient fabuleux, l’ingénieur du son patient et compétent. Remi eût le privilège d’interpréter lui-même la musique de la scène
d’amour, seul au piano vers 2h du matin…
Enfin lors du mixage du film auquel il fut - à sa grande surprise - convié, il eut l’agréable impression de sentir que sa musique
était bien mise en valeur tout en se mariant à merveille avec l’univers sonore du film.
Et ce matin coup de téléphone : un autre réalisateur veut travailler avec lui !
Ben oui parfois ça se passe comme ça !
Oh là, faut que j'arrête le blanc, ça me rend optimiste !
p 6 • La Lettre des Réalisateurs n° 28
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