Dossier thématique D ossier thématique >>> Parasitoses digestives tropicales Tropical digestive parasitosis 쐌쎲 Claudine Sarfati* 왘 POINTS FORTS 왘 Il existe une hyperéosinophilie dans les helminthiases digestives : En France Dans les pays tropicaux et tempérés chauds Distomatose En plus des parasitoses cosmopolites Ascaridiose Anguillulose Tæniasis avant émission d’anneaux Ankylostomose Trichinose Bilharziose intestinale et urinaire Toxocarose Rupture de kyste hydatique Trichocéphalose Oxyurose 왘 Il n’y a pas d’hyperéosinophilie dans les protozooses (amibiase intestinale et hépatique). 왘 L’amibiase intestinale aiguë est due à Entamœba histolytica hématophage, seule amibe pathogène. 왘 Pour tout patient présentant une éosinophilie supérieure à 500/mm3 ou ayant séjourné (même il y a longtemps) dans une zone tropicale ou chaude, il faut rechercher une anguillule par la technique de Baermann dans un laboratoire spécialisé en parasitologie, surtout s’il doit recevoir une corticothérapie en raison du risque mortel d’anguillulose maligne. 왘 Chaque parasitose a un traitement spécifique ; cela implique d’en faire la preuve au mieux par un examen parasitologique direct, en adaptant les recherches et les concentrations en fonction de la parasitose suspectée. Mots-clés : Parasitose – Diarrhée du voyageur – Examen parasitologique. Keywords: Parasitosis – Travellers’ diarrhoea – Parasitologie investigation. *Service de parasitologie-mycologie, hôpital Saint-Louis, université Paris VII - Denis Diderot, Paris. 140 C e chapitre vise à répondre de façon pratique à l’attente des gastroentérologues lors d’une consultation et ne s’attache pas à détailler chaque parasitose, ni les examens complémentaires tels que l’imagerie. Plusieurs motifs et signes d’appel peuvent orienter le clinicien vers une parasitose digestive tropicale : symptomatologie, origine géographique du patient, facteurs de risque, signes biologiques. Tous ces éléments sont à prendre en compte pour apporter une réponse pertinente lors de la demande d’examens biologiques. L’interprétation des résultats est aussi un aspect non négligeable, car elle conditionne la conduite à tenir pour la répétition éventuelle d’examens dans des laboratoires spécialisés. Enfin, un tableau synthétique résumera les possibilités thérapeutiques. QUE DOIT-ON FAIRE PRÉCISER AU PATIENT LORS DE L’INTERROGATOIRE ? Au cours de l’interrogatoire, il faut demander au patient s’il a séjourné en zone tropicale, récemment ou non (l’anguillulose peut persister à vie), combien de temps et de quand date son retour. Il faut faire préciser des comportements à risque qui peuvent orienter le diagnostic : baignade en eau de rivière (bilharziose), voyage “sac à dos”, absence de règles hygiénodiététiques (protozooses : amibiase, giardiose, coccidioses), marche pieds nus dans l’eau ou la boue (anguillule, ankylostome), consommation de viande de bœuf ou de porc (tæniasis et cysticercose), consommation de suidés, de viande de cheval (trichinose), de poissons insuffisamment cuits tels les sushis ou le ceviche (anisakiase), de poissons des lacs (bothriocéphalose), consommation de cresson ou de pissenlit, ou de toute autre plante aquatique sauvage (douve). QUAND FAUT-IL PENSER À UNE PARASITOSE CHEZ UN PATIENT DE RETOUR D’UN PAYS TROPICAL ? 왘 Devant une diarrhée qui persiste et qui résiste au traite- ment antibactérien, sans fièvre habituellement. L’amibiase intestinale aiguë est la pathologie tropicale qu’il faut suspecter d’emblée, notamment lorsque la diarrhée est accompagnée de signes évocateurs : douleurs abdominales modérées (épreintes), glaires mucopurulentes striées de sang, appelées crachats rectaux, ou de selles franchement sanglantes. D’autres étiologies parasitaires sont à envisager lors d’une diarrhée hydroélectrolytique persistante avec des signes de malabsorption, La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 7 - juillet-août 2007 en particulier la giardiose, parasitose cosmopolite, les coccidioses tropicales à Isospora belli et à Cyclospora sp. Il faudra aussi considérer la possibilité d’une contamination par une autre coccidiose, la cryptosporidiose ainsi que la microsporidiose, toutes deux cosmopolites, en sachant que ces deux dernières affections, bien que mieux connues chez les patients VIH, ne sont néanmoins pas l’apanage des sujets immunodéprimés. Il ne faudra pas oublier qu’une fièvre accompagnée de troubles digestifs à type de diarrhée chez un patient au retour d’un pays tropical doit faire systématiquement rechercher un accès palustre et demander en urgence un frottis et goutte épaisse. Les autres symptomatologies à type de constipation ou d’alternance de diarrhée et de constipation n’ont rien de spécifique et n’orientent pas le diagnostic. Néanmoins, une douleur gastrique vive dans les heures suivant l’ingestion de poisson cru doit faire rechercher une anisakiase. Des douleurs à type d’hépatalgies, en dehors de l’amibiase hépatique, orientent plus particulièrement vers deux autres parasitoses : distomatose ou kyste hydatique. Un syndrome de Löffler associant toux, dyspnée et infiltrat pulmonaire labile fera rechercher une ascaridiose en phase de migration larvaire par examen sérologique, un pseudo-Löffler évoquera une ankylostomose et une anguillulose, un larva currens, migration larvaire sous-cutanée visible au niveau des fesses et des lombes, fera suspecter une anguillulose. 왘 Devant la présence d’un élément macroscopique évoquant un parasite pour le patient, il convient de demander au patient d’isoler ce “parasite”, et de le conserver dans un récipient transparent, non stérile, si possible dans de l’alcool à 70° ou 90° dilué dans de l’eau, afin de l’identifier. Les parasites sont très facilement identifiables en fonction de leur taille et de leur forme : – l’oxyure (photo 1) est un parasite cosmopolite très fréquent chez l’enfant. Ses caractéristiques : 1 cm à 1,5 cm, blanc, vivant, découvert à la surface des selles, sur la marge anale ; – l’anneau de tænia (photo 2), fragment d’un ver plat segmenté, comparé par le patient à une tagliatelle, mobile, franchissant activement le sphincter anal (tænia saginata du bœuf, mélangé aux selles pour le tænia solium du porc), blanc, de 2 cm de long sur 7 mm de large ; – l’ascaris (photo 3) gros ver rond, blanc rosé, de 15 à 25 centimètres de long, ressemblant à un ver de terre, émis dans les selles ou lors de vomissements. Dossier thématique D ossier thématique Photo 2. Anneau de tænia et adulte. Photo 1. Oxyure vu en coloscopie. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 7 - juillet-août 2007 Photo 3. Ascaris adultes mâle et femelle (la plus longue). 141 Dossier thématique D ossier thématique 142 왘 Devant un patient adressé pour la découverte d’une éosinophilie supérieure à 500 éléments/mm3. Le pourcentage d’éosinophiles pris isolément n’a aucune signification ; seule la valeur absolue d’éosinophiles sera prise en compte, notamment chez les Africains, habituellement neutropéniques. Après avoir éliminé une étiologie allergique ou médicamenteuse, il convient de rechercher une étiologie parasitaire avant d’entreprendre d’autres investigations. Seules les helminthiases induisent une éosinophilie élevée. Elles comprennent les nématodes, les trématodes et les cestodes, dont la liste ci-dessous permet d’orienter l’interrogatoire et la recherche plus particulière d’une parasitose digestive : – les nématodes : parasitoses cosmopolites • ascaris de l’homme responsable de l’ascaridiose ; • ascaris des animaux, la toxocarose, responsable d’un larva migrans viscéral ; • trichine ; • anisakis ; • oxyure ; • trichocéphale. parasitoses exclusivement tropicales • ankylostome ; • anguillule. – les trématodes (douves hépatiques, intestinales tropicales ou cosmopolites, bilharzies exclusivement tropicales). – les cestodes (Tænia saginata, T. solium et la cysticercose, sa forme larvaire ; Ecchinoccocus granulosus, tænia du chien responsable de l’hydatidose ou kyste hydatique ; Ecchinoccocus multilocularis, tænia du renard, responsable d’une affection très proche d’un cancer du foie, l’échinoccocose alvéolaire, Hymenolepis nana, petit tænia, fréquent chez l’enfant en Afrique du Nord, à transmission interhumaine ou par les vers de farine, Dyphilobothrium latum, tænia lié à la consommation de poissons de lacs dans les régions tempérées, responsable de la bothriocéphalose). En revanche, les protozooses comme Entamœba histolytica, responsable de l’amibiase intestinale et hépatique, ne donnent jamais d’hyperéosinophilie. Le kyste hydatique se révèle par une hyperéosinophilie lors de la fissuration du kyste. L’éosinophilie est variable en fonction du cycle parasitaire : minime lors d’un cycle direct court sans migration larvaire (oxyurose, trichocéphalose), plus élevée et parfois supérieure à 1 500 éosinophiles/mm3 au cours de la migration larvaire lors d’un cycle long. Elle évolue en fonction du délai entre la contamination et l’apparition des symptômes : maximale lors de la phase de migration du parasite avant l’émission des œufs et des larves, elle décroît lors de la phase adulte du parasite. Après un taux maximal lors de la contamination, elle se poursuit en dents de scie dans l’anguillulose. 왘 D’autres anomalies biologiques devront orienter vers une ankylostomose ou une trichocéphalose devant une anémie microcytaire, et vers une bothriocéphalose devant une anémie macrocytaire avec déficit en vitamine B12. QUEL EST LE RÔLE DE L’ENDOSCOPIE EN PARASITOLOGIE ? La rectoscopie peut révéler des lésions en coup d’ongle dans l’amibiase intestinale aiguë, et ainsi permettre la mise en évidence de l’amibe hématophage par un examen immédiat dans du sérum physiologique, entre lame et lamelle, des sécrétions prélevées au niveau des lésions (photo 4). La biopsie rectale, effectuée lors de la rectoscopie, permet le diagnostic de bilharziose (photo 5) quelle qu’en soit l’espèce, urinaire ou digestive. La biopsie réalisée est à adresser dans un pot non stérile, dans une goutte de sérum physiologique, surtout sans milieu de fixation, en parasitologie et non pas en anatomopathologie. Les autres biopsies digestives adressées en parasitologie ne doivent pas être desséchées afin de pouvoir réaliser des examens à frais entre lame et lamelle (formes végétatives vivantes de Giardia) et des appositions en vue de colorations spécifiques. Si les biopsies duodénales et jéjunales de bonne qualité permettent de diagnostiquer giardiose, cryptosporidiose, microsporidiose, isosporose, cyclosporose, la recherche de ces parasites dans Photo 4. Forme végétative d’Entamœba histolytica hématophage (hématie dans le cytoplasme) ; grossissement x 400. Photo 5. Biopsie rectale à Schistosoma hematobium ; grossissement x 400. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 7 - juillet-août 2007 les selles reste beaucoup plus simple et doit être effectuée en premier lieu. L’échoendoscopie pour visualiser les canaux biliaires est d’un grand intérêt pour le diagnostic des distomatoses à Fasciola hepatica. Elle permet de visualiser le parasite mobile dans les voies biliaires (photo 6). Enfin, des éléments parasitaires sont parfois découverts à l’occasion d’une endoscopie : tænia et ascaris dans l’intestin grêle, oxyure et trichocéphale dans le cæcum, larves d’anisakis, ver rond blanc rosé de 2 à 4 cm, dans la paroi gastrique. sérologie est très sensible et spécifique. En revanche, l’examen parasitologique des selles n’est pas toujours contributif ; il pourra toutefois mettre en évidence la présence d’amibe Entamœba histolytica hématophage ou d’amibe Entamœba histolytica sous sa forme végétative ou kystique, ou ne révéler aucune amibe. 왘 Les délais d’apparition des œufs ou des larves permettant de faire un diagnostic varient en fonction de chaque parasite ; ainsi, les larves d’anguillules sont mises en évidence après un peu moins d’un mois, les œufs d’ascaris après 2 à 3 mois, les embryophores de tænia après 3 à 4 mois, les œufs de douve ou de bilharziose après 3 mois. Il est donc nécessaire de répéter les recherches si l’examen a été réalisé prématurément, ce qui peut arriver chez les patients européens inquiets à la suite d’un comportement à risque au retour d’un pays tropical. Dossier thématique D ossier thématique QUE DEMANDER ET QU’ATTENDRE DES EXAMENS DE LABORATOIRE ? Photo 6. Douve hépatique dans la vésicule biliaire vue en échoendoscopie. Remerciements au Dr Alain Aubert (hôpital Saint-Louis, AP-HP). LES EXAMENS DE LABORATOIRE 왘 Faut-il en demander en urgence ? Quels examens demander ? Les demandes systématiques sont-elles utiles ? Quelle est leur pertinence ? Faut-il répéter les examens parasitologiques des selles 3 jours de suite ? Quel est le rendement ? Comment interpréter les résultats ? Autant de questions qui méritent d’être traitées séparément. QUAND FAIRE LES EXAMENS DE LABORATOIRE ? 왘 Une seule urgence : l’amibiase, intestinale aiguë et/ou hépa- tique. Il faut demander en urgence un examen parasitologique des selles sur des selles fraîchement émises, mieux encore dans les crachats rectaux. L’amibe hématophage responsable meurt dans l’heure qui suit l’émission des selles, et les concentrations ne permettent pas de la mettre en évidence ultérieurement. Alors que la sérologie amibienne n’est pas très utile à ce stade, elle prend toute sa valeur au cours de l’amibiase hépatique, toujours secondaire ou concomitante à une amibiase intestinale, suspectée lors de douleurs hépatiques, d’une fièvre, d’un syndrome inflammatoire. La sérologie doit alors être demandée en urgence, et le premier résultat de l’hémagglutination rendu dans les 3 heures. Cette La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 7 - juillet-août 2007 La demande d’examen doit systématiquement être accompagnée de renseignements concernant le patient : provenance géographique, séjour – même ancien – en pays tropical, symptômes, facteurs de risque (immunodépression), traitements corticoïdes. Deux types d’examen peuvent être envisagés : les sérologies, l’examen parasitologique des selles et non pas une coproculture demandée pour la recherche d’une étiologie bactérienne : – les examens sérologiques sont utiles dans la phase de migration larvaire et parfois indispensables, car seuls à permettre le diagnostic (trichinose, toxocarose, kyste hydatique ± distomatose) ; – l’examen toujours indispensable est l’examen parasitologique des selles, ainsi que des urines éventuellement. Que faut-il préciser pour l’examen parasitologique des selles (EPS) ? Il faut recommander au patient d’apporter au laboratoire des selles fraîchement émises, en grande quantité de façon à pouvoir réaliser plusieurs concentrations. Faut-il répéter l’examen trois jours de suite ? Non : il faut attendre le premier résultat, qui peut déjà permettre le diagnostic de parasitose digestive ; néanmoins, il faut le demander à nouveau si la suspicion persiste, et dans un laboratoire spécialisé en parasitologie. L’émission inconstante de certains parasites nécessite de renouveler l’examen avec un délai de plusieurs jours entre deux examens ; c’est le cas pour Giardia, Isospora belli, Cryptosporidium sp. La bilharziose est une affection au cours de laquelle les œufs logés dans la muqueuse sont éliminés en petite quantité dans les selles ou les urines et de façon irrégulière. Il convient alors de répéter trois fois l’examen pour faire la preuve d’une parasitose active, surtout si la sérologie bilharzienne s’est révélée positive. La recherche d’anguillule, parasitose tropicale qui peut persister même très longtemps après un séjour en zone d’endémie, n’est pas systématiquement effectuée, faute de renseignements concernant la provenance géographique. La technique de Baermann, indispensable pour sa recherche, n’est habituellement pas réalisée dans les laboratoires de ville. 143 Dossier thématique D ossier thématique 왘 Les amibes se présentent sous forme végétative vivantes, mobiles, Photo 7. Anisakis vu en fibroscopie œso-gastroduodénale. Comment interpréter les résultats de l’EPS ? 왘 Il faut en premier lieu s’assurer que l’examen direct à frais a bien été réalisé, que deux techniques de concentration ont été effectuées, ainsi qu’une technique de Baermann pour la recherche d’anguillule si le patient a séjourné en zone tropicale, et enfin que des colorations spécifiques ont été réalisées lors de diarrhées inexpliquées. ou sous forme kystique. Une seule est pathogène : Entamœba histolytica hématophage, et seuls deux flagellés sont pathogènes : Giardia intestinalis et Dientamœba fragilis. Le Chilomastix, autre flagellé, peut éventuellement être à l’origine d’une entérocolite. Ainsi, les amibes et flagellés suivants, témoins d’une contamination orale par l’eau ou les aliments, ne sont pas pathogènes : Entamœba coli, Entamœba hartmanii, Endolimax nana, Pseudolimax butchlii, Trichomonas intestinalis, Retortamonas, Enteromonas. 왘 Comment interpréter le résultat suivant : présence d’une forme végétative et/ou kystique d’Entamœba histolytica/Entamœba dispar (E.h/E.d) ? La fréquence d’isolement de ces deux amibes est de l’ordre de 1 %. Elles peuvent coloniser le tube digestif. E.d n’est jamais pathogène, E.h peut le devenir : sa forme végétative grossit, acquiert des propriétés protéolytiques et hématophages ; elle est alors responsable de l’amibiase intestinale aiguë et, secondairement, de l’amibiase hépatique. Des techniques de recherche par ELISA et PCR, non effectuées en routine, permettent la différenciation morphologique de ces deux espèces. Une étude effectuée en Hollande a montré qu’une sérologie serait positive en présence d’E.h, ce qui pourrait permettre d’orienter le traitement avec une sensibilité supérieure à 80 % et une spécificité supérieure à 96 % (1). 왘 Les cristaux de Charcot-Leyden sont le témoin d’une éosinophilie digestive qui n’est pas corrélée à une hyperéosinophilie sanguine ; elle doit néanmoins faire rechercher une helminthiase, telle l’anguillulose, et une isosporose. 왘 Les Blastocystis hominis signalés, lorsqu’ils sont présents en grand nombre, peuvent être traités en fonction de la symptomatologie. ■ Tableau. Quel traitement pour quelle parasitose ? Protozooses 144 Amibiase : E.h hématophage E.h infestation Métronidazole : Flagyl® 6 à 8 cp/10 j + Intetrix® 2 à 3 cp x 2, 10 à 20 j Tinidazole : Fasigyne® 500 4 cp en 1 prise, 2 j Tibroquinol : Intetrix® seul 2 g/j, 10 j Giardia intestinalis Métronidazole : Flagyl® 500 mg x 3, 5 j Albendazole : Zentel® 400 mg/ j, 5 j Isosporose : Isospora belli Triméthoprime sulfaméthoxazole : Bactrim fort® 4 cp/j, 10 j. Si VIH : 3 semaines, puis 2 cp/2 semaines Cyclospora sp Bactrim fort®, 2 cp/j, 7 j Cryptosporidium sp Nitazoxanide : Alinia® 2 g/j, 30 j Rifaximin : Xifaxan® Dientamœba fragilis Métronidazole, tétracyclines 2 g/j, 10 j Blastocystis hominis Flagyl® 2 g/j, 7 j Tinidazole : Fasigyne® 500, 2 g en 2 prises/1 j Microsporidiose Microsporidie Fumagilline : Flisint® 1 gél. 3 x /j, 14 j en ATU (Enterocytozoon bieneusi) Albendazole (Encephalitozoon) Nématodoses Oxyure Flubendazole 100 mg 1 cp pour toute la famille (Fluvermal®) La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 7 - juillet-août 2007 Nématodoses Trichocéphale Flubendazole : Fluvermal® 100 mg 1 cp matin et soir pendant 3 jours ou albendazole 400 mg (Zentel®) 1 cp prise unique Ascaris Ankylostome Anguillule : Strongyloides stercoralis Ivermectine : Mectizan® à l’hôpital, Stromectol® en ville 2 cp à 6 mg (200 μg/kg) ou albendazole : Zentel® 400 mg/j 8 mg/kg/j durant 3 jours Ivomex® 1 % en sous-cutané forme vétérinaire Triclabendazole : Egaten® 250 mg 10 mg/kg, en une prise unique Anguillulose maligne Trématodoses Distomatose Bilharziose digestive ou urinaire Cestodoses Hymenolepis nana Praziquantel : Biltricide® cp à 600 mg 40 mg/kg en une seule prise urinaire, 60 mg digestive Niclosamide : Trédémine® 2 cp à jeun, attendre 1 h, reprendre 2 cp, rester encore 1 heure à jeun Albendazole 15 mg/kg/j, 1 mois, ou praziquantel 50 mg/kg/j, 15 j Trédémine 4 cp/1 j puis 2 cp /6 j Kyste hydatique Chirurgie et, en cas d’impossibilité : albendazole Tænia saginata ou T. solium Cysticercose Dossier thématique D ossier thématique Echinococcose alvéolaire RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE Remerciements au Dr Florence Skinazi (clinique de Pantin) et au Pr Matthieu Allez (hôpital Saint-Louis, AP-HP) pour leurs précieux conseils et leur relecture. 1. Van Doorn HR, Hofwegen H, Koelewijn R et al. Use of rapid dipstick and latex agglutination tests and enzyme-linked immunosorbent assay for serodiagnosis of amebic liver abscess, amebic Colitis, and Entamoeba histolytica cyst passage. J Clin Microbiol 2005;43:4801-6. Prochain dossier thématique à paraître en octobre 2007 Le cholangiocarcinome en 2007 Coordination : Pr Olivier Rosmorduc (Paris) La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 7 - juillet-août 2007 145 Conclusion 쐌쎲 Xavier Dray* C e dossier thématique, axé sur la santé du voyageur, ne doit pas faire oublier que la médecine tropicale s’intéresse d’abord à la santé de ceux qui vivent sous les tropiques. La forte médiatisation des luttes contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme ne doit pas occulter le lourd tribu payé par les populations des pays en développement aux diarrhées infectieuses et à l’hépatite B, notamment, mais aussi à des maladies parasitaires souvent négligées par les autorités mondiales de santé publique (helminthiases, filarioses lymphatiques, onchocercose, schistosomiases). De même, sous nos climats tempérés, les maladies tropicales concernent tout autant les migrants que les touristes. Les messages de prévention sont simples (lavage des mains, “hygiène” alimentaire, hydratation, répulsifs, vaccinations, notamment) et peuvent tout à fait être relayés par nos consultations, à condition d’y accorder le temps nécessaire. Les schémas de vaccinations accélérées et/ou combinées méritent toute notre attention. Nos patients atteints d’hépatopathie chronique ou immunodéprimés doivent faire l’objet d’une vigilance particulière au regard d’un calendrier vaccinal difficile à tenir lorsqu’un voyage exotique s’organise en quelques semaines. La rareté des hépatites exotiques, malgré leur fréquente gravité, ne doit pas nous faire tenir des discours inutilement alarmistes sur les risques du voyage. Connaître leur géographie et trouver avec les patients les renseignements les plus à jour sur leurs flambées épidémiques sont probablement leur meilleur mode de prévention. Une recherche sur Internet (tableau) sera souvent assez complète, rapide et actualisée (l’actualisation devant systématiquement être vérifiée avant d’être faussement rassuré). Tableau. Exemples de sites internet utiles pour le conseil aux voyageurs. La plupart d’entre eux proposent des alertes sanitaires et des actualités épidémiologiques. http://www.invs.sante.fr/beh/ http://www.pasteur.fr/externe http://www.pasteur-lille.fr/fr/sante/conseil_medical_voyageurs.htm http://www.chu-stlouis.fr/voyage/index.htm http://www.cdc.gov/travel/yb/index.htm http://www.who.int/ith/en/index.html Au retour d’un voyage, envisager un accès palustre ne sera jamais une erreur, penser à une maladie sexuellement transmissible sera parfois utile. L’hépatologue considérera en premier lieu les hépatites A à E et la dengue, mais devra s’enquérir d’autres virus exotiques, notamment en cas d’atteinte systémique associée. La prise en charge d’une diarrhée aiguë procédera schématiquement de la même démarche diagnostique qu’en métropole, mais envisagera des agents bactériens et parasitaires moins fréquemment considérés en d’autres circonstances. Les collaborations avec les infectiologues et parasitologues seront indispensables pour les cas les plus difficiles. Notre recueil d’informations sera crucial pour donner du poids à leur expertise. ■ * Département de pathologie digestive, hôpital Lariboisière, Paris, et Johns Hopkins School of Medicine, Baltimore, États-Unis. 146 왘 AUTO-ÉVALUATION 왘 1. Parmi les affirmations suivantes concernant la diarrhée du voyageur, laquelle (lesquelles) est (sont) exacte(s) : A – Escherichia coli entérotoxinogène est le principal germe responsable B – La shigellose peut se compliquer de syndrome hémolytique et urémique C – La diarrhée diminue considérablement la biodisponibilité des fluoroquinolones orales D – L’azithromycine est un antibiotique de choix en cas de campylobactériose 왘 2. Parmi les affirmations suivantes concernant les hépatites à virus exotiques, laquelle (lesquelles) est (sont) exacte(s) : A – L’hépatite E est endémique en Afrique subsaharienne B – La fièvre jaune est endémique en Asie du Sud-Est C – Fièvre jaune et dengue ont un vecteur commun : le moustique de type Aedes D – La forme ictéro-hémorragique de la dengue est rare chez le voyageur, car elle survient habituellement en cas de réinfection 왘 3. Lesquels de ces conseils aux voyageurs sont exacts : A – Le traitement court (1 à 3 jours) par fluoroquinolones est validé dans la diarrhée du voyageur B – L’efficacité de la prophylaxie de la diarrhée du voyageur par antiseptiques intestinaux (type nifuroxazide) est démontrée C – Le vaccin anti-amaril est contre-indiqué en cas d’immunodépression D – Dans la prévention de la typhoïde, des vaccins monovalents ou combinés contre l’hépatite A sont disponibles 왘 4. Parmi les affirmations suivantes concernant les parasites intestinaux, laquelle (lesquelles) est (sont) exacte(s) : A – Les helminthes sont les seuls parasites susceptibles d’induire une éosinophilie élevée B – L’éosinophilie est habituellement maximale à la phase adulte des parasites C – Les biopsies digestives pour examen parasitologique doivent être conservées dans un milieu de fixation D – l’examen parasitologique des selles n’est pas recommandé sur 3 jours consécutifs Réponses : 1 A, B, D – 2 A, C, D – 3 A, C, D – 4 A, D. Dossier thématique D ossier thématique La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 7 - juillet-août 2007