Dossier thématique
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Photo 6.
Douve hépatique dans la vésicule biliaire vue en
échoendoscopie. Remerciements au Dr Alain Aubert (hôpital
Saint-Louis, AP-HP).
La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 7 - juillet-août 2007
les selles reste beaucoup plus simple et doit être eff ectuée en
premier lieu.
L’échoendoscopie pour visualiser les canaux biliaires est d’un
grand intérêt pour le diagnostic des distomatoses à Fasciola
hepatica. Elle permet de visualiser le parasite mobile dans les
voies biliaires (photo 6).
Enfi n, des éléments parasitaires sont parfois découverts à l’oc-
casion d’une endoscopie : tænia et ascaris dans l’intestin grêle,
oxyure et trichocéphale dans le cæcum, larves d’anisakis, ver
rond blanc rosé de 2 à 4 cm, dans la paroi gastrique.
LES EXAMENS DE LABORATOIRE
Faut-il en demander en urgence ? Quels examens demander ?
Les demandes systématiques sont-elles utiles ? Quelle est leur
pertinence ? Faut-il répéter les examens parasitologiques des selles
3 jours de suite ? Quel est le rendement ? Comment interpréter
les résultats ? Autant de questions qui méritent d’être traitées
séparément.
QUAND FAIRE LES EXAMENS DE LABORATOIRE ?
Une seule urgence : l’amibiase, intestinale aiguë et/ou hépa-
tique. Il faut demander en urgence un examen parasitologique
des selles sur des selles fraîchement émises, mieux encore dans
les crachats rectaux. L’amibe hématophage responsable meurt
dans l’heure qui suit l’émission des selles, et les concentrations
ne permettent pas de la mettre en évidence ultérieurement. Alors
que la sérologie amibienne n’est pas très utile à ce stade, elle prend
toute sa valeur au cours de l’amibiase hépatique, toujours secon-
daire ou concomitante à une amibiase intestinale, suspectée lors de
douleurs hépatiques, d’une fi èvre, d’un syndrome infl ammatoire.
La sérologie doit alors être demandée en urgence, et le premier
résultat de l’hémagglutination rendu dans les 3 heures. Cette
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sérologie est très sensible et spécifi que. En revanche, l’examen
parasitologique des selles n’est pas toujours contributif ; il pourra
toutefois mettre en évidence la présence d’amibe
Entamœba
histolytica hématophage ou d’amibe Entamœba histolytica sous
sa forme végétative ou kystique, ou ne révéler aucune amibe.
Les délais d’apparition des œufs ou des larves permettant
de faire un diagnostic varient en fonction de chaque parasite ;
ainsi, les larves d’anguillules sont mises en évidence après un
peu moins d’un mois, les œufs d’ascaris après 2 à 3 mois, les
embryophores de tænia après 3 à 4 mois, les œufs de douve ou
de bilharziose après 3 mois. Il est donc nécessaire de répéter
les recherches si l’examen a été réalisé prématurément, ce qui
peut arriver chez les patients européens inquiets à la suite d’un
comportement à risque au retour d’un pays tropical.
QUE DEMANDER ET QU’ATTENDRE DES EXAMENS
DE LABORATOIRE ?
La demande d’examen doit systématiquement être accompa-
gnée de renseignements concernant le patient : provenance
géographique, séjour – même ancien – en pays tropical, symp-
tômes, facteurs de risque (immunodépression), traitements
corticoïdes.
Deux types d’examen peuvent être envisagés : les sérologies,
l’examen parasitologique des selles et non pas une coproculture
demandée pour la recherche d’une étiologie bactérienne :
– les examens sérologiques sont utiles dans la phase de migration
larvaire et parfois indispensables, car seuls à permettre le diagnostic
(trichinose, toxocarose, kyste hydatique ± distomatose) ;
– l’examen toujours indispensable est l’examen parasitologique
des selles, ainsi que des urines éventuellement.
Que faut-il préciser pour l’examen parasitologique
des selles (EPS) ?
Il faut recommander au patient d’apporter au laboratoire des
selles fraîchement émises, en grande quantité de façon à pouvoir
réaliser plusieurs concentrations. Faut-il répéter l’examen trois
jours de suite ? Non : il faut attendre le premier résultat, qui peut
déjà permettre le diagnostic de parasitose digestive ; néanmoins,
il faut le demander à nouveau si la suspicion persiste, et dans un
laboratoire spécialisé en parasitologie. L’émission inconstante de
certains parasites nécessite de renouveler l’examen avec un délai
de plusieurs jours entre deux examens ; c’est le cas pour Giardia,
Isospora belli, Cryptosporidium sp. La bilharziose est une aff ec-
tion au cours de laquelle les œufs logés dans la muqueuse sont
éliminés en petite quantité dans les selles ou les urines et de façon
irrégulière. Il convient alors de répéter trois fois l’examen pour
faire la preuve d’une parasitose active, surtout si la sérologie bilhar-
zienne s’est révélée positive. La recherche d’anguillule, parasitose
tropicale qui peut persister même très longtemps après un séjour
en zone d’endémie, n’est pas systématiquement eff ectuée, faute
de renseignements concernant la provenance géographique. La
technique de Baermann, indispensable pour sa recherche, n’est
habituellement pas réalisée dans les laboratoires de ville.
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