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étopia | aLtErnatiVEs Et critiquEs économiquEs | 94 95 | EconomiE VErtE – La nouVELLE formuLE magiquE ?
vant être arrêté. Ainsi comprise, l’économie verte est davantage un
additif stratégique qu’une approche fondamentale de l’économie.
Les contradictions entre le libre échangisme et une transformation
écologique ne sont que survolées. La question de savoir comment
le système nancier international peut être radicalement refor-
mulé, en vue d’un développement vert, durable et social, n’est pas
envisagée comme un horizon, ni pensé dans cette perspective.
Le PNUE présente les instruments de régulation basé sur le marché
comme une panacée, à l’instar du commerce des émissions de
carbone ou du programme REDD+. Ceux-ci sont pourtant depuis
longtemps la cible des critiques en ce qui concerne leurs impacts
sociaux et écologiques, et fondamentalement en ce qui concerne
leur mise en pratique (comme une réforme de fond du marché
des émissions de carbone). La critique la plus vive concerne la
marchandisation des ressources naturelles, qui les rend attirante
pour les entreprises et les abandonne à la marchandisation. Dans
la mesure où elle instaure une nouvelle étape de privatisation et de
commercialisation, la «valorisation» des services environnemen-
taux comme le PNUE les appelle ont été violemment critiqués par
certains gouvernements comme le gouvernement bolivien et des
organisations de la société civile. Au lieu de gérer en commun ces
ressources avec les populations et les protéger contre la commer-
cialisation, la nature serait transformée en marchandise ce qui peut
mener parfois au déplacement de populations. Les controverses
relatives à ce concept entre les groupes de défense des populations
locales, les organisations non-gouvernementales (ONG) et les ad-
ministrations particulières ne sont pas prêtes de s’éteindre.
Le PNUE oriente son programme d’investissement quasi-exclusive-
ment vers les pays du Sud. Son champ d’action en est logiquement
déduit. Convaincre du bien fondé, d’un point de vue économique,
des investissements verts pour favoriser le développement est certes
commerciale) dans un sens éco-social. Au contraire, le PNUE ne fait
preuve d’aucun courage quand apparaît la question des sources de
nancement capables de fonder une économie verte. Le PNUE aurait
pourtant pu saisir une belle occasion de promouvoir son plaidoyer
en faveur d’une synergie entre économie et écologie. Par exemple, le
transport aérien, maritime et leurs redevances, d’une part, peuvent
adopter une orientation écologique, et d’autre part, contribuer à un
fond qui pourrait être destiné à des projets écologiques d’habitation
ou de développement dans les pays du Sud.
Les principaux défauts des rapports soumis sontles suivants:
Le PNUE ne fonde pas sa dénition sur des principes de droit inter-
national, de droits ou de normes (droits de l’homme généraux, le
droit à l’eau, le droit à l’alimentation, le droit de l’environnement)
que devraient respecter une économie verte. Le seul renvoi aux trois
dimensions du développement durable n’y susent pas. Depuis le
sommet de Rio de 1992, des progrès résultant d’un travail de relecture
et de codication ont été pourtant faits concernant la codication
des droits de l’homme liés à l’environnement et à l’équité sociale.
La dimension sociale est exclusivement considérée dans le contexte
du marché de l’emploi et de la réduction de la pauvreté. Les droits
sociaux et politiques englobent plus que cela. Une prise en compte
des diérences de genre est totalement absente.
Le rapport du PNUE ne se soucie pas d’ajouter à sa dénition de
l’économie verte une exclusion progressive des activités non-du-
rables, polluantes et dangereuses à l’aide de priorités claires. C’est
ainsi que l’économie verte est «verte» malgré le nucléaire civil, les
sables bitumineux, les organismes génétiquement modiés, ou les
monocultures. Le PNUE s’en tient au mythe de la stratégie «Win-
Win» et évite une transition politique clairement favorable à la
protection de l’environnement et à une exploitation des ressources
naturelles. Aucun secteur d’investissement n’est ciblé comme de-