
CANCER DU SEIN : GUÉRIR PLUS ET GUÉRIR MIEUX
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Dans leur ensemble, les tumeurs du sein s’avèrent donc extrêmement hétérogènes entre elles. A cette hétérogé-
néité inter-tumorale s’ajoute par ailleurs une hétérogénéité intra-tumorale, avec la présence de sous-populations
de cellules : toutes les cellules d’une même tumeur ne sont pas identiques entre elles. Le tout induit différentes
réponses aux traitements, comme dans le cas de maladies différentes. D’où une autre façon de « penser » les tumeurs.
On connaît en effet maintenant de nombreux mécanismes moléculaires et de nombreuses anomalies génétiques
associés à l’apparition et au développement de la maladie, ainsi qu’à la dissémination tumorale. Ces altérations
moléculaires ou mutations génomiques constituent parfois aussi le talon d’Achille des cellules de la tumeur et
deviennent une cible thérapeutique particulièrement intéressante pour les malades chez qui l’altération ou la
mutation est présente. Une fois la valeur fonctionnelle de l’altération, c’est-à-dire son rôle dans l’évolution de la
maladie validée, on cherche des médicaments susceptibles de l’inhiber.
A la clé : de meilleures approches thérapeutiques pour combattre les cancers du sein, notamment ceux qui restent
réfractaires aux traitements, développer pour ces cancers de nouvelles stratégies de prise en charge diagnostique
et thérapeutique, augmenter les chances de contrôle et guérir, à terme, encore plus de femmes.
II – AUGMENTER LE TAUX MOYEN DE GUÉRISON AU-DELÀ DES 90 %
Tous types de cancer du sein confondus, le taux global de survie relative à 5 ans après le diagnostic est actuel-
lement estimé, selon l’INCa, l’Institut national du cancer, à près de 89 %.
D’une part, le dépistage permet de prendre en charge des cancers débutants. Plus un cancer du sein est détecté
tôt, mieux il se soigne, avec des traitements moins lourds et moins de séquelles. Un cancer du sein pris en charge
à un stade précoce, s’il est de petite taille, est guéri dans 9 cas sur 10 : le dépistage précoce constitue l'une des
armes les plus efficaces contre cette maladie.
Ce dépistage peut être individuel (suivi chez le gynécologue ou le médecin traitant, mammographie) ou s’effectuer
dans le cadre de la campagne de dépistage du cancer du sein organisée par les pouvoirs publics pour toutes
les femmes âgées de 50 ans à 74 ans. Enfin, en cas d’antécédents familiaux, un dépistage spécifique peut être
préconisé.
D’autre part, les recherches et les connaissances sur le cancer du sein, notamment la compréhension des ano-
malies génétiques dans les processus de cancérisation, mais aussi les progrès des technologies, ont induit des
évolutions majeures au bénéfice des patientes, dès la prise en charge diagnostique et la prise de décision thé-
rapeutique. De plus en plus systématiquement, la biologie sert de guide à la prise en charge diagnostique, plus
sûre et de meilleure qualité, puis thérapeutique : chaque sous-type de cancer du sein, présentant ses propres
caractéristiques pathologiques, donne lieu à des traitements spécifiques différents.
L’exemple de l’oncogène HER2 est révélateur du processus. Aujourd’hui, pour tous les diagnostics de cancer du
sein, la surexpression de HER2 est systématiquement recherchée, afin de traiter les patientes concernées avec
des traitements ciblés adéquats. Par ailleurs, il est également recommandé de faire un suivi dans le temps de ce
statut HER2, en cas de rechute et de métastases, car la surexpression de HER2 peut évoluer.
Une autre amélioration thérapeutique émergente concerne la prise en charge des cancers du sein hormonodé-
pendants. En ciblant les récepteurs hormonaux, l’hormonothérapie constitue depuis plusieurs années une stratégie
majeure dans le cancer du sein. Néanmoins, un certain nombre de cancers du sein hormonodépendants résistent.
Même si des traitements sont déjà disponibles, il est devenu primordial de parvenir à renforcer l’arsenal contre
ces cancers hormonodépendants résistants : de nouvelles thérapies ciblées sont actuellement en développement.
Actuellement, les chercheurs et les cliniciens de l’IPC travaillent sur le développement du séquençage à haut
débit :