Dossier Bio
Des escargots sous le soleil
Diagonale
Le bruit en ville
Parution semestrielle janvier 2012 / N°51 - Abonnement Annuel : 10 € Photo : Rémi Garcia
Enquête
La vie souterraine
Edito
Deux mille 12 voeux
Aménageurs, économistes, chefs d’entreprises,
élus, décideurs...
Nous vous formulons 12 voeux en cette nouvelle année :
profiter de la crise pour repenser nos modèles économiques ;
rendre nos entreprises plus «humaines» et au cœur des
enjeux du développement durable ;
démultiplier les agendas 21 locaux ;
créer les énergies du futur ;
développer davantage les technologies vertes,
facteur de croissance économique ;
bâtir de nouveaux habitats sains et écologiques ;
continuer à éduquer et sensibiliser les nouvelles générations ;
relever les défis que nous proposeront les experts
à l’occasion de «RIO + 20» ;
éco-concevoir nos nouveaux produits de consommation ;
promouvoir un tourisme respectueux de notre environnement ;
soutenir les initiatives locales et ... ne pas oublier de profiter
des plaisirs que la nature nous offre pour se ressourcer.
Bref... Etonnez-nous !
Actualités
La naissance des alphabets sur les rives
de la Méditerranée
C’est de la Syrie-Palestine que nous vient
le système d’écriture le plus répandu sur la
surface du globe : l’alphabet Phénicien qui
a permis de faciliter les échanges entre les
peuples et est devenu un formidable outil de
communication.
Une exposition didactique à réserver en
2012 pour découvrir l’histoire de l’invention
des systèmes alphabétiques sur le pourtour
méditerranéen. Elle est disponible sous forme
de 35 panneaux auprès de l’association
Alphabets : www.alphabets.org.
2012, année des coopératives et de l’énergie !
L’ONU a proclamé 2012 «Année internationale des coopératives» et reconnaît
ainsi que le modèle d’entreprise coopératif est un facteur majeur dans la
réalisation du développement économique et social. C’est une invitation à
soutenir le développement et la croissance des coopératives du monde entier
selon la devise «les coopératives, des entreprises pour un monde meilleur».
Par ailleurs, l’ONU a également déclaré 2012 «Année internationale de l’énergie
durable pour tous» : une occasion de sensibiliser à l’importance d’améliorer
l’accès durable à l’énergie, l’efficience énergétique et l’énergie renouvelable au
niveau local, régional et international.
Impliquez-vous !
«Je ne sais pas quoi faire... qu’est-ce que
je peux faire ?» Il ne tient qu’à nous de
faire exister dès aujourd’hui un monde
que nous désirons tous, plus
coopératif et plus humaniste.
Après l’indignation est venu
le temps de l’implication
grâce à ce livre qui propose
101 actions applicables
par tous pour amorcer
le changement à notre
échelle.
L’auteur, Christophe
Chenebault, propose
également aux lecteurs
un répertoire de 600 organismes
et services permettant de concrétiser
leurs projets, un agenda engagé de 350
événements et la possibilité de collaborer
en inscrivant leur propre action.
La Clé des champs
Par les réalisateurs de Microcosmos, ce
documentaire sur l’écosystème d’une
mare vu par des enfants est à découvrir
au cinéma depuis le 21 décembre. Dans
un village de la campagne française,
un jeune garçon rêveur et solitaire est
en vacances chez des cousins. Il est
seul et cherche à dissiper son ennui. Il
découvre à l’écart du village une mare
abandonnée qui devient bientôt son eden
secret. Il y revient, fasciné, jour après
jour, et découvre tout un monde inconnu,
peuplé de créatures étranges...
Facebook se
mobilise
Presque deux ans
après le lancement de
la campagne mondiale
de Greenpeace, «unfriend coal» qui demandait à
Facebook et à ses dirigeants d’alimenter ses data
center grâce aux énergies propres plutôt qu’au
charbon, le réseau social prend le virage d’un
futur énergétique propre. Facebook annonce ainsi
aujourd’hui une série de mesures clés : utiliser
les énergies renouvelables et innover en matière
énergétique, grâce à «l‘Open Compute Project»
(nouvelles solutions pour optimiser l’énergie
utilisée sur les serveurs).
Une victoire pour Greenpeace qui a réussi à
mobiliser 700 000 militants en ligne.
Cet hiver, glissez responsable !
Chaque année, les sports d’hiver attirent un grand nombre de personnes sur les pistes enneigées, toujours
plus équipées en matériel dernier cri. Si, comme le souligne l’association Mountain Riders, nous ne sommes
pas près de faire pousser des fraises sur notre vieux matériel de montagne que nous aurons mis dans
le compost au fond du jardin, il est possible pour les entreprises comme pour les particuliers d’agir pour
réduire l’empreinte écologique de cette activité. Il est temps de donner un signal fort aux acteurs du marché
en demandant plus d’informations sur l’origine des produits, des méthodes de production et des garanties
environnementales et sociales dans notre magasin de sport.
Consultez l’éco Guide du matériel de montagne édité par Mountain Riders pour en savoir plus :
http://www.mountain-riders.org/_EcoGuideMateriel
Un inventaire généralisé unique en Europe
Depuis 2007, grâce au concours de chercheurs internationaux,
le Parc National du Mercantour et son cousin germain le Parco
Naturale delle Alpi Marittime passent les 250 000 hectares de
leurs territoires au peigne fin, en quête de toute forme de vie.
L’objectif de cet inventaire généralisé de la biodiversité (ATBI)
est de parfaire notre connaissance de la biodiversité qui a
choisi cette terre alpine pour s’épanouir, à la fois en terme de
nombre, de répartition des espèces et de fonctionnement des
écosystèmes dans lesquels elles s’inscrivent.
Tout commence par une phase de prospection (collectes sur
le terrain, renouvelées annuellement, entre mai et octobre),
suivie d’une phase d’identification des spécimens collectés
(souvent en laboratoire). Une fois identifiés, ils sont mis en
collection, parfois étudiés au niveau moléculaire (barcoding).
Les données liées à leur collecte sont saisies dans l’Inventaire
National du Patrimoine Naturel.
L’inventaire concerne principalement les groupes d’espèces
les moins connus de notre territoire, c’est-à-dire les invertébrés,
la flore non vasculaire (mousses, lichens) et les champignons.
Ces recherches ont permis la découverte de nouvelles
espèces, tant pour les parcs que pour la Science. Elles
ont également amélioré la connaissance des espèces déjà
répertoriées et de leurs habitats.
Soutenue par la Fondation Albert II de Monaco, le
Gouvernement Monégasque et par le Fonds Européen de
Développement Régional – Programme Alcotra 2007-2013,
cette entreprise d’envergure européenne se profile dans le
long terme et se réalise en lien avec le Muséum National
d’Histoire Naturelle.
A la découverte de
la biodiversité
souterraine
«A la manière d’un tableau
pointilliste, chaque pointage
contribuera à former un
panorama du vivant sur une
entité écologique unique à
un instant précis, permettant
également un suivi des
communautés vivantes dans
l’espace et dans le temps,
en rapport aux activités
anthropiques et au changement
climatique.»
QUELQUES CHIFFRES
9 391 espèces recensées au 1er septembre 2011 sur les
deux parcs.
Plus de 40 institutions techniques et scientifiques européennes,
une centaine de chercheurs et 300 taxonomistes sont engagés
dans cette aventure de la connaissance.
Nous pouvons souligner l’immense avancée des connaissances
au sujet des invertébrés : nous passons de 2 000 espèces
recensées en 2007 à près de 6 000 aujourd’hui !
Niphargus, crustacé aveugle très commun dans les eaux douces souterraines
Spélerpès de Strinati
PN Mercantour
L’aventure souterraine…
L’effort de prospection et d’identification de l’ATBI s’est porté en
priorité sur les groupes taxonomiques les moins étudiés, ainsi
que les écosystèmes les moins connus, comme les milieux
souterrains. Le massif du Mercantour, principalement constitué
de roches plutoniques et métamorphiques, est pauvre en cavités
naturelles.
On peut cependant trouver quelques grottes dans les vallées où
affleurent les calcaires (Roya en particulier, mais aussi dans une
moindre mesure la Tinée et la moyenne vallée du Var), ainsi que
des gouffres de faible profondeur (50 mètres au maximum) dans
quelques petits karsts d’altitude comme ceux de Crousette ou
de la Céva. A ces cavités naturelles s’ajoutent quelques mines
désaffectées et fortifications souterraines le long de l’ancienne
frontière franco-italienne.
En 1999, sous l’impulsion du chef du service scientifique Benoît Lequette, un inventaire des cavités
des 28 communes du territoire du parc national a été mené. Côté Alpes-de-Haute-Provence, l’aide
d’un spéléologue, Jean-Yves Bigot, a été très précieuse... Dans les Alpes-Maritimes, c’est le Comité
Départemental de Spéléologie qui a pris en charge ce recensement. Cet important travail préalable
s’est révélé très utile quand le Parc National du Mercantour et le Parco Naturale delle Alpi Marittime
furent choisis pour devenir sites de référence du deuxième inventaire généralisé de la biodiversité
au monde, en 2006.
A nouveau, une quinzaine de spéléologues, motivés par l’aspect scientifique de cette activité qui mêle
exploration sportive et étude du milieu naturel, se sont proposés pour mener à bien ce passionnant
inventaire.
La première étape fût un stage de formation sous la conduite de Jean-Michel Lemaire et Jeannot
Raffaldi, créateurs de l’association Troglorytes et spécialistes reconnus d’entomologie souterraine.
Les participants, après avoir passé en revue tous les organismes vivants dans ce milieu dit «extrême»,
qui impose des adaptations très spécifiques (froid, manque de lumière et de nourriture, etc.), ont
appris comment poser des pièges à insectes et
comment les capturer «à vue». Vient ensuite la
phase de mise en oeuvre de l’inventaire avec les
agents du Parc.
Une biodiversité surprenante
A noter que certains groupes très
spécifiques, comme par exemple les pseudos-scorpions ou les araignées cavernicoles,
ne sont connus que de très rares spécialistes, dispersés dans les universités des quatre
coins de l’Europe. Ainsi, c’est en République tchèque qu’il fallut envoyer des exemplaires
de Trachyphloeus lecciae pour avoir la confirmation que ce charançon cavernicole était
bien une nouvelle espèce, dédiée à Marie-France Leccia, jeune ingénieure écologue de
30 ans et chef du projet ATBI.
Pour un coléoptère tombé dans un des pièges posés par Patrice Tordjman dans une
ancienne mine de cuivre de la commune de Valdeblore, ce fût plus facile : les spécialistes
sont tout simplement les duettistes Lemaire/Raffaldi, attachés au Museum d’Histoire
Naturelle de... Nice ; et c’est ainsi que Duvalius magdelainei tordjmani a rejoint la liste
des nouvelles espèces découvertes dans le cadre de l’ATBI.
Même si quasiment toute la biodiversité souterraine est constituée d’invertébrés, la
majorité des espèces étant des insectes, on trouve dans les cavités du Mercantour aussi
des mammifères (les chauves-souris) et même un amphibien endémique, le spélerpès
de Strinati.
Les chauves-souris (encore appelées chiroptères, de chiro, la main en grec et ptera,
l’aile) sont bien présentes dans les grottes et mines du Mercantour, mais en petit nombre
d’espèces différentes : petits et grands rhinolophes, murins et minioptères. Les autres
(il y en 24 en tout) sont forestières ou habitent les bâtiments.
Comme on le voit, le monde méconnu des ténèbres est beaucoup plus peuplé qu’on ne
le croit…
Marie-France Leccia - Chef de projet ATBI Mercantour et Patrice Tordjman - Technicien au
Parc national du Mercantour, coordinateur du groupe «Biospéléologie» de l’ATBI - Contacts :
Enquête
Petit rhinolophe
Duvalius (coléoptère)
Dolichopode (sauterelle cavernicole)
PN Mercantour
PN Mercantour
PN Mercantour
Olivier Grosselet
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